Partager l'article ! Les souffrances masculines n'intéressent pas les gynocentristes misandres. Eux se focalisent sur des statistiques genrées en occultant celles des me ...
Ce qui est drôle c'est qu' ici personne n'a jamais stigmatisé les femmes mais les gens sursautent quand on ose remettre en cause leurs présupposés et leur manichéisme. L'extrémisme est bien du côté des "furies" ...les clients de prostituées, considérés comme auteurs de violences, pourront être sanctionnés. Pour la philosophe Laura-Maï Gaveriaux, la position de la ministre des Droits des femmes à ce sujet a été moralisatrice, cynique et politicienne. Elle est devenue ensuite ministre de l'éducation... Opposition à cette loi, qui le dirait mieux qu'une femme ?
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je vais commencer par le dire sans détours : je commence à être profondément excédée par notre ministre des Droits des femmes, et à peu près tout ce qui sort de son cabinet. Quoi d’étonnant à cela, puisque ceux qui le composent sont issus de la branche du féminisme français qui est celle avec laquelle je suis le plus en désaccord intellectuellement.
Je me suis d’ailleurs souvent demandée si le désaccord était vraiment intellectuel, tant certaines de leurs productions semblent vides de toute réflexion proprement théorique et conceptuelle, à l’heure où il est de bon ton de se joindre aux anathèmes anti-intellectuels (cf. "Arrêtez de parler, agissez !", "Trop de mots compliqués, vous êtes prétentieuse !", "Élitiste, universitaire parisienne !" et j’en passe – très bref florilège du genre de choses que l’on me jette à la figure à chaque fois que j’essaye de développer un peu de raisonnement au-delà des 140 signes devenus conventionnels).
Opportunité politicienne d'asseoir une carrière
Outre ctte loi (comme si d’ailleurs elle inventait le concept), brassage de vent politiquement correct sans réelle assise idéologique, cett retentissante et ambitieuse pénalisation des clients de prostitué(e)s, fiasco éthique, politique et intellectuel, mené tambour battant par une des ces parlementaires qui rêvent de voir leur nom inscrit au Panthéon des passionarias de la cause des femmes, j’ai nommé Maud Olivier
"L'abolition de la prostitution, rêve du féminisme socialiste" de la décennie 2010, et surtout belle opportunité politicienne d'asseoir une carrière, parce que, disons-le sans fioriture, c’est de cela qu’il s’agit. La mode serait à l’interdiction du lait dans le café du matin, que Mme Najat Vallaud-Belkacem se serait jetée dessus, plébiscitée par sa suite courtisane. (ndlr : méchant)
J’ai tellement déjà écrit, en philosophe, sur l’absurdité du projet, que j’ai l’impression de réécrire chaque fois le même article. Je vais tenter de schématiser les termes de la discussion, encore une fois, sans pour autant m’imaginer que mes adversaires me liront en toute bonne foi… Ce serait bien une première !
Amalgame entre prostitution et esclavage sexuel
Ce gens, qui se nomment eux-mêmes les abolitionnistes, font un amalgame entre prostitution et esclavage sexuel. Outre que c’est juridiquement absurde, les implications relatives à la conception de la femme sont, d’un point de vue éthique, dévastatrices. Il y a d’une part une pratique, la prostitution, et, de l’autre, un crime, forcer une femme à se prostituer.
Contre-argument : on ne peut jamais choisir volontairement la prostitution, on se trompe en croyant être libre.
Réponse : je ne me risquerai pas à proposer un cours sur les notions de choix volontaire et de libre-arbitre à Mme Vallaud-Belkacem, même si cela serait vraiment salutaire, mais je lui ferai remarquer qu’il y a tout de même quelque chose de savoureux dans la démarche d’une personne prétendant à l’égalité des hommes et des femmes de partir du principe qu’une femme est nécessairement incapable de faire des choix pour elle-même, dans l’absolu.
Une femme, je le rappelle, a la même capacité de réflexion que les hommes ; une femme pauvre a les mêmes capacité de réflexion que Mme la Ministre dans ses jolis chemisiers en soie ; une immigrée clandestine a les mêmes capacités de réflexion que nos illustres représentantes du peuple déambulant dans les couloirs feutrés de l’Assemblée nationale.
Pour ma part, je respecte la pute qui complète son RSA en taillant trois pipes derrière le camion, et qui préfère ça au fait d’aller passer des briques de lait à la caisse d’un supermarché… Je respecte toutes les putes en fait et, pour cela, je pars du principe qu’elles ne sont pas plus stupides que moi, avec mes huit années d’études supérieures, et qu’elles sont donc capables de faire des choix libres et réfléchis quant à l’usage de leur corps.
Faut-il interdire la sexualité pour lutter contre le viol ?
Contre-attaque des "abolitionnistes" : il y a des réseaux criminels et les femmes qu’ils exploitent ne sont pas libres de se prostituer.
Réponse : oui, c’est vrai, mais cela n’est pas la prostitution. Cela, c’est l’esclavage sexuel, c’est un crime, et c’est à la justice et à la police de s’y attaquer. Les outils, d’ailleurs, existent déjà. Mais c’est vrai que de l’accepter signifierait aussi, pour Mme Vallaud-Belkacem, de ne pas aller parader à l’Assemblée en espérant avoir une loi à son nom… Such a shame, comme disent les ados !
Pour compléter l’argument je rappelle qu’il existe l’acte sexuel, il est de droit consenti. Et puis, certaines personnes sont des criminels qui commettent des viols. Faut-il interdire la sexualité pour lutter contre le viol ? Bref, ce schéma de raisonnement est absurde.
Contre-attaque : dans les faits, notre loi sera pédagogique, nous savons que nous n’éradiquerons pas la prostitution, mais nous donnerons des armes aux prostituées qui pourront menacer leur client de le dénoncer, si celui-ci exige des actes sexuels non consentis par exemple.
Réponse : ben voyons, on imagine la scène en effet, d’une prostituée face à ce qui semble être un individu peu respectueux de l’être humain d’emblée… Alors que sera la réaction de cet individu (qui peut inscrire la violence dans son schéma relationnel en exigeant un acte sexuel auquel ne consent pas la prostituée), lorsqu’elle en viendra à la menace de dénonciation, là, dans une rue sordide (puisqu’on les repousse toujours plus loin des centres-ville), derrière un camion ? Un bon petit tabassage en règle et hop, on file, ni vu ni connu. Bravo Mme la Ministre, votre pragmatisme est sans limite.
L'État n'a pas à statuer sur la valeur morale de la prostitution
Faut-il le rappeler, la sexualité est l’affaire de chacun, ce que je fais de mon corps ne regarde que moi dans un État de droit moderne et démocratique. Si je décide de me prostituer pour gagner ma vie, je ne vois pas au nom de quoi ces élues bien respectables, bien propres sur elles, qui captent certes fort bien la lumière des projecteurs sur les plateaux télé, seraient plus légitimes que moi à décider pour moi. Pas plus que ne le serait un homme violent qui voudrait me forcer à faire la pute pour alimenter son réseau mafieux.
Ce qu’il faut garantir, c’est la liberté pour chaque individu de faire des choix pour lui-même et de les mettre en œuvre. Lutter contre les crimes de l’esclavage sexuels oui, statuer sur la valeur morale de la prostitution, ce n’est pas le rôle de l’État. Pourquoi, d’ailleurs, me demanderont certains ? Parce que dans un État de droit moderne et démocratique, les individus sont libres d’adhérer au système de valeurs de leur choix (d’où la laïcité, par ailleurs). En termes philosophiques : l’État doit être neutre à l’égard des conceptions du bien.
Le mouvement qu’est en train d’imprimer Mme Vallaud-Belkacem, c’est qu’il y a certaines conceptions du bien, et que nous devons nous y tenir, même si nous ne sommes pas d’accord avec elles. Et elle imprime ce mouvement à l’un des domaines les plus intimes de l’existence humaine : la sexualité. Il y a la bonne sexualité, bien bourgeoise, bien propre sur elle, institutionnalisée. Et il y a les déviants : les clients (les putes étant, elles, de pauvres victimes, probablement un peu débiles, et sinon, malsaines).
Projet de loi cynique et tapage médiatique
Mais ça, c’est juste un dommage collatéral du carriérisme. En fait, ce rapport n’est là que pour nourrir les ambitions politiques de quelques femmes, qui sont devenues féministes parce que c’était sûrement le créneau le plus facile à occuper pour elles. Après tout, nous sommes bien à égalité avec les hommes face au pouvoir, j’en suis certaine. Le cynisme politique n’est pas un monopole masculin.
Ce qui me permet de dire que ce projet de loi est cynique, c’est la lecture bien attentive du rapport remis par Mme Maud Olivier la semaine dernière. D’ailleurs, c’est bien simple, on m’avait demandé d’écrire ce billet pour le jour même, il m’a fallu presque une semaine, parce que je voulais éplucher ce rapport, avant d’écrire dessus.
Et, dans l’ensemble, il est intéressant ce rapport. Hormis les recommandations de pénaliser les clients de prostituées, il comporte un volet très détaillé sur leurs conditions de vie, leur accès à la santé, à la justice sociale, à la justice institutionnelle et aux droits… Bref, tout ce pourquoi moi-même je me bats lorsque je parle de prostitution. En avez-vous entendu parler ? Bien sûr que non. C’est tellement moins propice au tapage médiatique que ce que Mme Vallaud-Belkacem a choisi de mettre en avant en parlant de son projet de loi futur…
C’est vrai, je suis de gauche, mais je ne peux pas cautionner une telle comédie. Et dans ce débat qui promet d’être encore bien long, je ne manquerai pas d’arguments à présenter, tant ce gaspillage de temps politique, et de temps de cerveaux disponible, est navrant. Si un tel projet de loi devait être déposé, je ne pourrai que m’engager contre son adoption. Il en va de principes cardinaux du fonctionnement démocratique (la liberté individuelle, la neutralité de l’État à l’encontre des conceptions du bien), et il en va des implications concrètes qui en découleront (moralisation de la sexualité, marginalisation des prostituées et, ne l’oublions pas, des prostitués).
Mme Vallaud-Belkacem (et je m’adresse aussi, par là même, à Mme Olivier et à l’ensemble des prestigieux conseillers* qui s’affairent dans leur sillage), Madame la ministre, vous êtes dangereuse. Et si vous voulez vraiment mettre votre nom sur un texte de loi, essayez de veiller à ce que c’en soit un qui n’ait pas de si navrantes conséquences. C’est cher payé pour un peu de gloire personnelle !..».
* -lol-
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