Mercredi 14 juin 3 14 /06 /Juin 14:01

    et ils se le sont cherché : on va trouver toutes sortes de raisons, de prétextes, d'excuses....de rambins....mais ils sont condamnables dans ce post nous publions le NOUVELOBS in extenso et sans retouches car c'est un terrain miné   

http://tempsreel.nouvelobs.com/rue89/rue89-nos-vies-connectees/20140912.RUE5651/se-decouvrir-pedophile-a-15-ans-et-tout-faire-pour-en-rester-la.html

    « Virtuous Pedophiles » (« Les pédophiles vertueux »), où se côtoient environ 400 personnes de toutes les nationalités. Les membres du groupe portent un regard commun sur leur sexualité : condamnation sans ambiguïté de l’abus sexuel et de la pédopornographie.

                         

                    Adam ferait donc partie de cette population de pédophiles non-agresseurs, connue des professionnels. Il a été contacté par le journaliste via le forum américain « VirPed » pour « Virtuous Pedophiles » (« Les pédophiles vertueux »), où se côtoient environ 400 personnes de toutes les nationalités. Les membres du groupe portent un regard commun sur leur sexualité : condamnation sans ambiguïté de l’abus sexuel et de la pédopornographie. Sur ce forum privé, ils s’entraident à tenir cette ligne.

La publication de l’article américain a eu un fort impact, Adam ne souhaite plus communiquer. Mais les modérateurs du forum ont accepté de me laisser entrer et deux Français ont bien voulu me rencontrer.

Il est impossible d’avoir la garantie que ces deux jeunes hommes n’ont jamais agressé ou n’agresseront jamais des enfants. Mais, ce que j’ai vu d’eux ne me laisse, personnellement, aucun doute sur leur honnêteté.

Rencontre sur une pelouse vide

Les premiers messages de Bastien (les prénoms ont été changés), 21 ans, m’ont saisie  : étudiant en BTS, il avait peur de me parler, des risques que cela impliquait, tout en en ayant extrêmement envie. Il faisait des listes très franches de pour et de contre. Dans la colonne des « pour », son besoin de témoigner, l’aveu d’être flatté. Dans ses messages, il écrivait « p. » pour « pédophile ».

Au bout de quelques jours d’échanges, il a accepté de me voir, un soir, après les cours. Bastien vit dans l’est de la France, une ville moyenne. C’est un grand brun qui a une démarche d’oiseau (il se soulève en marchant). Lors de la première rencontre, nous avons mis trente minutes à retrouver sa voiture à cause de son stress et de sa confusion.

Par prudence, il aurait manifestement préféré me voir chez lui, porte et fenêtres fermées. Pour des questions pratiques, nous avons finalement discuté dans un parc public, au milieu d’une pelouse vide. Pendant ces deux premières heures ensemble, il a demandé à changer de place une fois : deux hommes s’étaient assis dans son champ de vision.

Se sentant enfin en sécurité, un flot de paroles a jailli de lui, ponctué de « qu’est-ce que je voulais dire encore ? ». Assis en tailleur, il arrache de l’herbe, il a soif, sa lèvre inférieure tremble légèrement et au fur et à mesure de l’entretien, ses yeux rougissent de fatigue.

Savoir qu’on est pédophile à 15 ans

Bastien est issu d’une famille banale, de classe moyenne. Voici comment il s’est rendu compte de sa pédophilie :

« A 6 ans, je me souviens que je me déshabillais déjà dans ma chambre et je fantasmais à l’idée que mes jouets m’attachent et me chatouillent. J’ai commencé à aller chez le psy en sixième. A l’époque, je souffrais d’une forte anxiété, une timidité excessive et j’avais des tocs et des manies. Mes fétichismes divers et variés commençaient aussi à être de plus en plus présents, ce qui m’inquiétait. Une attirance pour les pieds et l’idée d’être attaché et chatouillé, sans en comprendre vraiment l’aspect sexuel. Plus tard, j’ai compris en commençant à taper des mots-clés sur YouTube pour me masturber. “Pieds”, “chatouilles”. A l’époque, l’attirance pour les garçons prépubères ne m’inquiétait pas encore, parce que j’avais l’âge de ces garçons. Quand j’ai eu 14 ans, j’ai commencé à avoir un physique de moins en moins délicat, j’ai vu des poils apparaître partout. J’avais envie de garder le physique de mes 12 ans, encore que je n’avais pas l’apparence et la grâce des garçons que j’aimais bien. Mais l’été de mes 15 ans, le décalage est devenu un sujet préoccupant. Je me souviens avoir dit à mon psy que je croyais être pédophile. Il m’a répondu quelque chose du genre, “tu ne peux pas savoir, tu n’as pas expérimenté”. Je n’étais pas d’accord avec lui. J’ai arrêté de le voir peu après. Aujourd’hui, j’ai 21 ans. Je suis attiré prioritairement par les garçons de 10 à 14 ans de type androgyne. Le jeune chanteur de Tokio Hotel, à l’époque de la sortie de leur premier album, me plaisait quand j’étais plus jeune. Maintenant, j’aime les garçons plus sobres et avec les cheveux longs. Je n’ai pas d’exemple de “ beauté fatale ” en tête. Mes fétichismes de pieds et d’attaches sont restés. C’est ce que je fantasme de faire avec des enfants, en priorité. Les organes génitaux et la pénétration sont secondaires. En plus, vers 17 ans, j’ai commencé à m’intéresser au BDSM (Bondage-domination-sadisme-masochisme). Je préfère imaginer ça aussi avec des enfants, mais je peux trouver du plaisir à regarder des vidéos qui mettent en scène des adultes. Je ne suis pas ou peu attiré par les corps adultes, donc il me faut des scènes trash. Je ne focalise pas sur un seul truc et c’est une vraie chance, une porte de sortie pour moi. Les pédophiles dits exclusifs, qui ne s’intéressent qu’aux parties génitales des enfants, sont dans une situation beaucoup plus difficile et frustrante que moi. »

« Les enfants que je fantasme n’ont rien à voir avec la réalité »

Avec la prise de conscience est arrivée la dépression. Bastien a fait une « grosse crise » au lycée et il est retourné chez le psy. Il a aussi commencé à prendre des antidépresseurs à haute dose.

Bastien dit qu’il y a un long chemin à faire, quand on est si jeune et si seul, avant de savoir ce qu’on va faire de ces fantasmes.

Où chercher de l’aide ? Toutes les plateformes qui prônent l'abstinence et l'arrêt de la pédopornographie sont en langue anglaise. Le forum pro-contact La Garçonnière est l'unique lieu d'accueil sur le Web pour les jeunes pédophiles français qui aiment les garçons. En France, il existe également l'association L'Ange bleu, qui vient en aide aux victimes d'abus sexuels et aux pédophiles. Mais sans faire de généralités parce que d'autres ont eu une meilleure expérience, Bastien et Alphonse, qui sont tous les deux entrés en contact avec elle, n'y ont pas trouvé l'aide qu'ils espéraient. « Autour de mes 16 ans, j’ai été sur des forums de pédophiles pro-contact, ce sont des gens qui militent pour l’abaissement de l’âge légal pour les relations sexuelles [lire encadré ci-contre]. Ça a semé le doute, j’ai émis l’hypothèse que les rapports n’étaient pas si mal, que si ce n’était pas accepté dans la société d’aujourd’hui, c’était peut-être simplement une raison de culture, d’opinion, et non pas quelque chose d’évident, de naturel. Mais ensuite, je suis revenu dans le droit chemin. Je préfère parler d’abus sexuel et non pas de passage à l’acte. Le passage à l’acte laisse sous-entendre que l’acte est forcément en nous, sur le point de sortir. L’abus sexuel, je ne le souhaite pas. Je le fantasme, mais je ne le souhaite pas. Je vois les enfants comme des objets sexuels, mais je les vois aussi comme des êtres humains et cela passe avant. L’opinion la plus sage est de penser qu’un rapport sexuel avec un enfant lui fait du mal, immédiatement ou plus tard en perturbant sa propre construction sexuelle. D’ailleurs, les enfants tels que je les fantasme n’ont rien à voir avec la réalité, j’en ai bien conscience. Dans mes pensées, ils sont entreprenants et ne souffrent pas, c’est eux qui font des choses avec moi. Je ne suis pas dans l’idolâtrie de leur innocence ou de leur pureté. En ce qui concerne le contrôle, je pense que ce n’est pas parce qu’on a des attirances qu’on ne peut pas les contrôler. Un homme attiré par une femme ne va pas automatiquement l’agresser. Après, l’analogie est trop rapide, car il est plus facile d’avoir des gestes déplacés envers des enfants. Je ne fuis pas la présence des enfants, je l’aime, mais je ne ferai jamais de baby-sitting par exemple. C’est une mise en danger, même si je suppose que je ne ferais rien de mal. Dans ce chemin que j’ai fait, la loi m’a aidé. Je suis content qu’il y ait une loi. Sans loi, on ne peut compter que sur son sens moral. C’est comme pour la Seconde Guerre mondiale, on ne sait pas dans quel camp on aurait été. Je trouve que c’est une bonne comparaison. »

Des vidéos familiales avec un nombre anormal de vues

Concernant la pédopornographie, Bastien a fait le tri entre les choses qu’il assume et celles qu’il n’assume pas.

« Je ne recherche pas de pédopornographie réelle, mais je suis tombé deux fois sur des vidéos un peu limites. Des enfants attachés qui se faisaient chatouiller les pieds. Une Russe, une Chinoise. Ça reste de l’abus, ce sont des choses que je me force à ne pas regarder. On ne sait pas ce qui est arrivé aux enfants après, ces enfants devraient être à l’école. Il m’est aussi arrivé de regarder des vidéos familiales, des gamins qui se filment. Ils sont pieds nus. Ce qui me gêne, c’est que sous ces vidéos, il y a souvent un nombre anormal de vues. Une vidéo banale peut avoir 5 000 vues et, en-dessous, il y a des commentaires obscènes. Quand je regarde ça, je me dis que ça craint. C’est tout ce que j’ai consulté avec de vrais enfants. Sur mon ordinateur, je ne regarde que de la pédopornographie fictive [qui est aussi interdite par la loi, ndlr], des récits, des images mangas, quelques photos d’art et des images liées à mes fétichismes que je trouve sur le site Deviant art [communauté d’artistes en ligne, ndlr]. J’ai la chance de ne pas avoir besoin de voir des enfants nus pour prendre du plaisir. Tous les soirs j’y pense, je cède à mon envie ou non. J’essaie de me modérer. Je pense que je ne suis pas une cible prioritaire pour la police. Mais je pars du principe que je suis fliqué et que ma webcam est surveillée. Il est difficile de ne pas devenir parano. »

Pas d’abus sexuel, un « probable traumatisme »

Bastien n’est pas obsédé par la question du pourquoi, il dit que cela ne changera rien à son problème.

« Mon intuition là-dessus, c’est quand même qu’on ne naît pas comme ça. La sexualité se construit. Après, ça ne me gênerait pas qu’il y ait des prédispositions génétiques. J’ai lu des livres de théorie sexuelle de Freud, même si je sais que c’est controversé. Il y a l’idée qu’il y a un chemin à faire dans la construction sexuelle et que le pervers ne le fait pas bien. Il saute des étapes. Ça me paraît sensé. Je n’ai pas le souvenir d’avoir été abusé sexuellement. Mais je me dis que j’ai probablement vécu un traumatisme qui m’a rendu aussi timide et qui m’a perturbé sexuellement. Pour que je sois comme ça, si jeune, il y a probablement des choses qui se sont passées concrètes ou plus subtiles. »

Des vies sociale et amoureuse inexistantes

Bastien est encore sous antidépresseurs. Il aimerait arrêter, il se sent tout le temps à moitié endormi. Mais il n’arrive pas à s’en passer complètement. Il dit souffrir avant tout d’une extrême solitude.

« Mes deux parents savent. Ils ont eu du mal à accepter que le mot “pédophile” est adapté à ce que je suis. Je leur ai dit que je n’ai pas l’intention d’abuser sexuellement d’enfants. On n’en parle jamais, mais mon père a arrêté de me poser des questions sur ma future petite-copine. Le dire à des proches m’oblige à rester dans le droit chemin. Même de vous parler à vous, c’est une forme de protection. Je ne l’ai dit à personne d’autre. J’ai peu d’amis, j’ai toujours un bon camarade de classe, mais pas de meilleur ami à qui on dit tout ou des trucs comme ça. Je ressens les mêmes sensations de timidité que quand j’avais 3 ans. Les autres me fatiguent beaucoup, cela me demande un gros effort d’être en leur présence. Je pense que dans ma classe, des gens doivent penser que je suis juste un coincé du cul. »

Il est vierge. L’une de ses seules émotions amoureuses :

« Quand j’avais 17 ans, c’était les grandes vacances. On a fêté un anniversaire familial dans une location. Le voisin avait un fils de 9 ou 10 ans. Il me trouvait grand et cool. C’est devenu mon copain, on grimpait dans les arbres et on papotait. Il venait me voir en vélo. Une vie de gosse qui est content d’avoir un copain grand. Pour me dire au revoir, à la fin du week-end, il m’a serré dans ses bras. C’était génial. Je ne sais plus si j’ai eu une montée de désir, mais ça m’a fait extrêmement plaisir d’être enlacé. Ça m’a ému. Ça se rapprochait d’un sentiment amoureux, oui, je suppose. On s’est reparlé une fois sur Skype, on n’avait rien à se dire. Il entrait en CM2, moi j’étais au lycée. » 

Une ferme avec une femme abstinente

A propos de sa vie sexuelle et amoureuse, telle qu’il la conçoit dans le futur :

« Je suis inscrit sur un site de rencontre BDSM pour adultes, c’est l’une de mes seules options légales. Pendant longtemps, les contacts que j’ai pu avoir ne m’ont pas donné envie. Des mecs de 50 ans qui font des messages courts et mal orthographiés. Une fois, ça a été plus intéressant. J’ai eu une relation forte, avec de longs messages. Lui était homosexuel. Je n’étais pas attiré sexuellement par lui, mais j’y trouvais une forme de satisfaction. J’étais le dominé, évidemment… Quand j’ai sous-entendu quels étaient mes fantasmes sexuels, il a arrêté de me répondre. Il m’a dit que ça devenait trop difficile pour lui. C’est dommage, parce qu’il ne manquait plus qu’il m’accepte comme je suis et on aurait vécu des moments formidables. J’étais dég’. Récemment, un homme de 50 ans, qui se décrit comme discret et propre, m’a contacté. Je pense que je vais accepter de le rencontrer. Ce qui me plaît ici, notamment, c’est d’être aimé pour ma jeunesse. »

Puis, quand il se laisse aller à s’imaginer heureux :

« Peut-être qu’un jour, miraculeusement, mes attirances changeront un peu. L’idéal, parfois j’en rêve, c’est de vivre avec une femme qui aurait les mêmes attirances que moi et partagerait les mêmes convictions que le forum Virped. On vivrait ensemble une amitié, on serait agriculteurs. J’aimerais devenir agriculteur, mais c’est impraticable seul, surtout quand on est fragile et dépressif. Le fait que je sois tout seul m’oblige à réduire mes projets. Ce qui est plus réaliste, c’est d’entretenir une relation avec un homme dominant qui m’accepte comme je suis. Ce serait bien déjà. Et d’espérer que les mentalités évoluent un peu, juste assez pour qu’on puisse imaginer que soit mis en place un soutien aux pédophiles abstinents. »

Pour finir, Bastien tient à dire qu’il ne s’est jamais senti coupable de rien, même si « cela passerait mieux auprès des gens ».

« Je n’ai rien choisi. »

Une amie fan de série l’a sauvé

Quelques jours plus tard, je rencontre Alphonse, 28 ans, qui vit dans l’ouest de la France. Il est brun, de taille moyenne, une tête de geek sympathique (qui sait quitter son PC pour se faire un bon resto).

Lui aussi décrit une famille normale et non abusive – il pense que chez lui, la pédophilie est innée, ou liée à une commotion cérébrale pendant l’enfance. Lui aussi est attiré par les jeunes garçons, mais plutôt entre 8 et 12 ans, « ceux qu’on retrouve dans la rubrique sous-vêtements d’enfant des 3 Suisses. » Je suis la première personne à qui il parle en face-à-face de ses désirs sexuels.

Dans ses e-mails, il a une approche très différente de celle de Bastien. ll est très demandeur et son ton est décontracté. Quand je le retrouve, ce jour-là, il me propose gaiement de discuter à la terrasse d’un restaurant chinois, dans une rue passante... Devant mon étonnement, il explique qu’il va bien, qu’il a moins peur et que la souffrance est derrière lui.

Cela fait plusieurs mois qu’Alphonse se sent sorti d’affaire. Gros consommateur de pédopornographie réelle sur les réseaux peer-to-peer et les forums privés de TOR (il explique que dans la majorité des cas, elle met en scène des enfants entre eux, les adultes sont hors-champ), il a tout arrêté à l’aide d’une amie américaine, victime d’abus sexuel.

Ils ne sont jamais rencontrés, mais ils sont extrêmement proches. Elle est fan de la même série que lui et ils échangent quotidiennement.

« J’étais jeune, con... Il faut de la maturité pour comprendre la violence de ces images et qu’il y a des adultes hors cadre. Mon amie m’a dit que si je ne me débarrassais pas de toute cette merde, elle ne me parlerait plus. J’ai tout effacé. C’est impossible de se libérer d’une addiction seul. Faire des efforts pour ne trouver aucune récompense rend la chose insurmontable. Avoir quelqu’un qui me demande régulièrement où j’en suis et me félicite pour mes progrès, ça a fait la différence. C’est un peu la méthode des alcooliques anonymes (sauf qu’avec eux, celui qui juge c’est souvent Dieu, moi je suis athée), et ça marche. »

Dans le même temps, Alphonse a soigné sa dépression avec des médicaments. Et il a lancé le Tumblr (un micro-blog) « Ask a pedophile », pour venir en aide aux jeunes comme lui. Il pense que cette plateforme ouverte et publique est un bon complément au forum américain Virped qui est en vase clos. Tout se fait en anglais. Il y a 100 abonnés.

Calculer la hauteur des ponts pour mourir

La veille, Alphonse a reçu ce message qu’il me montre sur son portable :

« Hey, je voulais juste te remercier pour ton blog. J’ai 15 ans et dans un mois, j’en aurai 16. Malheureusement, j’ai remarqué, il y a quelques années, que je n’étais attiré que par les jeunes enfants. J’ai pensé très fort au suicide, surtout quand l’étiquette de pédophile s’est imposée de plus en plus. Je pensais que mon destin était d’agresser ou d’être tué. Mais ce blog a ouvert des portes et il m’a permis de me sentir moins monstrueux. »

L’année dernière, Alphonse réfléchissait aussi à une façon de mourir. Il a « fait des maths » pour calculer la hauteur des ponts de la ville et la vitesse de l’impact de son corps s’il en sautait.

C’est une grosse responsabilité pour un jeune de 28 ans de recevoir des messages de détresse de jeunes ados : il aimerait, dans l’idéal, que des professionnels remplissent ce rôle. Et en même temps, il y a quelque chose de valorisant là-dedans qui lui fait du bien.

Deux heures qu’on parle et il dit :

« Là, si on y réfléchit, il y a peut-être 25 personnes qui sont passées à côté de nous qui ont le même problème que moi. Il faut que les gens réalisent qu’on existe. »

Maintenant, Alphonse se dit « pas malheureux ». Il aime son métier, ses collègues, ses jeux en réseau. Il a deux-trois bons amis sur qui compter.

Sa vie sexuelle est correcte, dit-il, grâce à des sex-toys et à la pédopornographie fictive qu’il consulte et qu’il voudrait voir dépénalisée. Il dit que cette dernière permet de sortir de la spirale boulimique plaisir-culpabilité ressentie au visionnage de vidéos ou de photos. Il envisage une relation de couple avec un asexuel, homme ou femme.

S’éloigner du bain quotidien

Alphonse a arrêté de penser que la pédophilie se lit sur son visage quand il marche dans la rue. Et s’il sort encore et pour toujours de la maison quand son neveu prend son bain, ce n’est pas parce qu’il a peur de ses désirs (il n’en a pas pour lui), mais pour protéger l’amour de sa famille.

« Si un jour, je me fais choper par la police à cause de toute la pédopornographie que j’ai consommée, je ne veux pas que ma famille se mette à penser que je l’ai tripoté. C’est la psychose que cela provoquerait chez eux qui me ferait le plus de mal. Je veux que pour eux, il n’y ait aucun doute. »

 

 

 

 

Par TEMOINS SUR NOUVELOBS - Publié dans : LOIS SUR SEXUALITE -MAJORITE-PROSTIT.-DELITS . - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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