Partager l'article ! RENTREE AU LYCEE récit: RECITS FICTIONS (54) romance, amours de jeunesse J'ai choisi ce texte à suivre comme feuille ...
RECITS FICTIONS (54) romance, amours de jeunesse
J'ai choisi ce texte à suivre comme feuilleton de fin des vacances . Bonne lecture. Bisous à tous !
Au 2echapitre notre héros sera paumé...
— Tu es allé un peu trop loin, tu sais, la maison est toujours à la même place, c'est-à-dire 100 mètres derrière toi!
— Oh! Hum...
Je ne me rappelle plus quelle explication j'ai bredouillé.
— Tu avais l'air à la fois pensif et très heureux, tu ne serais pas amoureux des fois?
1.
Le jour où je l'ai rencontré
Le soleil commençait à envahir ma chambre et les rideaux noirs ne lui offraient qu'une résistance symbolique. Ses rayons glissèrent sur mon bureau et léchèrent l'ordinateur avant d'atteindre l'oreiller. La lumière, douce et tiède atteignit ma joue et l'éfleura d'une caresse si légère qu'elle me fit ronronner. La journée promettait d'être belle.
Endormi encore, éveillé déjà, l'instant béni qui vous apporte la maîtrise de vos rêves, qui vous laisse leur donner l'orientation souhaitée. Opération délicate: une pensée trop claire et hop! Le sommeil s'en va, le rêve le suit. Vous voulez la recette? C'est simple:
Créer une image simple, du sable par exemple
La laisser emplir le rêve, en devenir le décor
Puis, faire émerger quelqu'un de l'eau, loin, trop loin pour qu'on puisse en percevoir clairement les traits
Le faire s'avancer vers soi
À mesure qu'il s'approche, laisser le puzzle se mettre en place
Laisser le phantasme associer les pièces que lui dicte votre imagination ou votre mémoire (je privilégie la mémoire: les jambes de Ryan musclées par la course, les abdos de Ted dessinés sur le tatami, les pecs ronds, légèrement saillants, ornés d'aréoles pâles de Brian forgé par la natation, les épaules de...)
Surtout, ne pas penser pas trop vite... ne pas se réveiller... Ce n’est pas le moment
L’image se précise... il est beau, excitant il se penche pour t’embrasser...
DRRRRRRRRRRRING!!!!!!!!
Merde! Merde! Merde! Pourquoi cette saloperie de réveil doit-il toujours sonner au moment où il devrait rester silencieux? À en devenir parano! Croyez-moi, je suis un opposant résolu à la peine de mort. Mais, si je tenais celui qui a inventé le réveil, celui qui a commis ce crime majeur contre l’humanité... je serais le premier à utliser la guillotine. Une femme! Seule une femme a pu inventer cet engin du diable!
Après un passage obligé, quasi rituel, par la salle de bain pour satisfaire aux exigences physiologiques de base et enfiler une robe de chambre, j'entrai dans la cuisine. Ma mère, debout, faisait cuire quelques œufs sur le plat. Cuire? En fait il serait plus honnête de dire qu'elle était en train de les réduire consciencieusement à l'état de charbon, comme toujours d'ailleurs le jour de la rentrée. Ça doit être une pathologie de l'instinct maternel, un complexe récurrent! Tous les ans, ma mère veut faire du jour de la rentrée un jour mémorable, louable intention. Elle prépare donc un petit-déjeuner spécial pour toute la famille. Mais comme elle entretient, le reste du temps, une relation des plus distantes avec la cuisine, son expertise laisse beaucoup à désirer, et le petit-déjeuner de la rentrée, est le pire de l'année!
— Salut fiston, comment ça va?
— Salut m'man ça va bien, on ne peut pas en dire autant des œufs...
— Ooooh! pourquoi tu ne l'as pas dit plus vite? Ils sont fichus maintenant! Qu'est-ce qu'on va manger? Je suis désolé Mattiew (c'est moi, excusez-moi, j'ai oublié de me présenter), tu me pardonnes?
— Bien sûr je te pardonne, comme tous les ans! Tu sais bien que je t'aime pour ce que tu es, pas pour tes œufs... Ou plutôt malgré tes œufs!
— Ne soit pas méchant avec ta mère et donne-lui un bisou, dit-elle en me tendant une boîte de céréales. Content de retourner à l'école?
— Ouais! D'autant plus content que c'est la dernière année avant d'aller à la fac. Je suis tellement pressé d'y être, enfin libre, et plus traité comme un gamin!
— Si pressé de nous quitter? demanda ma mère.
— Non mman, c'est pas vraiment ça, tu sais bien que je vous aime tous ici, et je sais que j'ai besoin de vous. Ça m'est égal d'être traité comme un gosse à la maison... n'en abuse pas quand même, mais, à l'école, je le supporte de plus en plus mal.
— Salut mman, salut frérot.
— Salut Lucia, répondis-je.
C'est ma sœur, 16 ans, juste un an de moins que moi et plutôt bien fichue si ça vous intéresse.
— Comment ça va? de beaux rêves?
— Super, je croyais qu'on avait encore 2 semaines de vacances... Le rêve... génial, mais le réveil... chiant!
— Lucia s'il te plaît! interrompit ma mère.
— Excuse-moi m'man, réveil très désagréable. Et toi?
— Pareil mais sans rêve du tout.
Je me voyais en effet assez mal leur expliquer celui qui m'avait si agréablement chatouillé les neurones au petit matin!
— Alut l'f'mille, marmonna mon père.
Les cordes vocales sont toujours la dernière chose à se réveiller chez lui, et il est à peine compréhensible avant son premier café.
— Oh, dit-il, s'adressant à ma mère, petit-déj spécial rentrée je parie!
— Pas d'ironie facile s'il te plait, répondit-elle. Remets-moi plutôt un peu de café ou je sens que je vais déprimer toute la journée! Comment allez-vous à l'école ce matin les enfants, vous voulez qu'on vous conduise?
— Merci mais je préfère marcher, dis-je. Ça me donnera plus de temps pour m'habituer à l'idée que les vacances sont terminées.
— Bonne idée, je peux t'accompagner? demanda Lucia.
— Bien sûr!
— D'accord, en plus ça te donnera une occasion de te rapprocher de Cathy. Hier elle me disait combien elle était excitée à l'idée de retourner à l'école, et je pense que la perspective de revoir un jeune mâle que je connais bien n'est pas étrangère à cette excitation!
— Qu'est-ce que vous manigancez dans mon dos? Est-ce que tu es en train d'essayer de me caser avec la première sa...
— Matt! coupa ma mère.
— Hum, avec la première barbygirl hystérique venue, incapable d'utiliser plus de 3 mots: Hiiiiiiiii, Haaaaaaaa et Wahou!
Le morceau de pain qu'elle me lança à la tête me rata d'un bon mètre, bien réveillé mes réflexes sont excellents. Sous la douche je souriais encore de ce qui venait de se passer avec Lucia. J'aime la taquiner et elle me le rend bien. Parfois le ton monte un peu et les parents se sentent obligés d'intervenir. Il arrive même que nous boudions un jour ou deux, mais ça ne dure jamais plus longtemps. Quand j'étais plus jeune, j'aurais préféré avoir un frère. À 10 ans, jouer avec une fille...! Dieu merci les choses ont évolué de façon très positive, et notre relation est excellente. Nous parlons beaucoup et je n'ai pas de secret pour elle (mis à part mon plus gros mais ça!). Je l'aime énormément et je suis sûr que c'est réciproque.
Après la douche, je choisis avec soin les vêtements du jour, je ne cherchais pas particulièrement à faire chic mais enfin... Qui sait? On peut toujours rencontrer quelqu'un à qui on aurait envie de faire bonne impression?
Ceci dit je ne pense pas être très impressionnant, jugez vous-mêmes: 1m81, 70 kg, les cheveux châtain-blonds mi-longs et les yeux bleus. Pas le bleu perçant, juste un bleu ordinaire. Pommettes hautes et nez droit. Pas le moindre poil sur le torse, quelques-uns sur les jambes et un joli buisson dans la partie médiane. Pas mal! Pas de quoi faire fuir, mais rien non plus pour attirer irrésistiblement!
Au bas de l'escalier Lucia émit un petit sifflement
— Whoa, on dirait que tu t'es préparé pour le rencard du siècle. Cathy va en être dingue, surtout si elle pense que c'est pour elle que...
— Lucia, s'il te plaît, arrête de me charrier! Et ne donne pas à Cathy d'espoirs impossibles, je l'apprécie assez pour ne pas avoir envie de la décevoir.
— D'accord, d'accord, j'arrête. On y va?
— Salut les parents et merci pour le petit-déj, on s'en souviendra longtemps!
— Filez avant que je ne mette en colère, et bonne journée quand même! répondit ma mère.
Dehors la lumière était très douce. J'aime la lumière du matin. C'est une lumière d'aquarelle. Elle adoucit les formes et les couleurs. Pas comme la lumière agressive de l'après-midi, qui révèle tout, accentue tout, même ce qui aurait mérité plus de discrétion.
— Matt, c'est pas pour t'embêter, mais pourquoi est-ce que tu repousses toujours Cathy? Je ne comprends pas, elle est vraiment belle, plutôt intelligente et sympa. Tu donnes l'impression d'apprécier sa compagnie. Tu sais qu'elle a le béguin pour toi depuis toujours et, pour autant que je sache, tu es libre. Qu'est-ce qui ne va pas chez elle?
— Rien, rien de particulier avec elle, c'est pas mon type, c'est tout!
— Alors c'est quoi ton type? Ou plutôt qui? Tu as quelqu'un en tête?
— Hum?
— Je le savais, je le savais! C'est qui? Je la connais? Elle est dans notre école? Dans ta classe? Tu ne peux pas me cacher ça, à moi, moi ta sœur unique et préférée. Dis le, je te jure que je n'en parlerai à personne !
— Sois pas idiote, il n'y a personne et ça risque de rester encore comme ça un bon moment. Ce n'est pas ma préoccupation du jour. Peut-être qu'un jour je rencontrerai quelqu'un, quelqu'un qui compte vraiment alors, là, je te jure que tu seras la première à savoir.
— Je ne suis pas vraiment convaincue. Je crois que je vais quand même mener ma petite enquête, c'est pas que je n'ai pas confiance mais...
— Tu ferais mieux de t'occuper en priorité de la tienne de vie sentimentale! Qu'est-ce que devient... Éric?
— Je crois que cette année c'est gagné. L'an dernier, il est sorti avec quelques filles sans intérêt, mais c'était juste un entraînement, une façon de se préparer... pour moi!
— Tu es incroyable, répondis-je en riant. Mais je suis sûr qu'une telle confiance ne peut qu'être récompensée et que ça va marcher pour toi, si je peux être utile...
— Salut Lucia, salut Matt.
Cathy venait de nous rejoindre. Lorsqu'elle m'embrassa son baiser fut, comme d'habitude, plus long et humide qu'il n'aurait dû.
— Je vous présente mon cousin Taylor. Il vient juste d'emménager dans le quartier, la semaine dernière et il va dans le même lycée que nous.
J'ai cru que j'allais exploser. Vous connaissez le loup des dessins animés de Tex Avery, et ce qui lui arrive lorsqu'il découvre Betty Boop: la mâchoire qui s'effondre jusqu'au trottoir, les kilomètres de langue qui se déroulent, les yeux qui jaillissent, les oreilles qui fument... Et bien, je ne pense avoir été à ce point démonstratif, mais je suis sur d'avoir intérieurement ressenti ce que pouvait ressentir le loup. Comment aurait-il pu en être autrement d'ailleurs? Devant moi, à moins de deux mètres, la plus belle créature qu'il m'ait été donné de rencontrer. À peu près 1m75 d'une silhouette mince et forte à la fois. Un visage à l'ovale parfait, percé de deux immenses yeux verts, magnétiques, presque hypnotiques. Sa peau, très pale, avait un grain d'une finesse extrême que l'adolescence avait totalement épargné. Je ne sais comment j'ai résisté à l'envie que j'avais de l'embrasser. Jamais je n'avais autant ressenti l'injustice des règles sociales qui autorisent les filles à embrasser des gens qu'elles connaissent à peine, et l'interdit aux garçons, même lorsqu'ils se connaissent très bien. Quelle connerie!
Tenir sa main m'a fait frissonner. Alors je l'ai gardée, comme si nous étions collés l'un à l'autre. Il mit un peu plus d'énergie dans son mouvement, comme s'il cherchait à se dégager. Je l'ai lâché.
— Et toi ton nom c'est...?
Quelle voix! Une chanson, je suis sûr que je pourrais passer des heures à l'écouter. Il faut absolument que je pense à apporter un magnéto demain, avec une telle musique dans les oreilles le soir pour s'endormir, les rêves les plus merveilleux sont garantis!
— Et toi ton nom c'est...?
— Oh! Désolé, Mattiew, mais tout le monde m'appelle Matt. Bienvenue dans le quartier. Excuse-moi, je ne suis pas vraiment réveillé, je suis toujours un peu lent le matin, répondis-je, bafouillant et rougissant furieusement.
Et merde, je pensais en moi-même, je suis en train de passer pour un idiot devant ce mec!
— Tu es dans quelle classe? me demanda-t-il.
— Vous êtes tous les deux en terminale, répondit Cathy, Vous serez peut-être dans la même classe. Ça serait super pour toi d'être avec Matt parce qu'il connaît à peu près tout le monde dans l'école.
— Tu es une vedette? dit-il en souriant
— Non, pas vraiment, en tout cas pas comme les meilleurs sportifs ou les meilleurs musiciens de l'école. C'est vrai que je connais tout le monde, mais je n'ai pas grand mérite, je n'ai jamais déménagé, alors je connais la plupart d'entre eux depuis qu'ils ont 6 ou 7 ans et les autres je les ai vus arriver ! En plus tu verras, c'est un petit lycée, on est à peine 500, c'est donc pas si difficile que ça de connaître tout le monde ou presque.
— Sois pas si modeste, dit Cathy. Tu n'es peut-être pas une star, mais tout le monde te connaît et tout le monde t'aime bien parce que tu es intelligent et super mignon, et tout le monde a envie d'être pote avec toi parce que de tous les mecs mignons et intelligents, tu es le plus sympa. T'es tellement sympa que je suis sûre que tu n'as jamais fait de mal à qui que ce soit... en tout cas jamais volontairement.
Elle murmura à peine la dernière phrase.
Je crois que ce jour-là j'ai inventé un nouvelle teinte de rouge. Comment réagir à une telle déclaration?
— Merci pour le compliment? Même s'il n'est pas vraiment mérité.
Puis, à l'intention de Taylor j'ajoutai:
— Ne la crois pas trop quand même, ce qu'elle dit prouve que j'ai au moins une véritable amie, et les amis ne sont jamais bons juges.
Il sourit et nous reprîmes notre marche vers le collège. La conversation portait sur nos derniers jours de vacances, ce que nous avions fait, où nous étions allés, qui nous avions rencontré,... Tous ces trucs pas vraiment passionnants mais si utiles pour retisser l'amitié après quelques jours ou quelques semaines d'éloignement. J'étais absolument fasciné par Taylor, sa silhouette, son visage, sa voix, son rire, ses sourires, ses mouvements... J'essayais désespérément de me concentrer sur le sujet de la conversation, mais, si près d'un ange, j'avais du mal à rester en contact avec le monde réel.
Ce jour devait être béni des Dieux (oui, pluriel, parce que pour être à ce point généreux, un seul ne pouvait suffire!): nos emplois du temps étaient presque identiques, mis à part les courts de maths et d'éducation physique. J'étais d'abord très contrarié de ne pas être avec lui en EP, puis, après réflexion, je me suis dit que c'était peut-être préférable, que garder le contrôle dans les vestiaires ou sous la douche aurait peut-être été trop difficile!
Sur le chemin de notre premier cours (histoire) je le présentai à la plupart des élèves que nous croisions.À chaque fois j'essayais de faciliter le contact en indiquant des sujets d'intérêt qu'ils pouvaient avoir en commun. C'est là que je me suis rendu compte que j'avais pas mal mémorisé ce qu'il m'avait dit jusqu'alors, c'était presque comme si je le connaissais depuis toujours: à Tim je l'ai présenté comme un joueur de foot, à Dorothy comme un fan de cinéma fantastique, à Ben comme un joggeur, à Andy comme un lecteur accroc' de science-fiction...
Dans la classe, assis à ma gauche, il me regarde silencieusement quelques secondes.
— Tu n'es peut-être pas une vedette, mais on dirait que tout le monde en est une pour toi! Tu les connais tous tellement bien, c'est incroyable! Je vais finir par croire que Cathy avait raison, continue comme ça encore quelques années et c'est toi qui choisiras le mobilier de l'Elysée!
Je ris et rougis une fois de plus. L'entrée de notre professeur, Mme Salinger, me donne une bonne raison de rester silencieux.
— Bonjour à tous, dit-elle en s'asseyant devant son bureau.
Elle était petite, plutôt jolie (pour autant que je puisse être juge en matière de beauté féminine) elle devait avoir une trentaine d'années. Je la connaissais bien, je l'avais déjà eue comme prof deux ans plutôt et je l'appréciais beaucoup. Avec elle l'histoire devenait un enchaînement d'évènements captivants, et manquer un de ses cours revenait à rater un épisode d'une de vos séries préférées! Bon, je pousse peut-être un peu! Mais, il y avait de ça dans sa manière d'enseigner. Elle sourit et s'adressa à Taylor.
— Alors voilà le nouvel élève, bienvenue Taylor! J'espère que vous aimez l'histoire?
— Oui madame.
— Très bien, nous devrions bien nous entendre alors! Bon, cette année je suis un peu paresseuse, je n'ai pas très envie de travailler, alors je me suis dit que ce serait votre tour.
Elle posa un petit sac de papier sur le bureau;
— Dans ce sac il y a vos noms écrits sur de petits carrés de papier et sur cette liste, - elle tendit la feuille de papier qu'elle tenait à la main - il y a autant de de sujets d'exposés que vous êtes d'élèves dans cette classe. Les sujets seront traités dans l'ordre figurant sur cette liste, à raison d'un exposé tous les lundis matins, ce qui me permettra de mieux profiter de mes week-ends, ajoute-t-elle avec un léger sourire. Comme je ne veux pas être trop cruelle, le premier exposé n'est pas à faire pour lundi prochain mais pour dans trois semaines. Pour être absolument impartial, c'est le sort, et lui seul qui décidera de votre ordre de passage. Taylor, voulez-vous venir ici s'il vous plait. Comme vous êtes nouveau je vais prétendre que votre main est innocente, je connais suffisamment bien les autres pour savoir que les leurs ne le sont pas !
Taylor s'approcha
— Prenez unn papier et donnez nous le nom de l'heureux gagnant.
Il prend un papier et lit:
— Matthew.
— Félicitations Matthew, vous venez d'accéder au privilège de nous parler du combat pour les droits civiques, de la fin du premier empire à la Commune de Paris
"Oh c'est pas vrai!" me dis-je intérieurement. "Trois semaines pour un tel boulot!"
Taylor revint 5 minutes plus tard et chuchota
— Désolé de t'avoir mis en première place.
— T'en fais pas, tu n'y es pour rien. Et de toute façon c'est toujours comme ça. Chaque fois que le hasard doit désigner quelqu'un pour une corvée, tu peux être sûr qu'elle est pour moi. C'est peut-être pour ça que je suis populaire en fait!
Il émit un gloussement amusé et sourit. Quel sourire! Juste un comme ça par jour et mon bonheur est garanti pour le siècle à venir.
La journée se déroula tranquillement sans événement notable. Taylor et moi passions de classe en classe, toujours ensemble. Nous bavardions beaucoup et je continuais de le présenter à autant de personnes que possible.
Après le dernier cours, sur le chemin du retour, nous étions encore côte à côte. Je marchais très lentement, désireux de repousser le moment de la séparation. Nous nous sommes arrêtés devant sa porte tout en continuant d'échanger quelques mots. Je finis par lui tendre la main. Je ne voulais pas partir, je ne voulais pas me séparer de lui, mais en même temps je ressentais tellement le besoin de le toucher que la poignée de main devenait urgente. Il prit ma main et me fixa un instant.
— Merci d'avoir été si sympa aujourd'hui. C'est mon premier jour dans cette école et pourtant j'ai l'impression d'y être déjà depuis des années.
Il tenait toujours ma main.
— Il y a au moins 25 personnes qui m'ont dit au revoir ce soir, c'est plus que je n'en ai jamais entendu dans ma vieille école. J'y étais pourtant depuis 5 ans!
Ma main tenait toujours la sienne.
— Merci beaucoup.
— Je ne sais pas ce que ça fait de déménager, de se retrouver dans un endroit nouveau, avec des têtes nouvelles, sans ses amis,... Je pense qu'on doit être un peu seul. Je voulais juste que tu te sentes le bienvenu. Et puis ça m'a fait plaisir, tu es tellement... tellement...
Qu'est-ce-que tu fous Matt, qu'est-ce que tu es en train de lui dire? Calme-toi! Vas-y doucement! Prends une douche froide, ou glacée même! Je repris en bégayant:
— Tu as un contact tellement facile. Je sais que tout le monde t'aimera, ou t'aime déjà.
Va pas trop loin, ne brise pas le rêve! S'il comprend tes grossiers sous-entendus il va t'envoyer promener, ou il va se sauver. Ne perds pas le contrôle, corrige ce que tu viens de dire et vite fait s'il te plait... Mes neurones tournaient à toute allure, frolaient la surchauffe
— J'ai repéré deux ou trois filles qui semblent tout à fait intéressées!
Il ne réagit pas, il se conenta d'ajouter:
— J'espère que je te verrai à l'école demain?
— Bien sûr, et si je te prenais au passage, à 7 heures et quart?
— Génial!
— OK, à demain alors !
— Oui, à demain. Est-ce que... est-ce que je peux récupérer ma main?demanda-t-il, prêt à éclater de rire.
— Oh! bien sûr, je ne faisais pas attention, désolé, désolé, je...
— Pas de problème, à demain.
Il se retourna et entra dans la maison.
Les quelques centaines de mètres qui me séparaient de chez moi, je ne les ai pas faits sur le trottoir, mais sur un nuage qui avait dû être déposé là dans l'après-midi par je ne sais quel service municipal. Je flottais. Dix fois j'ai failli mettre la main droite dans ma poche, ou l'utiliser pour attraper les sangles de mon sac à dos, dix fois je me suis arrêté. Je ne voulais pas effacer la douceur de son toucher au creux de ma paume. Je voulais garder cette chaleur, cette odeur, dont je pouvais encore sentir la fragrance, si légère, si précieuse.
Je voulais sauter, rire. Je n'arrivais pas à réprimer le sourire qui m'envahissait le visage. J'ai même remarqué quelques piétons qui fronçaient les sourcils, réprobateurs, comme si une telle joie de vivre frisait l'indécence. Je m'en fichais. J'étais si heureux! Je venais de rencontrer le plus fabuleux garçon du monde. Nous venions de passer une journée entière ensemble. Et il pensait qu'il me devait quelque chose! C'est moi qui lui devais la plus belle tranche de bonheur que j'eusse jamais dévorée. J'étais heureux, heureux...
Je ne pensais pas vraiment, je ressentais simplement ce moment extraordinaire, je le laissais m'emplir.
— Matt!
Rien n'avait d'importance à ce moment, nous venions de passer une journée ensemble et il voulait me revoir demain.
— Matt!!!
J'aurais été capable de faire demi-tour et de rester, planté devant sa porte, à l'attendre, jusqu'à demain.
— Matt!!!!!!
Je fus tellement surpris de sentir une main accrocher mon épaule que je faillis tomber. C'était mon père.
à suivre
nb les photos sont fake ryan kwanten / drew fuller
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