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Georges Mattéi évoque ce moment privilégié de solitude nocturne où le soldat posté, seul, en sentinelle peut se donner un peu de plaisir.
La sexualité des appelés en Algérie
LIVRE-LIVE : Jean-Charles Jauffret (dir.), Des Hommes et des femmes en guerre d'Algérie,
Paris, Autrement, 2003, p.402-415.
"Bons pour le service, les hommes qui partent en Algérie sont aussi “ bons pour les filles ” - selon l’expression populaire que les jeunes appelés arborent parfois cousue dans un macaron sur leur poitrine. L’acte sexuel est programmé, passage obligatoire pour tout militaire, sur le chemin d’une virilité que la guerre est censée tremper. Certains vont s’empresser de perdre leur virginité avant d’embarquer pour l'Algérie. D’autres, plus tard, au voisinage de la mort, voudront faire l’amour une dernière fois ou ne pas mourir sans l’avoir fait. Comme l’amour et la mort, le sexe et la guerre ont bien à voir plus en commun qu’il n’y paraît.
Excluant les professionnels de la guerre, cette étude s’intéresse à quelques années ou quelques mois de la vie de ces "appelés", jeunes hommes qui durent partir se battre en Algérie. Leur sexualité rencontre la guerre alors qu’ils ont une vingtaine d’années, la plupart du temps moins de vingt-cinq ans et, vu l'histoire des moeurs du pays, puceaux exposés au danger mortel de la guerre. ndlr. Certains sont mariés, d’autres ont des enfants mais ils ne sont pas la majorité. Leur “ culture ” sexuelle, comme l’écrit l’un d’entre eux a posteriori, est “ riche en tabous et pauvre en connaissances ”.
S’intéresser à leur sexualité n’est ni trivial ni secondaire. Cela permet de poser un certain nombre de questions sur les spécificités de cette guerre mais aussi de s’interroger sur la manière dont la sexualité et, au-delà, l’affectivité sont vécues, mais peut-être aussi utilisées ou canalisées, au sein de ces groupes d’hommes que sont les unités militaires, prises dans un contexte de danger, de peur et d’inconnu.
"... non que la sexualité ne les obsède pas ! j'ai assisté à des "conférences" avec un certain Capitaine G. de la CCAS du bataillon où j'étais ledit gradé avait fait venir l'aumonier-curé du régiment pour "parler clair". Une horreur, une incongruité-bien-pensante. La guerre s'est terminée en 1962-63 on pouvait entendre le pitaine parler de SA sexualité, que le préservatif le gênait et le déconcentrait aux moments "cruciaux" et l'aumonier y allait de sa propre "chanson" : "une mariée qui se défenêtre en voyant l'énorme sexe de son époux ' si elle eût été préparée' ça ne serait pas arrivé" et il mettait en garde les petits soldats d'Algérie contre une trop grande confiance en soi vis à vis des femmes car il est gros leur sexe"...Je vous passe les descriptions du curé, c'était fou qu'il ose à l'époque. Quant au Capitaine G., missionné par sa hiérachie sans aucun doute, il parlait de prophylaxie, de protection de la pisse-chaude ou blennoraje...lui qui disait avoir horreur de la capote ! "(UNBLOG) ndlr
Autant les femmes en chair et en os sont absentes de la vie quotidienne de la majorité des militaires en Algérie, autant elles sont extrêmement présentes dans leurs discussions et leur environnement, mental comme visuel. Combien de chambrées ne sont pas décorées, en effet, de photos de femmes plus ou moins vêtues, découpées dans des magazines? Projections d’une sexualité dont ils sont privés, ces images sont aussi, pour les soldats, l’occasion de rivaliser dans une virilité éprouvée en groupe.
Elles sont prétextes à des commentaires où se mêlent imaginaire et vécu, fantasme et expérience passée. Appelé au commando V22 du 23e RI, Jean Vuillez évoque ainsi ces “ récits, échanges, “ réflexions ” lancés à la cantonade dans les chambrées : fanfaronnades plutôt grossières et lourdes dans lesquels il faut déceler des significations contradictoires : un machisme qui cache mal une ignorance réelle, une pratique limitée ... voire inexistante ”. Ce qui n’empêche pas, note-t-il finement, qu’avec “ les bons copains ”, “ le ton [soit] plus sérieux ” : “ On dit sa rage d’être loin de celle qu’on aime, on soutient les valeurs de fidélité, de mariage ”.
Ces photographies accrochées au mur, au dessus du lit, peuvent aussi devenir le support d’une sexualité masturbatoire. “ Le cuirassier Morgani se masturbe tous les trois jours quand il est de garde ” : ainsi commence même le récit éclaté que Daniel Zimmermann rédige à son retour d'Algérie, tout entier fait d’émotions, de sentiments et de pulsions. Georges Mattéi évoque ce moment privilégié de solitude nocturne où le soldat posté, seul, en sentinelle peut se donner un peu de plaisir. Entre misère sexuelle et sexualité d’attente, la relation des militaires au sexe est dominée par ce que Jean Faure appelle “ la brûlure du désir ”. Certains ont pu faire alors l’expérience de relations homosexuelles.
hummmm, comme si j'y retournais ! (UNBLOG)
A l'époque régnait surtout la peur de se faire "pécho" à avoir ds relations homosexuelles. tel sous-officier qui gâtait des jeunes appelés de sa compagnie. Josua, un sous-lieut'appelé du contingent (sous-bite on disait) se souvient des grincements du lit du sergent de la chambre voisine et ça c'est un témoignage sur l'homosexualité (UNBLOG). Les récits de souvenirs sont, sur ce point, extrêmement pudiques, confirmant sans doute le statut de parenthèse que les militaires accordent à ce moment de leur vie sexuelle et affective.
(.. le copain alsacien que je crois plus dépressif que moi encore, passait son 'week-end' au dortoir en compagnie des cartons de bière qu'il achetait au foyer et il finissait fin saoûl. L'armée nous apprenait à fumer avec ses dotations obligatoires de cigarettes et à nous biturer sur place car elle nous consignait en caserne...) (UNBLOG)
Plus que toute autre activité, c’est la boisson partagée qui semble avoir fourni aux militaires le dérivatif le plus ordinaire à leurs différents manques. L’alcool inquiète régulièrement les autorités. Ainsi une directive du service de santé aux armées du CAA vise à réglementer, dès 1956, la consommation de bière par unité.
C’est en effet cette boisson qui est massivement ingurgitée. “ Jusqu’en 1954, nos éthyliques s’intoxiquaient au vin rosé, et, plus rarement, à l’anisette. Mais la guerre a ouvert un vaste débouché aux grands brasseurs des deux bords de la Méditerranée et la bière a pris, très vite, et de très loin, la première place, dans la genèse de ce type de toxicomanie ”, note ainsi un médecin-commandant. Les médecins se voient dans l’obligation de rappeler que la bière peut rendre ivre, voire ivre mort.( Et c'est hélas l'effet recherché s'abrutir d'alcool pour ne plus penser .)
(...moi qui suis gay dans l'âme, bien que ma suite à moi ne le prouve pas m'a dit Josua, un ex sous-lieut'appelé, je porte en moi le regret d'avoir dit non, de peur d'être chopé et moqué, dit non à Philippe L. qui cherchait à me prouver que d'être homo 'temporaire' comme les prisonnieers, c'était pas grave et que l'hétérosexualité revenait automatiquement à la sortie...on avait chacun nos chambres et on auraitpu se donner du bon temps. L'armée ET SON HOMOPHOBIE me terrorisaenit et je regrette. Je crois que ma vie à 20-22 ans en eût été changée...en bien". (UNBLOG)
AVEC LA VERITE JE TE TROMPE
(...Philippe L. et son copain des classes EOR à Montpellier faisaient marrer les copains en racontant une anecdote hilarante. Un jour au cours des dures manoeuvres de l'école d'officiers de réserve, -" on se réveille au bivouac et c'est l'adjudant de compagnie qui vient nous secouer. On avait froid et on s'était mis à dormir dans le même duvet. là je souponne Philippe L et l'autre d'en avoir bien profité, mais le coup devait être préparé et ils font 'semblant' d'être pédés et s'en vantent en rigolant à l'adjudant qui n'en croit rien car c'est trop gros et pense qu'on le charrie et les laisse avec quelque chose comme un ' bougez-vous bande de cons : on démarre dans 5 minutes' Comme quoi on peut cacher les plus gros mensonges en disant la vérité. S'ils n'avaient pas été deux à le raconter je l'aurais pas cru.) (UNBLOG)
commentaire : "d'après ce que tu nous fais lire, UNBLOG, mai 68 et 2013 se préparaient doucement mais sûrement" claudio
"Qui a composé la chanson
C'est un tambour du bataillon
Qui a composé la chanson
C'est un tambour du bataillon
C'était un soir, en battant la retraite
En pensant à sa mie que toujours il regrette... " Yves Montand le soldat mécontent cité par claudio...putain de guerres !
https://greatsong.net/PAROLES-YVES-MONTAND,LE-SOLDAT-MECONTENT,103826659.html
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