Mercredi 11 mai 3 11 /05 /Mai 07:44

je me répétais : " je t'aime...je t'aime..."sans arrêt...

 

 on s'est compris hein, les mecs ?

 

Hier, tandis que je faisais ma promenade quotidienne parmi la meute, je repensais à une des phrases d’un de ses derniers courriers : ” ne baisse pas la tête “. Bien sur je comprenais l’invitation à être ” fort et fier ” mais je m’attardais sur cette formulation peu ordinaire et j’en cherchais le sens exact. Voulait-il me dire de ne pas baisser les bras mais au vu de la quasi inutilité de ces membres chez moi, jugeait-il plus adéquat de parler de ce qui fonctionnait encore ?

J’avais des lunettes de soleil sur le nez – j’aime mettre cette distance entre moi et le monde – et ça me permettait de regarder les chalands sans détourner les yeux quand leur prenait l’envie de me jauger à leur tour.

Je m’interrogeais sur mon incapacité chronique à soutenir le regard de gens si peu importants pour moi et je repensais à mon sevrage de 2006 dans la clinique de la forêt noire de la périphérie toulousaine. Après avoir laissé derrière moi certains poisons, les relations à autrui étaient très difficiles, je devenais un fantôme silencieux et peureux. Je n’arrivais plus à regarder les gens dans les yeux, pour moi c’était un réel problème car chaque conversation était une torture et peu à peu je m’isolais. C’est alors que l’étonnante psychologue qui présidait un groupe de parole hebdomadaire sur « les dépendances » avait tenté de me donner une leçon. Pendant la séance elle s’était adressée à moi sans me regarder mais au lieu de contempler le sol, elle fixait le plafond. C’était assez déconcertant, tellement inhabituel de voir quelqu’un vous parler les yeux vers le haut, elle ressemblait à ces personnages de mangas dans une de leurs gimmicks récurrentes. Elle ne le saura jamais mais cette scène m’a beaucoup marqué, c’est resté là – au milieu d’un imposant fouillis- et souvent j’y repense. J’avais bien compris le message : rien ne vous oblige à baisser les yeux si vous n’arrivez pas à soutenir le regard des autres, vous pouvez aussi les relever, c’est à vous de voir.

Tout en continuant à marcher et à penser à tout ça, j’ôtais mes lunettes noires et je me disais que je n’avais aucune envie d’offrir à ces gens le petit plaisir de penser que je me sentais inférieur… Même si je n’arrivais pas à dépasser le conditionnement qui m’interdisait de les regarder en face je pouvais toujours essayer de planter mes yeux dans le ciel.

J’y découvris le soleil, des nuages magnifiques, des oiseaux… L’horizon tentait visiblement de me faire comprendre qu’il offrait au regard bien plus de merveilles que le sol et ses petits trésors mesquins. C’est difficile de marcher en contemplant le ciel, mes yeux voulaient sans cesse reprendre leur position habituelle mais je ne les laissais pas faire. Même si je savais que ça ne durerait pas, même si le lendemain j’étais déjà passé à autre chose, j’étais décidé à faire cette balade les yeux dans le ciel jusqu’au bout.

Je regardais les toits, la cime des arbres, les lignes blanches que les avions dessinaient dans le bleu et c’était si joli que je me demandais s’il était possible que je ne déteste pas le monde autant que je pouvais le croire. Comment ne pas aimer ces paysages ?

C’est là que je compris … Ce n’était pas le monde qui me faisait horreur, c’était moi que je n’avais jamais aimé. Quand la vie me semblait hostile, quand j’étais irrité par les autres, c’était souvent avec moi seul que j’avais un problème.

Il me sembla que je venais de trouver une clef d’une importance première : peut-être que s’aimer soi-même était un début de solution à tous les problèmes ? Peut-être que si les hommes avaient plus d’amour propre la terre aurait moins de difficultés à tourner sur elle-même pour nous montrer la voie?

Comment faire quand on ne s’aime pas ? Comment changer ça ?

Entrer dans le cabinet d’un psy, dire « bonjour, pouvez-vous m’aider à m’aimer ? » ?

Je décidais que non, ce n’était pas ma voie, je n’apprenais qu’en suivant mon propre cheminement et les nouveaux gourous de ce monde si moderne n’avaient jamais réussi qu’à me prescrire des difficultés supplémentaires. Comment pourraient-ils me comprendre dans leurs diagnostics, leurs symptômes et leurs remèdes universels ? Comment me faire tenir dans leurs cases ?

Cependant je ne pouvais pas tout rejeter en bloc, d’autres avaient du esquisser des solutions et après avoir analysé la situation pendant quelques instants mon cerveau se connecta à celui de ce bon vieux Coué. Si tout n’est qu’un conditionnement, pourquoi ne pas tenter d’imposer à son mental d’autres schémas que ceux qui vous handicapent ? On peut toujours essayer, ça ne mange pas de pain.

J’ajoutais donc un nouvel exercice à ma marche solitaire, j’avançais désormais en regardant le ciel et en me répétant « je m’aime, je m’aime, JE M’AIME… », à voix haute quand il n’y avait personne sur mon chemin, dans ma tête quand je croisais quelques vieilles peaux limougeaudes au mépris épidermique.

Je tins bon pendant une heure mais, alors que je rentrais chez moi, mes yeux quittèrent le ciel pour tomber sur un garçon au physique troublant.

Je le regardais un moment avec une certaine envie, en me demandant ce qu’on pouvait ressentir lové dans ses bras puis mon regard, fataliste, reprit son voyage vers les sommets. Qui aurait bien pu comprendre un garçon qui marchait dans les rues en exhortant le ciel de lui donner la force de s’aimer ? Il fallait se rendre à l’évidence, il existait des solitudes indélébiles, des partages impossibles.

J’étais un peu triste, j’avais envie de laisser couler mes larmes mais je fis une nouvelle découverte : on ne peut pas pleurer la tête haute, ce n’est pas une attitude qui convient à la désespérance.

 

 

Par DESDICHADO - Publié dans : PSYCHOLOGIES &VIE SOCIALE gay-bi-hét - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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