Lundi 2 septembre 1 02 /09 /Sep 00:10

  RECITS FICTIONS 

 

 

Ce texte est le huitième chapitre d'une histoire qui en comporte 9.  Vous
aurez quelques difficultés à vous y retrouver si vous n'avez pas lu le
début!  Vous ne pourrez pas dire que vous n'avez pas été prévenu!

Une fois encore je me plongeai dans mon travail pour éviter de remâcher des idées noires, pour oublier toute cette merde. Je me contentai d'un rapide sandwich vers dix heures puis je bossai jusqu'à une heure du matin. Je pensais qu'ainsi je serais suffisamment épuisé pour dormir au premier contact avec mon oreiller.

Ça n'a pas du tout marché comme je l'avais escompté et j'ai passé une nuit épouvantable.

À mon réveil, j'étais malade, malade d'avoir trop travaillé, malade d'avoir ressenti des émotions trop fortes, malade de peur! Je n'étais plus qu'un tout petit garçon, qui va à l'école pour la première fois, terrorisé. Il fallut que je me fasse une violence terrible pour m'obliger à descendre de mon lit.

Je suis resté une demi-heure sous la douche, ce matin-là, les cinq dernières minutes sous une pluie d'eau glacée, dans l'espoir insensé de retrouver un peu d'énergie. En fait ce n'était peut-être bien que du masochisme! Incapable d'avaler une bouchée, je me suis précipité à l'école aussi vite que possible. Je savais qu'en partant très tôt je ne rencontrerais personne sur le chemin ni à l'école.

Je sais, oui, c'était plutôt puéril, juste une façon de gagner encore deux heures avant d'avoir à affronter les autres en dehors de la sécurité que pouvait offrir une salle de classe.

Je pris ma place habituelle en attendant le début du cours et je m'immergeai dans mon dossier. J'avais toujours l'excuse de mon exposé pour maintenir un mur épais entre le monde extérieur et moi.

Madame Salinger entra et me demanda:

— Mattew, j'ai besoin d'un peu de temps pour finir le cours de la semaine dernière, ça ne t'ennuie pas si je commence et que je te laisse la dernière demi-heure pour ton exposé?

Durant la leçon, je lançai quelques regards furtifs à travers la classe, un ou deux élèves me regardaient bizarrement, mais l'attitude des autres paraissait normale, sans focalisation particulière sur moi. Je pensais que ça ne durerait pas très longtemps comme ça. Le regard de Taylor croisa le mien, j'y vis de la peur, mais surtout une immense tristesse et une douleur évidente.

Madame Salinger s'adressa à moi:

— Mattew, je te cède la place, nous sommes à l'écoute de ton exposé sur "Le combat pour la liberté jusqu'au jour de l'Indépendance, conclut-elle d'un ton mélodramatique, avec une intention humoristique que mon humeur du moment ne me permettait pas vraiment d'apprécier.

Je me lève et me dirige vers le bureau, je prends quelques secondes pour disposer mes documents, puis il faut bien que je lève la tête. Quand je vois tous ces yeux accrochés à moi je blêmis et je me mets à trembler. J'ai besoin du bureau pour garder mon équilibre.

— Ça va Mattew? demande Madame Salinger, avec une pointe d'inquiétude.

— Oui, ça va, juste un peu nerveux!

J'ai du mal à articuler les premiers mots, puis les idées s'enchaînent sans problème. La peur m'empèche de former des pensées claires, mais j'ai tellement travaillé sur le sujet que les idées viennent toutes seules, en pilotage automatique. En fait c'est comme si quelqu'un d'autre parle à ma place, et il se débrouille plutôt bien. D'ailleurs, après ma conclusion, Madame Salinger applaudit avec enthousiasme, suivie par la plupart des élèves.

— Félicitations Mattew, c'est un excellent travail, je n'aurais pas pu faire mieux!

Son compliment ramène un peu de couleur sur mes joues. Je rejoins ma chaise. Je suis sur le point de m'asseoir lorsque je ressens le besoin impérieux de faire quelque chose.

— Excusez-moi Madame Salinger, pourrais-je avoir quelques minutes de plus, j'ai encore quelque chose à dire.

— Bien sûr, c'est à quel sujet?

— C'est... très... personnel... Je sais que ce n'est pas vraiment le lieu pour ça, mais, s'il vous plaît, c'est... très important pour moi.

— Vas-y, comment pourrais-je te refuser quelque chose après une si belle prestation!

Je retourne au bureau. Au début je les regarde tous, puis je fixe un point sur le mur, au fond de la salle, pour parler à tout le monde et personne à la fois.

— Ce que j'ai à vous dire, d'une certaine façon, est en relation avec le sujet de mon exposé.

Mon expression est hésitante, hachée, tant j'ai le souffle court.

— Le combat pour la liberté a donné à chacun d'entre nous des droits, des droits élémentaires, en particulier le droit d'avoir une vie privée, qui ne concerne que soi-même. MON droit à MA vie privée est sur le point d'être... bafoué, il a même commencé à l'être. Alors je suis bien obligé d'y faire face, même si... même si j'aurais préféré garder tout ça pour moi, comme c'était mon droit! J'ai aussi le droit d'être moi-même je crois, et ce droit-là il va en partie dépendre de vous quand vous saurez ce que j'ai à vous dire.

Je prends une profonde inspiration. Maintenant que je suis lancé, la décision prise me donne un peu d'assurance. Oh! Très peu, juste assez pour continuer de parler sans tremblements excessifs!

— Je suis amoureux. Je sais que ça n'a rien d'exceptionnel à 17 ans, mais, je vous en prie, attendez la fin avant de vous mettre à glousser. J'ai fait une bétise, j'ai fait des trucs... avec la personne dont je suis amoureux... dans un endroit... inadapté...

J'entends quelques voix qui demandent: "c'est qui?"

— Je ne vous dirai pas son nom, ça ne servirait à rien. La seule chose que vous devez savoir, et je préfère que vous l'appreniez par moi plutôt que par les bruits de couloir, c'est que cette personne est... un... un garçon. Je ne pense pas que ce soit vos oignons, ni ceux de qui que ce soit d'ailleurs, mais comme quelqu'un l'a découvert et a commencé à le raconter partout, j'aime autant le faire moi-même. Je suis gay, voilà je l'ai dit! J'ai toujours été gay. Je ne peux rien y faire, ce n'est pas quelque chose que j'ai choisi, c'est quelque chose que je suis. Je ne suis pas différent de ce que j'étais hier, la semaine dernière ou l'an dernier. Je suis toujours le même Matt que la plupart d'entre vous connaissent depuis des années! Je ne l'ai jamais dit, en partie parce que j'avais peur d'être rejeté, mais aussi parce que je pensais, je pense toujours, que c'est moi que ça regarde et personne d'autre.

Je n'avais, depuis les années de maternelle, jamais entendu un tel silence régner dans une classe. Pas un gloussement, comme je l'avais craint, ni un murmure, à peine un souffle ici ou là. Ils me regardaient avec des yeux d'une rondeur à coller des complexes à toute une nichée de hiboux. J'avais de plus en plus de difficultés à contrôler la montée de mes émotions. Je m'essuyai les yeux d'un revers de manche rapide.

— Voilà ce que j'avais à vous dire, j'espère que vous pourrez m'accepter pour ce que je suis, j'espère que vous resterez mes amis, j'espère que...

Je m'arrêtai au milieu de ma phrase, la gorge nouée, je n'aurais pu continuer, je n'aurais pu ajouter un mot, sans éclater en sanglots. Je relevai la tête, futile tentative pour masquer mes craintes et me dirigeai vers la porte.

— Comme vous voulez tous le savoir, je vais vous le dire, ce nom!

Le murmure tremblant de la voix de Taylor, quoiqu'à peine audible, claqua, dans la classe silencieuse, comme un coup de tonnerre.

— Fais pas ça Taylor, t'en mêles pas, je t'en prie, plaidai-je dans sa direction.

— Ça suffit Taylor! coupa Madame Salinger la voix frémissante de colère. Mèle-toi de ce qui te regarde!

— Pardonnez-moi Madame Salinger, mais ça me regarde. Ça me regarde parce que ce nom... c'est le mien. Fallait que je le fasse Matt! Je peux pas te laisser affronter ça tout seul, j'ai honte même quand je pense que j'ai failli le faire.

Ses yeux ne me quittaient plus.

De ce moment, le monde s'évanouit, disparut, ils pouvaient me détester, tous autant qu'ils étaient, je m'en foutais éperdument, ça n'avait plus aucune importance, Taylor était là, il était revenu, son amour avait été plus fort que ses craintes et, dieu sait qu'il avait fallu qu'il soit fort pour surmonter ces craintes-là!

La cloche qui sonnait, nous libéra pour la pause du milieu de la matinée. Taylor rassembla ses livres et sortit avec moi. Personne n'avait encore bougé ni prononcé un mot, seule Madame Salinger me gratifia d'un léger sourire.

Devant nos vestiaires, où nous prenions les livres nécessaires à la leçon suivante, nous eûmes le temps d'échanger quelques mots.

— Tu n'étais pas obligé de faire ça tu sais Taylor... Mais je suis vraiment, vraiment heureux que tu l'aies fait, je ne te remercierai jamais assez pour l'aide que ça ma apporté, c'est la chose la plus difficile que j'ai faite de toute ma vie!

— Tu as eu raison. Mais c'était vraiment gonflé de faire ton coming out comme ça, toi même, plutôt que de le laisser faire par d'autres! Au début j'ai cru que t'étais devenu cinglé et puis je me suis dit que c'était LE truc à faire!

— Je n'avais rien préparé, j'ai juste senti qu'il fallait que je fasse quelque chose. Mais s'il y en a un qui est gonflé ici, c'est toi! T'avais pas besoin du tout de le faire ton coming out, toi, rien ne t'y obligeait!

— Rien? Tu crois vraiment ça? Je ne sais pas comment s'est passé ton dernier week-end? Le mien a été une horreur! Je me sentais tellement vide sans toi, tellement lâche de partir comme ça, si minable de te laisser tomber à un moment où tu avais tant besoin d'aide. J'en arrivais à me détester. J'étais malheureux, malheureux, mais incapable de faire face. Quand tu as fait ton petit speech, ce matin, tout s'est éclairci d'un coup. J'avais peur que ma vie ne devienne un enfer, mais l'enfer, c'est quand tu n'es pas dans ma vie. Quand tu es là, à côté de moi c'est toujours le paradis! J'ai besoin de toi Matt, je ne peux pas, je ne veux pas imaginer vivre sans toi! Et puis je me suis rappelé les mots de Lucia: l'amour vaut tous les risques! Elle a raison, absolument, totalement, entièrement, radicalement raison car le plus grand risque, le seul vrai risque, c'est de perdre amour justement! Quand j'ai réalisé que j'hésitais entre mon image et ma relation avec toi, j'ai compris que j'étais en train de me comporter comme un imbécile! Un crétin incapable de faire la différence entre une affiche de pub et un tableau de Gauguin! J'espère juste que tu pourras un jour me pardonner d'avoir été si lâche!

— Que je ne t'entende plus jamais traiter mon petit ami de lâche! Je ne le supporterais pas! J'aimerais qu'on soit ailleurs et je te montrerais que je ne t'en veux pas le moins du monde. J'ai jamais cessé d'être fou amoureux Taylor et aujourd'hui je le suis encore plus qu'hier.

Il sourit, et, pour la première fois depuis une semaine, son sourire était libre de toute crainte, lumineux.

Je vis Lucia à l'autre bout du hall et je l'appelai d'un grand geste, elle vint aussitôt à notre rencontre, lançant à Taylor des regards sans aménité.

— Comment ça s'est passé ce matin, frérot? Pas trop difficile d'affronter l'école entière TOUT SEUL!

Elle prononça sa phrase ne regardant que moi, comme si Taylor avait été absent.

— Je ne suis plus seul Lucia! Ce matin j'ai fait spontanément mon coming out devant toute la classe. Une intuition, comme ça! De toute façon... Mais, le véritable événement du jour, c'est que Taylor m'a accompagné!

Elle resta silencieuse, bouche ouverte. Diverses émotions habillèrent successivement son visage, l'incrédulité d'abord, puis l'étonnement et enfin la confusion.

— Tu as fait ça? Vraiment? Mais... Pourquoi???

— Pourquoi? Je croyais que c'était toi qui avais dit à Matt que "l'amour vaut tous les risques"! Je ne sais pas si je le mérite, mais je sais que je l'aime.

— Pardonne-moi Taylor! le supplia-t-elle, l'enserrant dans ses bras Tu sais, Matt était dans un tel état hier soir, j'étais vraiment fâchée contre toi. Mais là ce que tu as fait c'est... c'est... je ne sais pas comment dire, je suis si heureuse pour vous deux! Et comment ils ont réagi dans la classe?

— Rien encore, ça s'est passé à la fin du cours et la seule réaction remarquable a été le silence le plus épais qu'il m'ait été donné d'entendre!

À la fin de la récréation, nous retournâmes vers nos classes respectives. Autour de nous, ce n'était que chuchotements et regards furtifs. Les nouvelles peuvent circuler très vite dans un lycée, spécialement une grande nouvelle dans un petit lycée. Et pour une grande nouvelle, c'était une grande nouvelle: les deux premiers éléves homosexuels officiellement identifiés!

Les premiers regards que j'interceptai, exprimaient en majorité de l'incrédulité, de la surprise voire de la stupéfaction. Je reçus de la part de quelques garçons, de rares, faibles et discrets sourires (très discrets à vrai dire). Mais je ne vis rien qui, comme je la craignais, pût ressembler à de la haine ou du dégoût. Je pensais donc que, assez vite, tout redeviendrait normal.

J'avais tort.

Les quelques jours qui suivirent furent une période d'attente, on sentait que des règles nouvelles de fonctionnement étaient en train de se construire, pas des règles officielles bien sûr, mais des règles informelles, celles que respecteraient tous les élèves, celles auxquelles on ne peut déroger sans être aussitôt mis à l'index, celles contre lesquelles il est d'autant plus difficile de lutter qu'elles ne sont pas écrites! Aucune règle n'existait jusqu'à ce jour concernant l'attitude à avoir avec des homos, le cas ne s'étant jamais présenté. Nous faisions tous des blagues sur les pédés bien sûr, mais nous ne nous étions jamais posé la question du comportement à adopter face à eux. Jusqu'au mardi soir nous eûmes encore droit à quelques "salut", "au revoir", même quelques poignées de mains. Ensuite l'ambiance ne cessa de se dégrader, les plus intolérants avaient visiblement gagné dans la bataille (si tant est qu'il y en ait eu une ) pour la définition des règles du jeu.

Nous entrâmes en Enfer!

Mercredi matin nous eûmes notre première vraie crise.

Taylor et moi discutions dans le hall d'entrée, quelques minutes avant le début de notre premier cours quand j'entendis une voix très forte:

— Dégage de mon chemin pédé!

Je me retournai, tout en continuant ma conversation avec Taylor, et reculai de quelques pas pour faciliter le passage à Ronald, le capitaine de notre équipe de football (américain), un costaud de plus d'un mètre quatre-vingt-dix.

— Je ne peux pas supporter d'avoir un de ces enculés de pédés en travers de mon chemin, même à portée de vue d'ailleurs, des saloperies pareilles ça ne devrait pas exister alors je vais faire exactement comme si ça n'existait pas!

Je ne prêtai aucune attention à ses insultes. Taylor et moi étions prêts à ce type de situation, nous en avions parlé et décidé d'ignorer toute provocation, quelle qu'elle soit.

— Alors la prochaine fois je ne te préviendrai plus et t'as intérêt à ne pas te trouver au milieu de mon chemin! Et tu pourrais me regarder quand je te parle!

Je me tournai vers lui et le fixai dans les yeux.

— Tu as terminé, je peux reprendre ma conversation maintenant?

— Je veux juste fixer les règles, pour ta propre sécurité!

— J'ai compris, merci.

Il se tourna vers son groupe de copains, six autres membres de l'équipe de foot, y compris Éric (vous vous rappelez... Éric? Celui que ma sœur Lucia n'arrive pas à s'arracher de la tête!)

— Vous voyez le courage qu'ils ont!

Puis, à mon intention:

— Tu me dégoûtes!

— J'avais cru le remarquer déjà, répondis-je.

— Je ne te croyais pas si trouillard! Laisser n'importe qui comme ça, t'insulter, sans réagir, une vraie lopette. Je ne sais pas ce qui me retient de t'écrabouiller là, maintenant, c'est tout ce que tu mérites!

— Écoute-moi Ronald, lui répondis-je, tentant d'adopter un ton calme, en complète contradiction avc ce que je ressentais.

En fait je n'en menais pas large mais j'étais déterminé à n'en rien montrer.

— Tu peux penser et dire ce que tu veux, c'est ton droit absolu. Je ne suis d'accord avec rien de ce que tu viens de dire, rien du tout! Mais je suis sûr que je ne pourrai en rien changer ta façon de voir les choses, car tu n'es pas venu ici pour discuter avec moi, mais juste pour me vomir ton dégoût à la gueule. Je peux te comprendre mais je ne suis pas obligé d'être d'accord avec toi OK? Je crois maintenant qu'on peut déclarer le spectacle terminé non?!

— Tu pourrais au moins te défendre, t'es une vraie gonzesse!

— Oui, c'est ça, nous sommes tous les deux des gonzesses et vous, les mecs, les vrais, vous avez besoin d'être à sept pour venir nous casser la gueule. Ça marchera pas Ronald, nous ne nous laisserons pas entraîner dans une bagarre, sauf si nous ne pouvons rien faire d'autre pour nous défendre. Si je dois me battre je le ferai, bien que j'ai horreur de ça, mais ce n'est pas moi qui donnerai le premier coup!

Je les regardais tous les sept, l'un après l'autre, tout en parlant, certains d'entre eux ne me paraissaient pas parfaitement à l'aise, loin de là!

— Vous pouvez dire ce que vous voulez, utiliser toutes les ressources de votre vocabulaire, je m'en fiche! Mais n'essayez pas de lever la main sur moi, parce que là je me défendrai, et je ne m'en sors pas mal, demandez à Robert si vous voulez des détails. Tu es d'accord Taylor?

— Oui, oui, tout à fait, si je peux éviter les bagarres je les éviterai, si je n'ai pas le choix... Grouillons Matt sinon on va être en retard.

Nous les plantâmes là avant qu'ils n'aient eu le temps de réagir.

— Waoooooo! siffla Taylor alors que nous nous éloignions d'un pas rapide. Pour une gonzesse tu manques pas de couille! La façon dont tu les a épinglés, là, tous les sept, j'avais une de ces trouilles!

— Moi aussi crois-moi! Mais je me suis dit que nous étions à l'école après tout, qu'est-ce qui pouvait bien nous arriver?!?! Ils pouvaient pas nous tuer! Au pire on se prenait quelques baignes. Mais je crois que ça valait le coup, maintenant tout le monde sait que nous resterons debout et ils y réfléchiront à deux fois avant de nous attaquer, physiquement au moins, et verbalement ils peuvent dire ce qu'ils veulent je n'en ai rien à cirer!

— T'es tellement solide Matt, j'aimerais bien être comme ça aussi!

— Et tu crois qu'il est où le mec génial chez qui je puise cette apparente solidité?

Il sourit avec chaleur, c'était tout ce dont j'avais besoin pour oublier un aussi mauvais début de journée.

À mesure que les jours passaient, la régle devenait claire: apartheid!

Plus un mot, plus un signe ne nous était adressé, l'idée même d'une poignée de main était devenu un phantasme des plus exotiques (oui exotique, pas érotique quand même!). Des pestiférés, des lépreux! Pire encore! Si nous avions souffert de l'une de ses maladies au moins aurions-nous eu droit à quelques signes d'amitié, ou de compassion.

Là, c'était comme si nous n'existions plus. Les seules preuves de notre existence "sociale", si j'ose dire, étaient les rares commentaires, insultants, formulés à notre passage, par les plus vindicatifs des homophobes. Encore ces commentaires ne nous étaient-ils jamais adressés directement, ils étaient exprimés en termes généraux, à la cantonnade, juste assez fort pour que nous puissions en profiter!

De temps en temps il m'arrivait, en croisant furtivement (très furtivement) le regard d'un de mes condisciples, de percevoir dans ses yeux quelque chose qui pouvait trahir un malaise, peut-être même de la honte. J'en concluais toujours, dans mon incurable optimisme, que certains de mes anciens amis n'accordaient peut-être pas tant d'importance que ça à notre homosexualité. Mais la pression de l'environnement était très forte, tenter d'y opposer une résistance c'était prendre le risque de se retrouver dans le même état d'isolement que Taylor et moi, de se voir épingler la même étiquette.

Plus personne ne nous adressa de menace physique, nous gardions néanmoins la prudence élémentaire de rester ensemble aussi souvent que le permettaient nos horaires de cours. Nous n'avions plus qu'à subir, régulièrement, quelques petites humiliations, quelques mesquineries qui, en fait, ne nous touchaient plus guère: des plaisanteries salaces ou des blagues, aussi douteuses que vulgaires affichées sur nos vestiaires ou sur les tableaux.

Environ trois semaines plus tard, un lundi matin, nous découvrîmes d'ailleurs nos vestiaires peints en un rose fluo du plus bel effet, sur lequel se dégageaient, en grosses lettres noires des mots délicats tels que: pédés, enculés, suceurs de bites... inutile de vous rappeler toute la richesse de ce vocabulaire, j'imagine qu'il a peu de secrets pour vous!

Cela nous conduisit au bureau du proviseur. Nous étions un peu inquiets, n'ayant aucune idée de la façon dont il allait réagir.

Il nous accueillit d'un air préoccupé.

— Je sais que vous vivez tous les deux une période très difficile, depuis quelques semaines, mais je ne peux pas faire grand chose. Je ne peux obliger personne à vous accepter pour ce que vous êtes. Je regrette qu'ils aient l'esprit aussi étroit, mais jamais un règlement ne pourra changer ça. Tout ce que nous pouvons faire, est d'essayer de leur enseigner la tolérance et l'ouverture d'esprit. Je dois d'ailleurs reconnaître que nous avons échoué dans cette partie de notre tâche. Je ne peux pas vous aider à reconstruire votre relation avec vos pairs, ça ne veut pas dire, pour autant, que je ne peux rien faire du tout! Je veux donc que vous sachiez que je ne tolérerai aucune forme de harcèlement contre qui que ce soit dans cette école, aussi longtemps que j'en serai le directeur. Premièrement, je vais faire nettoyer vos vestiaires, et deuxièmement je vais faire afficher une note dans toute l'école rappelant que toute forme de harcèlement sera punie par une expulsion immédiate pour une durée minimum d'une semaine. Je ne tolérerai ça d'aucun étudiant ni d'aucun professeur. Vous n'êtes pas ici pour que l'on vous juge, mais pour que l'on vous enseigne! La seule chose que nous ayons le droit de juger, ce sont vos résultats scolaires, et, pour ce que j'en sais, les vôtres sont parmi les meilleurs. J'insiste bien, si vous voyez la moindre trace de discrimination dans l'attitude d'un de vos professeurs, je vous demande de venir me voir pour que nous en parlions.

— Nous n'avons constaté aucun changement chez aucun de nos profs, précisa Taylor.

— Je suis heureux de l'entendre, je leur ai rappelé cette règle à tous il y a deux semaines déjà, aussitôt que j'ai appris ce qui vous arrivait, et je voulais que vous soyez au courant. La porte de mon bureau vous est ouverte. Si vous rencontrez un problème que je peux aider à résoudre, n'hésitez pas! C'est clair?

— Oui, très clair, répondîmes-nous de conserve en nous levant pour sortir.

Il se leva également et ajouta:

— Une dernière chose, je n'ai pas à approuver, ni à désapprouver vos préférences sexuelles, ça ne me regarde pas. Je voulais juste vous dire que, dans la façon dont vous gérez la situation actuelle, j'ai vu beaucoup de courage, de force et de dignité. Et j'aimerais que ce qualités soient plus répandues dans notre école.

Nous serrâmes la main qu'il nous tendait en le remerciant chaleureusement.

— Vous n'avez pas à me remercier. L'école est un endroit où chacun doit se sentir en sécurité, et je veillerai personnellement à ce que ce ne soit pas que des mots, mais une réalité, c'est un de vos droits élémentaires. Maintenant retournez en classe et faites ce qu'il faut pour rester dans le haut du tableau.

Dès le début de l'après-midi nos vestiaires avaient retrouvé leur couleur d'origine (un peu terne en fait!) et la note promise tapissait tous les murs de l'école.

Notre sentiment d'insécurité en fut diminué.

Le comportement de nos pairs n'évolua en rien.

Deux semaines plus tard, durant la leçon d'anglais, M. MacCain annonça qu'il allait nous répartir en équipe de deux pour rédiger une nouvelle de 7 à 8 pages, dont le sujet était libre. Il commença à constituer les binômes et associa Taylor à Jonathan qui, dans un passé récent, était plutôt un bon copain. Jonathan blêmit et se mit à marmonner

— Heum... M. Mac... Cain... Un prob... Un problème.

— Tu as un problème Jonathan?

— Oui... Heu... Oui... J'ai...

— Quel genre de problème?

Taylor se leva:

— S'il vous plaît M. MacCain, est-ce que je pourrais vous parler?

— Je t'écoute Taylor.

— Puis-je venir à votre bureau?

Il hésita une seconde puis acquiesça. Taylor s'approcha et se mit à lui parler très bas, personne ne pouvait entendre ce qu'il disait. Après quelques secondes, il me fit signe de les rejoindre:

— Vous connaissez la situation Monsieur, disait-il. Matt et Moi sommes en quarantaine depuis plusieurs semaines. Ce n'est pas une règle officielle bien sûr, mais personne ne s'adresse à nous. Est-ce que vous savez pourquoi?

— Oui, oui, je le sais, et ça m'est complètement égal! Je peux vous dire qu'il n'y aura pas d'ostracisme pendant mes cours!

— Je comprends bien, et je préférerais que ça marche comme ça, mais ce n'est pas le cas! Et si vous obligez Jonathan à travailler avec moi, je suis sûr que ça n'arrangera rien pour nous mais que, par contre, ça pourrait être très dur à vivre pour lui. S'il vous plaît, est-ce que vous accepteriez de modifier les binômes et de m'associer à Matt?

— Je ne sais pas! Ce que vous me demandez là va à l'encontre de toutes mes règles pédagogiques!

— Je sais, Monsieur, mais nous avons besoin de temps, bousculer les choses, ou les gens, ne résoudra pas notre problème!

— Est-ce que je peux ajouter, Monsieur, dis-je, que Jonathan est issu d'une famille très attachée à la religion et que ses parents pourraient très bien lui avoir interdit tout contact avec nous.

— Écoutez, dans ce cas-là il n'y aura pas de binômes, chacun écrira sa propre nouvelle!

— Je vous en prie, ne faîtes pas ça, ça va nous retomber dessus, tout le monde dira que c'est de notre faute!

— C'est vrai... ce ne serait pas juste.

Il poussa un soupir excédé.

— D'accord, vous travaillerez ensemble, mais je déteste ça, je me sens coupable de complicité passive. Retournez à vos places.

Après quelques secondes de silences durant lesquelles il mordilla sa moustache plus sauvagement que jamais, me MacCain s'adressa à la classe.

— J'ai modifié les équipes, Taylor travaillera avec Mattew et Jonathan avec Mike.

Le visage de Jonathan traduisait son soulagement, à tel point qu'il nous adressa un sourire radieux... qu'il effaça très vite dès qu'il se rappela qui nous étions.

— J'ai aussi changé le sujet de votre devoir, reprit Monsieur MacCain. Je vous demande de m'écrire un dialogue entre deux personnages: dont l'un (A) met l'autre (B) au ban de la société. Dans ce dialogue, A doit présenter une argumentation pour justifier de cette mise au ban, et B doit trouver les contre arguments pour démontrer à A qu'il a tort. Cette mise au ban peut avoir la raison initiale que vous voulez: la religion, la race, le sexe, l'âge, la couleur de peau, les opinions politiques ou, si vous êtes assez courageux pour y réfléchir, les orientations sexuelles. Vous me rendrez ça vendredi prochain. C'est tout pour aujourd'hui.

Il replia ses affaires et se dirigea vers la porte. Avant de l'ouvrir il ajouta:

— J'ai toujours été fier de mon métier, fier d'être professeur, toujours, mais pas aujourd'hui! Aujourd'hui je ne suis fier ni de moi ni de vous!

Il quitta la classe sans ajouter un mot.

Cette ambiance délétère aurait pu miner notre relation. Il n'en fut rien. Quand je me retourne sur cette période elle ne m'évoque pas les joies insouciantes de l'adolescence bien sûr, mais j'étais heureux, je veux dire NOUS étions heureux.

C'est vrai que mes amis me manquaient, leurs blagues, les jeux en leur compagnie, les conversations futiles, les débats passionnés. Leur présence me manquait, leurs sourires, leurs éclats de rire, et c'était vraiment dur quand l'attitude ou l'expression du visage de l'un d'entre eux m'envoyait un message qui ressemblait à du dégoût. Mais j'avais Taylor. Notre relation ne fit que s'approfondir, s'embellir, se solidifier. Il aurait pu m'en vouloir d'avoir gâché une année scolaire qui avait eu des débuts si prometteurs, il ne me le montra jamais. Il m'avait pardonné l'incident du cinéma. Son pardon était si sincère qu'il ne le mentionna plus jamais et, chaque fois que j'essayais d'y revenir, il m'interrompait:

— C'est fini Matt, c'est du passé, arrête de t'en faire pour ça! J'ai complétement oublié! En fait non, je n'ai pas oublié, je garde le souvenir très précis de ce que tu m'as fait et du formidable plaisir que j'y ai pris! ajouta-t-il, une lueur coquine dans le regard. Et je voudrais bien... non, j'exige que tu te mettes sur la même longueur d'onde et que tu effaces le reste!

Nous passions chaque heure du jour ensemble (et la plupart de nos nuits durant les week-ends). Nous travaillions ensemble, jouions ensemble, regardions la télé, mangions, marchions ensemble. Nous passions des heures à parler, et, mieux nous nous connaissions, plus notre relation gagnait en force. Nous avions beaucoup de choses en commun, nous apprîmes à partager le reste. Il m'initia aux plaisirs de l'opéra, de la science-fiction et du jogging. Je lui appris à aimer les vieux films, la musique Rap et les échecs. Nous pouvions passer un après-midi entier à discuter de tout et de rien, ou rester ensemble sans rien dire et parfaitement à l'aise.

Côté sexe? Ça marchait très bien merci. Nous ingurgitions des quantités impressionnantes de sperme sans jamais nous en lasser. En public, nous étions très attentifs à éviter tout signe qui aurait pu être interprété comme une provocation, ou qui aurait pu heurter la sensibilité de quelqu'un (encore que je n'arrive toujours pas à comprendre comment un geste d'amour ou de tendresse peut heurter la sensibilité de qui que ce soit!). Nous ne nous embrassions jamais en public, ne nous tenions jamais par la main, nous évitions tout contact physique. Mais notre relation était si forte qu'elle était d'une absolue évidence. Et, bien que notre vie sociale fût des plus rudes, il m'arrivait de rencontrer des regards d'envie.

La seule amie qui nous restait, si je ne tiens pas compte de nos familles proches, était Cathy. Quinze jours aprés notre coming out, elle appela Taylor pour lui dire qu'elle s'était conduite comme une idiote, qu'elle nous acceptait comme nous étions et elle lui demanda de l'excuser ce que Taylor fit immédiatement, bien sûr. Le coup de fil suivant fut pour moi. Elle me dit qu'elle avait, tout d'abord, été très en colère contre moi, contre ce qui lui paraissait avoir été de la malhonnêteté de ma part. Puis elle s'était rendu compte que cette colère était, en fait de la jalousie, une jalousie très égoïste. Elle me présenta aussi des excuses.

L'amitié de Cathy nous fut précieuse à tous, y compris à Lucia qui battait froid à tous ceux qui nous rejetaient, autant dire à toute l'école!

À suivre

Plus qu'un unique et dernier épisode... qui l'emportera dans l'éternel combat qui oppose la haine à l'amour? Qui gagnera, de l'intolérance ou de la générosité??? Roulements de tambours... Le concours de pronostics est ouvert! Les meilleures propositions gagneront un courrier en retour, les autres... aussi!

 

 

Par claudio - Publié dans : LISEZ VISIONNEZ VIDEOS & RECITS FICTIONS FANTASMES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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Lundi 2 septembre 1 02 /09 /Sep 00:03

RECITS FICTIONS FANTASMES (61)

 

 

Ce texte est le septième chapitre d'une histoire qui en comporte 9. Vous aurez quelques difficultés à vous y retrouver si vous n'avez pas lu le début! Vous ne pourrez pas dire que vous n'avez pas été prévenu!

J'eus à peine le temps de raccrocher qu'il était déjà dans mes bras, à me donner le premier baiser de la nuit, le premier de ma vie. C'est toujours la première fois quand Taylor m'embrasse... le génie du baiser, tendre et doux, autant que brûlant et fort. Je pourrais passer des heures entre ses lèvres, au fond de sa bouche, il m'absorbe, il m'enroule dans son âme, il éteint le monde mais allume l'univers, il m'emprisonne, il m'enchaîne, mais toujours pour mieux libérer les torrents de plaisir qui nous emporteront en des endroits où tout est toujours beau.

Nous passâmes une nuit merveilleuse et un week-end parfait. Le samedi soir la mère de Taylor était venue dîner à la maison: excellent moment de bonne humeur et de joie partagée. Elle et mes parents s'entendirent d'emblée et à la fin de la soirée ils étaient déjà de vieux amis.

Lundi matin, je retrouvai Taylor à l'école, nous n'y étions pas allés ensemble: première décision pour mettre, en public, un peu de distance entre nous. C'était très difficile, et, plus encore, désagréable, mais il nous semblait que notre protection valait bien ce désagrément. La journée se déroula sans incident notable, banale au point que j'arrivais à en oublier mes craintes et ne pensais plus qu'au plaisir d'être en compagnie de mes amis... et de Taylor, bien sûr!

Sur le chemin du retour, je discutais tranquillement avec Ted, Brian et Cathy quand quelqu'un se glissa derrière moi et me murmura à l'oreille:

— S'ils savaient, je ne pense pas qu'ils riraient autant! À moins que ton petit copain ne soit l'un d'entre eux?

Je fis un tel bond que je faillis tomber, Brian réussit à m'attraper par le bras à la dernière seconde, m'évitant un contact trop rude avec le macadam.

— Qu'est-ce qu'il t'a donc dit pour te faire sursauter comme ça? demanda Cathy.

— Oh! C'est...

— Juste une blague entre nous, dit Rob, compréhensible seulement par deux vieux copains!

— Je ne savais pas que Matt et toi étiez copains, reprit Cathy.

— Il y a tellement de choses que tu ne sais pas! lui répondit Rob, énigmatique. Puis il se tourna vers moi et ajouta: Matt, je t'ai cherché toute la journée parce que j'ai un gros problème. Je dois travailler sur le cycle du "Seigneur des Anneaux" de Tolkien, pour la fin du semestre et je n'ai pas les bouquins. J'ai vu l'an dernier que tu avais la collection complète alors j'ai pensé que tu pourrais me les prêter.

— Ça ne me ferait rien, si ce n'était pas une édition spéciale, ce sont mes parents qui me l'ont offerte l'année dernière et j'y tiens vraiment beaucoup! répondis-je avec réticence.

— Je peux te prêter les miens, je les ai en collection poche, proposa Cathy.

— Non merci. Je préfèrerais ceux de Matt, j'ai déjà vu cette collection, ses illustrations sont superbes, ce serait beaucoup plus agréable de travailler avec ceux-là, et je suis sûr que ça ne lui fait rien de les prêter à son vieux copain!

Il avait formulé les derniers mots, son regard rivé au mien, sans le moindre sourire. Je restai silencieux un instant, ces livres avaient beaucoup de valeur pour moi, et je savais aussi que si je lui cédais pour la deuxième fois en trois jours, je risquais de me trouver pris dans un très mauvais engrenage. Mais qu'est-ce que je pouvais faire d'autre? Prendre le risque de bousiller ma vie, sociale et amoureuse, pour quelques bouquins?!?!

— Je te les apporterai demain, lui dis-je.

— Merci Matt, je savais que je ne serais pas déçu en m'adressant à toi, à demain!

Et il partit. Trente secondes plus tard je le vis qui s'éloignait sur mon VTT.

— Quel crétin! Pourquoi est-ce que tu lui prêtes tes bouquins Matt? Tu le connais à peine! s'exclama Cathy.

— Je le connais... pas mal en fait, c'est pas un mauvais bougre! Il est un peu bizarre parfois, et capricieux aussi... mais, dans l'ensemble... ça va. Et puis des bouquins, c'est jamais que des bouquins, alors si ça lui fait plaisir!

— T'es vraiment trop gentil toi!

— De quels bouquins parlez-vous? demanda Taylor qui arrivait.

— Une superbe collection du "Seigneur des Anneaux" qu'il vient juste de prêter à Robert pour je me demande bien quelle raison!

— Tu as fait ça! Vraiment!

— Oui, je l'ai fait, et puis ça suffit maintenant avec cette histoire! Ce sont mes bouquins après tout! Et j'en fais ce que je veux non!

Il y avait, dans ma voix, plus de colère que je n'aurais voulu en montrer et, dans leurs yeux, de la stupeur, face à cette réaction si inhabituelle de ma part. Je leur tournai le dos et filai vers la maison sans me retourner.

J'étais d'une humeur exécrable, où dominaient alternativement la colère, la dépression et la tristesse. Je me sentais coincé, je ne trouvais aucune issue, aucune porte de sortie, aucun moyen d'échapper au pouvoir que Robert avait acquis sur moi. J'essayais bien de me persuader que tout s'arrêterait vite, que ça n'irait pas plus loin, mais au fond de moi je savais bien, même si je ne voulais pas me l'avouer, qu'il continuerait aussi longtemps qu'il le pourrait. Et le pire c'est que tout ça était de ma faute, que je n'avais à m'en prendre qu'à moi-même!

J'étais presque arrivé à la porte quand j'ai senti une main sur mon épaule.

— Ça fait dix minutes que je suis derrière toi, dit Taylor. Je ne sais pas quoi te dire. Je suis désolé, j'aimerais bien t'aider mais je vois pas ce que je peux faire. Je n'arrive pas à comprendre qu'on puisse être un tel bâtard! Comment est-ce qu'il peut te faire ça, à toi!

— Pardonne-moi de t'avoir planté là comme ça tout à l'heure, c'était pas juste. Mais je suis tellement en colère, plus qu'en colère, furieux, au point que je pourrais en devenir violent! Surtout que je ne vois pas comment sortir de ce merdier! Ça me rend dingue! Mais je t'en prie, on pourrait arrêter d'en parler. Tout ce dont j'ai besoin en ce moment c'est que tu me prennes entre tes bras... Et que tu m'offres un de tes baisers magiques... Et que tu me câlines pendant des heures! Et ne plus penser à tout ça!

— D'accord... surtout pour le programme câlins...

Dans ma chambre il me poussa sur mon lit, s'allongea sur moi:

— Laisse-moi m'occuper de toi, murmura-t-il. Laisse-moi te décontracter.

Je fermai les yeux lorsqu'il commença de picorer mon visage de baisers légers et rapides, rafraîchissants comme une brise d'amour.

Il dégagea mon T-shirt de ma ceinture et inséra sa main qui glissa le long de mon ventre et de mes côtes, à la recherche de mes pectoraux. Ses caresses avaient la même légèreté, la même fraîcheur que ses baisers. Il avait promis de me détendre, il s'y prenait à merveille. Tous les soucis du jour s'effaçaient, s'éloignaient, loin, loin. Il n'y avait plus que Taylor et moi. Le monde peut paraître affreux parfois, mais quand même, un monde qui a su engendrer Taylor ne peut pas être entièrement mauvais! Son amour me donnait une force incroyable et je savais, quelque part au fond de moi, que c'est cette force qui me permettrait de tenir.

Il retire, en un mouvement rapide, mon pantalon et mon caleçon. Caresses et baisers sont maintenant réservés à mes pieds. Il remonte lentement vers l'aine, n'oubliant aucune parcelle de mes mollets ni de mes cuisses, même les genoux reçoivent au passage leur lot de tendresse. Il n'y a pas d'urgence, pas de précipitation dans ses mouvements. Je suis totalement détendu, à l'exception d'un élément de mon anatomie qui concentre toute la tension dont je suis capable en cet instant, je crois même que l'acier ou le carbon-kevlar paraîtraient souples en comparaison!

Quand il se met à lécher mes bourses j'émets mes premiers soupirs. Il en prend une dans sa bouche d'abord, puis les deux ensemble. Ma température monte en flèche. Ses mains écartent mes genoux et il caresse de sa langue la base de ma queue, la partie la plus tendre de mon aine, jusqu'à la naissance de mes fesses. Sa langue se pose sur mon anus pour la première fois. Une décharge électrique! En un millième de seconde je ne suis plus détendu le moins du monde: mon corps entier n'est plus qu'un spasme, une crampe totale. Tous mes muscles sont mobilisés par une vague de plaisir d'une intensité inouïe.

Ses lèvres et ses dents me grignotent avec tendresse tandis que sa langue tente une pénétration toujours plus profonde. J'aurais voulu que cette invasion ne s'arrête jamais, mais dès que sa main effleure ma queue, j'explose. Le premier jet atteint le mur, au-dessus de moi, le second retombe sur mon visage. Taylor, qui a rampé jusqu'à moi, me lape consciencieusement.

— Je t'aime Matt, si fort que j'en ai peur parfois. Je ne sais pas ce que je deviendrais, comment je pourrais encore vivre sans toi!

— Tu n'en auras pas besoin Taylor, je serai toujours avec toi. Il faudra me tuer si tu veux te débarrasser de moi. Je t'aime Taylor.

Je n'ai pas conscience de m'endormir, mais lorsque je me réveille, une heure plus tard, j'ai une feuille de papier dans la main: "tu étais si beau, tu avais l'air si tranquille que je n'ai pas eu le cœur de te réveiller, je t'ai juste écrit quelques mots, sans rime... ni raison... mais depuis quand l'amour a-t-il besoin de raison? Je t'aime."

Il avait écrit, à la hâte, quelques vers:

Tant mon amour est fou, je voulais être toi Devenir ta salive Naître au fond de ta gorge Et poussé par ta langue Venir mouiller tes lèvres

Tant mon amour est fou, je voulais être toi Être de tes cheveux Blanchir à force d'ans Sous le poids du bonheur Et du plaisir d'aimer

Tant mon amour est fou, je voulais être toi L'ongle au bout de ton doigt Que tu coupes parfois Mais qui revient sans cesse Nouveau à chaque fois

Tant mon amour est fou, je voulais être toi Une perle de sueur Que la chaleur d'amour Fait sourdre de ta peau

Tant mon amour est fou, je voulais être toi Une larme de joie Qui ravine ta joue Et se perd dans ton cou

Tant mon amour est fou, je voulais être toi Mais qui aimer alors? Qui prendre entre mes bras? Moi? C'est folie! Non! Je n'veux pas être toi! Je ne veux qu'être à toi.

Je t'aime

Le lendemain je confiai mes "Seigneur des Anneaux" à Rob en lui demandant d'en prendre le plus grand soin. Il ne répondit pas et partit aussitôt. Je ne le revis que le mercredi après-midi. Juste avant de quitter l'école il m'interpela et commença à me raconter une histoire compliquée à propos d'un cadeau qu'il devait absolument faire à je ne sais plus qui. Je lui demandai d'abréger car j'étais assez pressé. Il me réclama alors trente dollars (alors, en Euros, ça doit faire environ 28 ou 29 et en francs (français, suisses ou CFA) ou en dollars canadiens... débrouillez vous, je n'ai pas de convertisseur sous la main!).

Sa demande me laissa sans voix. Cette fois je ne pouvais plus me bercer d'illusion, c'était vraiment du chantage! Je lui donnai l'argent tout en sachant que c'était une erreur. Il était évident que d'accepter ses exigences ne feraient que les rendre de plus en plus insupportables. Mais je ne savais vraiment pas quoi faire d'autre. Je lui jetai l'argent à la figure et le plantai là. Je ne dis rien à Taylor, Je ne voulais pas l'inquiéter.

Jeudi après-midi, vers 4 heures, Robert m'appela chez moi, c'était la première fois. Il me dit qu'il avait besoin de me voir tout de suite, avant quatre heures et demie et il refusa de s'expliquer sur les motifs de cette nouvelle exigence.

Taylor et moi devions nous retrouver à cinq heures, je dus donc l'appeler pour repousser à 6 heures, en inventant je ne sais quelle corvée que mon père m'aurait imposée. La veille je lui avais caché quelque chose, cette fois-ci je lui mentais. Je détestais ça mais j'avais l'impression de ne pas avoir le choix, de faire pour le mieux.

Dès mon arrivée Robert me conduisit à sa chambre et ferma la porte.

— Qu'est-ce que tu veux cette fois? Un autre bouquin? Des CD? Plus de fric? Une sonnette neuve pour mon vélo? Dis-moi ça vite parce que je n'ai vraiment pas le temps!

— Du calme Matt, du calme! Je suis ton ami, n'oublie pas, alors, ravale un peu ta colère!

— Tu n'es pas mon ami et je ne suis pas le tien! Je suis juste quelqu'un dont tu te sers, alors arrête tes conneries!

— D'accord, d'accord! Tu connais Clara, ma petite amie?

— Quelle veinarde!

— Je suis d'accord avec toi. On a passé le début de l'après-midi ensemble, et elle est vraiment très très gentille si tu vois ce que je veux dire.

— Félicitations!

— Mais elle a dû partir tôt et elle m'a laissé dans un état désagréable, alors j'ai pensé que tu pourrais m'aider.

Il baissa la ceinture de son pantalon et me montra son sexe, à demi-bandé. J'en restai tout d'abord interdit.

— Qu'est-ce que tu veux dire par t'aider?

— Je te croyais plus intelligent que ça Matt! T'es un pédé donc tu aimes sucer les bites! La mienne en a grand besoin en ce moment alors j'ai pensé à t'appeler, pour ton plaisir et... pour mon soulagement, pas compliqué non?

Je n'arrivais pas à y croire! Sa requête me paraissait tellement extravagante que j'étais incapable de construire une pensée cohérente sur la situation!

— Dépèche-toi Matt! Surtout si tu es pressé! Je suis sûr que tu vas apprécier ça autant que moi!

La colère montait en moi, comme une colonne de chenilles processionnaires escaladant un arbre couvert de tendres pousses vertes. Je la sentais me dévorer centimètre par centimètre, prendre possession de chaque cellule de mon corps, m'habiter entièrement. Elle n'avait pas encore conquis la totalité de mon cerveau, je m'en rendais compte car j'arrivais toujours à l'analyser. Mais je savais qu'il fallait que j'agisse vite sinon, si la colère montait encore, je perdrais tout contrôle et je sentais que j'aurais été capable de le tuer!

— T'es un bâtard Robert, un salaud et un bâtard! De la pire espèce! Le plus moche que j'aie jamais vu! Si tu as besoin de te soulager, t'as qu'à demander à ta main droite, et elle aura du boulot pendant encore longtemps, et si tu veux du changement, essaye de devenir ambidextre, car t'es tellement moche, dedans comme dehors, que ça m'étonnerait qu'il y ait un garçon ou une fille assez dingue pour avoir envie de partager quelque chose avec toi!

Je parlais avec une lenteur appliquée, dans l'espoir vain de contrôler le tremblement de ma voix.

— Regarde-moi Robert, regarde-moi bien parce que c'est la dernière fois que tu me vois à côté de toi! Je suis un pédé, c'est vrai! Mais s'il y a un pervers ici, c'est toi! À partir de maintenant tu peux faire ce que tu veux, je m'en fous! C'est fini, tu ne me feras plus chanter! Je reprends mes bouquins.

Je les pris sur son bureau ainsi que son portefeuille.

— Je reprends aussi mes trente dollars (pour la conversion voir plus haut).

Il commença à se lever.

— À ta place je ne bougerais pas Robert. Si tu fais un seul mouvement je crois que je ne résisterai plus à l'envie que j'ai de te casser la gueule. Je ne suis pas violent en général mais là...!

Il se rassit pendant que je comptais mon fric. Je jetai le portefeuille à ses pieds.

— Maintenant je m'en vais avec mon vélo. Et je t'assure que tu n'as pas intérêt à bouger, ni à dire un mot.

Il comprit qu'il aurait été dangereux d'insister, il était très pâle, visiblement effrayé. Je sortis sans l'entendre.

De retour dans ma chambre, dix minutes plus tard, ma mère ma passa une communication téléphonique. Ma main tremblait encore lorsque je saisis le combiné. J'entendis la voix de Robert:

— Matt, c'est Robert. Tu n'as pas été très prudent cette après-midi. Plutôt inconséquent même comme on dit dans les bons livres! Mais, malgré tout ça, je reste un bon copain, alors je te donne une deuxième chance, jusqu'à demain après-midi. Tu as jusqu'à quinze heures pour revenir à de bonnes dispositions d'esprit. Après quinze heures, je ne serai plus capable de garder pour moi le lourd secret que je porte. Est-ce que tu...

Je lui raccrochai au nez, sans un mot.

J'avais perdu. J'étais perdu! Mais qu'est-ce que je pouvais faire! devenir sa pute! Pas question, plutôt me foutre en l'air! Le suicide? N'est-ce pas ce qu'il y aurait de mieux à faire? Non, certainement pas, j'étais mort de peur, selon l'expression consacrée, mais... pas au point de mourir pour de vrai! Et le tuer lui! C'est étonnant comme les idées les plus extravagantes vous traversent l'esprit parfois. Moi, penser au suicide ou au meurtre, presque naturellement! J'étais piégé, je n'avais plus le choix, plus la moindre marge de manœuvre. C'est à ce moment que j'ai compris que le pire serait de perdre, en plus, le respect de moi-même, et que je le perdrais plus en lui faisant la pipe qu'il me réclamait qu'en étant connu pour ce que, en fait, j'étais: un pédé!

Je suis resté longtemps assis comme ça, englué dans mes peurs, mes angoisses. Le téléphone sonna une seconde fois. C'était Taylor.

— Mais alors qu'est-ce que tu fous! Ça fait une demi-heure que je t'attends! Pourquoi est-ce que tu es encore chez toi?

Je ne répondis pas.

— He Matt, tu es là? Tu te sens bien?

Il y avait de l'inquiétude dans sa voix.

— Non, pas vraiment.

— Pourquoi?

— Je suis allé voir Robert.

— Merde, merde merde! Mais quand est-ce que ça va s'arrêter? Quand est-ce qu'il va arrêter de nous pourrir l'existence?

— Je crois qu'il va l'empoisonner définitivement demain! Il va tout dire.

— Qu'est-ce qui s'est passé?

— J'ai refusé sa dernière exigence.

— Qu'est-ce que c'était?

— Il voulait que... je... lui taille une pipe... Je ne peux pas faire ça! Je ne veux pas devenir sa pute, quelles que puissent être les conséquences! Maintenant je suis sûr qu'il va parler parce qu'il m'a donné jusqu'à demain midi pour réfléchir et je ne changerai pas d'avis!

— Ça va être l'enfer! On va être la risée de tout le monde! la cible de tous ces connards d'homophobes! j'arriverai pas à le supporter! C'est pas juste!

Il pleurait, au bord de la panique.

— Calme-toi Taylor, je t'en prie, calme-toi.

— Facile à dire pour toi! Avec tous tes amis, tu seras toujours protégé! Mais moi, qu'est-ce que je vais devenir moi?

— Taylor, tu n'auras rien à affronter de particulier, tu n'es pas directement impliqué la dedans. Je te rappelle qu'il ne te connaît pas, qu'il ne sait pas que c'était toi, on doit juste être plus prudents, c'est tout!

— Oui, c'est vrai... Je suis désolé, je suis incapable de t'aider, je ne suis pas assez fort. J'ai l'impression d'être au bord de la panique. Tout était tellement génial depuis que je suis ici: toi, ma famille, les nouveaux amis, même l'école! Et maintenant je pense que je ne mérite rien de tout ça, parce que... parce que... je ne peux pas t'aider.

Il sanglotait.

— Je comprends Taylor, je comprends ce que tu ressens et je ne vais certainement rien te reprocher. Tout ça c'est le résultat de ma connerie, c'est entièrement ma faute! Ce serait peut-être mieux si nous ne nous voyions pas pendant quelques jours.

J'essayai de faire cette proposition d'un ton détaché, sans trahir l'émotion que je ressentais. En fait j'attendais, j'espérais un refus énergique... je fus déçu.

— On en reparlera un peu plus tard, OK?

— OK.

— Alors salut Taylor.

— Salut Matt.

Pour la première fois depuis longtemps il avait raccroché sans la litanie habituelle des mots de tendresse, sans les "je t'aime" fiévreux qui concluaient toujours nos appels. Je gardais le combiné collé à mon oreille et les bips qu'il émettait devenaient autant de fléchettes qui me transperçaient le cœur, c'était comme si on m'écorchait vif, qu'on m'arrachait les os un à un, lentement, comme si l'on m'éviscérait avec un couteau à pain, comme si... non, là je m'emporte un peu! Bon je ne me sentais vraiment pas bien, vous l'avez peut-être remarqué...

Je me suis laissé tomber sur mon lit et j'ai pleuré.

Le lendemain matin je me réveillai épuisé. Je n'étais pas d'humeur bavarde et, à l'école autant qu'à la maison, tout le monde sembla s'en apercevoir, ma solitude fut respectée. Je doute que cela m'ait fait le moindre bien d'ailleurs, je ne faisais que remâcher mes craintes et entretenir ma dépression.

Chaque fois que mes yeux croisaient ceux de Taylor, j'y voyais de l'inquiétude, de la peur et de la tristesse. Mais ces contacts étaient très rares, nous nous évitions consciencieusement.

Pendant la matinée je vis Robert à une vingtaine de mètres. Il accrocha à ses lèvres un de ses sourires narquois que j'avais appris à détester. Je le fixais et je pense qu'il perçut toute la haine que j'éprouvais pour lui. Il sembla hésiter une seconde puis continua dans ma direction.

— Hé Matt!

Je ne répondis pas

— Tu es prêt pour notre petite séance de cette après-midi?

—...

— Oh! Je vois, tu es à ce point ému... ou excité... que tu en restes muet!

C'était trop, la coupe était pleine, elle débordait même à gros flots, à flots aussi impétueuex que ceux de la colère qui me submergeait. Colère? Non, rage serait un mot plus juste, furie! Je fis ce que, de ma vie, je n'avais jamais fait: je lui envoyai mon poing en pleine figure. Il tomba sur les fesses et me regarda sans avoir l'air de comprendre ce qui lui arrivait, sans même songer à éponger le sang qui coulait de son nez. Les 4 ou 5 élèves qui avaient assisté à la scène, me regardaient d'un air ahuri, incapable de comprendre ce qui avait bien pu me prendre.

Je n'aurais pas pu en supporter davantage ce jour-là. Je décidai donc de sécher les deux derniers cours et de rentrer chez moi.

En fait, plus j'avançais et moins j'étais fier de moi... et à peine soulagé! Cette façon d'agir, ce n'était pas moi, pas dans mon caractère. Mais quel pouvoir avait donc ce salopard: un, il venait de foutre en l'air ma vie amoureuse, deux, il était sur le point de bousiller ma vie "sociale" et trois, cerise sur le gâteau, il arrivait même à influencer mon comportement!

"Il faut que tu sois plus fort que ça!" me dis-je en moi-même. Il peut peut-être avoir une influence sur les aspects extérieurs de ta vie, mais il ne peut pas changer qui tu es, ce que tu es! Tu dois rester toi-même! Si tu deviens violent, en fait ça veut dire que c'est toujours lui qui définit les règles du jeu, c'est lui qui pilote! Quand tu l'as foutu par terre, ça t'a fait du bien mais, en réalité, c'est lui qui gagnait car c'est lui qui était aux commandes!

Durant tout le week-end je me plongeai dans les devoirs, j'avais besoin de me garder l'esprit occupé. Je passai des heures à préparer l'exposé que je devais faire lundi matin. Vous vous rappelez? "Le combat pour la liberté jusqu'au jour de l'Indépendance". Si je devais être le premier pédé identifié de l'école, je voulais au moins être connu comme un pédé intelligent!

Mon attitude et l'absence de Taylor intriguèrent mes parents et Lucia. C'est vrai que le contraste avec les semaines précédentes était saisissant, nous étions alors inséparables, en particulier pendant les week-ends. Et, cette fois, pas un signe, pas une visite, pas un coup de fil! En fin d'après-midi, dimanche, Lucia entra dans ma chambre, son visage trahissait sa préoccupation.

— Est-ce qu'on peut parler un moment Matt? Il y a deux choses dont je voudrais discuter avec toi, et surtout une qui m'inquiète beaucoup.

— Bien sûr, qu'est-ce qui t'inquiète à ce point?

— C'est difficile à dire...

— Grouille-toi s'il te plaît, j'ai encore plein de boulot!

— Bon... c'est une rumeur que Cathy m'a rapportée. Une rumeur qui dit que tu es gay et que tu...

— Que je quoi! la coupai-je avec agacement.

— Hum... Que tu fais des cochonneries dans les toilettes du ciné!

Je pâlis.

— Alors ça y est, ça a commencé.

— Ça a commencé? Tu t'y attendais?

— Oui... c'est Robert.

— Robert? Qu'est-ce qu'il a à voir la dedans?

— Écoute, sans entrer dans les détails, Robert m'a vu au cinoche avec Taylor la semaine dernière, il nous a vus en train de faire... des trucs que nous aurions mieux fait de faire à la maison. Il en a profité pour me faire chanter toute la semaine. J'ai cédé jusqu'à jeudi quand il m'a demandé... de lui tailler une pipe. Là j'ai refusé! Alors maintenant il met sa menace à exécution et il raconte partout ce qu'il a vu. Avant la fin de la semaine je serai devenu le pédé de l'école!

— Merde alors! J'arrive pas à croire que Robert puisse faire un truc pareil! Je ne l'ai jamais beaucoup aimé, mais je n'aurais jamais pensé que ce soit un pareil salaud! Qu'est-ce que tu vas faire? Tu n'as qu'à tout nier en bloc! Tout le monde te croira, beaucoup plus que Robert!

— J'y ai pensé bien sûr, mais je me sens un bien trop mauvais menteur pour tenir dans la durée. Et puis, en plus, ce serait être malhonnête avec moi-même... Ou malhonnête avec l'amour que j'éprouve pour Taylor. Je ne peux pas faire ça. J'aurais préféré rester discret, mais je ne veux pas mentir, je ne veux pas me renier moi-même. J'ai peur, mais, tant pis, j'essayerai de faire face... je ne sais pas si je suis prêt mais je vais faire comme si...

— Et Taylor, c'est la deuxième chose dont je voulais te parler, on ne l'a pas vu du week-end! Qu'est-ce qu'il pense de tout ça?

— Il a encore beaucoup plus peur que moi, Il est terrorisé! Il est nouveau ici, et il n'est vraiment pas prêt à afficher sa sexualité. Alors, comme Robert ne sait pas que c'était lui au ciné, on a décidé de prendre quelques distance l'un avec l'autre, ça devrait lui éviter d'être éclaboussé.

— Le salopard.... J'y crois pas! Il te plaque au moment oô tu as le plus besoin de lui, juste pour mettre son p'tit cul à l'abri...

— Arrête ça Lucia, arrête de l'insulter" l'interrompis-je avec colère. Même venant de toi je ne le supporterai pas! Oui il a peur! Et je le comprends parce que j'ai peur aussi! Oui il veut se protéger, et moi aussi je veux le protéger! Tout ce qui arrive c'est de ma faute, c'est moi qui... qui... l'ai poussé à... au cinéma! Il n'y a aucune raison qu'il paye pour mes conneries! Je ferai tout ce que je pourrai pour l'épargner, tout!

— Tu crois qu'il t'aime encore?

— Je crois... j'espère... Il est dans le brouillard en ce moment, il est si effrayé. Je vais attendre quelques semaines, jusqu'à ce que tout se tasse un peu. J'espère qu'il reviendra à ce moment-là, je sais que je ne peux pas m'empêcher de penser à lui...

Je me mis à pleurer.

— J'ai peur Lucia, tellement peur, je ne sais pas si je serai assez fort pour supporter ça. J'ai l'impression d'aller dans un endroit que je ne connais pas du tout, je suis incapable de prévoir qui sera de mon côté, qui sera prêt à m'aider et qui me tombera dessus!

— Moi je serai là, si tu en as besoin!

— Merci Lucia, je le savais, et je te jure que c'est énorme pour moi. J'aimerais mieux arrêter d'en parler pour l'instant, tu veux bien?

— Bien sûr.

— J'ai encore besoin d'un peu de temps pour finir mon boulot et ensuite j'essayerai de dormir.

— D'accord, à demain frérot!

Une fois encore je me plongeai dans mon travail pour éviter de remâcher des idées noires, pour oublier toute cette merde. Je me contentai d'un rapide sandwich vers dix heures puis je bossai jusqu'à une heure du matin. Je pensais qu'ainsi je serais suffisamment épuisé pour m'endormir au premier contact avec mon oreiller.

Ça ne marcha pas du tout comme je l'avais escompté, je passai une nuit épouvantable

>à suivre

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Dimanche 1 septembre 7 01 /09 /Sep 23:44

RECITS FICTIONS FANTASMES  (60)

 

 

Ce texte est le sixième chapitre d'une histoire qui en comporte 9. Vous aurez quelques difficultés à vous y retrouver si vous n'avez pas lu le début! Vous ne pourrez pas dire que vous n'avez pas été prévenus!

J'étais vide tout à coup, sans substance. Seul et vide, presque un pléonasme! Je me pelotonnai au creux de mon lit, me concentrant sur le souvenir de Taylor, son sourire, ses yeux pétillants, son torse, si tendre, et son toucher, ses caresses, pleines d'amour et de douceur. Son souvenir m'excitait, ma main rejoignit mon érection: quel pauvre substitut à ce que Taylor pouvait m'offrir! Deux minutes plus tard j'obtins un soulagement insipide et je m'endormis, empli d'amour.

Lorsque je m'éveillai, le matin suivant, j'allumai machinalement mon ordinateur pour vérifier ma boite-mail. J'avais un message, rédigé en énormes lettres rouges: "Je t'aime, Taylor". Je téléchargeai le fichier joint: une photo de Taylor et moi, assis sur le bord de la piscine de Cathy. Sa mère l'avait prise avec son nouvel appareil numérique. Ma main était posée sur son épaule nue et, à voir le sourire que nous échangions, je comprenais rétrospectivement mieux que Lucia se soit fait quelques soucis à propos de notre discrétion.

J'étais tellement pressé de le retrouver que ma toilette fut des plus rapides et le petit-déjeuner remis à plus tard. Arrivé chez lui je n'eus pas le temps de sonner, il avait déjà ouvert la porte, m'avait presque arraché le bras en me tirant à l'intérieur, à moitié assommé en me plaquant au mur et quasi asphyxié en me bâillonnant de sa bouche. Le monde n'existait plus.

Vingt minutes plus tard:

— Oh mon Dieu! dit Taylor, regardant sa montre. On va être en retard et je ne voudrais surtout pas que nous soyons collés ce soir, j'ai d'autres projets...

— Tu as raisons, filons!

Il prit son sac et nous partîmes. La journée était grise mais je m'en fichais: j'avais tant de soleil à l'intérieur! Nous ne parlions pas beaucoup, trop essoufflés par le rythme qu'il nous fallait soutenir si nous voulions éviter d'être en retard.

À l'école tout se passa très bien. Nous étions ensemble aussi souvent et longtemps que possible. Ça ne veut pas dire que nous ne voyions personne d'autre, bien au contraire. Le bonheur nous rendait si joyeux que notre compagnie était très recherchée.

Une fort agréable routine s'installa durant les jours suivants: chez lui le plus tôt possible le matin, ensuite ensemble à l'école à chaque fois que la possibilité nous en était offerte, puis le soir, chez lui ou chez moi pour... travailler. Oui, oui, je ne blague pas, je peux même affirmer que nous avons produit un sacré boulot à cette époque! Les devoirs étaient presqu'un plaisir... quand nous pouvions les faire ensemble! De plus nous savions que notre liberté dépendait aussi, en partie, de nos résultats scolaires! Vous imaginez le stimulant!

Après les devoirs il nous restait toujours un peu de temps pour des activités plus... ludiques! Et je vous garantis que ce temps-là était exploité au mieux. C'était tellement génial (et si neuf) de sentir ses mains sur mon corps, de me frotter à lui, de sentir sa chaleur, de voir son excitation, de lui prodiguer le soulagement que je me m'appliquais à rendre indispensable. Nous nous limitions à des pratiques orales et manuelles, nous n'éprouvions, ni lui ni moi, le besoin d'autre chose et c'était suffisant pour échanger des litres et des litres de sperme chaud. Ça représentait environ la moitié de notre alimentation du moment! Mais comme tout était très également réparti entre ce que nous donnions et ce que nous absorbions, cela n'eut aucune incidence fâcheuse sur notre courbe de poids.

Des règles avaient été établies entre mes parents et la mère de Taylor: pas question de dormir ensemble les jours de semaine! Nous pouvions nous voir bien sûr, travailler ensemble, manger ensemble (pas trop souvent quand même), mais chacun devait dormir chez soi. Nos moments d'intimité devaient donc être rapides et silencieux car mon père rentrait toujours très tôt l'après-midi, et la mère de Taylor travaillait, pour l'essentiel, à la maison.

Un vendredi soir, deux semaines plus tard, nous décidâmes d'aller au cinéma, voir "Arsenic et vieilles dentelles", un vieux film de Frank Capra avec Carry Grant (j'ai peut-être oublié de vous prévenir, mais je suis un fan de cinéma, en particulier du cinéma d'avant guerre). Taylor ne l'avait jamais vu. Le film, comme toujours (j'en étais à ma quatrième projection) fut fantastique. Je vous le recommande chaudement, le rire vous prend dès les premières minutes et ne vous lache plus avant la fin, une préparation abdominale est conseillée pour les moins sportifs.

Durant la projection, je me contentai de voler à Taylor quelques bises furtives et de lui masser tendrement l'intérieur de la cuisse. Il ne me rendait pas la pareille, mais ne semblait pas se plaindre du traitement, il avait même tendance à me faciliter l'accès! À la fin du film j'étais tellement excité que je ne me contenais qu'avec la plus extrême difficulté.

— Hé! Taylor, allons aux toilettes, il faut que je me lave les mains, lui proposai-je.

J'eus beau laisser mes mains sous l'eau glacée et m'asperger le visage, c'était loin de suffire pour me calmer. Je doute même que le système de refroidissement complet d'une centrale nucléaire de belle taille eût été capable de ramener ma température à un niveau raisonnable... j'étais proche du point de fusion.

— Taylor, dis-je, tremblant d'excitation, entrons un moment dans une cabine! J'ai trop besoin de toi, je ne peux plus attendre!

— Mais c'est dégueulasse ici ! répondit-il, riant à moitié.

— Mais non, c'est pas dégueulasse!   Nous avons connu des endroits plus romantiques mais de la à dire que c'est dégueu ! De toute façon c'est une urgence! Et comme c'est toi qui es à l'origine de cette épouvantable crampe, c'est à toi de la soigner!

Je le poussai à l'intérieur d'une des cabines et fermai la porte.

— Mais si quelqu'un nous entend? dit-il. Les murs ne montent même pas jusqu'au plafond!

— Personne n'entendra ni ne verra quoique ce soit! Et puis assez de mais comme ça!

Je l'embrassai goulûment, forçant entre des dents qui offrirent à peine une résistance de principe. Dès que ma langue toucha la sienne, je sentis ses bras se refermer autour de moi et son corps se frotter au mien dans un mouvement reptilien, une chorégraphie des plus érotiques. Il était au moins aussi excité que moi, peut-être plus. Ses mains étaient partout à la fois, sous ma chemise, sur mes fesses, mes hanches, elles remontaient jusqu'à mes pectoraux qu'elles malaxaient sans douceur. La nécessité de rester silencieux ne faisait qu'exacerber notre excitation. Sa main droite passa sur mon ventre et déboucla mon ceinturon.

En un mouvement il fit descendre pantalon et caleçon et se saisit de ma queue, je faillis tomber. Il était de plus en plus difficile de retenir les gémissements ou les cris que faisait naître le plaisir qu'il me donnait. J'en oubliais presque de respirer. Je dus m'accrocher à lui et je mordis sa bouche avec sauvagerie. Ma main tremblait tant que j'eus des difficultés à ouvrir son pantalon. Je le fis descendre en m'agenouillant face à lui. Son sexe trouva seul le chemin de ma bouche qu'il commença à labourer furieusement, s'enfonçant toujours plus profond dans ma gorge. Nous étions des animaux, sauvages et silencieux. Il ne lui fallut guère de temps pour cracher quelques giclèes de sperme épais que je bus avec délice.

Taylor m'aida à me redresser et la fougue qu'il mit dans son baiser me montra à quel point il avait apprécié mes attentions.

— À toi maintenant, sussura-t-il dans mon oreille.

Il glissa lentement le long de mon corps, sans jamais me quitter des yeux. Lorsque son visage atteignit la hauteur de mon sexe, il commença à le lécher, lentement, comme il l'eût fait d'une sucette. Ses yeux étaient toujours rivés aux miens. La tension que je ressentais à cet instant va au-delà de toute possibilité de description. Ma queue était proche de l'explosion. Mes ongles s'enfonçaient d'un centimètre au moins à l'intérieur de mes paumes. Mes dents, serrées, se fissuraient l'une après l'autre. Le mur que repoussaient mes épaules menaçait de s'écrouler. Il m'avala. Ses lèvres autour de moi étaient le paradis, réprimer mes gémissements de plaisir, l'enfer. Le mélange des deux me donnait un aperçu de ce que pourrait être le plaisir sadomaso!

Au fond de sa gorge, ma queue était enserrée de toutes parts et je sentais ses lèvres tenter d'absorber mes bourses en plus. Mes ronronnements étaient de moins en moins contrôlables. Il m'avait déjà fait voir des étoiles, cette fois il me montrait des galaxies, des nébuleuses, des univers entiers. Quand j'ai senti monter mon foutre j'ai craint un instant que la force du jet fût suffisante pour le tuer. Et j'en avais encore trois ou quatre à lui offrir. C'est à cet instant précis que:

— OH! MY GOD! (prononcez-le avec l'accent et la mimique de Chandler dans la version originale de Friends) Mais c'est Matthew Ramsgate! Le fameux Matt qui se fait sucer la bite par un autre mec dans les chiottes du ciné! Waooo, le scoop de l'année!

La voix, semblant venir de nulle part résonnait dans les toilettes. J'étais pétrifié, jamais je n'avais connu un choc si violent. La chaleur qui m'habitait fut, en une fraction seconde remplacée par le froid le plus intense. Je flirtais avec le zéro absolu. La sueur dont j'étais couvert formait des stalactites de glace. Le plus infime mouvement aurait pu me briser. Mon cœur rata trois ou quatre battements consécutifs! J'entendis Taylor s'étrangler, la combinaison de la surprise et du sperme rendaient sa déglutition difficile. Je levai la tête et vis, au dessus de la porte, les mains et le visage poupin de Rob. Robert Stew, un type de notre école.

— C'est dégueulasse, vraiment dégueulasse! Si je ne l'avais pas vu mes propres yeux je n'arriverais pas à y croire: Matt, un pédé!

Il lacha le haut de la porte et redescendit. Je me rhabillai aussi vite que possible.

— Attends Rob! T'en va pas, faut qu'on parle!

— Pas question! Tu crois quand même pas que je vais rester ici avec deux pédés! J'ai pas envie de me faire violer! salut les lopettes!

Nous entendîmes la porte se refermer.

— Merde! Merde! Merde! bredouillait Taylor, encore agenouillé et cachant son visage entre ses mains. Mais qu'est-ce qu'on a fait! Pourquoi ici? Ça va être terrible! Dans quelle merde on s'est foutus! Merde! Merde!...

Je l'aidai à se relever.

— Ça va aller, tu vas voir, je vais lui parler, je suis sûr qu'il n'est pas si méchant que ça et qu'il ne dira rien.

— Merde! Merde!... Il était visiblement en état de choc.

— Arrête Taylor! S'il te plaît, arrête! La première chose à faire est de sortir d'ici. Il n'a pas pu te reconnaître, il ne pouvait pas voir ton visage. À cette heure, l'autre film est sur le point de finir. Alors on va sortir séparément, dans la foule, comme ça, s'il est là dehors à attendre, il ne nous verra pas ensemble. Je vais essayer de le voir et puis je te rejoins chez toi. OK?

— OK! répondit-il.

J'étais un peu inquiet car il avait l'air très loin d'être OK. Nous fîmes exactement ce que je lui avais suggéré. J'arpentai le quartier en tous sens mais je fus incapable de le retrouver. Disparu le Rob ! J'ai continué de le chercher pendant une heure encore, sans succès. Je n'étais pas rassuré lorsque j'arrivai chez Taylor et le visage qu'il m'offrit ne fit qu'augmenter mon inquiétude. Il sursauta lorsque je poussai la porte de sa chambre.

— Tu l'as trouvé?

— Non, je suis allé partout, j'ai traîné dans toutes les rues du coin et je ne l'ai pas vu, et comme je ne sais pas où il habite...

— Merde! Merde! Merde!... qu'est-ce qu'on va faire? Pourquoi est-ce qu'on a fait une connerie pareille? Tu peux me le dire? On n'aurait pas pu attendre d'�tre dans un endroit tranquille!

— Tu as raison, tu ne peux pas savoir à quel point je suis désolé de t'avoir imposé ça, mais... tu m'excites tant, je suis si amoureux... que souvent je perds le contrôle!

Il eut un demi-sourire.

— Je t'aime aussi.

Quelques secondes de silence.

— J'ai tellement peur d'être montré du doigt. Je ne sais pas si j'arriverais à le supporter! Ce serait l'enfer et pourquoi! Pourquoi!...

Son désespoir s'accroissait de minute en minute. Ses poings serrés à en faire blanchir la jointure de ses doigts montraient son envie de se battre, ses joues creusées, sa tête, engoncée entre ses épaules, ses larmes, avouaient sa défaite. Il m'inquiétait.

— Arrête Taylor! Ça ne va pas être si terrible que ça! Il ne dira probablement rien. Et puis, s'il dit quelque chose, tant pis! C'est pas ce que nous voulions mais nous pourrons faire face!

— Facile à dire pour toi! lacha-t-il avec emportement. Tu vis ici depuis toujours! C'est ta ville, tes copains! Tout le monde te connaît, tout le monde t'aime bien! Tu as tellement d'amis ici que tu ne peux même pas les compter!

La colère le gagnait.

— Mais moi c'est pas pareil! Je suis nouveau, je suis l'étranger moi! Et c'est jamais facile ça! Mais maintenant je vais pas seulement être l'étranger, je vais être le pédé d'étranger! Et je suis tout seul! Je ne suis là que depuis quelques semaines! J'ai pas d'amis, je vais être seul, tout seul pour faire face à toute cette merde! Et je ne veux pas, Je n'ai pas choisi ça!

Il hurlait maintenant, presque hystérique. J'étais tellement tendu que j'ai failli répondre sur le même ton quand, soudain, la signification de mots qu'il venait d'utiliser s'insinua en moi: "tout seul", il pensait qu'il allait devoir affronter la situation seul, comme s'il m'avait déjà effacé du paysage. Je me laissai tomber sur son lit et je me mis à pleurer, ça faisait vraiment mal, quelque chose comme une nausée, qui vous tombe sur les tripes et qui vous noue la gorge à la fois, combinée avec l'amorce d'une migraine à vous faire gémir. Taylor se calma et me fixa.

— Tout seul... répétai-je.

— Quoi?

— Tout seul, sans un ami, c'est ce que tu viens juste de dire. Tu crois vraiment que je pourrais te laisser tomber dans un pareil moment, c'est ça que tu penses de moi?... Et tu dis que tu m'aimes.

Taylor parut ébranlé. Il ferma les yeux d'abord, puis s'approcha de moi et me serra avec force entre ses bras.

— Dis pas ça Matt, je t'en prie, dis pas ça! Je t'aime. Je t'aime plus que tout au monde, je t'en prie, n'ai pas de doute, jamais! Pardonne-moi, essaye de me pardonner, j'ai tellement peur que je dis n'importe quoi!

Je l'embrassai.

— Tu me pardonnes alors!

— Bien sûr!

Je l'allongeai sur le lit et nous rest‚mes enlacés, sans bouger.

— Qu'est-ce qu'on va faire? demanda Taylor.

— Je crois que je ferais mieux de rentrer, pour le cas où il essayerait de m'appeler. S'il ne le fait pas alors je le chercherai à nouveau.

Taylor était d'accord, je repartis donc chez moi, pensant à notre première querelle. Taylor avait raison en fait, j'avais vraiment déconné au cinéma. Et ma connerie pouvait avoir des conséquences épouvantables pour nous deux, et, c'est vrai, plus encore pour lui que pour moi.

Lorsque j'arrivai à la maison, je vis Robert: il attendait sur un banc, de l'autre côté de la rue. Dès qu'il me vit il me fit signe de la main.

— Viens Matt, il faut qu'on parle.

Il tapotait le banc à côté de lui, comme une invitation à m'asseoir. Il arborait un petit sourire en coin assez désagréable.

— Où est-ce que tu étais? Ça fait plus d'une heure que je t'attends! T'étais avec ton petit copain, en train de baiser!

— Ça ne te regarde pas!

— Tu pourrais être plus sympa avec moi! Je te manifeste de l'intérêt et c'est comme ça que tu réagis! Alors c'était comment dans les chiottes! Super endroit non?!

— C'était pas mal jusqu'à ce que...

— Ah! Oui, je me rappelle, c'était drôle... Tu aurais dû voir ta tête à ce moment!

— Le comique de situation, c'est pas ma tasse de thé!

— Et ton copain, il a apprécié, lui? C'est qui au fait?

— Tu ne le connais pas

— Pourquoi veux-tu garder des secrets pour moi? Je connais déjà le plus énorme!

— Tu ne le connais pas, et il n'y a aucune raison pour que je te donne son nom!

— Je trouverai bien tout seul! Alors comme ça t'es pédé?... Depuis longtemps?

— Je préfère dire que je suis gay, et ce n'est pas une maladie qu'on attrape un jour ou l'autre, j'ai toujours été comme ça.

— Qu'est ce que tu préfères en général, être au-dessus ou en dessous?

— Pourquoi, tu es tenté par l'une des deux positions?

Il fit une grimace.

— Bien sûr que non, je suis juste curieux, c'est tout!

— Ta curiosité est plutôt malsaine! Et puis, s'il te plait, arrête de jouer au chat et à la souris avec moi, qu'est-ce que tu veux?

— J'en sais rien, je me posais des questions au sujet de ta vie cachée et je me demandais comment les gens réagiraient en l'apprenant.

— Ils n'ont pas besoin de l'apprendre.

— Pourquoi, tu as honte? Je peux le comprendre, remarque!

— Non, je n'ai pas honte! Mais je n'ai pas envie de porter une étiquette! S'il te plaît Rob, garde ça pour toi, tu pourrais faire de ma vie un enfer, si tu parlais.

— Peut-être, mais ce serait seulement honnête, les gens doivent connaître les risques qu'ils prennent quand ils te fréquentent!

— Tu me connais assez pour savoir que...

— Je croyais te connaître! Mais aujourd'hui, je dois dire que j'ai découvert un Matt complètement nouveau.

— Je t'en prie, ne dit rien, je t'en supplie même si c'est ça que tu veux!

— Mais non, pas du tout. Il faut que j'y réfléchisse encore un peu avant de décider de ce que je ferai. Ensuite je te préviendrai. Bon, on est toujours potes? demanda-t-il avec un sourire ironique.

— Bien sûr, répondis-je avec une chaleur que je ne ressentais pas.

— Il faut que j'y aille maintenant.

Il se leva et me regarda.

— Oh! J'ai failli oublier, je voudrais te demander un service.

— Vas-y.

— J'ai bousillé mon vélo la semaine dernière et je n'en aurai pas d'autre avant trois mois, au moins. Je crois que tu as un super VTT dont tu ne te sers pas beaucoup, alors j'ai pensé que, peut-être, tu pourrais me le prêter?

— Je ne sais pas si mes parents...

— Matt! Ça, ça serait une vraie preuve d'amitié, une preuve concrète! ajouta-t-il lentement en me regardant droit dans les yeux.

Qu'est-ce que ça pouvait bien vouloir dire? Il n'était quand même pas en train de me faire chanter non? Ce n'est pas possible. Ça doit être moi qui suis parano! De toute façon qu'est-ce que je peux faire? Prendre le risque de me faire montrer du doigt par tout le monde, pour un vélo!

— D'accord, viens avec moi, je te le prête.

— Non merci, je préfère attendre ici.

De retour du garage je lui tendis le vélo. Il l'enjamba aussitôt.

— Merci Matt, je savais que je pourrais compter sur toi, je savais que tu ne refuserais pas de m'aider. À bientôt!

Et il partit sans se retourner. À peine entré dans ma chambre, je me précipitai sur le téléphone pour appeler Taylor.

— Salut, devine qui m'attendait devant la porte?

— Il était là? Qu'est-ce qu'il a dit? Qu'est-ce qu'il va faire?

— J'en sais rien en fait, je ne crois pas qu'il parle, au moins ces prochains jours, à plus long terme je n'en ai aucune idée, il était quand même assez bizarre.

— Bizarre?

— Oui, au début il était presque insultant, il me traitait de pédé! Ensuite il s'est montré curieux, plus que curieux d'ailleurs, inquisiteur plutôt, et à la fin il était presque amical. Une bonne nouvelle quand même, il ne t'a pas reconnu, il a essayé de me faire dire ton nom, mais tu te doutes bien que je suis resté muet comme une tombe!

— Je préfère ça, mais comme nous sommes toujours ensemble, il va vite comprendre qu'un plus un ça fait deux!

— C'est vrai, il faudrait que nous soyons plus discrets et un peu moins souvent ensemble en public. Tu ne crois pas?

— Ça va être difficile, mais je crois qu'on n'a pas le choix. Il a dit quelque chose d'autre?

— Il m'a emprunté mon vélo.

— Ton vélo? Pourquoi?

— Faire du vélo je suppose!

— Très drôle!

— Il m'a dit que le sien était fichu et qu'il n'en aurait pas d'autre avant un bout de temps, comme je ne me sers pas beaucoup du mien... c'est toute l'histoire.

— Tu crois que c'est... du... chantage?

— J'y ai pensé un instant, mais ça m'étonnerait! En fait ce que je pense c'est qu'on devrait arrêter de s'en faire, juste attendre et voir venir. Et pour attendre aussi confortablement que possible, peut-être que tu pourrais venir dormir chez moi ce soir, qu'est-ce que tu en penses?

J'eus à peine le temps de raccrocher qu'il était déjà dans mes bras, à me donner le premier baiser de la nuit, le premier de ma vie. C'est toujours la première fois quand Taylor m'embrasse. C'est un génie du baiser, tendre et doux, autant que brûlant et fort. Je pourrais passer des heures entre ses lèvres, au fond de sa bouche, il m'absorbe, il m'enroule dans son ‚me, il éteint le monde mais allume l'univers, il m'emprisonne, il m'enchaîne, mais toujours pour mieux libérer les torrents de plaisir qui nous emporteront en des endroits où tout est toujours beau.

à suivre

Par claudio - Publié dans : LISEZ VISIONNEZ VIDEOS & RECITS FICTIONS FANTASMES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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Dimanche 1 septembre 7 01 /09 /Sep 23:36

RECITS FICTIONS (59)

j'ai un peu peur.

— Je comprends Matt. Pour moi aussi tu es le premier, mais je n'ai peur de rien parce que tu m'aimes. Laisse-moi te faire l'amour.

 

Il était neuf heures lorsque je refermai la porte de ma chambre derrière nous.

Il se tourna vers moi l'air espiègle.

— On pourrait peut-être faire un jeu vidéo? À moins que tu n'aies autre chose en tête?

Il ne disait plus rien, un léger sourire continuait de flotter sur sa bouche que je distinguais à peine, la lumière placée derrière lui, faisant un contre-jour qui l'entourait d'un halo luminescent.

Je m'approchai pour lui picorer le visage: les lèvres, le nez, le cou. Il ne bougeait pas. Je revins sur sa bouche et j'attrapai sa lèvre supérieure entre les miennes. Ma succion provoqua ses premiers soupirs. Ses mains accrochèrent mes épaules pour rétablir un équilibre vacillant.

La seconde d'après ma bouche était perforée par sa langue. Quand elle rencontra la mienne, ce fut pour la défier en un duel passionné. C'était un rêve, un rêve humide, le souvenir de ces temps anciens où la vie n'était encore qu'aquatique. Nous étions deux langues qui, dans cette chaleur moite cherchaient à n'en être plus qu'une. J'avais déjà embrassé Taylor, il m'avait déjà apporté 1000 fois plus de plaisir que mes très, très rares expériences précédentes. Cette fois-ci, après la journée que nous venions de passer, sachant l'amour qu'il me vouait, sachant que nous avions le temps d'explorer nos sentiments et ces incroyables sensations qui les accompagnaient, ici, dans l'intimité que nous offrait ma chambre, c'était fabuleux, indescriptible... Ce n'était plus un baiser, c'était la vie! C'était le sens même, le but de la vie! Je ne savais pas si c'était là un accomplissement ou un début, mais je savais que ce baiser avait changé ma vie à tout jamais.

— Je t'aime Matt, je t'aime tellement que c'en est douloureux.

— Moi aussi Taylor, je t'aime. De ma vie je n'ai jamais été aussi heureux. Je te dois tout.

— Pareil Matt, moi j'ai l'impression d'être un puzzle enfin complet depuis que tu as fait entrer l'amour dans mon cœur, depuis que tu es devenu la partie la plus importante de ma vie. Je t'aime Matt, je t'aime et j'ai besoin de toi.

— Il y a encore quelque chose que je voudrais te dire.

Il me regardait dans les yeux, un assaut de timidité me fit rougir.

— Tu es mon premier, Taylor. Et j'ai un peu peur. J'ai envie de faire l'amour avec toi mais j'ai un peu peur.

— Je comprends Matt. Pour moi aussi tu es le premier, mais je n'ai peur de rien parce que tu m'aimes. Laisse-moi te faire l'amour.

Petit intermède médico-social pour éviter le... médico-légal! Le privilège d'un "auteur" est de faire exactement ce qu'il veut de ses personnages, il peut les créer, les façonner, les assassiner, les ressusciter ou les guérir miraculeusement sans avoir de comptes à rendre ni d'explication à donner. Dans la vraie vie, peut-être l'avez-vous remarqué, il en va autrement! Bien sûr, pour les miracles il reste Lourdes, mais je n'ai aucune statistique à vous donner sur l'efficacité du passage par la grotte! Alors, sachez raison garder et préservatif utiliser! Revenons-en à...

Il prit ma main et me conduisit jusqu'au lit où il me fit allonger. Je sentais son haleine. Sa joue caressait la mienne. Une main vint à mon cou ôter le premier bouton de ma chemise. Sa joue continuait son mouvement contre la mienne. Arrivée au dernier bouton, la main glissa sous le pan gauche de la chemise. Je tressaillis et mordis mes lèvres pour étouffer mes soupirs. La main tournait sur mon ventre, autour du nombril, elle était la douceur, la tendresse faites mouvements. J'étais tellement concentré sur cette extraordinaire sensation que j'en oubliais presque de respirer.

La main remonta, entre mes pectoraux, lente, et légère comme une aile de papillon ou une brise d'été. Elle enveloppa l'un de mes tétons. Il était déjà érigé, il se tendit encore. Je cherchai ses lèvres et me mis à l'embrasser désespérément, il fallait que ma bouche exprimât l'excès de plaisir que j'éprouvais, je n'avais d'autre choix que crier ou embrasser.

Je lui arrachai presque son Tshirt et mes mains, quoique tremblantes de fébrilité, surent avoir raisons de ses autres vêtements. Il arrêta mes caresses.

— Ne bouge pas Matt, laisse-moi prendre soin de toi, murmura-t-il.

Il embrassa mon menton et glissa dans mon cou. Sa main atteignit ma ceinture et passa sur mon jean. Il caressait mes cuisses et mes hanches, évitant mon sexe à chaque passage. Chaque mouvement qu'il faisait accroissait mon attente, la portant aux limites du supportable. Chaque seconde apportait une sensation nouvelle, me faisait gagner un barreau sur l'échelle de l'excitation. Ma respiration devenait rapide, laborieuse, j'atteignais des sommets où l'oxygène se faisait rare. Des centaines de plaisirs différents me submergeaient: chacun des pores de ma peau, chacun de mes poils était un capteur de plaisir. Je ne vivais plus qu'à travers son contact, son pied contre le mien, sa jambe sur la mienne, sa main sur ma hanche, sa bouche qui léchait et suçait mon téton avec la voracité d'un nourrisson affamé.

Il ouvrit ma fermeture éclair et déboucla ma ceinture. Quel soulagement pour mon sexe qui tendit immédiatement la toile de mon caleçon. Taylor descendit avec lenteur, s'arrêtant un instant pour explorer mon nombril. Arrivé à mes pieds il tira mon pantalon, puis mon caleçon qu'il huma aussitôt.

Il geignit et entama sa remontée, goûtant de la langue et des lèvres chaque centimètre de ma peau. La pression de sa tête me fit écarter les jambes, lui ouvrant l'accès à l'intérieur de mes cuisses. Je n'escaladais plus l'échelle du plaisir barreau après barreau, je les sautais par trois ou quatre à la fois. Il m'en fit grimper dix d'un coup lorsque la pointe de sa langue toucha mes bourses. Il les embrassa, les caressa avec une tendresse précautionneuse.

Soudain il avala ma queue, comme s'il avait pressenti que ma jouissance ne résisterait pas longtemps au traitement qu'il m'infligeait. Fabuleux instant! Sa bouche était si chaude! Ses lèvres, sa langue, son palais m'enveloppaient! Je plaquai l'oreiller contre mon visage pour absorber mes soupirs, mes grognements plutôt! Il n'eut pas à bouger beaucoup, quelques mouvement de haut en bas et je sentis ma semence qui déferlait de tout mon corps et convergeait vers la bouche de Taylor. J'essayai de le repousser

— Taylor... Taylor, je vais jouir.

Il ne bougea pas, il resta vissé à ma queue, il accrut même le mouvement de succion. Mon sperme jaillit dans sa bouche. Je ne sais durant combien de siècles j'ai éjaculé, ni combien de litres de crème je lui ai donné! Il ne m'a pas lâché un instant et a avalé, jusqu'à la dernière goutte, ce que mon plaisir lui offrait.

J'avais quasiment perdu connaissance, shooté par l'orgasme. Mais, au milieu de la léthargie qui m'envahissait je ressentis le besoin, violent, de partager ce moment d'intensité. Je repoussai Taylor qui n'eut pas le temps de résister, il était déjà entre mes lèvres, incapable de contrôler les furieux coups de reins que ses hormones l'obligeaient à donner. Son ventre claquait sur mon front et ses couilles venaient accrocher mon menton. Je sentis son sexe s'échauffer et s'épaissir, sa jouissance était imminente. Je m'accrochais à ses fesses, elles étaient faites de marbre chaud sur lequel la prise était difficile.

Le premier jet de sperme me prit par surprise, je l'avalai dans un mouvement réflexe. Je gardai le second plus longtemps, pour le déguster. C'était chaud, épais et légèrement salé. Un nectar, un extrait de vie offert par mon amant, un élixir d'amour éternel, un concentré de joie, de désir, de bonheur, de paix... Un cocktail de force et de fragilité, de pureté et d'animalité, de tendresse et de violence... toutes les émotions du monde mêlées en une divine ambroisie.

Ses yeux débordaient de joie. Nos têtes reposaient sur le même oreiller, je m'approchai pour lui donner un baiser très doux, très tendre. Pas un baiser de désir, un baiser pour dire merci, pour dire je t'aime, un baiser pour combler les lacunes du langage... comment les mots pourraient-ils faire justice à un tel moment. Ses yeux s'ouvraient jusqu'à son âme, et tout ce que je pouvais y voir était amour.

— Je t'aime Matt! De ma vie je ne me suis jamais senti mieux. Je me sens plus grand! Plus fort!

— C'est parce que je viens de faire de toi un homme! répondis-je, allant chercher au fond de ma gorge les tonalités graves que l'adolescence me refusait encore. Je t'aime aussi Taylor, ça fait à peine dix jours que je te connais, mais je ne pourrais même plus imaginer ma vie sans toi. Tu es une partie de moi. Je suis sûr que tu es l'amour de ma vie!

Il sourit et m'embrassa.

— Une part de toi? Hé bien je pense que cette part de toi a besoin d'une douche!

— L'autre part aussi, répondis-je en riant. Vas-y le premier si tu veux, mais laisse-moi un peu d'eau chaude!

— Ma générosité ira peut-être jusque là, pourtant il me semble qu'une douche froide te serait très utile!

Il pointait du doigt ma verge à qui l'exercice précédent n'avait pas suffi à enseigner la modestie.

— Je connais une bien meilleure façon de venir à bout de cette raideur pathologique!

— Accompagne-moi à la salle de bains.

— Il faudra être discrets, la chambre de Lucia est juste à côté!

La maison était silencieuse, tout le monde semblait endormi. La cabine de douche, pas très grande, pouvait néanmoins accueillir deux personnes, surtout si les deux en questions appréciaient la promiscuité imposée par les lieux. J'entrai le premier pour régler la température de l'eau.

Taylor me rejoignit et m'enserra étroitement sous la pluie chaude. Nos mains, nos bras, pressaient nos corps. Je devenais son frère siamois. Je ne savais plus où il commençait ni où je finissais, sensation étrange.

Je sentis que sa main droite se frayait un chemin entre son ventre et le mien pour atteindre nos deux queues qu'elle prit en une poigne ferme. Lorsqu'il amorça l'ancestral mouvement alternatif, je perdis l'équilibre. Sa main libre agrippa ma fesse gauche pour m'apporter l'aide dont j'avais besoin. Me sentir ainsi masturbé par une main aidée d'une verge, alors que d'autres doigts, glissés entre mes fesses, flirtaient avec une porte arrière que je n'avais plus envie de protéger, waooo... exceptionnel! Je ne pus retenir mes grognements de plaisir. Heureusement Taylor me bâillonna immédiatement d'un de ses incroyables baisers, jusqu'à ce que nous jutions ensemble.

Nous restâmes silencieux, nous tenant l'un à l'autre, épuisant la réserve d'eau chaude. Après un séchage rapide nous regagnâmes ma chambre.

— Matt, est-ce que je dois vraiment dormir dans l'autre lit? Je déteste l'idée d'être à la fois si près et si loin de toi!

— Sûrement pas, viens, j'ai besoin que tu sois contre moi.

— Et tes parents?

— Ils n'entrent jamais dans ma chambre! Et s'ils le font cette fois, je leur expliquerai qui tu es pour moi!

Il se glissa entre mes bras, je l'embrassai.

— Je t'aime Taylor, j'espère que tu seras toujours là demain quand je me réveillerai! C'est tellement merveilleux que j'ai encore du mal à y croire.

— Ce n'est pas un rêve Matt, je te le jure! Je serai là demain matin, et tous les matins que tu souhaites! Je t'aime.

Lorsque je me réveillai dimanche matin, il n'avait pas menti, il était toujours là. Il me tournait le dos et s'était blotti contre moi. Il respirait paisiblement. J'aurais aimé rester encore à l'admirer mais la physiologie, le matin, a parfois des exigences irrésistibles.

Je réussis à quitter le lit sans le réveiller et je me précipitai aux toilettes. À mon retour il n'avait pas bougé. Assis sur le sol, près du lit je pouvais l'admirer à loisir. Il était magnifique. Son visage reposait sur ses deux mains jointes et exprimait une absolue tranquillité. Sa poitrine se soulevait au rythme léger de son souffle. Il était allongé sur le côté gauche, la jambe gauche était à demi pliée, vers l'arrière, la droite, bien tendue, exposait un sexe qui se reposait au cœur d'un buisson printanier.

— Qu'est-ce que tu regardes comme ça? marmonna Taylor.

— Je ne regarde, pas, j'admire! Et je me pince toutes les dix secondes pour m'assurer que je ne rêve pas! Et je me demande ce que j'ai bien pu faire pour mériter tout ça!

Il sourit et s'étira, ronronnant et roulant sur le lit, le spectacle le plus érotique que l'on m'ait jamais offert. J'allais sauter sur lui mais il fut plus rapide. Il fila vers les toilettes à son tour. Quand il revint il avait pris une teinte du plus beau rouge.

— Pourquoi est-ce que tu es si rouge? lui demandai-je en riant. Ça a été si difficile?

— J'ai juste croisé ta sœur en sortant de la salle de bains.

— Et elle t'a trouvé tellement sexy, nu dans ma robe de chambre, qu'elle a cherché à te violer?

— Non, elle a juste dit salut.

— Et?

— Elle a ajouté qu'elle me trouvait beaucoup plus calme le matin qu'au milieu de la nuit, et elle a fermé la porte.

J'éclatai de rire et j'eus besoin de plusieurs minutes avant de pouvoir parler de façon intelligible.

— Je ne trouve pas ça si drôle! dit Taylor.

— Il va falloir que tu t'habitues au sens de l'humour un peu particulier de Lucia.

— Et si tes parents ont entendu aussi?

— Aucun risque, leur chambre est trop loin et nous n'avons quand même pas été si bruyants que ça!

— Je ne suis pas si sûr parce qu'après ta sœur j'ai croisé ta mère. Elle a demandé que nous venions prendre le petit-déjeuner, mais elle me regardait d'un drôle d'air!

— Elle devait se demander pourquoi tu étais si rouge. Cela dit, c'est possible qu'elle soupçonne quelque chose, après tout, elle sait que je suis gay, et elle n'est pas aveugle, elle peut voir comme tu es... beau... mais je suis sûr qu'elle n'a rien entendu.

Nous nous sommes habillés et avons rejoint la cuisine en vitesse. Tout le monde était déjà là, mon père lisait son journal, ma mère cherchait, en maugréant, quelques tranches de jambon dans le réfrigérateur, Lucia sirotait un verre de lait. Taylor se servit un bol de céréale qu'il additionna de lait froid, je fis de même. Ma mère sortit la tête du réfrigérateur et demanda:

— Avez-vous passé une bonne nuit?

Taylor, dont la peau avait eu du mal à retrouver sa teinte habituelle, vira de nouveau au rouge le plus vif. Dans son coin, Lucia, faillit s'étrangler avec son verre de lait et eut les plus grandes peines à réfréner ses gloussements. Heureusement que ma mère s'était remis la tête au frais et que, pour mon père, le journal formait une frontière infranchissable entre le monde et lui. Je me suis dit qu'il serait dur de garder un secret dans cette maison.

— Très bonne Mman, très bonne, répondis-je.

— Excellente, madame, réussit-il à bafouiller

— Pas de madame, appelle-moi Mouna s'il te plait.

— Et moi Don, dit mon père. Tu as des projets particuliers pour la journée Matt?

— Je n'ai rien prévu de précis. Tous les devoirs que nous avions à faire pour l'école, on les a faits ensemble Taylor et moi vendredi soir, alors cet après-midi je vais traîner un peu, mais ce matin je vais bien trouver un truc à faire avec Taylor.

— Oh! Plus inséparables que les doigts d'une même main! s'exclama mon père.

De nouveau Taylor rougit et Lucia gloussa! Il fallait, décidément, faire quelque chose. Je pris la main de Taylor sous la table et lui jetai un regard interrogatif. Je crois qu'il comprit tout de suite le sens de ma muette question. Il hocha la tête, je le sentais hésitant, mais sans inquiétude. Son sourire, et la discrète pression de sa main, étaient une façon de me dire: "vas-y si tu veux, j'ai confiance". Après tout, ce moment n'était ni pire ni meilleur qu'un autre alors...

Matt prit la main de Taylor sous la table. Ils se regardent deux secondes puis posent leurs deux mains unies sur la table.

— P'pa, M'man, j'ai quelque chose à vous dire... Huum... NOUS avons quelque chose à vous dire, répétai-je serrant un peu plus la main de Taylor. Taylor est mon ami... enfin je veux dire plus que mon ami, mon petit ami, on est 'boyfriends' quoi!

— Félicitations! répondirent mes parents en souriant.

— Sois le bienvenu dans la famille Taylor, reprit mon père. Nous serons toujours heureux de t'accueillir. Est-ce que ta mère est au courant?

— Oui, elle l'a appris hier. Elle a beaucoup de mal à se faire à cette idée, ajouta-t-il d'un ton triste. Elle est partie s'éclaircir les idées. Ça lui prendra certainement du temps mais je crois qu'elle finira par accepter.

Ma mère fixait Taylor d'un air préoccupé.

— Si tu crois que ça peut être utile, nous pouvons essayer de la rencontrer, on pourrait même l'inviter à dîner samedi prochain?

— Merci, répondit-il. C'est peut-être un peu tôt encore, mais je vais tâter le terrain, je suis sûr que ça lui ferait du bien d'avoir quelqu'un à qui en parler, et elle n'a pas vraiment d'amis ici.

— Vous l'avez dit à quelqu'un d'autre? demanda mon père.

— Non, juste la mère de Taylor et vous trois.

— Et vous prévoyez de mettre d'autres personnes dans la confidence?

— Je ne sais pas, c'est très nouveau pour nous, et nous n'en avons pas encore parlé, j'y ai à peine pensé, à vrai dire.

— Soyez quand même prudents, reprit mon père. Je ne vous dis pas de vous cacher et encore moins d'avoir honte de ce que vous êtes... mais vous êtes assez vieux pour vous rendre compte que le monde n'est pas toujours aussi ouvert qu'il serait souhaitable! Nous ne voudrions pas que vous ayez à en souffrir. C'est vraiment bien que vous nous ayez parlé, à nous et à la mère de Taylor, ça vous fait au moins deux endroits où vous pourrez être vous-mêmes, sans crainte. Mais, à l'extérieur, faites attention, et, si vous décidez d'en parler, choisissez bien ceux avec qui vous le ferez. Il y a tellement de gens qui se font agresser simplement parce qu'ils sont noirs, juifs ou homosexuels, nous ne voudrions pas que ça vous arrive!

— C'est pas juste! Je voudrais pouvoir dire, ou montrer à Taylor à quel point je l'aime sans avoir à me demander si je prends un risque ou pas! C'est vraiment pas juste!

Taylor me regardait en souriant.

— Qu'est-ce que ça peut bien leur faire? Pourquoi est-ce qu'ils nous obligent à nous cacher?

— C'est pas juste, c'est vrai! répondit mon père. Mais si le monde était juste, ça se saurait depuis longtemps! Si les gens étaient capables d'accepter les différences pour ce qu'elles sont: des occasions d'apprendre, de s'enrichir les uns les autres, d'échanger... ce serait le paradis. Malheureusement il y a souvent une confusion entre différences et hiérarchie, les choses ne sont pas vues comme différentes mais comme meilleures ou pires, ou comme des trucs contradictoires entre lesquels il faut choisir. L'homosexualité n'est pas le contraire de l'hétérosexualité, être noir n'est pas le contraire d'être blanc, être musulman n'est pas le contraire d'être chrétien ou juif, ce n'est ni meilleur ni pire, simplement différent. Mais il y a des gens qui se sentent obligés de rejeter tout ce qui est différent, simplement pour se prouver à eux-mêmes qu'ils sont dans le vrai, un peu comme ces gens qui voyagent à l'étranger et qui critiquent tout ce qu'ils voient, tout ce qu'ils mangent, tout ce qu'ils entendent, ils ne voyagent pas pour apprendre quelque chose, juste pour se rassurer, pour se dire que, chez eux, c'est vraiment chouette, vraiment civilisé... il y a beaucoup de gens qui sont incapables de se remettre en cause et qui peuvent devenir très violents plutôt que de se poser des questions. Soyez vous-même, nous on est plutôt fiers de vous quand on voit la façon dont vous assumez votre sexualité. Alors, quelles que soient les difficultés, soyez vous-mêmes! Mais n'oubliez jamais que vous devez vivre dans le monde tel qu'il est, même s'il n'est pas beau, ou s'il ne vous plaît pas! Soyez prudents!

— Ton père a raison! dit Taylor. Je ne me sens pas prêt à faire mon coming-out, d'autant moins que je ne vis ici que depuis un mois. J'ai besoin d'être intégré, d'être accepté et je ne crois pas que ça faciliterait les choses si j'avais une étiquette pédé sur le front!

— Je ne me sens pas prêt non-plus! Il faudra bien le faire un jour ou l'autre, mais ça peut attendre, il n'y a aucune raison de se presser. Faudra que j'essaye de contrôler mes putains d'hormones en public!

— Ce sera un bon entraînement pour développer ta concentration, dit ma mère. Et en parlant de contrôle, tu pourrais commencer par le contrôle de ton vocabulaire!

Nous éclatâmes tous de rire.

— Est-ce que je peux utiliser votre téléphone? demanda Taylor. Je dois déjeuner chez ma tante ce midi et je voudrais la prévenir que je serai certainement un peu en retard car je ne sais pas à quelle heure rentre ma mère.

— Bien sûr, dit mon père.

Il revint moins de dix minutes plus tard. Un large sourire illuminait son visage.

— Ma mère était déjà chez ma tante, elle va beaucoup mieux qu'hier matin, ajouta-t-il en me posant la main sur l'épaule. Elle a demandé à ma tante si tu pouvais m'accompagner, je crois qu'elle a quelque chose à te dire.

Puis il se tourna vers Lucia:

— Comme Cathy était là, elle a suggéré que tu viennes aussi.

— Géant! répondit-elle.

— Parfait! dit mon père. Ça vous laisse deux heures pour les corvées de jardinage, largement assez pour tondre et ramasser le gazon!

— Mais... començai-je à dire.

— Pas de mais, même les jours de grandes nouvelles, les corvées sont les corvées...

Je savais qu'il serait inutile de discuter, je me levai donc en maugréant.

— Viens Lucia, allons vivre notre vie d'esclave! Rien ne saurait émouvoir notre maître! Alors dépêchons-nous ou nous risquons de perdre le peu de liberté qu'il nous reste!

— Si deux bras supplémentaires peuvent être utiles? proposa Taylor.

— Je partagerai toujours ce que j'ai avec toi! lui répondis-je.

En une heure et demie tout était terminé. Lucia se précipita vers la douche en disant que, sachant ce qu'elle savait, elle préférait passer la première que de risquer d'attendre des heures! Taylor, cette fois, sourit plus qu'il ne rougit, au sens de l'humour vraiment particulier de ma chère sœur.

Nous rejoignîmes la maison à pas lents. Nous avions fait un joli boulot, le jardin avait retrouvé des lignes nettes, et l'herbe, fraîchement coupée, semblait plus verte, plus douce, une invitation à s'allonger et jouir de la chaleur de cette fin de matinée. Comme il ne nous restait que peu de temps, nous primes nos douches séparément: beaucoup moins drôle, mais, oh combien, plus raisonnable!

Vers midi et demi, Cathy et sa mère nous accueillirent chaleureusement. Martha, la mère de Taylor était déjà là ainsi que quelques autre invités, des voisins pour la plupart. Elle vint m'embrasser, ce qui ne manqua pas d'étonner Cathy, et elle m'attira à l'écart.

— Je te dois des excuses pour hier, c'est dur à encaisser pour moi, mais je n'avais pas le droit de te le faire payer comme je l'ai fait... j'aimerais qu'on reparte sur un bon pied.

Je la regardai quelques secondes avant de lui répondre:

— Je l'aime vous savez?

Elle déglutit avec difficulté.

— Oui, je crois... et je crois que lui aussi il... t'aime.

Sa main serrait mon bras à m'en faire mal.

— Ça ira, dit-elle. Il faut me laisser un tout petit peu de temps... mais sans me fuir... tu peux revenir à la maison quand tu veux.

Une dernière pression sur mon bras et elle se dirigea vers le buffet dressé dans le jardin.

Le déjeuner fut très agréable, viandes, salades, gâteaux, tout était excellent. Cathy nous prêta à tous des maillots de bain et nous passâmes le plus clair de notre temps dans sa piscine. Le maillot de Cathy était très sexy, vu son format, on pouvait penser que son prix au kilo devait être exorbitant! Comme d'habitude elle ne ratait aucune occasion de se rapprocher de moi, de me frôler, mais elle me semblait un peu moins insistante ce jour-là, peut-être allait-elle finir par laisser tomber, ou alors c'était simplement la présence de sa mère qui l'incitait à un peu plus de retenue. Seul le temps apporterait une réponse.

Taylor était, bien sûr, le plus beau de tous, et le voir là, quasi nu, en plein air, était un régal dont je ne me rassasiais pas. À un moment où je me tenais un peu à l'écart, Lucia s'approcha:

— Ne regarde pas Taylor comme ça ou alors ton secret ne va pas rester secret bien longtemps!

— C'est si évident que ça?

— Oui! C'est pour ça que je t'en parle, répondit-elle avec sérieux.

— Alors il faut que je m'occupe à autre chose! et je la poussai dans l'eau, l'entraînant jusqu'au fond de la piscine.

Quand elle refit surface elle cria:

— Cathy! Taylor! À l'aide! Ce monstre qui se prétend mon frère est en train d'essayer de me noyer!

Ils arrivèrent tous les deux très vite et j'eus les plus grandes peines du monde à leur échapper.

À la fin de l'après-midi nous étions épuisés et heureux. Nous bûmes un dernier verre ensemble, puis, l'heure avançant, Lucia et moi dûmes nous résoudre à partir. J'aurais aimé un peu d'intimité pour dire au revoir à Taylor, mais je ne réussis qu'à lui voler un baiser aussi rapide que superficiel, juste de quoi aiguiser mon appétit, une miette de pain offerte à un affamé!

Le dîner fut très tranquille, tout le monde était fatigué, même mes parents qui avaient fait une longue marche dans les bois avec un couple d'amis.

Avant huit heures j'étais dans ma chambre et j'appelai Taylor. Nous discutâmes de choses et d'autres pendant une heure, juste pour le plaisir d'être ensemble, même si ce n'était que par la voix. Nous baillions de plus en plus mais nous étions incapables de dire au revoir, de couper ce fil qui nous tenait encore l'un à l'autre.

— Tu sais Taylor, je suis crevé mais je ne sais pas si je vais réussir à dormir sans t'avoir entre mes bras.

— Oui, nous n'avons passé que deux nuits ensemble et j'ai l'impression, déjà, que ma vie est faite pour ça. Je crois que je commence à comprendre qu'un couple ce n'est pas juste deux personnes qui vivent sous le même toit. C'est même très loin de se limiter à ça. Jusqu'à hier, j'avais toujours pensé que c'était une espèce de cage. Une belle cage, dorée, heureuse... mais une cage! Maintenant je vois ça de façon très différente. Depuis que je sais que tu m'aimes, je me sens incroyablement libre! Aimer quelqu'un qui t'aime en retour, ça te donne une force, une confiance, comme je n'en avais jamais ressenti! Rien ni personne ne peut plus me faire peur. Je ne vais pas aller lancer le gant à Mike Tyson, ni plonger d'un pont de cent mètres, non, ce n'est pas ça, mais je sais que je peux être moi-même, je n'ai pas besoin de me cacher, de jouer un rôle... Je sais que si je me plante, tu seras là pour moi, tu m'aideras, tu me rassureras, tu me relèveras. Je te suis attaché, comme je ne l'ai jamais été à qui que ce soit d'autre, et, c'est bizarre, être attaché à toi me donne le plus extraordinaire des sentiments de liberté!

— Tu es le roi du paradoxe! Et celui-là me plaît bien, je t'aime Taylor, et moi aussi j'ai envie de rester lié à toi toute ma vie!

— Je t'aime Matt, ça va être une vraie torture d'attendre jusqu'à demain pour te revoir. Raccroche le premier, moi je ne pourrai pas.

— Pas question, toi d'abord!

— Non, toi!

— Allez, on le fait ensemble, 1, 2, 3... j'étais sûr que tu allais tricher!

— Cette fois-ci c'est la bonne, je t'aime Matt, 1... 2... 3...

Je raccrochai le combiné. À la dernière seconde j'entendis le clic produit par le téléphone de Taylor.

J'étais vide tout à coup, sans substance. Seul et vide, presque un pléonasme! Je me pelotonnai au creux de mon lit, me concentrant sur le souvenir de Taylor, son sourire, ses yeux pétillants, son torse, si tendre, et son toucher, ses caresses, pleines d'amour et de douceur. Son souvenir m'excitait, ma main rejoignit mon érection: quel pauvre substitut à ce que Taylor pouvait m'offrir! Deux minutes plus tard j'obtins un soulagement insipide et je m'endormis, empli d'amour

à suivre

Par claudio - Publié dans : LISEZ VISIONNEZ VIDEOS & RECITS FICTIONS FANTASMES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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Dimanche 1 septembre 7 01 /09 /Sep 15:38

PHOTOS SERIES (102)

 

Re: merci ! continue !

Boîte de réception
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ramon
 14:46 (Il y a 50 minutes)
 
Répondre
à moi
j’ai une preference pour les latinos et les blacks
voici un autre beau gosse Rafael Carreras une bite fiere et un cul d’enfer


Le 1 sept. 2013 à 08:28, modeste moussor a écrit :

PHOTOS SERIES (101) Ramon : Thomas synnamon

Salur Ramontu es sur le blog ! 

les "autres gars du site" vont être heureux !

cetop model est merveilleux

merci ! amitiés ! 

à très vite ! 


claudio


Le 1 septembre 2013 03:48, ramon <ramonaix13@orange.fr> a écrit :
salut Claudio
je voudrais juste partager avec les autres gars du sitre ces photos de ce mec sublime qu’est D.O. ( DIONISIO HEIDERSCHEID Thomas Synnamon )

 

 

 

Par claudio - Publié dans : ELOGE DU BAREBACK A BAS LES TABOUS & NOKAPOTE - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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  • Le blog gay de Cavaillon et ses amis prostitués
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  • : BLOG ICONOCLASTE ET GENERALISTE Ca ne suffit pas d'afficher des bites et des baises ce blog est gay sasufipaléfotoPORNO_ifo pensé1p Tu vas dire :" claudio tu copies beaucoup". Oui mais en fait je ne mets que de l'intéressant GAY&BI&NOLIMITS ça vous empêche pas de chercher pr votre compte !
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