Dimanche 1 septembre 7 01 /09 /Sep 23:36

RECITS FICTIONS (59)

j'ai un peu peur.

— Je comprends Matt. Pour moi aussi tu es le premier, mais je n'ai peur de rien parce que tu m'aimes. Laisse-moi te faire l'amour.

 

Il était neuf heures lorsque je refermai la porte de ma chambre derrière nous.

Il se tourna vers moi l'air espiègle.

— On pourrait peut-être faire un jeu vidéo? À moins que tu n'aies autre chose en tête?

Il ne disait plus rien, un léger sourire continuait de flotter sur sa bouche que je distinguais à peine, la lumière placée derrière lui, faisant un contre-jour qui l'entourait d'un halo luminescent.

Je m'approchai pour lui picorer le visage: les lèvres, le nez, le cou. Il ne bougeait pas. Je revins sur sa bouche et j'attrapai sa lèvre supérieure entre les miennes. Ma succion provoqua ses premiers soupirs. Ses mains accrochèrent mes épaules pour rétablir un équilibre vacillant.

La seconde d'après ma bouche était perforée par sa langue. Quand elle rencontra la mienne, ce fut pour la défier en un duel passionné. C'était un rêve, un rêve humide, le souvenir de ces temps anciens où la vie n'était encore qu'aquatique. Nous étions deux langues qui, dans cette chaleur moite cherchaient à n'en être plus qu'une. J'avais déjà embrassé Taylor, il m'avait déjà apporté 1000 fois plus de plaisir que mes très, très rares expériences précédentes. Cette fois-ci, après la journée que nous venions de passer, sachant l'amour qu'il me vouait, sachant que nous avions le temps d'explorer nos sentiments et ces incroyables sensations qui les accompagnaient, ici, dans l'intimité que nous offrait ma chambre, c'était fabuleux, indescriptible... Ce n'était plus un baiser, c'était la vie! C'était le sens même, le but de la vie! Je ne savais pas si c'était là un accomplissement ou un début, mais je savais que ce baiser avait changé ma vie à tout jamais.

— Je t'aime Matt, je t'aime tellement que c'en est douloureux.

— Moi aussi Taylor, je t'aime. De ma vie je n'ai jamais été aussi heureux. Je te dois tout.

— Pareil Matt, moi j'ai l'impression d'être un puzzle enfin complet depuis que tu as fait entrer l'amour dans mon cœur, depuis que tu es devenu la partie la plus importante de ma vie. Je t'aime Matt, je t'aime et j'ai besoin de toi.

— Il y a encore quelque chose que je voudrais te dire.

Il me regardait dans les yeux, un assaut de timidité me fit rougir.

— Tu es mon premier, Taylor. Et j'ai un peu peur. J'ai envie de faire l'amour avec toi mais j'ai un peu peur.

— Je comprends Matt. Pour moi aussi tu es le premier, mais je n'ai peur de rien parce que tu m'aimes. Laisse-moi te faire l'amour.

Petit intermède médico-social pour éviter le... médico-légal! Le privilège d'un "auteur" est de faire exactement ce qu'il veut de ses personnages, il peut les créer, les façonner, les assassiner, les ressusciter ou les guérir miraculeusement sans avoir de comptes à rendre ni d'explication à donner. Dans la vraie vie, peut-être l'avez-vous remarqué, il en va autrement! Bien sûr, pour les miracles il reste Lourdes, mais je n'ai aucune statistique à vous donner sur l'efficacité du passage par la grotte! Alors, sachez raison garder et préservatif utiliser! Revenons-en à...

Il prit ma main et me conduisit jusqu'au lit où il me fit allonger. Je sentais son haleine. Sa joue caressait la mienne. Une main vint à mon cou ôter le premier bouton de ma chemise. Sa joue continuait son mouvement contre la mienne. Arrivée au dernier bouton, la main glissa sous le pan gauche de la chemise. Je tressaillis et mordis mes lèvres pour étouffer mes soupirs. La main tournait sur mon ventre, autour du nombril, elle était la douceur, la tendresse faites mouvements. J'étais tellement concentré sur cette extraordinaire sensation que j'en oubliais presque de respirer.

La main remonta, entre mes pectoraux, lente, et légère comme une aile de papillon ou une brise d'été. Elle enveloppa l'un de mes tétons. Il était déjà érigé, il se tendit encore. Je cherchai ses lèvres et me mis à l'embrasser désespérément, il fallait que ma bouche exprimât l'excès de plaisir que j'éprouvais, je n'avais d'autre choix que crier ou embrasser.

Je lui arrachai presque son Tshirt et mes mains, quoique tremblantes de fébrilité, surent avoir raisons de ses autres vêtements. Il arrêta mes caresses.

— Ne bouge pas Matt, laisse-moi prendre soin de toi, murmura-t-il.

Il embrassa mon menton et glissa dans mon cou. Sa main atteignit ma ceinture et passa sur mon jean. Il caressait mes cuisses et mes hanches, évitant mon sexe à chaque passage. Chaque mouvement qu'il faisait accroissait mon attente, la portant aux limites du supportable. Chaque seconde apportait une sensation nouvelle, me faisait gagner un barreau sur l'échelle de l'excitation. Ma respiration devenait rapide, laborieuse, j'atteignais des sommets où l'oxygène se faisait rare. Des centaines de plaisirs différents me submergeaient: chacun des pores de ma peau, chacun de mes poils était un capteur de plaisir. Je ne vivais plus qu'à travers son contact, son pied contre le mien, sa jambe sur la mienne, sa main sur ma hanche, sa bouche qui léchait et suçait mon téton avec la voracité d'un nourrisson affamé.

Il ouvrit ma fermeture éclair et déboucla ma ceinture. Quel soulagement pour mon sexe qui tendit immédiatement la toile de mon caleçon. Taylor descendit avec lenteur, s'arrêtant un instant pour explorer mon nombril. Arrivé à mes pieds il tira mon pantalon, puis mon caleçon qu'il huma aussitôt.

Il geignit et entama sa remontée, goûtant de la langue et des lèvres chaque centimètre de ma peau. La pression de sa tête me fit écarter les jambes, lui ouvrant l'accès à l'intérieur de mes cuisses. Je n'escaladais plus l'échelle du plaisir barreau après barreau, je les sautais par trois ou quatre à la fois. Il m'en fit grimper dix d'un coup lorsque la pointe de sa langue toucha mes bourses. Il les embrassa, les caressa avec une tendresse précautionneuse.

Soudain il avala ma queue, comme s'il avait pressenti que ma jouissance ne résisterait pas longtemps au traitement qu'il m'infligeait. Fabuleux instant! Sa bouche était si chaude! Ses lèvres, sa langue, son palais m'enveloppaient! Je plaquai l'oreiller contre mon visage pour absorber mes soupirs, mes grognements plutôt! Il n'eut pas à bouger beaucoup, quelques mouvement de haut en bas et je sentis ma semence qui déferlait de tout mon corps et convergeait vers la bouche de Taylor. J'essayai de le repousser

— Taylor... Taylor, je vais jouir.

Il ne bougea pas, il resta vissé à ma queue, il accrut même le mouvement de succion. Mon sperme jaillit dans sa bouche. Je ne sais durant combien de siècles j'ai éjaculé, ni combien de litres de crème je lui ai donné! Il ne m'a pas lâché un instant et a avalé, jusqu'à la dernière goutte, ce que mon plaisir lui offrait.

J'avais quasiment perdu connaissance, shooté par l'orgasme. Mais, au milieu de la léthargie qui m'envahissait je ressentis le besoin, violent, de partager ce moment d'intensité. Je repoussai Taylor qui n'eut pas le temps de résister, il était déjà entre mes lèvres, incapable de contrôler les furieux coups de reins que ses hormones l'obligeaient à donner. Son ventre claquait sur mon front et ses couilles venaient accrocher mon menton. Je sentis son sexe s'échauffer et s'épaissir, sa jouissance était imminente. Je m'accrochais à ses fesses, elles étaient faites de marbre chaud sur lequel la prise était difficile.

Le premier jet de sperme me prit par surprise, je l'avalai dans un mouvement réflexe. Je gardai le second plus longtemps, pour le déguster. C'était chaud, épais et légèrement salé. Un nectar, un extrait de vie offert par mon amant, un élixir d'amour éternel, un concentré de joie, de désir, de bonheur, de paix... Un cocktail de force et de fragilité, de pureté et d'animalité, de tendresse et de violence... toutes les émotions du monde mêlées en une divine ambroisie.

Ses yeux débordaient de joie. Nos têtes reposaient sur le même oreiller, je m'approchai pour lui donner un baiser très doux, très tendre. Pas un baiser de désir, un baiser pour dire merci, pour dire je t'aime, un baiser pour combler les lacunes du langage... comment les mots pourraient-ils faire justice à un tel moment. Ses yeux s'ouvraient jusqu'à son âme, et tout ce que je pouvais y voir était amour.

— Je t'aime Matt! De ma vie je ne me suis jamais senti mieux. Je me sens plus grand! Plus fort!

— C'est parce que je viens de faire de toi un homme! répondis-je, allant chercher au fond de ma gorge les tonalités graves que l'adolescence me refusait encore. Je t'aime aussi Taylor, ça fait à peine dix jours que je te connais, mais je ne pourrais même plus imaginer ma vie sans toi. Tu es une partie de moi. Je suis sûr que tu es l'amour de ma vie!

Il sourit et m'embrassa.

— Une part de toi? Hé bien je pense que cette part de toi a besoin d'une douche!

— L'autre part aussi, répondis-je en riant. Vas-y le premier si tu veux, mais laisse-moi un peu d'eau chaude!

— Ma générosité ira peut-être jusque là, pourtant il me semble qu'une douche froide te serait très utile!

Il pointait du doigt ma verge à qui l'exercice précédent n'avait pas suffi à enseigner la modestie.

— Je connais une bien meilleure façon de venir à bout de cette raideur pathologique!

— Accompagne-moi à la salle de bains.

— Il faudra être discrets, la chambre de Lucia est juste à côté!

La maison était silencieuse, tout le monde semblait endormi. La cabine de douche, pas très grande, pouvait néanmoins accueillir deux personnes, surtout si les deux en questions appréciaient la promiscuité imposée par les lieux. J'entrai le premier pour régler la température de l'eau.

Taylor me rejoignit et m'enserra étroitement sous la pluie chaude. Nos mains, nos bras, pressaient nos corps. Je devenais son frère siamois. Je ne savais plus où il commençait ni où je finissais, sensation étrange.

Je sentis que sa main droite se frayait un chemin entre son ventre et le mien pour atteindre nos deux queues qu'elle prit en une poigne ferme. Lorsqu'il amorça l'ancestral mouvement alternatif, je perdis l'équilibre. Sa main libre agrippa ma fesse gauche pour m'apporter l'aide dont j'avais besoin. Me sentir ainsi masturbé par une main aidée d'une verge, alors que d'autres doigts, glissés entre mes fesses, flirtaient avec une porte arrière que je n'avais plus envie de protéger, waooo... exceptionnel! Je ne pus retenir mes grognements de plaisir. Heureusement Taylor me bâillonna immédiatement d'un de ses incroyables baisers, jusqu'à ce que nous jutions ensemble.

Nous restâmes silencieux, nous tenant l'un à l'autre, épuisant la réserve d'eau chaude. Après un séchage rapide nous regagnâmes ma chambre.

— Matt, est-ce que je dois vraiment dormir dans l'autre lit? Je déteste l'idée d'être à la fois si près et si loin de toi!

— Sûrement pas, viens, j'ai besoin que tu sois contre moi.

— Et tes parents?

— Ils n'entrent jamais dans ma chambre! Et s'ils le font cette fois, je leur expliquerai qui tu es pour moi!

Il se glissa entre mes bras, je l'embrassai.

— Je t'aime Taylor, j'espère que tu seras toujours là demain quand je me réveillerai! C'est tellement merveilleux que j'ai encore du mal à y croire.

— Ce n'est pas un rêve Matt, je te le jure! Je serai là demain matin, et tous les matins que tu souhaites! Je t'aime.

Lorsque je me réveillai dimanche matin, il n'avait pas menti, il était toujours là. Il me tournait le dos et s'était blotti contre moi. Il respirait paisiblement. J'aurais aimé rester encore à l'admirer mais la physiologie, le matin, a parfois des exigences irrésistibles.

Je réussis à quitter le lit sans le réveiller et je me précipitai aux toilettes. À mon retour il n'avait pas bougé. Assis sur le sol, près du lit je pouvais l'admirer à loisir. Il était magnifique. Son visage reposait sur ses deux mains jointes et exprimait une absolue tranquillité. Sa poitrine se soulevait au rythme léger de son souffle. Il était allongé sur le côté gauche, la jambe gauche était à demi pliée, vers l'arrière, la droite, bien tendue, exposait un sexe qui se reposait au cœur d'un buisson printanier.

— Qu'est-ce que tu regardes comme ça? marmonna Taylor.

— Je ne regarde, pas, j'admire! Et je me pince toutes les dix secondes pour m'assurer que je ne rêve pas! Et je me demande ce que j'ai bien pu faire pour mériter tout ça!

Il sourit et s'étira, ronronnant et roulant sur le lit, le spectacle le plus érotique que l'on m'ait jamais offert. J'allais sauter sur lui mais il fut plus rapide. Il fila vers les toilettes à son tour. Quand il revint il avait pris une teinte du plus beau rouge.

— Pourquoi est-ce que tu es si rouge? lui demandai-je en riant. Ça a été si difficile?

— J'ai juste croisé ta sœur en sortant de la salle de bains.

— Et elle t'a trouvé tellement sexy, nu dans ma robe de chambre, qu'elle a cherché à te violer?

— Non, elle a juste dit salut.

— Et?

— Elle a ajouté qu'elle me trouvait beaucoup plus calme le matin qu'au milieu de la nuit, et elle a fermé la porte.

J'éclatai de rire et j'eus besoin de plusieurs minutes avant de pouvoir parler de façon intelligible.

— Je ne trouve pas ça si drôle! dit Taylor.

— Il va falloir que tu t'habitues au sens de l'humour un peu particulier de Lucia.

— Et si tes parents ont entendu aussi?

— Aucun risque, leur chambre est trop loin et nous n'avons quand même pas été si bruyants que ça!

— Je ne suis pas si sûr parce qu'après ta sœur j'ai croisé ta mère. Elle a demandé que nous venions prendre le petit-déjeuner, mais elle me regardait d'un drôle d'air!

— Elle devait se demander pourquoi tu étais si rouge. Cela dit, c'est possible qu'elle soupçonne quelque chose, après tout, elle sait que je suis gay, et elle n'est pas aveugle, elle peut voir comme tu es... beau... mais je suis sûr qu'elle n'a rien entendu.

Nous nous sommes habillés et avons rejoint la cuisine en vitesse. Tout le monde était déjà là, mon père lisait son journal, ma mère cherchait, en maugréant, quelques tranches de jambon dans le réfrigérateur, Lucia sirotait un verre de lait. Taylor se servit un bol de céréale qu'il additionna de lait froid, je fis de même. Ma mère sortit la tête du réfrigérateur et demanda:

— Avez-vous passé une bonne nuit?

Taylor, dont la peau avait eu du mal à retrouver sa teinte habituelle, vira de nouveau au rouge le plus vif. Dans son coin, Lucia, faillit s'étrangler avec son verre de lait et eut les plus grandes peines à réfréner ses gloussements. Heureusement que ma mère s'était remis la tête au frais et que, pour mon père, le journal formait une frontière infranchissable entre le monde et lui. Je me suis dit qu'il serait dur de garder un secret dans cette maison.

— Très bonne Mman, très bonne, répondis-je.

— Excellente, madame, réussit-il à bafouiller

— Pas de madame, appelle-moi Mouna s'il te plait.

— Et moi Don, dit mon père. Tu as des projets particuliers pour la journée Matt?

— Je n'ai rien prévu de précis. Tous les devoirs que nous avions à faire pour l'école, on les a faits ensemble Taylor et moi vendredi soir, alors cet après-midi je vais traîner un peu, mais ce matin je vais bien trouver un truc à faire avec Taylor.

— Oh! Plus inséparables que les doigts d'une même main! s'exclama mon père.

De nouveau Taylor rougit et Lucia gloussa! Il fallait, décidément, faire quelque chose. Je pris la main de Taylor sous la table et lui jetai un regard interrogatif. Je crois qu'il comprit tout de suite le sens de ma muette question. Il hocha la tête, je le sentais hésitant, mais sans inquiétude. Son sourire, et la discrète pression de sa main, étaient une façon de me dire: "vas-y si tu veux, j'ai confiance". Après tout, ce moment n'était ni pire ni meilleur qu'un autre alors...

Matt prit la main de Taylor sous la table. Ils se regardent deux secondes puis posent leurs deux mains unies sur la table.

— P'pa, M'man, j'ai quelque chose à vous dire... Huum... NOUS avons quelque chose à vous dire, répétai-je serrant un peu plus la main de Taylor. Taylor est mon ami... enfin je veux dire plus que mon ami, mon petit ami, on est 'boyfriends' quoi!

— Félicitations! répondirent mes parents en souriant.

— Sois le bienvenu dans la famille Taylor, reprit mon père. Nous serons toujours heureux de t'accueillir. Est-ce que ta mère est au courant?

— Oui, elle l'a appris hier. Elle a beaucoup de mal à se faire à cette idée, ajouta-t-il d'un ton triste. Elle est partie s'éclaircir les idées. Ça lui prendra certainement du temps mais je crois qu'elle finira par accepter.

Ma mère fixait Taylor d'un air préoccupé.

— Si tu crois que ça peut être utile, nous pouvons essayer de la rencontrer, on pourrait même l'inviter à dîner samedi prochain?

— Merci, répondit-il. C'est peut-être un peu tôt encore, mais je vais tâter le terrain, je suis sûr que ça lui ferait du bien d'avoir quelqu'un à qui en parler, et elle n'a pas vraiment d'amis ici.

— Vous l'avez dit à quelqu'un d'autre? demanda mon père.

— Non, juste la mère de Taylor et vous trois.

— Et vous prévoyez de mettre d'autres personnes dans la confidence?

— Je ne sais pas, c'est très nouveau pour nous, et nous n'en avons pas encore parlé, j'y ai à peine pensé, à vrai dire.

— Soyez quand même prudents, reprit mon père. Je ne vous dis pas de vous cacher et encore moins d'avoir honte de ce que vous êtes... mais vous êtes assez vieux pour vous rendre compte que le monde n'est pas toujours aussi ouvert qu'il serait souhaitable! Nous ne voudrions pas que vous ayez à en souffrir. C'est vraiment bien que vous nous ayez parlé, à nous et à la mère de Taylor, ça vous fait au moins deux endroits où vous pourrez être vous-mêmes, sans crainte. Mais, à l'extérieur, faites attention, et, si vous décidez d'en parler, choisissez bien ceux avec qui vous le ferez. Il y a tellement de gens qui se font agresser simplement parce qu'ils sont noirs, juifs ou homosexuels, nous ne voudrions pas que ça vous arrive!

— C'est pas juste! Je voudrais pouvoir dire, ou montrer à Taylor à quel point je l'aime sans avoir à me demander si je prends un risque ou pas! C'est vraiment pas juste!

Taylor me regardait en souriant.

— Qu'est-ce que ça peut bien leur faire? Pourquoi est-ce qu'ils nous obligent à nous cacher?

— C'est pas juste, c'est vrai! répondit mon père. Mais si le monde était juste, ça se saurait depuis longtemps! Si les gens étaient capables d'accepter les différences pour ce qu'elles sont: des occasions d'apprendre, de s'enrichir les uns les autres, d'échanger... ce serait le paradis. Malheureusement il y a souvent une confusion entre différences et hiérarchie, les choses ne sont pas vues comme différentes mais comme meilleures ou pires, ou comme des trucs contradictoires entre lesquels il faut choisir. L'homosexualité n'est pas le contraire de l'hétérosexualité, être noir n'est pas le contraire d'être blanc, être musulman n'est pas le contraire d'être chrétien ou juif, ce n'est ni meilleur ni pire, simplement différent. Mais il y a des gens qui se sentent obligés de rejeter tout ce qui est différent, simplement pour se prouver à eux-mêmes qu'ils sont dans le vrai, un peu comme ces gens qui voyagent à l'étranger et qui critiquent tout ce qu'ils voient, tout ce qu'ils mangent, tout ce qu'ils entendent, ils ne voyagent pas pour apprendre quelque chose, juste pour se rassurer, pour se dire que, chez eux, c'est vraiment chouette, vraiment civilisé... il y a beaucoup de gens qui sont incapables de se remettre en cause et qui peuvent devenir très violents plutôt que de se poser des questions. Soyez vous-même, nous on est plutôt fiers de vous quand on voit la façon dont vous assumez votre sexualité. Alors, quelles que soient les difficultés, soyez vous-mêmes! Mais n'oubliez jamais que vous devez vivre dans le monde tel qu'il est, même s'il n'est pas beau, ou s'il ne vous plaît pas! Soyez prudents!

— Ton père a raison! dit Taylor. Je ne me sens pas prêt à faire mon coming-out, d'autant moins que je ne vis ici que depuis un mois. J'ai besoin d'être intégré, d'être accepté et je ne crois pas que ça faciliterait les choses si j'avais une étiquette pédé sur le front!

— Je ne me sens pas prêt non-plus! Il faudra bien le faire un jour ou l'autre, mais ça peut attendre, il n'y a aucune raison de se presser. Faudra que j'essaye de contrôler mes putains d'hormones en public!

— Ce sera un bon entraînement pour développer ta concentration, dit ma mère. Et en parlant de contrôle, tu pourrais commencer par le contrôle de ton vocabulaire!

Nous éclatâmes tous de rire.

— Est-ce que je peux utiliser votre téléphone? demanda Taylor. Je dois déjeuner chez ma tante ce midi et je voudrais la prévenir que je serai certainement un peu en retard car je ne sais pas à quelle heure rentre ma mère.

— Bien sûr, dit mon père.

Il revint moins de dix minutes plus tard. Un large sourire illuminait son visage.

— Ma mère était déjà chez ma tante, elle va beaucoup mieux qu'hier matin, ajouta-t-il en me posant la main sur l'épaule. Elle a demandé à ma tante si tu pouvais m'accompagner, je crois qu'elle a quelque chose à te dire.

Puis il se tourna vers Lucia:

— Comme Cathy était là, elle a suggéré que tu viennes aussi.

— Géant! répondit-elle.

— Parfait! dit mon père. Ça vous laisse deux heures pour les corvées de jardinage, largement assez pour tondre et ramasser le gazon!

— Mais... començai-je à dire.

— Pas de mais, même les jours de grandes nouvelles, les corvées sont les corvées...

Je savais qu'il serait inutile de discuter, je me levai donc en maugréant.

— Viens Lucia, allons vivre notre vie d'esclave! Rien ne saurait émouvoir notre maître! Alors dépêchons-nous ou nous risquons de perdre le peu de liberté qu'il nous reste!

— Si deux bras supplémentaires peuvent être utiles? proposa Taylor.

— Je partagerai toujours ce que j'ai avec toi! lui répondis-je.

En une heure et demie tout était terminé. Lucia se précipita vers la douche en disant que, sachant ce qu'elle savait, elle préférait passer la première que de risquer d'attendre des heures! Taylor, cette fois, sourit plus qu'il ne rougit, au sens de l'humour vraiment particulier de ma chère sœur.

Nous rejoignîmes la maison à pas lents. Nous avions fait un joli boulot, le jardin avait retrouvé des lignes nettes, et l'herbe, fraîchement coupée, semblait plus verte, plus douce, une invitation à s'allonger et jouir de la chaleur de cette fin de matinée. Comme il ne nous restait que peu de temps, nous primes nos douches séparément: beaucoup moins drôle, mais, oh combien, plus raisonnable!

Vers midi et demi, Cathy et sa mère nous accueillirent chaleureusement. Martha, la mère de Taylor était déjà là ainsi que quelques autre invités, des voisins pour la plupart. Elle vint m'embrasser, ce qui ne manqua pas d'étonner Cathy, et elle m'attira à l'écart.

— Je te dois des excuses pour hier, c'est dur à encaisser pour moi, mais je n'avais pas le droit de te le faire payer comme je l'ai fait... j'aimerais qu'on reparte sur un bon pied.

Je la regardai quelques secondes avant de lui répondre:

— Je l'aime vous savez?

Elle déglutit avec difficulté.

— Oui, je crois... et je crois que lui aussi il... t'aime.

Sa main serrait mon bras à m'en faire mal.

— Ça ira, dit-elle. Il faut me laisser un tout petit peu de temps... mais sans me fuir... tu peux revenir à la maison quand tu veux.

Une dernière pression sur mon bras et elle se dirigea vers le buffet dressé dans le jardin.

Le déjeuner fut très agréable, viandes, salades, gâteaux, tout était excellent. Cathy nous prêta à tous des maillots de bain et nous passâmes le plus clair de notre temps dans sa piscine. Le maillot de Cathy était très sexy, vu son format, on pouvait penser que son prix au kilo devait être exorbitant! Comme d'habitude elle ne ratait aucune occasion de se rapprocher de moi, de me frôler, mais elle me semblait un peu moins insistante ce jour-là, peut-être allait-elle finir par laisser tomber, ou alors c'était simplement la présence de sa mère qui l'incitait à un peu plus de retenue. Seul le temps apporterait une réponse.

Taylor était, bien sûr, le plus beau de tous, et le voir là, quasi nu, en plein air, était un régal dont je ne me rassasiais pas. À un moment où je me tenais un peu à l'écart, Lucia s'approcha:

— Ne regarde pas Taylor comme ça ou alors ton secret ne va pas rester secret bien longtemps!

— C'est si évident que ça?

— Oui! C'est pour ça que je t'en parle, répondit-elle avec sérieux.

— Alors il faut que je m'occupe à autre chose! et je la poussai dans l'eau, l'entraînant jusqu'au fond de la piscine.

Quand elle refit surface elle cria:

— Cathy! Taylor! À l'aide! Ce monstre qui se prétend mon frère est en train d'essayer de me noyer!

Ils arrivèrent tous les deux très vite et j'eus les plus grandes peines du monde à leur échapper.

À la fin de l'après-midi nous étions épuisés et heureux. Nous bûmes un dernier verre ensemble, puis, l'heure avançant, Lucia et moi dûmes nous résoudre à partir. J'aurais aimé un peu d'intimité pour dire au revoir à Taylor, mais je ne réussis qu'à lui voler un baiser aussi rapide que superficiel, juste de quoi aiguiser mon appétit, une miette de pain offerte à un affamé!

Le dîner fut très tranquille, tout le monde était fatigué, même mes parents qui avaient fait une longue marche dans les bois avec un couple d'amis.

Avant huit heures j'étais dans ma chambre et j'appelai Taylor. Nous discutâmes de choses et d'autres pendant une heure, juste pour le plaisir d'être ensemble, même si ce n'était que par la voix. Nous baillions de plus en plus mais nous étions incapables de dire au revoir, de couper ce fil qui nous tenait encore l'un à l'autre.

— Tu sais Taylor, je suis crevé mais je ne sais pas si je vais réussir à dormir sans t'avoir entre mes bras.

— Oui, nous n'avons passé que deux nuits ensemble et j'ai l'impression, déjà, que ma vie est faite pour ça. Je crois que je commence à comprendre qu'un couple ce n'est pas juste deux personnes qui vivent sous le même toit. C'est même très loin de se limiter à ça. Jusqu'à hier, j'avais toujours pensé que c'était une espèce de cage. Une belle cage, dorée, heureuse... mais une cage! Maintenant je vois ça de façon très différente. Depuis que je sais que tu m'aimes, je me sens incroyablement libre! Aimer quelqu'un qui t'aime en retour, ça te donne une force, une confiance, comme je n'en avais jamais ressenti! Rien ni personne ne peut plus me faire peur. Je ne vais pas aller lancer le gant à Mike Tyson, ni plonger d'un pont de cent mètres, non, ce n'est pas ça, mais je sais que je peux être moi-même, je n'ai pas besoin de me cacher, de jouer un rôle... Je sais que si je me plante, tu seras là pour moi, tu m'aideras, tu me rassureras, tu me relèveras. Je te suis attaché, comme je ne l'ai jamais été à qui que ce soit d'autre, et, c'est bizarre, être attaché à toi me donne le plus extraordinaire des sentiments de liberté!

— Tu es le roi du paradoxe! Et celui-là me plaît bien, je t'aime Taylor, et moi aussi j'ai envie de rester lié à toi toute ma vie!

— Je t'aime Matt, ça va être une vraie torture d'attendre jusqu'à demain pour te revoir. Raccroche le premier, moi je ne pourrai pas.

— Pas question, toi d'abord!

— Non, toi!

— Allez, on le fait ensemble, 1, 2, 3... j'étais sûr que tu allais tricher!

— Cette fois-ci c'est la bonne, je t'aime Matt, 1... 2... 3...

Je raccrochai le combiné. À la dernière seconde j'entendis le clic produit par le téléphone de Taylor.

J'étais vide tout à coup, sans substance. Seul et vide, presque un pléonasme! Je me pelotonnai au creux de mon lit, me concentrant sur le souvenir de Taylor, son sourire, ses yeux pétillants, son torse, si tendre, et son toucher, ses caresses, pleines d'amour et de douceur. Son souvenir m'excitait, ma main rejoignit mon érection: quel pauvre substitut à ce que Taylor pouvait m'offrir! Deux minutes plus tard j'obtins un soulagement insipide et je m'endormis, empli d'amour

à suivre

Par claudio - Publié dans : LISEZ VISIONNEZ VIDEOS & RECITS FICTIONS FANTASMES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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