SUR LE VIF - CONTEURS- RECITS-REPORTAGES

Samedi 7 décembre 6 07 /12 /Déc 08:47

classé dans RECITS REELS & INIT...(76)

  C'était il y a qq années. Depuis ils ont fait fermer la drague.  

 

LE GENDARME PASSE AUX AVEUX

Encore un article iconoclaste...mais attention, celui-ci a un VRAI fond de vérité.

Qui ne bande pas pour l’uniforme ?. Mon voisin de palier, le gendarme, J'en pouvais plus ! j’allais me le payer ce soir, sûr! Beau gosse le mec! Dans son pull bleu avec le liséré blanc, le pantalon qui moulait deux belles cuisses et un petit cul serré. Cheveux courts, moustache brune, bien taillée... Il ne devait pas s’ennuyer, le jeune type, un de ses jeunes collègues qui venait quand la femme n’était pas là. Je rentrais du boulot vers vingt deux heures et souvent, j’avais rencontré le beau garçon bien bâti qui venait prendre des cours “très particuliers’’ ou dresser des procès verbaux très spéciaux...

Oui, mais qui pouvait se douter qu'il était gay ? Bi, je veux dire ! Je ne qualifierai pas sa conduite d'imprudente car mon opinion est qu'un gendarme gay a le droit de vivre sa sexualité comme tout un chacun. Et d'ailleurs tout hétéro est, selon moi, un bisexuel ou un gay qui s'ignore ! 

 Alors voilà : je le vois en jogger dans la drague que je fréquente, et dans une activité qui ne laisse aucun doute. Je laisse partir son partenaire et je m'approche. Il ne me reconnaît pas, je crois que c'est à cause de mon bonnet. J'engage caresses et conversation. Je lui glisse : " faudrait pas se faire pécho par la patrouille...je les vois de temps en temps  -- pas de danger ils sont pas là pour verbaliser les PD. D'ailleurs si tu veux savoir, je suis gendarme. Je travaille à l'unité de....xxx -- ok ok, ben t'as pas peur, toi !  -- si t'as un pb ici , viens me voir à la brigade je m'appelle Eric."

Je lui montre le gros gode que j'ai avec moi sur la drague :  " regarde!  -- ah oui, il est beau. (Il baisse mon survêt.) je vais te le mettre..." J'ai pas vu sa queue quand il était avec l'autre, mais il ne doit plus avoir de jus ! Et puis ça nous amuse à tous les deux.

Pourquoi on s'est pas identifiés comme voisins, je ne sais pas...

Deux coups discrets à la porte. Il ouvrit, me sourit, il était en survêt d’uniforme.

— Vous vous trompez de porte,  me dit-il. ou alors je peux vous être utile.

Il ajoute : --Ah, oui!!!!!! Là il m'a reconnu en tant que compagnon de drague.

— Non, je frappe à la bonne porte, je ne suis ni veuve, ni orphelin, dis-je en riant mais j’ai besoin d’aide! Vous êtes seul ce soir, moi aussi; nous pourrions allier nos solitudes!

— Et comment? me dit-il souriant d'un air entendu.

— Comme ça! et je lui mis directement la main au paquet et plaquai ma bouche sur la sienne.

Ses lèvres s’ouvrirent, sa langue chercha la mienne, violenta ma bouche et se noua à ma langue. Mes mains eurent vite fait de baisser la culotte du survêt. En-dessous, un slip tendu sur une virilité qui commençait à témoigner de l’agitation de mon gendarme. Il relâcha ma bouche:

— Tu vas vite en besogne!

— Droit au but, et dis donc, tu as un sacré calibre!

Mes mains caressèrent sa poitrine sous le tee-shirt, pectoraux durs et velus, tétins en érection. Le mec bandant en diable; nom de dieu, pourquoi avoir attendu si longtemps? En un rien de temps, je fus déshabillé:

— Fais-moi ce que tu fais au jeune gendarme qui vient te voir!

— Tu veux?

UN SCENARIO DE FOLIE 

Il enfila un short noir qui se distendait sous le poids de la verge. Pudiquement, il s’était retourné pour échanger slip contre short !!! Quand il leva les jambes, je pus voir sa raie velue et ses fesses poilues. Sur le short il plaça son ceinturon et son revolver. Il mit son képi et chaussa ses bottes. Puis il me fit tendre les poignets et me passa des menottes:

— À genoux! Caresse-moi!

Difficile de caresser avec les deux mains jointes, mais j’y suis arrivé, et ma bouche s’écrasa sur le tissu, cherchant à travers le volume de la verge tandis que mes poings joints essayaient de saisir les couilles.

— Bien! Tu es doué! Tu es mon prisonnier et tu vas subir mes derniers outrages. Tu l’as voulu! Relève-toi et passe tes bras au-dessus de ma tête!

Nous étions maintenant prisonniers l’un de l’autre et nos langues se nouèrent à nouveau. Lui, il promenait ses mains sur mes fesses, soupesant mes couilles, me branlant le manche. Il se glissa le long de mon corps, se libéra de mon étreinte. Au passage, il goba mon gland, massa mes couilles. Puis il me fit mettre à genoux, à quatre pattes sur le lit. Je ne pouvais rien voir; il me fit écarter légèrement les jambes, et un doigt bien graissé s’enfonça dans mon anus après l’avoir bien huilé.

— Coupable d’indiscrétion, tu seras puni du supplice du pal!

Et d’une seule poussée, il enfonça son énorme mandrin en moi. Je l'avais voulu! J’ai serré les dents, mais il resta quelques instants sans bouger pour que je m’habitue à ce corps intrus. J’étais dilaté, plein de lui. Il commença son va-et-vient et ne fut pas long à s’écrouler sur mon dos, tandis qu’il me giclait dans les entrailles des coulées de sperme chaud. Il se retira et j’eus la sensation d’être béant, défoncé que j’étais de cette énorme trique! Il me libéra des menottes, tomba sur le lit à la renverse et me dit:

— Régale-toi!

Il ne fallait pas me le dire deux fois. Je me suis mis à cheval sur lui, et j’ai promené ma verge durcie sur ses lèvres qu’il écarta pour sucer mon gland; sa langue titilla le frein, puis je suis descendu le long de son corps. Ma verge caressa les tétins durcis, essaya de forer le nombril velu, puis descendit chercher sa soeur jumelle qui dormait, repue, alanguie, mais encore grosse sur les testicules. J’ai glissé mon sexe sous ses couilles, entre ses cuisses serrées, je me suis écrasé sur lui. J’ai pris sa bouche et j’ai commencé à le pilonner. Je sentis alors durcir sa bite contre mon ventre. Le gaillard était prêt à reprendre le combat.

Je me suis placé en soixante-neuf. Il emboucha ma trompette, tandis qu’en deux branlettes, il avait retrouvé vigueur et le chemin de ma bouche distendue sur l’engin. Je sentis le gratouillis de la moustache sur mon gland, puis il se mit à me pomper consciencieusement. Je lui rendis la pareille. Emoustillé comme je l’étais par ce gros engin qui me comblait, les grosses couilles gonflées de jus que je malaxais, je partis assez vite. Il recracha mon jus et me branlai encore un peu.

Il fut plus long à venir, mais il fut abondant, en dépit de ce dont il m’avait farci auparavant. Coulées de crème onctueuses et tièdes que j'ai avalées avec ferveur. Je suis remonté vers lui et, dans un baiser, je lui ai redonné son foutre à déguster. Là, ma langue nouée à la sienne, empêcha qu’il ne le recrache. Nous nous sommes écroulés, vidés. À l’oreille, je lui ai glissé:

— Tu sais, quand tu veux, tu n’as qu’à faire signe, je me rendrai à toute convocation! dis-je avec un clin d'oeil !

Il sourit et je rajoutai:

— Sacré gaillard qu’un gendarme comme toi! Toujours au garde-à-vous!

Il répondit:

— La prochaine fois, je te promets du sport!

Le pacte entre voisins était scellé. Quel bonheur d'habiter près d'un gendarme : je me sens protégé et comblé". ¤

Tony

merci de ta contribution Tony. Bon WE

 

 

 

Par tony - Publié dans : SUR LE VIF - CONTEURS- RECITS-REPORTAGES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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Jeudi 5 décembre 4 05 /12 /Déc 01:42

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RECITS REELS & INIT...

  

   

Michel: — Rendez-le moi... dites-moi où il est. J’y cours immédiatement... Il faut que je le voie, que je le touche, que je lui explique. Il me pardonnera. Grâce à vous, tout peut-être possible

Jérôme regarde ce garçon dont le désespoir fait peine à voir. Il a une dernière hésitation. A-t-il le droit de favoriser des amours qui ne sont guère de son goût? Et puis merde! Qu’en a-t-il à foutre de leurs histoires de cul s’ils sont heureux comme ça? Il finit par sourire:

 

La forte déprime d'Aurélien le pousse à s'exiler en province.

Les draps sont glacials. Malgré mon pyjama, je grelotte sous ma couverture. Certes, la mauvaise saison approche mais le fond de l’air est encore doux. Alors, est-ce le froid ou bien mes nerfs à fleur de peau? Je ne sais plus très bien. L’inconfort me jette hors de mon lit. Une couette moelleuse me réchauffera. Je rallume ma lampe de chevet. Je suis devant l’armoire, je vais l’ouvrir... La sonnerie de l’entrée laisse mon geste en suspens...

Bien sûr à suivre... qui frappe à la porte à 21h 30 ?

 

suite :

Surpris, je regarde l’heure. Vingt et une heure trente! Qui peut venir à cette heure là? Jérôme? Un voisin qui a vu mon retour? Un deuxième coup de sonnette met fin à mes interrogations. Je crie:

— Une seconde, j’arrive!

À la hâte, j’enfile une robe de chambre pour être présentable. Je suis dans l’entrée quand une troisième sonnerie agace mes oreilles. La porte, est devant moi.

— Qui est là?

Sans même attendre la réponse, je fais tourner la clé et j’ouvre.

Je distingue mal la forme qui se tient devant moi, dans l’obscurité. Ai-je seulement besoin d’y voir clair? C’est tout mon être qui a deviné et qui se noie dans le plus grand désordre. Je veux parler mais rien ne vient. Je sens que je tremble... je tremble sans pouvoir me dominer. J’ai chaud, j’ai froid, mon cœur s’emballe et quelque chose me broie la gorge. Ma bouche est sèche comme un désert. Malgré des efforts désespérés ma vue se brouille. Michel, avec Ronan dans les bras, se tient sur le perron. Sa voix n’est qu’un souffle:

— Aurélien... je peux entrer?

Incapable de bouger, j’entends qu’il ajoute:

— Tu... tu ne veux pas nous recevoir?

Dans un état second, je m’efface pour le laisser passer. Je referme derrière lui et m’adosse à la porte pour ne pas tomber. Tout se bouscule dans ma tête: Pourquoi est-il là? Que me veut-il? Ses adieux étaient définitifs... Vais-je encore subir sa cruauté? Je ne peux y croire... Je les regarde comme des apparitions. Alors, je pousse un cri. En pleine lumière, Ronan, contre son père, est apathique, pâle et maigre à faire peur. D’un coup, l’énergie me revient avec la parole.

— Bébé! Il est malade?

— Non, Aurélien... il est comme moi... il meurt de toi.

Je ne l’entends pas. Je tends les bras vers l’enfant. Je ne le lui prends pas, je le lui arrache. Dès que je le tiens, c’est comme si j’étais ivre. Je divague, je dis des mots sans suite entremêlés de rires et de pleurs. Son doux murmure à mes oreilles me transporte.

— Tonton Rélien... bisou tonton Rélien...

— Oh! Mon chéri, mon doux amour... Je vais te faire manger... Je vais te faire revivre.

— Aurélien! Il faut que je te parle.

— Tais-toi, Michel... j’ai trop peur de ce que tu vas dire... Je veux savourer ce moment... Je vous ai retrouvé, j’ai retrouvé ton fils, même si c’est pour quelques minutes... Après... après tu pourras encore me faire souffrir.

— Je ne veux plus te faire de mal... plus jamais... J’ai souffert autant que toi. Si tu savais combien j’ai regretté mon coup de folie...

J’ai le réflexe d’une vipère.

— Ça n’a pas marché avec ta chère collègue de bureau?

— Aurélien... je... je t’ai menti... Elle n’a jamais existé.

— QUOI!?

— Oui, j’ai menti. J’ai menti parce que je ne supportais plus de te voir tous les jours, de t’avoir à mes côtés. Je ne supportais plus de ne pas pouvoir te prendre dans mes bras, de te serrer contre moi, de... de ne pas te faire l’amour... Alors j’ai craqué... Je n’ai eu d’autre solution que la fuite... Ne plus te voir pour ne pas devenir fou... Loin de toi, j’ai quand même sombré dans la folie et j’ai mis en danger la santé de Ronan. Je t’aime, Aurélien... je t’aime comme un fou.

Le sol s’entrouvre sous mes pieds. J’ai dû mal entendre.

— Mon Dieu! Michel... c’est... c’est impossible... Je n’ai rien vu, rien compris. Il fallait me le dire!

— Tu crois que c’est facile, pour un homme, de dire à un autre homme qu’il l’aime? As-tu osé m’avouer que tu m’aimais?

— Je... je ne pouvais pas deviner. Tu avais été marié... Tu avais un fils...

— C’est venu doucement. Il a fallu du temps avant que je m’en aperçoive. Le soir, il me tardait de rentrer pour être auprès de toi... je ne comprenais pas... J’étais bien quand tu étais là. Un jour... tu donnais son repas à bébé... je te regardais... Je me souviens, par la fenêtre, le soleil éclairait tes cheveux. Ils flamboyaient... À cet instant, il y a eu quelque chose... Je t’ai désiré avec violence... comme cela ne m’était jamais arrivé. J’ai su que j’étais tombé amoureux. J’ai d’abord voulu lutter. Tu sais... les tabous que tu as en toi, que l’on t’inculque. Ça n’a servi à rien. Plus je me raisonnais, plus je rêvais de toi. J’ai essayé dix fois, j’ai essayé cent fois de te le faire comprendre. Tu as toujours rejeté mes timides avances. Tu n’en avais que pour Ronan. Moi, toutes les nuits, je devenais fou de savoir que tu étais dans ta chambre... tout près de moi et que je ne pouvais pas mordre dans le fruit défendu.

Heureusement, le canapé est là pour me recevoir. Je crois vivre un rêve. Ce rêve tant attendu, tant espéré! Il poursuit:

— Le premier soir de nos vacances, à l’hôtel... j’étais certain que nous allions partager le même lit et que... enfin, à la faveur de l’obscurité... Tu as pris Ronan avec toi... Là, j’ai craqué et j’ai été odieux.

Je baisse la tête pour qu’il ne voie plus mes larmes.

— Michel... c’est horrible... que de malentendus, que de temps perdu, que de souffrances inutiles. Il faut que tu saches ce que je n’ai jamais osé te dire... Je t’aime, Michel... Je t’ai aimé dès le premier instant... dès le premier soir où tu m’as aidé... au milieu de la circulation. C’était de la folie. Tu n’étais qu’un inconnu croisé par hasard. Pourtant, j’ai tout fait pour te retrouver... Après, j’ai encore tout fait pour que tu viennes vivre ici. De peur de te perdre, je ne pouvais pas t’avouer que je ne concevais plus la vie sans toi. Quand tu es parti, j’ai cru sombrer dans la folie. Avec l’aide d’un ami, je suis parti très loin, pour tenter de t’oublier... toi et Ronan.

— Je sais que tu m’aimes, Aurélien. Aujourd’hui, je le sais. Je vais tout t’expliquer. Mais avant...

Il s’agenouille devant moi, prend ma tête entre ses mains, approche son visage. Bébé, contre moi, ne me sert plus de rempart. Ma voix tremble:

— Mi...Michel... j’ai peur que ce... Mi...

Sa bouche est sur la mienne. C’est doux comme du velours. Sa langue a le goût du ciel. Je chavire en fermant les yeux, quand son baiser devient plus profond, impérieux. Nous nous cherchons et nous nous trouvons avec délice. Je ne croyais pas à l’extase, je la découvre. Mon cœur va éclater. Maintenant, je peux mourir. Le temps n’existe plus. Tout est aboli. Je ne suis plus qu’amour. Il frémit de désir, je suis au paradis. Mon gémissement de bonheur monte entre nos lèvres...

— Tonton Rélien, bobo?

L’atterrissage est brutal. Sacré petit démon! Nos bouches se détachent. Je me mets à rire nerveusement en essuyant mes larmes d’un revers de manche.

— Oh! Non mon chéri. Tonton n’a jamais été aussi heureux.

Michel reste à mes genoux, y pose sa tête. D’une main, je tiens Ronan, l’autre retrouve le contact de ses cheveux. La suite de sa confession achève de m’éclairer:

— Deux semaine après ma connerie, Ronan ne cessait de te réclamer. Moi, je n’en pouvais plus de ne plus te voir. J’étais prêt à revenir, me faire pardonner... vivre à nouveau à tes côtés, t’avoir seulement près de moi... comme avant. J’ai essayé de te téléphoner, dix fois, cent fois... le jour, la nuit. Personne ne répondait. Je suis venu à maintes reprises, la maison était vide. J’étais perdu, fou d’inquiétude. je ne savais plus quoi faire. Les semaines ont passé, interminables. Et puis, avant-hier, tout à coup, l’idée m’est venue d’aller à ton bureau. Tu m’en avais parlé maintes fois... La démarche n’était pas facile. Il fallait oser. C’était ma seule chance de te retrouver... J’ai osé. Jérôme est vraiment un chic type...

— Tu as vu Jérôme?

— Oui, à vrai dire, il a été surpris... Une jeune femme charmante m’a introduit...

— Jérôme... Un monsieur Furet est là, dans mon bureau. Il sollicite un entretien, il dit que c’est urgent.

— Furet? Je ne connais pas, que veux-t-il?

— Il prétend que c’est personnel.

— Encore un de ces représentants... Dis que je suis absent.

— Je crois que tu te trompes. Il vient les mains vides et semble très abattu.

— Je n’ai pas que ça à faire... Bien... Fais-le entrer.

Jérôme regarde l’inconnu qui pénètre dans la pièce. Il a un geste machinal en direction d’un siège pour inviter le visiteur à s’asseoir.

— Vous désirez, monsieur?

— Je vous prie d’excuser mon intrusion. Je vais m’efforcer d’être le plus bref possible. Vous ne me connaissez pas. Je me nomme Michel Furet.

— Effectivement, votre nom ne me dit rien.

— Ma démarche est délicate. Je... Je veux savoir où pouvoir joindre Aurélien. Vous seul...

— Aurélien? Bon Dieu! Vous êtes Michel... le père de Ronan!

— Oui, c’est bien moi....

Jérôme se raidit. Que lui veut cet homme? Il a suffisamment causé de dégâts comme ça... Il laisse tomber d’un ton froid:

— Je suis navré, monsieur, je ne peux rien pour vous. J’ai mis Aurélien à l’abri... Il se remet lentement de... de votre décision.

— Je vous en prie... Essayez de me comprendre! Je veux le revoir... J’ai besoin de le revoir!...

— Il a suffisamment souffert à cause de vous. Aurélien est un ami pour lequel j’ai beaucoup d’estime. Je ne souhaite pas qu’il en arrive à faire une bêtise si vous vous obstinez à souffler le chaud et le froid.

— Je n’aurais jamais dû lui arracher mon fils. Il s’y était trop attaché. Ronan souffre de son absence. Il réclame Aurélien... Je ne veux pas qu’il tombe malade. Je suis prêt à ce qu’il continue à s’en occuper.

Jérôme sent la colère qui monte. Ce type se fout de sa gueule! C’est le roi des crétins, ou quoi? Il est grand temps de lui ouvrir les yeux. Après, il fichera définitivement la paix à Aurélien.

— Votre fils! Bien sûr qu’il aime Ronan. Mais il faut croire que vous êtes aveugle. Vous ne vous êtes même pas aperçu qu’avant le fils, il aime surtout son père? Pauvre imbécile! Il vous aime, et cet amour le ronge! C’est pour cette raison qu’il ne faut pas qu’il vous revoie. J’essaie de le guérir et vous allez me faire le plaisir de lui foutre la paix!

Michel vient d’être frappé par la foudre. C’est la statue vivante de la stupéfaction. Les mots se traînent avant de parvenir à son cerveau. Quand il réalise, c’est la révélation... la révolte.

— Jamais! Vous m’entendez, jamais! Peu m’importe ce que vous en pensez. Je l’aime aussi, pouvez-vous comprendre ça? Je l’aime à en crever! Depuis qu’il n’est plus là, ma vie est un enfer. Si Ronan a besoin de lui, il m’est encore plus indispensable.

La réponse arrive, tel un coup de fouet:

— Vous avez eu une drôle de façon de lui prouver votre soi-disant affection, en claquant la porte en quelques minutes, sans vous soucier, le moins du monde, du mal que vous faisiez en lui enlevant, non seulement votre enfant, mais aussi votre présence.

Au diable la pudeur! Seul Jérôme, derrière son bureau, sait où se trouve Aurélien. S’il faut supplier, il suppliera. La voix de Michel monte d’un ton:

— Je pensais n’être rien pour lui, que seul Ronan comptait. Je ne supportais plus de l’avoir à mon côté, tous les jours, toutes les nuits, comme un fruit défendu... une perpétuelle tentation... Je n’osais rien lui dire de peur qu’il me rejette. Bon dieu! Est-ce que vous pouvez comprendre ça!

Jérôme accuse le choc. Le malentendu qui, depuis deux mois, sépare les deux hommes lui apparaît soudainement. Ils s’aiment et aucun des deux n’a voulu en faire l’aveu de crainte... Il répond comme en se parlant à lui-même:

— Et Aurélien n’osait pas... pour la même raison.

— Rendez-le moi... dites-moi où il est. J’y cours immédiatement... Il faut que je le voie, que je le touche, que je lui explique. Il me pardonnera. Grâce à vous, tout peut-être possible

Jérôme regarde ce garçon dont le désespoir fait peine à voir. Il a une dernière hésitation. A-t-il le droit de favoriser des amours qui ne sont guère de son goût? Et puis merde! Qu’en a-t-il à foutre de leurs histoires de cul s’ils sont heureux comme ça? Il finit par sourire:

— Michel, j’ai une idée. Inutile de vous en donner les détails... J’ai envoyé Aurélien à l’autre bout du pays. Je vais prétexter une affaire urgente pour qu'il revienne. Demain soir, allez chez lui... assez tard. Laissons lui le temps de faire le trajet. Faites-moi confiance, vous le reverrez.

— Voilà, tu sais tout... Je suis venu, tremblant à l’idée de te retrouver, n’arrivant toujours pas à croire que toi aussi...

— Je t’aime, Michel, si tu savais combien je t’aime.

— Z’ai faim, tonton.

Sur mes genoux, Michel a un sanglot.

— Mon amour ne pleure pas, je vais craquer aussi.

— Depuis deux mois, c’est la première fois qu’il réclame à manger, je devais le forcer.

— Viens avec moi. Nous allons nous en occuper. J’ai des potages conditionnés, je vais rajouter des vermicelles et puis je dois trouver...

— C’est merveilleux de te retrouver sans que tu aies changé.

— Oh! Oui, j’ai changé. Je retrouve mon fils mais j’ai gagné son père. Serre-moi contre toi pendant que je prépare le repas.

Ronan dévore. Cuillère après cuillère, il avale tout ce que je lui présente. Dans le même temps, les baisers de Michel, partout, dans mon cou, sur mes épaules, me donnent la fièvre. Avec la dextérité d’une longue habitude retrouvée, j’essuie la bouche de bébé. Je bute un peu sur mes mots:

— Michel... vous restez ici, ce soir?

— Nous ne voulons plus repartir, nos affaires sont dans la voiture.

— Tu as un sacré toupet! Si je t’avais dit non?

— Je savais qu’il n’y avait aucun risque.

— Prétentieux!

Nous éclatons de rire.

Je couche Ronan avec amour. Pendant ce temps, Michel fait son déménagement. Je l’entends siffler gaiement dans le couloir, à chaque voyage. J’ai le cœur qui bat la chamade en même temps qu’une grande paix m’envahit. Le bateau ivre a enfin touché le port. Quand il en a terminé, il me rejoint. Planté devant moi, son regard devient grave. Je m’approche. Il m’enferme dans ses bras. À nouveau ses lèvres sur les miennes. Mes jambes ne me portent plus. Je sens son désir de moi. Il me porte presque jusqu’à mon lit. Il souffle à mon oreille:

— Désormais, une chambre nous suffira.

Il est déjà sur moi. Sa chaleur m’enveloppe. Je ferme les yeux quand il s’égare sur mon cou. Tout est accompli.

  

 

 

 

darrencrissloveexplosion: “Same sex parenthood doesn’t happen accidentally. You really have to want it.” -Neil Patrick Harris

et mes bisous à moi avec...

claudio

 

 

 

 

Par claudio - Publié dans : SUR LE VIF - CONTEURS- RECITS-REPORTAGES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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Lundi 2 décembre 1 02 /12 /Déc 17:55

  

« Cette histoire vraie nous met en scène un ami aîné et moi. Il m'a fait profiter d'une expérience qu'il avait sans doute vécue auparavant avec d'autres. J'ai, à partir de là, fait des pas de géant en matière de sexe. Je ne peux que l'en remercier et le bénir.» Romain

 

 

 

Quoi de plus normal qu'une partie de Monopoly...

Mon voisin de quatre ans plus âgé  m'attendait en éclaireur : intentionnellement t-shirt et short pour l'accueil... À travers son short, je devinais un sexe flottant librement , sans apprêt.

A chaque jeu de "mono", mes yeux se rivaient sur le corps de Gérard. J'étais toujours attiré par la puissance de ses cuisses, de son corps, par la forme de son sexe que je devinais nu sous son short. Lui, le sexe déjà formé, moi, encore innocent... Il savait, dès l'accueil, Il savait, déjà et en douceur me créer des désirs, faire glisser avec nonchalance, sa main le long de son sexe... Son savoir faire me subjuguait tout autant.

Ce jour-là, il eut le doigté pour m'amener progressivement à ses desirs érotiques... Un premier toucher du sexe à travers un jeans, comme si nos deux poignées de mains, en se disjoignant, avaient glissé sans y prendre garde le long de son tronc... Les premières caresses aussi... d'un sexe chaud, à demi bandé, moulé dans son short de toile bleue... Les premières caresses donc... J'appris "crescendo" à découvrir l'anatomie de l'autre...

Installés dans sa chambre, entre deux jetés de dés et en bon initiateur qu'il était, il m'apprit donc à caresser son sexe, à le faire bander... Toujours sous son short de toile bleue... Lorsque sa verge commençait enfin à se tendre, à durcir, à bander... Son short retiré, j'appris à le caresser, à le prendre à pleine main, à le masturber... jusqu'à l'éjaculation finale... Au fil des parties , nous changeâmes nos habitudes: ils nous arrivait, Gérard et moi, de prendre la route à vélo, de nous arrêter sous un arbre. Commençaient alors de nouvelles caresses... de nouvelles masturbations jusqu'à l'éjaculation...  .

Jusqu'au jour où mes parents durent s'absenter et partir précipitamment... Pour mes parents, il était hors de question de nous faire manquer le lycée... Casse-tête chinois... Les parents de Gérard rassurèrent les miens en leur proposant, pour ne pas nous laisser seuls, que leur fils partage et couche dans notre chambre. C'est cette solution qui fut adoptée, et ce pour 3 nuits durant. Je m'en souviens comme si c'était hier... C'était cousu de fil blanc...

Après le dîner pris, nous rejoignîmes notre chambre pour y passer la nuit, chacun de nous étant sensé apprendre ou réviser ses leçons pour le lendemain.   Chacun se coucha dans son propre lit (le troisième étant celui du dernier frère de 7 ans mon cadet qui accompagnait mes parents).   Gérard, étendu sur les draps commença à caresser son sexe par dessus le drap. Premieres envies... Premier apprentissage... Envie de toucher son sexe... Envie de le caresser, de le masturber...

Oui, c'est bien ça, j'étais partagé entre le besoin de dormir et le "besoin", l'envie de caresser sa verge car il y avait 2 mois au moins que nous avions cessé ce genre de pratique. Envie d'aller plus avant mais avec mon "tuteur"... Première peur, première panique...Je me sentais "rougir"... Que n'est-on pas gauche la première fois...

J'étais à nouveau tenaillé par la peur malgré l'absence de mes parents. Cette peur qui nous envahit lorsque qu'on pense faire mal... Gérard sut me rassurer et, en douceur, car il avait l'art d'être maître en la matière, il sut s'approcher de moi pour, sans précipitation aucune, m'amener vers lui. Il se leva de son lit et vint s'asseoir sur le mien... Mon coeur, je m'en souviens, battait fortement... Sa main se posa sur mes épaules... pour descendre avec douceur le long de mon corps. Sa main se posa sur ma main... Sa main accompagna ma main... pour se poser sur sa verge... Verge en érection... verge arrogante...

Beaucoup de caresses, beaucoup de câlins... Dans le cou, sur la poitrine, sur mes petits seins... Il sut me prendre la main pour la poser sur sa verge. Une verge se redressant peu à peu au contact de ma main... Plus en confiance, j'appris à découvrir avec délice la chaleur de sa tige. J'étais comme hypnotisé. Je sentais la chaleur monter le long de mon corps, de ma tête. Déshabillage en douceur: bouton après bouton pour le haut du pyjama, le pantalon suivant de près irrémédiablement. Ses mains couraient, glissaient, effleuraient ma poitrine puis descendaient jusqu'à la fente de mes fesses. Il se penchait sur moi et, tout en continuant de me caresser, m'embrassait: quelle maladresse, quelle gaucherie de ma part, j'avais gardé les dents serrées...

C'est lui qui m'expliqua comment je devais faire pour embrasser... Il baisait d'abord mon front puis mon nez. Il chatouillait le creux de mes oreilles, sortant et entrant sa langue rapidement. Il descendait, toujours avec sa langue, jusqu'à mes lèvres. Mes yeux étaient rivés sur sa langue qui battait à toute vitesse ses lèvres de droite à gauche et de haut en bas. Il me léchait les lèvres puis les enfonçait d'un seul coup, sa langue s'engouffra dans ma bouche que j'avais entrouverte: "il me roulait un patin" comme il me dit si bien.

Je faisais mes classes dans tous les sens du terme. Il se redressait ensuite puis se repenchait de tout son corps sur le mien après m'avoir retourné sur le ventre. Il m'entourait avec toute la chaleur de son corps, frottant son sexe contre mes fesses. Nous avions le temps... Il savait qu'il me conduisait à ma première fois... Il ne voulait pas brusquer les choses... Avec sa langue, il léchait rapidement les points situés du haut de la nuque jusqu'à l'anus: je découvrais... j'apprenais les jeux de l'amour. À certains moments, sa verge glissait entre mes jambeset sous mes bourses. Sensation de chaud, sensation de douceur, sensation sublime: aujourd'hui encore, je succombe à ce genre de caresse qui me laisse sans volonté de résistance tant le désir s'empare totalement de ma personne. Sensation divine pour moi. Parfois, il se redressait pour se retrouver assis à genoux entre mes jambes.

Il replongeait ensuite de tout son corps sur ma jeune peau...  Avide de sensations nouvelles  j'eusse souhaité que cela ne se terminât jamais.  Me retournant parfois, je le voyais se masturber au dessus de mes fesses, salivant de ci, de là sur le gland de son sexe... De temps à autre, il enfonçait son index dans le trou de mes fesses, me masturbait... pour m'aider à me décontracter.  Je ne savais pas s'il irait plus loin, mais vint alors la seconde partie des opérations : le dépucelage... Je sentis couler le long de mes fesses sa salive chaude et gluante qu'il guidait de son index. Lubrification de l'entrée de l'anus... Salive, encore de la salive encore au dessus de mes fesses. Il se coucha sur moi, sexe en avant... Il fit glisser entre mes globes son sexe bandé au maximum : quelle chaleur mon Dieu ! 

Son sexe chaud et doux à la fois glissait délicatement entre la fente de mes fesses, dérapant parfois entre mes cuisses... Chuchotements à l'oreille...:"- tu es bien ? - gémissement mmmh. -Tu la veux ma queue, hein ? elle est douce , non ? - mmmh "  Il voulait me prendre, car il avait tellement envie de moi... Première amorce aussi, à l'aide de sa main, de la première pénétration sans succès d'ailleurs, tellement j'étais contracté... Ce n'est vraiment pas évident la première fois... Le plaisir est une chose, la douleur, car elle existe cette douleur, en est une autre. À la deuxième tentative et après une "opération salive" renouvelée, ce fut l'hymne à l'amour... Il réussit à pénétrer. Son gland seulement... Envie de dégueuler, envie qu'il cesse...et pourtant envie que ça continue...

Comprenant que je voulais tout stopper, il feignit de sortir son sexe délicatement et... d'un seul coup de rein qui me fit très mal par ailleurs, fit pénétrer sa verge d'un seul coup à l'intérieur de l'anus. Son sexe était en moi, chair dans chair. J'étais sien... Etait-ce une fin ou y avait-il une suite ?  il m'avait dépucelé... Je serrais les dents... fortement... tellement j'avais mal... Avec douceur, il me demanda de ne pas bouger... cela m'allait. Il m'expliqua alors qu'il avait été obligé d'agir ainsi car sinon je me serais contracté et ce, encore plus pendant la pénétration. Il m'embrassa la nuque, me mordillant de temps à autre les épaules, les oreilles. Immanquablement, je contractais mes fesses autour de sa verge toujours en moi, générant un plaisir certain chez mon partenaire. 

Pourtant, au fil du moment passé, ma douleur faisait place au plaisir, au plaisir d'être pénétré par l'autre, au plaisir de sentir la verge de l'Autre, au plaisir de sentir la chaleur de sa verge, événement éclatant pour mon corps et mon esprit... Avec délicatesse et avec douceur, il amorçait des allers et des retours avec ses reins. Après la douleur naissait le plaisir de cette douce et rugueuse friction... Malgré moi, je me mis "au diapason" avec son corps pour accompagner son va-et-vient en moi. Nos corps enchevêtrés battaient ensemble la mesure. C'était lui à présent qui poussait de petits cris. Je sentais son souffle chaud au creux de ma nuque. De temps à autre, son sexe jaillissait de mes fesses pour les pénétrer encore plus profondément... Douleur... plaisir... Quel délice... Ses allers et retours s'accéléraient, son souffle devenait plus puissant... Il était en sueur... j'étais en nage...

Dans un cri pas possible, il éjacula en moi... Mon premier amant... Nuit de peur... Nuit de douleur... Nuit de plaisir... Une nuit dont on se souvient. Un jour, chacun s'en est allé...

Cette histoire vraie supporterait mal de vraies illustrations
acceptez de les évoquer avec ces images complètement "fake"
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sans volonté de résistance tant le désir s'empare totalement de ma personne
  "Avide de sensations nouvelles 
 j'eusse souhaité que cela ne se terminât jamais" 
Par claudio - Publié dans : SUR LE VIF - CONTEURS- RECITS-REPORTAGES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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Vendredi 29 novembre 5 29 /11 /Nov 18:44

  J'allume la télé, tu vas voir c'est notre belle histoire 

 

Michel et Ronan, son bébé, ont accepté de rester dormir chez Aurélien

J’aime lire avant de m’endormir. Puis-je t’emprunter un livre?

— Tu es ici chez toi.

Je l’accompagne au salon. Il choisit un roman, semble tout à coup gêné.

— Bien... bonne nuit, Aurélien.

— Fais-moi plaisir, Michel, cette nuit, chez moi, n’aie que de beaux rêves.

J’ai tourné longuement dans mon lit avant que le sommeil m’emporte.

Suite :

J’ouvre les yeux. Il fait nuit. Un bruit m’a alerté. Inquiet, je tends l’oreille. Quelqu’un pleure dans la maison. Quelques secondes, le temps d’émerger tout à fait. C’est Ronan! Sans réfléchir, je saute hors de mon lit. Trois secondes plus tard, bébé est dans mes bras. J’allume une lampe de chevet. Ses joues sont couvertes de larmes. Il gémit. Mon Dieu! Il est fiévreux. Je regarde de plus près. À ses mimiques, je comprends: c’est une poussée dentaire. J’ouvre la petite bouche et commence à masser les gencives douloureuses. Ça le calme. À ce moment, Michel apparaît dans l’encadrement de la porte.

 

— Que se passe-t-il? Je l’ai entendu pleurer.

 

— Ne t’inquiète pas. Ce n’est rien. Ses dents qui le tracassent. C’est normal à son...

 

Ma voix se bloque. Michel est nu, ou presque. Il ne porte qu’un slip. La beauté de ce corps que je découvre pour la première fois me fait l’effet d’un coup de poing dans l’estomac. Je dois lutter pour que mes yeux, indiscrets, ne s’attardent sur certains détails de son anatomie. Il me contemple aussi, le regard un peu fixe Je ne suis pas plus vêtu que lui. Il faut briser le sortilège qui m’attire, avant qu’il ne soit trop tard, avant que je ne commette l’irréparable. Je ne trouve que ces pauvres mots:

 

— Retourne te coucher... je m’occupe de lui.

 

Il ne m’entend pas. Il vient vers moi. Ronan, entre lui et moi, devient un bien faible rempart. Quand il s’en approche pour l’examiner, son bras ne peut faire autrement que toucher le mien. Son épaule est contre la mienne. Le contact est trop enivrant, insupportable. J’ai comme un vertige, une faiblesse. Un gémissement m’échappe. Je me mets à trembler.

 

— Laisse, te dis-je. Je prends soin de lui. Écarte-toi, il a besoin d’air.

 

— Tu ne veux pas que je t’aide?

 

Il n’a pas reculé d’un pouce. Sa peau est trop douce. Son odeur m’enveloppe, je chavire. C’est plus que je ne peux supporter. Dans une seconde, je vais succomber et le perdre à jamais. Ma réponse qui fuse, sèche, est une réaction de défense:

 

— Si tu n’as pas confiance, reprends ton enfant. Sinon, retire-toi, tu me gênes plus qu’autre chose!

 

J’ai été trop dur. Je regrette déjà, lorsque, avec un sursaut, il s’écarte. Il y a de la peine dans son regard quand, sans dire un mot, il se retire. Il était temps. Je mets ma tête contre celle de l’enfant. Je commence à pleurer.

 

Deux heures plus tard, Ronan s’est rendormi. Je regagne ma chambre. Le sommeil ne vient pas. Je prends la mesure de ma folie. Jamais je ne pourrai retenir l’élan qui me porte vers Michel. Pourtant, si je craque, je le perds. Je ne peux pas, je ne veux pas le perdre. Je l’ai trop recherché, je l’ai trop attendu. Il faut que je le voie, qu’il soit à mes côtés. Pour ce pauvre bonheur, je dois me condamner à vivre l’enfer. J’accepte cette fatalité.

 

Au matin, mon miroir me dit que j’ai les traits tirés. La douche me relaxe un peu. J’ai à peine fini de m’habiller que Michel, le pyjama chiffonné, sort de sa chambre. Il n’a pas l’air en meilleur état que moi. Je n’ose pas lui poser la question de savoir s’il a bien dormi. Je demande simplement:

 

— Que veux-tu pour ton petit déjeuner?

 

Il marmonne:

 

— Café.

 

— Du jus d’orange? Des toasts avec du beurre et de la confiture?

 

— Café.

 

Le visage buté, il n’est guère loquace.

 

— Tu... tu me fais la tête? Pour cette nuit?

 

Il reste muet. Évidemment qu’il boude. Je panique. Il va partir, rentrer chez lui... m’abandonner. Que dire? Quoi inventer pour me faire pardonner?

 

— Michel, j’ai été brusque... j’étais si inquiet pour Ronan... essaie de comprendre. La première nuit que vous passiez à la maison...

 

— C’est quand même mon fils... J’ai le droit de m’en occuper...

 

— Je pensais bien faire, je n’avais qu’un seul souci: t’éviter d’avoir à le calmer pendant une heure ou deux. Depuis sa naissance, tu te dévoues pour lui, j’ai pensé que, pour une fois, je pouvais prendre le relais.

 

Mes arguments semblent l’ébranler. Le sourire lui revient. Ses yeux gris devinent mon inquiétude.

 

— Je suis stupide... tu fais tout pour nous faire plaisir et je te dispute. Nous ressemblons à un vieux couple.

 

Je deviens plus rouge qu’une écrevisse.

 

Le nuage est passé. Il file vers la salle de bain. Je lui prépare le petit déjeuner du siècle. De la cuisine, je l’entends chanter sous la douche. Il parlait de vieux couple... C’est merveilleux d’être un vieux couple. J’en suis certain, grâce à moi, peu à peu, il oublie ses épreuves. Tu ne t’en doutes pas, Michel, mais je vais tout faire pour les effacer complètement. Quand il revient, tout est prêt.

 

— Ma doué! Tu vas me faire grossir!

 

Sur ce, il s’empare d’un toast qu’il badigeonne d’une couche de marmelade impressionnante.

 

L’après-midi, Ronan fait sa sieste. Pour passer le temps, installés sur le canapé, nous regardons un film. Tout à coup, il s’allonge, sa tête sur mes genoux. Je suis paralysé. Pourtant, ma main ne m’obéit plus. Elle trouve ses cheveux et les caresse. Il ronronne. Cinq minutes plus tard, il s’est endormi. A-t-il seulement été conscient de l’intimité de son attitude et de la mienne? Merde! Je m’en fous, je suis heureux. Il a sommeillé deux heures. Je n’ai pas osé bouger.

 

Le soir, je retarde, le plus que je peux, l’heure de leur départ. Hélas, tous les artifices ont une fin. Sur le pas de la porte, il m’adresse un sourire radieux.

 

— Merci, Aurélien, j’ai eu deux jours formidables.

 

Et moi donc! Mais comme ils ont été courts! Le plus dur, c’est bébé qui ne veut pas me quitter. Nous promettons de nous téléphoner. Le contact n’est pas rompu.

 

Ce sacré téléphone m’attire comme un aimant. Pendant deux jours je résiste. Ne va-t-il pas penser que je cherche à m’incruster? À cette minute, je n’en peux plus. Mes doigts tremblent en appuyant sur les touches qui font son numéro.

 

— Allô, Michel... c’est Aurélien.

 

— Aurélien! J’attendais que tu m’appelles.

 

Une petite phrase et tout devient facile.

 

— Je voulais des nouvelles. Ronan, comment va-t-il?

 

— Je ne l’ai jamais vu comme ça. Il est infernal. Sa nourrice se plaint de ses caprices perpétuels. Elle menace de ne plus s’en occuper. À la maison, je ne sais plus quoi faire pour le calmer. Là, depuis une heure, je tente de le faire manger. Il ne veut rien savoir. Je suis au bord de la crise de nerf. J’ai failli t’appeler dix fois... Je crois que tu lui manques...

 

— Veux-tu que je vienne? Je peux être chez toi en moins d’un quart d’heure.

 

Il n’a pas l’ombre d’une hésitation.

 

— Je t’attends.

 

Il m’ouvre la porte et... ses bras. J’ai une hésitation puis une déception. Son étreinte est virile, amicale, sans plus. Je n’ai pas loisir de m’attarder à son contact. Un élan de pitié me jette vers Ronan. Il est presque méconnaissable. Son visage est rougi, ses petits traits tirés. De gros sanglots l’étouffent. Je m’en empare avec avidité.

 

— Oh! Mon bébé... mon bébé... c’est fini... tonton est là.

 

L’enfant referme ses petits bras autour de mon cou. Il me serre très fort. Je le couvre de baisers. Ses pleurs cessent très vite. Quelques chatouilles et il commence à rire.

 

— Mon tout petit... viens... je vais te faire manger.

 

Il ne mange pas, il dévore tout ce que je lui offre. Son père me regarde, ahuri. Ensuite, avec un gant humide, je rafraîchis son visage. La voix de Michel, dans mon dos, me fait sursauter.

 

— Aurélien, tu prends trop de place, trop vite, dans notre vie.

 

— Oh! Michel, je ne le voulais pas... pas à ce point là.

 

— Je sais. Pourtant... pardonne-moi... tu es devenu, en quelques jours, pour Ronan... la mère qui lui manque.

 

— Je... je ne pensais pas m’immiscer dans...

 

— Qui te dis que je m’en plains?

 

J’ai un sourire radieux.

 

— C’est vrai?

 

— Il faut trouver des solutions. Ronan et moi, nous ne pouvons t’envahir, t’empêcher de vivre ta liberté.

 

— Ou occuper ma solitude... Attends, je vais coucher ton fils... après nous parlerons.

 

Nous sommes tombés d’accord. Il a fallu des heures de discussions pour vaincre ses scrupules, ses réticences. Il ne voulait pas que je me sacrifie, que je bouleverse mon existence, que je renonce à ma vie privée (le ciel fasse qu’il n’en sache jamais rien), que j’aie des frais supplémentaires... Un a un, j’ai fait tomber ses arguments. J’ai lutté comme si ma vie en dépendait. C’était le cas.

 

— Michel, j’ai la chance d’avoir un métier où je peux aménager mes horaires. Je vais le faire. Je commencerai plus tôt pour être libre en début d’après-midi. Je passerai chez toi, tous les matins, pour amener Ronan chez sa nourrice. Je le prendrai vers quinze heures. Le soir, tu le récupèreras chez moi.

 

— Aurélien, je ne peux accepter ça.

 

— Tu préfères que Ronan soit malheureux?

 

— Tu pourrais t’en occuper ici, dans mon appartement.

 

— C’est trop sombre. J’ai le jardin, il en profitera.

 

— Tu... tu es prêt à faire ces sacrifices... uniquement pour lui?

 

Ma voix ne faiblit pas.

 

— Non, je le fais pour toi aussi. Après tous tes malheurs, tu as besoin de te retrouver. Tu as besoin de calme et surtout de sentir ton fils heureux. Tu m’énerves à parler de sacrifices. Si tu acceptes, j’aurai l’impression d’être enfin utile à quelque chose. Je t’ai déjà dit que j’aimais Ronan, cela devrait suffire.

 

— Aurélien, et si un jour je refaisais ma vie?

 

Là, je bute. J’ai une bouffée d’angoisse.

 

— Il... il sera temps alors de revoir notre accord.

 

Il a fini par céder à la condition de partager les frais. De joie, j’ai failli lui sauter au cou. Je me suis abstenu, je pense qu’il n’aurait compris les raisons d’un tel enthousiasme.

 

Dès le lendemain, je prends mes dispositions. Au bureau, Jérôme accepte immédiatement un aménagement d’horaire. Il tombe des nues lorsque je lui explique que c’est pour prendre soin d’un enfant mais reste discret sur mes motivations. Il s’autorise une seule réflexion:

 

— Ne m’aurais-tu pas caché que tu étais père célibataire?

 

Le soir, dans une librairie, j’achète des dizaines de livres de puériculture. Sur un poupon en celluloïd, je m’exerce à l’usage des couches-culottes. J’en use trois cartons avant de m’en sortir honorablement. La diététique de l’enfant, les soins d’hygiène corporelle m’absorbent des nuits entières. En plus, il faut que chaque soir je retrouve Michel et Ronan. Le petit diable n’accepte plus que moi pour le nourrir et le coucher.

 

Le week-end suivant, tout est fin prêt. Notre nouvelle vie peut commencer. Elle va durer trois jours, ni plus, ni moins.

 

Nous sommes mercredi soir. Fidèle à mes engagements, j’ai emmené Ronan tous les matins. À quinze heures, je l’ai récupéré chez sa nourrice. Dès ce moment, il est à moi. C’est mon bébé. Nous rions, nous jouons, jusqu’à ce que Michel arrive de son bureau. Il travaille dans une banque comme directeur d’agence. Il me confie pourvoir s’occuper plus consciencieusement de son bureau depuis que j’ai pris les choses en main. Après avoir bavardé quelques minutes, je me retire préparer le dîner pour qu’il retrouve son fils. Ce soir là, il m’avoue avoir eu une journée épuisante. Après le repas, il s’attarde. Je comprends vite qu’il n’a pas envie, Ronan sur les bras, de rentrer chez lui. Il est à table, bébé pleurniche de fatigue. Je me lève. Je vais derrière Michel, je lui dis:

 

— Laisse-moi faire... je vais te détendre.

 

J’entreprends, doucement, de masser sa nuque et ses épaules. Il n’a pas un geste de protestation, au contraire, il gémit de contentement. Je propose à voix basse:

 

— Veux-tu dormir ici? Nous pouvons coucher bébé. Regarde, il a sommeil.

 

— Je n’osais pas te le demander.

 

— Tu n’es qu’un idiot! Tu as ta chambre, il a la sienne.

 

Il se lève, me regarde. Je n’arrive pas à lire ce qu’il y a dans ses yeux. De la reconnaissance, c’est certain... mais derrière... je ne sais pas.

 

— Ronan... il faut qu’il dorme...

 

Son regard change. J’ai l’impression d’avoir rompu un charme.

 

Voilà comment, en moins de soixante-douze heures, Michel s’est installé définitivement à la maison. Mes rêves les plus fous se sont réalisés... enfin presque tous mes rêves. Peut-être un jour... lui aussi m’aimera, comprendra qu’il ne peut pas vivre sans moi. Il a gardé son appartement, c’est normal. Pourtant, l’armoire de sa chambre est pleine de ses affaires. L’eau de toilette qu’il utilise flotte dans la maison. Au fil des jours, nous prenons nos marques. Le matin, je suis le premier à utiliser la salle de bain. Quand je pars, avec Ronan, Michel dort encore. Il ne commence son travail qu’à neuf heures. Quand il s’éveille, je sais qu’il trouvera son petit déjeuner préparé, pour lui, à l’avance. Bébé s’épanouit. Je ne sais rien lui refuser. Je le couvre de cadeaux et d’amour. Michel rouspète pour la forme. Lui aussi retrouve son équilibre. Ses mauvais jours s’effacent. La joie de vivre lui revient. Peu à peu, il ramène à la maison des objets qui lui sont précieux. Chaque jour, un peu plus, chez moi devient chez lui. Inutile de nier, désormais nous vivons comme un couple avec un enfant. Il manque l’essentiel: la chaleur de son corps sur le mien.

   

 

C’est fou. Même mes relations avec le voisinage ont évolué. Je suis accepté. Lorsque j’arrive, tous les jours, dans mon quartier, Ronan dans mes bras, les voisins me saluent gentiment. Certains se précipitent pour admirer bébé. De braves mémés veulent absolument le cajoler. Je leur confie l’enfant quelques minutes. Elles ont des âmes de grand-mères. Elles suivent sa croissance, son alimentation, me submergent de conseils. Quelques unes, l’après-midi, poussent la porte de ma maison, toujours avec des friandises. Je suis fier de Ronan, je suis fier de mon fils.

 

Les semaines ont passé, les mois aussi. Il grandit mon petit monstre. Il commence à parler. Quand, la première fois, il a dit «tonton», je n’y croyais pas. J’ai pleuré de joie. Il est bien élevé mon bonhomme. Il ne veut pas faire de jaloux. Le même soir, à Michel, il a dit «papa». Nous avons ouvert une bouteille de champagne.

 

Avec l’été et les chaleurs, nous partons, tous les trois, le week-end à la campagne, loin de la pollution, soit avec ma voiture, soit avec celle de Michel. Nous déjeunons sur l’herbe. Le soir, quand nous rentrons, Ronan a de belles couleurs. Je trouve que la vie est douce, même si secrètement, je souffre.

 

La présence quotidienne de Michel à mes côtés, m’est parfois une torture. Il est le fruit défendu, à portée de ma main, que je ne peux saisir. Souvent, sans qu’il s’en doute, mon regard s’attarde à le contempler. Mon amour pour lui ne faiblit pas... Bien au contraire, il va en se fortifiant avec le temps qui passe. Il m’arrive d’oser des gestes d’intimité. Du bout des doigts, j’ébouriffe ses cheveux. Il a horreur de ça. J’éclate de rire quand il râle. Il arrive que ma main se pose sur son épaule plus longtemps qu’il n’est nécessaire. Il ne tente jamais de se dégager. Cela me rassure quand j’ai crains d’avoir été trop téméraire. Il n’est pas en reste à mon égard. Les comportement affectueux ne lui font pas défaut. J’aime, lorsque d’une façon cavalière, il passe son bras autour de mes épaules quand, le soir nous regardons un programme de télé dont je perds immédiatement le fil. Il est aveugle pour ne pas comprendre que je suis fou de lui.

   

Pourtant, pour être franc, je me pose des questions. Michel ne semble pas souffrir d’abstinence sexuelle. A-t-il des aventures occasionnelles dans la journée? Ou bien... fait-il comme moi qui, chaque nuit, avec son visage et son corps dans ma tête, me contente de plaisirs solitaires qui me laissent insatisfait?

   

Ce soir est une grande première. Nos voisins les plus proches nous ont invités à un apéritif. Lorsque l’invitation est tombée, je n’y croyais pas. Je n’étais plus le paria, la brebis galeuse du quartier. Bien sûr, bébé était de la fête, on nous avait fait comprendre que sa présence était plus que souhaitable.

 

L’accueil est chaleureux, plein de sourires et de mots aimables. D’emblée, Ronan fait l’objet de la conversation. Son babillage amuse tout le monde. Les questions pleuvent, les conseils aussi. L’alcool rend un peu euphorique. Soudain, une phrase tombe, la phrase qui tue, qui me foudroie:

 

— Nous sommes si heureux de voir votre bonheur autour de votre enfant. Je connais bien des couples normaux qui envieraient votre harmonie. Croyez-nous, votre amour nous laisse admiratifs.

 

Je deviens blême, incapable de prononcer un mot. Michel, la voix tendue, rompt le silence.

 

— On peut dire, d’une certaine façon, que nous sommes heureux. Peut-être pas de la façon dont vous l’entendez... Le plus important reste le bonheur de mon... de notre fils.

 

Je vis le reste de la rencontre comme un calvaire. Tout à coup, la conversation me paraît d’une platitude exaspérante. J’ai peur, à chaque instant qu’une nouvelle gaffe vienne ternir définitivement ma vie avec Michel. Il me tarde de partir en même temps que j’appréhende de me retrouver seul avec lui.

 

De retour à la maison, Michel reste muet. Il s’installe au salon devant la télévision. Les pensées les plus folles doivent tourner dans sa tête. Je l’évite en faisant dîner Ronan dans la cuisine, puis le porte à son père. Je retourne préparer un léger repas. Pendant que je m’occupe, les larmes que je retenais se mettent à couler silencieusement. Je pense que c’est fini, qu’après cette énorme bévue, il va me quitter pour retourner chez lui. Je vais le perdre et je vais perdre mon bébé. Deux bras entourent mes épaules. Michel pose sa tête sur mes cheveux. Je sursaute, je ne l’ai pas entendu venir.

 

— Il ne faut pas pleurer. À notre façon de vivre, tous peuvent se tromper.

 

Mes larmes deviennent des sanglots tant son étreinte est insupportablement tendre. Le pire est à venir. Son souffle sur mon cou me brûle comme s’il m’embrassait. Le frisson qui me prend fait que je lâche l’assiette que je tenais. Le bruit qu’elle fait en éclatant au sol me semble assourdissant.

 

— Les gens peuvent penser ce qu’ils veulent. Nous n’avons rien à nous reprocher. Tu ne voulais pas ça, n’est-ce pas?

 

Mentir! Il faut mentir sinon tout est fini!

 

— Non... non, je ne voulais pas... j’ai honte... pour toi... pour moi... pour Ronan.

 

Ses bras m’abandonnent brusquement. Le ton est sarcastique:

 

— Alors, tu vois, pourquoi s’en faire? Nous sommes copains... rien que copains, ça me convient très bien et toi aussi. Attends, je ramasse la casse.

 

Dans les semaines qui suivent, nous ne parlons plus de cet incident. Je m’oblige à être moins familier avec Michel. Heureusement, très vite, d’autres préoccupations nous sollicitent. Les vacances approchent. Nous avons choisi les mêmes dates pour les passer ensemble. Trois semaines entières pour nous trois, c’est presque trop beau pour être vrai. Chaque soir, nous passons des heures à élaborer des projets. Notre choix est enfin fixé. Les châteaux de la Loire et toute la région sont notre objectif. Nous partirons à la mi-septembre. Hors saison, nous trouverons facilement un hôtel à partir duquel nous pourrons randonner. Les derniers jours de travail traînent en longueur.

 

C’est le matin du départ. Tout a été prévu. Comme à l’ordinaire, notre chargement est, aux trois quarts, consacré aux besoins de Ronan. Le temps est magnifique. Paris, derrière nous, est vite oublié. La voiture roule à vive allure, au passage, nous saluons Orléans et Blois. Mon petit amour parle de mieux en mieux. Dans la voiture, il nous fait pleurer de rire avec ses inventions. Quatre heures plus tard, au terme de notre voyage, nous choisissons Langeais pour base de notre séjour. Un hôtel, agréable d’aspect, est une invitation à laquelle nous ne résistons pas. C’est à la réception que se pose un problème qui me déstabilise. Hors saison presque toutes les chambres sont disponibles. L’hôtesse qui nous accueille avec amabilité, précise:

 

— Oui, nous avons des chambres libres. Que préférez-vous? Deux chambres séparées, une chambre à deux lits?

 

Je reste stupide, incapable de répondre. Je n’avais pas pensé à ce détail. C’est Michel qui décide:

 

— Une chambre à deux lits sera fort convenable.

 

Est-il conscient que nous allons dormir dans la même pièce? Toutes les pauvres défenses que j’ai dressées entre lui et moi, vont-elles résister? Je n’ai pas fini de considérer la situation que, d’autorité, il signe le registre. La porte refermée derrière nous, il me dit avec un clin d’œil:

 

— Te rends-tu compte, la location de deux chambres nous aurait bouffé plus de la moitié de notre budget vacances.

 

Notre premier dîner, le soir, au restaurant de l’auberge qui nous accueille, est un enchantement. Des chandelles éclairent notre repas. Les clients sont rares. Une serveuse tombe amoureuse de Ronan. Péremptoire, avant même que nous ayons choisi notre menu, elle nous l’enlève pour s’en occuper. Nous voila seuls, tous les deux, face à face. Sous la lumière des bougies, le vin, dans nos verres, a une couleur fascinante. Michel prend le sien, me le tend. Le liquide vermeil semble palpiter.

 

— Bois... Je saurai toutes tes pensées.

 

L’ambiance est aux sortilèges. Je vais pour refuser. Trop tard! J’ai déjà posé mes lèvres, avalé une gorgée. Le velours moelleux coule dans ma gorge. Je m’entends répondre:

 

— Voici le mien, goûte et je saurai les tiennes.

 

Lentement, en me regardant, il porte le verre à sa bouche. Jamais, je ne l’ai vu si beau. Je suis sur un nuage. Je sens que tout dérape. Mon rire est faux lorsque je dis, après avoir bu derrière lui:

 

— Navré, mon vieux, je ne vois pas ce que tu penses.

 

— Moi non plus, c’est dommage.

 

Son visage est devenu froid, impénétrable. J’ai le sentiment d’avoir brisé quelque chose de précieux, de rare. Le repas se déroule, meublé, le plus souvent par de longs silences.

 

— Cette pintade est délicieuse.

 

Je me mords la langue, honteux d’une telle platitude. Après le dessert, l’alcool de poire, glacé, ne dégèle pas l’atmosphère. Nous récupérons Ronan, la bouche barbouillée de chocolat. Sur le chemin de l’hôtel, nous n’échangeons pas une parole.

 

Nous retrouvons la chambre. Michel va se changer dans la salle de bain. Il s’y attarde. J’entends couler la douche. Quand il en sort, son eau de toilette me chatouille agréablement les narines. Il porte un pyjama court que je ne lui connaissais pas. Je m’empresse de le remplacer sous la douche. L’eau, sur ma peau, n’apaise pas mon angoisse. Je pense à son comportement à mon égard, parfois si équivoque. Se pourrait-il? Aurélien, tu te fais des idées, tu construis des châteaux de sable. Il a été marié...

 

Lorsque je m’extrais enfin de la salle de bain, il semble m’attendre. Il a éteint le plafonnier, seules les lumières indirectes éclairent la pièce de leur teinte chaude. Ronan, sur un lit, dors déjà plus qu’à moitié. Le moment est venu d’aller se coucher. Je me sens oppressé. Michel s’avance. Il est maintenant si proche que je suis au supplice. Il a, au coin des lèvres, un tic nerveux. Incapable de penser, je ne vois que ses yeux qui semblent m’interroger. Sa voix, lointaine, me parvient:

 

— Aurélien... maintenant... que faisons-nous?

 

C’est magique. Le cœur dans la gorge, dans un état second, je fais un pas vers lui. Je ne commande plus mes gestes. Je lève une main pour la poser sur sa poitrine...

 

— Tonton Rélien, j’ai soif!

 

La bulle de douceur éclate et ça fait mal. Je viens de tomber lourdement de mon nuage rose. Un soupire m’échappe, j’allais commettre l’irréparable. À la seconde près, il était trop tard.

 

— J’arrive, mon chéri, tonton va s’occuper de toi.

 

Je rajoute à voix basse, en évitant de le regarder:

 

— Je... je prends le plus grand des deux lits, Ronan dormira avec moi. Tu seras plus tranquille.

 

Il a comme un sursaut. Le regard devient mauvais.

 

— Bien, c’est comme tu veux.

 

Il me tourne brutalement le dos. J’entends le sommier qui grince sous son poids quand je me penche sur Ronan.

 

Bébé a bu goulûment. Je me couche à mon tour, les petits bras autour de mon cou. Aussitôt, Michel éteint la lumière. Dans le noir, je murmure:

 

— Bonne nuit, Michel.

 

Il ne me répond pas. Les yeux ouverts dans la nuit, je l’entends remuer longtemps avant, qu’enfin, il s’endorme. Je pleure silencieusement. Que se serait-il passé si... Aurai-je pu affronter son mépris... peut-être sa haine? J’imagine qu’il serait parti sans plus attendre. Un frisson me saisit: je ne pourrai plus vivre sans sa présence... et celle de Ronan. La fatigue ou l’émotion ont fini par m’emporter.

 

Je suis réveillé depuis longtemps lorsque Michel ouvre l’œil à son tour. Je n’ai pas bougé, me contentant de le contempler dans son sommeil. Son premier regard est pour moi. Ce que j’y lis me fait frissonner. L’œil est froid, dur. Le temps est à l’orage. J’ose un timide bonjour; il explose. Le prétexte est futile. Il a très mal dormi, il ne veut pas rester. Les vacances ne lui conviennent plus, il aimerait rentrer. Il me prend de court, je ne m’attendais pas. Surtout ne pas pleurer, ne pas lui montrer ma faiblesse. Je soulève quelques pauvres objections.

 

— Michel, je t’en prie, pense à Ronan.

 

— Tu ne fais que penser à lui. Tu le feras tout aussi bien à Paris.

 

— Michel, nous sommes en vacances, nous pourrions en profiter.

 

— Je veux partir. Je m’emmerde déjà dans ce trou perdu. Reste si tu veux, je te laisse la voiture, je prendrai le train avec mon fils.

 

Il claque sèchement la portes des toilettes derrière lui.

 

Je n’ai plus que du sable entre les doigts. J’ai tenté, pendant plus d’une heure de vaincre son obstination. En vain, la situation m’échappe. Le regard fixé sur ses chaussures, il n’a pas voulu en démordre. Pour ne pas aggraver la tension, j’ai fini par céder.

 

Le retour sur Paris est un cauchemar. Michel ne m’adresse pas la parole. Sa conduite est brutale, plusieurs fois, nous frôlons l’accident. J’ai beau chercher, je ne comprends pas les raisons de ce brutal revirement. M’en veut-il pour l’emprise que j’ai prise sur son fils? La peur au cœur, je regarde défiler le paysage. Tout ce que j’ai bâti, patiemment, pierre après pierre, avec amour, est en train de s’effondrer, sur un coup de folie. Notre arrivée, dans la soirée, avive mes inquiétudes.

 

— Aurélien, peux-tu garder Ronan? Je passe chez moi, relever mon courrier. Je dormirai là-bas. Ah! J’ai décidé, les vacances annulées, de reprendre mon travail. Je ne te reverrai que demain soir.

 

— Michel, que se passe-t-il? Qu’as-tu à me reprocher?

 

— Il y a des moments où tu m’emmerdes à nous couver comme une vieille poule. J’ai besoin de prendre du recul pour y voir plus clair. Peux-tu comprendre ça?

 

— Non, je ne comprends pas. J’ai cru vous rendre heureux. Tu me le reproches aujourd’hui!

 

— Nous rendre heureux! Tu nous étouffes!

 

C’est trop injuste. Il va trop loin, il fait trop mal. Je sens la colère qui monte et, avec elle, les mots irréparables.

 

— Fous le camp! Michel, fous le camp! Tu réfléchis de ton côté, moi du mien. Demain soir, si tu daignes revenir, nous discuterons calmement.

 

— Dans ce cas, donne-moi mon fils. Sa place est avec son père.

 

— Ronan! Oh! Pas Ronan... laisse-le moi ce soir... demain nous prendrons les décisions.

 

La porte claque avec fureur. Michel vient de partir. Je suis au bord du gouffre. Bébé, serré contre moi, est comme la seule branche à laquelle je m’accroche. Mille questions se bousculent sous mon crâne. Je ne trouve pas une seule réponse. Malgré la force du désir qui me pousse vers Michel, j’ai résisté. Je n’ai rien laissé paraître de mes sentiments. Il avait l’air heureux de vivre à mes côtés. Alors, pourquoi? Pourquoi?

 

Ronan mange sa soupe. Il doit sentir mon désarroi. Il est moins souriant qu’à l’habitude. Je me sens incapable d’avaler quoi que ce soit. Je suis si fatigué. Au moment du coucher, je ne peux supporter la solitude de ma chambre.

 

— Viens, mon ange, ce soir tu fais dodo avec tonton.

 

Le lendemain n’en finit pas. Michel ne téléphone pas. Seul l’enfant me distrait. Plus le soir approche, plus l’angoisse monte. Il rentre plus tard qu’à l’ordinaire. Son visage est fermé. Je pose ma main sur son bras.

 

— Michel...

 

Il me repousse comme si une guêpe l’avait piqué.

 

— J’ai passé toute la journée à réfléchir à notre problème. J’ai pris ma décision. Je... je retourne chez moi... avec Ronan. Ne dis rien, tu ne me feras pas changer d’avis. Ma voiture est là. Je vais y charger nos affaires.

 

Je ne peux retenir la plainte qui monte à mes lèvres.

 

— Michel... Pourquoi?

 

— Je ne t’ai pas tout dit. Depuis quelque temps... avec une collègue de bureau... Elle et moi... Nous voulons vivre ensemble... Tu es devenu un obstacle à ma vie privée... Elle est prête à aimer Ronan...

 

Tout se met à tourner. J’ai le réflexe de saisir le dossier d’une chaise pour ne pas tomber. Je pense confusément qu’il suffit de quelques mots, d’une phrase pour tuer quelqu’un. Un autre dit à ma place:

 

— Je comprends... Je ne pouvais pas deviner... Enlève tes putains d’affaires, fais vite... Prends ton fils... Allez-vous en. J’ai... j’ai à faire dans ma chambre... débrouille-toi seul.

 

Assis sur mon lit, j’ai l’esprit vide. Je ne peux pas pleurer, le choc est trop violent. Pour l’instant, je déborde de haine. À travers la porte fermée, j’entends Michel qui s’active à faire ses bagages. Il y a des allées et venues. Il doit charger sa voiture. Puis, c’est le silence. Il doit en avoir terminé. Quelques coups, hésitants, contre ma porte.

 

— Aurélien...

 

— Fous le camp! Fous le camp, salaud!

 

Une autre voix, si douce:

 

— Ze veux tonton... tonton Rélien...

 

Plus rien. Le bruit du moteur d’une voiture qui démarre. Le cri que j’ai retenu si longtemps me déchire la gorge.

 

 

— Bon Dieu! Aurélien, qu’est-ce qu’il t’arrive? Tu es malade? Assieds-toi... explique...

 

Jérôme s’est levé, d’un bond, à mon entrée. Non seulement il ne s’attendait pas à me voir, me croyant en vacance, mais en plus, je ne dois pas être beau à voir, il est vrai. Une barbe de plusieurs jours me mange le visage. J’ai oublié le chemin de ma salle de bain. Avec mes cheveux en broussaille et mes vêtements fripés, je dois ressembler à un clochard. Voilà plus d’une semaine que je touche le fond du désespoir. Je me suis abruti d’alcool, j’ai vécu, vautré sur le tapis, refusant de m’alimenter. Aujourd’hui, je n’ai même plus de larmes. Je ne sais pas comment j’ai eu l’idée de venir me réfugier ici, près de Jérôme.

 

Prostré sur la chaise, je ne peux que répondre:

 

— Il est parti... il m’a laissé.

 

— Je ne comprends rien! Qui est parti? Qui t’a laissé?

 

— Michel... il m’a pris Ronan. Il m’a enlevé mon fils.

 

— Tu déconnes, Aurélien. Tu n’as pas d’enfant... Qui est Michel?

 

— C’est le père de Ronan.

 

— Tu... tu es certain d’avoir toute ta tête?

 

— Ronan... c’est l’enfant pour lequel je t’avais demandé un aménagement d’horaire. C’était comme mon fils... Michel, son père... vivait avec moi...

 

L’information parvient à son cerveau. Son cul retombe lourdement sur son fauteuil.

 

— Tu veux dire que... toi et lui... lui et toi... vous... vous...

 

— Non... il ne s’est rien passé mais...

 

— Mais?

 

— Je... je n’ai jamais rien dit... Je n’ai jamais eu un geste ou une parole équivoque... C’était dur... parce que je... je l’aime à en crever.

 

— Bon Dieu! Qu’est-ce que tu racontes? Je n’arrive pas à y croire. Tu... aimes un autre homme? Tu es...

 

— Je suis ce que je suis. Je sais que je ne peux pas vivre sans lui et sans son enfant. Nous avons vécu ensemble, sous mon toit pendant des mois... Il semblait heureux... Et puis, il m’a dit que je l’emmerdais, que je l’empêchais de refaire sa vie avec une de ses employées... Voilà, tu sais presque tout... Jérôme, ne me laisse pas tomber...

 

J’ai, devant moi, la statue vivante de la stupéfaction. La cigarette qu’il tenait entre ses doigts, s’échappe et tombe sur le bureau avec un petit bruit sec.

 

— Je n’ai que toi, personne d’autre...

 

Je fonds en larmes. Jérôme se lève, pose une main sur mon épaule.

 

— Tu permets que je récupère... Tu as l’art d’asséner des nouvelles qui sortent de l’ordinaire. Là, comme ça, je... je suis incapable de réfléchir. Veux-tu boire quelque chose? Moi, j’en ai besoin. J’ai de la Vodka... c’est ce qu’il nous faut.

 

Il vide son verre d’un seul trait, s’en sert un deuxième qui, tout aussi vite, suit le chemin du précédent. Au troisième, il cesse d’arpenter le bureau. Il semble avoir retrouvé un peu de sérénité.

 

— Aurélien... je veux d’abord te dire que ce que je viens d’apprendre sans ménagement, ne remet pas en cause l’amitié que je te porte. Ta vie ne regarde que toi. Ceci dit, bien sûr, que je vais t’aider. Avant toute chose, il suffit de te regarder, tu as besoin de calme et de repos. Il faut que tu changes d’air en même temps que d’idées. Rester chez toi est une folie. D’après ce que j’ai compris, tu y as trop de souvenirs. À trop les ressasser, tu risques, au mieux, la déprime, au pire, l’asile psychiatrique...

 

— Mais... s’il revenait?

 

— Non seulement t’es pédé, mais je découvre aussi que tu es con. Tu viens de te faire plaquer, sans même avoir baisé et tu voudrais qu’il regagne ton bercail alors qu’il cogite des projets de mariage... Tu rêves ou quoi! Ça y est! J’ai trouvé!

 

Surpris, je le regarde.

 

— J’ai, au fin fond du Cantal, une petite maison au bord d’un lac, perdue au bout du monde. Si j’y vais une fois tous les deux ans, c’est beaucoup. J’aime trop la pollution pour supporter l’air pur de ce trou où je me fais chier. C’est ce qu’il te faut, j’en suis sûr, dépaysement assuré. Tu vas partir là-bas.

 

— Mais, Jérôme...

 

— Je te donne trois mois pour te remettre sur pied. Hors de question que tu me reviennes la quéquète en berne. Remarque, je ne te fais pas un cadeau. Je n’ai rien d’un dame patronnesse et mon altruisme trouve vite ses limites. Tu vas peut-être te relaxer, t’aérer les neurones, mais tu vas aussi bosser. Tu emportes ton matériel et un ordinateur portable. J’attendrai régulièrement tes projets, tes plans. C’est un contrat. En cas de non respect, tu rentres immédiatement et tu te démerdes seul.

 

— Jérôme... je ne sais que dire.

 

— Ferme ta gueule, c’est ce que tu as de mieux à faire. Prépare tes affaires. Tu pars demain matin.

 

Je viens de traverser Montsalvy. J’approche du but. Une quinzaine de kilomètres plus loin, après bien des virages, juste avant Entraigues, je prends la direction du lac de La Selves. Jérôme n’a pas menti, c’est le bout du monde. Un dernier chemin - j’ai eu du mal à le trouver - aboutit à une maison. Elle est faite de bois et de grosses pierres du pays. Elle ressemble à un chalet. Je sors de la voiture. Dans le soir tombant, la beauté du paysage me coupe le souffle. D’où je suis, le terrain, en pente douce, descend jusqu’au lac qui est comme une émeraude sombre sur fond de forêts noires. Je sens la paix entrer en moi. Pourquoi faut-il qu’à cet instant, je pense: «Ronan serait si bien dans ce lieu magique»? Comme une vague, la paix s’est retirée.

 

La clé grince un peu en tournant dans la serrure. La maison n’a pas été occupée depuis longtemps. Il fait un peu frais à l’intérieur, il y flotte une odeur d’humidité. Un salon sur ma gauche, la cuisine sur ma droite. J’emprunte l’escalier, face à moi, qui mène à l’étage. J’y découvre deux chambres, une salle d’eau et des toilettes. Un balcon dessert les deux chambres. La porte-fenêtre me résiste mais je finis par en avoir raison. Dehors, le calme et la sérénité des lieux m’écrasent. Une telle beauté est inconcevable. Par contrecoup, la fatigue de la route pèse tout à coup sur mes épaules. Je n’ai même pas faim. Demain, demain il fera jour... il sera temps de vider la voiture. Dans la pièce, derrière moi, un lit me tend les bras. Je jette sur moi une couverture trouvée dans une armoire. Elle est froide, presque mouillée... m’en fous... Je sombre dans un sommeil sans rêve.

 

Où suis-je? Je ne sais pas. Il me faut un moment pour émerger et que les idées se remettent en place. Ah! Oui... hier... il s’est passé tant de choses hier. Paris, le voyage... Il faut se lever. L’effort est considérable. Dès que je suis debout, le charme des lieux opère. Il a suffi que je regarde par la fenêtre. Le matin est un enchantement. Il fait beau. C’est plein de chants d’oiseaux. Il ne m’en faut pas plus. J’ai faim. Pour la première fois depuis des jours, j’ai faim. Dans la cuisine, un sachet de thé, une boîte de lait concentré, des biscottes périmées, de la confiture indéfinissable, font un vrai festin.

 

La matinée se passe à mon installation. J’ouvre toutes grandes les fenêtres pour dissiper l’odeur de renfermé. Une des chambres me servira de bureau de travail. J’y installe mon matériel. Un semblant de chiffon de poussière, les allers retours du coffre de la voiture à la maison et l’heure de se mettre à table est déjà là. Un sandwich caoutchouteux, acheté la veille sur l’autoroute me fait faire la grimace mais calme mon appétit.

 

L’après-midi, après un saut jusqu’à Entraigues pour faire mes provisions, je perds mon temps à découvrir la région. C’est une nature sauvage que l’homme n’a pas encore souillée. Le pays est quasiment désert. Quelques campings déserts en cette saison, de minuscules villages où il doit faire bon vivre et, tout autour, du vert, encore du vert; celui des prés, celui des bois. Au bas de la maison, à l’extrémité du terrain en pente qui borde le lac, amarrée à un ponton branlant, je trouve une vieille barque qui a l’air de tenir la route. La perspective de futures promenades sur l’eau me séduit. Jérôme avait raison, s’il est un endroit susceptible de cicatriser mes blessures, c’est bien celui-là. De fait, lorsque la nuit tombe, je me surprends à constater que je n’ai pratiquement pas pensé à Michel et à Ronan.

 

J’ai organisé ma vie. Le matin, je travaille, l’après-midi est consacré aux ballades. Les environs sont totalement déserts. Je ne rencontre jamais personne. Curieusement, cette solitude totale me fait du bien. Avec les kilomètres avalés et le bon air, je retrouve mon appétit. Souvent, j’emprunte la petite embarcation. Je me laisse porter par le fil du courant. La main dans l’eau, je rêvasse, les yeux remplis de grand ciel bleu. Côté boulot, l’inspiration revient aussi. Mes dessins reprennent assurance et élégance. Jérôme est satisfait de ce que je lui transmets, via Internet. C’est vraiment un copain en or. Dans ses mails, il s’inquiète pour mon moral. Je dois lui répéter cent fois que je vais beaucoup mieux et qu’à mon retour, mon chagrin ne sera plus qu’un mauvais et lointain souvenir. Je ne sais pas comment je pourrais jamais le remercier pour sa compréhension et sa sollicitude.

 

Je n’en reviens pas. Que le temps passe vite! Déjà deux mois que je vis dans ce paradis. Je ne suis pas loin de penser que ce coin de France m’est devenu indispensable. Pourtant, au cours de mes nombreuses escapades, c’est à peine si j’ai croisé trois personnes. Des gens du cru qui m’ont témoigné un intérêt poli, sans plus et qui se sont vite détournées pour retourner à leurs occupations. La saison avance vite. Les paysages se parent des couleurs de l’automne. La nature a commencé à décliner toute la palette des ocres, des ors et des rouges. Je dois à cette féerie, chaque jour renouvelée, mon équilibre retrouvé. Certes, la cicatrice est là, mais elle ne saigne plus. J’en suis arrivé à mûrir le projet fou de demander à Jérôme s’il serait vendeur de cet éden qu’il semble délaisser. J’ai du mal à accepter qu’il ne reste que trente jours avant mon retour sur Paris.

 


 

Bientôt deux heures que je travaille sur mon ordinateur ce matin. Comme à chaque fois, j’ai un sursaut lorsque le serveur m’avertit qu’un mail vient de m’arriver. Je clique pour le lire. Sans surprise, c’est Jérôme qui se manifeste.

 

Cher Aurélien,

 

Navré pour la déception que je vais te causer. J’ai besoin de toi dans les plus brefs délais, ici à Paris. C’est urgent. Prends la voiture dès réception de ce message. Tu auras toutes les explications sur place. À demain matin.

 

Amitiés.

 

Jérôme

 

Merde! Je ne peux dissimuler ma consternation. Qu’y a-t-il de si urgent pour qu’il exige mon retour? Il aurait pu me donner un semblant d’explication. Je me précipite sur le téléphone. Ça sonne longuement. La secrétaire qui daigne enfin décrocher répond vaguement à mes questions. Je crois comprendre qu’une commande très importante vient de tomber. D’ailleurs, Jérôme vient de s’absenter pour rencontrer le maître d’œuvre. Il a prévu mon coup de fil et me fait confirmer qu’il m’attend bien demain matin. Une petite précision vient adoucir ma contrariété: je peux laisser mes affaires sur place, je les récupèrerai plus tard. Cela veut donc dire qu’après ce déplacement inattendu, je pourrai revenir. Je raccroche sans pouvoir retenir un mouvement d’humeur en pensant au long trajet qui m’attend et qui n’était pas prévu au programme de la journée.

 

Un quart d’heure plus tard, je suis dans ma voiture. Peu avant Clermont-Ferrand, je me branche sur la monotonie de l’autoroute. C’est un jour de semaine, la circulation est fluide, les kilomètres défilent rapidement, jusqu’à Paris. À dix-neuf heures, il fallait s’y attendre, je suis bloqué sur le périphérique.

 

Il est plus de vingt heures lorsque, harassé, je pousse enfin la porte de mon pavillon. Mes gestes récupèrent leurs automatismes, mes doigts trouvent l’interrupteur. Avec la lumière le décor familier me saute à la gueule. Comme une vague meurtrière, les souvenirs reviennent, intacts. Ils ne datent que d’hier. J’essaie de les chasser, rien à faire. Ils sont là, tenaces, qui s’accrochent à ma mémoire. Je ne peux pas m’en empêcher... je pousse la porte de la chambre de Ronan. Son lit est là, vide, avec ses jouets inutiles. Ça fait mal... très mal. Dans celle de Michel flotte encore le parfum de son eau de toilette. Je n’y avais plus remis les pieds depuis le jour de leur départ. Sur l’édredon, mon regard se pose sur un tee-shirt oublié. Une boule obstrue ma gorge. J’ai été con de croire, un moment, que la cicatrice était refermée. C’est toujours une plaie à vif.

 

L’esprit en déroute, de vieilles images plein la tête, je reviens vers la cuisine. Je n’ai guère faim... après tant de kilomètres, ce ne serait pas raisonnable de rester à jeun. Il faut que je me force à manger quelque chose. Évidemment, après deux mois d’absence, je n’ai rien de frais dans la maison. Je dois me rabattre sur des conserves. Dans le placard à provisions, une boîte de raviolis me saute aux yeux. Encore un souvenir qui me rattache à Michel. Je m’aperçois que je suis en larmes. Je me venge sur une boîte de sardines. Sans pain, c’est dégueulasse.

 

J’ai peur de ne pouvoir dormir. Dans le salon, il ne faut pas plus de cinq minutes pour que la télévision me fatigue. Mes pensées sont ailleurs. Je coupe l’image. Je dérive sur le jour où Michel a posé sa tête sur mes genoux, le moment où il s’est endormi tandis que je lui caressais les cheveux. Dans la cuisine, après ce stupide apéritif chez les voisins... ses bras sur mes épaules, sa tête contre la mienne... son souffle sur mon cou. Précieux et rares moments... ceux où j’étais heureux, lui à mes côtés et Ronan dans mes bras.

 

Secoue-toi, Aurélien... chasse cette déprime qui revient. Mieux vaut aller dormir. Demain, Jérôme t’attend. Plus tôt tu en auras terminé avec lui, plus vite tu pourras retourner là-bas, près de ce lac, dans ce pays perdu qui t’apporte l’oubli.

 

Les draps sont glacials. Malgré mon pyjama, je grelotte sous ma couverture. Certes, la mauvaise saison approche mais le fond de l’air est encore doux. Alors, est-ce le froid ou bien mes nerfs à fleur de peau? Je ne sais plus très bien. L’inconfort me jette hors de mon lit. Une couette moelleuse me réchauffera. Je rallume ma lampe de chevet. Je suis devant l’armoire, je vais l’ouvrir... La sonnerie de l’entrée laisse mon geste en suspens...

Bien sûr à suivre... qui  frappe à la porte à 21h 30 ?

 

Par claudio - Publié dans : SUR LE VIF - CONTEURS- RECITS-REPORTAGES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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Mardi 26 novembre 2 26 /11 /Nov 15:51

 


  Durant l'été nous allions nager en bande presque chaque jour. Nous nous y rendions pour passer l'après-midi à poil et c'est là qu'après une ou deux heures de batailles nautiques et de conneries d'ados, nous couronnions nos activités du jour par une branlette en groupe qui pouvait se métamorphoser en séance de pipes et de baise, suivant le type de participants...
"Inutile de préciser que la plupart des gars ont depuis lors choisi de s'enfermer dans un mariage hétéro, avec éducation des enfants et participation active à la vie de assos, églises et autres. Ils habitent toujours la ville où ils ont grandi.
"C'est plutôt triste. Parce que certains de ces garçons étaient si bien foutus qu'ils auraient pu devenir des superstars Bon! pas tous des superstars, mais au moins des étoiles du porno !.''
"Je me console en me disant que j'en ai croqué un morceau avant qu'ils ne s'installent dans leur vie de désespérance muette, avec une épouse et des mômes turbulents et bobos consanguins scénario classique chez nous les gays: l'histoire d'hétéros malheureux parce qu'ils sont en fait bisexuels. Il en existe, pour sûr, et ils souffrent tout en respectant leurs engagements. Mais de l'autre côté de la barrière, ils sont nombreux aussi à éprouver des regrets. Par exemple de ne pas avoir pu fonder une famille avec des enfants turbulents. Ou d'avoir raté leur carrière de superstar... Pour revenir à des souvenirs de jeunesse au bord de l'eau -- voici quelqu'un que personne ne peut renier : Charles Trenet,  PD de renom,

des "Jeunes  Années" à

"Ce soir le vent qui frappe à ma porte
Me parle des amours mortes
Devant le feu qui s' éteint
Ce soir c'est une chanson d' automne
Dans la maison qui frissonne
Et je pense aux jours lointains

{Refrain:}
Que reste-t-il de nos amours
Que reste-t-il de ces beaux jours
Une photo, vieille photo
De ma jeunesse
Que reste-t-il des billets doux
Des mois d' avril, des rendez-vous
Un souvenir qui me poursuit
Sans cesse
+
Bonheur fané, cheveux au vent
Baisers volés, rêves mouvants
Que reste-t-il de tout cela
Dites-le-moi
+
Un petit village, un vieux clocher
Un paysage si bien caché
Et dans un nuage le cher visage
De mon passé

Les mots les mots tendres qu'on murmure
Les caresses les plus pures
Les serments au fond des bois
Les fleurs qu'on retrouve dans un livre
Dont le parfum vous enivre
Se sont envolés pourquoi? "

-----------------------------------------------------------------------------------------

un avant goût du prochain article : 

Prochain article : encore BISEX !

Ça fait longtemps que tu t'astiques en nous regardant ?

Voilà c’est fait : j’ai franchi le pas. J’ai réussi à écrire un des événements majeurs de ma vie sexuelle (« Une étrange leçon»). Cela a été difficile mais combien libérateur. Je me sens enfin en mesure de raconter comment tout cela a commencé, il y a treize ans.

À l’époque, j’avais 32 ans, heureusement marié depuis 7 ans. Je ne m’étais jamais caché mon intérêt pour les garçons mais ...

 

Par claudio - Publié dans : SUR LE VIF - CONTEURS- RECITS-REPORTAGES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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