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Lundi 2 septembre 1 02 /09 /Sep 00:03

RECITS FICTIONS FANTASMES (61)

 

 

Ce texte est le septième chapitre d'une histoire qui en comporte 9. Vous aurez quelques difficultés à vous y retrouver si vous n'avez pas lu le début! Vous ne pourrez pas dire que vous n'avez pas été prévenu!

J'eus à peine le temps de raccrocher qu'il était déjà dans mes bras, à me donner le premier baiser de la nuit, le premier de ma vie. C'est toujours la première fois quand Taylor m'embrasse... le génie du baiser, tendre et doux, autant que brûlant et fort. Je pourrais passer des heures entre ses lèvres, au fond de sa bouche, il m'absorbe, il m'enroule dans son âme, il éteint le monde mais allume l'univers, il m'emprisonne, il m'enchaîne, mais toujours pour mieux libérer les torrents de plaisir qui nous emporteront en des endroits où tout est toujours beau.

Nous passâmes une nuit merveilleuse et un week-end parfait. Le samedi soir la mère de Taylor était venue dîner à la maison: excellent moment de bonne humeur et de joie partagée. Elle et mes parents s'entendirent d'emblée et à la fin de la soirée ils étaient déjà de vieux amis.

Lundi matin, je retrouvai Taylor à l'école, nous n'y étions pas allés ensemble: première décision pour mettre, en public, un peu de distance entre nous. C'était très difficile, et, plus encore, désagréable, mais il nous semblait que notre protection valait bien ce désagrément. La journée se déroula sans incident notable, banale au point que j'arrivais à en oublier mes craintes et ne pensais plus qu'au plaisir d'être en compagnie de mes amis... et de Taylor, bien sûr!

Sur le chemin du retour, je discutais tranquillement avec Ted, Brian et Cathy quand quelqu'un se glissa derrière moi et me murmura à l'oreille:

— S'ils savaient, je ne pense pas qu'ils riraient autant! À moins que ton petit copain ne soit l'un d'entre eux?

Je fis un tel bond que je faillis tomber, Brian réussit à m'attraper par le bras à la dernière seconde, m'évitant un contact trop rude avec le macadam.

— Qu'est-ce qu'il t'a donc dit pour te faire sursauter comme ça? demanda Cathy.

— Oh! C'est...

— Juste une blague entre nous, dit Rob, compréhensible seulement par deux vieux copains!

— Je ne savais pas que Matt et toi étiez copains, reprit Cathy.

— Il y a tellement de choses que tu ne sais pas! lui répondit Rob, énigmatique. Puis il se tourna vers moi et ajouta: Matt, je t'ai cherché toute la journée parce que j'ai un gros problème. Je dois travailler sur le cycle du "Seigneur des Anneaux" de Tolkien, pour la fin du semestre et je n'ai pas les bouquins. J'ai vu l'an dernier que tu avais la collection complète alors j'ai pensé que tu pourrais me les prêter.

— Ça ne me ferait rien, si ce n'était pas une édition spéciale, ce sont mes parents qui me l'ont offerte l'année dernière et j'y tiens vraiment beaucoup! répondis-je avec réticence.

— Je peux te prêter les miens, je les ai en collection poche, proposa Cathy.

— Non merci. Je préfèrerais ceux de Matt, j'ai déjà vu cette collection, ses illustrations sont superbes, ce serait beaucoup plus agréable de travailler avec ceux-là, et je suis sûr que ça ne lui fait rien de les prêter à son vieux copain!

Il avait formulé les derniers mots, son regard rivé au mien, sans le moindre sourire. Je restai silencieux un instant, ces livres avaient beaucoup de valeur pour moi, et je savais aussi que si je lui cédais pour la deuxième fois en trois jours, je risquais de me trouver pris dans un très mauvais engrenage. Mais qu'est-ce que je pouvais faire d'autre? Prendre le risque de bousiller ma vie, sociale et amoureuse, pour quelques bouquins?!?!

— Je te les apporterai demain, lui dis-je.

— Merci Matt, je savais que je ne serais pas déçu en m'adressant à toi, à demain!

Et il partit. Trente secondes plus tard je le vis qui s'éloignait sur mon VTT.

— Quel crétin! Pourquoi est-ce que tu lui prêtes tes bouquins Matt? Tu le connais à peine! s'exclama Cathy.

— Je le connais... pas mal en fait, c'est pas un mauvais bougre! Il est un peu bizarre parfois, et capricieux aussi... mais, dans l'ensemble... ça va. Et puis des bouquins, c'est jamais que des bouquins, alors si ça lui fait plaisir!

— T'es vraiment trop gentil toi!

— De quels bouquins parlez-vous? demanda Taylor qui arrivait.

— Une superbe collection du "Seigneur des Anneaux" qu'il vient juste de prêter à Robert pour je me demande bien quelle raison!

— Tu as fait ça! Vraiment!

— Oui, je l'ai fait, et puis ça suffit maintenant avec cette histoire! Ce sont mes bouquins après tout! Et j'en fais ce que je veux non!

Il y avait, dans ma voix, plus de colère que je n'aurais voulu en montrer et, dans leurs yeux, de la stupeur, face à cette réaction si inhabituelle de ma part. Je leur tournai le dos et filai vers la maison sans me retourner.

J'étais d'une humeur exécrable, où dominaient alternativement la colère, la dépression et la tristesse. Je me sentais coincé, je ne trouvais aucune issue, aucune porte de sortie, aucun moyen d'échapper au pouvoir que Robert avait acquis sur moi. J'essayais bien de me persuader que tout s'arrêterait vite, que ça n'irait pas plus loin, mais au fond de moi je savais bien, même si je ne voulais pas me l'avouer, qu'il continuerait aussi longtemps qu'il le pourrait. Et le pire c'est que tout ça était de ma faute, que je n'avais à m'en prendre qu'à moi-même!

J'étais presque arrivé à la porte quand j'ai senti une main sur mon épaule.

— Ça fait dix minutes que je suis derrière toi, dit Taylor. Je ne sais pas quoi te dire. Je suis désolé, j'aimerais bien t'aider mais je vois pas ce que je peux faire. Je n'arrive pas à comprendre qu'on puisse être un tel bâtard! Comment est-ce qu'il peut te faire ça, à toi!

— Pardonne-moi de t'avoir planté là comme ça tout à l'heure, c'était pas juste. Mais je suis tellement en colère, plus qu'en colère, furieux, au point que je pourrais en devenir violent! Surtout que je ne vois pas comment sortir de ce merdier! Ça me rend dingue! Mais je t'en prie, on pourrait arrêter d'en parler. Tout ce dont j'ai besoin en ce moment c'est que tu me prennes entre tes bras... Et que tu m'offres un de tes baisers magiques... Et que tu me câlines pendant des heures! Et ne plus penser à tout ça!

— D'accord... surtout pour le programme câlins...

Dans ma chambre il me poussa sur mon lit, s'allongea sur moi:

— Laisse-moi m'occuper de toi, murmura-t-il. Laisse-moi te décontracter.

Je fermai les yeux lorsqu'il commença de picorer mon visage de baisers légers et rapides, rafraîchissants comme une brise d'amour.

Il dégagea mon T-shirt de ma ceinture et inséra sa main qui glissa le long de mon ventre et de mes côtes, à la recherche de mes pectoraux. Ses caresses avaient la même légèreté, la même fraîcheur que ses baisers. Il avait promis de me détendre, il s'y prenait à merveille. Tous les soucis du jour s'effaçaient, s'éloignaient, loin, loin. Il n'y avait plus que Taylor et moi. Le monde peut paraître affreux parfois, mais quand même, un monde qui a su engendrer Taylor ne peut pas être entièrement mauvais! Son amour me donnait une force incroyable et je savais, quelque part au fond de moi, que c'est cette force qui me permettrait de tenir.

Il retire, en un mouvement rapide, mon pantalon et mon caleçon. Caresses et baisers sont maintenant réservés à mes pieds. Il remonte lentement vers l'aine, n'oubliant aucune parcelle de mes mollets ni de mes cuisses, même les genoux reçoivent au passage leur lot de tendresse. Il n'y a pas d'urgence, pas de précipitation dans ses mouvements. Je suis totalement détendu, à l'exception d'un élément de mon anatomie qui concentre toute la tension dont je suis capable en cet instant, je crois même que l'acier ou le carbon-kevlar paraîtraient souples en comparaison!

Quand il se met à lécher mes bourses j'émets mes premiers soupirs. Il en prend une dans sa bouche d'abord, puis les deux ensemble. Ma température monte en flèche. Ses mains écartent mes genoux et il caresse de sa langue la base de ma queue, la partie la plus tendre de mon aine, jusqu'à la naissance de mes fesses. Sa langue se pose sur mon anus pour la première fois. Une décharge électrique! En un millième de seconde je ne suis plus détendu le moins du monde: mon corps entier n'est plus qu'un spasme, une crampe totale. Tous mes muscles sont mobilisés par une vague de plaisir d'une intensité inouïe.

Ses lèvres et ses dents me grignotent avec tendresse tandis que sa langue tente une pénétration toujours plus profonde. J'aurais voulu que cette invasion ne s'arrête jamais, mais dès que sa main effleure ma queue, j'explose. Le premier jet atteint le mur, au-dessus de moi, le second retombe sur mon visage. Taylor, qui a rampé jusqu'à moi, me lape consciencieusement.

— Je t'aime Matt, si fort que j'en ai peur parfois. Je ne sais pas ce que je deviendrais, comment je pourrais encore vivre sans toi!

— Tu n'en auras pas besoin Taylor, je serai toujours avec toi. Il faudra me tuer si tu veux te débarrasser de moi. Je t'aime Taylor.

Je n'ai pas conscience de m'endormir, mais lorsque je me réveille, une heure plus tard, j'ai une feuille de papier dans la main: "tu étais si beau, tu avais l'air si tranquille que je n'ai pas eu le cœur de te réveiller, je t'ai juste écrit quelques mots, sans rime... ni raison... mais depuis quand l'amour a-t-il besoin de raison? Je t'aime."

Il avait écrit, à la hâte, quelques vers:

Tant mon amour est fou, je voulais être toi Devenir ta salive Naître au fond de ta gorge Et poussé par ta langue Venir mouiller tes lèvres

Tant mon amour est fou, je voulais être toi Être de tes cheveux Blanchir à force d'ans Sous le poids du bonheur Et du plaisir d'aimer

Tant mon amour est fou, je voulais être toi L'ongle au bout de ton doigt Que tu coupes parfois Mais qui revient sans cesse Nouveau à chaque fois

Tant mon amour est fou, je voulais être toi Une perle de sueur Que la chaleur d'amour Fait sourdre de ta peau

Tant mon amour est fou, je voulais être toi Une larme de joie Qui ravine ta joue Et se perd dans ton cou

Tant mon amour est fou, je voulais être toi Mais qui aimer alors? Qui prendre entre mes bras? Moi? C'est folie! Non! Je n'veux pas être toi! Je ne veux qu'être à toi.

Je t'aime

Le lendemain je confiai mes "Seigneur des Anneaux" à Rob en lui demandant d'en prendre le plus grand soin. Il ne répondit pas et partit aussitôt. Je ne le revis que le mercredi après-midi. Juste avant de quitter l'école il m'interpela et commença à me raconter une histoire compliquée à propos d'un cadeau qu'il devait absolument faire à je ne sais plus qui. Je lui demandai d'abréger car j'étais assez pressé. Il me réclama alors trente dollars (alors, en Euros, ça doit faire environ 28 ou 29 et en francs (français, suisses ou CFA) ou en dollars canadiens... débrouillez vous, je n'ai pas de convertisseur sous la main!).

Sa demande me laissa sans voix. Cette fois je ne pouvais plus me bercer d'illusion, c'était vraiment du chantage! Je lui donnai l'argent tout en sachant que c'était une erreur. Il était évident que d'accepter ses exigences ne feraient que les rendre de plus en plus insupportables. Mais je ne savais vraiment pas quoi faire d'autre. Je lui jetai l'argent à la figure et le plantai là. Je ne dis rien à Taylor, Je ne voulais pas l'inquiéter.

Jeudi après-midi, vers 4 heures, Robert m'appela chez moi, c'était la première fois. Il me dit qu'il avait besoin de me voir tout de suite, avant quatre heures et demie et il refusa de s'expliquer sur les motifs de cette nouvelle exigence.

Taylor et moi devions nous retrouver à cinq heures, je dus donc l'appeler pour repousser à 6 heures, en inventant je ne sais quelle corvée que mon père m'aurait imposée. La veille je lui avais caché quelque chose, cette fois-ci je lui mentais. Je détestais ça mais j'avais l'impression de ne pas avoir le choix, de faire pour le mieux.

Dès mon arrivée Robert me conduisit à sa chambre et ferma la porte.

— Qu'est-ce que tu veux cette fois? Un autre bouquin? Des CD? Plus de fric? Une sonnette neuve pour mon vélo? Dis-moi ça vite parce que je n'ai vraiment pas le temps!

— Du calme Matt, du calme! Je suis ton ami, n'oublie pas, alors, ravale un peu ta colère!

— Tu n'es pas mon ami et je ne suis pas le tien! Je suis juste quelqu'un dont tu te sers, alors arrête tes conneries!

— D'accord, d'accord! Tu connais Clara, ma petite amie?

— Quelle veinarde!

— Je suis d'accord avec toi. On a passé le début de l'après-midi ensemble, et elle est vraiment très très gentille si tu vois ce que je veux dire.

— Félicitations!

— Mais elle a dû partir tôt et elle m'a laissé dans un état désagréable, alors j'ai pensé que tu pourrais m'aider.

Il baissa la ceinture de son pantalon et me montra son sexe, à demi-bandé. J'en restai tout d'abord interdit.

— Qu'est-ce que tu veux dire par t'aider?

— Je te croyais plus intelligent que ça Matt! T'es un pédé donc tu aimes sucer les bites! La mienne en a grand besoin en ce moment alors j'ai pensé à t'appeler, pour ton plaisir et... pour mon soulagement, pas compliqué non?

Je n'arrivais pas à y croire! Sa requête me paraissait tellement extravagante que j'étais incapable de construire une pensée cohérente sur la situation!

— Dépèche-toi Matt! Surtout si tu es pressé! Je suis sûr que tu vas apprécier ça autant que moi!

La colère montait en moi, comme une colonne de chenilles processionnaires escaladant un arbre couvert de tendres pousses vertes. Je la sentais me dévorer centimètre par centimètre, prendre possession de chaque cellule de mon corps, m'habiter entièrement. Elle n'avait pas encore conquis la totalité de mon cerveau, je m'en rendais compte car j'arrivais toujours à l'analyser. Mais je savais qu'il fallait que j'agisse vite sinon, si la colère montait encore, je perdrais tout contrôle et je sentais que j'aurais été capable de le tuer!

— T'es un bâtard Robert, un salaud et un bâtard! De la pire espèce! Le plus moche que j'aie jamais vu! Si tu as besoin de te soulager, t'as qu'à demander à ta main droite, et elle aura du boulot pendant encore longtemps, et si tu veux du changement, essaye de devenir ambidextre, car t'es tellement moche, dedans comme dehors, que ça m'étonnerait qu'il y ait un garçon ou une fille assez dingue pour avoir envie de partager quelque chose avec toi!

Je parlais avec une lenteur appliquée, dans l'espoir vain de contrôler le tremblement de ma voix.

— Regarde-moi Robert, regarde-moi bien parce que c'est la dernière fois que tu me vois à côté de toi! Je suis un pédé, c'est vrai! Mais s'il y a un pervers ici, c'est toi! À partir de maintenant tu peux faire ce que tu veux, je m'en fous! C'est fini, tu ne me feras plus chanter! Je reprends mes bouquins.

Je les pris sur son bureau ainsi que son portefeuille.

— Je reprends aussi mes trente dollars (pour la conversion voir plus haut).

Il commença à se lever.

— À ta place je ne bougerais pas Robert. Si tu fais un seul mouvement je crois que je ne résisterai plus à l'envie que j'ai de te casser la gueule. Je ne suis pas violent en général mais là...!

Il se rassit pendant que je comptais mon fric. Je jetai le portefeuille à ses pieds.

— Maintenant je m'en vais avec mon vélo. Et je t'assure que tu n'as pas intérêt à bouger, ni à dire un mot.

Il comprit qu'il aurait été dangereux d'insister, il était très pâle, visiblement effrayé. Je sortis sans l'entendre.

De retour dans ma chambre, dix minutes plus tard, ma mère ma passa une communication téléphonique. Ma main tremblait encore lorsque je saisis le combiné. J'entendis la voix de Robert:

— Matt, c'est Robert. Tu n'as pas été très prudent cette après-midi. Plutôt inconséquent même comme on dit dans les bons livres! Mais, malgré tout ça, je reste un bon copain, alors je te donne une deuxième chance, jusqu'à demain après-midi. Tu as jusqu'à quinze heures pour revenir à de bonnes dispositions d'esprit. Après quinze heures, je ne serai plus capable de garder pour moi le lourd secret que je porte. Est-ce que tu...

Je lui raccrochai au nez, sans un mot.

J'avais perdu. J'étais perdu! Mais qu'est-ce que je pouvais faire! devenir sa pute! Pas question, plutôt me foutre en l'air! Le suicide? N'est-ce pas ce qu'il y aurait de mieux à faire? Non, certainement pas, j'étais mort de peur, selon l'expression consacrée, mais... pas au point de mourir pour de vrai! Et le tuer lui! C'est étonnant comme les idées les plus extravagantes vous traversent l'esprit parfois. Moi, penser au suicide ou au meurtre, presque naturellement! J'étais piégé, je n'avais plus le choix, plus la moindre marge de manœuvre. C'est à ce moment que j'ai compris que le pire serait de perdre, en plus, le respect de moi-même, et que je le perdrais plus en lui faisant la pipe qu'il me réclamait qu'en étant connu pour ce que, en fait, j'étais: un pédé!

Je suis resté longtemps assis comme ça, englué dans mes peurs, mes angoisses. Le téléphone sonna une seconde fois. C'était Taylor.

— Mais alors qu'est-ce que tu fous! Ça fait une demi-heure que je t'attends! Pourquoi est-ce que tu es encore chez toi?

Je ne répondis pas.

— He Matt, tu es là? Tu te sens bien?

Il y avait de l'inquiétude dans sa voix.

— Non, pas vraiment.

— Pourquoi?

— Je suis allé voir Robert.

— Merde, merde merde! Mais quand est-ce que ça va s'arrêter? Quand est-ce qu'il va arrêter de nous pourrir l'existence?

— Je crois qu'il va l'empoisonner définitivement demain! Il va tout dire.

— Qu'est-ce qui s'est passé?

— J'ai refusé sa dernière exigence.

— Qu'est-ce que c'était?

— Il voulait que... je... lui taille une pipe... Je ne peux pas faire ça! Je ne veux pas devenir sa pute, quelles que puissent être les conséquences! Maintenant je suis sûr qu'il va parler parce qu'il m'a donné jusqu'à demain midi pour réfléchir et je ne changerai pas d'avis!

— Ça va être l'enfer! On va être la risée de tout le monde! la cible de tous ces connards d'homophobes! j'arriverai pas à le supporter! C'est pas juste!

Il pleurait, au bord de la panique.

— Calme-toi Taylor, je t'en prie, calme-toi.

— Facile à dire pour toi! Avec tous tes amis, tu seras toujours protégé! Mais moi, qu'est-ce que je vais devenir moi?

— Taylor, tu n'auras rien à affronter de particulier, tu n'es pas directement impliqué la dedans. Je te rappelle qu'il ne te connaît pas, qu'il ne sait pas que c'était toi, on doit juste être plus prudents, c'est tout!

— Oui, c'est vrai... Je suis désolé, je suis incapable de t'aider, je ne suis pas assez fort. J'ai l'impression d'être au bord de la panique. Tout était tellement génial depuis que je suis ici: toi, ma famille, les nouveaux amis, même l'école! Et maintenant je pense que je ne mérite rien de tout ça, parce que... parce que... je ne peux pas t'aider.

Il sanglotait.

— Je comprends Taylor, je comprends ce que tu ressens et je ne vais certainement rien te reprocher. Tout ça c'est le résultat de ma connerie, c'est entièrement ma faute! Ce serait peut-être mieux si nous ne nous voyions pas pendant quelques jours.

J'essayai de faire cette proposition d'un ton détaché, sans trahir l'émotion que je ressentais. En fait j'attendais, j'espérais un refus énergique... je fus déçu.

— On en reparlera un peu plus tard, OK?

— OK.

— Alors salut Taylor.

— Salut Matt.

Pour la première fois depuis longtemps il avait raccroché sans la litanie habituelle des mots de tendresse, sans les "je t'aime" fiévreux qui concluaient toujours nos appels. Je gardais le combiné collé à mon oreille et les bips qu'il émettait devenaient autant de fléchettes qui me transperçaient le cœur, c'était comme si on m'écorchait vif, qu'on m'arrachait les os un à un, lentement, comme si l'on m'éviscérait avec un couteau à pain, comme si... non, là je m'emporte un peu! Bon je ne me sentais vraiment pas bien, vous l'avez peut-être remarqué...

Je me suis laissé tomber sur mon lit et j'ai pleuré.

Le lendemain matin je me réveillai épuisé. Je n'étais pas d'humeur bavarde et, à l'école autant qu'à la maison, tout le monde sembla s'en apercevoir, ma solitude fut respectée. Je doute que cela m'ait fait le moindre bien d'ailleurs, je ne faisais que remâcher mes craintes et entretenir ma dépression.

Chaque fois que mes yeux croisaient ceux de Taylor, j'y voyais de l'inquiétude, de la peur et de la tristesse. Mais ces contacts étaient très rares, nous nous évitions consciencieusement.

Pendant la matinée je vis Robert à une vingtaine de mètres. Il accrocha à ses lèvres un de ses sourires narquois que j'avais appris à détester. Je le fixais et je pense qu'il perçut toute la haine que j'éprouvais pour lui. Il sembla hésiter une seconde puis continua dans ma direction.

— Hé Matt!

Je ne répondis pas

— Tu es prêt pour notre petite séance de cette après-midi?

—...

— Oh! Je vois, tu es à ce point ému... ou excité... que tu en restes muet!

C'était trop, la coupe était pleine, elle débordait même à gros flots, à flots aussi impétueuex que ceux de la colère qui me submergeait. Colère? Non, rage serait un mot plus juste, furie! Je fis ce que, de ma vie, je n'avais jamais fait: je lui envoyai mon poing en pleine figure. Il tomba sur les fesses et me regarda sans avoir l'air de comprendre ce qui lui arrivait, sans même songer à éponger le sang qui coulait de son nez. Les 4 ou 5 élèves qui avaient assisté à la scène, me regardaient d'un air ahuri, incapable de comprendre ce qui avait bien pu me prendre.

Je n'aurais pas pu en supporter davantage ce jour-là. Je décidai donc de sécher les deux derniers cours et de rentrer chez moi.

En fait, plus j'avançais et moins j'étais fier de moi... et à peine soulagé! Cette façon d'agir, ce n'était pas moi, pas dans mon caractère. Mais quel pouvoir avait donc ce salopard: un, il venait de foutre en l'air ma vie amoureuse, deux, il était sur le point de bousiller ma vie "sociale" et trois, cerise sur le gâteau, il arrivait même à influencer mon comportement!

"Il faut que tu sois plus fort que ça!" me dis-je en moi-même. Il peut peut-être avoir une influence sur les aspects extérieurs de ta vie, mais il ne peut pas changer qui tu es, ce que tu es! Tu dois rester toi-même! Si tu deviens violent, en fait ça veut dire que c'est toujours lui qui définit les règles du jeu, c'est lui qui pilote! Quand tu l'as foutu par terre, ça t'a fait du bien mais, en réalité, c'est lui qui gagnait car c'est lui qui était aux commandes!

Durant tout le week-end je me plongeai dans les devoirs, j'avais besoin de me garder l'esprit occupé. Je passai des heures à préparer l'exposé que je devais faire lundi matin. Vous vous rappelez? "Le combat pour la liberté jusqu'au jour de l'Indépendance". Si je devais être le premier pédé identifié de l'école, je voulais au moins être connu comme un pédé intelligent!

Mon attitude et l'absence de Taylor intriguèrent mes parents et Lucia. C'est vrai que le contraste avec les semaines précédentes était saisissant, nous étions alors inséparables, en particulier pendant les week-ends. Et, cette fois, pas un signe, pas une visite, pas un coup de fil! En fin d'après-midi, dimanche, Lucia entra dans ma chambre, son visage trahissait sa préoccupation.

— Est-ce qu'on peut parler un moment Matt? Il y a deux choses dont je voudrais discuter avec toi, et surtout une qui m'inquiète beaucoup.

— Bien sûr, qu'est-ce qui t'inquiète à ce point?

— C'est difficile à dire...

— Grouille-toi s'il te plaît, j'ai encore plein de boulot!

— Bon... c'est une rumeur que Cathy m'a rapportée. Une rumeur qui dit que tu es gay et que tu...

— Que je quoi! la coupai-je avec agacement.

— Hum... Que tu fais des cochonneries dans les toilettes du ciné!

Je pâlis.

— Alors ça y est, ça a commencé.

— Ça a commencé? Tu t'y attendais?

— Oui... c'est Robert.

— Robert? Qu'est-ce qu'il a à voir la dedans?

— Écoute, sans entrer dans les détails, Robert m'a vu au cinoche avec Taylor la semaine dernière, il nous a vus en train de faire... des trucs que nous aurions mieux fait de faire à la maison. Il en a profité pour me faire chanter toute la semaine. J'ai cédé jusqu'à jeudi quand il m'a demandé... de lui tailler une pipe. Là j'ai refusé! Alors maintenant il met sa menace à exécution et il raconte partout ce qu'il a vu. Avant la fin de la semaine je serai devenu le pédé de l'école!

— Merde alors! J'arrive pas à croire que Robert puisse faire un truc pareil! Je ne l'ai jamais beaucoup aimé, mais je n'aurais jamais pensé que ce soit un pareil salaud! Qu'est-ce que tu vas faire? Tu n'as qu'à tout nier en bloc! Tout le monde te croira, beaucoup plus que Robert!

— J'y ai pensé bien sûr, mais je me sens un bien trop mauvais menteur pour tenir dans la durée. Et puis, en plus, ce serait être malhonnête avec moi-même... Ou malhonnête avec l'amour que j'éprouve pour Taylor. Je ne peux pas faire ça. J'aurais préféré rester discret, mais je ne veux pas mentir, je ne veux pas me renier moi-même. J'ai peur, mais, tant pis, j'essayerai de faire face... je ne sais pas si je suis prêt mais je vais faire comme si...

— Et Taylor, c'est la deuxième chose dont je voulais te parler, on ne l'a pas vu du week-end! Qu'est-ce qu'il pense de tout ça?

— Il a encore beaucoup plus peur que moi, Il est terrorisé! Il est nouveau ici, et il n'est vraiment pas prêt à afficher sa sexualité. Alors, comme Robert ne sait pas que c'était lui au ciné, on a décidé de prendre quelques distance l'un avec l'autre, ça devrait lui éviter d'être éclaboussé.

— Le salopard.... J'y crois pas! Il te plaque au moment oô tu as le plus besoin de lui, juste pour mettre son p'tit cul à l'abri...

— Arrête ça Lucia, arrête de l'insulter" l'interrompis-je avec colère. Même venant de toi je ne le supporterai pas! Oui il a peur! Et je le comprends parce que j'ai peur aussi! Oui il veut se protéger, et moi aussi je veux le protéger! Tout ce qui arrive c'est de ma faute, c'est moi qui... qui... l'ai poussé à... au cinéma! Il n'y a aucune raison qu'il paye pour mes conneries! Je ferai tout ce que je pourrai pour l'épargner, tout!

— Tu crois qu'il t'aime encore?

— Je crois... j'espère... Il est dans le brouillard en ce moment, il est si effrayé. Je vais attendre quelques semaines, jusqu'à ce que tout se tasse un peu. J'espère qu'il reviendra à ce moment-là, je sais que je ne peux pas m'empêcher de penser à lui...

Je me mis à pleurer.

— J'ai peur Lucia, tellement peur, je ne sais pas si je serai assez fort pour supporter ça. J'ai l'impression d'aller dans un endroit que je ne connais pas du tout, je suis incapable de prévoir qui sera de mon côté, qui sera prêt à m'aider et qui me tombera dessus!

— Moi je serai là, si tu en as besoin!

— Merci Lucia, je le savais, et je te jure que c'est énorme pour moi. J'aimerais mieux arrêter d'en parler pour l'instant, tu veux bien?

— Bien sûr.

— J'ai encore besoin d'un peu de temps pour finir mon boulot et ensuite j'essayerai de dormir.

— D'accord, à demain frérot!

Une fois encore je me plongeai dans mon travail pour éviter de remâcher des idées noires, pour oublier toute cette merde. Je me contentai d'un rapide sandwich vers dix heures puis je bossai jusqu'à une heure du matin. Je pensais qu'ainsi je serais suffisamment épuisé pour m'endormir au premier contact avec mon oreiller.

Ça ne marcha pas du tout comme je l'avais escompté, je passai une nuit épouvantable

>à suivre

Par claudio - Publié dans : LISEZ VISIONNEZ VIDEOS & RECITS FICTIONS FANTASMES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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Dimanche 1 septembre 7 01 /09 /Sep 23:44

RECITS FICTIONS FANTASMES  (60)

 

 

Ce texte est le sixième chapitre d'une histoire qui en comporte 9. Vous aurez quelques difficultés à vous y retrouver si vous n'avez pas lu le début! Vous ne pourrez pas dire que vous n'avez pas été prévenus!

J'étais vide tout à coup, sans substance. Seul et vide, presque un pléonasme! Je me pelotonnai au creux de mon lit, me concentrant sur le souvenir de Taylor, son sourire, ses yeux pétillants, son torse, si tendre, et son toucher, ses caresses, pleines d'amour et de douceur. Son souvenir m'excitait, ma main rejoignit mon érection: quel pauvre substitut à ce que Taylor pouvait m'offrir! Deux minutes plus tard j'obtins un soulagement insipide et je m'endormis, empli d'amour.

Lorsque je m'éveillai, le matin suivant, j'allumai machinalement mon ordinateur pour vérifier ma boite-mail. J'avais un message, rédigé en énormes lettres rouges: "Je t'aime, Taylor". Je téléchargeai le fichier joint: une photo de Taylor et moi, assis sur le bord de la piscine de Cathy. Sa mère l'avait prise avec son nouvel appareil numérique. Ma main était posée sur son épaule nue et, à voir le sourire que nous échangions, je comprenais rétrospectivement mieux que Lucia se soit fait quelques soucis à propos de notre discrétion.

J'étais tellement pressé de le retrouver que ma toilette fut des plus rapides et le petit-déjeuner remis à plus tard. Arrivé chez lui je n'eus pas le temps de sonner, il avait déjà ouvert la porte, m'avait presque arraché le bras en me tirant à l'intérieur, à moitié assommé en me plaquant au mur et quasi asphyxié en me bâillonnant de sa bouche. Le monde n'existait plus.

Vingt minutes plus tard:

— Oh mon Dieu! dit Taylor, regardant sa montre. On va être en retard et je ne voudrais surtout pas que nous soyons collés ce soir, j'ai d'autres projets...

— Tu as raisons, filons!

Il prit son sac et nous partîmes. La journée était grise mais je m'en fichais: j'avais tant de soleil à l'intérieur! Nous ne parlions pas beaucoup, trop essoufflés par le rythme qu'il nous fallait soutenir si nous voulions éviter d'être en retard.

À l'école tout se passa très bien. Nous étions ensemble aussi souvent et longtemps que possible. Ça ne veut pas dire que nous ne voyions personne d'autre, bien au contraire. Le bonheur nous rendait si joyeux que notre compagnie était très recherchée.

Une fort agréable routine s'installa durant les jours suivants: chez lui le plus tôt possible le matin, ensuite ensemble à l'école à chaque fois que la possibilité nous en était offerte, puis le soir, chez lui ou chez moi pour... travailler. Oui, oui, je ne blague pas, je peux même affirmer que nous avons produit un sacré boulot à cette époque! Les devoirs étaient presqu'un plaisir... quand nous pouvions les faire ensemble! De plus nous savions que notre liberté dépendait aussi, en partie, de nos résultats scolaires! Vous imaginez le stimulant!

Après les devoirs il nous restait toujours un peu de temps pour des activités plus... ludiques! Et je vous garantis que ce temps-là était exploité au mieux. C'était tellement génial (et si neuf) de sentir ses mains sur mon corps, de me frotter à lui, de sentir sa chaleur, de voir son excitation, de lui prodiguer le soulagement que je me m'appliquais à rendre indispensable. Nous nous limitions à des pratiques orales et manuelles, nous n'éprouvions, ni lui ni moi, le besoin d'autre chose et c'était suffisant pour échanger des litres et des litres de sperme chaud. Ça représentait environ la moitié de notre alimentation du moment! Mais comme tout était très également réparti entre ce que nous donnions et ce que nous absorbions, cela n'eut aucune incidence fâcheuse sur notre courbe de poids.

Des règles avaient été établies entre mes parents et la mère de Taylor: pas question de dormir ensemble les jours de semaine! Nous pouvions nous voir bien sûr, travailler ensemble, manger ensemble (pas trop souvent quand même), mais chacun devait dormir chez soi. Nos moments d'intimité devaient donc être rapides et silencieux car mon père rentrait toujours très tôt l'après-midi, et la mère de Taylor travaillait, pour l'essentiel, à la maison.

Un vendredi soir, deux semaines plus tard, nous décidâmes d'aller au cinéma, voir "Arsenic et vieilles dentelles", un vieux film de Frank Capra avec Carry Grant (j'ai peut-être oublié de vous prévenir, mais je suis un fan de cinéma, en particulier du cinéma d'avant guerre). Taylor ne l'avait jamais vu. Le film, comme toujours (j'en étais à ma quatrième projection) fut fantastique. Je vous le recommande chaudement, le rire vous prend dès les premières minutes et ne vous lache plus avant la fin, une préparation abdominale est conseillée pour les moins sportifs.

Durant la projection, je me contentai de voler à Taylor quelques bises furtives et de lui masser tendrement l'intérieur de la cuisse. Il ne me rendait pas la pareille, mais ne semblait pas se plaindre du traitement, il avait même tendance à me faciliter l'accès! À la fin du film j'étais tellement excité que je ne me contenais qu'avec la plus extrême difficulté.

— Hé! Taylor, allons aux toilettes, il faut que je me lave les mains, lui proposai-je.

J'eus beau laisser mes mains sous l'eau glacée et m'asperger le visage, c'était loin de suffire pour me calmer. Je doute même que le système de refroidissement complet d'une centrale nucléaire de belle taille eût été capable de ramener ma température à un niveau raisonnable... j'étais proche du point de fusion.

— Taylor, dis-je, tremblant d'excitation, entrons un moment dans une cabine! J'ai trop besoin de toi, je ne peux plus attendre!

— Mais c'est dégueulasse ici ! répondit-il, riant à moitié.

— Mais non, c'est pas dégueulasse!   Nous avons connu des endroits plus romantiques mais de la à dire que c'est dégueu ! De toute façon c'est une urgence! Et comme c'est toi qui es à l'origine de cette épouvantable crampe, c'est à toi de la soigner!

Je le poussai à l'intérieur d'une des cabines et fermai la porte.

— Mais si quelqu'un nous entend? dit-il. Les murs ne montent même pas jusqu'au plafond!

— Personne n'entendra ni ne verra quoique ce soit! Et puis assez de mais comme ça!

Je l'embrassai goulûment, forçant entre des dents qui offrirent à peine une résistance de principe. Dès que ma langue toucha la sienne, je sentis ses bras se refermer autour de moi et son corps se frotter au mien dans un mouvement reptilien, une chorégraphie des plus érotiques. Il était au moins aussi excité que moi, peut-être plus. Ses mains étaient partout à la fois, sous ma chemise, sur mes fesses, mes hanches, elles remontaient jusqu'à mes pectoraux qu'elles malaxaient sans douceur. La nécessité de rester silencieux ne faisait qu'exacerber notre excitation. Sa main droite passa sur mon ventre et déboucla mon ceinturon.

En un mouvement il fit descendre pantalon et caleçon et se saisit de ma queue, je faillis tomber. Il était de plus en plus difficile de retenir les gémissements ou les cris que faisait naître le plaisir qu'il me donnait. J'en oubliais presque de respirer. Je dus m'accrocher à lui et je mordis sa bouche avec sauvagerie. Ma main tremblait tant que j'eus des difficultés à ouvrir son pantalon. Je le fis descendre en m'agenouillant face à lui. Son sexe trouva seul le chemin de ma bouche qu'il commença à labourer furieusement, s'enfonçant toujours plus profond dans ma gorge. Nous étions des animaux, sauvages et silencieux. Il ne lui fallut guère de temps pour cracher quelques giclèes de sperme épais que je bus avec délice.

Taylor m'aida à me redresser et la fougue qu'il mit dans son baiser me montra à quel point il avait apprécié mes attentions.

— À toi maintenant, sussura-t-il dans mon oreille.

Il glissa lentement le long de mon corps, sans jamais me quitter des yeux. Lorsque son visage atteignit la hauteur de mon sexe, il commença à le lécher, lentement, comme il l'eût fait d'une sucette. Ses yeux étaient toujours rivés aux miens. La tension que je ressentais à cet instant va au-delà de toute possibilité de description. Ma queue était proche de l'explosion. Mes ongles s'enfonçaient d'un centimètre au moins à l'intérieur de mes paumes. Mes dents, serrées, se fissuraient l'une après l'autre. Le mur que repoussaient mes épaules menaçait de s'écrouler. Il m'avala. Ses lèvres autour de moi étaient le paradis, réprimer mes gémissements de plaisir, l'enfer. Le mélange des deux me donnait un aperçu de ce que pourrait être le plaisir sadomaso!

Au fond de sa gorge, ma queue était enserrée de toutes parts et je sentais ses lèvres tenter d'absorber mes bourses en plus. Mes ronronnements étaient de moins en moins contrôlables. Il m'avait déjà fait voir des étoiles, cette fois il me montrait des galaxies, des nébuleuses, des univers entiers. Quand j'ai senti monter mon foutre j'ai craint un instant que la force du jet fût suffisante pour le tuer. Et j'en avais encore trois ou quatre à lui offrir. C'est à cet instant précis que:

— OH! MY GOD! (prononcez-le avec l'accent et la mimique de Chandler dans la version originale de Friends) Mais c'est Matthew Ramsgate! Le fameux Matt qui se fait sucer la bite par un autre mec dans les chiottes du ciné! Waooo, le scoop de l'année!

La voix, semblant venir de nulle part résonnait dans les toilettes. J'étais pétrifié, jamais je n'avais connu un choc si violent. La chaleur qui m'habitait fut, en une fraction seconde remplacée par le froid le plus intense. Je flirtais avec le zéro absolu. La sueur dont j'étais couvert formait des stalactites de glace. Le plus infime mouvement aurait pu me briser. Mon cœur rata trois ou quatre battements consécutifs! J'entendis Taylor s'étrangler, la combinaison de la surprise et du sperme rendaient sa déglutition difficile. Je levai la tête et vis, au dessus de la porte, les mains et le visage poupin de Rob. Robert Stew, un type de notre école.

— C'est dégueulasse, vraiment dégueulasse! Si je ne l'avais pas vu mes propres yeux je n'arriverais pas à y croire: Matt, un pédé!

Il lacha le haut de la porte et redescendit. Je me rhabillai aussi vite que possible.

— Attends Rob! T'en va pas, faut qu'on parle!

— Pas question! Tu crois quand même pas que je vais rester ici avec deux pédés! J'ai pas envie de me faire violer! salut les lopettes!

Nous entendîmes la porte se refermer.

— Merde! Merde! Merde! bredouillait Taylor, encore agenouillé et cachant son visage entre ses mains. Mais qu'est-ce qu'on a fait! Pourquoi ici? Ça va être terrible! Dans quelle merde on s'est foutus! Merde! Merde!...

Je l'aidai à se relever.

— Ça va aller, tu vas voir, je vais lui parler, je suis sûr qu'il n'est pas si méchant que ça et qu'il ne dira rien.

— Merde! Merde!... Il était visiblement en état de choc.

— Arrête Taylor! S'il te plaît, arrête! La première chose à faire est de sortir d'ici. Il n'a pas pu te reconnaître, il ne pouvait pas voir ton visage. À cette heure, l'autre film est sur le point de finir. Alors on va sortir séparément, dans la foule, comme ça, s'il est là dehors à attendre, il ne nous verra pas ensemble. Je vais essayer de le voir et puis je te rejoins chez toi. OK?

— OK! répondit-il.

J'étais un peu inquiet car il avait l'air très loin d'être OK. Nous fîmes exactement ce que je lui avais suggéré. J'arpentai le quartier en tous sens mais je fus incapable de le retrouver. Disparu le Rob ! J'ai continué de le chercher pendant une heure encore, sans succès. Je n'étais pas rassuré lorsque j'arrivai chez Taylor et le visage qu'il m'offrit ne fit qu'augmenter mon inquiétude. Il sursauta lorsque je poussai la porte de sa chambre.

— Tu l'as trouvé?

— Non, je suis allé partout, j'ai traîné dans toutes les rues du coin et je ne l'ai pas vu, et comme je ne sais pas où il habite...

— Merde! Merde! Merde!... qu'est-ce qu'on va faire? Pourquoi est-ce qu'on a fait une connerie pareille? Tu peux me le dire? On n'aurait pas pu attendre d'�tre dans un endroit tranquille!

— Tu as raison, tu ne peux pas savoir à quel point je suis désolé de t'avoir imposé ça, mais... tu m'excites tant, je suis si amoureux... que souvent je perds le contrôle!

Il eut un demi-sourire.

— Je t'aime aussi.

Quelques secondes de silence.

— J'ai tellement peur d'être montré du doigt. Je ne sais pas si j'arriverais à le supporter! Ce serait l'enfer et pourquoi! Pourquoi!...

Son désespoir s'accroissait de minute en minute. Ses poings serrés à en faire blanchir la jointure de ses doigts montraient son envie de se battre, ses joues creusées, sa tête, engoncée entre ses épaules, ses larmes, avouaient sa défaite. Il m'inquiétait.

— Arrête Taylor! Ça ne va pas être si terrible que ça! Il ne dira probablement rien. Et puis, s'il dit quelque chose, tant pis! C'est pas ce que nous voulions mais nous pourrons faire face!

— Facile à dire pour toi! lacha-t-il avec emportement. Tu vis ici depuis toujours! C'est ta ville, tes copains! Tout le monde te connaît, tout le monde t'aime bien! Tu as tellement d'amis ici que tu ne peux même pas les compter!

La colère le gagnait.

— Mais moi c'est pas pareil! Je suis nouveau, je suis l'étranger moi! Et c'est jamais facile ça! Mais maintenant je vais pas seulement être l'étranger, je vais être le pédé d'étranger! Et je suis tout seul! Je ne suis là que depuis quelques semaines! J'ai pas d'amis, je vais être seul, tout seul pour faire face à toute cette merde! Et je ne veux pas, Je n'ai pas choisi ça!

Il hurlait maintenant, presque hystérique. J'étais tellement tendu que j'ai failli répondre sur le même ton quand, soudain, la signification de mots qu'il venait d'utiliser s'insinua en moi: "tout seul", il pensait qu'il allait devoir affronter la situation seul, comme s'il m'avait déjà effacé du paysage. Je me laissai tomber sur son lit et je me mis à pleurer, ça faisait vraiment mal, quelque chose comme une nausée, qui vous tombe sur les tripes et qui vous noue la gorge à la fois, combinée avec l'amorce d'une migraine à vous faire gémir. Taylor se calma et me fixa.

— Tout seul... répétai-je.

— Quoi?

— Tout seul, sans un ami, c'est ce que tu viens juste de dire. Tu crois vraiment que je pourrais te laisser tomber dans un pareil moment, c'est ça que tu penses de moi?... Et tu dis que tu m'aimes.

Taylor parut ébranlé. Il ferma les yeux d'abord, puis s'approcha de moi et me serra avec force entre ses bras.

— Dis pas ça Matt, je t'en prie, dis pas ça! Je t'aime. Je t'aime plus que tout au monde, je t'en prie, n'ai pas de doute, jamais! Pardonne-moi, essaye de me pardonner, j'ai tellement peur que je dis n'importe quoi!

Je l'embrassai.

— Tu me pardonnes alors!

— Bien sûr!

Je l'allongeai sur le lit et nous rest‚mes enlacés, sans bouger.

— Qu'est-ce qu'on va faire? demanda Taylor.

— Je crois que je ferais mieux de rentrer, pour le cas où il essayerait de m'appeler. S'il ne le fait pas alors je le chercherai à nouveau.

Taylor était d'accord, je repartis donc chez moi, pensant à notre première querelle. Taylor avait raison en fait, j'avais vraiment déconné au cinéma. Et ma connerie pouvait avoir des conséquences épouvantables pour nous deux, et, c'est vrai, plus encore pour lui que pour moi.

Lorsque j'arrivai à la maison, je vis Robert: il attendait sur un banc, de l'autre côté de la rue. Dès qu'il me vit il me fit signe de la main.

— Viens Matt, il faut qu'on parle.

Il tapotait le banc à côté de lui, comme une invitation à m'asseoir. Il arborait un petit sourire en coin assez désagréable.

— Où est-ce que tu étais? Ça fait plus d'une heure que je t'attends! T'étais avec ton petit copain, en train de baiser!

— Ça ne te regarde pas!

— Tu pourrais être plus sympa avec moi! Je te manifeste de l'intérêt et c'est comme ça que tu réagis! Alors c'était comment dans les chiottes! Super endroit non?!

— C'était pas mal jusqu'à ce que...

— Ah! Oui, je me rappelle, c'était drôle... Tu aurais dû voir ta tête à ce moment!

— Le comique de situation, c'est pas ma tasse de thé!

— Et ton copain, il a apprécié, lui? C'est qui au fait?

— Tu ne le connais pas

— Pourquoi veux-tu garder des secrets pour moi? Je connais déjà le plus énorme!

— Tu ne le connais pas, et il n'y a aucune raison pour que je te donne son nom!

— Je trouverai bien tout seul! Alors comme ça t'es pédé?... Depuis longtemps?

— Je préfère dire que je suis gay, et ce n'est pas une maladie qu'on attrape un jour ou l'autre, j'ai toujours été comme ça.

— Qu'est ce que tu préfères en général, être au-dessus ou en dessous?

— Pourquoi, tu es tenté par l'une des deux positions?

Il fit une grimace.

— Bien sûr que non, je suis juste curieux, c'est tout!

— Ta curiosité est plutôt malsaine! Et puis, s'il te plait, arrête de jouer au chat et à la souris avec moi, qu'est-ce que tu veux?

— J'en sais rien, je me posais des questions au sujet de ta vie cachée et je me demandais comment les gens réagiraient en l'apprenant.

— Ils n'ont pas besoin de l'apprendre.

— Pourquoi, tu as honte? Je peux le comprendre, remarque!

— Non, je n'ai pas honte! Mais je n'ai pas envie de porter une étiquette! S'il te plaît Rob, garde ça pour toi, tu pourrais faire de ma vie un enfer, si tu parlais.

— Peut-être, mais ce serait seulement honnête, les gens doivent connaître les risques qu'ils prennent quand ils te fréquentent!

— Tu me connais assez pour savoir que...

— Je croyais te connaître! Mais aujourd'hui, je dois dire que j'ai découvert un Matt complètement nouveau.

— Je t'en prie, ne dit rien, je t'en supplie même si c'est ça que tu veux!

— Mais non, pas du tout. Il faut que j'y réfléchisse encore un peu avant de décider de ce que je ferai. Ensuite je te préviendrai. Bon, on est toujours potes? demanda-t-il avec un sourire ironique.

— Bien sûr, répondis-je avec une chaleur que je ne ressentais pas.

— Il faut que j'y aille maintenant.

Il se leva et me regarda.

— Oh! J'ai failli oublier, je voudrais te demander un service.

— Vas-y.

— J'ai bousillé mon vélo la semaine dernière et je n'en aurai pas d'autre avant trois mois, au moins. Je crois que tu as un super VTT dont tu ne te sers pas beaucoup, alors j'ai pensé que, peut-être, tu pourrais me le prêter?

— Je ne sais pas si mes parents...

— Matt! Ça, ça serait une vraie preuve d'amitié, une preuve concrète! ajouta-t-il lentement en me regardant droit dans les yeux.

Qu'est-ce que ça pouvait bien vouloir dire? Il n'était quand même pas en train de me faire chanter non? Ce n'est pas possible. Ça doit être moi qui suis parano! De toute façon qu'est-ce que je peux faire? Prendre le risque de me faire montrer du doigt par tout le monde, pour un vélo!

— D'accord, viens avec moi, je te le prête.

— Non merci, je préfère attendre ici.

De retour du garage je lui tendis le vélo. Il l'enjamba aussitôt.

— Merci Matt, je savais que je pourrais compter sur toi, je savais que tu ne refuserais pas de m'aider. À bientôt!

Et il partit sans se retourner. À peine entré dans ma chambre, je me précipitai sur le téléphone pour appeler Taylor.

— Salut, devine qui m'attendait devant la porte?

— Il était là? Qu'est-ce qu'il a dit? Qu'est-ce qu'il va faire?

— J'en sais rien en fait, je ne crois pas qu'il parle, au moins ces prochains jours, à plus long terme je n'en ai aucune idée, il était quand même assez bizarre.

— Bizarre?

— Oui, au début il était presque insultant, il me traitait de pédé! Ensuite il s'est montré curieux, plus que curieux d'ailleurs, inquisiteur plutôt, et à la fin il était presque amical. Une bonne nouvelle quand même, il ne t'a pas reconnu, il a essayé de me faire dire ton nom, mais tu te doutes bien que je suis resté muet comme une tombe!

— Je préfère ça, mais comme nous sommes toujours ensemble, il va vite comprendre qu'un plus un ça fait deux!

— C'est vrai, il faudrait que nous soyons plus discrets et un peu moins souvent ensemble en public. Tu ne crois pas?

— Ça va être difficile, mais je crois qu'on n'a pas le choix. Il a dit quelque chose d'autre?

— Il m'a emprunté mon vélo.

— Ton vélo? Pourquoi?

— Faire du vélo je suppose!

— Très drôle!

— Il m'a dit que le sien était fichu et qu'il n'en aurait pas d'autre avant un bout de temps, comme je ne me sers pas beaucoup du mien... c'est toute l'histoire.

— Tu crois que c'est... du... chantage?

— J'y ai pensé un instant, mais ça m'étonnerait! En fait ce que je pense c'est qu'on devrait arrêter de s'en faire, juste attendre et voir venir. Et pour attendre aussi confortablement que possible, peut-être que tu pourrais venir dormir chez moi ce soir, qu'est-ce que tu en penses?

J'eus à peine le temps de raccrocher qu'il était déjà dans mes bras, à me donner le premier baiser de la nuit, le premier de ma vie. C'est toujours la première fois quand Taylor m'embrasse. C'est un génie du baiser, tendre et doux, autant que brûlant et fort. Je pourrais passer des heures entre ses lèvres, au fond de sa bouche, il m'absorbe, il m'enroule dans son ‚me, il éteint le monde mais allume l'univers, il m'emprisonne, il m'enchaîne, mais toujours pour mieux libérer les torrents de plaisir qui nous emporteront en des endroits où tout est toujours beau.

à suivre

Par claudio - Publié dans : LISEZ VISIONNEZ VIDEOS & RECITS FICTIONS FANTASMES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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Dimanche 1 septembre 7 01 /09 /Sep 23:36

RECITS FICTIONS (59)

j'ai un peu peur.

— Je comprends Matt. Pour moi aussi tu es le premier, mais je n'ai peur de rien parce que tu m'aimes. Laisse-moi te faire l'amour.

 

Il était neuf heures lorsque je refermai la porte de ma chambre derrière nous.

Il se tourna vers moi l'air espiègle.

— On pourrait peut-être faire un jeu vidéo? À moins que tu n'aies autre chose en tête?

Il ne disait plus rien, un léger sourire continuait de flotter sur sa bouche que je distinguais à peine, la lumière placée derrière lui, faisant un contre-jour qui l'entourait d'un halo luminescent.

Je m'approchai pour lui picorer le visage: les lèvres, le nez, le cou. Il ne bougeait pas. Je revins sur sa bouche et j'attrapai sa lèvre supérieure entre les miennes. Ma succion provoqua ses premiers soupirs. Ses mains accrochèrent mes épaules pour rétablir un équilibre vacillant.

La seconde d'après ma bouche était perforée par sa langue. Quand elle rencontra la mienne, ce fut pour la défier en un duel passionné. C'était un rêve, un rêve humide, le souvenir de ces temps anciens où la vie n'était encore qu'aquatique. Nous étions deux langues qui, dans cette chaleur moite cherchaient à n'en être plus qu'une. J'avais déjà embrassé Taylor, il m'avait déjà apporté 1000 fois plus de plaisir que mes très, très rares expériences précédentes. Cette fois-ci, après la journée que nous venions de passer, sachant l'amour qu'il me vouait, sachant que nous avions le temps d'explorer nos sentiments et ces incroyables sensations qui les accompagnaient, ici, dans l'intimité que nous offrait ma chambre, c'était fabuleux, indescriptible... Ce n'était plus un baiser, c'était la vie! C'était le sens même, le but de la vie! Je ne savais pas si c'était là un accomplissement ou un début, mais je savais que ce baiser avait changé ma vie à tout jamais.

— Je t'aime Matt, je t'aime tellement que c'en est douloureux.

— Moi aussi Taylor, je t'aime. De ma vie je n'ai jamais été aussi heureux. Je te dois tout.

— Pareil Matt, moi j'ai l'impression d'être un puzzle enfin complet depuis que tu as fait entrer l'amour dans mon cœur, depuis que tu es devenu la partie la plus importante de ma vie. Je t'aime Matt, je t'aime et j'ai besoin de toi.

— Il y a encore quelque chose que je voudrais te dire.

Il me regardait dans les yeux, un assaut de timidité me fit rougir.

— Tu es mon premier, Taylor. Et j'ai un peu peur. J'ai envie de faire l'amour avec toi mais j'ai un peu peur.

— Je comprends Matt. Pour moi aussi tu es le premier, mais je n'ai peur de rien parce que tu m'aimes. Laisse-moi te faire l'amour.

Petit intermède médico-social pour éviter le... médico-légal! Le privilège d'un "auteur" est de faire exactement ce qu'il veut de ses personnages, il peut les créer, les façonner, les assassiner, les ressusciter ou les guérir miraculeusement sans avoir de comptes à rendre ni d'explication à donner. Dans la vraie vie, peut-être l'avez-vous remarqué, il en va autrement! Bien sûr, pour les miracles il reste Lourdes, mais je n'ai aucune statistique à vous donner sur l'efficacité du passage par la grotte! Alors, sachez raison garder et préservatif utiliser! Revenons-en à...

Il prit ma main et me conduisit jusqu'au lit où il me fit allonger. Je sentais son haleine. Sa joue caressait la mienne. Une main vint à mon cou ôter le premier bouton de ma chemise. Sa joue continuait son mouvement contre la mienne. Arrivée au dernier bouton, la main glissa sous le pan gauche de la chemise. Je tressaillis et mordis mes lèvres pour étouffer mes soupirs. La main tournait sur mon ventre, autour du nombril, elle était la douceur, la tendresse faites mouvements. J'étais tellement concentré sur cette extraordinaire sensation que j'en oubliais presque de respirer.

La main remonta, entre mes pectoraux, lente, et légère comme une aile de papillon ou une brise d'été. Elle enveloppa l'un de mes tétons. Il était déjà érigé, il se tendit encore. Je cherchai ses lèvres et me mis à l'embrasser désespérément, il fallait que ma bouche exprimât l'excès de plaisir que j'éprouvais, je n'avais d'autre choix que crier ou embrasser.

Je lui arrachai presque son Tshirt et mes mains, quoique tremblantes de fébrilité, surent avoir raisons de ses autres vêtements. Il arrêta mes caresses.

— Ne bouge pas Matt, laisse-moi prendre soin de toi, murmura-t-il.

Il embrassa mon menton et glissa dans mon cou. Sa main atteignit ma ceinture et passa sur mon jean. Il caressait mes cuisses et mes hanches, évitant mon sexe à chaque passage. Chaque mouvement qu'il faisait accroissait mon attente, la portant aux limites du supportable. Chaque seconde apportait une sensation nouvelle, me faisait gagner un barreau sur l'échelle de l'excitation. Ma respiration devenait rapide, laborieuse, j'atteignais des sommets où l'oxygène se faisait rare. Des centaines de plaisirs différents me submergeaient: chacun des pores de ma peau, chacun de mes poils était un capteur de plaisir. Je ne vivais plus qu'à travers son contact, son pied contre le mien, sa jambe sur la mienne, sa main sur ma hanche, sa bouche qui léchait et suçait mon téton avec la voracité d'un nourrisson affamé.

Il ouvrit ma fermeture éclair et déboucla ma ceinture. Quel soulagement pour mon sexe qui tendit immédiatement la toile de mon caleçon. Taylor descendit avec lenteur, s'arrêtant un instant pour explorer mon nombril. Arrivé à mes pieds il tira mon pantalon, puis mon caleçon qu'il huma aussitôt.

Il geignit et entama sa remontée, goûtant de la langue et des lèvres chaque centimètre de ma peau. La pression de sa tête me fit écarter les jambes, lui ouvrant l'accès à l'intérieur de mes cuisses. Je n'escaladais plus l'échelle du plaisir barreau après barreau, je les sautais par trois ou quatre à la fois. Il m'en fit grimper dix d'un coup lorsque la pointe de sa langue toucha mes bourses. Il les embrassa, les caressa avec une tendresse précautionneuse.

Soudain il avala ma queue, comme s'il avait pressenti que ma jouissance ne résisterait pas longtemps au traitement qu'il m'infligeait. Fabuleux instant! Sa bouche était si chaude! Ses lèvres, sa langue, son palais m'enveloppaient! Je plaquai l'oreiller contre mon visage pour absorber mes soupirs, mes grognements plutôt! Il n'eut pas à bouger beaucoup, quelques mouvement de haut en bas et je sentis ma semence qui déferlait de tout mon corps et convergeait vers la bouche de Taylor. J'essayai de le repousser

— Taylor... Taylor, je vais jouir.

Il ne bougea pas, il resta vissé à ma queue, il accrut même le mouvement de succion. Mon sperme jaillit dans sa bouche. Je ne sais durant combien de siècles j'ai éjaculé, ni combien de litres de crème je lui ai donné! Il ne m'a pas lâché un instant et a avalé, jusqu'à la dernière goutte, ce que mon plaisir lui offrait.

J'avais quasiment perdu connaissance, shooté par l'orgasme. Mais, au milieu de la léthargie qui m'envahissait je ressentis le besoin, violent, de partager ce moment d'intensité. Je repoussai Taylor qui n'eut pas le temps de résister, il était déjà entre mes lèvres, incapable de contrôler les furieux coups de reins que ses hormones l'obligeaient à donner. Son ventre claquait sur mon front et ses couilles venaient accrocher mon menton. Je sentis son sexe s'échauffer et s'épaissir, sa jouissance était imminente. Je m'accrochais à ses fesses, elles étaient faites de marbre chaud sur lequel la prise était difficile.

Le premier jet de sperme me prit par surprise, je l'avalai dans un mouvement réflexe. Je gardai le second plus longtemps, pour le déguster. C'était chaud, épais et légèrement salé. Un nectar, un extrait de vie offert par mon amant, un élixir d'amour éternel, un concentré de joie, de désir, de bonheur, de paix... Un cocktail de force et de fragilité, de pureté et d'animalité, de tendresse et de violence... toutes les émotions du monde mêlées en une divine ambroisie.

Ses yeux débordaient de joie. Nos têtes reposaient sur le même oreiller, je m'approchai pour lui donner un baiser très doux, très tendre. Pas un baiser de désir, un baiser pour dire merci, pour dire je t'aime, un baiser pour combler les lacunes du langage... comment les mots pourraient-ils faire justice à un tel moment. Ses yeux s'ouvraient jusqu'à son âme, et tout ce que je pouvais y voir était amour.

— Je t'aime Matt! De ma vie je ne me suis jamais senti mieux. Je me sens plus grand! Plus fort!

— C'est parce que je viens de faire de toi un homme! répondis-je, allant chercher au fond de ma gorge les tonalités graves que l'adolescence me refusait encore. Je t'aime aussi Taylor, ça fait à peine dix jours que je te connais, mais je ne pourrais même plus imaginer ma vie sans toi. Tu es une partie de moi. Je suis sûr que tu es l'amour de ma vie!

Il sourit et m'embrassa.

— Une part de toi? Hé bien je pense que cette part de toi a besoin d'une douche!

— L'autre part aussi, répondis-je en riant. Vas-y le premier si tu veux, mais laisse-moi un peu d'eau chaude!

— Ma générosité ira peut-être jusque là, pourtant il me semble qu'une douche froide te serait très utile!

Il pointait du doigt ma verge à qui l'exercice précédent n'avait pas suffi à enseigner la modestie.

— Je connais une bien meilleure façon de venir à bout de cette raideur pathologique!

— Accompagne-moi à la salle de bains.

— Il faudra être discrets, la chambre de Lucia est juste à côté!

La maison était silencieuse, tout le monde semblait endormi. La cabine de douche, pas très grande, pouvait néanmoins accueillir deux personnes, surtout si les deux en questions appréciaient la promiscuité imposée par les lieux. J'entrai le premier pour régler la température de l'eau.

Taylor me rejoignit et m'enserra étroitement sous la pluie chaude. Nos mains, nos bras, pressaient nos corps. Je devenais son frère siamois. Je ne savais plus où il commençait ni où je finissais, sensation étrange.

Je sentis que sa main droite se frayait un chemin entre son ventre et le mien pour atteindre nos deux queues qu'elle prit en une poigne ferme. Lorsqu'il amorça l'ancestral mouvement alternatif, je perdis l'équilibre. Sa main libre agrippa ma fesse gauche pour m'apporter l'aide dont j'avais besoin. Me sentir ainsi masturbé par une main aidée d'une verge, alors que d'autres doigts, glissés entre mes fesses, flirtaient avec une porte arrière que je n'avais plus envie de protéger, waooo... exceptionnel! Je ne pus retenir mes grognements de plaisir. Heureusement Taylor me bâillonna immédiatement d'un de ses incroyables baisers, jusqu'à ce que nous jutions ensemble.

Nous restâmes silencieux, nous tenant l'un à l'autre, épuisant la réserve d'eau chaude. Après un séchage rapide nous regagnâmes ma chambre.

— Matt, est-ce que je dois vraiment dormir dans l'autre lit? Je déteste l'idée d'être à la fois si près et si loin de toi!

— Sûrement pas, viens, j'ai besoin que tu sois contre moi.

— Et tes parents?

— Ils n'entrent jamais dans ma chambre! Et s'ils le font cette fois, je leur expliquerai qui tu es pour moi!

Il se glissa entre mes bras, je l'embrassai.

— Je t'aime Taylor, j'espère que tu seras toujours là demain quand je me réveillerai! C'est tellement merveilleux que j'ai encore du mal à y croire.

— Ce n'est pas un rêve Matt, je te le jure! Je serai là demain matin, et tous les matins que tu souhaites! Je t'aime.

Lorsque je me réveillai dimanche matin, il n'avait pas menti, il était toujours là. Il me tournait le dos et s'était blotti contre moi. Il respirait paisiblement. J'aurais aimé rester encore à l'admirer mais la physiologie, le matin, a parfois des exigences irrésistibles.

Je réussis à quitter le lit sans le réveiller et je me précipitai aux toilettes. À mon retour il n'avait pas bougé. Assis sur le sol, près du lit je pouvais l'admirer à loisir. Il était magnifique. Son visage reposait sur ses deux mains jointes et exprimait une absolue tranquillité. Sa poitrine se soulevait au rythme léger de son souffle. Il était allongé sur le côté gauche, la jambe gauche était à demi pliée, vers l'arrière, la droite, bien tendue, exposait un sexe qui se reposait au cœur d'un buisson printanier.

— Qu'est-ce que tu regardes comme ça? marmonna Taylor.

— Je ne regarde, pas, j'admire! Et je me pince toutes les dix secondes pour m'assurer que je ne rêve pas! Et je me demande ce que j'ai bien pu faire pour mériter tout ça!

Il sourit et s'étira, ronronnant et roulant sur le lit, le spectacle le plus érotique que l'on m'ait jamais offert. J'allais sauter sur lui mais il fut plus rapide. Il fila vers les toilettes à son tour. Quand il revint il avait pris une teinte du plus beau rouge.

— Pourquoi est-ce que tu es si rouge? lui demandai-je en riant. Ça a été si difficile?

— J'ai juste croisé ta sœur en sortant de la salle de bains.

— Et elle t'a trouvé tellement sexy, nu dans ma robe de chambre, qu'elle a cherché à te violer?

— Non, elle a juste dit salut.

— Et?

— Elle a ajouté qu'elle me trouvait beaucoup plus calme le matin qu'au milieu de la nuit, et elle a fermé la porte.

J'éclatai de rire et j'eus besoin de plusieurs minutes avant de pouvoir parler de façon intelligible.

— Je ne trouve pas ça si drôle! dit Taylor.

— Il va falloir que tu t'habitues au sens de l'humour un peu particulier de Lucia.

— Et si tes parents ont entendu aussi?

— Aucun risque, leur chambre est trop loin et nous n'avons quand même pas été si bruyants que ça!

— Je ne suis pas si sûr parce qu'après ta sœur j'ai croisé ta mère. Elle a demandé que nous venions prendre le petit-déjeuner, mais elle me regardait d'un drôle d'air!

— Elle devait se demander pourquoi tu étais si rouge. Cela dit, c'est possible qu'elle soupçonne quelque chose, après tout, elle sait que je suis gay, et elle n'est pas aveugle, elle peut voir comme tu es... beau... mais je suis sûr qu'elle n'a rien entendu.

Nous nous sommes habillés et avons rejoint la cuisine en vitesse. Tout le monde était déjà là, mon père lisait son journal, ma mère cherchait, en maugréant, quelques tranches de jambon dans le réfrigérateur, Lucia sirotait un verre de lait. Taylor se servit un bol de céréale qu'il additionna de lait froid, je fis de même. Ma mère sortit la tête du réfrigérateur et demanda:

— Avez-vous passé une bonne nuit?

Taylor, dont la peau avait eu du mal à retrouver sa teinte habituelle, vira de nouveau au rouge le plus vif. Dans son coin, Lucia, faillit s'étrangler avec son verre de lait et eut les plus grandes peines à réfréner ses gloussements. Heureusement que ma mère s'était remis la tête au frais et que, pour mon père, le journal formait une frontière infranchissable entre le monde et lui. Je me suis dit qu'il serait dur de garder un secret dans cette maison.

— Très bonne Mman, très bonne, répondis-je.

— Excellente, madame, réussit-il à bafouiller

— Pas de madame, appelle-moi Mouna s'il te plait.

— Et moi Don, dit mon père. Tu as des projets particuliers pour la journée Matt?

— Je n'ai rien prévu de précis. Tous les devoirs que nous avions à faire pour l'école, on les a faits ensemble Taylor et moi vendredi soir, alors cet après-midi je vais traîner un peu, mais ce matin je vais bien trouver un truc à faire avec Taylor.

— Oh! Plus inséparables que les doigts d'une même main! s'exclama mon père.

De nouveau Taylor rougit et Lucia gloussa! Il fallait, décidément, faire quelque chose. Je pris la main de Taylor sous la table et lui jetai un regard interrogatif. Je crois qu'il comprit tout de suite le sens de ma muette question. Il hocha la tête, je le sentais hésitant, mais sans inquiétude. Son sourire, et la discrète pression de sa main, étaient une façon de me dire: "vas-y si tu veux, j'ai confiance". Après tout, ce moment n'était ni pire ni meilleur qu'un autre alors...

Matt prit la main de Taylor sous la table. Ils se regardent deux secondes puis posent leurs deux mains unies sur la table.

— P'pa, M'man, j'ai quelque chose à vous dire... Huum... NOUS avons quelque chose à vous dire, répétai-je serrant un peu plus la main de Taylor. Taylor est mon ami... enfin je veux dire plus que mon ami, mon petit ami, on est 'boyfriends' quoi!

— Félicitations! répondirent mes parents en souriant.

— Sois le bienvenu dans la famille Taylor, reprit mon père. Nous serons toujours heureux de t'accueillir. Est-ce que ta mère est au courant?

— Oui, elle l'a appris hier. Elle a beaucoup de mal à se faire à cette idée, ajouta-t-il d'un ton triste. Elle est partie s'éclaircir les idées. Ça lui prendra certainement du temps mais je crois qu'elle finira par accepter.

Ma mère fixait Taylor d'un air préoccupé.

— Si tu crois que ça peut être utile, nous pouvons essayer de la rencontrer, on pourrait même l'inviter à dîner samedi prochain?

— Merci, répondit-il. C'est peut-être un peu tôt encore, mais je vais tâter le terrain, je suis sûr que ça lui ferait du bien d'avoir quelqu'un à qui en parler, et elle n'a pas vraiment d'amis ici.

— Vous l'avez dit à quelqu'un d'autre? demanda mon père.

— Non, juste la mère de Taylor et vous trois.

— Et vous prévoyez de mettre d'autres personnes dans la confidence?

— Je ne sais pas, c'est très nouveau pour nous, et nous n'en avons pas encore parlé, j'y ai à peine pensé, à vrai dire.

— Soyez quand même prudents, reprit mon père. Je ne vous dis pas de vous cacher et encore moins d'avoir honte de ce que vous êtes... mais vous êtes assez vieux pour vous rendre compte que le monde n'est pas toujours aussi ouvert qu'il serait souhaitable! Nous ne voudrions pas que vous ayez à en souffrir. C'est vraiment bien que vous nous ayez parlé, à nous et à la mère de Taylor, ça vous fait au moins deux endroits où vous pourrez être vous-mêmes, sans crainte. Mais, à l'extérieur, faites attention, et, si vous décidez d'en parler, choisissez bien ceux avec qui vous le ferez. Il y a tellement de gens qui se font agresser simplement parce qu'ils sont noirs, juifs ou homosexuels, nous ne voudrions pas que ça vous arrive!

— C'est pas juste! Je voudrais pouvoir dire, ou montrer à Taylor à quel point je l'aime sans avoir à me demander si je prends un risque ou pas! C'est vraiment pas juste!

Taylor me regardait en souriant.

— Qu'est-ce que ça peut bien leur faire? Pourquoi est-ce qu'ils nous obligent à nous cacher?

— C'est pas juste, c'est vrai! répondit mon père. Mais si le monde était juste, ça se saurait depuis longtemps! Si les gens étaient capables d'accepter les différences pour ce qu'elles sont: des occasions d'apprendre, de s'enrichir les uns les autres, d'échanger... ce serait le paradis. Malheureusement il y a souvent une confusion entre différences et hiérarchie, les choses ne sont pas vues comme différentes mais comme meilleures ou pires, ou comme des trucs contradictoires entre lesquels il faut choisir. L'homosexualité n'est pas le contraire de l'hétérosexualité, être noir n'est pas le contraire d'être blanc, être musulman n'est pas le contraire d'être chrétien ou juif, ce n'est ni meilleur ni pire, simplement différent. Mais il y a des gens qui se sentent obligés de rejeter tout ce qui est différent, simplement pour se prouver à eux-mêmes qu'ils sont dans le vrai, un peu comme ces gens qui voyagent à l'étranger et qui critiquent tout ce qu'ils voient, tout ce qu'ils mangent, tout ce qu'ils entendent, ils ne voyagent pas pour apprendre quelque chose, juste pour se rassurer, pour se dire que, chez eux, c'est vraiment chouette, vraiment civilisé... il y a beaucoup de gens qui sont incapables de se remettre en cause et qui peuvent devenir très violents plutôt que de se poser des questions. Soyez vous-même, nous on est plutôt fiers de vous quand on voit la façon dont vous assumez votre sexualité. Alors, quelles que soient les difficultés, soyez vous-mêmes! Mais n'oubliez jamais que vous devez vivre dans le monde tel qu'il est, même s'il n'est pas beau, ou s'il ne vous plaît pas! Soyez prudents!

— Ton père a raison! dit Taylor. Je ne me sens pas prêt à faire mon coming-out, d'autant moins que je ne vis ici que depuis un mois. J'ai besoin d'être intégré, d'être accepté et je ne crois pas que ça faciliterait les choses si j'avais une étiquette pédé sur le front!

— Je ne me sens pas prêt non-plus! Il faudra bien le faire un jour ou l'autre, mais ça peut attendre, il n'y a aucune raison de se presser. Faudra que j'essaye de contrôler mes putains d'hormones en public!

— Ce sera un bon entraînement pour développer ta concentration, dit ma mère. Et en parlant de contrôle, tu pourrais commencer par le contrôle de ton vocabulaire!

Nous éclatâmes tous de rire.

— Est-ce que je peux utiliser votre téléphone? demanda Taylor. Je dois déjeuner chez ma tante ce midi et je voudrais la prévenir que je serai certainement un peu en retard car je ne sais pas à quelle heure rentre ma mère.

— Bien sûr, dit mon père.

Il revint moins de dix minutes plus tard. Un large sourire illuminait son visage.

— Ma mère était déjà chez ma tante, elle va beaucoup mieux qu'hier matin, ajouta-t-il en me posant la main sur l'épaule. Elle a demandé à ma tante si tu pouvais m'accompagner, je crois qu'elle a quelque chose à te dire.

Puis il se tourna vers Lucia:

— Comme Cathy était là, elle a suggéré que tu viennes aussi.

— Géant! répondit-elle.

— Parfait! dit mon père. Ça vous laisse deux heures pour les corvées de jardinage, largement assez pour tondre et ramasser le gazon!

— Mais... començai-je à dire.

— Pas de mais, même les jours de grandes nouvelles, les corvées sont les corvées...

Je savais qu'il serait inutile de discuter, je me levai donc en maugréant.

— Viens Lucia, allons vivre notre vie d'esclave! Rien ne saurait émouvoir notre maître! Alors dépêchons-nous ou nous risquons de perdre le peu de liberté qu'il nous reste!

— Si deux bras supplémentaires peuvent être utiles? proposa Taylor.

— Je partagerai toujours ce que j'ai avec toi! lui répondis-je.

En une heure et demie tout était terminé. Lucia se précipita vers la douche en disant que, sachant ce qu'elle savait, elle préférait passer la première que de risquer d'attendre des heures! Taylor, cette fois, sourit plus qu'il ne rougit, au sens de l'humour vraiment particulier de ma chère sœur.

Nous rejoignîmes la maison à pas lents. Nous avions fait un joli boulot, le jardin avait retrouvé des lignes nettes, et l'herbe, fraîchement coupée, semblait plus verte, plus douce, une invitation à s'allonger et jouir de la chaleur de cette fin de matinée. Comme il ne nous restait que peu de temps, nous primes nos douches séparément: beaucoup moins drôle, mais, oh combien, plus raisonnable!

Vers midi et demi, Cathy et sa mère nous accueillirent chaleureusement. Martha, la mère de Taylor était déjà là ainsi que quelques autre invités, des voisins pour la plupart. Elle vint m'embrasser, ce qui ne manqua pas d'étonner Cathy, et elle m'attira à l'écart.

— Je te dois des excuses pour hier, c'est dur à encaisser pour moi, mais je n'avais pas le droit de te le faire payer comme je l'ai fait... j'aimerais qu'on reparte sur un bon pied.

Je la regardai quelques secondes avant de lui répondre:

— Je l'aime vous savez?

Elle déglutit avec difficulté.

— Oui, je crois... et je crois que lui aussi il... t'aime.

Sa main serrait mon bras à m'en faire mal.

— Ça ira, dit-elle. Il faut me laisser un tout petit peu de temps... mais sans me fuir... tu peux revenir à la maison quand tu veux.

Une dernière pression sur mon bras et elle se dirigea vers le buffet dressé dans le jardin.

Le déjeuner fut très agréable, viandes, salades, gâteaux, tout était excellent. Cathy nous prêta à tous des maillots de bain et nous passâmes le plus clair de notre temps dans sa piscine. Le maillot de Cathy était très sexy, vu son format, on pouvait penser que son prix au kilo devait être exorbitant! Comme d'habitude elle ne ratait aucune occasion de se rapprocher de moi, de me frôler, mais elle me semblait un peu moins insistante ce jour-là, peut-être allait-elle finir par laisser tomber, ou alors c'était simplement la présence de sa mère qui l'incitait à un peu plus de retenue. Seul le temps apporterait une réponse.

Taylor était, bien sûr, le plus beau de tous, et le voir là, quasi nu, en plein air, était un régal dont je ne me rassasiais pas. À un moment où je me tenais un peu à l'écart, Lucia s'approcha:

— Ne regarde pas Taylor comme ça ou alors ton secret ne va pas rester secret bien longtemps!

— C'est si évident que ça?

— Oui! C'est pour ça que je t'en parle, répondit-elle avec sérieux.

— Alors il faut que je m'occupe à autre chose! et je la poussai dans l'eau, l'entraînant jusqu'au fond de la piscine.

Quand elle refit surface elle cria:

— Cathy! Taylor! À l'aide! Ce monstre qui se prétend mon frère est en train d'essayer de me noyer!

Ils arrivèrent tous les deux très vite et j'eus les plus grandes peines du monde à leur échapper.

À la fin de l'après-midi nous étions épuisés et heureux. Nous bûmes un dernier verre ensemble, puis, l'heure avançant, Lucia et moi dûmes nous résoudre à partir. J'aurais aimé un peu d'intimité pour dire au revoir à Taylor, mais je ne réussis qu'à lui voler un baiser aussi rapide que superficiel, juste de quoi aiguiser mon appétit, une miette de pain offerte à un affamé!

Le dîner fut très tranquille, tout le monde était fatigué, même mes parents qui avaient fait une longue marche dans les bois avec un couple d'amis.

Avant huit heures j'étais dans ma chambre et j'appelai Taylor. Nous discutâmes de choses et d'autres pendant une heure, juste pour le plaisir d'être ensemble, même si ce n'était que par la voix. Nous baillions de plus en plus mais nous étions incapables de dire au revoir, de couper ce fil qui nous tenait encore l'un à l'autre.

— Tu sais Taylor, je suis crevé mais je ne sais pas si je vais réussir à dormir sans t'avoir entre mes bras.

— Oui, nous n'avons passé que deux nuits ensemble et j'ai l'impression, déjà, que ma vie est faite pour ça. Je crois que je commence à comprendre qu'un couple ce n'est pas juste deux personnes qui vivent sous le même toit. C'est même très loin de se limiter à ça. Jusqu'à hier, j'avais toujours pensé que c'était une espèce de cage. Une belle cage, dorée, heureuse... mais une cage! Maintenant je vois ça de façon très différente. Depuis que je sais que tu m'aimes, je me sens incroyablement libre! Aimer quelqu'un qui t'aime en retour, ça te donne une force, une confiance, comme je n'en avais jamais ressenti! Rien ni personne ne peut plus me faire peur. Je ne vais pas aller lancer le gant à Mike Tyson, ni plonger d'un pont de cent mètres, non, ce n'est pas ça, mais je sais que je peux être moi-même, je n'ai pas besoin de me cacher, de jouer un rôle... Je sais que si je me plante, tu seras là pour moi, tu m'aideras, tu me rassureras, tu me relèveras. Je te suis attaché, comme je ne l'ai jamais été à qui que ce soit d'autre, et, c'est bizarre, être attaché à toi me donne le plus extraordinaire des sentiments de liberté!

— Tu es le roi du paradoxe! Et celui-là me plaît bien, je t'aime Taylor, et moi aussi j'ai envie de rester lié à toi toute ma vie!

— Je t'aime Matt, ça va être une vraie torture d'attendre jusqu'à demain pour te revoir. Raccroche le premier, moi je ne pourrai pas.

— Pas question, toi d'abord!

— Non, toi!

— Allez, on le fait ensemble, 1, 2, 3... j'étais sûr que tu allais tricher!

— Cette fois-ci c'est la bonne, je t'aime Matt, 1... 2... 3...

Je raccrochai le combiné. À la dernière seconde j'entendis le clic produit par le téléphone de Taylor.

J'étais vide tout à coup, sans substance. Seul et vide, presque un pléonasme! Je me pelotonnai au creux de mon lit, me concentrant sur le souvenir de Taylor, son sourire, ses yeux pétillants, son torse, si tendre, et son toucher, ses caresses, pleines d'amour et de douceur. Son souvenir m'excitait, ma main rejoignit mon érection: quel pauvre substitut à ce que Taylor pouvait m'offrir! Deux minutes plus tard j'obtins un soulagement insipide et je m'endormis, empli d'amour

à suivre

Par claudio - Publié dans : LISEZ VISIONNEZ VIDEOS & RECITS FICTIONS FANTASMES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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Dimanche 1 septembre 7 01 /09 /Sep 08:11

 

 

Est-ce vrai que les gays ont un 6e sens pour se renconter ?

Taylor s'approcha. Un sourire ironique écartait ses lèvres. Il se mit à rire, doucement d'abord puis de plus en plus fort.

Je n'arrivais pas à y croire. À la douleur si profonde que j'éprouvais il fallait qu'il ajoute la moquerie. Je ne méritais pas ça. Il essaya de dire quelque chose mais il riait tant que les mots sortaient hachés, brouillés:

— Id... es con... stup... stop...

Une fois encore la colère vint m'aider à surmonter mon désespoir.

— Je suis peut-être un pédé mais je ne resterai pas ici à me faire insulter! Ce coup-ci je m'en vais! hurlai-je presque.

Je fis un mouvement pour me relever. Il posa sa main sur mon épaule, je me dégageai. Aussitôt il se jeta sur moi et me plaqua au sol. J'essayai de lui échapper mais sa prise était trop forte et ses jambes, mélées aux miennes, m'empèchaient de trouver un point d'appui.

— Je t'en prie Taylor, lache-moi, laisse-moi partir.

— Non! Je ne te laisserai pas partir, j'ai aussi quelque chose à te dire!

— C'était pas assez de me traiter de con et d'idiot?

— Tu m'as mal compris, reprit-il avec difficulté, tant le rire l'essouflait encore. Je n'ai pas dit que tu étais con, mais que NOUS étions cons!

— Pourquoi?

— Parce que tu craignais ma réaction une fois que tu m'aurais dit que tu étais gay?

— T'es vraiment très perspicace!

Il ignora mon sarcasme.

— J'étais terrorisé pour la même raison, je suis gay aussi Matt!

— Tu crois peut-être que je vais avaler ça? Même dans les histoires à l'eau de rose de Gai-Éros, même dans la collection Harlequin, on n'oserait pas la faire celle-là. T'es encore en train de te foutre de moi! lui répondis-je avec un reste d'agressivité.

Il me regarda dans les yeux. Son visage n'était plus qu'à 10 centimètres du mien. Je sentais la douce chaleur de son haleine. Ses lèvres effleurèrent les miennes. Je crus que j'allais m'évanouir. Il se recula.

— Tu as fait ça... juste pour me prouver que tu es gay? demandai-je. Ou alors tu...

Il ne me laissa pas le temps de finir ma phrase. Ses lèvres se mêlèrent à nouveau aux miennes, avec fièvre cette fois. Je les sentis s'écarter et sa langue vint buter contre mes dents, cherchant un espace que je lui offris timidement. Elle envahit ma bouche à la poursuite de ma propre langue. Leur rencontre me fit perdre pied, rompit le lien ténu qui me reliait encore à la réalité. Je n'étais plus dans sa chambre, plus sur la moquette, je volais, je voyageais à travers les étoiles, je glissais sur des toboggans de lumière, je jouais de la guitare avec Jimmy Hendrix, je chantais avec Ella Fitzgerald, je...

Je me sens incapable de vous décrire ce que j'ai ressenti à ce moment. Le goût de sa salive, ses lèvres, la chaleur de son souffle, la douceur de ses soupirs, le velouté de ses pommettes contre les miennes, les tendres caresses de sa main gauche dans mon cou, son poids sur moi... un extraordinaire cocktail de sensations, d'émotions. J'aurais voulu que cet instant dure pour l'éternité. J'aurais pu mourir, heureux d'avoir vécu pour ce seul baiser.

J'ignore combien de temps dura ce baiser.

— Taylor, est-ce que je rêve?

— Je ne sais pas Matt, mais il est 4 heures du matin alors c'est bien possible.

Il me picora les lèvres.

— Tu as l'air si vrai que je commence à y croire!

— Moi aussi.

Nous étions allongés sur le sol, face à face, je caressais ses cheveux et sa joue droite. Mes doigts passèrent sur ses lèvres et il les mordit avec un sourire.

— Aïe... alors c'est vrai, c'est pas un rêve... Merci mon Dieu de m'avoir envoyé un ange, l'ange de mes rêves, celui auquel je n'osais pas croire.

Taylor laissa rouler une larme le long de son nez.

— Je suis si heureux Matt! Je pourrais rester des heures comme ça, dans tesbras.

— J'aimerais aussi mais rappelle-toi que je suis un peu plus vieux et donc plus attaché à mon confort, je suggère donc que nous retournions au lit.. Seulement si tu viens dans le mien!

Nous nous glissâmes sous ses couvertures. Toujours enlacés nous nous regardions en silence et échangions sourires et baisers légers. Je vis Taylor s'enfoncer doucement dans le sommeil. Ses yeux se fermèrent et sa respiration prit un rythme régulier. Je murmurai alors à son oreille:

— Je t'aime Taylor.

— Hum... Il entrouvrit un œil. Qu'est-ce que tu dis?

— Rien... répondis-je en rougissant, rendors-toi.

— Non, je sais que tu m'as dit quelque chose... je voudrais que tu le répètes.

Ce que je vis au fond de ses yeux effaça les derniers doutes que je pouvais avoir.

— Je t'aime Taylor.

Il resta silencieux, un sourire angélique flottait sur son visage, comme s'il savourait ma déclaration.

— Je t'aime aussi Matt, depuis la première seconde où je t'ai vu! Je t'aime.

Un instant plus tard nous dormions, épuisés.

L'image suivante qui revient à ma mémoire est celle de sa mère, debout au milieu de la pièce. Elle venait de tirer les rideaux pour nous réveiller car il était déjà 11 heures. Quand elle réalisa que nous étions dans le même lit:

— Oh! excusez-moi, je suis désolée! Je n'aurais jamais dû entrer! Et elle sortit. (Ça pourrait faire une fin de chapitre intéressante! Non?)

Taylor dormait toujours, je le secoue vigoureusement.

— Quoi? bafouille-t-il.

Puis il se lève d'un coup.

— Excuse-moi, une urgence!

Il court jusqu'à la salle de bain et me rejoint au lit deux minutes plus tard.

— Qu'est-ce qu'il y a Matt? On dirait que tu as vu un fantôme? Tu regrettes ce qui s'est passé cette nuit? demande-t-il avec une expression d'inquiétude.

— Non, rien de rien! Le début de la nuit a été le pire moment que j'aie jamais connu, mais la fin, hummm la fin... je t'aime Taylor! (ma voix tremble) Cette nuit je te l'ai dit a moitié endormi, cette fois je suis 100% réveillé et j'ai envie de le répéter, de le crier, je t'aime Taylor!

Il a un air de bonheur absolu... Premier baiser matinal... Vous voulez savoir comment c'était? Retournez quelques lignes plus haut, c'était la même chose, peut-être mieux encore, comme les choses qui s'améliorent avec le temps, comme si le souvenir de nos baisers précédents nous indiquait quoi prendre de l'autre, et quoi lui apporter. Ce baiser dura un long moment et nos mains devenaient plus audacieuses, plus pressantes. Soudain je m'éloignai de lui:

— Ta mère Taylor!

— Quoi ma mère? Ne crie pas comme ça sinon elle pourrait venir et ce serait plutôt embarrassant, tu ne crois pas?

— Elle l'a déjà fait!

— Fait quoi?

— Entrer!

— Ici? Tu veux dire dans ma chambre?

— Oui, c'est exactement ça!

— Mais quand? Je ne l'ai même pas vue!

— Tu dormais encore. Elle est entrée pour nous demander de venir prendre le petit-déjeuner, il était déjà 11 heures. Elle a ouvert les rideaux et c'est là que j'ai vu qu'elle nous avait vus, là, dans ton lit!

— Ah Merde! Merde! Merde! Elle a dit quelque chose?

— Un truc comme: excusez-moi... J'aurais jamais dû entrer... Qu'est-ce qu'on va faire?

— Je ne peux plus reculer maintenant, faut que je lui parle! De toute façon ça fait longtemps que j'aurais dû le faire et que je repousse sans arrêt! Je ne savais pas comment m'y prendre... Mais maintenant que je sais que tu es avec moi, ça va être plus facile, je me sens plus fort!

— Tu crois que ça va être difficile?

— J'en sais rien, répondit-il en se mordant la lèvre inférieure. Je sais qu'elle m'aime, je n'ai aucun doute la dessus, donc je ne crois pas qu'elle puisse me rejeter. Mais je ne sais pas du tout si ce sera facile à avaler pour elle, un fils homo, son fils unique. C'est un sujet que nous n'avons jamais abordé. En fait je suis plus inquiet pour elle que pour moi... Faut que j'y aille maintenant.

— Tu veux que je vienne ou tu préfères la voir seul?

— À côté de toi, je pourrais affronter n'importe quelle situation! Mais je ne veux pas non plus t'ennuyer avec mes problèmes familiaux!

— Ce ne sont plus tes problèmes mais... les nôtres! Je viens!

Nous nous habillâmes et descendîmes rapidement. Martha, dans la cuisine, assise, les coudes posés sur la table, buvait à petites gorgées une tasse de café fumante. La radio diffusait les nouvelles du jour en fond sonore. Côte à côte, nous nous arrêtâmes de l'autre côté de la table. Nous restions silencieux, incapables de trouver les mots dont nous avions besoin.

Le silence dure, épais, l'inconfort s'installe. Les yeux de Martha passent rapidement sur nous, elle paraît incapable de nous fixer, elle est terriblement mal à l'aise et ça se voit. À deux reprise elle est sur le point de dire quelque chose, les deux fois elle se reprend et trouve refuge dans sa tasse de café.

Taylor n'y tient plus, ses deux mains sont accrochées au plateau de la table de cuisine qu'elles serrent avec une force désespérée. Il lève à peine les yeux pour dire

— Maman, il faut que je te dise quelque chose!

Sa voix est glacée, animée d'un léger tremblement, elle trahit les émotions que son visage baissé ne veut pas montrer.

— Pardonne-moi, j'aurais dû le faire plus tôt et ne pas te laisser découvrir les choses comme ça. Voilà... je suis homo, je sais...

Elle lui coupe la parole sèchement, avec une autorité agressive:

— Tais-toi Taylor, ne dis pas des trucs pareils!

Puis elle tourne son regard sur moi, un regard sombre, je ne sais s'il est chargé de haine, de colère, de mépris ou de désespoir, mais il ne communique rien d'aimable.

— Et toi tu oses encore rester là, debout devant moi après ce que tu as fait à mon fils!

Je reste interdit devant l'accusation, incapable de répondre, et d'ailleurs quoi lui répondre? Que son fils est pédé, comme moi, qu'il m'a ensorcelé à la minute où il a jeté les yeux sur moi? Me battre avec elle? Me laisser aller à lui dire des choses qui peut-être un jour pourraient venir se mettre entre Taylor et moi? Je ne peux pas décider alors je reste silencieux et je me sens presque coupable... de ce dont elle m'accuse implicitement.

— Tu ferais mieux de partir, ajoute-t-elle. Ta présence dans cette maison m'est insupportable, tu... tu es...

— Arrête maman, arrête ça, je vais le raccompagner.

Je me tourne vers Taylor, des larmes brillent dans ses yeux. Une main posée sur l'épaule, il me guide hors de la cuisine. Une fois à l'écart des oreilles maternelles il me regarde:

— Pardonne-moi, c'était une très mauvaise idée de t'associer à ça, je ne m'attendais pas du tout à cette réaction. Je crois qu'il vaut mieux que je lui parle seul.

Il me serre dans ses bras et dans cette embrassade, je perçois toute la tristessse et la frayeur qui l'habitent.

— Et nous...? lui demandé-je.

Il a un faible sourire qui trahit la fragilité de ses 17 ans.

— Nous... Rien ne pourra me faire renoncer à toi... rien!

Qui suis-je pour lui demander plus?

— Tu m'appelles dès que tu peux?

— Promis!

Je sors et referme la porte derrière moi.


Taylor retourne dans la cuisine. Martha est assise à la même place, sa tasse de café, vide maintenant, est posée devant elle. En entendant les pas de son fils elle relève la tête, un regard presque vide tente de lire le visage de Taylor, puis soudain elle s'ébroue, comme un chien le ferait au sortir d'une rivière. Que cherche-t-elle à évacuer ainsi, cette torpeur qui semblait la figer jusqu'alors? Le dégoût qu'elle pourrait ressentir à l'idée de ce qui s'est probablement passé dans la chambre de cet enfant qu'elle a porté en elle il y a 17 ans déjà? Il y a de la colère contenue dans ses paroles.

— Tu as compris son manège maintenant j'espère, tu sais pourquoi il avait l'air si gentil, pourquoi il tournait autour de toi tout le temps!

Sa voix monte, tandis que sa main se crispe sur la tasse dont elle renverse les dernières gouttes sur la table. Taylor la fixe incrédule:

— Quel salaud! Sous mon toit, penser qu'un pareil perv...

— Stooooop!

Le cri, aigü l'a bloquée net. Elle est interloquée, jamais Taylor ne s'était laissé aller à élever la voix contre elle. Lui, les mains serrées sur ses oreilles ne semble pas conscient d'avoir hurlé, même pas conscient qu'elle s'est arrêtée. C'est presque un murmure lorsqu'il reprend la parole.

— Stop maman, stop s'il te plait. Je t'en supplie, fais attention à ce que tu vas dire de Matt, parce que... je suis comme lui. Tout ce que tu vas dire de lui, c'est de moi que tu le diras... alors... avant de dire quelque chose de définitif, quelque chose qui fasse vraiment mal...

Il ne peut retenir les larmes qui accompagnent ses derniers mots. Elle le fixe une fois encore, elle aussi elle pleure, sans bouger, comme incapable, pour une fois, la première peut-être, de franchir la distance qui la sépare de cet enfant qui n'en est plus tout à fait un, qui fait ses choix sans elle, contre elle? Alors c'est lui qui fait la démarche, qui s'approche, qui la prend dans ses bras, qui lui relève le menton, qui plonge désespérément dans ses yeux.

— Tu ne m'aimes plus? Maman?

Ce n'est pas une question, c'est une plainte, un gémissement, une douleur qui glisse de ses lèvres. Elle sanglote et s'accroche à lui. Aujourd'hui c'est lui la terre ferme, c'est elle qui part à la dérive.

— Mais pourquoi? gémit-elle. Qu'est-ce que j'ai raté?

Il accuse le coup sous l'agressivité involontaire de la question.

— J'étais si contente, comment peut-on être aveugle à ce point!

Il serre les dents, ne pas réagir aux mots, ils font mal, c'est vrai, mais ce n'est pas leur vrai sens, ce n'est pas ce qu'elle veut dire.

— C'est si dur, il fallait que je sois ta mère, que je sois ton père aussi... J'ai pas réussi, oh pardonne moi Taylor, pardon!

Sa souffrance est évidente.

— Maman, arrête, y'a rien à pardonner, rien, je t'aime et je suis moi, juste moi... c'est tout. Tu n'y es pour rien, moi non plus... Matt non plus. Je suis comme ça et aussi loin que je peux remonter en arrière... j'ai toujours été comme ça.

Elle a cessé de pleurer, elle se laisse bercer par son fils, comme si cette inversion des rôles était naturelle en cet instant. C'est elle l'enfant, c'est elle qui a besoin d'apprendre.

— Excuse moi Taylor, j'ai été... nulle sur ce coup là. Je t'aime tu sais! ajoute-t-elle avec un sourire hésitant. Et tu as raison, j'ai dit trop de bêtises, il vaut mieux que je réfléchisse un peu avant d'en dire d'autres.

Elle le regarde attentivement, elle choisit ses mots, elle en a peur maintenant.

— Tu te rappelles cette grande balade au bord d'un lac dont je t'ai parlé l'autre jour? Je crois que je vais aller la faire, là, maintenant et que je resterai dormir au chalet d'accueil, pour réfléchir un peu et on reparlera de tout ça demain.

Son visage est apaisé maintenant et Taylor se contente d'approuver d'un hochement de tête. Elle se dirige vers sa chambre. Quand elle revient, quelques minutes plus tard, elle presse rapidement sa joue contre celle de Taylor.

— Je t'aime Taylor.

— Je sais maman, je t'aime aussi.


— Ça va Matt? m'accueillit ma mère.

— Oui, répondis-je de façon lapidaire

— Vous avez fait des choses intéressantes? Sa mère est sympa?

— Oh, on a juste discuté un peu avec elle hier soir, ensuite on a fait plein de jeux vidéo, mais on avait commencé par trois heures de maths!

Elle sourit. À table nous n'étions que trois, Lucia était au MacDo avec quelques amis. Vers deux heures le téléphone sonna, c'était Taylor. Je courus à ma chambre, pris mon combiné et attendis que ma mère raccroche.

— Salut Taylor, ça va?

— Tu me manques Matt, tu me manques déjà!

— Tu me manques aussi! Comment ça s'est passé avec ta mère?

— Plutôt dur, tu t'en doutes... mais je crois qu'elle a fini par comprendre, je crois que c'est surtout la surprise qui l'a déstabilisée, il aurait fallu que ça se passe autrement. Elle est partie pour le week-end... réfléchir. J'ai envie de t'embrasser!

— Alors qu'est-ce que tu attends pour venir ici m'expliquer tout ça de façon un peu plus concrète? Tu pourrais en profiter pour me rapporter les trucs que j'ai laissés chez toi.

— L'idée est tout à fait séduisante, je saute dans mes rollers et je suis là avant même que tu aies le temps de raccrocher.

— Je lance le chrono.

Quatre minutes trente-deux secondes plus tard il était à ma porte, haletant. Il retira ses rollers et m'accompagna à la cuisine pour y prendre un verre. Mes parents étaient là.

— P'pa, M'man, je vous présente Taylor.

— Salut! dit mon père. Bienvenue chez nous.

— Bonjour, reprit ma mère.

— Bonjour madame, bonjour monsieur.

— Pas de ça ici, l'interrompit mon père, tu as l'air d'être devenu un des meilleurs amis de Matt, je suppose donc que nous te verrons souvent alors pas de cérémonial, moi c'est Don et ma femme répond au tendre prénom de Mouna !

— Merci mons... euh merci Don!

— Qu'est-ce que vous faites cet après-midi? Du patin? ajouta-t-il, voyant les rollers dans les mains de Taylor.

— Peut-être, répondis-je, mais je veux d'abord lui montrer ma chambre. Tu viens Taylor?

La porte à peine refermée, il était sur moi ! Son baiser, de tendre devint très vite furieux, sauvage. Mes mains pétrissaient son dos des épaules jusqu'aux fesses, si fermes, si rondes. Je passai sous la barrière de la chemise. C'était magique. Je tremblais tellement que mes mains semblaient mues par leur propre volonté. Chaque mouvement était un terrible dilemme: rester au même chaud, tendre, doux endroit? Ou en chercher un autre peut-être plus chaud, plus tendre, plus doux encore? J'aurais voulu pouvoir le toucher partout à la fois. J'aurais pu rester ainsi, à le caresser, à l'embrasser pendant des heures. Ça a peut-être bien duré des heures d'ailleurs! Le temps n'avait plus de signification. Quand il lâcha mes lèvres, je fouillai ses yeux: ils débordaient de joie, de bonheur... de désir aussi.

— Je t'aime Taylor. Je suis si heureux de t'avoir là, à moi! Tu ne peux pas savoir ce que ça signifie pour moi. Ça fait si longtemps que j'attends ce moment! J'avais fini par croire que ça n'arriverait jamais. J'étais tellement jaloux des autres lorsqu'ils étaient en couple, alors que je me sentais si désespérément seul ! Et si certain de le rester pour toujours ! Je pensais que la vie n'était vraiment pas juste, et maintenant tu es là, et je me dis que toute cette détresse, toute cette solitude, toute cette souffrance ont servi à quelque chose puisqu'elles m'ont conduit vers toi.

Du bout de la langue j'attrapai la larme qui perlait à sa paupière.

— Matt, je crois que je comprends parfaitement ce que tu me dis parce que je suis passé par le même chemin. Moi aussi je refoule mes désirs depuis toujours. Moi aussi je me suis caché. Aujourd'hui, j'ai chaud, comme si je laissais la lumière du soleil entrer jusqu'au plus profond de moi pour la première fois, parce que pour la première fois j'ai envie que quelqu'un voie tout de moi. Lors de notre première rencontre j'ai cru que le hasard me taquinait encore, mais j'étais sûr de rester maître de moi! Mais à mesure que le temps passait, je comprenais que mes sentiments pour toi n'avaient rien avoir avec l'attirance, parfois violente, mais en général peu durable, que j'avais ressentie pour d'autres garçons. Je sentais l'amour m'envahir peu à peu. Je savais que c'était lui. J'avais peur. Il balayait toute ma vie, et je refusais de croire que ce serait pour le meilleur. Je t'aime Matt, je t'aime comme un fou.

Je ne pus empêcher l'émotion de me brouiller les yeux. Il prit ma tête entre ses mains et planta un gros baiser humide et retentissant sur mes lèvres.

— On est assez mélo là, tu crois pas? Je ne sais pas si notre dialogue serait une bonne base de scénario pour une série télé, ou à publier sur le net, mais en être l'acteur avec toi... c'est vraiment génial!

Il éclata de rire. Quelqu'un frappa à ma porte. Je l'ouvris, laissant entrer Lucia.

— Salut! dit-elle. Qu'est-ce qu'il y a de si drôle?

— Oh, rien de particulier, une blague entre... initiés, dis-je.

— Entre initiés ou entre intimes? demanda-t-elle en souriant.

Je vis Taylor passer par différentes teintes de rouge avant de se stabiliser sur quelque chose compris entre le pourpre et le cramoisi. Lucia fit comme si elle n'avait rien remarqué, mais je la connais assez pour savoir qu'elle n'était pas du genre à laisser passer un détail de ce type!

— J'allais partir patiner quand M'man m'a dit que Taylor était là avec ses rollers, j'ai pensé que nous pourrions aller tous les trois rejoindre Cathy et quelques autres copains qui m'attendent. Qu'est-ce que vous en pensez?

Je me tournai vers Taylor qui approuva d'un hochement de tête.

— Bonne idée! dis-je. Ce sera un bon moyen pour toi de mieux connaître la ville. Mais toi, Lucia, tu vas peut-être avoir un peu de mal à suivre notre rythme!

— Cause toujours frérot, on verra bien à la fin de la balade qui sera à la traîne!

Cinq minutes plus tard nous roulions de front, à bonne vitesse, jusque chez Cathy. Ils étaient cinq ou six à nous attendre. Comme à l'habitude elle m'accueillit avec une chaleur un peu excessive et je détectai, dans le regard de Taylor, une lueur d'embarras. Je m'approchai de lui pour lui murmurer:

— Ne t'inquiète pas, il n'y a rien entre Cathy et moi...

— Je ne suis pas inquiet, j'ai confiance en toi. De plus je sais qu'il n'y a rien entre toi et elle, elle me l'a dit. Elle m'a dit aussi combien elle aimerait qu'il en soit autrement ! Alors je ne m'inquiète pas mais je me sens un peu coupable, parce que je suis là depuis deux semaines à peine et tu es à moi déjà, alors qu'elle attend depuis des années. Coupable parce que tu es à moi et que je n'ai pas du tout l'intention de te partager. Je veux te garder pour moi tout seul!

— Monsieur est très possessif à ce que je vois, et bien mon bonhomme, avant de pouvoir me garder va falloir m'attraper !

Et sur la dernière syllabe je partis à toute vitesse. Le temps qu'il réalise et j'avais trente mètres d'avance quand il se lança à ma poursuite. Les autres crièrent:

— Où allez-vous?

N'obtenant aucune réponse ils chassèrent à leur tour. Rien n'est plus drôle, lorsque l'on patine en ville, que de terroriser les piétons et les conducteurs. Nous nous en donnâmes à cœur joie. Il nous fallut à peine un quart d'heure pour rejoindre le parc, à près de cinq kilomètres, quand même! Un bonne maîtrise technique, additionnée de pas mal de chance, nous permit d'éviter tout accident.

— Vous avez vu cette pauvre vieille avec son petit chien? demanda Dick. Il avait tellement peur qu'il a tourné trois fois autour d'elle. Elle était saucissonnée par la laisse, un indien n'aurait pas fait mieux! Quand je suis passé à côté d'elle je lui ai dit: "bouge pas squaw ! je reviens chercher ton scalp!"

Nous éclatâmes tous de rire. C'était presque douloureux de rire aussi fort, essoufflés comme nous l'étions. Nous nous allongeâmes  sur l'herbe et discutâmes de tout et de rien pendant une heure. Le soleil était encore chaud, mais une brise légère aidait à nous rafraîchir. Le moment était très agréable. Bien sûr j'aurais préféré être seul avec Taylor, mais, de le savoir là, à mon côté, de savoir qu'il m'aimait, qu'il était mon petit ami, suffisait à mon bonheur. Je pense d'ailleurs que notre bonheur était contagieux car il explosait en chacun de nous.

Nous reprîmes la balade, plus tranquille cette fois, pour un tour complet de la ville. Taylor put ainsi découvrir le centre commercial, de l'extérieur seulement car les rollers y étaient interdits, le cinéma, le théatre, le stade, le gymnase... et même le musée! Taylor n'ignorait plus rien des hauts lieux de notre petite ville, y compris les bars, les Mac-Do et les meilleures pizzerias.

Il était près de 6 heures quand nous nous séparâmes. Lucia, Taylor et moi rentrions lentement chez moi. Devant la porte Lucia se tourna vers Taylor:

— Au revoir, j'ai passé un excellent après-midi.

Oh non! Pensais-je, ça ne peut pas se finir comme ça.

— Taylor? Et si tu restais dormir ici ce soir?

— Ce serait super, mais tu ne crois pas qu'il est un peu tard pour demander à ta mère?

— La tienne serait d'accord?

— Elle est pas là ce soir, mais moi je serais d'accord!

— Alors c'est comme si c'était fait!

— Mais je n'ai pas de vêtements de rechange!

— Je t'en prêterai!

— Pas de pyjama!

— Tu n'en auras pas... Je me rappelai à temps que Lucia était là. Je t'en prêterai un aussi et du savon, du shampoing, et même une brosse à dents si tu veux!

— D'accord, je me rends!

Lorsque nous entrâmes Lucia me glissa à l'oreille:

— Tu es un vrai conquistador!

Je ne répondis rien, me contentant d'approuver d'un mouvement des sourcils.

Une douche rapide, prise séparément, nous ne voulions pas éveiller les soupçons, nous rendit une apparence acceptable pour la table du dîner.

La conversation fut légère, chacun parla de sa journée et Taylor dut répondre aux inévitables questions que tous les parents posent aux nouveaux amis de leurs enfants: que font tes parents, quelles sont tes matières favorites à l'école, quel sport pratiques-tu... L'interrogatoire classique... mais sans la torture. Taylor s'en sortit très bien, il répondit à toutes les questions, sans jamais se lasser, avec simplicité et beaucoup d'humour. À la fin du repas il était devenu un vieil ami de la famille, pas mal en une heure! Nous aidâmes mes parents à débarrasser la table avant de nous isoler.

Il était neuf heures lorsque je refermai la porte de ma chambre derrière nous. Il se tourna vers moi avec un sourire espiègle.

— On pourrait peut-être faire un jeu vidéo? À moins que tu n'aies autre chose en tête

 

 

 

 

 

Par claudio - Publié dans : LISEZ VISIONNEZ VIDEOS & RECITS FICTIONS FANTASMES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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Dimanche 1 septembre 7 01 /09 /Sep 08:10

 RECITS FICTIONS (56) suite 3 rentrée au lycée

 

 

 

       Un coup d'œil rapide à Lucia: elle tremblait et elle était d'une blancheur à faire fantasmer un publicitaire spécialisé dans les comparatifs de lessives. Je pris une grande inspiration.

— Papa, Maman, je suis homosexuel.

La terre s'arrêta de tourner exactement au moment où mon cœur cessa de battre. Le silence était d'une épaisseur, d'une densité étonnante. Mon père se leva lentement, se dirigea vers le bar et revint avec la bouteille de Jack Daniels dont il ne se sert guère plus de deux fois par an. Il retomba sur sa chaise et versa un peu d'alcool au fond de son verre. Ma mère lui tendit le sien.

— Donne-m'en un peu s'il te plaît.

Ils boivent leur alcool avec une incroyable lenteur. Tout d'ailleurs me parait lent, cotonneux. J'ai l'impression de regarder la scène, au ralenti, d'un film de série B, et je me sens très mauvais dans le rôle principal. Ils se regardent, quelques secondes d'un échange muet durant lesquelles ma tension s'accroît encore. Ils tournent enfin leurs regards vers moi.

    — Quelle nouvelle! dit ma mère. Mais merci, merci d'avoir confiance, assez pour partager ça avec nous. Je peux comprendre que ça t'ait paru difficile, même si tu n'avais, objectivement, aucune raison de craindre quoique ce soit.

Ses yeux étaient humides mais ses lèvres m'offraient un sourire sans équivoque.

— Nous t'aimons Matt, reprend mon père, rien ne pourra jamais changer ça, nous t'aimons. Si tu as besoin de quelqu'un sur qui t'appuyer, nous serons toujours là pour toi, n'aies aucun doute à ce sujet et ne l'oublie jamais.

Mes yeux m'ont trahi une fois encore.

— Ce n'est pas de la tristesse, vous gourez pas, au contraire, je suis heureux, tellement heureux, je crois que j'en ai perdu le contrôle de ces foutues glandes lacrymales!

— Tu veux une goutte de Jack Daniels? offre mon père.

Il en verse un fond dans mon verre que j'avale d'un trait. La brûlure de l'alcool me fait tousser si fort que j'en tombe de ma chaise. La scène déclenche une vague de rires dont nous avions tous besoin pour évacuer la tension de ces dernières minutes. Lorsque nous regagnons notre calme mon père demande:

— Matt, est-ce que tu veux que nous continuions de discuter ce soir? Personnellement je préfèrerais avoir un peu de temps pour réfléchir. Pas de méprise surtout, j'accepte totalement ton homosexualité qui ne me gêne en rien. C'est juste que... c'est plus qu'inattendu alors je ressens le besoin d'y réfléchir un peu.  

— J'ai fait le plus difficile. Il n'y a plus aucune urgence maintenant. En fait je dirais même que la journée a été particulièrement dure. Je me sens épuisé, un peu comme si je marchais depuis 17 ans avec des chaussures de plomb de 20 kg chacune. J'ai d'un seul coup l'impression que demain je pourrais être l'élève le plus rapide que l'école ait jamais connu!

ETAIT CE UNE LARMECe soir je suis vraiment crevé et je n'ai plus qu'une envie: c'est de me jeter sur mon lit. Merci, merci à tous les trois de votre compréhension, j'en avais vraiment besoin. Je vous aime! 

 

Après les avoir embrassés j'ai rejoint ma chambre.

Le lendemain matin je me suis réveillé tout habillé sur mon lit, le sommeil m'avait pris par surprise!

lacher prise 

Lucia et moi quittâmes la maison vers sept heures.

— Tu es prêt à le revoir?

— Beaucoup plus que lorsque tu m'as vu hier dans ma chambre. Je vais faire de mon mieux pour être comme d'habitude mais je crains que ce ne soit difficile.

Nous étions encore à une centaine de mètres de sa maison lorsque je l'ai aperçu. Il nous attendait sur le trottoir et faisait de grands gestes de la main.

Son sourire était épanoui. Il a embrassé Lucia et m'a serré la main avec un enthousiasme joyeux qui m'a fait chaud au cœur, il avait l'air très heureux de me revoir et nous avons discuté tout le long du chemin comme deux vieux copains. Avant de s'éloigner Lucia me glisse à l'oreille:

— Tu as vraiment très très bon goût frangin, et pour autant que je puisse le voir, tous les espoirs te sont permis, alors, accroche-toi!

Je rougis violemment, j'ai un peu peur que Taylor n'ait entendu, mais en fait il n'en est rien. La seule chose qu'il trouve certainement étrange c'est mon changement de couleur, mais il a la discrétion de ne pas en chercher la cause, ce qui m'évite la peine d'avoir à improviser un mensonge, activité pour laquelle je suis loin d'être brillant.

Les jours passèrent sans événement notable jusqu'à la fin de la semaine. Je passais presque tout mon temps avec lui, parfois en compagnie d'autres amis, mais la plupart du temps juste lui et moi. Plus je le voyais, plus je lui parlais, plus je travaillais avec lui, plus j'étais amoureux.

Ma vie était déchirée entre des sensations contradictoires, entre l'Enfer et le Paradis. C'était une tendre torture, comme quelque chose qui vous chatouille, mais en mille fois plus doux et mille fois plus douloureux. Le plus difficile était de m'éloigner de lui chaque fois qu'un contact physique s'établissait. C'était l'extase pour moi et j'avais besoin de toute la force de ma volonté pour prendre de la distance. Ces trop courts attouchements étaient le sel de ma vie. Jour après jour  je collectais ainsi des fragments d'image, de subtiles sensations et nuit après nuit je les réassemblais en fantasmes dont vous devinerez aisément le contenu.

Vendredi après-midi, alors que nous rentrions chez nous, Taylor était moins bavard qu'à l'accoutumée. Il semblait soucieux.

— Pas très bavard aujourd'hui. Il y a quelque chose qui t'embête?

— Non, pas vraiment. J'étais juste en train de penser à notre cours de maths. Je n'y ai quasiment rien compris et j'ai bien peur que le contrôle de la semaine prochaine ne soit très dur pour moi, même si je passe tout le week-end à bosser.

— Tu veux un coup de main? Tout ça c'est nouveau pour toi, mais pas pour moi, j'avais le même prof l'an dernier et on avait déjà commencé à travailler sur ses saletés de statistiques et de calculs de proba.

— Ça m'embête, je m'en voudrais vraiment de gâcher ton week-end. Tu m'as déjà eu sur le dos toute la semaine.

— Ne dis pas, ça n'a pas été une corvée, au contraire. Ça ne fait pas très longtemps que je te connais, mais je te considère déjà comme mon meilleur ami, si tu es d'accord bien sûr. Et à quoi ça sert les amis, sinon à donner un coup de main? Dons si c'est OK pour toi, je serai très heureux de t'aider et... d'être avec toi.

J'ai eu l'impression qu'il rougissait un peu et se tendait. Il me jeta un regard surpris.

— Oui, on peut... on pourrait... euh.... Regar... Jouer aux vidéos, faire un jeu vidéo.

Je bafouillais affreusement

— Ou on pourrait... regarder un film ou...

— OK! OK! Si l'idée de faire des maths pendant le week-end ne te dégoûte pas, c'est d'accord pour moi, tu pourrais rester dormir si tu veux?

— Ce serait génial. Quand veux-tu?

— Pourquoi pas ce soir, on sera plus vite débarrassé, et il nous restera deux jours pour nous remettre. Si tu es d'accord je demande à ma mère mais je suis sûr qu'il n'y aura aucun problème.

— Faut que je prévienne la mienne aussi d'ailleurs. Je file à la maison chercher quelques affaires et je reviens tout de suite. Passe-moi juste un coup de fil pour me confirmer l'accord de ta mère.

Je me suis précipité chez moi, le cœur battant, pour appeler ma mère à son bureau et, comme je m'y attendais, elle accepta sans hésitation:

— N'oublie pas de me laisser un numéro de téléphone où je puisse te joindre en cas de problème et sois à la maison demain pour midi, et ne te couche pas trop tard, c'est le début de l'année et surtout soit sympa avec sa mère et...

— M'man, rappelle-toi que j'ai 17 ans et que je connais par cœur la liste des conseils!

— C'est vrai chéri, c'est vrai, amuse-toi bien et à demain!

— Au revoir M'man et merci!

J'avais à peine reposé le téléphone qu'il sonna.

— Salut Matt, c'est Taylor. Alors ça marche pour toi?

— C'est OK mais je n'ai pas eu le temps de préparer mes affaires, je suis chez toi dans quelques minutes.

— À tout de suite!

Dans ma chambre, j'emballe en vitesse quelques Tshirt propres et ma trousse de toilette, puis je prends une douche rapide. J'étais sur le point de sortir lorsque Lucia entra.

— Où est-ce que tu vas?

— Chez Taylor, il m'a demandé de l'aider à bosser ses maths et m'a proposé de dormir chez lui.

— Dormir chez Taylor... Hum!... Chez Taylor c'est sûr... mais dormir...? Ça m'étonnerait!

J'ai pris instantanément la couleur que tout paysan du marmandais souhaite pour ses productions de tomates.

— Lucia! Comment peux-tu...? Et puis c'est faux, il ne se passera rien et tu le sais très bien! Il est hétéro.

— Et comment est-ce que tu sais ça? Il a déjà une copine?

— Non, mais il a fait quelques commentaires sur des filles qu'il trouvait sexy.

— Et ça ne t'est jamais arrivé?

— Si! Mais tu sais bien que c'est parce que je peux difficilement afficher vers qui vont mes préférences!

— Et tu crois que Taylor est différent? Tu crois que s'il est gay il te sautera directement dessus sans prendre la moindre précaution?

— Hum... Non, bien sûr! Mais il n'y aucune chance qu'il soit gay, il est hétéro!

— C'est super chouette d'avoir un frangin optimiste et à l'esprit ouvert! Un jour il faudra que tu lui dises, tête de mule!

— Je ne sais pas. Je ne veux pas le perdre, pour rien au monde. Même si je ne peux pas en faire mon petit ami, je ne veux pas le perdre comme ami tout court. Et j'aurais trop peur que ça arrive en lui parlant, j'aurais trop peur qu'il me rejette.

— Écoute Matt, s'il te rejette parce que tu es gay, ça veut dire que c'est un putain d'homophobe. Et toi, homosexuel, tu peux rester ami avec un mec que tu soupçonnes d'être homophobe! Difficile à comprendre.

— Je ne suis pas sûr qu'il me rejetterait! Je ne suis pas sûr qu'il m'aimerait non plus! je ne suis plus sûr de rien! Si tu veux tout savoir je suis en pleine purée, je n'y comprends plus rien! Pourquoi je ne suis pas hétéro comme tout le monde! J'irais rejoindre Cathy, elle serait contente et moi je serais enfin tranquille, enfin rassuré! Ce serait tellement simple si...

— Si, si, si... Arrête de reconstruire le monde et toi avec. Tu es qui tu es et ce que tu es. Le garçon qui comprendra ça et tombera amoureux de toi sera le plus heureux du monde. Le seul SI dont je sois sûre, c'est que SI tu ne lui parles pas tu seras malheureux. Et je ne peux pas supporter l'idée de te savoir malheureux. J'espère que tu vas y réfléchir. Tu me le promets!

— Si tu pouvais savoir, je ne fais que ça, y réfléchir! Mais promis j'y réfléchirai encore plus! répondis-je en soupirant. En attendant je vais être en retard, alors je file, salut!

Je fis tout le chemin jusque chez Taylor au pas de course. La porte s'ouvrit avant que je n'atteigne la dernière marche du perron. Le vestibule était très clair, et s'ouvrait sur un escalier conduisant à l'étage, une cuisine et une autre pièce qui paraissait être le salon. Il me conduisit tout d'abord à la cuisine et me fit boire un verre d'eau, le temps de reprendre mon souffle, avant de me présenter à sa mère qui nous attendait au salon.

Leur salon était une très grande pièce meublée et décorée avec un goût qui me convenait tout à fait. L'ambiance générale était très moderne: cuir et bois clairs. Quelques bibelots délicats ornaient des étagères de plexiglas et de merveilleuses tapisseries aux couleurs éclatantes pendaient le long des murs blancs. J'appris plus tard qu'elles venaient du Guatemala où Taylor et sa mère avaient fait un voyage quelques années auparavant. Sa mère lisait, profondément enfoncée dans un fauteuil. Elle était très jolie. Vêtue d'un jean et d'un polo, on l'aurait facilement prise pour la sœur aînée de Taylor.

Je savais, grâce à nos conversations précédentes, que son père les avait quittés une dizaine d'années plus tôt et n'avait plus jamais donné le moindre signe de vie. Il avait été repéré deux ou trois ans plus tard du côté de Chicago, avaient-ils appris un jour. Depuis, plus rien. C'avait été très dur pour Taylor et sa mère pendant quelques années, mais ils avaient fini par accepter ce que, de toute façon, ils ne pouvaient pas changer. Sa mère était interprète en français, et ils avaient déménagé pendant l'été pour se rapprocher de son plus gros client. Sans être riches ils étaient très à l'aise. Le déménagement avait aussi servi de dernière étape à leur thérapie. C'avait été un moyen, pour Taylor en tout cas, de couper les derniers liens qui le reliaient à son père. Il s'en sentait soulagé.

— Maman, voici Matt.

— Oh! excusez-moi, je ne vous avais pas entendus entrer. Bonjour Matt.

— Bonjour Madame.

— Appelle-moi Martha si tu veux. Je suis vraiment très contente de te connaître. Plutôt de te rencontrer car j'ai l'impression de te connaître parfaitement déjà. Taylor n'arrête pas de me parler de toi, qui tu es, ce que tu fais, ce que tu aimes, ce que tu penses...

— N'en fais pas trop maman s'il te plaît!

— D'accord, j'arrête de vous taquiner. Sérieusement, je voulais te remercier Matt. Taylor était presque déprimé jusqu'à dimanche soir: se retrouver dans une nouvelle ville, intégrer une nouvelle école... tu imagines ce que c'est, et depuis lundi l'état dépressif s'est envolé comme par magie, je crois même que je ne l'avais pas vu aussi décontracté depuis longtemps, toutes ses craintes ont disparu. Et d'après ce que je sais, grâce à ce qu'il m'a dit et aux confidences de Cathy, tu as très largement contribué à ce résultat. Donc: grand merci à toi!

    Elle me serra dans ses bras. Je ne m'attendais pas à de telles effusions mais ce qui les justifiait m'aida beaucoup à surmonter mon embarras: Taylor avait pris un réel plaisir à ma compagnie, c'était la meilleures nouvelle de l'année!

Il me conduisit à sa chambre.

— Et si nous nous mettions tout de suite à ces satanées maths, on serait plus tranquille après? lui demandai-je.

— Ça me va!

Il approcha une deuxième chaise de son bureau et nous attaquâmes le premier exercice qui lui posait problème. Notre travail avança très vite, en fait Taylor était excellent en maths, il ne lui manquait que les deux ou trois éléments de base que nous avions vus l'année précédente et qu'il absorba sans peine.

— Les garçons! Le dîner est prêt! appela sa mère du pied de l'escalier.

En jetant un coup d'œil à ma montre, j'eus la surprise de constater qu'il était (déjà) presque sept heures. Nous avions travaillé trois heures de rang!

— Juste cinq minutes Maman et nous avons fini! répondit Taylor.

Nous expédiâmes le dernier exercice avant de nous précipiter vers la cuisine où nous attendait Martha. Elle avait préparé une salade de tomates au basilic absolument délicieuse et d'énormes T-bones qui avaient une chance plus que raisonnable de venir à bout de notre appétit!

— Et ton problème de maths Taylor?

— Problème de maths? Quel problème de maths? Fini, terminé, réglé, Matt est le meilleur des profs!

— Encore une qualité ! Mais cela cessera-t-il un jour?

Nous éclatâmes de rire tous les trois.

— Je ne sais pas, reprit Taylor, mais je peux te dire que je suis soulagé, je craignais de devoir travailler tout le week-end, et tout est fini avant samedi!

— Pour célébrer ce remarquable événement, qu'est-ce que vous préférez, des glaces ou des bananes flambées?

— Oh! des bananes ! Si tu n'en as jamais mangé choisis les bananes Matt, ma mère fait les meilleures bananes flambées du Monde !

Je choisis donc les bananes et Taylor avait raison, elles étaient fabuleuses, dignes des Dieux. Elle les cuisait lentement pour que le sucre caramélise de façon très progressive, puis elle les arrosait d'une généreuse rasade de Cognac qu'elle faisait flamber, et elle servait accompagné d'un peu de glace à la vanille. Le spectacle etait captivant, le parfum, enivrant, la saveur, confondante.

La conversation allait bon train, Martha était vraiment sympathique et drôle, un peu comme une amie à peine plus âgée. Vers neuf heures elle nous quitta pour aller finir son livre avant de s'endormir.

— Bonne nuit les garçons, ne vous couchez pas trop tard.

— D'accord Maman.

— Au revoir Martha, et merci pour tout, la soirée a été très agréable.

— Tu es le bienvenu ici, aussi souvent que tu veux.

Taylor se tourna vers moi:

— Qu'est-ce que tu préfères Matt ? Cassette vidéo ou jeu vidéo ?

— Hum... Un jeu plutôt, j'aime bien les films mais je préfère les voir au cinéma. On pourrait peut-être y aller ensemble la semaine prochaine, ils jouent une vieille comédie de Capra "Arsenic et vieilles dentelles", c'est certainement l'un des films les plus drôles qui ait jamais été tourné.

— Je n'en ai jamais entendu parler mais je suis prêt à essayer. En attendant je vais t'apprendre comment on court les 24 heures du Mans!

Dans sa chambre la console de jeux était déjà branchée, prête pour la première partie. D'habitude j'étais plutôt bon à ce jeu, mais là, malgré toute ma pratique, il réussissait tous les 5 ou 6 tours à m'en prendre un! En fait je n'étais pas dans les meilleures conditions de jeu: de le sentir si proche de moi rendait ma concentration plutôt aléatoire. Chaque fois que nos jambes, nos bras ou nos épaules entraient en contact, je recevais une décharge électrique qui se traduisait, environ une fois sur deux, par une sortie de route. Comme ces contacts étaient de plus en plus nombreux je finissais même par me demander s'il ne le faisait pas à dessein!

— Une petite pause? me demanda-t-il après sa quatrième victoire consécutive.

— Oui, je crois que j'ai besoin de reprendre un peu mes esprits, de me remobiliser, et ensuite une dernière course pour te montrer qui est vraiment le meilleur!

— À ton âge on peut toujours rêver de s'améliorer, mais là ça me paraît davantage relever du fantasme! Tu veux boire quelque chose?

— Un coca s'il te plaît.

Pendant qu'il était à la cuisine, je réfléchissais à la façon dont les choses se présentaient. C'était difficile d'être si près de lui. Mais ça me paraissait impossible, presque interdit de lui exprimer, de lui montrer ce que je ressentais en réalité. C'était douloureux, je finissais par me demander si ç'avait été une si bonne idée de venir. Il fallait que je sois plus fort, que je reste capable de maîtriser mes pulsions. Sinon je n'allais pas tarder à être découvert... Pour ce que j'étais d'ailleurs: un pédé en chaleur avec une seule obsession en tête: arracher les fringues d'un mec qui lui, de son côté, est persuadé d'avoir juste un invité un bon copain ! Un bon copain ?! Comment est-ce que je pourrai jamais prétendre en être un avec ce que j'ai dans la tête ? Avec un comportement aussi malhonnête? Il mérite beaucoup mieux qu'un obsédé comme moi!

Plongé dans mes sombres pensées, je ne l'entendis pas revenir avec les boîtes de coca et je sursautai lorsqu'il m'en glissa une dans la main. La boite m'échappa et le coca se répandit sur la moquette! Quel chantier!

— Oh merde! dit Taylor.

— Je suis désolé, je suis tellement maladroit!

— Ce n'est pas grave, on va nettoyer ça en vitesse!

Il me jeta une serviette de toilette et en prit une lui-même afin d'absorber le plus de liquide possible. Quelques serviettes de plus et un peu d'eau eurent raison des dernières taches. Nous étions sur le point de finir lorsque j'attrapai la serviette qui restait sur le sol au moment où Taylor faisait le même mouvement. J'attrapai sa main. Il la retira immédiatement, presque défensivement, sans un regard pour moi. Cette fois j'en étais sûr, il évitait le contact. Il avait tout compris, ou il était sur le point, ou il était méfiant. J'étais sûr qu'il se doutait de quelque chose.

— Qu'est-ce que tu as Matt ? me demanda-t-il. Tu es tout pâle tout à coup.

— Non, ça va.

— Ça n'en a pas l'air, tu trembles comme une feuille.

Je n'arrivais plus à reprendre contrôle. J'avais tellement peur de ce qu'il pourrait me dire.

— Je crois que je ferais mieux de rentrer.

— Pourquoi est-ce que tu veux rentrer? Si c'est le coca c'est idiot, je m'en fiche complètement et ma mère aussi!

— Non, ce n'est pas ça!

— Quoi alors? Quelque chose que j'ai dit ou... que j'ai fait?

Il murmura à peine la fin de sa phrase, sans me regarder.

— Non! Non... c'est moi... seulement moi. Je ne peux pas t'en parler. C'est mieux pour nous deux que je m'en aille pour... notre amitié...

— Tu te barres au milieu de la nuit, à une heure du matin! Sans un mot d'explication, et tu parles d'amitié ?! Je croyais que j'étais ton ami, et j'avais confiance en toi et là tu me laisses tomber juste parce que je... parce que je suis... Je te croyais plus ouvert que ça ! Pis je m'en fiche, fais ce que tu veux!

Il était en colère c'était visible. Mais il avait l'air blessé plus encore. Il débrancha sa console de jeux et éteignit la télé, sans dire un mot de plus. Il réarrangea quelques bibelots sur les étagères, toujours silencieux.

— Je suis désolé, murmurai-je.

— Si tu veux faire une dernière chose pour moi, reste dormir ici. Pas pour moi, pour ma mère. Je ne veux pas qu'elle se fasse du souci à cause de toutes ces histoires. Et demain tu pourras partir aussi tôt que tu voudras.

Il entra dans la salle de bain et referma la porte sur lui. J'étais paralysé. La crise de panique qui m'avait touché était tellement violente que je n'arrivais toujours pas à aligner deux pensées cohérentes. Quand il revint je n'avais toujours pas bougé, enkysté dans mes peurs.

— Qu'est-ce que tu as décidé?

— Je vais rester.

— Merci, répondit-il rapidement et sans chaleur.

Il se mit au lit.

J'occupai à mon tour la salle de bain sacrifiant sans y penser au rituel de la toilette du soir. J'enfilai un Tshirt puis me glissai dans l'autre lit, situé à l'opposé de celui de Taylor. Il éteignit aussitôt la lumière.

Je savais déjà que je serais incapable de fermer l'œil tant j'étais tendu, il me semblait que pas un muscle de mon corps ne pouvait se relâcher. Les images de la soirée se percutaient sans cesse dans le chaos que ma pensée n'essayait même plus d'organiser. La façon dont il m'avait touché d'abord, puis évité ensuite... ses regards sur moi, joyeux au début, puis surpris, troublés méfiants peut-être. Je commençais même à voir du dégoût dans les plus tardifs.

La peur me pesait si fort sur la poitrine que ma respiration en devenait difficile par moments. J'essayais à la fois de contrôler mes émotions et d'être le plus silencieux possible. Je mordais mon drap pour m'interdire de pleurer. Je savais que si je laissais partir une larme elle formerait vite un torrent de sanglots qui m'emporterait.

Les heures qui suivirent resteront à jamais les plus longues de mon existence. Les minutes que son réveil affichait en rouge me paraissaient faites de milliers de secondes.

Il était près de trois heures lorsque j'entendis un bruit très léger, comme un souffle contenu. Le bruit s'amplifiait doucement. Il pleurait, j'en étais sûr. J'oubliai un instant ma peur pour me lever et m'approcher de son lit. Recroquevillé sur ses couvertures, il avait le visage enfoui dans son oreiller comme pour s'y fondre et le corps secoué de sanglots.

— Taylor? Taylor, arrête de pleurer... s'il te plaît, arrête!

—...

— Je t'en prie, dis-moi quelque chose!

Je tendis la main pour lui caresser les cheveux. Il sursauta.  

— Ne me touche pas! descends de mon lit! Je sais que tu ne m'aimes pas, alors arrête de jouer les bons samaritains, tu me détestes! T'as le droit si tu veux mais c'est dégueulasse d'avoir été si amical si c'est pour me jeter comme une merde ensuite!

— Mais je ne te déteste pas Taylor, Qu'est-ce qui te fait croire un truc pareil?

— Parce que... Parce que je.... Alors, si tu ne me détestes pas, pourquoi est-ce que tu voulais filer comme ça, en pleine nuit ?

Il réagrippa son oreiller pour s'en couvrir à nouveau le visage et étouffer ses pleurs, je n'avais jamais été témoin d'une telle détresse. Je n'y comprenais rien mais le voir dans cet état m'était insupportable, sa peine m'était une souffrance terrible, elle me minait, me déstabilisait.

— Taylor, murmurai-je, je vais te dire pourquoi je voulais partir.

— Je m'en fous! Tu peux bien aller au diable ou passer la nuit dehors, ça m'est complètement égal.

Je n'arrive toujours pas à comprendre comment sa colère a pu éveiller la mienne, mais c'est bien de la colère que j'éprouvais lorsque je lui arrachai l'oreiller des mains.

— Maintenant, que tu le veuilles ou non tu vas m'écouter. Tu as raison je ne suis pas le bon copain que tu pouvais espérer. Je n'ai pas été franc avec toi. J'ai même été franchement malhonnête. Je suis gay Taylor. Ça y est je l'ai dit! Je suis gay, un pédé ! Je voulais partir parce que j'étais sûr que tu t'en étais aperçu, ou que tu étais en train de t'en rendre compte. Je préférais partir de moi-même que de me faire jeter dehors. C'est pas parce que je te déteste Taylor, c'est parce que je ME déteste! J'espère juste que tu n'en parleras pas à tout le monde.

Je glissai du lit vers le sol. Les larmes coulaient en cascade glacée sur mes joues. Je mourrais, ce n'était plus des larmes qui jaillissaient de mes paupières closes, c'était ma vie, mon ‚me, mes espérances...

Taylor s'approcha, devant moi, à moins d'un mètre. Un sourire ironique écartait ses lèvres. Il se mit à rire, doucement d'abord puis de plus en plus fort.

Je n'arrivais pas à y croire. À la douleur si profonde que j'éprouvais il fallait qu'il ajoute la moquerie. Je ne méritais pas ça. Il essaya de dire quelque chose mais il riait tant que les mots sortaient hachés, brouillés:

— Id... es con... stup... stop..."  

Une fois encore la colère vint m'aider à surmonter mon désespoir.

— Je suis peut-être un pédé mais je ne resterai pas ici à me faire insulter! Ce coup-ci je m'en vais!

à suivre  

 unir des larmes...

 

 

Par claudio - Publié dans : LISEZ VISIONNEZ VIDEOS & RECITS FICTIONS FANTASMES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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