le voleur dérape, frappe, étrangle, viole son amant. Puis s’enfuit en quémandant son pardon. Scène enfiévrée digne de Dostoïevski, Genet, Pasolini ? Scène archaïque de tragédie antique autour
de laquelle va s’enrouler tout le roman, deux cent quarante pages durant…génial quand même !
http://bibliobs.nouvelobs.com/romans/20160107.OBS2369/les-illusions-eperdues-d-edouard-louis.html
au fond c'est quand il s'est aperçu que" Reda", qui s'appelle Riahd selon toute vraisemblance, lui a volé son téléphone
portable, que les choses se sont envenimées
il est alors un jeune normalien bourdieusien hyperconscientisé surjouant compulsivement le bourgeois, lorsqu’une nuit, la veille de Noël, place de
la République, il tombe sur Reda, fils d’ouvrier kabyle, un autre «dominé» qui lui aussi porte un masque social, et qu’il ramènera chez lui, pour une nuit de plaisir et de terreur, vouée à ne
jamais s’effacer de sa mémoire.
« Histoire de la violence », au titre si foucaldien, est avant tout l’histoire d’un coup de foudre qui va dégénérer en viol et en ce qu’il faut bien
appeler, dans les eaux glacées du vocabulaire judiciaire, une «tentative d’homicide». Au petit matin, c’est aux urgences médico-légales que le jeune homme échouera en effet avec ses
illusions éperdues, à cause d’un garçon qui le désirait autant qu’il avait honte de son désir.
A ce moment-là encore, ce dernier était recherché par la police, même si Edouard Louis n’a finalement pas souhaité
donner suite à sa plainte initiale, et s’il ne répond jamais aux convocations qu’il reçoit. Ce jeune homme-là, il ne cesse dans la conversation de l’appeler «Reda», avec familiarité, presque avec
douceur. On s’en étonne auprès de lui. «Je le hais pour ce qu’il a fait, hésite-t-il un temps. Mais, en même temps,
c’était une passion charnelle alors. Alors...»SUITE DE L'Article réservé aux abonnés
Riahd, le vrai n'est pas venu au procès, les personnes ci-dessous s'appellent toutes Riahd
Riahd B. google images
Riahd B. ? google images
Riahd B. aurait pas moins de cinq identités différentes, dans le dossier pénal où il est poursuivi pour viol, et dans le dossier
civil. “Je n’ai aucune pièce me permettant de faire un lien entre le « demandeur » et la personne mise en détention. L’un s’appelle Ryad B. et l’autre Reda M. ; l’un est né en Algérie, l’autre au
Maroc… Alors je vous le demande : qui est votre client ?“. Les avocats du plaignant, Thomas Ricard et Matthieu de Vallois, deux trentenaires barbus, expliquent le flou identitaire de leur client
par son statut de sans-papier : “Quand on est sans-papier sur le territoire français et en situation irrégulière, quand on peut à tout moment être reconduit à la frontière, qu’est-ce qu’on fait ?
On donne aux autorités une autre identité“.
Sortant soudain de son silence, l’avocat d’Edouard Louis, Emmanuel Pierrat, la cinquantaine chevronné, raille ses jeunes congénères : “Nos confrères
ne savent même pas par qui ils sont mandatés ! Est-ce qu’un écrivain peut rendre identifiable un individu dont les avocats ne savent même pas qui il est ?”. Riposte du camps adverse : “Est-ce
qu’un sans papier peut faire respecter sa présomption d’innocence ? D’ailleurs, quel est le nom de votre client : Edouard Louis ou Eddy Bellegueule ?“. Le ton est monté d’un cran à la 17e
chambre, ce tribunal très médiatique aux boiseries claires et au plafond ornementé, vieil hôte habitué des épopées judico-littéraires.
(…) Les Inrocks
09/03/16
Dans “Histoire de la violence”, le jeune écrivain raconte avoir été violé par un certain Reda. Celui-ci, actuellement en prison, l’attaque pour
atteinte à la présomption d’innocence. Enquête.
(…) Le
Nouvel Obs
07/01/16
Critique par Télérama du livre autobiographique d’Edouard Louis (ex:Eddy
Bellegueule)
(..) Edouard l’a rencontré en rentrant chez lui, place de la République, après un réveillon avec ses amis Didier et Geoffroy. Reda cherchait
l’aventure, voulait boire un verre, lui contant l’histoire de son père, émigré kabyle. Vaguement séduit, Edouard l’invite à monter dans le studio qui va devenir la scène de crime d’un odieux huis
clos. Après avoir fait l’amour, Edouard — l’enfant pauvre, exclu et mal aimé d’ En finir avec Eddy Bellegueule, le premier roman
confession (2014) — s’aperçoit que Reda a piqué son téléphone. Il réagit mal. Tout se détraque. Paniqué, le voleur dérape, frappe, étrangle, viole son amant. Puis s’enfuit en quémandant son
pardon. Scène enfiévrée digne de Dostoïevski, Genet, Pasolini ? Scène archaïque de tragédie antique autour de laquelle va s’enrouler tout le roman, deux cent quarante pages durant…
(…)
Comme son maître en Philosophie, Pierre Bourdieu, Edouard Louis pense que la violence noue et
dénoue les relations sociales. Les contamine. Alors il a voulu en faire son arène littéraire. Histoire qu’on la reconnaisse et peut-être l’arrête. Son violeur et meurtrier Reda n’est-il pas le
dernier maillon d’une longue chaîne de terreurs infligées par l’Histoire et la société à son peuple kabyle, à sa classe de migrants ? Lui-même Edouard, avant d’être sauvé par les études, n’a-t-il
pas volé comme Reda, son voleur ? Est-il si loin de son bourreau ? Voilà pourquoi il hésite tant à porter plainte au commissariat, se sent raciste après sa déposition. Se méprise. Dans sa
composition chahutée et quasi plastique — cubiste, expressionniste ? —, Edouard Louis fait entendre que c’est en pénétrant la violence du monde qu’on trouvera la vérité cachée de notre société ;
en se mettant du côté de ceux qu’elle tyrannise qu’on déchiffrera ses secrets et pourra les effacer. Car la violence engendre la violence, disait déjà la Bible. Et ceux qui en sont victimes la
reproduisent sur d’autres. »
[Un témoignage corrobore ces faits " ces gars pris sur le fait nieraient jusqu'à se
faire tuer et l'objet volé leur appartient déjà...la rage du Riahd en question n'est pas si surprenante, là, avec les empreintes et les traces ADN relevées, il y a peu de doute possible". Un
homme qu'il a fécondé ne portera pas plainte, dans la tête de Riahd, c'est trop dégradant à avouer pour un mec ! ]
(…) Télérama
Riahd B. ? google images
Riahd B.? google images craquant celui-ci -lol-
Le procès, à lire sur Libération
Mercredi 9 mars 2016, l’Obs révèlait que l’agresseur présumé dont Edouard Louis parle dans son deuxième roman, intitulé “Histoire de la
violence“, attaquait l’auteur pour atteinte à la présomption d’innocence. Dans ce roman, l’écrivain retrace l’agression qu’il a subie le 25 décembre 2012 à travers plusieurs points de vue. Au
final, Riadh B., qui poursuivait aussi Edouard Louis pour “atteinte à la vie privée“, a été débouté, rapporte Libération.
L'audience a eu lieu le 18 mars 2016 et s’est déroulée par avocats interposés, Edouard Louis et Riahd
B. n’étant pas là. Dans le livre, l’agresseur n’est évoqué que sous le nom de Reda. L’homme avait été arrêté le 11 janvier, quatre jours après la sortie du roman, pour une “affaire de
stupéfiants“. Le relevé de ses empreintes aurait permis de l’identifier, selon le Nouvel Obs. Son ADN serait aussi similaire avec les traces trouvées dans l’appartement d’Edouard
Louis.
A l’époque, l’avocat d’Edouard Louis avait fait remarquer que le nom Reda était porté par beaucoup de personnes, ajoutant :
“Louis délivre dans son ouvrage les mêmes éléments que ceux qu’il a donnés aux policiers. Aujourd’hui encore, personne ne sait qui est Reda:
dans les documents judiciaires qui nous ont été transmis, il est présenté sous trois identités différentes.”
Libération rapporte notamment que les avocats d’Edouard Louis se réjouissent que “la liberté d’expression, mais aussi celle de
communiquer au public une œuvre littéraire sans crainte de faire l’objet d’une quelconque censure, soient donc respectées entièrement”.
Être aimé, être honni
Une année qui commence par la découverte d’un écrivain est forcément une bonne année. Quand paraît en janvier 2014 « En finir avec Eddy Bellegueule
», rien n’indique que ce premier roman de ce très jeune homme sera en tête des ventes pendant six mois. Le Seuil a mis du temps à faire paraître le manuscrit, reçu en novembre 2012. Le premier
tirage à 2 500 exemplaires montre qu’il aura sans doute le sort commun de beaucoup de premiers romans : au mieux, un succès d’estime. Or, rapidement, les signes que quelque chose d’extraordinaire
survient, se multiplient. De fait, il apparaît que tout le monde se reconnaît dans ce livre qui traite de violence et d’ostracisme, alors même qu’Eddy Bellegueule, alias Édouard Louis, a un
destin d’exception : est-il si fréquent qu’un étudiant issu du lumpen-prolétariat soit admis à l’école normale supérieure, puis écrive son premier roman à si peu de distance, comme si l’enfance
et l’adolescence étaient déjà loin ? Existe-t-il d’autres écrivains, dont le premier acte littéraire est d’afficher le projet d’ « en finir avec » son identité de naissance ? Certes, Édouard
Louis n’est pas le premier à user d’un pseudonyme. Mais il est le seul à accompagner ce geste d’une agressivité si ostentatoire, contenue dans le titre même du roman. Un titre comme un programme
où il s’agit de faire la peau à celui qu’il a été, petit garçon malheureux, dans un village de la Somme, perclus de chômage et de misère, de Front national et d’homophobie. Dans ce premier roman,
l’écrivain décrivait la violence qui l’a façonné, les insultes homophobes, longtemps intériorisées. à ses lecteurs, il disait : « Le courage, ce n’est pas de rester, c’est de fuir. » S’extraire
de son milieu d’origine, quand il vous absorbe, tel un foie malade. Dans le deuxième, il raconte comment, au contraire, face à l’agresseur, il est resté statique, dans l’impossibilité de se
sauver, de quitter le lieu du crime, « happé par la situation », ou l’envie de rétablir un contact avec le jeune homme, voleur, étrangleur, et qui sera, tout de suite après, violeur. Espérer que
ce ne soit qu’une blague, un jeu, et qu’il soit encore possible de nier l’agression.
Avoir honte, être fier
Pour lui, la honte et la fierté sont le revers d’une même pièce, la Gay Pride n’existerait pas sans la honte que produit la stigmatisation. Mais la
honte est aussi ce qui se grave le mieux dans la mémoire, la sollicite supérieurement. Il dit qu’il n’a jamais écrit sans honte, honte que ses
livres ne soient pas meilleurs, qu’il s’agisse d’« En finir avec Eddy Bellegueule » ou d’« Histoire de la violence », « livres de jeunesse avec
leurs maladresses ». Il pourrait légitimement être fier d’avoir réussi un concours aussi difficile que l’école normale supérieure dont il vient juste de clore le cursus. C’est un sentiment plus
mélangé qu’il éprouve. Il s’est senti trop mal à l’aise dans l’institution dont il ne maîtrisait pas les codes. Il raconte comment il a tenté d’infiltrer coteries et clubs privés, ou d’entrer
dans des réseaux. Et que c’est à ce moment-là que l’accident Reda est arrivé. Il n’est pas loin de dire qu’il comprend que Reda ait voulu tuer le jeune homme si blond, si beau, si impeccable, qui
mentait sur son origine sociale, portait une lavallière, et affichait, c’est lui qui le dit, un mépris de classe. Honte d’avoir eu honte de ses origines, et de porter un « masque si convaincant
qu’on croit toujours qu’il est de l’autre côté », dit sa sœur dans ce deuxième livre. En revanche, Édouard Louis n’a jamais honte des histoires qu’il raconte ou qui lui arrivent. « ça ne me coûte
pas émotionnellement de me rappeler le passé. Je souffre trop du futur… » dit-il de manière énigmatique.
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