voici une belle aventure que raconte très bien Jules dans gai-eros
Naufragés du ciel
On serait vieux à 37 ans ? ça se saurait !
De manière assez bizarre. Il avait donc écarté mes bras, il a regardé longuement mon pénis, m’a fait un compliment sur sa
longueur...
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merci de ta fidélité.
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REDIFFUSION
Il est 11h50, je suis assis dans le bus qui part de la Porte Maillot pour l’aéroport de Beauvais, tout à l’avant. C’est la première fois que je le prends. Je me
rends à Oslo pour des spectacles à l’opéra, bâtiment très moderne dont je me réjouis de voir l’architecture. À la dernière minute, le chauffeur rouvre la porte, un jeune homme arrive en courant.
Il monte, essoufflé, et me demande s’il peut s’asseoir à côté de moi. Je lui réponds par l’affirmative. Je pense tout de suite qu’il prendra le même vol que moi. Il est de type nordique, la peau
claire, les cheveux blonds, les yeux bleus. Un descendant des Vikings ? Dommage, ceux-ci ne toléraient pas l’homosexualité. Les mœurs ont évolué depuis… Je dis au jeune homme :
— C’était juste.
— Je me suis trompé de correspondance dans le métro, si j’avais raté le bus, j’aurais dû repayer mon billet d’avion.
— Vous prenez le vol pour Oslo ?
— Oui, comment as-tu deviné ?
— Juste votre physique. Vous parlez bien le français.
— Ma mère est française. Je suis venu trouver mes grands-parents. Et toi ? Pourquoi vas-tu à Oslo alors qu’il y fait déjà nuit presque toute la journée ?
— Je suis un amateur d’opéra et de théâtre.
— Ça tombe bien, je viens de terminer mes études d'acteur.
Le jeune homme me tutoie tout de suite, comme c’est l’habitude dans les pays nordiques. Nous ne parlons plus beaucoup le reste du trajet. À l’aéroport, j’enregistre
ma valise, elle est trop lourde et je dois repayer trois fois le prix du billet. On annonce un retard de deux heures environ, à cause d’une tempête. Ça commence bien. Je vais au bar, le jeune
homme s’y trouve déjà et je m’assieds à côté de lui. Il boit un café, je lui demande si je peux lui offrir autre chose, il est d’accord, je commande deux bières belges. J’apprends qu’il s’appelle
Olav, il a 21 ans. Je ne me suis pas encore présenté, mon prénom est Frédéric et j’ai 37 ans. Je suis fonctionnaire dans un ministère, célibataire et inverti, comme vous l’aurez deviné. Je sors
ma tablette pour me distraire, Olav me demande s’il peut me l’emprunter, il n’a pas lu ses courriels depuis plusieurs jours. Le temps passe lentement, je regarde parfois le tableau des départs,
il y a maintenant trois heures de retard.
On finit par annoncer que notre avion est arrivé. Nous nous levons et embarquons ensemble, nous nous retrouvons donc assis l’un à côté de l’autre, tout à l’arrière.
Une heure environ après le départ, le commandant prend la parole :
— Bonsoir Mesdames et Messieurs, j’espère que le vol a été agréable jusqu'à présent et que vous avez bien mangé.
J’avais acheté un sandwich minuscule qui m’avait coûté aussi cher que le vol.
— Nous allons devoir malheureusement emprunter une autre route plus à l’ouest, sur la mer du Nord, à cause d’une tempête, nous aurons un peu de retard à l’arrivée.
Relaxez-vous.
Je dis alors à mon compagnon :
— Mieux vaut cela qu’un crash.
— D’accord avec toi.
Nous buvons un breuvage sensé être du café, de nouveau aussi cher que le vol. Une demi-heure après, le commandant fait une nouvelle annonce.
— Mesdames, Messieurs, nous devrons malheureusement faire une escale imprévue, le temps est vraiment trop mauvais. Nous allons nous poser à …
Je ne comprends pas le nom, Olav non plus. Le personnel de cabine récolte rapidement les déchets, puis disparaît. J’attache ma ceinture. Après quelques minutes, nous
commençons à tourner en rond, comme lorsque les aéroports sont surchargés. Plus personne ne parle. Certains sortent leur portable pour envoyer un SMS, malgré l’interdiction. Je doute qu’ils aient
un réseau disponible au-dessus la mer. Nous entamons ensuite la descente, il fait nuit et je ne vois pas grand-chose, mais je finis par distinguer des lumières, nous allons toucher le sol.
Soudain l’avion reprend de l’altitude. Le pilote refait une annonce :
— Pas de souci, nous refaisons un essai, nous allons y arriver. De toute façon, il ne nous reste du kérosène que pour 10 minutes.
Personne ne rit à sa plaisanterie. Nous entamons une nouvelle descente et nous nous posons brutalement, l’avion s’arrête très rapidement, la longueur de la piste
était certainement limite, je pense que les freins sont morts, nous n’allons pas repartir de sitôt. Je m’abstiens d’applaudir, même si le pilote est un héros maintenant. Le personnel de cabine
ouvre les portes et fait évacuer l’avion par les toboggans. Nous nous retrouvons au bord de la piste sous une pluie battante. Je m’attendais à voir des camions de pompiers, mais il n’y a
personne. Nous devons marcher 500 mètres environ jusqu’au bâtiment de l’aéroport, nous sommes trempés, il fait froid. Je lis un panneau avant d’entrer :
« Willkommen auf Helgoland-Düne. »
Je demande à Olav :
— Sais-tu où nous sommes ? Es-ce du norvégien ?
— Non, c’est de l’allemand, nous sommes en Allemagne.
Le bâtiment est presque trop petit pour accueillir tous les passagers, nous nous serrons, nous aurons au moins chaud. Tout est fermé. Après une heure, beaucoup de
monde arrive, ils ouvrent le bar, commencent à servir du café, puis ensuite des croissants chauds. J’obtiens même un alcool fort pour me remettre. Nous attendons encore, puis un homme fait une
annonce au haut-parleur :
— Mesdames, Messieurs, je vous souhaite la bienvenue sur l’île d’Helgoland, malgré les circonstances. Par chance personne n’est blessé. Vous imaginez bien que
l’avion ne pourra pas redécoller cette nuit, nous allons donc vous mener dans des hôtels pour passer la nuit. C’est la basse saison, et beaucoup d’hôtels sont fermés. Je demande aux personnes
seules de faire preuve de compréhension et de partager une chambre avec quelqu’un autre. Nous ne pourrons malheureusement livrer vos bagages que demain matin.
Bon, l’aventure ne finit pas trop mal. Je demande à Olav :
— Tu as entendu, puis-je partager ta chambre ?
— Oui, me répond-il en me faisant un clin d’œil.
Il faut encore arriver jusqu'à l’hôtel. Les passagers sont priés de sortir par petits groupes de vingt pour prendre un bus navette, il faut ensuite attendre une
dizaine de minutes pour que le bus revienne. Nous décidons de ne pas nous presser. J’ai vu sur mon smartphone que l’aéroport (je ne sais pas s’il mérite ce nom) est situé sur une autre île et que
nous devrions encore prendre un bateau. Nous sortons avec le dernier groupe, il pleut toujours autant. Le bus nous mène jusqu’au port où nous embarquons sur un petit ferry. Nous restons sur le
pont, la courte traversée est interminable, le bateau tangue et je me demande si nous allons sombrer, après avoir échappé à un crash de justesse.
Nous arrivons sains et saufs (plutôt saufs que sains, certaines personnes ont eu le mal de mer) sur l’autre île, devons encore marcher jusqu’à l’hôtel dans la
tempête, attendre une éternité pour faire l’enregistrement et nous nous retrouvons enfin dans la chambre, assez grande et luxueuse, beaucoup mieux que je ne l’aurais pensé. À peine arrivé, mon
compagnon d’infortune enlève immédiatement ses vêtements trempés et se retrouve nu devant moi, puis va chercher une serviette à la salle de bain. Je ne peux m’empêcher d’admirer son corps, il est
assez maigre, il a un long pénis.
— Enfin sec, j’espère ne pas avoir attrapé un rhume, me dit-il. J’y pense, je me suis déshabillé sans réfléchir. J’espère que cela ne te gêne pas.
— Non, répondis-je. Dans ces circonstances un peu spéciales, à la guerre comme à la guerre.
Je ne désire pas lui dire que ce striptease m’a ravi.
— Il faut dire que j’ai l’habitude de me déshabiller devant des centaines de personnes, continue Olav.
— Tu fais du striptease ?
— Non, c’est sérieux. Je te raconterai.
— Avec plaisir, mais plus tard, ils nous ont promis un souper.
— Mais comment nous habillerons-nous ? Nous n’avons pas nos valises et nos habits sont mouillés.
— Il y a des peignoirs dans l’armoire.
Je suis plus pudique et je vais à la salle de bain pour me changer. Nous descendons à la salle à manger. La plupart des autres passagers sont aussi en peignoir et
c’est une ambiance assez drôle. Les cuisiniers de l’hôtel, qui ont certainement été rappelés, ont préparé un petit buffet chaud et nous mangeons avec appétit. Tout le monde parle beaucoup. Après
le repas, Olav me demande :
— Un dernier verre au bar ?
— Non, je préfère aller dormir. Je suis épuisé. Mais tu peux y aller seul.
— Non, je viens aussi dormir. J’ai entendu un de mes compatriotes dire que la tempête durerait plusieurs jours. Nous aurons le temps de faire connaissance
demain.
Je m’endors très rapidement, malgré tous les événements de la journée. Le lendemain matin, je me réveille alors qu’Olav est en train de se doucher. Il ressort en
peignoir de la salle de bain, il pense peut-être qu’il n’aurait pas dû se dénuder devant moi. Nous descendons prendre le petit déjeuner. Un pilote nous informe que nous ne pourrons pas repartir
tout de suite. Des techniciens doivent venir inspecter l’appareil et il faudra ensuite commander des pièces de rechange. Mais pour le moment, la tempête bloque tout le trafic aérien. Les ferrys
ont également cessé leurs navettes avec le continent, nous sommes donc bloqués sur l’île. Nous ne sommes pas vraiment surpris. Nous pouvons enfin récupérer nos bagages après le repas et nous
remontons dans la chambre. Après nous être habillés, nous nous asseyons dans des fauteuils, je lis mes mails sur ma tablette puis je la prête à Olav. Lorsqu’il a terminé, j’engage la conversation
:
— Je ne pourrai plus me rendre à Oslo, je devrai rentrer à Paris, je n’ai que quelques jours de vacances. Et toi, tu m’as dit que tu es comédien, as-tu des
représentations ces prochains jours, comment vont-ils faire ?
— Je n’ai pas d’engagement avant l’année prochaine, mais j’ai eu de la chance, j’ai pu jouer à la rentrée en septembre pour la première fois. J’ai eu un rôle tout de
suite, c’est inhabituel, je viens de finir mes études.
Pourrais-tu m’organiser une séance d’essayage ? » Il a l’air gêné, puis me répond : « Je dois avoir oublié de te dire, il n’y aura pas de costumes, tu
devras jouer nu»
— Si tu étais une femme, je dirais que tu as dû coucher avec le producteur.
— Non, pas avec le producteur, avec le metteur en scène.
— Le ou la metteur en scène ? Si je ne suis pas indiscret.
— Le. Mais j’étais déjà engagé à ce moment-là. Je vais te raconter. Nous n’avons rien d’autre à faire sur cette île.
Olav commence son récit.
— J’ai donc fini mon école au mois de juin. J’ai envoyé mon CV dans divers théâtres, j’espérais décrocher un petit rôle.
— Le domestique qui dit une seule phrase, « Madame est servie ».
— Par exemple. J’ai reçu une réponse du plus grand théâtre d’Oslo et j’avais un rendez-vous avec la directrice au milieu du mois d’août. J’étais dans son bureau
lorsque un homme entre : « Excuse-moi de te déranger, Jørgen vient d’avoir un accident, pas grave, une jambe cassée, mais je dois le remplacer, la première est dans deux semaines. » Sans attendre
la réponse de la directrice, il se tourne vers moi, me regarde et me demande : « Tu es acteur ? » Je réponds oui, il me demande si je suis libre tout de suite, je lui réponds aussi oui. Il me dit
: « J’ai mon remplaçant. Kjerstin te fera un contrat. Je m’appelle Håkon. Nous rattraperons les répétitions le soir. Tu apprendras le texte pendant la journée. Tu es d’accord ? » C’était
inespéré. Je venais de réaliser qui était ce metteur en scène, l’un des plus connus de Norvège. Débuter ma carrière avec lui ferait bien sur mon CV, et les salles étaient toujours pleines.
— Tu avais quand même dû lui taper dans l’œil.
— Je convenais bien au rôle, jeune, un peu fragile, et, sans fausse modestie, assez beau. Nous sommes partis au local de répétitions, il m’a présenté à l’équipe,
j’ai commencé à lire le texte. Nous avons décidé de nous retrouver le soir pour la première répétition. Je te passe les détails de la pièce, c’est un auteur norvégien moderne et du « Regietheater
» comme ils disent en Allemagne. Après quelques jours, alors que nous étions seuls dans le théâtre le soir, je demande à Håkon : « Je n’ai pas encore essayé les costumes. Pourrais-tu m’organiser
une séance d’essayage ? » Il a l’air gêné, puis me répond : « Je dois avoir oublié de te dire, il n’y aura pas de costumes, tu devras jouer nu. » J’étais surpris, j’avais joué souvent en
sous-vêtements, mais jamais tout nu. J’ai dit au metteur en scène : « Tu aurais pu me prévenir. » Il m’a répondu : « C’était écrit dans le contrat, tu ne l’as pas lu ? »
— Tu ne l’avais pas lu ?
— Non, j’étais si content d’avoir ce rôle, j’aurais signé n’importe quoi.
— Et tu as dû de déshabiller ?
— Oui, nous avons fait la première répétition « en costume d’Adam » ce soir-là. En plus je devais m’asperger d’un liquide rouge pour simuler du sang. À la fin, je me
tenais à l’avant de la scène, j’étais fatigué après ces jours de travail intensifs, mais content, j’avais passé à une nouvelle étape de ma jeune carrière. Håkon était assis au premier rang, je
lui ai demandé : « Es-tu content de moi ? » Il me regardait bizarrement, très intensément. J’ai réalisé que mon sexe n’était plus tout à fait au repos, j’avais un début d’érection, j’ai mis mes
mains pour la cacher. Håkon souriait, je lui ai demandé : « Et si ça m’arrive le soir de la première ? » « Tu auras trop le trac. » « Tu ne m’as pas dit si tu étais content de moi ? » « Parfait,
tu seras un grand acteur. »
— Et ensuite ?
— Je sentais qu’il allait se passer quelque chose de spécial.
— Avais-tu déjà eu une relation avec un homme ?
— Non, seulement des expériences peu concluantes avec des femmes.
— Tu me racontes la suite ?
— Tu devines, Håkon est monté sur la scène. Il avait une chemise et des pantalons noirs. Il m’a dit : « Sais-tu que je suis gay ? » Je le savais, j’avais fait des
recherches à son sujet depuis qu’il m’avait engagé. Je lui ai répondu oui. J’étais comme paralysé, je ne savais pas comment réagir. Håkon a alors délicatement pris mes bras et les a écartés, je
me suis laissé faire. Mon pénis rouge, maculé du faux sang, était maintenant entièrement dressé.
Je demande à Olav :
— Quel était ton état d’esprit à ce moment-là ?
— Je me laissais diriger, comme si nous étions toujours en train de répéter la pièce. Il avait un certain ascendant sur moi.
— Et comment cela s’est-il terminé ?
— De manière assez bizarre. Il avait donc écarté mes bras, il a regardé longuement mon pénis, m’a fait un compliment sur sa longueur, puis m’a dit : « Olav, tu me
donnes une idée. Aimerais-tu jouer rien que pour moi, la mise en scène que je n’oserais jamais faire ? » Je ne savais que répondre. Il a continué : « Connais-tu Woyzeck ? » J’avais justement joué
cette pièce pendant ma formation, je réponds oui. « Nous allons rejouer la scène du docteur avec quelques modifications, je serai le docteur et toi Woyzeck. D’accord ? » Je commençais à trouver
ce jeu assez amusant. Håkon m’a alors dit : « Qu’est-ce que j’ai vu, Woyzeck ? Un homme de parole ! » Je réponds : « Quoi donc docteur ? » « Je l’ai vu, Woyzeck ; Il a pissé
dans la rue, pissé contre le mur, comme un chien. Malgré trois pfennigs par jour et la pension ! Woyzeck, c’est mal ; le monde devient mauvais, très mauvais ! »
— Bandais-tu toujours ?
— Non, je m’étais concentré sur le dialogue. J’ai répondu : « Mais un besoin naturel, docteur. » « Un besoin naturel, un besoin naturel ! La nature !
N’ai-je pas prouvé que le musculus constrictor vesicae est soumis à la volonté ? La nature ! Woyzeck, l’homme est libre. » J’ai éclaté de rire à ce moment et j’ai demandé : « Tu veux que je
pisse sur la scène ? C’est ça ta mise en scène révolutionnaire ? » « Non, attends la suite : Woyzeck, puisque tu n’as pas pu te retenir de pisser, tu vas me donner du sperme pour mes expériences.
»
— Il voulait que tu te branles. C’était ça son idée.
— Oui, un tabou pas encore tombé au théâtre.
— Et tu l’as fait ?
— J’ai eu un peu de peine, mais Håkon a pris les choses en main, si j’ose m’exprimer ainsi. « Allons Woyzeck, ne sois pas timide ! » Il m’a masturbé et j’ai éjaculé
assez rapidement. Je n’avais pas eu le temps de me branler les jours précédents, pris par mon nouveau rôle.
— Et ensuite ?
— Håkon s’est excusé, il avait un peu abusé de moi. Il m’a demandé comment se faire pardonner. J’ai alors voulu me venger tout de suite, je lui ai dit de faire la
même chose. Il n’a pas hésité, s’est déshabillé. Je lui ai dit de s’asperger de faux sang, puis nous avons rejoué la même scène en inversant les personnages. À la fin, nous avons pris une douche
ensemble, et, comme tu l’imagines, il m’a invité à passer la nuit chez lui.
Je me retrouve dans la chambre d’hôtel, j’étais tellement passionné par le récit d’Olav que je me croyais spectateur dans le théâtre norvégien. Je demande :
— Si je peux me permettre de te poser cette question, es-tu toujours son amant ?
— Non, je n’ai passé que trois nuits avec lui. Nous avions convenu que ce ne serait qu’une aventure. Il partait ensuit à l’étranger juste après la première.
D’ailleurs j’ai appris que je n’étais pas le premier de ses comédiens à finir dans son lit.
— Et la pièce a eu du succès ?
— Oui, beaucoup, mais dans le cercle des amateurs de théâtre. On ne me demande pas des autographes dans la rue. Mais j’ai maintenant un autre engagement en janvier.
J’ai décidé de prendre quelques jours de vacances après la dernière représentation et je me suis retrouvé ici avec toi. Voilà, tu sais tout. Et toi ?
— Pas grand-chose à raconter. Je travaille au ministère des finances, je vis seul depuis quelques temps, j’ai rompu avec mon partenaire.
— Tu es aussi gay ?
— Oui.
— Je l’avais deviné. De la façon dont tu m’as regardé.
— Bon, excuse-moi, tu es jeune et beau, pas comme moi.
— Tu es encore pas mal (il n'eut pas l'indélicatesse d'ajouter " pour ton âge").
— Merci. C’est l’heure du déjeuner, descendons.
Il n’y a rien de nouveau, on nous annonce que nous devons rester sur l’île, la tempête ne s’est pas calmée. Après le repas, nous remontons dans la chambre, nous
n’avons pas envie de nous promener, il pleut toujours. Nous décidons de nous coucher un moment sur le lit. Je dis :
— C’est mortel les vacances balnéaires à cette saison. Qu’allons-nous faire cet après-midi ? As-tu déjà le texte de ta prochaine pièce à apprendre ?
— Non pas encore. Et toi ?
— J’ai un bouquin à lire, La Mort à Venise. J’ai vu l’opéra à Hambourg il y a quelques temps. Ce roman convient bien à la situation, un séjour dans un pays
étranger, une chambre d’hôtel, un jeune garçon.
— Je suis un peu trop vieux.
— Écoute : « et un garçon aux cheveux longs de peut-être quatorze ans. Aschenbach resta confondu de la beauté prodigieuse de ce garçon. » Un peu comme moi
lorsque je t’ai vu.
— Tu me flattes.
— Tiens, ça serait un rôle idéal pour toi, Tadzio. J’aurais aussi dû être metteur en scène.
— Tu veux essayer ?
— Si tu es aussi bon qu’avec ton Håkon, pourquoi pas ?
Je me lève et mets la pancarte « Bitte nicht stören » à la porte.
Olav me demande :
— Voilà, je suis prêt. Que dois-je faire ?
Je ne sais pas que répondre, je ne m’étais pas préparé à ce jeu. Je reprends mon livre et je recherche un passage intéressant. Je dis :
— J’aimerais que tu joues cette phrase : Tadzio, se reposant de son bain, était allongé sur le sable, roulé dans un linge blanc passé sous l’épaule gauche, la
tête enfouie dans son bras nu.
— Bon, je vais à la salle de bains me préparer, puisque je suis censé sortir du bain.
Olav se rend à la salle de bains et ferme la porte. Je me demande si je n’abuse pas de la situation. Mais Olav doit bien se douter de mes intentions. J’en profite
pour sortir une petite bouteille d’huile de massage de ma valise et une boîte de préservatifs, je prends toujours ce genre de choses lorsque je pars en voyage, ça peut toujours servir. « Tadzio »
ressort, le linge blanc de l’hôtel noué autour du corps, il se couche à côté de moi sur le lit, enfouit sa tête dans son bras, puis me dit :
— Et maintenant ?
Je ne sais pas que répondre, mon idée de mise en scène tourne court. Je dis :
— Je ne suis pas doué pour le théâtre. Parlons d’autre chose.
— De quoi ?
— Je me demande comment les adolescents se baignaient à l’époque où Thomas Mann situe son roman. Avaient-ils un maillot de bain ? De quelle forme ? En quelle étoffe
?
— Tu aurais aussi dû te documenter pour en discuter avec la personne qui crée les costumes.
— Je suis définitivement nul comme metteur en scène. Tu me permets de regarder ton maillot de bain ?
— Je te permets.
J’enlève le linge et je découvre le corps nu de mon « Tadzio ». Il a laissé son caleçon blanc.
— Tu as triché, lui dis-je. Tu devais sortir du bain. On ne se baigne pas en caleçon.
— Et quelle est la punition ?
Sans attendre sa réponse, je lui baisse son caleçon jusqu’aux genoux, découvrant son membre qui a déjà un début d’érection. J’admire son sexe, que je n’avais que
rapidement entrevu hier. Je prends la petite bouteille avec l’huile, je fais couler quelques gouttes sur son pénis qui durcit instantanément, et je commence à le caresser lentement, faisant
coulisser son long prépuce. J’accélère mes mouvements, caressant aussi ses testicules. Il jouit assez rapidement. J’essuie les longues traînées de sperme sur son ventre avec un mouchoir en
papier.
— Voilà, lui dis-je. C’était ta punition.
— OK, tu as voulu refaire la scène. Tu te rappelles qu’il y avait une vengeance. On inverse les rôles maintenant.
Je vous laisse imaginer la suite, l’après-midi a passé très rapidement.
Le lendemain matin, on nous annonce que la tempête a faibli, mais que l’avion n’est toujours pas réparé. Les personnes qui le désirent peuvent rejoindre le continent
en ferry. Je choisis cette possibilité, je ne veux plus aller à Oslo et j’ai décidé de ne plus prendre l’avion, je vais rentrer en train. Olav veut rester sur l’île. C’était évident que notre
liaison ne durerait pas.
Les adieux sont assez brefs, Olav m’accompagne au port. Je lui dis :
— Ravi de t’avoir connu, bonne chance pour la suite de ta carrière.
— J’ai aussi passé un bon moment, nous nous reverrons peut-être un jour.
Je ne pense pas le revoir. Nous nous serrons la main et je monte sur le ferry. Je reste sur le pont jusqu’à que je ne voie plus le quai. Olav est aussi
resté.re
Contrairement à ce que je pensais, je l’ai revu deux fois.
La première fois, c’était à Oslo. J’avais quand même décidé de reprendre l’avion et de me rendre en Norvège. J’ai profité d’aller voir Olav au théâtre, mais deux
heures de déclamations en norvégien ne m’ont pas enthousiasmé, d’autant plus que Olav est resté sagement habillé. ,Je n’ai pas cherché à le contacter.
La deuxième fois, c’était à Paris. Deux ans après notre aventure, j’ai été étonné de voir sa photo dans un journal people. Il était passé au cinéma et avait tourné
un film avec un réalisateur inconnu. Olav avait pris un nom d’artiste à la consonance américaine, mais je l’ai tout de suite reconnu. Contre toute attente, le film avait eu un grand succès. J’ai
suivi les potins concernant Olav sur Internet et j’ai appris qu’il venait à Paris pour la première française de son film. On mentionnait aussi l’hôtel où il dormirait et son emploi du
temps.
Je me suis retrouvé vers 17 heures à l’entrée d’un palace. Je n’étais pas seul, une vingtaine de groupies attendaient leur nouvelle idole. Je suis resté en arrière
jusqu’à son arrivée une demi-heure plus tard. Je me suis ensuite mêlé aux adolescentes hystériques, j’avais l’air un peu ridicule. Si elles avaient su que leur acteur favori était gay. Elles
rêvaient secrètement de passer une nuit dans sa chambre. Si elles avaient su que moi, j’avais bien couché avec lui. Olav s’est arrêté pour signer des autographes. J’avais aussi acheté un carnet.
Il a eu l’air très surpris quand il m’a vu et m’a dit :
— Toi, ici ?
— J’avais envie de te revoir, j’ai oublié de te demander un autographe il y deux ans.
Je lui ai tendu mon carnet et il l’a signé. Il est ensuite entré dans l’hôtel. Les adolescentes sont reparties. J’ai alors regardé mon carnet. Il avait mis son vrai
nom, pas son nom d’artiste. Il avait ajouté en dessous :
capture TMCsudpresse
Olav devenu acteur célèbre,Je n’ai pas cherché à le contacter.
Tu es encore très beau...il n'eut pas l'indélicatesse d'ajouter " pour ton âge".
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