témoignages sur Doctissimo (le Forum)
les garçons aussi se font violer…
bonjour. Je suis comme vous les filles violées à la différence, je suis un garçon et je n'ai rien dit. Mais la souffrance est la même.
Ca a commencé mal, ma mère m'a eu à la suite d'un viol. Elle m'a élevé seule, mais
on la montrait du doigt, et on la jugeait. On se moquait de moi. Les enfants, parce que leurs parents parlaient de nous à table. Vous savez, tout se sait dans un petit village…J'étais renfermé,
timide, je ne me plaignais jamais quand on m'ennuyait, de peur des moqueries. J'étais souvent seul à l'école, enfant et adolescent.
Ma mère n'a jamais déménagé, même si je la suppliais de partir. Elle travaillait beaucoup pour que je ne manque de rien, mais elle n'avait pas les
moyens de partir.
Je n'avais pas beaucoup d'amis. Les filles se moquaient de moi, le timide, le rebut de la société, le "sans famille", on m'appelait même Rémi. Les
garçons me traitaient de lopette, de peureux, de folle. Je n'étais pas gay, mais mon attitude le faisait penser. Et surtout que mon seul ami, était un gay.
En 4e au collège, des anciens ont commencé à raketter les petits. Moi y compris. Je n'avais rien à donner, mais ils arrivaient quand même à me
prendre des trucs. Des stylos, des baskets pour le sport, une veste, parfois des classeurs en vidant mes cours… juste pour m'ennuyer, car ça n'avait aucune valeur. Je disais à ma mère que je
perdais mes affaires. Le pire, c'est que je sais qu'elle m'aurait soutenu et défendu, mais j'avais peur quand même d'en parler.
Et puis un jour, j'avais 14 ans, ils m'ont pris à part, ils étaient 4, à la sortie de l'école. Ils m'ont isolé, dans le local de rangement qui était
toujours ouvert. Ils se sont amusés à se balancer mon cartable, et je ne bougeais pas. Je me disais qu'ils finiraient par se lasser et partir. Au lieu de ça, un des garçons a commencé à me
bousculer. Comme je ne bougeais pas et ne disais rien, un autre l'a fait. Puis, comme beaucoup, ils m'ont insulté et traité de "pédé" et ils ont baissé mon pantalon. A ça j'ai voulu m'enfuir,
tant pis pour mon cartable. Mais ils n'ont pas voulu que je sorte et le calvaire a commencé. Un des garçons m'a violé, en commençant par ses doigts puis tour à tour, ils y ont mis leur sexe.
J'avais beau pleurer, ça les faisait rire. Je disais que c'était eux les "pédés", et ils n'aimaient pas que je dise ça, ils me violaient encore plus fort. Ils m'ont obligé à leur faire des
fellations et à tout avaler. Ils m'ont laissé là en me menaçant de pires souffrances si je parlais. Et je n'ai rien dit. Le lendemain, je suis retourné à l'école, comme si rien ne s'était passé.
Je ne voulais pas que ça se sache.
En quittant l'école, j'attendais le plus tard possible, pour les éviter. Ca a marché pendant plusieurs semaines. Mais un jour ils m'ont suivi pour
rentrer chez moi et sur le chemin, je passais toujours devant une entreprise dont les bâtiments étaient en travaux. Toujours vides. Là ils m'ont violé de nouveau, toujours les mêmes. Le pire,
c'est que je n'ai rien dit, je me disais que si je ne bougeais pas, ça irait plus vite. Mais la souffrance était là…
Et puis sans trop savoir pourquoi, je ne les ai plus revus. Je suis resté le garçon timide, mais je voulais changer, alors j'essayais de me faire
des amis. Le traumatisme des viols était en moi, et c'était difficile.
Etre violé, en étant garçon, est très perturbant. Etre violé par des garçons est horrible. Mais être violé par des filles c'est humiliant et
traumatisant. LES FILLES PEUVENT ETRE TERRIBLES.C'est ce qui m'est arrivé à 16 ans. Deux filles m'ont soi-disant invité à une soirée, elles m'ont fait boire et se sont amusées à me violer. Elles
m'ont attaché et mis des godes. Je leur disais d'arrêter, que ce n'était pas drôle. Elles me disaient que j'étais gay et que j'aimais ça. L'une d'elle m'a forcé à lui lécher le sexe. Alors que la
plupart des garçons en rêveraient, moi sur le moment, je souffrais. Elles m'ont laissé partir au bout de deux heures. J'étais tellement humilié que je n'ai rien dit. A personne.
J'ai arrêté l'école, après ça, je ne voulais plus les croiser, ni croiser personne. J'ai commencé à travailler. Je savais que j'avais déçu ma mère
qui voyait en moi quelqu'un avec des diplômes, alors pour qu'elle n'aie plus ce sentiment de déception chaque matin en me voyant, je suis parti dès que j'ai pu. A 19 ans j'avais mon petit
studio en ville. Loin de tout ce que j'avais vécu.
Je suis resté des années silencieux. Sans petite copine, sans réels amis. J'ai eu des relations intimes, avec des garçons, pourtant je n'étais pas
gay, et je ne le suis toujours pas. Mais dès qu'une fille me plaisait, je perdais pied, j'étais en panique, et je n'arrivais pas à aller vers elle.
Je n'ai jamais voulu me faire aider, par peur des moqueries, des regards, des jugements. Alors j'ai été beaucoup sur internet pour m'aider tout
seul. Et l'écriture m'a aidé. J'écris beaucoup. Je corresponds, j'ai beaucoup d'amis correspondants, que je n'ai jamais rencontrés, mais qui connaissent mon histoire, et me soutiennent. Ils m'ont
convaincu de m'inscrire sur les forums pour en parler.
Je suis là. En espérant être compris. J'ai 25 ans aujourd'hui. Denver
DIALOGUE :
- Bonjour et félicitations pour venir parler ici. Je suis un mec et même si je n'ai pas subi de véritable viol, je me suis pas mal retrouvé dans la description de tes troubles et de tes relations avec les autres. J'ai 33 ans et j'en suis à ma 7ème thérapie mais j'avance. Je peux juste te dire que c'est possible d'en sortir, d'en guérir avec de la volonté et aussi du soutien. Et la volonté tu l'as, la preuve par ta présence ici. Après avoir créé des amitiés solides, j'ai pu en parler autour de moi. Tout le monde n'est pas nécessairement en mesure de comprendre. D'autres m'ont compris à la perfections. Certains préfèrent ne pas en parler du tout pour se protéger eux-mêmes mais tous ceux à qui je me suis confié sont restés, fidèles, envers et contre tout. D'autres étapes d'attendent après avoir écrit ici. En attendant, tu es le bienvenu ici.
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Hetwine, fille :
Tu n'es pas le seul homme à avoir été ainsi tourmenté.
En vérité, je ne suis pas sûre que les hommes victimes sont si peu nombreux, je pense que pour beaucoup c'est encore très difficile de
parler.
Encore aujourd'hui, un préjugé social veut que l'homme soit "fort", sache s'imposer en toutes circonstances, je ne sais quoi. Les victimes au
masculin ont ceci de particulier que ce préjugé se retourne contre elles.
- Elles me disaient que j'étais gay et que j'aimais ça. L'une d'elle m'a forcé à lui lécher le sexe. Alors que la plupart des garçons en rêveraient,
Oui enfin ça aussi, énorme cliché social, l'homme toujours au garde-à-vous, sexuellement prêt et intéressé.
De la même façon que les femmes qui rêvent d'un homme "viril" ne rêvent pas en fait d'une grosse brute qui va les violer, toi, même si tu avais ce
type de fantasme dans ta tête, ce n'était pas forcément avec cette personne et surtout dans de telles circonstances.
Sinon, ce qui me frappe aussi dans tes deux histoires, c'est la composante énorme d'humiliation, d'insultes, de brimade, de volonté de te rabaisser
dans ta virilité (rien de honteux en soi à être gay mais j'ai l'impression que tes deux groupes d'agresseurs t'ont assené ce mot comme une insulte, d'une part pour nier ta nature parce que tu
leur disais ne pas l'être, d'autre part comme pour t'amputer en quelque sorte de ta virilité, te dire "moins homme"...)
Dans les deux cas, non seulement ce sont des viols, mais avec des circonstances aggravantes puisque viols en réunion avec des sévices physiques en
plus (te taper, pour les garçons, t'attacher, pour les filles).
Je reprends un détail de ce que tu disais pour les garçons agresseurs :
Tu dis :
- Le pire, c'est que je n'ai rien dit, je me disais que si je ne bougeais pas, ça irait plus vite.
- Te reproches-tu de n'avoir pas bougé ?
Ta réaction, non seulement est normale - je ne vois pas ce que tu aurais pu faire contre plusieurs garçons en bande, dangereux, violents -, mais il
se peut qu'elle t'ait sauvé la vie ou évité d'être défiguré.
D'ailleurs, la première fois où ils ont passé les bornes, tu t'es rebiffé, as montré ostensiblement que tu n'étais pas d'accord, et -
malheureusement - ça n'a pas été suffisant à les dissuader. Tu ne devrais en aucun cas te reprocher un manque de courage ni quoi que ce soit de ce genre.
Je te souhaite plein de courage, et bravo pour avoir réussi à en parler, même si ce n'est que par écrit pour l'instant.
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