Dimanche 1 septembre 7 01 /09 /Sep 23:44

RECITS FICTIONS FANTASMES  (60)

 

 

Ce texte est le sixième chapitre d'une histoire qui en comporte 9. Vous aurez quelques difficultés à vous y retrouver si vous n'avez pas lu le début! Vous ne pourrez pas dire que vous n'avez pas été prévenus!

J'étais vide tout à coup, sans substance. Seul et vide, presque un pléonasme! Je me pelotonnai au creux de mon lit, me concentrant sur le souvenir de Taylor, son sourire, ses yeux pétillants, son torse, si tendre, et son toucher, ses caresses, pleines d'amour et de douceur. Son souvenir m'excitait, ma main rejoignit mon érection: quel pauvre substitut à ce que Taylor pouvait m'offrir! Deux minutes plus tard j'obtins un soulagement insipide et je m'endormis, empli d'amour.

Lorsque je m'éveillai, le matin suivant, j'allumai machinalement mon ordinateur pour vérifier ma boite-mail. J'avais un message, rédigé en énormes lettres rouges: "Je t'aime, Taylor". Je téléchargeai le fichier joint: une photo de Taylor et moi, assis sur le bord de la piscine de Cathy. Sa mère l'avait prise avec son nouvel appareil numérique. Ma main était posée sur son épaule nue et, à voir le sourire que nous échangions, je comprenais rétrospectivement mieux que Lucia se soit fait quelques soucis à propos de notre discrétion.

J'étais tellement pressé de le retrouver que ma toilette fut des plus rapides et le petit-déjeuner remis à plus tard. Arrivé chez lui je n'eus pas le temps de sonner, il avait déjà ouvert la porte, m'avait presque arraché le bras en me tirant à l'intérieur, à moitié assommé en me plaquant au mur et quasi asphyxié en me bâillonnant de sa bouche. Le monde n'existait plus.

Vingt minutes plus tard:

— Oh mon Dieu! dit Taylor, regardant sa montre. On va être en retard et je ne voudrais surtout pas que nous soyons collés ce soir, j'ai d'autres projets...

— Tu as raisons, filons!

Il prit son sac et nous partîmes. La journée était grise mais je m'en fichais: j'avais tant de soleil à l'intérieur! Nous ne parlions pas beaucoup, trop essoufflés par le rythme qu'il nous fallait soutenir si nous voulions éviter d'être en retard.

À l'école tout se passa très bien. Nous étions ensemble aussi souvent et longtemps que possible. Ça ne veut pas dire que nous ne voyions personne d'autre, bien au contraire. Le bonheur nous rendait si joyeux que notre compagnie était très recherchée.

Une fort agréable routine s'installa durant les jours suivants: chez lui le plus tôt possible le matin, ensuite ensemble à l'école à chaque fois que la possibilité nous en était offerte, puis le soir, chez lui ou chez moi pour... travailler. Oui, oui, je ne blague pas, je peux même affirmer que nous avons produit un sacré boulot à cette époque! Les devoirs étaient presqu'un plaisir... quand nous pouvions les faire ensemble! De plus nous savions que notre liberté dépendait aussi, en partie, de nos résultats scolaires! Vous imaginez le stimulant!

Après les devoirs il nous restait toujours un peu de temps pour des activités plus... ludiques! Et je vous garantis que ce temps-là était exploité au mieux. C'était tellement génial (et si neuf) de sentir ses mains sur mon corps, de me frotter à lui, de sentir sa chaleur, de voir son excitation, de lui prodiguer le soulagement que je me m'appliquais à rendre indispensable. Nous nous limitions à des pratiques orales et manuelles, nous n'éprouvions, ni lui ni moi, le besoin d'autre chose et c'était suffisant pour échanger des litres et des litres de sperme chaud. Ça représentait environ la moitié de notre alimentation du moment! Mais comme tout était très également réparti entre ce que nous donnions et ce que nous absorbions, cela n'eut aucune incidence fâcheuse sur notre courbe de poids.

Des règles avaient été établies entre mes parents et la mère de Taylor: pas question de dormir ensemble les jours de semaine! Nous pouvions nous voir bien sûr, travailler ensemble, manger ensemble (pas trop souvent quand même), mais chacun devait dormir chez soi. Nos moments d'intimité devaient donc être rapides et silencieux car mon père rentrait toujours très tôt l'après-midi, et la mère de Taylor travaillait, pour l'essentiel, à la maison.

Un vendredi soir, deux semaines plus tard, nous décidâmes d'aller au cinéma, voir "Arsenic et vieilles dentelles", un vieux film de Frank Capra avec Carry Grant (j'ai peut-être oublié de vous prévenir, mais je suis un fan de cinéma, en particulier du cinéma d'avant guerre). Taylor ne l'avait jamais vu. Le film, comme toujours (j'en étais à ma quatrième projection) fut fantastique. Je vous le recommande chaudement, le rire vous prend dès les premières minutes et ne vous lache plus avant la fin, une préparation abdominale est conseillée pour les moins sportifs.

Durant la projection, je me contentai de voler à Taylor quelques bises furtives et de lui masser tendrement l'intérieur de la cuisse. Il ne me rendait pas la pareille, mais ne semblait pas se plaindre du traitement, il avait même tendance à me faciliter l'accès! À la fin du film j'étais tellement excité que je ne me contenais qu'avec la plus extrême difficulté.

— Hé! Taylor, allons aux toilettes, il faut que je me lave les mains, lui proposai-je.

J'eus beau laisser mes mains sous l'eau glacée et m'asperger le visage, c'était loin de suffire pour me calmer. Je doute même que le système de refroidissement complet d'une centrale nucléaire de belle taille eût été capable de ramener ma température à un niveau raisonnable... j'étais proche du point de fusion.

— Taylor, dis-je, tremblant d'excitation, entrons un moment dans une cabine! J'ai trop besoin de toi, je ne peux plus attendre!

— Mais c'est dégueulasse ici ! répondit-il, riant à moitié.

— Mais non, c'est pas dégueulasse!   Nous avons connu des endroits plus romantiques mais de la à dire que c'est dégueu ! De toute façon c'est une urgence! Et comme c'est toi qui es à l'origine de cette épouvantable crampe, c'est à toi de la soigner!

Je le poussai à l'intérieur d'une des cabines et fermai la porte.

— Mais si quelqu'un nous entend? dit-il. Les murs ne montent même pas jusqu'au plafond!

— Personne n'entendra ni ne verra quoique ce soit! Et puis assez de mais comme ça!

Je l'embrassai goulûment, forçant entre des dents qui offrirent à peine une résistance de principe. Dès que ma langue toucha la sienne, je sentis ses bras se refermer autour de moi et son corps se frotter au mien dans un mouvement reptilien, une chorégraphie des plus érotiques. Il était au moins aussi excité que moi, peut-être plus. Ses mains étaient partout à la fois, sous ma chemise, sur mes fesses, mes hanches, elles remontaient jusqu'à mes pectoraux qu'elles malaxaient sans douceur. La nécessité de rester silencieux ne faisait qu'exacerber notre excitation. Sa main droite passa sur mon ventre et déboucla mon ceinturon.

En un mouvement il fit descendre pantalon et caleçon et se saisit de ma queue, je faillis tomber. Il était de plus en plus difficile de retenir les gémissements ou les cris que faisait naître le plaisir qu'il me donnait. J'en oubliais presque de respirer. Je dus m'accrocher à lui et je mordis sa bouche avec sauvagerie. Ma main tremblait tant que j'eus des difficultés à ouvrir son pantalon. Je le fis descendre en m'agenouillant face à lui. Son sexe trouva seul le chemin de ma bouche qu'il commença à labourer furieusement, s'enfonçant toujours plus profond dans ma gorge. Nous étions des animaux, sauvages et silencieux. Il ne lui fallut guère de temps pour cracher quelques giclèes de sperme épais que je bus avec délice.

Taylor m'aida à me redresser et la fougue qu'il mit dans son baiser me montra à quel point il avait apprécié mes attentions.

— À toi maintenant, sussura-t-il dans mon oreille.

Il glissa lentement le long de mon corps, sans jamais me quitter des yeux. Lorsque son visage atteignit la hauteur de mon sexe, il commença à le lécher, lentement, comme il l'eût fait d'une sucette. Ses yeux étaient toujours rivés aux miens. La tension que je ressentais à cet instant va au-delà de toute possibilité de description. Ma queue était proche de l'explosion. Mes ongles s'enfonçaient d'un centimètre au moins à l'intérieur de mes paumes. Mes dents, serrées, se fissuraient l'une après l'autre. Le mur que repoussaient mes épaules menaçait de s'écrouler. Il m'avala. Ses lèvres autour de moi étaient le paradis, réprimer mes gémissements de plaisir, l'enfer. Le mélange des deux me donnait un aperçu de ce que pourrait être le plaisir sadomaso!

Au fond de sa gorge, ma queue était enserrée de toutes parts et je sentais ses lèvres tenter d'absorber mes bourses en plus. Mes ronronnements étaient de moins en moins contrôlables. Il m'avait déjà fait voir des étoiles, cette fois il me montrait des galaxies, des nébuleuses, des univers entiers. Quand j'ai senti monter mon foutre j'ai craint un instant que la force du jet fût suffisante pour le tuer. Et j'en avais encore trois ou quatre à lui offrir. C'est à cet instant précis que:

— OH! MY GOD! (prononcez-le avec l'accent et la mimique de Chandler dans la version originale de Friends) Mais c'est Matthew Ramsgate! Le fameux Matt qui se fait sucer la bite par un autre mec dans les chiottes du ciné! Waooo, le scoop de l'année!

La voix, semblant venir de nulle part résonnait dans les toilettes. J'étais pétrifié, jamais je n'avais connu un choc si violent. La chaleur qui m'habitait fut, en une fraction seconde remplacée par le froid le plus intense. Je flirtais avec le zéro absolu. La sueur dont j'étais couvert formait des stalactites de glace. Le plus infime mouvement aurait pu me briser. Mon cœur rata trois ou quatre battements consécutifs! J'entendis Taylor s'étrangler, la combinaison de la surprise et du sperme rendaient sa déglutition difficile. Je levai la tête et vis, au dessus de la porte, les mains et le visage poupin de Rob. Robert Stew, un type de notre école.

— C'est dégueulasse, vraiment dégueulasse! Si je ne l'avais pas vu mes propres yeux je n'arriverais pas à y croire: Matt, un pédé!

Il lacha le haut de la porte et redescendit. Je me rhabillai aussi vite que possible.

— Attends Rob! T'en va pas, faut qu'on parle!

— Pas question! Tu crois quand même pas que je vais rester ici avec deux pédés! J'ai pas envie de me faire violer! salut les lopettes!

Nous entendîmes la porte se refermer.

— Merde! Merde! Merde! bredouillait Taylor, encore agenouillé et cachant son visage entre ses mains. Mais qu'est-ce qu'on a fait! Pourquoi ici? Ça va être terrible! Dans quelle merde on s'est foutus! Merde! Merde!...

Je l'aidai à se relever.

— Ça va aller, tu vas voir, je vais lui parler, je suis sûr qu'il n'est pas si méchant que ça et qu'il ne dira rien.

— Merde! Merde!... Il était visiblement en état de choc.

— Arrête Taylor! S'il te plaît, arrête! La première chose à faire est de sortir d'ici. Il n'a pas pu te reconnaître, il ne pouvait pas voir ton visage. À cette heure, l'autre film est sur le point de finir. Alors on va sortir séparément, dans la foule, comme ça, s'il est là dehors à attendre, il ne nous verra pas ensemble. Je vais essayer de le voir et puis je te rejoins chez toi. OK?

— OK! répondit-il.

J'étais un peu inquiet car il avait l'air très loin d'être OK. Nous fîmes exactement ce que je lui avais suggéré. J'arpentai le quartier en tous sens mais je fus incapable de le retrouver. Disparu le Rob ! J'ai continué de le chercher pendant une heure encore, sans succès. Je n'étais pas rassuré lorsque j'arrivai chez Taylor et le visage qu'il m'offrit ne fit qu'augmenter mon inquiétude. Il sursauta lorsque je poussai la porte de sa chambre.

— Tu l'as trouvé?

— Non, je suis allé partout, j'ai traîné dans toutes les rues du coin et je ne l'ai pas vu, et comme je ne sais pas où il habite...

— Merde! Merde! Merde!... qu'est-ce qu'on va faire? Pourquoi est-ce qu'on a fait une connerie pareille? Tu peux me le dire? On n'aurait pas pu attendre d'�tre dans un endroit tranquille!

— Tu as raison, tu ne peux pas savoir à quel point je suis désolé de t'avoir imposé ça, mais... tu m'excites tant, je suis si amoureux... que souvent je perds le contrôle!

Il eut un demi-sourire.

— Je t'aime aussi.

Quelques secondes de silence.

— J'ai tellement peur d'être montré du doigt. Je ne sais pas si j'arriverais à le supporter! Ce serait l'enfer et pourquoi! Pourquoi!...

Son désespoir s'accroissait de minute en minute. Ses poings serrés à en faire blanchir la jointure de ses doigts montraient son envie de se battre, ses joues creusées, sa tête, engoncée entre ses épaules, ses larmes, avouaient sa défaite. Il m'inquiétait.

— Arrête Taylor! Ça ne va pas être si terrible que ça! Il ne dira probablement rien. Et puis, s'il dit quelque chose, tant pis! C'est pas ce que nous voulions mais nous pourrons faire face!

— Facile à dire pour toi! lacha-t-il avec emportement. Tu vis ici depuis toujours! C'est ta ville, tes copains! Tout le monde te connaît, tout le monde t'aime bien! Tu as tellement d'amis ici que tu ne peux même pas les compter!

La colère le gagnait.

— Mais moi c'est pas pareil! Je suis nouveau, je suis l'étranger moi! Et c'est jamais facile ça! Mais maintenant je vais pas seulement être l'étranger, je vais être le pédé d'étranger! Et je suis tout seul! Je ne suis là que depuis quelques semaines! J'ai pas d'amis, je vais être seul, tout seul pour faire face à toute cette merde! Et je ne veux pas, Je n'ai pas choisi ça!

Il hurlait maintenant, presque hystérique. J'étais tellement tendu que j'ai failli répondre sur le même ton quand, soudain, la signification de mots qu'il venait d'utiliser s'insinua en moi: "tout seul", il pensait qu'il allait devoir affronter la situation seul, comme s'il m'avait déjà effacé du paysage. Je me laissai tomber sur son lit et je me mis à pleurer, ça faisait vraiment mal, quelque chose comme une nausée, qui vous tombe sur les tripes et qui vous noue la gorge à la fois, combinée avec l'amorce d'une migraine à vous faire gémir. Taylor se calma et me fixa.

— Tout seul... répétai-je.

— Quoi?

— Tout seul, sans un ami, c'est ce que tu viens juste de dire. Tu crois vraiment que je pourrais te laisser tomber dans un pareil moment, c'est ça que tu penses de moi?... Et tu dis que tu m'aimes.

Taylor parut ébranlé. Il ferma les yeux d'abord, puis s'approcha de moi et me serra avec force entre ses bras.

— Dis pas ça Matt, je t'en prie, dis pas ça! Je t'aime. Je t'aime plus que tout au monde, je t'en prie, n'ai pas de doute, jamais! Pardonne-moi, essaye de me pardonner, j'ai tellement peur que je dis n'importe quoi!

Je l'embrassai.

— Tu me pardonnes alors!

— Bien sûr!

Je l'allongeai sur le lit et nous rest‚mes enlacés, sans bouger.

— Qu'est-ce qu'on va faire? demanda Taylor.

— Je crois que je ferais mieux de rentrer, pour le cas où il essayerait de m'appeler. S'il ne le fait pas alors je le chercherai à nouveau.

Taylor était d'accord, je repartis donc chez moi, pensant à notre première querelle. Taylor avait raison en fait, j'avais vraiment déconné au cinéma. Et ma connerie pouvait avoir des conséquences épouvantables pour nous deux, et, c'est vrai, plus encore pour lui que pour moi.

Lorsque j'arrivai à la maison, je vis Robert: il attendait sur un banc, de l'autre côté de la rue. Dès qu'il me vit il me fit signe de la main.

— Viens Matt, il faut qu'on parle.

Il tapotait le banc à côté de lui, comme une invitation à m'asseoir. Il arborait un petit sourire en coin assez désagréable.

— Où est-ce que tu étais? Ça fait plus d'une heure que je t'attends! T'étais avec ton petit copain, en train de baiser!

— Ça ne te regarde pas!

— Tu pourrais être plus sympa avec moi! Je te manifeste de l'intérêt et c'est comme ça que tu réagis! Alors c'était comment dans les chiottes! Super endroit non?!

— C'était pas mal jusqu'à ce que...

— Ah! Oui, je me rappelle, c'était drôle... Tu aurais dû voir ta tête à ce moment!

— Le comique de situation, c'est pas ma tasse de thé!

— Et ton copain, il a apprécié, lui? C'est qui au fait?

— Tu ne le connais pas

— Pourquoi veux-tu garder des secrets pour moi? Je connais déjà le plus énorme!

— Tu ne le connais pas, et il n'y a aucune raison pour que je te donne son nom!

— Je trouverai bien tout seul! Alors comme ça t'es pédé?... Depuis longtemps?

— Je préfère dire que je suis gay, et ce n'est pas une maladie qu'on attrape un jour ou l'autre, j'ai toujours été comme ça.

— Qu'est ce que tu préfères en général, être au-dessus ou en dessous?

— Pourquoi, tu es tenté par l'une des deux positions?

Il fit une grimace.

— Bien sûr que non, je suis juste curieux, c'est tout!

— Ta curiosité est plutôt malsaine! Et puis, s'il te plait, arrête de jouer au chat et à la souris avec moi, qu'est-ce que tu veux?

— J'en sais rien, je me posais des questions au sujet de ta vie cachée et je me demandais comment les gens réagiraient en l'apprenant.

— Ils n'ont pas besoin de l'apprendre.

— Pourquoi, tu as honte? Je peux le comprendre, remarque!

— Non, je n'ai pas honte! Mais je n'ai pas envie de porter une étiquette! S'il te plaît Rob, garde ça pour toi, tu pourrais faire de ma vie un enfer, si tu parlais.

— Peut-être, mais ce serait seulement honnête, les gens doivent connaître les risques qu'ils prennent quand ils te fréquentent!

— Tu me connais assez pour savoir que...

— Je croyais te connaître! Mais aujourd'hui, je dois dire que j'ai découvert un Matt complètement nouveau.

— Je t'en prie, ne dit rien, je t'en supplie même si c'est ça que tu veux!

— Mais non, pas du tout. Il faut que j'y réfléchisse encore un peu avant de décider de ce que je ferai. Ensuite je te préviendrai. Bon, on est toujours potes? demanda-t-il avec un sourire ironique.

— Bien sûr, répondis-je avec une chaleur que je ne ressentais pas.

— Il faut que j'y aille maintenant.

Il se leva et me regarda.

— Oh! J'ai failli oublier, je voudrais te demander un service.

— Vas-y.

— J'ai bousillé mon vélo la semaine dernière et je n'en aurai pas d'autre avant trois mois, au moins. Je crois que tu as un super VTT dont tu ne te sers pas beaucoup, alors j'ai pensé que, peut-être, tu pourrais me le prêter?

— Je ne sais pas si mes parents...

— Matt! Ça, ça serait une vraie preuve d'amitié, une preuve concrète! ajouta-t-il lentement en me regardant droit dans les yeux.

Qu'est-ce que ça pouvait bien vouloir dire? Il n'était quand même pas en train de me faire chanter non? Ce n'est pas possible. Ça doit être moi qui suis parano! De toute façon qu'est-ce que je peux faire? Prendre le risque de me faire montrer du doigt par tout le monde, pour un vélo!

— D'accord, viens avec moi, je te le prête.

— Non merci, je préfère attendre ici.

De retour du garage je lui tendis le vélo. Il l'enjamba aussitôt.

— Merci Matt, je savais que je pourrais compter sur toi, je savais que tu ne refuserais pas de m'aider. À bientôt!

Et il partit sans se retourner. À peine entré dans ma chambre, je me précipitai sur le téléphone pour appeler Taylor.

— Salut, devine qui m'attendait devant la porte?

— Il était là? Qu'est-ce qu'il a dit? Qu'est-ce qu'il va faire?

— J'en sais rien en fait, je ne crois pas qu'il parle, au moins ces prochains jours, à plus long terme je n'en ai aucune idée, il était quand même assez bizarre.

— Bizarre?

— Oui, au début il était presque insultant, il me traitait de pédé! Ensuite il s'est montré curieux, plus que curieux d'ailleurs, inquisiteur plutôt, et à la fin il était presque amical. Une bonne nouvelle quand même, il ne t'a pas reconnu, il a essayé de me faire dire ton nom, mais tu te doutes bien que je suis resté muet comme une tombe!

— Je préfère ça, mais comme nous sommes toujours ensemble, il va vite comprendre qu'un plus un ça fait deux!

— C'est vrai, il faudrait que nous soyons plus discrets et un peu moins souvent ensemble en public. Tu ne crois pas?

— Ça va être difficile, mais je crois qu'on n'a pas le choix. Il a dit quelque chose d'autre?

— Il m'a emprunté mon vélo.

— Ton vélo? Pourquoi?

— Faire du vélo je suppose!

— Très drôle!

— Il m'a dit que le sien était fichu et qu'il n'en aurait pas d'autre avant un bout de temps, comme je ne me sers pas beaucoup du mien... c'est toute l'histoire.

— Tu crois que c'est... du... chantage?

— J'y ai pensé un instant, mais ça m'étonnerait! En fait ce que je pense c'est qu'on devrait arrêter de s'en faire, juste attendre et voir venir. Et pour attendre aussi confortablement que possible, peut-être que tu pourrais venir dormir chez moi ce soir, qu'est-ce que tu en penses?

J'eus à peine le temps de raccrocher qu'il était déjà dans mes bras, à me donner le premier baiser de la nuit, le premier de ma vie. C'est toujours la première fois quand Taylor m'embrasse. C'est un génie du baiser, tendre et doux, autant que brûlant et fort. Je pourrais passer des heures entre ses lèvres, au fond de sa bouche, il m'absorbe, il m'enroule dans son ‚me, il éteint le monde mais allume l'univers, il m'emprisonne, il m'enchaîne, mais toujours pour mieux libérer les torrents de plaisir qui nous emporteront en des endroits où tout est toujours beau.

à suivre

Par claudio - Publié dans : LISEZ VISIONNEZ VIDEOS & RECITS FICTIONS FANTASMES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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