Il s’appelle Gareth Thomas. Derrière ce nom se cache un rugbyman de 43 ans, aussi viril que talentueux. L’ancien joueur du Stade Toulousain de 2004 à 2007 et l’ex capitaine de l’équipe du XV de pays Galles, mais aussi l’un des premiers athlètes de niveau international dans un sport collectif à faire son coming-out.
Gareth Thomas a révélé son homosexualité en 2009 dans un entretien au quotidien "Daily Mail". A l’occasion de la sortie en français de son livre autobiographique « Fier » (éd. Michel Lafon), il est longuement revenu sur son homosexualité, lors de l’émission Sept à Huit, sur TF1. Un témoignage aussi courageux que poignant dont voici quelques morceaux choisis.
Derrière la gloire, la honte
Gareth Thomas a su très vite qu’il était homosexuel. « J'ai compris que j'étais homo quand j'étais à l'école, vers l'âge de 14 ans, au moment où mes camarades commençaient à parler des filles. Du coup, je ne me suis plus intéressé qu'au rugby, pour ne pas qu'on découvre que j'étais différent", a révélé l’ex Dragon Rouge. Il a enchaîné les victoires, mais connu l’enfer, la honte et la solitude, au point d’avoir envie de mourir. « J'ai gagné beaucoup de trophées, j'ai joué dans les plus grandes équipes, mais j'ai gâché cette partie de ma vie. J'ai même voulu me suicider tellement j'avais honte ».
Le mensonge et la solitude
Gareth Thomas a peur. « Peur qu’on ne retienne que ça », peur d’être exclu de l’équipe, alors il ment durant de nombreuses années. Au point d’avoir la sensation de vivre plusieurs existences : « J'étais un homme avec deux visages : celui du rugbyman, dur et fort, et celui de l'homme, seul et triste. (…) J’ai eu mes premières expériences dans les bars et les clubs gay. J’ai vu la tristesse et la solitude de ces hommes qui vont dans ces bars pour assouvir leur pulsion sexuelle et ensuite retourner à leur vie sexuelle et professionnelle ».
Les insultes
Pas facile d’être homosexuel quand on pratique le rugby. « C’est un sport de matcho, de contact, je crois que c’est un sport assez érotique pour les homosexuels », confie Gareth Thomas. Au sein de l’équipe, les blagues homophobes fusent. Alors il tente de se blinder. « J’essayais de ne pas réagir quand les gas de mon équipe traitait celui qui ne courait pas assez vite de pédé. » Mais un jour, dans les tribunes d’un stade, face à une énième insulte, il ne se retient plus. « Je suis devenu fou. Et ma réaction a été de lui répondre de façon virile et macho, en le cognant, en le frappant, pour lui prouver que je n’étais pas un pédé comme il disait. » Sur le terrain, comme lors des 3e mi-temps, il décide dissimule son secret et sa fragilité sous les coups de poings.
Il se marie pour se couvrir
Pour cacher son homosexualité, il épouse Jemma une jeune femme, avec qui il reste marié durant neuf ans. « C’était ma couverture », admet-il. Mais cela ne l’a pas empêché de l’aimer sincèrement. « J'ai eu de l'amour pour elle, c'est pour ça que je suis resté ; cette personne merveilleuse m'a tellement apporté. Mais au bout d'un moment, après plusieurs années à fréquenter des clubs gays en cachette, mentir était devenu invivable. Je ne pouvais plus continuer à fuir, je ne pouvais plus lui dire 'je t'aime' en la regardant dans les yeux. J'ai essayé d'avoir des enfants avec elle... Puis, un jour, d'un coup, je l'ai appelée pour lui annoncer que j'étais gay. Elle a fondu en larmes et m'a demandé de le répéter encore et encore, elle ne pouvait pas y croire. Plus tard, elle m'a remercié pour mon honnêteté, parce qu'elle a pu suivre son chemin et refaire sa vie, à 35 ans. Elle ne m’en a pas voulu, même si je lui ai brisé le cœur. »
L’heure de la vérité et du soulagement
L’annonce de la nouvelle à sa femme lui donne le courage de dire la vérité à ses amis, puis à ses coéquipiers et enfin au monde entier.« J'ai aussi dû le dire à deux joueurs de l'équipe du Pays de Galles. Je redoutais une réaction violente, mais ils ont rendu la chose très normale. On a bu une pinte, ils m'ont tapé sur l'épaule et m'ont dit « ne t'inquiète pas, tout est comme avant ». J'ai ensuite reçu un soutien massif, surtout dans mon équipe, c'était presque étouffant. Puis, lors de mon premier match après mon coming-out, à Toulouse, j'étais effrayé. Et je me souviens qu'à l'annonce de la composition des équipes au micro, les tribunes ont hué chaque nom des joueurs de Cardiff... sauf le mien. C'était un jour fantastique, un commencement pour moi. Je pouvais enfin être ouvertement gay dans le monde du rugby. »
Aujourd’hui Gareth Thomas se dit "l'homme le plus heureux de la planète". Il vit à visage découvert et ne regrette rien. Il n'a plus peur et ose même s’afficher dans les magazines gay, avec son compagnon. « Etre moi sans avoir besoin de me cacher et sans avoir besoin de mentir, c’est une sensation incroyable.” On le comprend.¤
Derniers Commentaires