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C’est dans notre enfance que se consolide, ou non, notre confiance face à la vie. L’attitude de nos parents est bien sûr déterminante. En
bien ou en mal.
Le constat " je n’ai pas confiance en moi " est toujours le produit d’une histoire singulière. On ne naît pas timide ou complexé, on le devient. Toutefois, on repère un point commun : c’est à partir des péripéties de la relation aux parents qu’ont surgi les éléments ayant donné lieu à ce manque de confiance en soi. Plusieurs types d’attitudes parentales, conscientes ou pas, sont en cause, même si les parents ne sont jamais entièrement responsables des névroses de leurs enfants. C’est parce qu’on les aime, qu’on les admire, qu’on les sacralise, qu’ils influent de la sorte sur notre destin.
" C’est fou ce que tu manques de grâce ! " déclare la mère irritée par l’aspect un peu pataud de sa fillette de 5 ans. Elle avait rêvé de devenir danseuse, en vain. Pour se consoler, elle avait espéré donner le jour à un futur petit rat de l’Opéra… On le sait depuis Freud, les parents ne peuvent s’empêcher de projeter leurs rêves de grandeur sur leurs enfants : là où ils ont échoué, leurs petits réussiront. Mais certains tiennent trop à leur rêve pour accepter l’enfant tel qu’il est. Et quand ils s’aperçoivent qu’il ne comblera pas leurs souhaits, ils en conçoivent une immense déception, suivie de représailles en forme de dénigrement systématique. Et puisque les paroles parentales ont valeur d’oracle, l’enfant s’imagine qu’effectivement il ne vaut pas grand-chose. D’où des inhibitions susceptibles de toucher divers domaines – l’amour, le travail, la relation à autrui –, de préférence ceux qui ont été fortement investis par les parents.
ah môme j'adore te voir mater les gars qui se paient toutes les filles !
"Quoi qu’il arrive, tu réussiras dans la vie !” me répétait mon père. Je comprends maintenant que c’était un déni de mes difficultés : il ne voulait pas s’inquiéter pour moi. Résultat : un rien me déstabilise, confie Catherine. Aujourd’hui, j’ai une petite fille et je sais qu’aider un enfant, c’est être attentif aux signes d’inhibition : pourquoi il a si peu d’amis, pourquoi il n’ose pas s’exprimer à l’oral en classe… " Des parents, déjà encombrés par leurs propres problèmes, auront malheureusement tendance à jouer la politique de l’autruche. Difficile de leur jeter la pierre. Même s’il n’est pas rare que cet aveuglement signifie, plus tard, pour leur progéniture devenue adulte, quelques années sur un divan, à traiter des inhibitions qui, abordées dès l’enfance, auraient rapidement disparu. Autre cas : les parents qui préfèrent ne rien voir pour se préserver psychologiquement. Pour ceux-là, plutôt brillants et à l’aise en société, un enfant timoré (et souvent il l’est, parce que trop intimidé par eux) entraîne une blessure de leur amour propre.
" Pas question que nous t’offrions une Mobylette, tu pourrais avoir un accident. " Les parents anxieux ont tendance à surprotéger leurs enfants : la vie est si dangereuse, lorsqu’on la contemple sur fond d’angoisse… Or rien n’est plus contagieux que ce sentiment qui vous envahit sans que vous puissiez le contrôler. Papa et maman ont peur pour leur enfant, le croient sans cesse en danger de mort ? Il intériorise leur peur et commence à craindre lui aussi pour son existence ! Il se met à éviter les activités susceptibles de présenter un risque. Il accumule les précautions. Et perd peu à peu confiance en lui. " De plus, l’anxiété, affect très mobile, peut parfaitement se métamorphoser en une peur d’affronter les autres ou de faire face à l’autorité, observe Gérard Louvain. D’où, plus tard, des inhibitions et des peurs dans des domaines sans lien apparent avec la cause première de l’angoisse. "
Les parents de Stéphanie, de grands pessimistes, ne lui ont jamais permis de penser qu’elle pourrait mener une vie conforme à ses espérance. Au contraire, ils lui ont seriné que, dans l’existence, il faut se contenter de ce que l’on a. Du coup, devenue adulte, elle s’ennuie à mourir dans son job mais n’ose pas en changer… " Ce qui nous incite à oser les changements, ce sont nos idéaux intérieurs, explique Elisabeth Martin, psychothérapeute. Mais pour les construire, il est nécessaire d’avoir eu des parents qui croyaient en vous, qui vous ont encouragé à écouter vos désirs. "
" Ma fille est extraordinaire. Elle est d’une intelligence rare. Et quelle beauté ! " affirme la mère, tandis que la petite, gênée, ne sait pas où se mettre. Pour s’attribuer une valeur, se respecter soi-même, encore faut-il avoir été respecté et valorisé. Toutefois, " la survalorisation est aussi néfaste que la dévalorisation, poursuit Elisabeth Martin. Elle fragilise tout autant, car elle ne permet pas d’acquérir une conscience exacte de ses potentialités réelles. Elle condamne l’individu à se mesurer sa vie durant à l’image surdimensionnée que ses parents lui ont demandé d’incarner. Et il ne peut qu’échouer, se sentir insuffisant ".
Plus tard, mes jumeaux, vous serez...des tombeurs de gonzesses
Nettement plus ravageurs sont les désirs parentaux inconscients, surtout quand ils sont hostiles. Parce que l’inconscient est justement ce que personne ne peut maîtriser. Or il existe des parents suffisamment infantiles et névrosés pour voir en leurs rejetons de dangereux rivaux, dont la réussite leur porterait ombrage. Le psychisme de l’enfant enregistre les vœux de ses parents et, effectivement, fabrique des symptômes en forme d’empêchement, de blocages, de peurs.
Le rôle des relations parents-enfants dans l’apparition du manque de confiance en soi n’est donc plus à démontrer. Toutefois, si une enfance peu propice à l’épanouissement est un handicap, elle est rarement une infirmité définitive. Il reste toujours possible, à l’âge adulte, de reprendre en main les cartes de son destin.
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