Les ados sont de plus en plus exposés à la pornographie et de plus en plus jeunes, selon une étude Ifop. La moitié des adolescents âgés de 15 à 17 ans ont déjà surfé sur un site pornographique (51%), soit une proportion en nette hausse (+ 14 points) en quatre ans (37% en septembre 2013). Dans ce contexte, les adolescents doivent faire la différence entre sexualité fantasmée et sexualité réelle, explique Thomas Rohmer, président de l'Open (Observatoire de la parentalité et de l'éducation numérique).
franceinfo : Comment s'explique cette consommation précoce de sites pornographiques ?
Thomas Rohmer : On a assisté ces dix dernières années à une vraie révolution. L'accès généralisé à des sites pornographiques en accès gratuit a complètement bouleversé le modèle économique de cette industrie. Ces contenus gratuits induisent une obligation d'audience pour ces sites. Plus il y a de trafic, plus ils gagnent de l'argent.
franceinfo Pourquoi le phénomène est-il plus important chez les filles ?
Chez les filles, le phénomène s'est multiplié par deux en l'espace de quatre ans. Les jeunes filles sont souvent dans un phénomène de radicalité, ce qui est le propre des adolescents. Elles ont tendance à ne pas faire les choses à moitié, comme pour l'alcool, la drogue ou la violence. Le nomadisme, qui a suivi le développement des téléphones mobiles, explique aussi ce phénomène.
franceinfo Est-ce que les adolescents font la différence entre sexualité fantasmée et sexualité réelle ?
C'est un véritable enjeu. Il faut que chacun comprenne qu'on est face à un genre fictionnel. Quand on interroge des acteurs X, ils disent qu'ils ne reproduisent pas dans leur vie privée ce qu'ils pratiquent dans les films. Quand les enfants voient Bruce Willis qui tue 150 personnes par film, ils ne le reproduisent pas. Il faut qu'ils prennent conscience qu'on est dans une logique de distraction et que cela reste une industrie qui est faite par et pour les adultes.
franceinfo La pornographie participe-t-elle à l'éducation à la sexualité des adolescents ?
Tout ce qui touche à l'éducation sexuelle et affective en France est relativement inefficient. Et des parents ont beaucoup de mal à évoquer ce type de sujet. Le propre de l'adolescent est de se poser des questions. À partir du moment où on se pose des questions, on va chercher des réponses. Et quand on est face à des adultes qui ont du mal à nous les donner, Internet devient un refuge, mais qui réserve bien des surprises. On est face à une génération qui a un certain vocabulaire. Les ados utilisent des termes qui leur sont propre dans la cour de récréation. On peut mettre le curseur un peu plus haut pour faire en sorte que les contenus et les programmes qu'on leur propose correspondent mieux à leurs attentes.
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