EUX ET NOUS HETEROS ET GAYS

Dimanche 17 novembre 7 17 /11 /Nov 08:05

classé dans  INVENTAIRE DES POSSIBLES (25) Vous ne vous y trompez pas depuis que je vous traîne mystérieusement(chapitre 1) :  c'est d'homoparentalité dont il va s'agir, alors qu'en fait il s'agit d'abord de l'amour d'un gay pour un hétéro. On semble aller vers une grave déception.

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Séduire le fils pour m'approcher du père !


Deux mois, deux nouveaux interminables mois que chaque week-end, je fais le pied de grue dans ce putain de parc qui commence à me sortir par les yeux. Il n’est pas revenu. Je suis désespéré. J’arrive tôt le matin, muni d’un sandwich, d’un bouquin et... j’attends. Il est vrai qu’en cette fin d’hiver, le temps n’est guère clément, de la pluie, du vent, parfois quelques flocons. Je pèle de froid en espérant toujours. Je me console comme je peux. Encore heureux que je n’attrape pas la crève. J’ai beau me convaincre qu’avec cette froidure, il est normal qu’il ne sorte pas avec un bébé, il n’empêche. Cela ne me remonte pas le moral. Alors, je lève les yeux vers le ciel et j’adresse mes insultes les plus gratinées au bon dieu et à tous ses saints qui se refusent obstinément à m’offrir du grand beau temps. Là-haut, ils ne doivent guère apprécier mes amabilités. Mon impossible amour me ronge de plus en plus. Ma balance ne ment pas. J’ai maigri.

À mon bureau, la situation n’est guère brillante. Mes relations avec mes collègues se sont tendues. Ils ne me reconnaissent plus. C’est totalement de ma faute. Je deviens irascible. Moi qui étais toujours enjoué, rieur, ne supporte plus la moindre plaisanterie. J’envoie chier pour un oui, pour un non. Le pire est que j’en suis conscient. Le soir, chez moi, je regrette cette attitude, me promets de ne pas recommencer. Las, le lendemain, je redeviens un ours mal léché et insupportable à son entourage. Le résultat est là: je suis mis à l’écart.

Mon travail lui-même commence à souffrir de mes préoccupations personnelles. Quand on est architecte, comme c’est mon cas, les conséquences peuvent être graves. La moindre erreur et c’est, au mieux, le vice de construction, au pire, le bâtiment qui s’écroule. J’ai droit à des remontrances de plus en plus fréquentes de la part de Jérôme, le chef de notre cabinet, pourtant un bon copain. Il a raison. Je promets d’être plus vigilant. Ce ne sont que promesses...

Il y a plus inquiétant: il y a quelques jours, en rentrant chez moi, je croise un jeune mec. Il n’a pas vingt ans, mignon à croquer. Il me sourit. Machinalement, c’est un vieux réflexe, je réponds à cette invite. Vingt mètres plus loin, je me retourne. Non seulement il en a fait autant, mais en plus, il me suit. Je me laisse aborder. Trois phrases banales, puis le coup classique, je l’invite à boire un pot à la maison. La porte refermée, je n’ai pas le temps de lui servir un verre. Il se colle à moi et me roule un patin d’enfer. C’est l’heure de passer aux actes, il en brûle d’envie. Moi aussi, du moins, c’est ce que je crois. Je l’entraîne vers le lit. L’effeuillage est rapide. Des baisers, des caresses de plus en plus osées. Il me prend dans sa bouche. Rien! Plus il s’obstine, plus il s’acharne, moins je réagis. Lui, bande comme un âne. Moi, je reste virgule, limace. Ses lèvres ne m’offrent aucun plaisir. Il passe une demi-heure à me faire la démonstration de son inefficace talent. Il finit par s'en fatiguer.

— Je ne te plais pas?

Mortifié, mort de honte, je balbutie une pauvre excuse.

— Je... je suis fatigué... une journée épuisante...

Il part vexé, presque furieux. Désemparé, je prends une douche. Sous l’eau tiède je repense à ce si joli papa. Le con! Il est en train de me castrer! Pourtant, bon dieu! Rien qu’à l’évoquer... Je prends l’affaire en main...



Enfin, le temps s’est mis au beau. Une fois de plus, sans trop d’espoir, mes pas me portent vers les Buttes Chaumont. Désormais, j’en connais tous les détails, je pourrai m’y aventurer les yeux fermés. Je m’assieds sur mon banc favori. Le décor a changé. Partout, il y a des fleurs. Elles n’étaient pas là la semaine dernière. En peu de jours, la nature s’est réveillée, a accompli ses prodiges. Je prends quelques minutes pour jouir du spectacle puis, je plonge dans mon bouquin. La lecture m’absorbe en même temps que je ronronne sous la chaleur du soleil enfin retrouvé. Saperlipopette! Le livre est passionnant. J’en oublie ce qui m’entoure. Je suis en pleine Égypte et vibre aux aventures d’un pharaon au nom imprononçable qui sauve son empire menacé d’invasions... En plus, le héros – Taïta qu’il se nomme – est pédé...

 

Une main m’arrache le livre. Les pyramides s’effacent, je retombe brutalement sur terre. Un bébé aux yeux bleus me regarde avec un beau sourire, tout heureux de la farce qu’il vient de faire. Il tient à peine sur ses jambes. Ses cheveux blonds flambent dans la lumière. J’ai un hoquet, je... je reconnais l’enfant! Il y a si longtemps que je l’attends avec son père. Sa démarche vacillante me dit qu’il va tomber. Je tends les bras pour lui éviter la chute et, d’instinct, le serre contre moi. Tout heureux, il gazouille à mon oreille. Une immense tendresse m’envahit. Mes yeux se mouillent.

— Ronan! Arrête d’embêter ce monsieur. Viens voir papa!

Tout à la joie de ce petit corps, si doux, si fragile contre le mien, j’avais presque oublié son géniteur. Je lève les yeux. Il est assis sur un banc, à quelques mètres, face au mien. Il a lâché le journal qui avait distrait son attention. Le choc de sa beauté me broie le cœur. Je serre plus fort son fils comme si je le tenais, lui. Le bébé, ravi, passe ses petits bras autour de mon cou. Je lutte contre mon émotion et parviens à dire:

— Il ne me dérange pas. Il est adorable... laissez-le moi, une minute.

— Je ne comprends pas, d’habitude il est si sauvage avec les étrangers.

— Peut-être a-t-il senti que j’aime les enfants?

Je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça. Les enfants m’ont toujours laissé indifférent. Pourtant, pour celui-là, je ne mens pas. Peut-être parce que c’est le sien... Il se lève, vient vers moi, se baisse et ramasse mon livre tombé à terre.

— Regardez, il a abîmé votre bouquin.

— Cela n’est pas bien grave. Votre fils a plus d’importance qu’un livre.

Il me regarde interloqué. Je me noie dans le gris de son regard. J’ai l’impression que la terre s’arrête de tourner. Il a cette phrase qui me fait chavirer:

— Mais... il me semble vous avoir déjà vu.

La perche est inespérée, il me faut la saisir:

— Oui... il me semble aussi...Vous avez raison! C’était un soir, il y a quelques mois. Vous avez été la main secourable qui...

— C’est ça! Je vous ai aidé à ramasser vos courses... un de vos sacs avait lâché. Je suis heureux de vous revoir.

La phrase est conventionnelle, ma réponse est chargée de sens.

— Je suis heureux aussi. J’ai gardé votre sac dans l’espoir de vous le rendre un jour.

Je me mords les lèvres, c’est sorti malgré moi. Il ne relève pas.

— Moi c’est Michel, et vous?

Enfin! Je peux mettre un nom sur son visage. Je réponds:

— Aurélien.

Il me tend une main franche dont le contact, dans la mienne, est d’une douceur insupportable et confirme les bonnes raisons que j'ai de rechercher sa compagnie. Je ne veux pas perdre le fil, fragile, qui vient de se nouer.

— Vous avez le plus beau bébé du monde. Quel âge a-t-il?

— Treize mois. Il marche depuis peu. Je ne peux lui consacrer le temps que je voudrais. Je le garde le week-end. En semaine, il est en nourrice... Je ne vois pas pourquoi je vous raconte tout ça.

J’ignore sa réticence à se confier. S'il savait que je veux entrer dans sa vie

— En nourrice? Ah! Votre épouse travaille aussi.

Son visage se voile de tristesse.

— Non, ma femme est... morte, en donnant le jour à Ronan. C’est moi qui m’en occupe... seul. Mon enfant est tout ce qui me reste.

— Pardonnez-moi... je ne voulais pas raviver vos blessures.

— Vous ne pouviez deviner.

J’ai un peu honte, je viens de toucher là une épine douloureuse. Cependant, grâce à ma curiosité mal placée, en quelques paroles, je viens d’obtenir de précieuses informations qui m’éclairent sur sa personnalité. Cela ne me suffit pas, je veux en savoir plus. J’ose la question:

— Vous... vous habitez loin?

Il se retourne et pointe du doigt un des nombreux immeubles qui ceinturent le parc.

— Non. Ce bâtiment, en face... les fenêtres au troisième étage. Dès que le temps le permet, j’amène Ronan ici, pour l’air et le soleil. D’ailleurs je vais rentrer, il va être l’heure de son repas.

Je blêmis. C’est irraisonné, je serre un peu plus l’enfant dans mes bras. Ils vont partir! Pour Michel, ce n’était qu’un échange de banalités avec un inconnu à peine entrevu il y a si longtemps. Pour moi, c’était la lumière au bout d’un interminable tunnel. Le rêve se brise. Michel se penche pour récupérer son fils. Surprise! Ronan s’agrippe à moi et se met à pleurer. Plus son père insiste et le sermonne, plus il s’accroche et hurle.

— Je... je ne comprends pas.

Béni soit le chérubin, il m’offre l’occasion inespérée.

— Ce n’est rien... Avec votre permission, je vous accompagne jusqu’au pied de votre immeuble.

— Je suis confus. Il n’a jamais fait ça.

— Disons que je solde ma dette à votre égard. Vous m’avez apporté votre aide quand j’avais besoin de vous. Aujourd’hui, tout le plaisir est pour moi.

Michel me sourit, prend mon livre, nous partons. Son bébé collé contre ma poitrine, je suis ivre de bonheur.


Nous sommes arrivés, il y avait peu de chemin à faire. L’immeuble est ancien, gris de pollution. Devant la porte, Je serre toujours Ronan dans mes bras. Dans sa petite tête, sent-il qu’il pourrait y avoir, désormais, sa place ? Moi, je sais déjà, sans trop comprendre pourquoi, qu’il est entré dans mon cœur, comme son père.

Michel me remercie, tente de le reprendre. Ronan ne veut pas et fait une nouvelle crise. Je ne sais plus que faire. Je me sens fautif sans être responsable. Son père s’énerve de ce caprice et me l’arrache. Je suis tout bête de ne plus l’avoir contre moi. L’enfant trépigne, le visage congestionné, il pleure à gros sanglots. Il va se rendre malade. Je balbutie:

— Il va se rendre malade.

La répartie fuse, cinglante:

— Que croyez-vous! Qu’il manque d’affection? J’aime mon fils...

— Je n’ai jamais voulu dire ça.

— Excusez-moi... c’est son comportement qui me dépasse.

Ma réponse jaillit et me surprend:

— Rendez-le moi! Je monte jusque chez vous. Quand il aura pris son repas, je partirai.

Est-il surpris par mon ton sans réplique? Sans un mot, il me tend Ronan. Bébé se calme dès qu’il retrouve mon contact.

L’appartement est triste, infiniment triste. Apparemment, l’entretien du ménage laisse à désirer. Partout, dans l’entrée, dans le salon, jusque dans la cuisine, des photos rappellent la mère disparue. Michel s’est enfermé dans ses souvenirs. Il ne se rend pas compte qu’il y emprisonne son fils. Par les fenêtres entre de la lumière, rien que de la lumière, pas de soleil.

L’enfant dévore son repas. Dans sa chaise haute, un bavoir autour du cou, je lui donne à manger, à la petite cuillère, une purée agrémentée de jambon haché. Son père, incrédule, regarde le spectacle. Moi, je suis aux anges. Je lui fais des grimaces. Ses éclats de rire m’aspergent de postillons peu ragoûtants. Je m’en fous, j’en serai quitte pour une bonne lessive. Quelque part, au fond de mon âme, des fibres que je ne soupçonnais pas se mettent à vibrer. Le dessert achevé, je dis, d’autorité, en essuyant la bouche de bébé:

— Mon poussin, c’est l’heure de ta sieste.

Je reprends Ronan dans mes bras. Michel, emporté par les événements, me conduit jusqu’à une petite chambre. C’est celle de l’enfant. Délicatement, après un gros baiser, je le couche dans un lit cage où traînent quelques jouets en plastique coloré. Je tiens encore sa main quand il s’endort en suçant son pouce.

— Aurélien, vous permettez que je vous appelle Aurélien?... je suis désolé pour tout ce dérangement.

Je le regarde. Il y a un silence. C’est moi qui détourne les yeux.

— Michel, ne soyez pas stupide. Il y a longtemps que je n’ai été aussi heureux.

— Pourquoi?

— Je vis seul. C’est parfois lourd à porter. Bien... je ne veux pas m’attarder... Je vais partir.

— Nous... nous pourrions nous revoir... Ronan semble si heureux de votre compagnie.

J’ai le cœur qui s’arrête. J’ai du mal à croire ce que je viens d’entendre.

— Oh! J’en serais ravi. Si vous n’avez rien de prévu, demain, dimanche, je vous invite à déjeuner, avec Ronan. Ce n’est pas si loin... Vous connaissez les trois quarts du chemin.

— Nous allons gâcher votre week-end...

Comment pourrions-nous nous douter qu’il a fait de ce samedi le plus beau jour de ma vie.

— Au contraire, je me fais une joie de vous recevoir. J’insiste, rien ne me fera plus plaisir.

Ses dernières réticences s’envolent. Il accepte. Ma main tremble un peu quand, sur un papier, je griffonne mon adresse, mon téléphone  et une ébauche de plan.

— À demain, Michel.

— À demain, Aurélien.¤ Si vous m'aimez suivez-moi !  ch 3

Par claudio - Publié dans : EUX ET NOUS HETEROS ET GAYS - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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Samedi 16 novembre 6 16 /11 /Nov 06:05

Confiance Aurélien, je suis sûr que tu connaîtras le bonheur !

LE DESTIN FRAPPE A LA PORTE D'AURELIEN

et je pèse mes mots !

 

Ce texte est classé dans INVENTAIRE DES POSSIBLES (24)

Je pense à mes amours sans joie
Si dérisoires
A ce garçon beau comme un Dieu
Qui sans rien faire a mis le feu
A ma mémoire...ch. Aznavour...

C'est arrivé par hasard. Je n’ai rien cherché, rien voulu. J’étais peinard, tranquille. Je vivais au jour le jour, sans me soucier du lendemain. Mon petit boulot, mon petit pavillon, mes petits amants. Quoi de plus pour être heureux? Je ne souhaitais rien d’autre.

A 24 ans, j'ai mon métier(architecte), je gagne ma vie.

J’ai la chance d’être l’heureux propriétaire d’un charmant pavillon situé dans une étroite rue piétonnière qui offre la verdure, le calme et le sentiment de vivre à la campagne. On a peine à croire que Paris est là, qui nous encercle, prêt à nous étouffer. Les rumeurs de la ville viennent mourir à quelques mètres à peine. Parfois, rarement, quand le vent souffle du mauvais côté, le méchant vent du nord, le bruit assourdi des embouteillages du périphérique vient perturber le gazouillis des oiseaux et le coassement des grenouilles.

L’endroit est un peu magique. Il y règne un parfum persistant de dix-neuvième siècle finissant, fait de lilas et de glycines, de rosiers moussus, de lierre tenace, de muguet et de marguerites. Des mésanges à tête bleue, des pies et des merles ont élu domicile dans l’un des arbres du jardinet qui ceinture mon pavillon recouvert d’un tapis de vigne vierge qui flamboie à la fin de l’automne.

En juin, je ne dispute pas aux oiseaux les fruits de mon cerisier. Chaque année, ils ont la délicatesse de me laisser un nombre de fruits suffisant à ma gourmandise. Alentour, d’autres maisons forment, avec la mienne, un quartier sur lequel le temps n’a aucune emprise, relique d’un vieux village préservé de l’urbanisation sauvage.

J’ai parfaitement conscience d’être un parisien privilégié. Dès le soir, lorsque je pousse la porte du jardinet pour entrer chez moi, il suffit de très peu de temps pour que le stress de la circulation et de la foule se dissipe, comme un lointain nuage, dans la quiétude environnante.

La maison elle-même est mon cocon. Je l’ai voulue plus que confortable, douillette. Elle est grande. Ses cent dix mètres carrés font bien des envieux. La cuisine est minuscule. J’y ai donc l’avantage d’avoir tout à portée de la main. Un impératif: tout doit être rigoureusement à sa place, sinon, c’est immédiatement le grand bazar. Ma pièce à vivre est le vaste salon. Un canapé et deux gros fauteuils revêtus d’un imprimé anglais à grosses fleurs, me permettent de vivre intensément ma flemme le week-end. Les rideaux sont assortis. Une ancienne cheminée à parements de bois ciré, m’offre la chaleur de ses flammes par les jours les plus froids. Le mur principal est occupé entièrement par une lourde bibliothèque en acajou, surchargée de bouquins et d’objets achetés au gré de ma fantaisie et de mes goûts. Dans un angle, une table ronde sert pour mes repas. Pour le reste, l’essentiel du mobilier est constitué par des meubles d’appoint qui supportent la télévision, la chaîne Hi-fi, le magnétoscope... et servent de rangement pour la vaisselle de table. L’éclairage indirect, les tapis, sur la moquette, rendent le confort encore plus moelleux. La pièce reçoit la lumière par une grande baie vitrée d’où j’aperçois le Pré-Saint-Gervais et, plus loin, les Lilas.

Deux grandes chambres, une plus petite, une salle de bain et des WC finissent le tour du propriétaire. Je dispose même d’une cave où dorment quelques bouteilles que je déguste à l’occasion. Voilà mon univers, et, croyez-moi, je n’en changerais pas pour tout l’or du monde. 

J’ai peu de relations avec le voisinage. Pour la plupart, mes voisins sont pourtant des gens charmants. Il s’agit de personnes âgées, peu bruyantes, qui, si elles ne m’ignorent pas, se contentent de m’adresser un bonjour poli et froid lorsque je les rencontre.

Il est vrai qu’à vingt-quatre ans, je représente la brebis galeuse du quartier. Quand mes grands-parents sont décédés, me faisant l’héritier de cette maison, il n’a guère fallu de temps, après mon installation, pour que ma vie privée, assez dissolue, apparaisse clairement à mon entourage. Il faut dire que ces braves gens n’ont pas autre chose à faire qu’à guetter, derrière leurs rideaux, afin de savoir qui va chez qui et qui fait quoi.

Cette curiosité mal placée les a vite éclairés sur mes fréquentations exclusivement masculines, et je soupçonne certains d’entre eux de tenir soigneusement la comptabilité des visites que je reçois. Au début, je trouvais cet espionnage un peu gênant. Au fil des mois, je m’y suis fait. Aujourd’hui, je donne parfois dans la provocation. Il m’arrive, lorsque au petit matin, après une folle nuit, mon amant du moment me quitte, de me laisser aller, sur le pas de la porte, à donner un dernier baiser langoureux. Je sais alors, que mes chères vieilles birbes bien pensantes, se voilent la face d’horreur, à l’abri de leurs volets, en attendant avec impatience, le prochain spectacle cochon que je leur offrirai.

De ce fait, les salutations sont parfois grinçantes, souvent ironiques, et jamais sincères. Je m’en fous. Je vis ma vie comme je l’entends. Le fait de n’avoir jamais été convié à un apéritif ne me chagrine pas. Mais j’envisage, avec humour, de lancer un jour une invitation générale, question de voir les réactions.

Côté cœur, par contre, les relations sont chaudes et nombreuses. Je ne suis pas une beauté sublime, mais je plais. Un mètre soixante-quinze, c’est déjà pas mal. Un corps que j’entretiens sans faire de sport, à force de marche à pied intensive et quotidienne. La musculature, à peine soutenue, donne plus une impression de grâce que de force. Une peau naturellement mate, m’épargne toute séance de bronzage tant naturelle qu’artificielle. J’ai même intérêt à faire gaffe, trop de soleil me rend noir comme un corbeau. Mes cheveux sont banalement bruns. Un peu fous, ils encadrent un visage aux traits affirmés et aux yeux mauves. Je ressemble un peu, paraît-il, à un chanteur québécois bien connu que plus d’un, ou une, aimerait avoir dans son lit. Il est donc fréquent, que le samedi soir ou, quand l’occasion se présente, d’autres jours, je ramène chez moi une conquête qui viendra, et l’espace d’un moment, nous satisfaisons notre soif de plaisir charnel. Une fois rassasiés, cela ne va jamais plus loin. Je n’éprouve pas le besoin de me fixer et si mon cœur bat, c’est plus physiologique que sentimental.

C’est vrai, j'en ai fait souffrir quelques-uns qui s’étaient attachés. Je ne m’en sens pas responsable. Je n’aime pas faire du mal, ce n’est pas dans ma nature. Pourquoi faut-il que certains confondent une bonne baise avec les grands sentiments? Au moment de la séparation, il en résulte des scènes pénibles, des mises au point difficiles, des ruptures de liaisons inexistantes pour moi. Je suis donc le genre de gars qui ne pense qu’à s’amuser.

 

Donc, j’étais cigale. Maintenant, je rêve d’être fourmi. J’étais volage. Je suis fidèle. Ne riez pas, je vous en prie! Je suis fidèle à quelqu’un que je ne connais pas. J’ignore son prénom. Je ne sais pas où il habite, ni ce qu’il fait. Ce n’est pourtant pas un être irréel, né de ma seule imagination. Que non ! Il existe bel et bien. Je ne l’ai vu que deux fois. Depuis, je cherche, en vain, à le retrouver.

Depuis le premier jour, dès notre première et fortuite rencontre, il bouffe ma vie et mon espace. Il est devenu mon obsession. Le coup de foudre, vous connaissez? Ou, du moins, en avez-vous entendu parler? J’avais toujours pensé que ce brutal afflux d’hormones n’était qu’une réaction chimique justifiant l’envie soudaine de baiser avec le premier venu... pour peu qu’il soit plaisant à regarder. J’étais d’ailleurs très fier de mon palmarès de "coups de foudre". J’en avais eu des tas, j’en avais eu des tonnes. Et, à l’appui de mes certitudes en la matière, chacun n’avait duré que le temps d’un coup de foudre, c’est-à-dire quelques secondes, plus le temps d’apaiser l’incendie.

Et puis, un soir d'automne...

Comme à mon habitude, sans me presser, je commence à ranger, posément, mon matériel, en vrac sur ma table de travail. Mes crayons, gommes, mes règles, mes compas, mes épures, retrouvent leur place. Ah! J’allais oublier l’encre de Chine! Je suis assez méticuleux. Dans mon métier, cette qualité est préférable. Je pousse un soupir de satisfaction: la journée a été bien remplie, Aurélien tu peux rentrer chez toi.

En sortant de l’immeuble, je lève la tête vers le ciel. Il est dix-huit heures, la nuit est presque tombée. J’esquisse une grimace désabusée, la mauvaise saison arrive à grands pas. J’ai l’impression qu’il y a quelques jours seulement, le soleil brillait haut et clair lorsque, la journée terminée, je prenais le chemin de la maison. Ce soir, les néons des vitrines sont déjà allumés et jettent leur couleur blafarde sur la foule des passants qui se hâtent sur les trottoirs. Les terrasses des cafés sont vides. Frileusement emmitouflés, les gens sont pressés d’être chez eux. Ils ont déjà le visage triste des mauvais jours qui s’annoncent. De fait, la fraîcheur de cette soirée d’automne me saisit, après la chaleur du bureau. J’ai un grand frisson. Je referme un peu plus mon blouson. Place Stalingrad, avenue Secrétan, les Buttes Chaumont, Place des Fêtes.

Je dois faire des courses au Monoprix. Je repars à pied avec des sacs surchargés. Soudain l'anse d'un sac cède Clac !.

La chute des marchandises qui s’étalent sur le bitume, à mes pieds, est un cauchemar. Je suis certain que les œufs étaient dans le paquet qui vient de me trahir. En tout cas, une chose est sûre. Je vois, comme dans un cauchemar, la boîte de raviolis sauce tomate, se mettre à rouler de plus en plus vite. Le feu passe au vert. Les premiers véhicules se ruent, ignorant la statue pétrifiée, rivée au macadam. Je regarde une roue avaler ma boîte de conserve qui explose sous la pression. Des giclées infâmes, rouge sang, fusent à l’entour. Ça ressemble à de la cervelle écrasée. J’ai envie de vomir.

— Ne bougez pas, je vais vous aider.

La voix vient de nulle part. Nul doute, Aurélien, c’est ton ange gardien qui se décide, tardivement, à penser à toi. Il aurait pu intervenir plus tôt et m’éviter le désastre.

— Vous avez de la chance, j’ai toujours un vieux sachet qui traîne dans ma poche.

Non, ce n’est pas mon ange gardien. Un ange, ça n’a pas de sac plastique en réserve dans sa poche. Je baisse les yeux. Un type à mes genoux, s’active à ramasser, au milieu de la circulation, une plaquette de beurre, un sac de pomme de terre, un ananas qui foutait le camp, les barquettes de viande... Je respire. Apparemment, les œufs ont échappé au massacre. Mentalement, je bénis l’inconnu qui me porte secours. Reconnaissant, je balbutie:

— C’est trop aimable à vous. Je ne sais comment vous remercier. Je ne savais quoi faire pour m’en sortir. Je suis navré pour ce dérangement.

Au même moment, il se redresse, il a tout récupéré. Seule, la boîte de raviolis, plus plate qu’une crêpe, me nargue sur l’asphalte.

— Donnez-moi un ou deux autres sacs. Vite, il est temps de rejoindre le trottoir.

Sans attendre ma réponse, il me soulage de mon fardeau. D’un même élan nous slalomons dangereusement à travers le flot des véhicules. Il y a des crissements de freins, des insultes d’automobilistes furieux. Quand j’y pose enfin les pieds, le trottoir me semble un havre de paix et de sécurité. En même temps que je savoure mon soulagement, je regarde un peu plus attentivement ce mec qui vient de me sortir de mon inconfortable situation.

Il est grand, beaucoup plus grand que moi, peut-être un mètre quatre-vingt-cinq. Il est brun, coiffé à la mode, avec des mèches blondes, qui sont autant de feux follets d’or dans ses cheveux. Des yeux gris clair éclaircissent un visage régulier. Je flashe immédiatement sur les lèvres et la dentition. Ce n’est peut-être pas mon ange gardien, mais il est beau comme un ange... en mieux, même. Il me sourit.

— Le mal est réparé. Pourrez-vous tout porter?

Je ne sais comment exprimer ma reconnaissance, je réponds machinalement:

— J’habite à proximité. Je devrais m’en sortir. J’avais trop surchargé un des sacs. J’aurais dû faire attention. Merci pour votre amabilité, sans votre intervention, je crois que je n’avais qu’à abandonner mes achats sur place.

— J’ai cinq minutes devant moi. Je vous accompagne sur une centaine de mètres, pas plus.

— Je ne veux pas abuser...

C’est bien la première fois qu’à Paris, je rencontre quelqu’un d’aussi serviable. C’est une perle rare, je suis tombé dessus. Et pour une perle rare, c’en est une! Plus je le dévisage, plus je craque. Ce jeune type est la séduction faite homme. Tout compte fait, au contraire, j’aimerais bien abuser...

— Cela ne me dérange pas. C’est dans quelle direction?

D’un mouvement du menton, j’indique le chemin de la maison. Nous marchons en silence pendant quelques minutes. Le silence est relatif car je ne cesse de bredouiller:

— Je suis confus... comment vous remercier?

Il se contente de rire légèrement et d’écarter d’un geste mes protestations de gratitude. Hélas, tout a une fin. Il nous reste près de deux cents mètres à parcourir lorsqu’il s’arrête brusquement.

— Je suis navré... Je vous aurais volontiers raccompagné jusque chez vous, mais là, le temps me manque.

Ma déception fait un grand bruit de verre brisé dans ma tête. Je me voyais en train de lui offrir l’apéritif et, pourquoi pas, de tenter ma chance. Il m’a déjà rendu mes paquets. Mes bras rallongent à nouveau de vingt centimètres. Je reste tout bête, je voudrais prolonger le contact. Je sors une monumentale platitude:

— Votre sac... vous pouvez en avoir l’utilité...

— Ne vous inquiétez pas. Vous pouvez le garder. Heureux de vous avoir rendu service. Je suis pressé maintenant, mon fils m’attend. Au revoir, et soyez plus prudent la prochaine fois.

À peine le temps de dévorer une dernière fois son visage.

— Attendez! Je...

Sans attendre, il a tourné le dos. Il ne m’a pas entendu. Je le vois s’éloigner et se fondre dans l’obscurité de la nuit. De loin en loin, un réverbère éclaire sa silhouette qui disparaît lorsqu’il tourne au premier carrefour. Pour lui, je n’existe déjà plus. Je reste immobile, incapable du moindre mouvement. Je ferme les paupières et retrouve son visage. Ça me fait tout chaud. Quelqu’un, en passant me bouscule. Je retombe sur terre. J’avance d’un pas, machinalement. Arrivé devant chez moi, je ne me suis aperçu, ni du trajet, ni du poids de mes courses.

Je devrais parler au passé. Je vis une espèce de cauchemar. Depuis que ce garçon m’a tendu une main charitable, je ne pense plus qu’à lui. Ma joie de vivre s’est envolée. Il est des fois où je suis persuadé avoir rêvé. Il est des fois où je suis certain d’avoir sombré dans une douce folie. Je ne suis plus normal. Deux mois que je le traîne dans ma mémoire. En voilà une qui est fidèle, soixante jours après ma rencontre, elle me restitue, intacts, les traits et la silhouette de mon bel inconnu. J’ai même envisagé d’aller voir un psy. J’ai préféré renoncer... j’aurais eu trop à lui raconter. Ces gens là sont trop curieux de votre vie privée!

Dorénavant, vous pouvez me parler de coup de foudre, je ne ris plus. Ça m’est tombé dessus, ça ne m’a plus lâché. Amoureux! Je suis amoureux comme je ne pensais pas pouvoir l’être. Ça n’arrivait qu’aux autres. J’étais certain d’être à l’abri. Mon œil! Le petit dieu malin avec ses petites ailes toutes roses que je plumerais bien, son arc et ses flèches me guettaient au moment où je m’y attendais le moins. Et hop! Il m’a accroché à son palmarès. Je vous le demande un peu: avait-il besoin de moi dans sa collection?

En plus, j’ai fait une mauvaise découverte. J’avais toujours cru que l’amour rendait heureux. Je vais vous faire une confidence. C’est faux, c’est entièrement bidon. Quand on aime, on souffre. Je souffre depuis deux mois. J’ai abandonné les boîtes de nuit et autres lieux de drague. Je vis en ermite solitaire. Les voisins ne me reconnaissent plus. Il y a même une petite vieille qui, hier, m’a demandé gentiment si j’étais malade en ce moment. En plus, elle était sincère! Elle ne se moquait pas de moi.

Bien sûr, atteint de symptômes aussi graves, je me suis empressé de chercher partout le remède à ma guérison. J’ai usé mes semelles à parcourir, les rues, les squares, les parcs du quartier. Désormais, je connais le dix-neuvième arrondissement comme ma poche. Je l’ai sillonné dans tous les sens, plutôt deux fois par jour, qu’une. En vain! Je n’ai jamais croisé celui qui hante mes jours et fait brûler mes nuits. J’ai même pensé à utiliser un pendule avec son sac en plastique que j’ai pieusement conservé comme une relique. J’ai préféré renoncer, n’étant pas certain de l’excellence des résultats.

Le temps passe. Plus le temps passe, moins je l’oublie et plus je désespère de jamais le revoir un jour.

L’INCONNU DU PARC DES BUTTES CHAUMONT

C’est aujourd’hui dimanche. Le temps est froid mais superbe, en ce début février. Hier au soir, pour la première fois depuis longtemps, j’ai décidé de renouer avec mes plaisirs d’antan. À quoi cela me servait-il de rester cloîtré comme une nonne à ruminer les pensées moroses d’un amoureux transi? Du sexe! Il me fallait du sexe jusqu’à plus soif. Je me suis persuadé que seule l’orgie la plus débridée, extirperait de ma mémoire l’image inaccessible qui la rongeait.

Je suis donc sorti en boîte. Un quart d’heure! Je n’ai pas pu y rester plus. J’étouffais. Tous les types me paraissaient insipides, y compris l’adorable minet qui a tenté une approche discrète. Alors, j’ai pris mes cliques et mes claques et je suis rentré me coucher comme un petit vieux. À vingt-deux heures j’étais dans mon lit, la lumière éteinte. Remâchant mon échec cinglant, j’ai mis du temps à m’endormir. J’ai rêvé que quelqu’un jonglait, en riant devant moi, avec une boîte de raviolis. À un moment, la boîte lui a échappé. Elle est tombée à terre en explosant. Souriant, l’inconnu m’a dit: «Demain! Je te la rendrai demain.» Qu’est-ce que ça peut être con, les rêves! Je me suis réveillé en sursaut. La lumière entrait à flots par la fenêtre.

C’est aujourd’hui dimanche. Le temps est froid mais superbe. Que vais-je faire de cette journée qui s’ouvre, béante, devant moi? Décidément, il fait trop beau. Je décide de sortir faire un peu de jogging. Je file sous ma douche. L’eau chaude chasse les dernières ombres du sommeil. Malgré le litre de café ingurgité, mon rêve reste tenace et me ramène vers ce type auquel je ne cesse de penser depuis bien trop longtemps. Ma main, couverte de mousse, s’égare sur mon sexe. Mon imagination devient érotique...

«Ses yeux sont tendres quand il me prend dans ses bras. Il baisse la tête vers mes lèvres. Il est si grand que je suis obligé de lever mon visage vers lui. Les paumes de mes mains jouent avec les muscles de son dos. Sa bouche fouille la mienne et je défaille. Ses doigts, légers, courent sur mes flancs, descendent vers mes hanches. Je gémis de plaisir. Ils découvrent mes fesses. Je m’ouvre à leur curiosité. Les sensations sont multiples. La caresse des lèvres, celle des doigts au plus intime de moi-même et surtout, le contact brûlant de son membre qui s’écrase contre mon ventre et me fait comprendre ses exigences. D’une main douce, il me retourne. Mon dos trouve sa place contre sa poitrine. Ses dents mordent mon cou. Je sens son sexe qui cherche son...»

Le plaisir m’anéantit lorsque j’explose entre mes doigts. La joie est brève, le sentiment de frustration insupportable lorsque je retombe sur terre, que mon fantasme éclate comme une bulle de savon.

Morose, je fais disparaître les traces de ma jouissance à grand renfort de savon et d’eau chaude. J’enfile une sortie de bain. Deux nouveaux cafés me remontent un peu le moral. Il ne me faut que quelques minutes pour revêtir un survêtement et des baskets. Devant la maison, j’aspire une grande bouffée d’air frais et je démarre en petites foulées vers l'idéal pour une séance de footing: le parc des Buttes Chaumont.

J’ai toujours aimé cet espace vert.

Je fais une halte.

Face à moi, une silhouette s’approche, nonchalante. C’est lui! Je le reconnais! Je le reconnaîtrais entre mille. Habillé de jour, il est encore plus beau que vêtu par l’obscurité du soir. Il avance, en flânant dans la clarté pâle d’un soleil d’hiver. Seigneur! Qu’elle lui va bien. D’abord cloué par la surprise, j’ai le réflexe de me lever et de courir vers lui. Il me faut lui parler, lui dire tout et n’importe quoi, nouer le début du commencement d’un dialogue. Le remercier... c’est ça, le remercier encore pour sa sollicitude de l’autre soir. Il comprendra que je n’ai pas oublié.

Mon élan se brise instantanément. Il n’est pas seul. J’hallucine. Dans ses bras, il porte un... un bébé. Je croyais au David de Michel Ange et je tombe sur une Madone à l’enfant. J’ai du mal à accuser le choc. Mes fesses retombent lourdement sur le banc. Lui, indifférent à mon tumulte, arrive à ma hauteur. Son regard se pose distraitement sur moi, ne s’arrête pas, et va se perdre vers l’horizon. J’entends vaguement quelques mots tendres qu’il adresse à son enfant. Il m’a vu. Il ne m’a pas reconnu.

    ?

 

Quelque chose en moi se brise. Cet homme est loin d’imaginer le mal qu’il vient de faire. J’ai le geste ridicule de porter ma main à ma poitrine pour voir si ça ne saigne pas. Mon orgueil aussi en prend un coup. Je ne pensais pas qu’on puisse m’oublier. Mes conquêtes passées ne m’avaient pas habitué à une telle indifférence. Effondré, je le regarde s’éloigner, avec son précieux fardeau. Il y consacre toute son attention. Nul besoin d’être sorcier pour deviner l’amour qu’il porte à ce petit être. Un bref instant, l’envie me prend de me lever, de courir derrière lui, de poser ma main sur son épaule et lui dire: «Vous ne m’avez pas reconnu, je suis celui que vous avez aidé, l’autre soir, au milieu de la circulation.»

À quoi cela servira-t-il, Aurélien? Remets les pieds sur terre. Cet homme est marié. Il a un enfant. Il est à des années lumières de tes misérables fantasmes d’homosexuel. Tu n’as rien à espérer. Chasse cette obsession qui gâche inutilement ta vie depuis des semaines. Oublie ce sentiment nouveau qui fait si mal. Retrouve tes habitudes et ton insouciance d’antan...

J’ai dû rester plus d’une heure, sur ce banc, à pratiquer intensivement la méthode Coué et à essayer de mettre de l’ordre dans mes idées. Je me suis enfin levé, plein de bonnes dispositions. C’était décidé, j’allais gommer ce type de mon existence. Promis, juré, craché, il n’existait plus. D’ailleurs, il n’avait jamais existé.

Tout heureux de ces saines résolutions, j’ai repris, en marchant, la route du retour. Arrivé devant le portillon de mon jardin, il m’apparaissait évident que: 1, ce si joli papa habitait dans le quartier; 2, qu’il devait aller au parc assez souvent avec son bébé; et 3, que plus fréquemment je m’y rendrais, plus j’aurais de chance de le revoir. À cette idée, le sourire m’est revenu aux lèvres.

Ma bouche n'osera jamais
Lui avouer mon doux secret
Mon tendre drame
Car l'objet de tous mes tourments
Passe le plus clair de son temps
Au lit des femmes

Suivez mon histoire si vous m'aimez...qui m'aime me suive !

 

Par claudio - Publié dans : EUX ET NOUS HETEROS ET GAYS - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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Jeudi 14 novembre 4 14 /11 /Nov 14:11

Classé dans INVENTAIRE DES POSSIBLES (23)

 

 
Un papa qui change les couches, donne un petit pot ou promène son bout d’chou en poussette, ça n’étonne plus vraiment...

Plus personne ne remet en cause le désir de paternité ni la capacité des hommes à élever un enfant. Les pères divorcés qui assument le trio boulot-bébé-biberons en sont la preuve. Certains hommes sont prêts à se battre et à défier les préjugés pour adopter sans mère.
A cela s'ajoutent les couples homosexuels masculins non officialisés par le mariage qui désirent élever un enfant à deux. La démarche peut commencer en solo.
Adopter en célibataire est toujours plus difficile qu’en couple hétéro, les hommes seuls cumulent les “handicaps” et parviennent difficilement à surmonter tous les obstacles.
Ils sont en effet dépendants de l’ouverture d’esprit des travailleurs sociaux, même si la loi interdit de refuser un agrément en raison de la situation matrimoniale du demandeur.
Autre frein : le nombre limité de pays qui acceptent leur profil... Pourtant, les hommes sont de plus en plus nombreux à se lancer seuls dans l’aventure de l’adoption. Et certains y parviennent.

Faut qu'on parle !

la loi autorise les hommes célibataires à adopter, au même titre que les femmes. Cela dit, ils ne sont aujourd’hui encore qu’une poignée à franchir toutes les barrières administratives pour aller au bout de leur désir... Une fois l'adoption acquise, deux hommes qui vivaient ensemble auparavant ou qui se mettent en couple non officiel ensuite peuvent très bien élever un enfant à deux.

 
Cristiano Ronaldo est lui-même père célibataire
Malgré les mises en garde, les préjugés et les embûches, ils se sont lancés dans la démarche rare, mais autorisée par la loi, d’adopter en tant qu'homme célibataire. Ils racontent.


Je ne dispose que des témoignages de ces quatre célibataires, dévorés par l’envie d’enfant, qui ont décidé de ne pas attendre plus longtemps pour fonder un foyer. Ils ne vivent pas une union homosexuelle. En quoi cela diffère ou importe : ils assument la paternité seuls et pourraient très bien avoir un compagnon.

 

Patrick, 43 ans, cadre supérieur dans l’informatique. Un garçon de 7 ans et une fille de 5 ans adoptée en Haïti en juin 2003.

"Mon désir d’adoption remonte à l’âge de 16 ans. Ma mère travaillait dans une pouponnière d’enfants non-adoptables et m’avait invité à partager leur repas de Noël. Au moment de partir, ils se sont tous accrochés à moi... Cela m’a bouleversé. Par la suite, j’ai eu un enfant biologique que j’élève en garde alternée.
 
Franck, 39 ans, gestionnaire à l’éducation nationale. Deux garçons de 7 et 10 ans adoptés en Ukraine en février 2004.
-"Cela peut paraître étrange, mais je n’ai jamais ressenti le désir d’avoir un enfant biologique. Même si j’avais rencontré la femme de ma vie, j’aurais voulu adopter.
Je n’ai jamais eu aucun doute sur ma capacité à élever un enfant seul. Tout comme je n’ai pas appréhendé les démarches d’adoption, même si je demandais l’autorisation d’accueillir une fratrie, ce qui est très rarement accordé.
J’étais confiant, j’avais la "niaque", comme on dit.
L’obtention de l’agrément était une évidence pour moi : c’est d’ailleurs ce qui a dû convaincre.
Je suis allé chercher Roman et Vadim en Ukraine, en février 2004. Et depuis, je vis à cent à l’heure !
Elever seul deux enfants requiert une bonne dose d’organisation. Mais cela vaut aussi bien  pour tous les parents divorcés.
J’ai donc pris un temps partiel et consacre mes mercredis aux courses, ménage, activités sportives... et devoirs. Lorsqu’on est en couple, on se partage les tâches. Moi, le soir, j’ai tout à assumer. J’endosse tour à tour les rôles de maman et de papa, capable d’être à la fois très câlin et autoritaire.

Preuve s’il en faut que ces rôles prédéfinis par la société relèvent du stéréotype. Cela dit, il m’a semblé important de trouver des référents féminins pour l’équilibre de mes enfants.
Je n’ai pas eu à chercher bien loin, car Vadim et Roman, grâce à une association qui parrainait leur orphelinat, avaient déjà été accueillis en France pour les vacances chez un couple dont le mari est malheureusement décédé depuis, et aussi chez une femme célibataire. Ils avaient tissé des liens très forts, et les deux femmes restent aujourd’hui bien présentes dans leur vie.
Ils vont souvent passer quelques jours chez elles, et je pense que cela nous fait du bien, car ainsi, notre relation n’est pas fusionnelle à l'excès.
Au début, je ne pouvais aller nulle part sans mes deux fils : l’angoisse de l’abandon était encore trop forte. "

 

Pierre, 39 ans, agent administratif. Un garçon de 4 ans adopté en Ukraine en août 2004.

-"Au fil des années mon désir de paternité est devenu viscéral, un besoin.
J’ai donc envisagé l’adoption, avec une multitude de questions : en suis-je capable ? Quelle est ma vraie motivation ? J’ai mûri mon projet pendant cinq ans et j’en suis arrivé à la conclusion qu’il était possible de construire et réussir sa famille en dehors du schéma classique.
J’ai suivi sans trop de soucis le parcours obligé de l’adoptant, le plus compliqué étant de trouver un pays qui accepte le “double handicap” d’être homme et célibataire.
Je me suis tourné vers l’Ukraine par élimination.
Me voilà donc, le 16 juillet 2003, sur le banc du préau d’un orphelinat. La nounou va chercher Boris.
Un blondinet entre d’un pas décidé et me regarde avec un sourire dévastateur. Je lui tends la petite voiture que j’ai achetée : il la prend et grimpe sur mes genoux pour jouer... Coup de foudre, que je sens réciproque ! Je me suis dit : “C’est lui, c’est mon fils.”
Il m’a tout de suite appelé Papa et c’est seulement le soir, à l’hôtel, que j’ai réalisé la portée de ce mot.
Après avoir attendu l’équivalent de deux grossesses, j’étais enfin papa. Je n’ai pas fermé l’œil de la nuit.
Revenu en France, j’ai pris un congé parental de deux mois et demi.
A sa demande, je l’ai inscrit à l’école : il avait inconsciemment senti la nécessité de rompre ce tête-à-tête fusionnel qui pouvait devenir dangereux. Même si pour lui, je suis encore un demi-dieu !
J’endosse à la fois le rôle de père et de mère. Mais c’est un emploi et demi plutôt qu’un double emploi, car Boris va solliciter les femmes de mon entourage.
L’an dernier, j’ai un peu angoissé à l’approche de la fête des Mères : à qui allait-il offrir le cadeau qu’il fabriquait à l’école ? Je lui ai dit de choisir la personne à qui il avait envie de faire plaisir, et il a désigné sa grand-mère.
Nous ne collons certes pas au modèle classique de la famille, mais chacun a trouvé sa place et nous sommes très heureux. "

 

 
Nicolas, 40 ans, chirurgien dentiste. Un petit garçon de 1 an en cours d’adoption au Vietnam.
"J’attends avec impatience mon petit garçon, Binh, qui est pour le moment encore dans un orphelinat au Vietnam.
L’aboutissement d’un projet mûri pendant de nombreuses années. La naissance de bébés dans mon entourage a révélé en moi un manque, et surtout l’envie de transmettre une part de moi-même.
Bien plus que la filiation comme perpétuation des gènes, c’est ce désir de transmission et d’éducation qui me portait.
L’adoption m’est donc apparue comme un choix logique, moi qui n’avais pas envie d’être en couple à n’importe quel prix.
En 2004, j’ai entamé les démarches, qui se sont avérées éprouvantes. Au cours des douze mois de la procédure d’agrément, j’ai en effet dû supporter des réflexions déstabilisantes, du type : "Etre célibataire à 40 ans, ce n’est pas normal !" dixit l’assistante sociale. Ou encore : "Je ne vous demande pas si vous avez couché avec votre mère ou votre sœur !" dans la bouche du psychologue, qui s’étonnait de me voir un peu déboussolé par ses questions, relevant à mon sens de la vie très privée.
Même si j’étais à l’aise dans mes baskets et sûr de ma volonté d’adopter, ces propos m’ont longtemps affecté.
J’ai finalement obtenu mon agrément pour un enfant "de 1 à 7 ans". Une tranche d’âge que j’avais demandée, car je ne me sentais pas capable de m’occuper d’un nourrisson.
Puis j’ai entamé les démarches d’adoption.

J’ai appelé Médecins du monde pour lancer une demande en Chine. "Vous êtes monsieur et madame... ?" demande mon interlocutrice. "Je suis monsieur tout seul." Long silence teinté de gêne.
Elle m’objecte enfin que le gouvernement chinois n’accepte pas les célibataires. Je rétorque que la Mission de l’adoption internationale spécifie que 8 % des enfants adoptables en Chine leur sont réservés ! La femme finit par admettre que c’est le conseil d’administration de Médecins du monde qui refuse de prendre en charge ce type de dossier... Quand on pense que cette association vit en partie sur les deniers publics, c’est révoltant !

Aujourd’hui, beaucoup d’hommes restent sur le bord de la route avec leur agrément parce qu’ils n’ont pas le profil type. "
 
En marge de l'article :
Pas d'âge pour l'adoption : Hugh Grant et
une voie un peu différente            5/11/2011

A 51 ans, l’éternel célibataire est enfin devenu papa, mais pas tout à fait comme il l’avait prévu…

Une nouvelle vie commence pour Hugh Grant. A 51 ans, celui que l’on qualifie d’éternel célibataire, connaît un grand bouleversement dans sa vie privée. Le beau quinqua se fait passer la bague au doigt ? Pas du tout ! « Hugh Grant est l'heureux père d'une petite fille », a annoncé son attachée de presse.

Une nouvelle inattendue… pour le principal intéressé. « Lui et la mère ont eu une brève aventure, ce n'était pas planifié mais Hugh ne pouvait pas être plus heureux. Tout a été discuté et lui et la mère sont en très bons termes », a précisé sa porte-parole.

Bien que l’identité de la mère soit encore tenue secrète, il s’agirait, d’après les rumeurs, de la starlette chinoise Hong Tinglan.

Source : AFP

Par claudio - Publié dans : EUX ET NOUS HETEROS ET GAYS - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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Jeudi 14 novembre 4 14 /11 /Nov 04:56

classé dans INVENTAIRE DES POSSIBLES (22)

Le Maine(USA) a toujours attiré de nombreux étrangers, incluant des artistes et des célébrités à la recherche de la plénitude...

Good morning, Maine.

"Egg & frisée*& prosciutto"  image

* tel quel dans leur menu

_"Qu'est ce que tu veux Owen ?"

Late Afternoon. Shore. Boys’ Lunch.

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Saumon tartare à l'heure du cocktail   de l'apéro &...

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..."Lobster roll"

Happy Halloween from all the boys at Two Dads Cook!

Halloween costume.

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"Ricotta with summer vegetables & fruit"

The Chef’s Ultimate Chocolate Puddin’.

Le dernier né des "chocolate puddings" du Chef, Owen

Olives. Pizza. Lambrusco.

"Olives, pizza, lambrusco"

 

February. Post-blizzard. Itching to play in the snow.

Owen pensif...ou l'heure du dodo ?

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"Pâtes au chou-fleur grillé"

 

image

Tarte à la clémentine et aux amandes la recette :

This light, fragrant cake makes for the perfect ending to a lazy Saturday lunch with friends. Serve it warm from the oven, its sticky top lacquered with syrup, or serve it at room temperature the next day.

Method:

We adapted this recipe from one appearing in the outstanding cook book Jerusalem by Yotam Ottolenghi and Sami Tamimi. Here, we’ve heightened its bright citrus flavor by folding freshly squeezed juice directly into the cake batter.

3/4 c. unsalted butter (plus a bit more for the pan)

2 c. sugar

zest and juice of 4 clementines (bio)

zest and juice of 1 lemon

2.5 c. ground almonds

5 eggs

3/4 c. flour

coarse salt

1/3 c. orange juice

 

Preheat the oven to 350 degrees F. Grease a 9.5 inch springform pan with butter and line the sides and bottom with parchment paper.

 

In a stand mixer fitted with the beater attachment, beat on low speed the butter, 1.5 c. sugar and the zests until well combined. Add the freshly squeezed juices. Once combined, add half of the ground almonds. With the machine running, add the eggs one at a time, scraping down the sides of the bowl from time to time. Add the remaining ground almonds, flour and a good three fingered pinch of salt and beat until smooth.

 

Pour the batter into the prepared springform pan. Tap the pan against the counter to level the batter.

 

Bake the cake for about 1 hour. To test for doneness, insert a toothpick in the center; it should come out clean. Remove the cake from the oven.

 

In a small saucepan, combine the remaining sugar and orange juice and bring to a boil, whisking constantly. Remove the pan from the heat. Brush the top of the cake with the syrup, allowing it to soak in completely.

 

Once the cake has cooled, remove it from the springform pan and gently pull away the parchment paper.

 

image

Hummmmm miam et on imagine la voix suave des deux papas qui nous expliquent

Happy Halloween from All The Boys at Two Dads Cook!

Bye bye, see you soon ! 

Par claudio - Publié dans : EUX ET NOUS HETEROS ET GAYS - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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Mercredi 13 novembre 3 13 /11 /Nov 14:24

Deux chefs de cuisine ont en commun le bien le plus précieux : un fils.

Témoignage vrai que je classe dans INVENTAIRE DES POSSIBLES (21) en préparation du prochain récit. 

 

Late Afternoon. Backyard. Two Dads Chill.

 

Qu'est-ce que tu crois? on aimait on aime, on aimera sortir !

 

Boardwalk Fireworks.

 

Le coup de foudre sur le web pour 3 personnes à la fois : Lui, son adorable gamin et Lui .( comprenne qui peut ! )

(Central Park (NY?) 2009) Owen entre Scott et Jerry 

Afternoon. Central Park. 2009.

 

Words with Friends.

First snow. Mid-morning. Working up An Appetite.

    Leur carte de voeux 2012  le dit : deux papas heureux et Owen.

Happy Holidays from all the boys at Two Dads Cook!

   

La matinée de Noël 2011.

 

  

 

Photo de famille

Joyful. Triumphant. Family.

La dinde. On est en Amérique et le plat pourrait être un vieux Moustiers. 

Au potager, fin septembre...

On ramassait les derniers haricots et les dernières tomates...qui ne seront pas les derniers  si vous m'avez compris.

Summertime. Six o’clock. Ogunquit, Maine.

L'homoparentalité est -elle un conte de fées ?

 

  Ils semblent avoir trouvé de nouvelles motivations pour leur métier... 

 

Par claudio - Publié dans : EUX ET NOUS HETEROS ET GAYS - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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