Dimanche 1 septembre 7 01 /09 /Sep 08:16

PHOTOS SERIES (101)  Ramon : Thomas synnamon

Salur Ramon

les "autres gars du site" vont être heureux !

cetop model est merveilleux

merci !

à très vite !

claudio
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ramon
salut Claudio
je voudrais juste partager avec les autres gars du sitre ces photos de ce mec sublime qu’est D.O. ( DIONISIO HEIDERSCHEID Thomas Synnamon )


Le 11 janv. 2013 à 10:53, modeste moussor a écrit :

Un pote me fait passer tes sublimes images.Merci à toi, 
merci à lui elles sont sur mon blog
catégories photos   
Quand tu veux, poste tes pics ou tes récits.
On est tournés vers la région... 
et puisque tu es d'ici, poste tes recherches...
bonne journée et bonne année !  / claudio

 

 

 

 

Par claudio - Publié dans : ELOGE DU BAREBACK A BAS LES TABOUS & NOKAPOTE - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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Dimanche 1 septembre 7 01 /09 /Sep 08:11

 

 

Est-ce vrai que les gays ont un 6e sens pour se renconter ?

Taylor s'approcha. Un sourire ironique écartait ses lèvres. Il se mit à rire, doucement d'abord puis de plus en plus fort.

Je n'arrivais pas à y croire. À la douleur si profonde que j'éprouvais il fallait qu'il ajoute la moquerie. Je ne méritais pas ça. Il essaya de dire quelque chose mais il riait tant que les mots sortaient hachés, brouillés:

— Id... es con... stup... stop...

Une fois encore la colère vint m'aider à surmonter mon désespoir.

— Je suis peut-être un pédé mais je ne resterai pas ici à me faire insulter! Ce coup-ci je m'en vais! hurlai-je presque.

Je fis un mouvement pour me relever. Il posa sa main sur mon épaule, je me dégageai. Aussitôt il se jeta sur moi et me plaqua au sol. J'essayai de lui échapper mais sa prise était trop forte et ses jambes, mélées aux miennes, m'empèchaient de trouver un point d'appui.

— Je t'en prie Taylor, lache-moi, laisse-moi partir.

— Non! Je ne te laisserai pas partir, j'ai aussi quelque chose à te dire!

— C'était pas assez de me traiter de con et d'idiot?

— Tu m'as mal compris, reprit-il avec difficulté, tant le rire l'essouflait encore. Je n'ai pas dit que tu étais con, mais que NOUS étions cons!

— Pourquoi?

— Parce que tu craignais ma réaction une fois que tu m'aurais dit que tu étais gay?

— T'es vraiment très perspicace!

Il ignora mon sarcasme.

— J'étais terrorisé pour la même raison, je suis gay aussi Matt!

— Tu crois peut-être que je vais avaler ça? Même dans les histoires à l'eau de rose de Gai-Éros, même dans la collection Harlequin, on n'oserait pas la faire celle-là. T'es encore en train de te foutre de moi! lui répondis-je avec un reste d'agressivité.

Il me regarda dans les yeux. Son visage n'était plus qu'à 10 centimètres du mien. Je sentais la douce chaleur de son haleine. Ses lèvres effleurèrent les miennes. Je crus que j'allais m'évanouir. Il se recula.

— Tu as fait ça... juste pour me prouver que tu es gay? demandai-je. Ou alors tu...

Il ne me laissa pas le temps de finir ma phrase. Ses lèvres se mêlèrent à nouveau aux miennes, avec fièvre cette fois. Je les sentis s'écarter et sa langue vint buter contre mes dents, cherchant un espace que je lui offris timidement. Elle envahit ma bouche à la poursuite de ma propre langue. Leur rencontre me fit perdre pied, rompit le lien ténu qui me reliait encore à la réalité. Je n'étais plus dans sa chambre, plus sur la moquette, je volais, je voyageais à travers les étoiles, je glissais sur des toboggans de lumière, je jouais de la guitare avec Jimmy Hendrix, je chantais avec Ella Fitzgerald, je...

Je me sens incapable de vous décrire ce que j'ai ressenti à ce moment. Le goût de sa salive, ses lèvres, la chaleur de son souffle, la douceur de ses soupirs, le velouté de ses pommettes contre les miennes, les tendres caresses de sa main gauche dans mon cou, son poids sur moi... un extraordinaire cocktail de sensations, d'émotions. J'aurais voulu que cet instant dure pour l'éternité. J'aurais pu mourir, heureux d'avoir vécu pour ce seul baiser.

J'ignore combien de temps dura ce baiser.

— Taylor, est-ce que je rêve?

— Je ne sais pas Matt, mais il est 4 heures du matin alors c'est bien possible.

Il me picora les lèvres.

— Tu as l'air si vrai que je commence à y croire!

— Moi aussi.

Nous étions allongés sur le sol, face à face, je caressais ses cheveux et sa joue droite. Mes doigts passèrent sur ses lèvres et il les mordit avec un sourire.

— Aïe... alors c'est vrai, c'est pas un rêve... Merci mon Dieu de m'avoir envoyé un ange, l'ange de mes rêves, celui auquel je n'osais pas croire.

Taylor laissa rouler une larme le long de son nez.

— Je suis si heureux Matt! Je pourrais rester des heures comme ça, dans tesbras.

— J'aimerais aussi mais rappelle-toi que je suis un peu plus vieux et donc plus attaché à mon confort, je suggère donc que nous retournions au lit.. Seulement si tu viens dans le mien!

Nous nous glissâmes sous ses couvertures. Toujours enlacés nous nous regardions en silence et échangions sourires et baisers légers. Je vis Taylor s'enfoncer doucement dans le sommeil. Ses yeux se fermèrent et sa respiration prit un rythme régulier. Je murmurai alors à son oreille:

— Je t'aime Taylor.

— Hum... Il entrouvrit un œil. Qu'est-ce que tu dis?

— Rien... répondis-je en rougissant, rendors-toi.

— Non, je sais que tu m'as dit quelque chose... je voudrais que tu le répètes.

Ce que je vis au fond de ses yeux effaça les derniers doutes que je pouvais avoir.

— Je t'aime Taylor.

Il resta silencieux, un sourire angélique flottait sur son visage, comme s'il savourait ma déclaration.

— Je t'aime aussi Matt, depuis la première seconde où je t'ai vu! Je t'aime.

Un instant plus tard nous dormions, épuisés.

L'image suivante qui revient à ma mémoire est celle de sa mère, debout au milieu de la pièce. Elle venait de tirer les rideaux pour nous réveiller car il était déjà 11 heures. Quand elle réalisa que nous étions dans le même lit:

— Oh! excusez-moi, je suis désolée! Je n'aurais jamais dû entrer! Et elle sortit. (Ça pourrait faire une fin de chapitre intéressante! Non?)

Taylor dormait toujours, je le secoue vigoureusement.

— Quoi? bafouille-t-il.

Puis il se lève d'un coup.

— Excuse-moi, une urgence!

Il court jusqu'à la salle de bain et me rejoint au lit deux minutes plus tard.

— Qu'est-ce qu'il y a Matt? On dirait que tu as vu un fantôme? Tu regrettes ce qui s'est passé cette nuit? demande-t-il avec une expression d'inquiétude.

— Non, rien de rien! Le début de la nuit a été le pire moment que j'aie jamais connu, mais la fin, hummm la fin... je t'aime Taylor! (ma voix tremble) Cette nuit je te l'ai dit a moitié endormi, cette fois je suis 100% réveillé et j'ai envie de le répéter, de le crier, je t'aime Taylor!

Il a un air de bonheur absolu... Premier baiser matinal... Vous voulez savoir comment c'était? Retournez quelques lignes plus haut, c'était la même chose, peut-être mieux encore, comme les choses qui s'améliorent avec le temps, comme si le souvenir de nos baisers précédents nous indiquait quoi prendre de l'autre, et quoi lui apporter. Ce baiser dura un long moment et nos mains devenaient plus audacieuses, plus pressantes. Soudain je m'éloignai de lui:

— Ta mère Taylor!

— Quoi ma mère? Ne crie pas comme ça sinon elle pourrait venir et ce serait plutôt embarrassant, tu ne crois pas?

— Elle l'a déjà fait!

— Fait quoi?

— Entrer!

— Ici? Tu veux dire dans ma chambre?

— Oui, c'est exactement ça!

— Mais quand? Je ne l'ai même pas vue!

— Tu dormais encore. Elle est entrée pour nous demander de venir prendre le petit-déjeuner, il était déjà 11 heures. Elle a ouvert les rideaux et c'est là que j'ai vu qu'elle nous avait vus, là, dans ton lit!

— Ah Merde! Merde! Merde! Elle a dit quelque chose?

— Un truc comme: excusez-moi... J'aurais jamais dû entrer... Qu'est-ce qu'on va faire?

— Je ne peux plus reculer maintenant, faut que je lui parle! De toute façon ça fait longtemps que j'aurais dû le faire et que je repousse sans arrêt! Je ne savais pas comment m'y prendre... Mais maintenant que je sais que tu es avec moi, ça va être plus facile, je me sens plus fort!

— Tu crois que ça va être difficile?

— J'en sais rien, répondit-il en se mordant la lèvre inférieure. Je sais qu'elle m'aime, je n'ai aucun doute la dessus, donc je ne crois pas qu'elle puisse me rejeter. Mais je ne sais pas du tout si ce sera facile à avaler pour elle, un fils homo, son fils unique. C'est un sujet que nous n'avons jamais abordé. En fait je suis plus inquiet pour elle que pour moi... Faut que j'y aille maintenant.

— Tu veux que je vienne ou tu préfères la voir seul?

— À côté de toi, je pourrais affronter n'importe quelle situation! Mais je ne veux pas non plus t'ennuyer avec mes problèmes familiaux!

— Ce ne sont plus tes problèmes mais... les nôtres! Je viens!

Nous nous habillâmes et descendîmes rapidement. Martha, dans la cuisine, assise, les coudes posés sur la table, buvait à petites gorgées une tasse de café fumante. La radio diffusait les nouvelles du jour en fond sonore. Côte à côte, nous nous arrêtâmes de l'autre côté de la table. Nous restions silencieux, incapables de trouver les mots dont nous avions besoin.

Le silence dure, épais, l'inconfort s'installe. Les yeux de Martha passent rapidement sur nous, elle paraît incapable de nous fixer, elle est terriblement mal à l'aise et ça se voit. À deux reprise elle est sur le point de dire quelque chose, les deux fois elle se reprend et trouve refuge dans sa tasse de café.

Taylor n'y tient plus, ses deux mains sont accrochées au plateau de la table de cuisine qu'elles serrent avec une force désespérée. Il lève à peine les yeux pour dire

— Maman, il faut que je te dise quelque chose!

Sa voix est glacée, animée d'un léger tremblement, elle trahit les émotions que son visage baissé ne veut pas montrer.

— Pardonne-moi, j'aurais dû le faire plus tôt et ne pas te laisser découvrir les choses comme ça. Voilà... je suis homo, je sais...

Elle lui coupe la parole sèchement, avec une autorité agressive:

— Tais-toi Taylor, ne dis pas des trucs pareils!

Puis elle tourne son regard sur moi, un regard sombre, je ne sais s'il est chargé de haine, de colère, de mépris ou de désespoir, mais il ne communique rien d'aimable.

— Et toi tu oses encore rester là, debout devant moi après ce que tu as fait à mon fils!

Je reste interdit devant l'accusation, incapable de répondre, et d'ailleurs quoi lui répondre? Que son fils est pédé, comme moi, qu'il m'a ensorcelé à la minute où il a jeté les yeux sur moi? Me battre avec elle? Me laisser aller à lui dire des choses qui peut-être un jour pourraient venir se mettre entre Taylor et moi? Je ne peux pas décider alors je reste silencieux et je me sens presque coupable... de ce dont elle m'accuse implicitement.

— Tu ferais mieux de partir, ajoute-t-elle. Ta présence dans cette maison m'est insupportable, tu... tu es...

— Arrête maman, arrête ça, je vais le raccompagner.

Je me tourne vers Taylor, des larmes brillent dans ses yeux. Une main posée sur l'épaule, il me guide hors de la cuisine. Une fois à l'écart des oreilles maternelles il me regarde:

— Pardonne-moi, c'était une très mauvaise idée de t'associer à ça, je ne m'attendais pas du tout à cette réaction. Je crois qu'il vaut mieux que je lui parle seul.

Il me serre dans ses bras et dans cette embrassade, je perçois toute la tristessse et la frayeur qui l'habitent.

— Et nous...? lui demandé-je.

Il a un faible sourire qui trahit la fragilité de ses 17 ans.

— Nous... Rien ne pourra me faire renoncer à toi... rien!

Qui suis-je pour lui demander plus?

— Tu m'appelles dès que tu peux?

— Promis!

Je sors et referme la porte derrière moi.


Taylor retourne dans la cuisine. Martha est assise à la même place, sa tasse de café, vide maintenant, est posée devant elle. En entendant les pas de son fils elle relève la tête, un regard presque vide tente de lire le visage de Taylor, puis soudain elle s'ébroue, comme un chien le ferait au sortir d'une rivière. Que cherche-t-elle à évacuer ainsi, cette torpeur qui semblait la figer jusqu'alors? Le dégoût qu'elle pourrait ressentir à l'idée de ce qui s'est probablement passé dans la chambre de cet enfant qu'elle a porté en elle il y a 17 ans déjà? Il y a de la colère contenue dans ses paroles.

— Tu as compris son manège maintenant j'espère, tu sais pourquoi il avait l'air si gentil, pourquoi il tournait autour de toi tout le temps!

Sa voix monte, tandis que sa main se crispe sur la tasse dont elle renverse les dernières gouttes sur la table. Taylor la fixe incrédule:

— Quel salaud! Sous mon toit, penser qu'un pareil perv...

— Stooooop!

Le cri, aigü l'a bloquée net. Elle est interloquée, jamais Taylor ne s'était laissé aller à élever la voix contre elle. Lui, les mains serrées sur ses oreilles ne semble pas conscient d'avoir hurlé, même pas conscient qu'elle s'est arrêtée. C'est presque un murmure lorsqu'il reprend la parole.

— Stop maman, stop s'il te plait. Je t'en supplie, fais attention à ce que tu vas dire de Matt, parce que... je suis comme lui. Tout ce que tu vas dire de lui, c'est de moi que tu le diras... alors... avant de dire quelque chose de définitif, quelque chose qui fasse vraiment mal...

Il ne peut retenir les larmes qui accompagnent ses derniers mots. Elle le fixe une fois encore, elle aussi elle pleure, sans bouger, comme incapable, pour une fois, la première peut-être, de franchir la distance qui la sépare de cet enfant qui n'en est plus tout à fait un, qui fait ses choix sans elle, contre elle? Alors c'est lui qui fait la démarche, qui s'approche, qui la prend dans ses bras, qui lui relève le menton, qui plonge désespérément dans ses yeux.

— Tu ne m'aimes plus? Maman?

Ce n'est pas une question, c'est une plainte, un gémissement, une douleur qui glisse de ses lèvres. Elle sanglote et s'accroche à lui. Aujourd'hui c'est lui la terre ferme, c'est elle qui part à la dérive.

— Mais pourquoi? gémit-elle. Qu'est-ce que j'ai raté?

Il accuse le coup sous l'agressivité involontaire de la question.

— J'étais si contente, comment peut-on être aveugle à ce point!

Il serre les dents, ne pas réagir aux mots, ils font mal, c'est vrai, mais ce n'est pas leur vrai sens, ce n'est pas ce qu'elle veut dire.

— C'est si dur, il fallait que je sois ta mère, que je sois ton père aussi... J'ai pas réussi, oh pardonne moi Taylor, pardon!

Sa souffrance est évidente.

— Maman, arrête, y'a rien à pardonner, rien, je t'aime et je suis moi, juste moi... c'est tout. Tu n'y es pour rien, moi non plus... Matt non plus. Je suis comme ça et aussi loin que je peux remonter en arrière... j'ai toujours été comme ça.

Elle a cessé de pleurer, elle se laisse bercer par son fils, comme si cette inversion des rôles était naturelle en cet instant. C'est elle l'enfant, c'est elle qui a besoin d'apprendre.

— Excuse moi Taylor, j'ai été... nulle sur ce coup là. Je t'aime tu sais! ajoute-t-elle avec un sourire hésitant. Et tu as raison, j'ai dit trop de bêtises, il vaut mieux que je réfléchisse un peu avant d'en dire d'autres.

Elle le regarde attentivement, elle choisit ses mots, elle en a peur maintenant.

— Tu te rappelles cette grande balade au bord d'un lac dont je t'ai parlé l'autre jour? Je crois que je vais aller la faire, là, maintenant et que je resterai dormir au chalet d'accueil, pour réfléchir un peu et on reparlera de tout ça demain.

Son visage est apaisé maintenant et Taylor se contente d'approuver d'un hochement de tête. Elle se dirige vers sa chambre. Quand elle revient, quelques minutes plus tard, elle presse rapidement sa joue contre celle de Taylor.

— Je t'aime Taylor.

— Je sais maman, je t'aime aussi.


— Ça va Matt? m'accueillit ma mère.

— Oui, répondis-je de façon lapidaire

— Vous avez fait des choses intéressantes? Sa mère est sympa?

— Oh, on a juste discuté un peu avec elle hier soir, ensuite on a fait plein de jeux vidéo, mais on avait commencé par trois heures de maths!

Elle sourit. À table nous n'étions que trois, Lucia était au MacDo avec quelques amis. Vers deux heures le téléphone sonna, c'était Taylor. Je courus à ma chambre, pris mon combiné et attendis que ma mère raccroche.

— Salut Taylor, ça va?

— Tu me manques Matt, tu me manques déjà!

— Tu me manques aussi! Comment ça s'est passé avec ta mère?

— Plutôt dur, tu t'en doutes... mais je crois qu'elle a fini par comprendre, je crois que c'est surtout la surprise qui l'a déstabilisée, il aurait fallu que ça se passe autrement. Elle est partie pour le week-end... réfléchir. J'ai envie de t'embrasser!

— Alors qu'est-ce que tu attends pour venir ici m'expliquer tout ça de façon un peu plus concrète? Tu pourrais en profiter pour me rapporter les trucs que j'ai laissés chez toi.

— L'idée est tout à fait séduisante, je saute dans mes rollers et je suis là avant même que tu aies le temps de raccrocher.

— Je lance le chrono.

Quatre minutes trente-deux secondes plus tard il était à ma porte, haletant. Il retira ses rollers et m'accompagna à la cuisine pour y prendre un verre. Mes parents étaient là.

— P'pa, M'man, je vous présente Taylor.

— Salut! dit mon père. Bienvenue chez nous.

— Bonjour, reprit ma mère.

— Bonjour madame, bonjour monsieur.

— Pas de ça ici, l'interrompit mon père, tu as l'air d'être devenu un des meilleurs amis de Matt, je suppose donc que nous te verrons souvent alors pas de cérémonial, moi c'est Don et ma femme répond au tendre prénom de Mouna !

— Merci mons... euh merci Don!

— Qu'est-ce que vous faites cet après-midi? Du patin? ajouta-t-il, voyant les rollers dans les mains de Taylor.

— Peut-être, répondis-je, mais je veux d'abord lui montrer ma chambre. Tu viens Taylor?

La porte à peine refermée, il était sur moi ! Son baiser, de tendre devint très vite furieux, sauvage. Mes mains pétrissaient son dos des épaules jusqu'aux fesses, si fermes, si rondes. Je passai sous la barrière de la chemise. C'était magique. Je tremblais tellement que mes mains semblaient mues par leur propre volonté. Chaque mouvement était un terrible dilemme: rester au même chaud, tendre, doux endroit? Ou en chercher un autre peut-être plus chaud, plus tendre, plus doux encore? J'aurais voulu pouvoir le toucher partout à la fois. J'aurais pu rester ainsi, à le caresser, à l'embrasser pendant des heures. Ça a peut-être bien duré des heures d'ailleurs! Le temps n'avait plus de signification. Quand il lâcha mes lèvres, je fouillai ses yeux: ils débordaient de joie, de bonheur... de désir aussi.

— Je t'aime Taylor. Je suis si heureux de t'avoir là, à moi! Tu ne peux pas savoir ce que ça signifie pour moi. Ça fait si longtemps que j'attends ce moment! J'avais fini par croire que ça n'arriverait jamais. J'étais tellement jaloux des autres lorsqu'ils étaient en couple, alors que je me sentais si désespérément seul ! Et si certain de le rester pour toujours ! Je pensais que la vie n'était vraiment pas juste, et maintenant tu es là, et je me dis que toute cette détresse, toute cette solitude, toute cette souffrance ont servi à quelque chose puisqu'elles m'ont conduit vers toi.

Du bout de la langue j'attrapai la larme qui perlait à sa paupière.

— Matt, je crois que je comprends parfaitement ce que tu me dis parce que je suis passé par le même chemin. Moi aussi je refoule mes désirs depuis toujours. Moi aussi je me suis caché. Aujourd'hui, j'ai chaud, comme si je laissais la lumière du soleil entrer jusqu'au plus profond de moi pour la première fois, parce que pour la première fois j'ai envie que quelqu'un voie tout de moi. Lors de notre première rencontre j'ai cru que le hasard me taquinait encore, mais j'étais sûr de rester maître de moi! Mais à mesure que le temps passait, je comprenais que mes sentiments pour toi n'avaient rien avoir avec l'attirance, parfois violente, mais en général peu durable, que j'avais ressentie pour d'autres garçons. Je sentais l'amour m'envahir peu à peu. Je savais que c'était lui. J'avais peur. Il balayait toute ma vie, et je refusais de croire que ce serait pour le meilleur. Je t'aime Matt, je t'aime comme un fou.

Je ne pus empêcher l'émotion de me brouiller les yeux. Il prit ma tête entre ses mains et planta un gros baiser humide et retentissant sur mes lèvres.

— On est assez mélo là, tu crois pas? Je ne sais pas si notre dialogue serait une bonne base de scénario pour une série télé, ou à publier sur le net, mais en être l'acteur avec toi... c'est vraiment génial!

Il éclata de rire. Quelqu'un frappa à ma porte. Je l'ouvris, laissant entrer Lucia.

— Salut! dit-elle. Qu'est-ce qu'il y a de si drôle?

— Oh, rien de particulier, une blague entre... initiés, dis-je.

— Entre initiés ou entre intimes? demanda-t-elle en souriant.

Je vis Taylor passer par différentes teintes de rouge avant de se stabiliser sur quelque chose compris entre le pourpre et le cramoisi. Lucia fit comme si elle n'avait rien remarqué, mais je la connais assez pour savoir qu'elle n'était pas du genre à laisser passer un détail de ce type!

— J'allais partir patiner quand M'man m'a dit que Taylor était là avec ses rollers, j'ai pensé que nous pourrions aller tous les trois rejoindre Cathy et quelques autres copains qui m'attendent. Qu'est-ce que vous en pensez?

Je me tournai vers Taylor qui approuva d'un hochement de tête.

— Bonne idée! dis-je. Ce sera un bon moyen pour toi de mieux connaître la ville. Mais toi, Lucia, tu vas peut-être avoir un peu de mal à suivre notre rythme!

— Cause toujours frérot, on verra bien à la fin de la balade qui sera à la traîne!

Cinq minutes plus tard nous roulions de front, à bonne vitesse, jusque chez Cathy. Ils étaient cinq ou six à nous attendre. Comme à l'habitude elle m'accueillit avec une chaleur un peu excessive et je détectai, dans le regard de Taylor, une lueur d'embarras. Je m'approchai de lui pour lui murmurer:

— Ne t'inquiète pas, il n'y a rien entre Cathy et moi...

— Je ne suis pas inquiet, j'ai confiance en toi. De plus je sais qu'il n'y a rien entre toi et elle, elle me l'a dit. Elle m'a dit aussi combien elle aimerait qu'il en soit autrement ! Alors je ne m'inquiète pas mais je me sens un peu coupable, parce que je suis là depuis deux semaines à peine et tu es à moi déjà, alors qu'elle attend depuis des années. Coupable parce que tu es à moi et que je n'ai pas du tout l'intention de te partager. Je veux te garder pour moi tout seul!

— Monsieur est très possessif à ce que je vois, et bien mon bonhomme, avant de pouvoir me garder va falloir m'attraper !

Et sur la dernière syllabe je partis à toute vitesse. Le temps qu'il réalise et j'avais trente mètres d'avance quand il se lança à ma poursuite. Les autres crièrent:

— Où allez-vous?

N'obtenant aucune réponse ils chassèrent à leur tour. Rien n'est plus drôle, lorsque l'on patine en ville, que de terroriser les piétons et les conducteurs. Nous nous en donnâmes à cœur joie. Il nous fallut à peine un quart d'heure pour rejoindre le parc, à près de cinq kilomètres, quand même! Un bonne maîtrise technique, additionnée de pas mal de chance, nous permit d'éviter tout accident.

— Vous avez vu cette pauvre vieille avec son petit chien? demanda Dick. Il avait tellement peur qu'il a tourné trois fois autour d'elle. Elle était saucissonnée par la laisse, un indien n'aurait pas fait mieux! Quand je suis passé à côté d'elle je lui ai dit: "bouge pas squaw ! je reviens chercher ton scalp!"

Nous éclatâmes tous de rire. C'était presque douloureux de rire aussi fort, essoufflés comme nous l'étions. Nous nous allongeâmes  sur l'herbe et discutâmes de tout et de rien pendant une heure. Le soleil était encore chaud, mais une brise légère aidait à nous rafraîchir. Le moment était très agréable. Bien sûr j'aurais préféré être seul avec Taylor, mais, de le savoir là, à mon côté, de savoir qu'il m'aimait, qu'il était mon petit ami, suffisait à mon bonheur. Je pense d'ailleurs que notre bonheur était contagieux car il explosait en chacun de nous.

Nous reprîmes la balade, plus tranquille cette fois, pour un tour complet de la ville. Taylor put ainsi découvrir le centre commercial, de l'extérieur seulement car les rollers y étaient interdits, le cinéma, le théatre, le stade, le gymnase... et même le musée! Taylor n'ignorait plus rien des hauts lieux de notre petite ville, y compris les bars, les Mac-Do et les meilleures pizzerias.

Il était près de 6 heures quand nous nous séparâmes. Lucia, Taylor et moi rentrions lentement chez moi. Devant la porte Lucia se tourna vers Taylor:

— Au revoir, j'ai passé un excellent après-midi.

Oh non! Pensais-je, ça ne peut pas se finir comme ça.

— Taylor? Et si tu restais dormir ici ce soir?

— Ce serait super, mais tu ne crois pas qu'il est un peu tard pour demander à ta mère?

— La tienne serait d'accord?

— Elle est pas là ce soir, mais moi je serais d'accord!

— Alors c'est comme si c'était fait!

— Mais je n'ai pas de vêtements de rechange!

— Je t'en prêterai!

— Pas de pyjama!

— Tu n'en auras pas... Je me rappelai à temps que Lucia était là. Je t'en prêterai un aussi et du savon, du shampoing, et même une brosse à dents si tu veux!

— D'accord, je me rends!

Lorsque nous entrâmes Lucia me glissa à l'oreille:

— Tu es un vrai conquistador!

Je ne répondis rien, me contentant d'approuver d'un mouvement des sourcils.

Une douche rapide, prise séparément, nous ne voulions pas éveiller les soupçons, nous rendit une apparence acceptable pour la table du dîner.

La conversation fut légère, chacun parla de sa journée et Taylor dut répondre aux inévitables questions que tous les parents posent aux nouveaux amis de leurs enfants: que font tes parents, quelles sont tes matières favorites à l'école, quel sport pratiques-tu... L'interrogatoire classique... mais sans la torture. Taylor s'en sortit très bien, il répondit à toutes les questions, sans jamais se lasser, avec simplicité et beaucoup d'humour. À la fin du repas il était devenu un vieil ami de la famille, pas mal en une heure! Nous aidâmes mes parents à débarrasser la table avant de nous isoler.

Il était neuf heures lorsque je refermai la porte de ma chambre derrière nous. Il se tourna vers moi avec un sourire espiègle.

— On pourrait peut-être faire un jeu vidéo? À moins que tu n'aies autre chose en tête

 

 

 

 

 

Par claudio - Publié dans : LISEZ VISIONNEZ VIDEOS & RECITS FICTIONS FANTASMES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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Dimanche 1 septembre 7 01 /09 /Sep 08:10

 RECITS FICTIONS (56) suite 3 rentrée au lycée

 

 

 

       Un coup d'œil rapide à Lucia: elle tremblait et elle était d'une blancheur à faire fantasmer un publicitaire spécialisé dans les comparatifs de lessives. Je pris une grande inspiration.

— Papa, Maman, je suis homosexuel.

La terre s'arrêta de tourner exactement au moment où mon cœur cessa de battre. Le silence était d'une épaisseur, d'une densité étonnante. Mon père se leva lentement, se dirigea vers le bar et revint avec la bouteille de Jack Daniels dont il ne se sert guère plus de deux fois par an. Il retomba sur sa chaise et versa un peu d'alcool au fond de son verre. Ma mère lui tendit le sien.

— Donne-m'en un peu s'il te plaît.

Ils boivent leur alcool avec une incroyable lenteur. Tout d'ailleurs me parait lent, cotonneux. J'ai l'impression de regarder la scène, au ralenti, d'un film de série B, et je me sens très mauvais dans le rôle principal. Ils se regardent, quelques secondes d'un échange muet durant lesquelles ma tension s'accroît encore. Ils tournent enfin leurs regards vers moi.

    — Quelle nouvelle! dit ma mère. Mais merci, merci d'avoir confiance, assez pour partager ça avec nous. Je peux comprendre que ça t'ait paru difficile, même si tu n'avais, objectivement, aucune raison de craindre quoique ce soit.

Ses yeux étaient humides mais ses lèvres m'offraient un sourire sans équivoque.

— Nous t'aimons Matt, reprend mon père, rien ne pourra jamais changer ça, nous t'aimons. Si tu as besoin de quelqu'un sur qui t'appuyer, nous serons toujours là pour toi, n'aies aucun doute à ce sujet et ne l'oublie jamais.

Mes yeux m'ont trahi une fois encore.

— Ce n'est pas de la tristesse, vous gourez pas, au contraire, je suis heureux, tellement heureux, je crois que j'en ai perdu le contrôle de ces foutues glandes lacrymales!

— Tu veux une goutte de Jack Daniels? offre mon père.

Il en verse un fond dans mon verre que j'avale d'un trait. La brûlure de l'alcool me fait tousser si fort que j'en tombe de ma chaise. La scène déclenche une vague de rires dont nous avions tous besoin pour évacuer la tension de ces dernières minutes. Lorsque nous regagnons notre calme mon père demande:

— Matt, est-ce que tu veux que nous continuions de discuter ce soir? Personnellement je préfèrerais avoir un peu de temps pour réfléchir. Pas de méprise surtout, j'accepte totalement ton homosexualité qui ne me gêne en rien. C'est juste que... c'est plus qu'inattendu alors je ressens le besoin d'y réfléchir un peu.  

— J'ai fait le plus difficile. Il n'y a plus aucune urgence maintenant. En fait je dirais même que la journée a été particulièrement dure. Je me sens épuisé, un peu comme si je marchais depuis 17 ans avec des chaussures de plomb de 20 kg chacune. J'ai d'un seul coup l'impression que demain je pourrais être l'élève le plus rapide que l'école ait jamais connu!

ETAIT CE UNE LARMECe soir je suis vraiment crevé et je n'ai plus qu'une envie: c'est de me jeter sur mon lit. Merci, merci à tous les trois de votre compréhension, j'en avais vraiment besoin. Je vous aime! 

 

Après les avoir embrassés j'ai rejoint ma chambre.

Le lendemain matin je me suis réveillé tout habillé sur mon lit, le sommeil m'avait pris par surprise!

lacher prise 

Lucia et moi quittâmes la maison vers sept heures.

— Tu es prêt à le revoir?

— Beaucoup plus que lorsque tu m'as vu hier dans ma chambre. Je vais faire de mon mieux pour être comme d'habitude mais je crains que ce ne soit difficile.

Nous étions encore à une centaine de mètres de sa maison lorsque je l'ai aperçu. Il nous attendait sur le trottoir et faisait de grands gestes de la main.

Son sourire était épanoui. Il a embrassé Lucia et m'a serré la main avec un enthousiasme joyeux qui m'a fait chaud au cœur, il avait l'air très heureux de me revoir et nous avons discuté tout le long du chemin comme deux vieux copains. Avant de s'éloigner Lucia me glisse à l'oreille:

— Tu as vraiment très très bon goût frangin, et pour autant que je puisse le voir, tous les espoirs te sont permis, alors, accroche-toi!

Je rougis violemment, j'ai un peu peur que Taylor n'ait entendu, mais en fait il n'en est rien. La seule chose qu'il trouve certainement étrange c'est mon changement de couleur, mais il a la discrétion de ne pas en chercher la cause, ce qui m'évite la peine d'avoir à improviser un mensonge, activité pour laquelle je suis loin d'être brillant.

Les jours passèrent sans événement notable jusqu'à la fin de la semaine. Je passais presque tout mon temps avec lui, parfois en compagnie d'autres amis, mais la plupart du temps juste lui et moi. Plus je le voyais, plus je lui parlais, plus je travaillais avec lui, plus j'étais amoureux.

Ma vie était déchirée entre des sensations contradictoires, entre l'Enfer et le Paradis. C'était une tendre torture, comme quelque chose qui vous chatouille, mais en mille fois plus doux et mille fois plus douloureux. Le plus difficile était de m'éloigner de lui chaque fois qu'un contact physique s'établissait. C'était l'extase pour moi et j'avais besoin de toute la force de ma volonté pour prendre de la distance. Ces trop courts attouchements étaient le sel de ma vie. Jour après jour  je collectais ainsi des fragments d'image, de subtiles sensations et nuit après nuit je les réassemblais en fantasmes dont vous devinerez aisément le contenu.

Vendredi après-midi, alors que nous rentrions chez nous, Taylor était moins bavard qu'à l'accoutumée. Il semblait soucieux.

— Pas très bavard aujourd'hui. Il y a quelque chose qui t'embête?

— Non, pas vraiment. J'étais juste en train de penser à notre cours de maths. Je n'y ai quasiment rien compris et j'ai bien peur que le contrôle de la semaine prochaine ne soit très dur pour moi, même si je passe tout le week-end à bosser.

— Tu veux un coup de main? Tout ça c'est nouveau pour toi, mais pas pour moi, j'avais le même prof l'an dernier et on avait déjà commencé à travailler sur ses saletés de statistiques et de calculs de proba.

— Ça m'embête, je m'en voudrais vraiment de gâcher ton week-end. Tu m'as déjà eu sur le dos toute la semaine.

— Ne dis pas, ça n'a pas été une corvée, au contraire. Ça ne fait pas très longtemps que je te connais, mais je te considère déjà comme mon meilleur ami, si tu es d'accord bien sûr. Et à quoi ça sert les amis, sinon à donner un coup de main? Dons si c'est OK pour toi, je serai très heureux de t'aider et... d'être avec toi.

J'ai eu l'impression qu'il rougissait un peu et se tendait. Il me jeta un regard surpris.

— Oui, on peut... on pourrait... euh.... Regar... Jouer aux vidéos, faire un jeu vidéo.

Je bafouillais affreusement

— Ou on pourrait... regarder un film ou...

— OK! OK! Si l'idée de faire des maths pendant le week-end ne te dégoûte pas, c'est d'accord pour moi, tu pourrais rester dormir si tu veux?

— Ce serait génial. Quand veux-tu?

— Pourquoi pas ce soir, on sera plus vite débarrassé, et il nous restera deux jours pour nous remettre. Si tu es d'accord je demande à ma mère mais je suis sûr qu'il n'y aura aucun problème.

— Faut que je prévienne la mienne aussi d'ailleurs. Je file à la maison chercher quelques affaires et je reviens tout de suite. Passe-moi juste un coup de fil pour me confirmer l'accord de ta mère.

Je me suis précipité chez moi, le cœur battant, pour appeler ma mère à son bureau et, comme je m'y attendais, elle accepta sans hésitation:

— N'oublie pas de me laisser un numéro de téléphone où je puisse te joindre en cas de problème et sois à la maison demain pour midi, et ne te couche pas trop tard, c'est le début de l'année et surtout soit sympa avec sa mère et...

— M'man, rappelle-toi que j'ai 17 ans et que je connais par cœur la liste des conseils!

— C'est vrai chéri, c'est vrai, amuse-toi bien et à demain!

— Au revoir M'man et merci!

J'avais à peine reposé le téléphone qu'il sonna.

— Salut Matt, c'est Taylor. Alors ça marche pour toi?

— C'est OK mais je n'ai pas eu le temps de préparer mes affaires, je suis chez toi dans quelques minutes.

— À tout de suite!

Dans ma chambre, j'emballe en vitesse quelques Tshirt propres et ma trousse de toilette, puis je prends une douche rapide. J'étais sur le point de sortir lorsque Lucia entra.

— Où est-ce que tu vas?

— Chez Taylor, il m'a demandé de l'aider à bosser ses maths et m'a proposé de dormir chez lui.

— Dormir chez Taylor... Hum!... Chez Taylor c'est sûr... mais dormir...? Ça m'étonnerait!

J'ai pris instantanément la couleur que tout paysan du marmandais souhaite pour ses productions de tomates.

— Lucia! Comment peux-tu...? Et puis c'est faux, il ne se passera rien et tu le sais très bien! Il est hétéro.

— Et comment est-ce que tu sais ça? Il a déjà une copine?

— Non, mais il a fait quelques commentaires sur des filles qu'il trouvait sexy.

— Et ça ne t'est jamais arrivé?

— Si! Mais tu sais bien que c'est parce que je peux difficilement afficher vers qui vont mes préférences!

— Et tu crois que Taylor est différent? Tu crois que s'il est gay il te sautera directement dessus sans prendre la moindre précaution?

— Hum... Non, bien sûr! Mais il n'y aucune chance qu'il soit gay, il est hétéro!

— C'est super chouette d'avoir un frangin optimiste et à l'esprit ouvert! Un jour il faudra que tu lui dises, tête de mule!

— Je ne sais pas. Je ne veux pas le perdre, pour rien au monde. Même si je ne peux pas en faire mon petit ami, je ne veux pas le perdre comme ami tout court. Et j'aurais trop peur que ça arrive en lui parlant, j'aurais trop peur qu'il me rejette.

— Écoute Matt, s'il te rejette parce que tu es gay, ça veut dire que c'est un putain d'homophobe. Et toi, homosexuel, tu peux rester ami avec un mec que tu soupçonnes d'être homophobe! Difficile à comprendre.

— Je ne suis pas sûr qu'il me rejetterait! Je ne suis pas sûr qu'il m'aimerait non plus! je ne suis plus sûr de rien! Si tu veux tout savoir je suis en pleine purée, je n'y comprends plus rien! Pourquoi je ne suis pas hétéro comme tout le monde! J'irais rejoindre Cathy, elle serait contente et moi je serais enfin tranquille, enfin rassuré! Ce serait tellement simple si...

— Si, si, si... Arrête de reconstruire le monde et toi avec. Tu es qui tu es et ce que tu es. Le garçon qui comprendra ça et tombera amoureux de toi sera le plus heureux du monde. Le seul SI dont je sois sûre, c'est que SI tu ne lui parles pas tu seras malheureux. Et je ne peux pas supporter l'idée de te savoir malheureux. J'espère que tu vas y réfléchir. Tu me le promets!

— Si tu pouvais savoir, je ne fais que ça, y réfléchir! Mais promis j'y réfléchirai encore plus! répondis-je en soupirant. En attendant je vais être en retard, alors je file, salut!

Je fis tout le chemin jusque chez Taylor au pas de course. La porte s'ouvrit avant que je n'atteigne la dernière marche du perron. Le vestibule était très clair, et s'ouvrait sur un escalier conduisant à l'étage, une cuisine et une autre pièce qui paraissait être le salon. Il me conduisit tout d'abord à la cuisine et me fit boire un verre d'eau, le temps de reprendre mon souffle, avant de me présenter à sa mère qui nous attendait au salon.

Leur salon était une très grande pièce meublée et décorée avec un goût qui me convenait tout à fait. L'ambiance générale était très moderne: cuir et bois clairs. Quelques bibelots délicats ornaient des étagères de plexiglas et de merveilleuses tapisseries aux couleurs éclatantes pendaient le long des murs blancs. J'appris plus tard qu'elles venaient du Guatemala où Taylor et sa mère avaient fait un voyage quelques années auparavant. Sa mère lisait, profondément enfoncée dans un fauteuil. Elle était très jolie. Vêtue d'un jean et d'un polo, on l'aurait facilement prise pour la sœur aînée de Taylor.

Je savais, grâce à nos conversations précédentes, que son père les avait quittés une dizaine d'années plus tôt et n'avait plus jamais donné le moindre signe de vie. Il avait été repéré deux ou trois ans plus tard du côté de Chicago, avaient-ils appris un jour. Depuis, plus rien. C'avait été très dur pour Taylor et sa mère pendant quelques années, mais ils avaient fini par accepter ce que, de toute façon, ils ne pouvaient pas changer. Sa mère était interprète en français, et ils avaient déménagé pendant l'été pour se rapprocher de son plus gros client. Sans être riches ils étaient très à l'aise. Le déménagement avait aussi servi de dernière étape à leur thérapie. C'avait été un moyen, pour Taylor en tout cas, de couper les derniers liens qui le reliaient à son père. Il s'en sentait soulagé.

— Maman, voici Matt.

— Oh! excusez-moi, je ne vous avais pas entendus entrer. Bonjour Matt.

— Bonjour Madame.

— Appelle-moi Martha si tu veux. Je suis vraiment très contente de te connaître. Plutôt de te rencontrer car j'ai l'impression de te connaître parfaitement déjà. Taylor n'arrête pas de me parler de toi, qui tu es, ce que tu fais, ce que tu aimes, ce que tu penses...

— N'en fais pas trop maman s'il te plaît!

— D'accord, j'arrête de vous taquiner. Sérieusement, je voulais te remercier Matt. Taylor était presque déprimé jusqu'à dimanche soir: se retrouver dans une nouvelle ville, intégrer une nouvelle école... tu imagines ce que c'est, et depuis lundi l'état dépressif s'est envolé comme par magie, je crois même que je ne l'avais pas vu aussi décontracté depuis longtemps, toutes ses craintes ont disparu. Et d'après ce que je sais, grâce à ce qu'il m'a dit et aux confidences de Cathy, tu as très largement contribué à ce résultat. Donc: grand merci à toi!

    Elle me serra dans ses bras. Je ne m'attendais pas à de telles effusions mais ce qui les justifiait m'aida beaucoup à surmonter mon embarras: Taylor avait pris un réel plaisir à ma compagnie, c'était la meilleures nouvelle de l'année!

Il me conduisit à sa chambre.

— Et si nous nous mettions tout de suite à ces satanées maths, on serait plus tranquille après? lui demandai-je.

— Ça me va!

Il approcha une deuxième chaise de son bureau et nous attaquâmes le premier exercice qui lui posait problème. Notre travail avança très vite, en fait Taylor était excellent en maths, il ne lui manquait que les deux ou trois éléments de base que nous avions vus l'année précédente et qu'il absorba sans peine.

— Les garçons! Le dîner est prêt! appela sa mère du pied de l'escalier.

En jetant un coup d'œil à ma montre, j'eus la surprise de constater qu'il était (déjà) presque sept heures. Nous avions travaillé trois heures de rang!

— Juste cinq minutes Maman et nous avons fini! répondit Taylor.

Nous expédiâmes le dernier exercice avant de nous précipiter vers la cuisine où nous attendait Martha. Elle avait préparé une salade de tomates au basilic absolument délicieuse et d'énormes T-bones qui avaient une chance plus que raisonnable de venir à bout de notre appétit!

— Et ton problème de maths Taylor?

— Problème de maths? Quel problème de maths? Fini, terminé, réglé, Matt est le meilleur des profs!

— Encore une qualité ! Mais cela cessera-t-il un jour?

Nous éclatâmes de rire tous les trois.

— Je ne sais pas, reprit Taylor, mais je peux te dire que je suis soulagé, je craignais de devoir travailler tout le week-end, et tout est fini avant samedi!

— Pour célébrer ce remarquable événement, qu'est-ce que vous préférez, des glaces ou des bananes flambées?

— Oh! des bananes ! Si tu n'en as jamais mangé choisis les bananes Matt, ma mère fait les meilleures bananes flambées du Monde !

Je choisis donc les bananes et Taylor avait raison, elles étaient fabuleuses, dignes des Dieux. Elle les cuisait lentement pour que le sucre caramélise de façon très progressive, puis elle les arrosait d'une généreuse rasade de Cognac qu'elle faisait flamber, et elle servait accompagné d'un peu de glace à la vanille. Le spectacle etait captivant, le parfum, enivrant, la saveur, confondante.

La conversation allait bon train, Martha était vraiment sympathique et drôle, un peu comme une amie à peine plus âgée. Vers neuf heures elle nous quitta pour aller finir son livre avant de s'endormir.

— Bonne nuit les garçons, ne vous couchez pas trop tard.

— D'accord Maman.

— Au revoir Martha, et merci pour tout, la soirée a été très agréable.

— Tu es le bienvenu ici, aussi souvent que tu veux.

Taylor se tourna vers moi:

— Qu'est-ce que tu préfères Matt ? Cassette vidéo ou jeu vidéo ?

— Hum... Un jeu plutôt, j'aime bien les films mais je préfère les voir au cinéma. On pourrait peut-être y aller ensemble la semaine prochaine, ils jouent une vieille comédie de Capra "Arsenic et vieilles dentelles", c'est certainement l'un des films les plus drôles qui ait jamais été tourné.

— Je n'en ai jamais entendu parler mais je suis prêt à essayer. En attendant je vais t'apprendre comment on court les 24 heures du Mans!

Dans sa chambre la console de jeux était déjà branchée, prête pour la première partie. D'habitude j'étais plutôt bon à ce jeu, mais là, malgré toute ma pratique, il réussissait tous les 5 ou 6 tours à m'en prendre un! En fait je n'étais pas dans les meilleures conditions de jeu: de le sentir si proche de moi rendait ma concentration plutôt aléatoire. Chaque fois que nos jambes, nos bras ou nos épaules entraient en contact, je recevais une décharge électrique qui se traduisait, environ une fois sur deux, par une sortie de route. Comme ces contacts étaient de plus en plus nombreux je finissais même par me demander s'il ne le faisait pas à dessein!

— Une petite pause? me demanda-t-il après sa quatrième victoire consécutive.

— Oui, je crois que j'ai besoin de reprendre un peu mes esprits, de me remobiliser, et ensuite une dernière course pour te montrer qui est vraiment le meilleur!

— À ton âge on peut toujours rêver de s'améliorer, mais là ça me paraît davantage relever du fantasme! Tu veux boire quelque chose?

— Un coca s'il te plaît.

Pendant qu'il était à la cuisine, je réfléchissais à la façon dont les choses se présentaient. C'était difficile d'être si près de lui. Mais ça me paraissait impossible, presque interdit de lui exprimer, de lui montrer ce que je ressentais en réalité. C'était douloureux, je finissais par me demander si ç'avait été une si bonne idée de venir. Il fallait que je sois plus fort, que je reste capable de maîtriser mes pulsions. Sinon je n'allais pas tarder à être découvert... Pour ce que j'étais d'ailleurs: un pédé en chaleur avec une seule obsession en tête: arracher les fringues d'un mec qui lui, de son côté, est persuadé d'avoir juste un invité un bon copain ! Un bon copain ?! Comment est-ce que je pourrai jamais prétendre en être un avec ce que j'ai dans la tête ? Avec un comportement aussi malhonnête? Il mérite beaucoup mieux qu'un obsédé comme moi!

Plongé dans mes sombres pensées, je ne l'entendis pas revenir avec les boîtes de coca et je sursautai lorsqu'il m'en glissa une dans la main. La boite m'échappa et le coca se répandit sur la moquette! Quel chantier!

— Oh merde! dit Taylor.

— Je suis désolé, je suis tellement maladroit!

— Ce n'est pas grave, on va nettoyer ça en vitesse!

Il me jeta une serviette de toilette et en prit une lui-même afin d'absorber le plus de liquide possible. Quelques serviettes de plus et un peu d'eau eurent raison des dernières taches. Nous étions sur le point de finir lorsque j'attrapai la serviette qui restait sur le sol au moment où Taylor faisait le même mouvement. J'attrapai sa main. Il la retira immédiatement, presque défensivement, sans un regard pour moi. Cette fois j'en étais sûr, il évitait le contact. Il avait tout compris, ou il était sur le point, ou il était méfiant. J'étais sûr qu'il se doutait de quelque chose.

— Qu'est-ce que tu as Matt ? me demanda-t-il. Tu es tout pâle tout à coup.

— Non, ça va.

— Ça n'en a pas l'air, tu trembles comme une feuille.

Je n'arrivais plus à reprendre contrôle. J'avais tellement peur de ce qu'il pourrait me dire.

— Je crois que je ferais mieux de rentrer.

— Pourquoi est-ce que tu veux rentrer? Si c'est le coca c'est idiot, je m'en fiche complètement et ma mère aussi!

— Non, ce n'est pas ça!

— Quoi alors? Quelque chose que j'ai dit ou... que j'ai fait?

Il murmura à peine la fin de sa phrase, sans me regarder.

— Non! Non... c'est moi... seulement moi. Je ne peux pas t'en parler. C'est mieux pour nous deux que je m'en aille pour... notre amitié...

— Tu te barres au milieu de la nuit, à une heure du matin! Sans un mot d'explication, et tu parles d'amitié ?! Je croyais que j'étais ton ami, et j'avais confiance en toi et là tu me laisses tomber juste parce que je... parce que je suis... Je te croyais plus ouvert que ça ! Pis je m'en fiche, fais ce que tu veux!

Il était en colère c'était visible. Mais il avait l'air blessé plus encore. Il débrancha sa console de jeux et éteignit la télé, sans dire un mot de plus. Il réarrangea quelques bibelots sur les étagères, toujours silencieux.

— Je suis désolé, murmurai-je.

— Si tu veux faire une dernière chose pour moi, reste dormir ici. Pas pour moi, pour ma mère. Je ne veux pas qu'elle se fasse du souci à cause de toutes ces histoires. Et demain tu pourras partir aussi tôt que tu voudras.

Il entra dans la salle de bain et referma la porte sur lui. J'étais paralysé. La crise de panique qui m'avait touché était tellement violente que je n'arrivais toujours pas à aligner deux pensées cohérentes. Quand il revint je n'avais toujours pas bougé, enkysté dans mes peurs.

— Qu'est-ce que tu as décidé?

— Je vais rester.

— Merci, répondit-il rapidement et sans chaleur.

Il se mit au lit.

J'occupai à mon tour la salle de bain sacrifiant sans y penser au rituel de la toilette du soir. J'enfilai un Tshirt puis me glissai dans l'autre lit, situé à l'opposé de celui de Taylor. Il éteignit aussitôt la lumière.

Je savais déjà que je serais incapable de fermer l'œil tant j'étais tendu, il me semblait que pas un muscle de mon corps ne pouvait se relâcher. Les images de la soirée se percutaient sans cesse dans le chaos que ma pensée n'essayait même plus d'organiser. La façon dont il m'avait touché d'abord, puis évité ensuite... ses regards sur moi, joyeux au début, puis surpris, troublés méfiants peut-être. Je commençais même à voir du dégoût dans les plus tardifs.

La peur me pesait si fort sur la poitrine que ma respiration en devenait difficile par moments. J'essayais à la fois de contrôler mes émotions et d'être le plus silencieux possible. Je mordais mon drap pour m'interdire de pleurer. Je savais que si je laissais partir une larme elle formerait vite un torrent de sanglots qui m'emporterait.

Les heures qui suivirent resteront à jamais les plus longues de mon existence. Les minutes que son réveil affichait en rouge me paraissaient faites de milliers de secondes.

Il était près de trois heures lorsque j'entendis un bruit très léger, comme un souffle contenu. Le bruit s'amplifiait doucement. Il pleurait, j'en étais sûr. J'oubliai un instant ma peur pour me lever et m'approcher de son lit. Recroquevillé sur ses couvertures, il avait le visage enfoui dans son oreiller comme pour s'y fondre et le corps secoué de sanglots.

— Taylor? Taylor, arrête de pleurer... s'il te plaît, arrête!

—...

— Je t'en prie, dis-moi quelque chose!

Je tendis la main pour lui caresser les cheveux. Il sursauta.  

— Ne me touche pas! descends de mon lit! Je sais que tu ne m'aimes pas, alors arrête de jouer les bons samaritains, tu me détestes! T'as le droit si tu veux mais c'est dégueulasse d'avoir été si amical si c'est pour me jeter comme une merde ensuite!

— Mais je ne te déteste pas Taylor, Qu'est-ce qui te fait croire un truc pareil?

— Parce que... Parce que je.... Alors, si tu ne me détestes pas, pourquoi est-ce que tu voulais filer comme ça, en pleine nuit ?

Il réagrippa son oreiller pour s'en couvrir à nouveau le visage et étouffer ses pleurs, je n'avais jamais été témoin d'une telle détresse. Je n'y comprenais rien mais le voir dans cet état m'était insupportable, sa peine m'était une souffrance terrible, elle me minait, me déstabilisait.

— Taylor, murmurai-je, je vais te dire pourquoi je voulais partir.

— Je m'en fous! Tu peux bien aller au diable ou passer la nuit dehors, ça m'est complètement égal.

Je n'arrive toujours pas à comprendre comment sa colère a pu éveiller la mienne, mais c'est bien de la colère que j'éprouvais lorsque je lui arrachai l'oreiller des mains.

— Maintenant, que tu le veuilles ou non tu vas m'écouter. Tu as raison je ne suis pas le bon copain que tu pouvais espérer. Je n'ai pas été franc avec toi. J'ai même été franchement malhonnête. Je suis gay Taylor. Ça y est je l'ai dit! Je suis gay, un pédé ! Je voulais partir parce que j'étais sûr que tu t'en étais aperçu, ou que tu étais en train de t'en rendre compte. Je préférais partir de moi-même que de me faire jeter dehors. C'est pas parce que je te déteste Taylor, c'est parce que je ME déteste! J'espère juste que tu n'en parleras pas à tout le monde.

Je glissai du lit vers le sol. Les larmes coulaient en cascade glacée sur mes joues. Je mourrais, ce n'était plus des larmes qui jaillissaient de mes paupières closes, c'était ma vie, mon ‚me, mes espérances...

Taylor s'approcha, devant moi, à moins d'un mètre. Un sourire ironique écartait ses lèvres. Il se mit à rire, doucement d'abord puis de plus en plus fort.

Je n'arrivais pas à y croire. À la douleur si profonde que j'éprouvais il fallait qu'il ajoute la moquerie. Je ne méritais pas ça. Il essaya de dire quelque chose mais il riait tant que les mots sortaient hachés, brouillés:

— Id... es con... stup... stop..."  

Une fois encore la colère vint m'aider à surmonter mon désespoir.

— Je suis peut-être un pédé mais je ne resterai pas ici à me faire insulter! Ce coup-ci je m'en vais!

à suivre  

 unir des larmes...

 

 

Par claudio - Publié dans : LISEZ VISIONNEZ VIDEOS & RECITS FICTIONS FANTASMES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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Dimanche 1 septembre 7 01 /09 /Sep 06:44

RECITS FICTIONS (55) rentrée 2, entre enfer et paradis  coming out

les soeurs, les soeurs ...qui a la chance d'avoir une soeur ?  ( photo Laure et Florent Manaudou)

 

Entre Enfer et Paradis

Je fus tellement surpris de sentir une main accrocher mon épaule que je faillis tomber. C'était mon père.

— Où est-ce que tu vas Matt?

— À la maison.

— Hum... Tu te sens bien?

— Oui, pourquoi?

— Tu es allé un peu trop loin, tu sais, la maison est toujours à la même place, c'est-à-dire 100 mètres derrière toi!

— Oh! Hum...

Je ne me rappelle plus quelle explication j'ai bredouillé.

— Tu avais l'air à la fois pensif et très heureux, tu ne serais pas amoureux des fois?

J'ai rougi. Mais pourquoi est-ce que je rougis aussi facilement? C'est comme si mon visage est un livre ouvert, en liaison directe et permanente avec mes sentiments. Comme si chacun, au premier coup d'œil peut y deviner mes pensées les plus intimes, les plus secrètes. J'ai toujours été nul au poker et je crois que ce n'est pas près de changer.

Il rit bruyamment

— Ne te sens pas obligé de répondre, ça ne me regarde pas. Tant que tu es heureux, je le suis aussi. Comment s'est passée cette première journée?

— Pas mal du tout, à part en histoire!

— Tu as quel prof cette année?

— Mme Salinger.

— Je pensais que tu l'appréciais?

— C'est vrai, mais là elle a eu une idée particulièrement mauvaise, elle nous fait faire des exposés tous les lundi matins. Et avec ma chance habituelle, c'est moi qui m'y colle le premier avec: "le combat pour la liberté jusqu'au jour de l'indépendance", et tout ça pour dans trois semaines.

— C'est vrai que ça fait un sacré boulot, mais le sujet est intéressant. Si tu as besoin d'un coup de main, n'hésite pas!

— Merci p'pa! Et toi, ta journée?

— Rien de spécial. Comme toujours le jour de la rentrée, un nouvel emploi du temps et trop de nouveaux visages, de nouveaux noms...

Il ouvrit la porte. Après avoir ôté mes chaussures et fait le détour habituel par le frigo pour y prélever une boîte de coca, je rejoignis ma chambre. Je posai mon sac sur la table dans l'intention de le préparer pour le lendemain. Dix minutes plus tard je n'avais toujours rien fait, incapable de me concentrer sur autre chose que la délicieuse sensation qui persistait au creux de mes doigts depuis la poignée de mains avec Taylor.

Je repensais à ce qu'avait dit mon père tout à l'heure? Est-ce que j'étais vraiment amoureux ? C'etait donc ça l'amour? Merveilleux, mais terrible aussi.   Merveilleux parce que ce mec est génial, il est beau, il a l'air sympa, il est intelligent, il est drôle. Il m'a fait passer unes des meilleurs journées de ma vie ! En plus on a eu un super contact ensemble, j'étais sûr qu'avec un peu de temps on pourrait devenir les meilleurs amis du monde, je le sentais.

Mais c'est terrible aussi! Comment est-ce que je pourais être ami, simplement ami avec le type dont je suis amoureux? Insupportable! Vivre à côté de lui, jour après jour, sachant qu'il ne me donnerait jamais en retour les sentiments que j'éprouve pour lui!

Je me sentais soudain annéanti. Comment lui dire? Le risque de rejet devait flirter avec les 99,99%. Et comment lui cacher, moi qui ai toujours été incapable de dissimuler le moindre sentiment ? Qu'est-ce que je pouvais faire? C'était une vraie douche froide! Allongé sur mon lit et je me mis à pleurer.

Deux heures après j'en étais toujours au même point, déchiré entre des moments de bonheur fulgurant et des vagues monstrueuses du désespoir le plus noir. J'entendis frapper à ma porte. Lucia entra et me regarda avec étonnement.

— Qu'est-ce que tu fais sur ton lit? Quelque chose qui ne va pas? Papa me disait pourtant que tu avais l'air très heureux en rentrant de l'école, très, très, très, très, heureux... est-ce que tu comprends ce que je veux dire?

Elle s'approcha du lit

— Mais tu as pleuré! Pourquoi?

— Non, juste un peu de poussière...

— Matt, ne me prends pas pour une idiote s'il te plait ! Tu sais très bien que je le vois tout de suite lorsque tu essayes de me mentir ! Dis-moi ce qui se passe, je pourrai peut-être t'aider, et puis même si je ne peux pas t'aider, parler ça fait toujours du bien!

Elle me tira par le bras et me fit asseoir. J'étais incapable de parler, je n'arrivais même pas à retenir mes larmes qui, très vite, se sont transformées an sanglots de plus en plus violents.

— Pleure pas frérot, arrête, je ne t'ai jamais vu dans un état pareil, arrête, je t'en prie, tu vas me faire pleurer aussi.

Elle me serrait dans ses bras, me berçait, me caressait les cheveux, le dos.

— Papa me disait que tu avais l'air heureux tout à l'heure, heureux et amoureux. Je ne sais pas si tu es amoureux, mais visiblement côté bonheur c'est pas terrible! Tu veux en parler?

— Je ne sais pas si je pourrai, tout est tellement confus pour l'instant!

— Je comprends, dit-elle, puis elle ajouta, avec un léger sourire: n'oublie pas ta promesse, je dois être la première à savoir. Tu es vraiment amoureux ?

Je l'ai regardée, hésitant, je crois que mon silence, mon hésitation avait été un aveu plus éloquent que les mots, alors...

— Oui Lucia, je suis amoureux.

— Matt, mais c'est merveilleux, et tu dis ça comme si tu m'annonçais ta condamnation à mort. Pourquoi es-tu si malheureux, elle ne t'aime pas ?

Je me suis contenté d'un mouvement de tête.

— Elle t'a jeté ? Elle t'a dit qu'elle ne t'aimait pas ?

J'ai eu du mal à murmurer:

— Non.

— Et bien alors ? Tu lui as parlé?

— Non! dis-je un peu plus agressivement.

— Comment est- ce que tu peux savoir qu'elle ne t'aime pas si tu ne lui en parles pas. Donne-lui au moins une chance, et à toi aussi par la même occasion!

— Je ne peux pas, c'est trop difficile, trop dangereux!

Je n'arrivais toujours pas à la regarder dans les yeux.

— Dangereux ? Dis-moi le nom de cette personne qui fait si peur à mon grand frère, je pourrais peut-être t'aider ?

— Non Lucia, je ne peux pas, même pas à toi!

Elle se leva alors, l'air un peu blessée par mes derniers mots:

— Si tu ne veux rien me dire, je ne peux pas vraiment t'aider. Je croyais que tu avais confiance en moi. De toute façon, je suis là, si tu as besoin de moi, juste fais-moi signe.

Elle se dirigeait vers la porte. Au moment où elle s'était retournée, j'avais cru voir briller quelques larmes dans ses yeux. Je sentais que ce n'était pas juste, que je n'étais pas juste. On avait toujours tout partagé ou presque, nous nous étions toujours aidés chaque fois que nous en avions eu besoin. Et là, j'avais besoin d'elle, et tout ce que j'arrivais à faire c'était de la faire souffrir, je pouvais l'entendre dans ses derniers mots, je pouvais le voir dans sa façon de marcher.

Je l'appellai faiblement, presque malgré moi:

— Lucia...

Elle ne réagit pas.

Un peu plus fort:

— Lucia!

Elle se retourna et me regarda, elle pleurait aussi. Je ne pouvais pas la laisser partir comme ça, avec l'idée que peut-être je ne lui faisais plus confiance.

— Lucia, je... je suis... gay.

Avec un sourire qui tenait plutôt de la grimace elle me répondit:

— Gai ? Je ne t'ai jamais vu l'air plus triste!

— Tu ne comprends pas Lucia, Je ne voulais pas dire joyeux ou heureux, je voulais dire gay, homo. Je ne l'ai jamais dit à personne. Tu es la première à savoir.

Je me demandais si elle pouvait comprendre à quel point j'étais terrorisé à cet instant? Mes yeux étaient accrochés à son visage où je cherchais désespérément les signes qui montreraient comment elle absorbait l'événement. Elle resta silencieuse pendant de longues secondes, une éternité. Chacune de ces secondes accroissait ma peur. J'aurais dû le savoir, j'aurais dû m'en douter, c'était trop gros, trop inattendu, elle était incapable d'accepter ça. Pourquoi est-ce que je le lui avais dit? Pourquoi? Je l'avais perdue maintenant, c'est sûr, je pouvais le voir, le sentir. Autre chose, il aurait fallu que je lui dise autre chose! Je tombai en arrière sur mon lit le visage baigné de larmes une fois encore.

— Pardon Lucia! Pardon! Me laisse pas tomber, je t'en prie, j'ai besoin de toi. Je ne le dirai plus, si tu veux, je vais oublier même, mais pitié, me laisse pas tomber, je suis tellement seul!

Jamais je n'avais éprouvé une telle douleur, un tel sentiment de solitude, j'étais recroquevillé sur mon lit comme pour me protéger de je ne sais quels coups. Mais tous venaient de l'intérieur.

Je n'avais pas vu Lucia revenir, je l'ai juste sentie s'allonger à mon côté et me prendre dans ses bras.

— Oh Lucia...

— Shhhhhhhhhhhhh! coupa-t-elle. Tais-toi, je ne veux plus entendre ces idioties là. Comment peux-tu croire que je te laisserais tomber, comment peux-tu penser un instant que je sois capable de te détester? Je t'aime Matt, je t'ai toujours aimé et ça ne changera jamais! Je suis fière d'être ta sœur, et ça non plus ça ne changera jamais! Je serai toujours là pour toi, toujours, toujours, toujours, tu comprends ça ?

Le soulagement que j'ai ressenti à ce moment est indescriptible.

— Tu me pardonnes Lucia? C'est pas que je n'avais pas confiance mais, tout ça... c'était tellement confus, et puis, j'avais tellement peur...

— Bien sûr que je te pardonne, je suis contente que tu me l'aies dit.

— Je suis content aussi de t'en avoir parlé. Je me sens si léger d'un coup. Tu ne peux pas savoir combien c'était lourd parfois de porter ça tout seul.

— Alors cette fois c'est terminé, je ne pourrai vraiment plus te taquiner avec Cathy, la pauvre! C'est rien, je vais la remplacer par son cousin Taylor!

— Comment tu sais?

— Je ne savais pas mais maintenant je crois que j'ai trouvé le bourreau du cœur de mon frérot. Tu pourrais avoir plus mauvais goût!

— Bourreau! Bourreau! Des bourreaux comme lui on en réclame tous les jours. Il est tellement beau. Tu as vu ses yeux, tu en as déjà vu d'aussi pétillants? Et ses sourcils, on dirait des ailes de papillons, et ses lèvres, si tendres, si sensuelles, et sa voix, oui, sa voix, on a envie de la boire, et...

— Arrête, arrête ! m'interrompt Lucia, à la fois émue et amusée. J'aimerais bien qu'un garçon parle de moi comme ça. Tu m'as l'air sacrément accroc' ! Comment est-ce que ça peut aller si vite?

— Le coup de foudre, jusqu'à aujourd'hui je n'y croyais pas vraiment mais là je peux te dire que je suis convaincu. Quand je l'ai vu ce matin, ça a été un choc, une vague, un raz de marée, un tsunami même! J'avais du mal à me contrôler, et je n'ai pas réussi à le lâcher d'une semelle de toute la journée.

— Je sais !

— Comment tu peux savoir ça?

— Hum... Hum... Hum... Je suis allée chez Cathy après l'école, et tu sais qui lui a téléphoné?

— Taylor, c'était Taylor?

— Oui, c'était lui, et il a parlé de différentes choses et... et... de... toi!

— De moi! Il a parlé de moi? Et tu ne me le disais pas ! Qu'est-ce qu'il disait ? Qu'est-ce qu'il disait ? dis-je d'une voix que l'excitation rendait tremblante.

— Je ne sais pas monsieur le roi du secret, pourquoi ne pourrais-je pas en avoir aussi, moi, des secrets ? Après tout ? Je vais peut-être garder ça pour moi jusqu'à demain!

— Oh Lucia non! Je t'en supplie! À genoux si tu veux! Je me roulerai à tes pieds sur la carpette, je ferai toutes tes corvées pendant une semaine... deux... trois... Aussi longtemps que tu voudras! Mais je t'en prie dis-le moi !

— Bon, comme d'habitude je serai grande et généreuse, mais calme-toi d'abord esclave! Et assieds-toi! D'abord il a remercié Cathy de t'avoir présenté à lui. Il lui a dit qu'il avait très peur de se retrouver perdu, dans une nouvelle école, d'une nouvelle ville et qu'en fait la journée avait été une suite de rencontres toutes plus amicales les unes que les autres. Il a même ajouté qu'une vingtaine d'élèves lui avaient dit "salut" à la sortie de l'école, comme s'il vivait ici depuis 10 ans! Et tout ça grâce à... toi! Je ne sais pas s'il est amoureux mais, il n'y a aucun doute là-dessus, il est heureux de te connaître. Pour un premier contact c'est un succès total. Ça ne m'étonne pas d'ailleurs, tu as toujours été le meilleur!

— Merci Lucia! Tu n'imagines pas le bien que ça fait d'entendre de choses pareilles! Tu me fais revivre, tu me ressuscites! Ça va être difficile de l'avoir simplement comme ami, mais ce serait pire encore d'être loin de lui.

Je ne pus retenir un soupir.

— Quand on ne peut pas avoir ce qu'on souhaite, il faut apprendre à apprécier ce qu'on a!

— Tu n'as même pas encore essayé, ne te décourage pas d'avance!

— Comment est-ce que je pourrais lui exprimer mes sentiments?!?! Tu sais combien j'ai confiance en toi Lucia, et tu n'images pas comme ça été difficile de te dire ce que je t'ai dit tout à l'heure! Je ne peux même pas l'imaginer avec lui!

— Pas tout de suite bien sûr! Ni demain d'ailleurs, attends d'être absolument sûr.

— Je suis absolument sûr!

— Alors laisse un peu se développer votre relation. Il faut que tu apprennes à le connaître mieux et puis si tu penses qu'il a l'esprit assez ouvert alors il faudra bien lui dire, il faudra prendre le risque !

— T'es folle! Complètement folle! C'est impossible ce que tu me demandes là, impossible! Ça pourrait détruire ma vie !

— Tu préfères une vie au fond d'un placard, une vie de mensonge, de dissimulation? Si tu l'aimes vraiment... l'amour vaut tous les risques? Non?

— Tu as raison, qu'est-ce que tu veux que je réponde à ça? Mais tu ne peux pas imaginer à quel point ça me fiche la trouille!

— Tu peux peut-être t'entraîner un peu?

— M'entraîner ?

— En le disant aux parents. À eux aussi il faudra bien que tu le dises un jour!

— Oui, je sais! Ça m'effraie moins. Je vais peut-être attendre un peu, un psychodrame par jour ça me paraît suffisant!

— Comme tu le sens Matt. Si tu veux que je sois là ce jour-là, dis-le moi.

— Merci Lucia, lui dis-je en lui embrassant la joue. C'est vraiment super d'avoir quelqu'un comme toi. Je te dois vraiment beaucoup.

— Rien du tout Matt, c'est à ça aussi que servent les sœurs, et tu ferais la même chose pour moi. Repose-toi un peu avant le dîner.

Et elle sortit de ma chambre.

J'étais beaucoup moins déprimé. Toujours un peu dans le brouillard, mais soulagé d'avoir pu en parler à quelqu'un, tellement soulagé que je me suis endormi.

— Matt, Lucia, à table s'il vous plait!

J'ai eu quelques difficultés à émerger du sommeil, mais la pendule m'a vite rappelé à la réalité, mes parents détestent attendre lorsque le repas est prêt. Je me suis donc précipité à la cuisine. Je pris place silencieusement, je ne me sentais pas d'humeur très conviviale. Lucia et mes parents discutaient tranquillement de leur journée.

— Tu te sens bien Matt? demanda ma mère. Tu n'as pas dit un mot depuis que tu es là et tu n'as rien mangé encore!

Mon assiette était intacte.

— Et tu as l'air triste, pas vraiment triste mais... inquiet?

— Oui, ajouta mon père, rien à voir avec ce que j'ai vu en rentrant!

— Non, il n'y a rien... rien qui mérite qu'on en parle, seulement... Non, laissez tomber, ce n'est rien.

Qu'est-ce que j'étais en train de faire là! Essaye d'être normal! Agis normalement! Sinon ils vont se douter de quelque chose, ils vont se poser des questions... et s'ils commencent à se poser des questions... Il y eut quelques secondes de silence durant lesquelles j'examinai, avec une attention incroyablement soutenue le steak qui occupait toujours mon assiette.

Le rythme et le ton de la conversation avaient changé: moins de blagues et davantage de moments de silence. Je percevais quelques coups d'œil furtifs dans ma direction. Je les sentais soucieux. Ils auraient bien voulu savoir ce qui me tracassait, mais ne voulaient pas se montrer indiscrets. J'aurais pu trouver ça drôle si j'avais eu la moindre parcelle d'humour en cet instant... mais je replongeais, tête baissée, dans la dépression. Je sentis le pied de Lucia le long de ma jambe. Une caresse légère. Un geste de support, de solidarité. En levant la tête j'ai vu qu'elle me souriait. Je me suis tourné vers mes parents.

— Quand tu as une chose à faire mais que ça te fait vraiment très peur de la faire, est-ce que ça vaut le coup de la retarder?

— Ça dépend pourquoi ça te fait peur, répondit ma mère. Si tu ne te sens pas prêt, ça peut valoir le coup de retarder l'échéance pour te préparer davantage par exemple.

— Oui mais si tu sais au fond de toi qu'en fait tu ne te sentiras jamais vraiment prêt mais que, malgré tout, tu dois quand même faire cette chose?

— Tu es un peu énigmatique et très abstrait, dit mon père. Tu peux aussi regarder les choses sous l'angle des conséquences. S'il te semble que, plus tard, les conséquences seront moins lourdes ou plus faciles à accepter, alors ça peut être intéressant d'attendre.

— Et si les conséquences sont les mêmes, maintenant ou plus tard?

— Écoute! Si vraiment tu dois faire cette chose, si tu ne peux pas améliorer ta préparation et si les conséquences ne sont pas différentes aujourd'hui de ce qu'elles seraient dans quelques jours ou quelques mois, alors il faut surmonter ta peur et agir rapidement. Parce que si tu attends tout ce que tu vas faire c'est accroître tes doutes et ton insécurité. Fais face, même si ç'est très difficile!

Un coup d'œil rapide à Lucia: elle tremblait, elle était d'une blancheur à faire fantasmer un publicitaire spécialisé dans les comparatifs de lessives. Je pris une grande inspiration.

— Papa, Maman, je suis homosexuel.

La terre s'arrêta de tourner exactement au moment où mon cœur cessa de battre. Le silence était d'une épaisseur, d'une densité étonnante. Mon père se leva lentement, se dirigea vers le bar et revint avec la bouteille de Jack Daniels dont il ne se sert guère plus d'une à deux fois par an. Il retomba sur sa chaise et versa un peu d'alcool au fond de son verre. Ma mère lui tendit le sien.

— Donne-m'en un peu s'il te plaît.

 

à suivre le photos sont fake, voir chapitre 1

Par claudio - Publié dans : LISEZ VISIONNEZ VIDEOS & RECITS FICTIONS FANTASMES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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Dimanche 1 septembre 7 01 /09 /Sep 06:39

 

RECITS FICTIONS (54) romance, amours de jeunesse

J'ai choisi ce texte à suivre comme feuilleton de fin des vacances . Bonne lecture. Bisous à tous !

Au 2echapitre notre héros sera paumé...

— Tu es allé un peu trop loin, tu sais, la maison est toujours à la même place, c'est-à-dire 100 mètres derrière toi!

— Oh! Hum...

Je ne me rappelle plus quelle explication j'ai bredouillé.

— Tu avais l'air à la fois pensif et très heureux, tu ne serais pas amoureux des fois?

 

1.

Le jour où je l'ai rencontré

Le soleil commençait à envahir ma chambre et les rideaux noirs ne lui offraient qu'une résistance symbolique. Ses rayons glissèrent sur mon bureau et léchèrent l'ordinateur avant d'atteindre l'oreiller. La lumière, douce et tiède atteignit ma joue et l'éfleura d'une caresse si légère qu'elle me fit ronronner. La journée promettait d'être belle.

Endormi encore, éveillé déjà, l'instant béni qui vous apporte la maîtrise de vos rêves, qui vous laisse leur donner l'orientation souhaitée. Opération délicate: une pensée trop claire et hop! Le sommeil s'en va, le rêve le suit. Vous voulez la recette? C'est simple:

Créer une image simple, du sable par exemple

La laisser emplir le rêve, en devenir le décor

Puis, faire émerger quelqu'un de l'eau, loin, trop loin pour qu'on puisse en percevoir clairement les traits

Le faire s'avancer vers soi

À mesure qu'il s'approche, laisser le puzzle se mettre en place

Laisser le phantasme associer les pièces que lui dicte votre imagination ou votre mémoire (je privilégie la mémoire: les jambes de Ryan musclées par la course, les abdos de Ted dessinés sur le tatami, les pecs ronds, légèrement saillants, ornés d'aréoles pâles de Brian forgé par la natation, les épaules de...)

Surtout, ne pas penser pas trop vite... ne pas se réveiller... Ce n’est pas le moment

L’image se précise... il est beau, excitant il se penche pour t’embrasser...

DRRRRRRRRRRRING!!!!!!!!

Merde! Merde! Merde! Pourquoi cette saloperie de réveil doit-il toujours sonner au moment où il devrait rester silencieux? À en devenir parano! Croyez-moi, je suis un opposant résolu à la peine de mort. Mais, si je tenais celui qui a inventé le réveil, celui qui a commis ce crime majeur contre l’humanité... je serais le premier à utliser la guillotine. Une femme! Seule une femme a pu inventer cet engin du diable!

Après un passage obligé, quasi rituel, par la salle de bain pour satisfaire aux exigences physiologiques de base et enfiler une robe de chambre, j'entrai dans la cuisine. Ma mère, debout, faisait cuire quelques œufs sur le plat. Cuire? En fait il serait plus honnête de dire qu'elle était en train de les réduire consciencieusement à l'état de charbon, comme toujours d'ailleurs le jour de la rentrée. Ça doit être une pathologie de l'instinct maternel, un complexe récurrent! Tous les ans, ma mère veut faire du jour de la rentrée un jour mémorable, louable intention. Elle prépare donc un petit-déjeuner spécial pour toute la famille. Mais comme elle entretient, le reste du temps, une relation des plus distantes avec la cuisine, son expertise laisse beaucoup à désirer, et le petit-déjeuner de la rentrée, est le pire de l'année!

— Salut fiston, comment ça va?

— Salut m'man ça va bien, on ne peut pas en dire autant des œufs...

— Ooooh! pourquoi tu ne l'as pas dit plus vite? Ils sont fichus maintenant! Qu'est-ce qu'on va manger? Je suis désolé Mattiew (c'est moi, excusez-moi, j'ai oublié de me présenter), tu me pardonnes?

— Bien sûr je te pardonne, comme tous les ans! Tu sais bien que je t'aime pour ce que tu es, pas pour tes œufs... Ou plutôt malgré tes œufs!

— Ne soit pas méchant avec ta mère et donne-lui un bisou, dit-elle en me tendant une boîte de céréales. Content de retourner à l'école?

— Ouais! D'autant plus content que c'est la dernière année avant d'aller à la fac. Je suis tellement pressé d'y être, enfin libre, et plus traité comme un gamin!

— Si pressé de nous quitter? demanda ma mère.

— Non mman, c'est pas vraiment ça, tu sais bien que je vous aime tous ici, et je sais que j'ai besoin de vous. Ça m'est égal d'être traité comme un gosse à la maison... n'en abuse pas quand même, mais, à l'école, je le supporte de plus en plus mal.

— Salut mman, salut frérot.

— Salut Lucia, répondis-je.

C'est ma sœur, 16 ans, juste un an de moins que moi et plutôt bien fichue si ça vous intéresse.

— Comment ça va? de beaux rêves?

— Super, je croyais qu'on avait encore 2 semaines de vacances... Le rêve... génial, mais le réveil... chiant!

— Lucia s'il te plaît! interrompit ma mère.

— Excuse-moi m'man, réveil très désagréable. Et toi?

— Pareil mais sans rêve du tout.

Je me voyais en effet assez mal leur expliquer celui qui m'avait si agréablement chatouillé les neurones au petit matin!

— Alut l'f'mille, marmonna mon père.

Les cordes vocales sont toujours la dernière chose à se réveiller chez lui, et il est à peine compréhensible avant son premier café.

— Oh, dit-il, s'adressant à ma mère, petit-déj spécial rentrée je parie!

— Pas d'ironie facile s'il te plait, répondit-elle. Remets-moi plutôt un peu de café ou je sens que je vais déprimer toute la journée! Comment allez-vous à l'école ce matin les enfants, vous voulez qu'on vous conduise?

— Merci mais je préfère marcher, dis-je. Ça me donnera plus de temps pour m'habituer à l'idée que les vacances sont terminées.

— Bonne idée, je peux t'accompagner? demanda Lucia.

— Bien sûr!

— D'accord, en plus ça te donnera une occasion de te rapprocher de Cathy. Hier elle me disait combien elle était excitée à l'idée de retourner à l'école, et je pense que la perspective de revoir un jeune mâle que je connais bien n'est pas étrangère à cette excitation!

— Qu'est-ce que vous manigancez dans mon dos? Est-ce que tu es en train d'essayer de me caser avec la première sa...

— Matt! coupa ma mère.

— Hum, avec la première barbygirl hystérique venue, incapable d'utiliser plus de 3 mots: Hiiiiiiiii, Haaaaaaaa et Wahou!

Le morceau de pain qu'elle me lança à la tête me rata d'un bon mètre, bien réveillé mes réflexes sont excellents. Sous la douche je souriais encore de ce qui venait de se passer avec Lucia. J'aime la taquiner et elle me le rend bien. Parfois le ton monte un peu et les parents se sentent obligés d'intervenir. Il arrive même que nous boudions un jour ou deux, mais ça ne dure jamais plus longtemps. Quand j'étais plus jeune, j'aurais préféré avoir un frère. À 10 ans, jouer avec une fille...! Dieu merci les choses ont évolué de façon très positive, et notre relation est excellente. Nous parlons beaucoup et je n'ai pas de secret pour elle (mis à part mon plus gros mais ça!). Je l'aime énormément et je suis sûr que c'est réciproque.

Après la douche, je choisis avec soin les vêtements du jour, je ne cherchais pas particulièrement à faire chic mais enfin... Qui sait? On peut toujours rencontrer quelqu'un à qui on aurait envie de faire bonne impression?

Ceci dit je ne pense pas être très impressionnant, jugez vous-mêmes: 1m81, 70 kg, les cheveux châtain-blonds mi-longs et les yeux bleus. Pas le bleu perçant, juste un bleu ordinaire. Pommettes hautes et nez droit. Pas le moindre poil sur le torse, quelques-uns sur les jambes et un joli buisson dans la partie médiane. Pas mal! Pas de quoi faire fuir, mais rien non plus pour attirer irrésistiblement!

Au bas de l'escalier Lucia émit un petit sifflement

— Whoa, on dirait que tu t'es préparé pour le rencard du siècle. Cathy va en être dingue, surtout si elle pense que c'est pour elle que...

— Lucia, s'il te plaît, arrête de me charrier! Et ne donne pas à Cathy d'espoirs impossibles, je l'apprécie assez pour ne pas avoir envie de la décevoir.

— D'accord, d'accord, j'arrête. On y va?

— Salut les parents et merci pour le petit-déj, on s'en souviendra longtemps!

— Filez avant que je ne mette en colère, et bonne journée quand même! répondit ma mère.

Dehors la lumière était très douce. J'aime la lumière du matin. C'est une lumière d'aquarelle. Elle adoucit les formes et les couleurs. Pas comme la lumière agressive de l'après-midi, qui révèle tout, accentue tout, même ce qui aurait mérité plus de discrétion.

— Matt, c'est pas pour t'embêter, mais pourquoi est-ce que tu repousses toujours Cathy? Je ne comprends pas, elle est vraiment belle, plutôt intelligente et sympa. Tu donnes l'impression d'apprécier sa compagnie. Tu sais qu'elle a le béguin pour toi depuis toujours et, pour autant que je sache, tu es libre. Qu'est-ce qui ne va pas chez elle?

— Rien, rien de particulier avec elle, c'est pas mon type, c'est tout!

— Alors c'est quoi ton type? Ou plutôt qui? Tu as quelqu'un en tête?

— Hum?

— Je le savais, je le savais! C'est qui? Je la connais? Elle est dans notre école? Dans ta classe? Tu ne peux pas me cacher ça, à moi, moi ta sœur unique et préférée. Dis le, je te jure que je n'en parlerai à personne !

— Sois pas idiote, il n'y a personne et ça risque de rester encore comme ça un bon moment. Ce n'est pas ma préoccupation du jour. Peut-être qu'un jour je rencontrerai quelqu'un, quelqu'un qui compte vraiment alors, là, je te jure que tu seras la première à savoir.

— Je ne suis pas vraiment convaincue. Je crois que je vais quand même mener ma petite enquête, c'est pas que je n'ai pas confiance mais...

— Tu ferais mieux de t'occuper en priorité de la tienne de vie sentimentale! Qu'est-ce que devient... Éric?

— Je crois que cette année c'est gagné. L'an dernier, il est sorti avec quelques filles sans intérêt, mais c'était juste un entraînement, une façon de se préparer... pour moi!

— Tu es incroyable, répondis-je en riant. Mais je suis sûr qu'une telle confiance ne peut qu'être récompensée et que ça va marcher pour toi, si je peux être utile...

— Salut Lucia, salut Matt.

Cathy venait de nous rejoindre. Lorsqu'elle m'embrassa son baiser fut, comme d'habitude, plus long et humide qu'il n'aurait dû.

— Je vous présente mon cousin Taylor. Il vient juste d'emménager dans le quartier, la semaine dernière et il va dans le même lycée que nous.

J'ai cru que j'allais exploser. Vous connaissez le loup des dessins animés de Tex Avery, et ce qui lui arrive lorsqu'il découvre Betty Boop: la mâchoire qui s'effondre jusqu'au trottoir, les kilomètres de langue qui se déroulent, les yeux qui jaillissent, les oreilles qui fument... Et bien, je ne pense avoir été à ce point démonstratif, mais je suis sur d'avoir intérieurement ressenti ce que pouvait ressentir le loup. Comment aurait-il pu en être autrement d'ailleurs? Devant moi, à moins de deux mètres, la plus belle créature qu'il m'ait été donné de rencontrer. À peu près 1m75 d'une silhouette mince et forte à la fois. Un visage à l'ovale parfait, percé de deux immenses yeux verts, magnétiques, presque hypnotiques. Sa peau, très pale, avait un grain d'une finesse extrême que l'adolescence avait totalement épargné. Je ne sais comment j'ai résisté à l'envie que j'avais de l'embrasser. Jamais je n'avais autant ressenti l'injustice des règles sociales qui autorisent les filles à embrasser des gens qu'elles connaissent à peine, et l'interdit aux garçons, même lorsqu'ils se connaissent très bien. Quelle connerie!

Tenir sa main m'a fait frissonner. Alors je l'ai gardée, comme si nous étions collés l'un à l'autre. Il mit un peu plus d'énergie dans son mouvement, comme s'il cherchait à se dégager. Je l'ai lâché.

— Et toi ton nom c'est...?

Quelle voix! Une chanson, je suis sûr que je pourrais passer des heures à l'écouter. Il faut absolument que je pense à apporter un magnéto demain, avec une telle musique dans les oreilles le soir pour s'endormir, les rêves les plus merveilleux sont garantis!

— Et toi ton nom c'est...?

— Oh! Désolé, Mattiew, mais tout le monde m'appelle Matt. Bienvenue dans le quartier. Excuse-moi, je ne suis pas vraiment réveillé, je suis toujours un peu lent le matin, répondis-je, bafouillant et rougissant furieusement.

Et merde, je pensais en moi-même, je suis en train de passer pour un idiot devant ce mec!

— Tu es dans quelle classe? me demanda-t-il.

— Vous êtes tous les deux en terminale, répondit Cathy, Vous serez peut-être dans la même classe. Ça serait super pour toi d'être avec Matt parce qu'il connaît à peu près tout le monde dans l'école.

— Tu es une vedette? dit-il en souriant

— Non, pas vraiment, en tout cas pas comme les meilleurs sportifs ou les meilleurs musiciens de l'école. C'est vrai que je connais tout le monde, mais je n'ai pas grand mérite, je n'ai jamais déménagé, alors je connais la plupart d'entre eux depuis qu'ils ont 6 ou 7 ans et les autres je les ai vus arriver ! En plus tu verras, c'est un petit lycée, on est à peine 500, c'est donc pas si difficile que ça de connaître tout le monde ou presque.

— Sois pas si modeste, dit Cathy. Tu n'es peut-être pas une star, mais tout le monde te connaît et tout le monde t'aime bien parce que tu es intelligent et super mignon, et tout le monde a envie d'être pote avec toi parce que de tous les mecs mignons et intelligents, tu es le plus sympa. T'es tellement sympa que je suis sûre que tu n'as jamais fait de mal à qui que ce soit... en tout cas jamais volontairement.

Elle murmura à peine la dernière phrase.

Je crois que ce jour-là j'ai inventé un nouvelle teinte de rouge. Comment réagir à une telle déclaration?

— Merci pour le compliment? Même s'il n'est pas vraiment mérité.

Puis, à l'intention de Taylor j'ajoutai:

— Ne la crois pas trop quand même, ce qu'elle dit prouve que j'ai au moins une véritable amie, et les amis ne sont jamais bons juges.

Il sourit et nous reprîmes notre marche vers le collège. La conversation portait sur nos derniers jours de vacances, ce que nous avions fait, où nous étions allés, qui nous avions rencontré,... Tous ces trucs pas vraiment passionnants mais si utiles pour retisser l'amitié après quelques jours ou quelques semaines d'éloignement. J'étais absolument fasciné par Taylor, sa silhouette, son visage, sa voix, son rire, ses sourires, ses mouvements... J'essayais désespérément de me concentrer sur le sujet de la conversation, mais, si près d'un ange, j'avais du mal à rester en contact avec le monde réel.

Ce jour devait être béni des Dieux (oui, pluriel, parce que pour être à ce point généreux, un seul ne pouvait suffire!): nos emplois du temps étaient presque identiques, mis à part les courts de maths et d'éducation physique. J'étais d'abord très contrarié de ne pas être avec lui en EP, puis, après réflexion, je me suis dit que c'était peut-être préférable, que garder le contrôle dans les vestiaires ou sous la douche aurait peut-être été trop difficile!

Sur le chemin de notre premier cours (histoire) je le présentai à la plupart des élèves que nous croisions.À chaque fois j'essayais de faciliter le contact en indiquant des sujets d'intérêt qu'ils pouvaient avoir en commun. C'est là que je me suis rendu compte que j'avais pas mal mémorisé ce qu'il m'avait dit jusqu'alors, c'était presque comme si je le connaissais depuis toujours: à Tim je l'ai présenté comme un joueur de foot, à Dorothy comme un fan de cinéma fantastique, à Ben comme un joggeur, à Andy comme un lecteur accroc' de science-fiction...

Dans la classe, assis à ma gauche, il me regarde silencieusement quelques secondes.

— Tu n'es peut-être pas une vedette, mais on dirait que tout le monde en est une pour toi! Tu les connais tous tellement bien, c'est incroyable! Je vais finir par croire que Cathy avait raison, continue comme ça encore quelques années et c'est toi qui choisiras le mobilier de l'Elysée!

Je ris et rougis une fois de plus. L'entrée de notre professeur, Mme Salinger, me donne une bonne raison de rester silencieux.

— Bonjour à tous, dit-elle en s'asseyant devant son bureau.

Elle était petite, plutôt jolie (pour autant que je puisse être juge en matière de beauté féminine) elle devait avoir une trentaine d'années. Je la connaissais bien, je l'avais déjà eue comme prof deux ans plutôt et je l'appréciais beaucoup. Avec elle l'histoire devenait un enchaînement d'évènements captivants, et manquer un de ses cours revenait à rater un épisode d'une de vos séries préférées! Bon, je pousse peut-être un peu! Mais, il y avait de ça dans sa manière d'enseigner. Elle sourit et s'adressa à Taylor.

— Alors voilà le nouvel élève, bienvenue Taylor! J'espère que vous aimez l'histoire?

— Oui madame.

— Très bien, nous devrions bien nous entendre alors! Bon, cette année je suis un peu paresseuse, je n'ai pas très envie de travailler, alors je me suis dit que ce serait votre tour.

Elle posa un petit sac de papier sur le bureau;

— Dans ce sac il y a vos noms écrits sur de petits carrés de papier et sur cette liste, - elle tendit la feuille de papier qu'elle tenait à la main - il y a autant de de sujets d'exposés que vous êtes d'élèves dans cette classe. Les sujets seront traités dans l'ordre figurant sur cette liste, à raison d'un exposé tous les lundis matins, ce qui me permettra de mieux profiter de mes week-ends, ajoute-t-elle avec un léger sourire. Comme je ne veux pas être trop cruelle, le premier exposé n'est pas à faire pour lundi prochain mais pour dans trois semaines. Pour être absolument impartial, c'est le sort, et lui seul qui décidera de votre ordre de passage. Taylor, voulez-vous venir ici s'il vous plait. Comme vous êtes nouveau je vais prétendre que votre main est innocente, je connais suffisamment bien les autres pour savoir que les leurs ne le sont pas !

Taylor s'approcha

— Prenez unn papier et donnez nous le nom de l'heureux gagnant.

Il prend un papier et lit:

— Matthew.

— Félicitations Matthew, vous venez d'accéder au privilège de nous parler du combat pour les droits civiques, de la fin du premier empire à la Commune de Paris

"Oh c'est pas vrai!" me dis-je intérieurement. "Trois semaines pour un tel boulot!"

Taylor revint 5 minutes plus tard et chuchota

— Désolé de t'avoir mis en première place.

— T'en fais pas, tu n'y es pour rien. Et de toute façon c'est toujours comme ça. Chaque fois que le hasard doit désigner quelqu'un pour une corvée, tu peux être sûr qu'elle est pour moi. C'est peut-être pour ça que je suis populaire en fait!

Il émit un gloussement amusé et sourit. Quel sourire! Juste un comme ça par jour et mon bonheur est garanti pour le siècle à venir.

La journée se déroula tranquillement sans événement notable. Taylor et moi passions de classe en classe, toujours ensemble. Nous bavardions beaucoup et je continuais de le présenter à autant de personnes que possible.

Après le dernier cours, sur le chemin du retour, nous étions encore côte à côte. Je marchais très lentement, désireux de repousser le moment de la séparation. Nous nous sommes arrêtés devant sa porte tout en continuant d'échanger quelques mots. Je finis par lui tendre la main. Je ne voulais pas partir, je ne voulais pas me séparer de lui, mais en même temps je ressentais tellement le besoin de le toucher que la poignée de main devenait urgente. Il prit ma main et me fixa un instant.

— Merci d'avoir été si sympa aujourd'hui. C'est mon premier jour dans cette école et pourtant j'ai l'impression d'y être déjà depuis des années.

Il tenait toujours ma main.

— Il y a au moins 25 personnes qui m'ont dit au revoir ce soir, c'est plus que je n'en ai jamais entendu dans ma vieille école. J'y étais pourtant depuis 5 ans!

Ma main tenait toujours la sienne.

— Merci beaucoup.

— Je ne sais pas ce que ça fait de déménager, de se retrouver dans un endroit nouveau, avec des têtes nouvelles, sans ses amis,... Je pense qu'on doit être un peu seul. Je voulais juste que tu te sentes le bienvenu. Et puis ça m'a fait plaisir, tu es tellement... tellement...

Qu'est-ce-que tu fous Matt, qu'est-ce que tu es en train de lui dire? Calme-toi! Vas-y doucement! Prends une douche froide, ou glacée même! Je repris en bégayant:

— Tu as un contact tellement facile. Je sais que tout le monde t'aimera, ou t'aime déjà.

Va pas trop loin, ne brise pas le rêve! S'il comprend tes grossiers sous-entendus il va t'envoyer promener, ou il va se sauver. Ne perds pas le contrôle, corrige ce que tu viens de dire et vite fait s'il te plait... Mes neurones tournaient à toute allure, frolaient la surchauffe

— J'ai repéré deux ou trois filles qui semblent tout à fait intéressées!

Il ne réagit pas, il se conenta d'ajouter:

— J'espère que je te verrai à l'école demain?

— Bien sûr, et si je te prenais au passage, à 7 heures et quart?

— Génial!

— OK, à demain alors !

— Oui, à demain. Est-ce que... est-ce que je peux récupérer ma main?demanda-t-il, prêt à éclater de rire.

— Oh! bien sûr, je ne faisais pas attention, désolé, désolé, je...

— Pas de problème, à demain.

Il se retourna et entra dans la maison.

Les quelques centaines de mètres qui me séparaient de chez moi, je ne les ai pas faits sur le trottoir, mais sur un nuage qui avait dû être déposé là dans l'après-midi par je ne sais quel service municipal. Je flottais. Dix fois j'ai failli mettre la main droite dans ma poche, ou l'utiliser pour attraper les sangles de mon sac à dos, dix fois je me suis arrêté. Je ne voulais pas effacer la douceur de son toucher au creux de ma paume. Je voulais garder cette chaleur, cette odeur, dont je pouvais encore sentir la fragrance, si légère, si précieuse.

Je voulais sauter, rire. Je n'arrivais pas à réprimer le sourire qui m'envahissait le visage. J'ai même remarqué quelques piétons qui fronçaient les sourcils, réprobateurs, comme si une telle joie de vivre frisait l'indécence. Je m'en fichais. J'étais si heureux! Je venais de rencontrer le plus fabuleux garçon du monde. Nous venions de passer une journée entière ensemble. Et il pensait qu'il me devait quelque chose! C'est moi qui lui devais la plus belle tranche de bonheur que j'eusse jamais dévorée. J'étais heureux, heureux...

Je ne pensais pas vraiment, je ressentais simplement ce moment extraordinaire, je le laissais m'emplir.

— Matt!

Rien n'avait d'importance à ce moment, nous venions de passer une journée ensemble et il voulait me revoir demain.

— Matt!!!

J'aurais été capable de faire demi-tour et de rester, planté devant sa porte, à l'attendre, jusqu'à demain.

— Matt!!!!!!

Je fus tellement surpris de sentir une main accrocher mon épaule que je faillis tomber. C'était mon père.

 

à suivre

nb les photos sont fake ryan kwanten / drew fuller

 

 

 

Par claudio - Publié dans : LISEZ VISIONNEZ VIDEOS & RECITS FICTIONS FANTASMES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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