Jeudi 5 décembre 4 05 /12 /Déc 01:42

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RECITS REELS & INIT...

  

   

Michel: — Rendez-le moi... dites-moi où il est. J’y cours immédiatement... Il faut que je le voie, que je le touche, que je lui explique. Il me pardonnera. Grâce à vous, tout peut-être possible

Jérôme regarde ce garçon dont le désespoir fait peine à voir. Il a une dernière hésitation. A-t-il le droit de favoriser des amours qui ne sont guère de son goût? Et puis merde! Qu’en a-t-il à foutre de leurs histoires de cul s’ils sont heureux comme ça? Il finit par sourire:

 

La forte déprime d'Aurélien le pousse à s'exiler en province.

Les draps sont glacials. Malgré mon pyjama, je grelotte sous ma couverture. Certes, la mauvaise saison approche mais le fond de l’air est encore doux. Alors, est-ce le froid ou bien mes nerfs à fleur de peau? Je ne sais plus très bien. L’inconfort me jette hors de mon lit. Une couette moelleuse me réchauffera. Je rallume ma lampe de chevet. Je suis devant l’armoire, je vais l’ouvrir... La sonnerie de l’entrée laisse mon geste en suspens...

Bien sûr à suivre... qui frappe à la porte à 21h 30 ?

 

suite :

Surpris, je regarde l’heure. Vingt et une heure trente! Qui peut venir à cette heure là? Jérôme? Un voisin qui a vu mon retour? Un deuxième coup de sonnette met fin à mes interrogations. Je crie:

— Une seconde, j’arrive!

À la hâte, j’enfile une robe de chambre pour être présentable. Je suis dans l’entrée quand une troisième sonnerie agace mes oreilles. La porte, est devant moi.

— Qui est là?

Sans même attendre la réponse, je fais tourner la clé et j’ouvre.

Je distingue mal la forme qui se tient devant moi, dans l’obscurité. Ai-je seulement besoin d’y voir clair? C’est tout mon être qui a deviné et qui se noie dans le plus grand désordre. Je veux parler mais rien ne vient. Je sens que je tremble... je tremble sans pouvoir me dominer. J’ai chaud, j’ai froid, mon cœur s’emballe et quelque chose me broie la gorge. Ma bouche est sèche comme un désert. Malgré des efforts désespérés ma vue se brouille. Michel, avec Ronan dans les bras, se tient sur le perron. Sa voix n’est qu’un souffle:

— Aurélien... je peux entrer?

Incapable de bouger, j’entends qu’il ajoute:

— Tu... tu ne veux pas nous recevoir?

Dans un état second, je m’efface pour le laisser passer. Je referme derrière lui et m’adosse à la porte pour ne pas tomber. Tout se bouscule dans ma tête: Pourquoi est-il là? Que me veut-il? Ses adieux étaient définitifs... Vais-je encore subir sa cruauté? Je ne peux y croire... Je les regarde comme des apparitions. Alors, je pousse un cri. En pleine lumière, Ronan, contre son père, est apathique, pâle et maigre à faire peur. D’un coup, l’énergie me revient avec la parole.

— Bébé! Il est malade?

— Non, Aurélien... il est comme moi... il meurt de toi.

Je ne l’entends pas. Je tends les bras vers l’enfant. Je ne le lui prends pas, je le lui arrache. Dès que je le tiens, c’est comme si j’étais ivre. Je divague, je dis des mots sans suite entremêlés de rires et de pleurs. Son doux murmure à mes oreilles me transporte.

— Tonton Rélien... bisou tonton Rélien...

— Oh! Mon chéri, mon doux amour... Je vais te faire manger... Je vais te faire revivre.

— Aurélien! Il faut que je te parle.

— Tais-toi, Michel... j’ai trop peur de ce que tu vas dire... Je veux savourer ce moment... Je vous ai retrouvé, j’ai retrouvé ton fils, même si c’est pour quelques minutes... Après... après tu pourras encore me faire souffrir.

— Je ne veux plus te faire de mal... plus jamais... J’ai souffert autant que toi. Si tu savais combien j’ai regretté mon coup de folie...

J’ai le réflexe d’une vipère.

— Ça n’a pas marché avec ta chère collègue de bureau?

— Aurélien... je... je t’ai menti... Elle n’a jamais existé.

— QUOI!?

— Oui, j’ai menti. J’ai menti parce que je ne supportais plus de te voir tous les jours, de t’avoir à mes côtés. Je ne supportais plus de ne pas pouvoir te prendre dans mes bras, de te serrer contre moi, de... de ne pas te faire l’amour... Alors j’ai craqué... Je n’ai eu d’autre solution que la fuite... Ne plus te voir pour ne pas devenir fou... Loin de toi, j’ai quand même sombré dans la folie et j’ai mis en danger la santé de Ronan. Je t’aime, Aurélien... je t’aime comme un fou.

Le sol s’entrouvre sous mes pieds. J’ai dû mal entendre.

— Mon Dieu! Michel... c’est... c’est impossible... Je n’ai rien vu, rien compris. Il fallait me le dire!

— Tu crois que c’est facile, pour un homme, de dire à un autre homme qu’il l’aime? As-tu osé m’avouer que tu m’aimais?

— Je... je ne pouvais pas deviner. Tu avais été marié... Tu avais un fils...

— C’est venu doucement. Il a fallu du temps avant que je m’en aperçoive. Le soir, il me tardait de rentrer pour être auprès de toi... je ne comprenais pas... J’étais bien quand tu étais là. Un jour... tu donnais son repas à bébé... je te regardais... Je me souviens, par la fenêtre, le soleil éclairait tes cheveux. Ils flamboyaient... À cet instant, il y a eu quelque chose... Je t’ai désiré avec violence... comme cela ne m’était jamais arrivé. J’ai su que j’étais tombé amoureux. J’ai d’abord voulu lutter. Tu sais... les tabous que tu as en toi, que l’on t’inculque. Ça n’a servi à rien. Plus je me raisonnais, plus je rêvais de toi. J’ai essayé dix fois, j’ai essayé cent fois de te le faire comprendre. Tu as toujours rejeté mes timides avances. Tu n’en avais que pour Ronan. Moi, toutes les nuits, je devenais fou de savoir que tu étais dans ta chambre... tout près de moi et que je ne pouvais pas mordre dans le fruit défendu.

Heureusement, le canapé est là pour me recevoir. Je crois vivre un rêve. Ce rêve tant attendu, tant espéré! Il poursuit:

— Le premier soir de nos vacances, à l’hôtel... j’étais certain que nous allions partager le même lit et que... enfin, à la faveur de l’obscurité... Tu as pris Ronan avec toi... Là, j’ai craqué et j’ai été odieux.

Je baisse la tête pour qu’il ne voie plus mes larmes.

— Michel... c’est horrible... que de malentendus, que de temps perdu, que de souffrances inutiles. Il faut que tu saches ce que je n’ai jamais osé te dire... Je t’aime, Michel... Je t’ai aimé dès le premier instant... dès le premier soir où tu m’as aidé... au milieu de la circulation. C’était de la folie. Tu n’étais qu’un inconnu croisé par hasard. Pourtant, j’ai tout fait pour te retrouver... Après, j’ai encore tout fait pour que tu viennes vivre ici. De peur de te perdre, je ne pouvais pas t’avouer que je ne concevais plus la vie sans toi. Quand tu es parti, j’ai cru sombrer dans la folie. Avec l’aide d’un ami, je suis parti très loin, pour tenter de t’oublier... toi et Ronan.

— Je sais que tu m’aimes, Aurélien. Aujourd’hui, je le sais. Je vais tout t’expliquer. Mais avant...

Il s’agenouille devant moi, prend ma tête entre ses mains, approche son visage. Bébé, contre moi, ne me sert plus de rempart. Ma voix tremble:

— Mi...Michel... j’ai peur que ce... Mi...

Sa bouche est sur la mienne. C’est doux comme du velours. Sa langue a le goût du ciel. Je chavire en fermant les yeux, quand son baiser devient plus profond, impérieux. Nous nous cherchons et nous nous trouvons avec délice. Je ne croyais pas à l’extase, je la découvre. Mon cœur va éclater. Maintenant, je peux mourir. Le temps n’existe plus. Tout est aboli. Je ne suis plus qu’amour. Il frémit de désir, je suis au paradis. Mon gémissement de bonheur monte entre nos lèvres...

— Tonton Rélien, bobo?

L’atterrissage est brutal. Sacré petit démon! Nos bouches se détachent. Je me mets à rire nerveusement en essuyant mes larmes d’un revers de manche.

— Oh! Non mon chéri. Tonton n’a jamais été aussi heureux.

Michel reste à mes genoux, y pose sa tête. D’une main, je tiens Ronan, l’autre retrouve le contact de ses cheveux. La suite de sa confession achève de m’éclairer:

— Deux semaine après ma connerie, Ronan ne cessait de te réclamer. Moi, je n’en pouvais plus de ne plus te voir. J’étais prêt à revenir, me faire pardonner... vivre à nouveau à tes côtés, t’avoir seulement près de moi... comme avant. J’ai essayé de te téléphoner, dix fois, cent fois... le jour, la nuit. Personne ne répondait. Je suis venu à maintes reprises, la maison était vide. J’étais perdu, fou d’inquiétude. je ne savais plus quoi faire. Les semaines ont passé, interminables. Et puis, avant-hier, tout à coup, l’idée m’est venue d’aller à ton bureau. Tu m’en avais parlé maintes fois... La démarche n’était pas facile. Il fallait oser. C’était ma seule chance de te retrouver... J’ai osé. Jérôme est vraiment un chic type...

— Tu as vu Jérôme?

— Oui, à vrai dire, il a été surpris... Une jeune femme charmante m’a introduit...

— Jérôme... Un monsieur Furet est là, dans mon bureau. Il sollicite un entretien, il dit que c’est urgent.

— Furet? Je ne connais pas, que veux-t-il?

— Il prétend que c’est personnel.

— Encore un de ces représentants... Dis que je suis absent.

— Je crois que tu te trompes. Il vient les mains vides et semble très abattu.

— Je n’ai pas que ça à faire... Bien... Fais-le entrer.

Jérôme regarde l’inconnu qui pénètre dans la pièce. Il a un geste machinal en direction d’un siège pour inviter le visiteur à s’asseoir.

— Vous désirez, monsieur?

— Je vous prie d’excuser mon intrusion. Je vais m’efforcer d’être le plus bref possible. Vous ne me connaissez pas. Je me nomme Michel Furet.

— Effectivement, votre nom ne me dit rien.

— Ma démarche est délicate. Je... Je veux savoir où pouvoir joindre Aurélien. Vous seul...

— Aurélien? Bon Dieu! Vous êtes Michel... le père de Ronan!

— Oui, c’est bien moi....

Jérôme se raidit. Que lui veut cet homme? Il a suffisamment causé de dégâts comme ça... Il laisse tomber d’un ton froid:

— Je suis navré, monsieur, je ne peux rien pour vous. J’ai mis Aurélien à l’abri... Il se remet lentement de... de votre décision.

— Je vous en prie... Essayez de me comprendre! Je veux le revoir... J’ai besoin de le revoir!...

— Il a suffisamment souffert à cause de vous. Aurélien est un ami pour lequel j’ai beaucoup d’estime. Je ne souhaite pas qu’il en arrive à faire une bêtise si vous vous obstinez à souffler le chaud et le froid.

— Je n’aurais jamais dû lui arracher mon fils. Il s’y était trop attaché. Ronan souffre de son absence. Il réclame Aurélien... Je ne veux pas qu’il tombe malade. Je suis prêt à ce qu’il continue à s’en occuper.

Jérôme sent la colère qui monte. Ce type se fout de sa gueule! C’est le roi des crétins, ou quoi? Il est grand temps de lui ouvrir les yeux. Après, il fichera définitivement la paix à Aurélien.

— Votre fils! Bien sûr qu’il aime Ronan. Mais il faut croire que vous êtes aveugle. Vous ne vous êtes même pas aperçu qu’avant le fils, il aime surtout son père? Pauvre imbécile! Il vous aime, et cet amour le ronge! C’est pour cette raison qu’il ne faut pas qu’il vous revoie. J’essaie de le guérir et vous allez me faire le plaisir de lui foutre la paix!

Michel vient d’être frappé par la foudre. C’est la statue vivante de la stupéfaction. Les mots se traînent avant de parvenir à son cerveau. Quand il réalise, c’est la révélation... la révolte.

— Jamais! Vous m’entendez, jamais! Peu m’importe ce que vous en pensez. Je l’aime aussi, pouvez-vous comprendre ça? Je l’aime à en crever! Depuis qu’il n’est plus là, ma vie est un enfer. Si Ronan a besoin de lui, il m’est encore plus indispensable.

La réponse arrive, tel un coup de fouet:

— Vous avez eu une drôle de façon de lui prouver votre soi-disant affection, en claquant la porte en quelques minutes, sans vous soucier, le moins du monde, du mal que vous faisiez en lui enlevant, non seulement votre enfant, mais aussi votre présence.

Au diable la pudeur! Seul Jérôme, derrière son bureau, sait où se trouve Aurélien. S’il faut supplier, il suppliera. La voix de Michel monte d’un ton:

— Je pensais n’être rien pour lui, que seul Ronan comptait. Je ne supportais plus de l’avoir à mon côté, tous les jours, toutes les nuits, comme un fruit défendu... une perpétuelle tentation... Je n’osais rien lui dire de peur qu’il me rejette. Bon dieu! Est-ce que vous pouvez comprendre ça!

Jérôme accuse le choc. Le malentendu qui, depuis deux mois, sépare les deux hommes lui apparaît soudainement. Ils s’aiment et aucun des deux n’a voulu en faire l’aveu de crainte... Il répond comme en se parlant à lui-même:

— Et Aurélien n’osait pas... pour la même raison.

— Rendez-le moi... dites-moi où il est. J’y cours immédiatement... Il faut que je le voie, que je le touche, que je lui explique. Il me pardonnera. Grâce à vous, tout peut-être possible

Jérôme regarde ce garçon dont le désespoir fait peine à voir. Il a une dernière hésitation. A-t-il le droit de favoriser des amours qui ne sont guère de son goût? Et puis merde! Qu’en a-t-il à foutre de leurs histoires de cul s’ils sont heureux comme ça? Il finit par sourire:

— Michel, j’ai une idée. Inutile de vous en donner les détails... J’ai envoyé Aurélien à l’autre bout du pays. Je vais prétexter une affaire urgente pour qu'il revienne. Demain soir, allez chez lui... assez tard. Laissons lui le temps de faire le trajet. Faites-moi confiance, vous le reverrez.

— Voilà, tu sais tout... Je suis venu, tremblant à l’idée de te retrouver, n’arrivant toujours pas à croire que toi aussi...

— Je t’aime, Michel, si tu savais combien je t’aime.

— Z’ai faim, tonton.

Sur mes genoux, Michel a un sanglot.

— Mon amour ne pleure pas, je vais craquer aussi.

— Depuis deux mois, c’est la première fois qu’il réclame à manger, je devais le forcer.

— Viens avec moi. Nous allons nous en occuper. J’ai des potages conditionnés, je vais rajouter des vermicelles et puis je dois trouver...

— C’est merveilleux de te retrouver sans que tu aies changé.

— Oh! Oui, j’ai changé. Je retrouve mon fils mais j’ai gagné son père. Serre-moi contre toi pendant que je prépare le repas.

Ronan dévore. Cuillère après cuillère, il avale tout ce que je lui présente. Dans le même temps, les baisers de Michel, partout, dans mon cou, sur mes épaules, me donnent la fièvre. Avec la dextérité d’une longue habitude retrouvée, j’essuie la bouche de bébé. Je bute un peu sur mes mots:

— Michel... vous restez ici, ce soir?

— Nous ne voulons plus repartir, nos affaires sont dans la voiture.

— Tu as un sacré toupet! Si je t’avais dit non?

— Je savais qu’il n’y avait aucun risque.

— Prétentieux!

Nous éclatons de rire.

Je couche Ronan avec amour. Pendant ce temps, Michel fait son déménagement. Je l’entends siffler gaiement dans le couloir, à chaque voyage. J’ai le cœur qui bat la chamade en même temps qu’une grande paix m’envahit. Le bateau ivre a enfin touché le port. Quand il en a terminé, il me rejoint. Planté devant moi, son regard devient grave. Je m’approche. Il m’enferme dans ses bras. À nouveau ses lèvres sur les miennes. Mes jambes ne me portent plus. Je sens son désir de moi. Il me porte presque jusqu’à mon lit. Il souffle à mon oreille:

— Désormais, une chambre nous suffira.

Il est déjà sur moi. Sa chaleur m’enveloppe. Je ferme les yeux quand il s’égare sur mon cou. Tout est accompli.

  

 

 

 

darrencrissloveexplosion: “Same sex parenthood doesn’t happen accidentally. You really have to want it.” -Neil Patrick Harris

et mes bisous à moi avec...

claudio

 

 

 

 

Par claudio - Publié dans : SUR LE VIF - CONTEURS- RECITS-REPORTAGES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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