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C'est parce qu'on a renoncé, vaincus, à lutter contre les réseaux qu'on s'en prend à la prostitution libre.
Antoine dénonce l'"hypocrisie" sur la prostitution dans son album Demain loin (Polydor/Universal)
il a enregistré une chanson militante et hédoniste à la fois, Les Arts du lit, dans laquelle il affirme ses
convictions en faveur de la dépénalisation de la prostitution – "Y’a des refroidis qui voudraient fermer ma petite rue/Dites-moi de quel droit/Alors que Jésus Christ lui-même avait/Une amie
qui faisait ce métier-là".
Le thème le passionne depuis des années, au point qu’il a pris la plume et publie, en même temps que son nouveau disque, un essai méticuleusement
argumenté, Délivrez-nous des dogmes, dans lequel il s’en prend à un certain nombre d’idées préconçues – de l’immuable orthographe du français aux tabous sur la nudité. Un idéal libéral
et libertaire qui rappelle beaucoup un jeune homme qui, des années avant Mai 68, chantait des désirs et des aspirations tout neufs. Il n’a donc pas changé.
Antoine Demain loin (Polydor/Universal) 2012
Antoine Délivrez-nous des dogmes 1 livre (Editions Léo Scheer) 2012.
AFP - En 1966, il réclamait "la pilule en vente dans les Monoprix". Le chanteur Antoine s'attaque aujourd'hui
à "l'hypocrisie" entourant la prostitution et plaide en faveur de la "légalisation du travail du sexe", dans un livre et un nouvel album, le premier depuis 25 ans.
Au début de l'année, l'auteur des "Elucubrations" avait publié une tribune dans Le Monde dans laquelle il revendiquait la "légalisation des +arts
du lit+".
Il revient sur le sujet dans une des chansons de son nouvel album "Demain Loin" (Polydor/Universal), dans les bacs lundi, et développe son point
de vue dans un livre "Délivrez-nous des dogmes" (éd. Léo Scheer) à paraître le 7 novembre.
"C'est un métier que je connais depuis toujours, j'ai beaucoup d'amis qui font ce métier-là. J'ai beaucoup de sympathie et de respect pour eux car
je crois que c'est une activité qui apporte beaucoup de bonheur à des gens qui n'ont pas d'autre solution," explique le chanteur de 67 ans à l'AFP.
"Faire l'amour, c'est bien. Gagner sa vie, c'est bien. Pourquoi les deux ensemble, ce serait mal ?", interroge-t-il.
"Le commerce de l'amour a été pour des raisons injustes assimilé à un fléau, comme s'il était entièrement victime de
mafias, mais je pense que ce n'est pas vrai", ajoute-t-il, sans nier pour autant l'existence de
réseaux de traite des êtres humains.
Le chanteur accuse la France de "dogmatisme" sur le dossier, citant l'exemple de la Suisse, de l'Allemagne, de la Nouvelle-Zélande ou de
l'Australie.
"Aucune des solutions adoptées dans ces pays ne sont parfaites, mais toutes valent mieux que l'hypocrisie. Chasser les gens de plus en plus loin
dans les bois, c'est là qu'ils sont à la merci des mafias", estime le chanteur.
"Il faudrait non seulement supprimer la loi sur le racolage et ne surtout pas priver les prostituées de leurs clients, mais au contraire aller
plus loin, libérer aussi ce qui s'appelle le proxénétisme de soutien, c'est-à-dire qu'elles puissent se trouver un appartement, exercer en sécurité", estime-t-il.
La prostitution n'est pas le seul sujet de société qu'aborde Antoine dans son nouvel album. Il y plaide également pour la dépénalisation du
cannabis à des fins médicales.
"Je ne suis pas un politicien revendicateur, mais l'hypocrisie c'est ce qui me déplaît le plus et qui fait le plus de mal aux gens",
dit-il.
S'il estime que le cannabis n'est "pas plus nocif que l'alcool", Antoine avoue être "moins concerné" par le sujet, car fermement réticent à l'idée
de "mettre de la fumée dans (ses) poumons".
Le Point.fr - Publié le 14/11/2013 à 16:34 - Modifié le 14/11/2013 à 17:33
Alain Souchon, Catherine Deneuve, Thomas Dutronc... Une soixantaine de célébrités ont signé une pétition contre la pénalisation des clients.
Le chanteur est contre la pénalisation des prostitué(e)s et de leurs clients. © FRANCOIS GUILLOT / AFP
Florence Arthaud, Alain Souchon,
Mickey 3D, Mireille Darc, Chantal Goya, Raphael, Thomas Dutronc, Catherine Deneuve ou encore Line Renaud... De nombreuses célébrités ont
signé la pétition initiée par leur ami chanteur et navigateur Antoine (Pierre Antoine Muraccioli de son vrai nom), contre la proposition de loi porté par le Parti socialiste qui prévoit la
pénalisation des clients de prostitué(e)s.
Une soixantaine de femmes et d'hommes, dont de nombreuses stars, ont accepté, "souvent avec enthousiasme", d'approuver une formule que le chanteur
des "Élucubrations" avoue avoir mûrement réfléchie : "Sans cautionner ni promouvoir la prostitution, nous refusons la pénalisation des gens qui se prostituent et de ceux qui ont recours à leurs
services, et nous demandons l'ouverture d'un vrai débat sans a priori idéologique."
Un Français sur cinq pour une amende aux clients
Les signataires ne s'engagent que sur cette simple phrase, mais le combat d'Antoine va plus loin. Tout en affirmant que le premier devoir de
l'État doit être de lutter contre la traite des êtres humains, il lutte pour qu'on "l'on rende aux personnes qui se prostituent les mêmes droits qu'aux autres travailleurs."
Le chanteur, danseur, réalisateur de films et navigateur a 69 ans. Il ne ne s'est toujours pas coupé les cheveux et arbore toujours une barbe de
naufragé. Mais il ne faut pas fier à son look. Ce centralien connaît bien son sujet et se lance avec précision dans la bataille des statistiques. Il s'insurge contre "les chiffres de
convenance", notamment l'affirmation selon laquelle 90 % des prostituées seraient "contraintes".
Reprise par la ministre des
Droits des femmes, Najat Vallaud-Belkacem, "et la plupart des associations abolitionnistes", cette estimation est fondée selon lui sur le nombre de personnes verbalisées dans la rue, en
majorité des étrangères, car elles sont arrêtées prioritairement par la police. Elle "oublie les autres formes de prostitution, comme celles qui existent par exemple sur Internet, et sur
lesquelles il n'existe aucune statistique", souligne Antoine, qui ajoute que le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales met clairement en doute ces données. Et rappelle également
qu'un Français sur cinq se prononce pour une
amende aux clients.
"Les vrais ennemis"
Dans sa ligne de mire, "les associations opposées de manière dogmatique à la prostitution". "En France, dès qu'on parle des prostituées, on nous
dit que l'immense majorité d'entre elles sont victimes des mafias. Mais aucun chiffre réel n'existe", déplore-t-il. Il regrette que les articles et les rapports qui servent de base à la
préparation de normes sur la question "s'appuient plus sur des cas d'espèce que sur des études scientifiques, qui devraient interroger 200, 300 prostituées". Il pointe du doigt la mission d'information parlementaire réalisée sous la houlette du député Guy
Geoffroy comme le groupe de travail de Maud Olivier, "qui partent du principe contesté que toute prostitution est une violence". Pour lui, "se battre contre la prostitution non contrainte,
c'est dissiper en vain de l'énergie qui devrait être consacrée à la lutte contre le véritable proxénétisme de contrainte et la traite des êtres humains, les vrais ennemis".
Antoine, qui revendique de nombreux amis prostitués, considère qu'il s'agit d'un véritable corps de métier. "Il y a des personnes qui exercent
depuis trente ou quarante ans et qui ont des habiletés spéciales, une véritable expertise." Mais il sait aussi faire la part des choses : "On ne va pas créer des BTS fellation ou proposer cette
profession à Pôle emploi. Il suffit de créer des lois intelligentes."
S'il défend les prostitué(e)s, il défend également leurs clients. Lui qui garde un souvenir ému du jour où, sur l'invitation de son éditeur
italien, une Napolitaine l'avait câliné, pendant que, dans la même chambre, une Romaine s'occupait de Claude François, estime que "les clients ne sont pas des névrosés". Il déplore que les
seuls qui sont interrogés soient issus des mouvements abolitionnistes. Il s'insurge contre le Tumblr Parole de clients, qui réunit
selon lui des commentaires soigneusement sélectionnés sur des sites d'escort : "Ces témoignages ne reflètent pas la réalité. Sur les sites internet concernés, il y a un commentaire déplacé pour
trente commentaires respectueux", explique-t-il. Pour lui, les prostituées répondent à "un besoin de gens qui cherchent un instant de bonheur et surtout de la considération".
"J'ai de la compassion pour elles"
À part quelques prises de position en faveur de l'écologie, Antoine est peu coutumier des engagements politiques : "Depuis mon bateau, j'ai vu se
succéder au pouvoir Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy et Hollande. Je ne m'étais pas engagé depuis 1966, quand je réclamais la pilule dans les Monoprix." Mais alors, pourquoi embrasse-t-il
cette cause et pas la lutte contre le sida, ou la faim dans le monde, ou en faveur du sort des Roms ?
"J'ai de la sympathie pour celles et ceux qui exercent ce métier. J'aime les prostitué(e)s comme des frères ou des soeurs, j'ai de la compassion
pour ces personnes comme pour tous ceux qui souffrent." Mais comment réagirait-il si un de ses enfants épousait la profession ? "Si c'était son choix, je lui conseillerais de choisir plutôt un
autre métier, moins stigmatisé, mais je préférerais qu'il soit travailleur du sexe dans un univers légal et protégé comme en Suisse, en Australie ou en Nouvelle-Zélande plutôt que de travailler
au fond d'une mine, par exemple."
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