Barcelone est-elle la nouvelle Amsterdam ? Là-bas...
Pas de visites touristiques de Barcelone au programme, les deux jours se sont déroulés au Spannabis. Théo, 22 ans et originaire de Perpignan, a participé pour la deuxième fois à l’événement et se dit toujours agréablement surpris par la qualité du Spannabis. Alors la capitale catalane est-elle en passe de devenir la nouvelle Amsterdam? Le jeune Français n’en est pas vraiment convaincu. « Amsterdam reste la référence en Europe, il en faudra un peu plus pour que Barcelone le devienne ».
Amsterdam du sud ?
Il n’est pas rare que des personnes viennent dans la ville pour consommer du hachich. Diego Maradona, le célèbre joueur de football, avait d’ailleurs lui-même avoué avoir touché à la drogue pour la première fois à Barcelone. A vrai dire, la consommation de marijuana s’effectue dans toutes les grandes villes mais il semblerait que la capitale catalane s’inscrive dans une trajectoire qui l’emmènerait à devenir une référence en la matière et dans toute l’Europe. Qu’en est-il vraiment ?
Que les Barcelonais en consomment ou non, l’odeur du cannabis est familière pour la plupart des habitants de la ville. Et ce, pour une raison simple : en Espagne, « même s’il n’y a pas de dépénalisation, il est permis de fumer du cannabis », explique Amina Omar Nieto, avocate pour le cabinet OMAR NIETO. Il est donc courant de sentir l’odeur de la weed aux fenêtres des appartements dans lesquels les Barcelonais en font un usage privé. Avec les Pays-Bas, l’Espagne est le second pays européen a avoir autorisé le cannabis.
Le cannabis est, depuis des années, la drogue préférée des Européens. C’est en tout cas ce qu’a mis en exergue le rapport de 2015 de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies. 23,3 % des Européens âgés de 15 à 64 ans en ont consommé au moins une fois dans leur vie ; ils sont presque 1% à en consommer quotidiennement. La France reste en pôle position au classement des pays les plus consommateurs puisque 4 personnes sur 10 ont dit en avoir déjà fumer. Elle est suivie du Danemark puis de l’Espagne (3 personnes sur 10).
Pour ce qui est de la consommation régulière, en Catalogne, « le taux de consommation reste stable ces dernières années, il tourne autour des 30% chez les jeunes », selon le docteur Antoni Gual, responsable de l’Unité des Addictions de l’ Hospital Clínic. Un ratio relativement élevé et notablement supérieur à la moyenne espagnole. Ces chiffres expliquent peut-être pourquoi certains n’hésitent plus à nommer Barcelone : « la Nouvelle-Amsterdam ».
La consommation est tout de même considérée comme un délit dès lors qu’elle est menée à des fins de trafic ou qu’elle fait la promotion de la drogue comme le dispose l’article 368 du code pénal Espagnol. Sur la voie publique, elle est sanctionnée d’une amende de minimum 601 euros. Mais, cela n’empêche pas certains riverains d’allumer leurs joints en pleine rue, en faisant ainsi profiter les autres Barcelonais. Pourtant, fumer ne peut être effectué que chez soi ou dans les « Cannabis Social Clubs » qui existent à Barcelone.
180 clubs de cannabis à Barcelone
Un Cannabis Social Club (CSC) est l’endroit, tenu par des bénévoles, dans lequel il est possible de consommer légalement du hachich. Le nom du Président est tout de même gardé secret. Lors de l’arrivée dans le CSC, l’inscrit note son nom sur une liste et donne le prix en fonction de sa demande. Ces lieux sont réservés aux personnes espagnoles ou détentrices du NIE (sorte de permis de résidence) et doivent vivre à Barcelone. Les touristes en sont donc exclus. Pourtant, certains rabatteurs continuent de les interpeller avec la fameuse question : « Coffee Shop? ». Ces deux mots sont entendus fréquemment dans la capitale catalane, surtout l’été. Et c’est normal puisque, certains club de cannabis n’hésitent pas à faire appel à des rabatteurs pour qu’ils ramènent des acheteurs.
Sibaritas Cannabis Club
L’accueil du Sibaritas Cannabis Club situé dans le quartier de Gracia. Les inscrits peuvent attendre leur tour en lisant des magazines tous dédiés au cannabis.
Le problème ? Ça n’est pas légal et cela a valu à 145 clubs d’être fermés par les autorités espagnoles. Au Sibaritas Cannabis Club, l’une des bénévoles Almudena assure que le contrôle de la police catalane est fréquent. « Nous sommes très contrôlés, sans licence c’est impossible de tenir un centre de cannabis ». Un renforcement des contrôles qui se fait ressentir mais qui n’inquiète pas ce club puisque comme l’explique Almudena : « C’est un endroit très calme, il n’y a pas de bagarres ou de dérapages. » Beaucoup de consommateurs barcelonais se rendent dans ce CSC de Gracia qui, de prime abord, ne paye pas de mine. Dans une petite rue étroite, les portes sont renforcées. Il faut sonner avant d’entrer dans ce paradis de la weed. Une fois à l’intérieur, l’odeur de cannabis inonde les différents espaces. La décoration est épurée, limite chic, et l’endroit a l’air très cosy. Nombreux sont ceux qui ont été séduits par ce club de cannabis. Ils sont de « tout âge, de toute catégorie sociale mais il y a une majorité d’hommes ». Certains viennent pour des raisons médicales, ils présentent leur ordonnance et peuvent accéder à la consommation de cannabis thérapeutique. Le tarif est alors réduit.
Assis sur un canapé confortable et dans un décor moderne, les consommateurs se retrouvent pour raconter leurs journées. Il est 17h et des hommes en jogging, d’autres en costumes sont installés autour des tables. Ces Cannabis Social Club, qui ont tout des bars classiques, attirent de plus en plus de monde. Depuis un an, la bénévole du Sibaritas le confirme. « Il y a une augmentation de la fréquentation dans ce CSC, les gens s’y sentent bien ».
Si la dépénalisation et l’organisation de Cannabis Social Club permettent aux personnes qui aiment le cannabis d’obtenir les sensations qu’ils cherchent en toute tranquillité, Barcelone semble aussi vouloir s’imposer comme la capitale européenne de la weed en accueillant chaque année le festival européen du cannabis.
Le Spannabis, c’est quoi ? Un festival de trois jours dans lequel les plus grandes marques de weed présentent leurs accessoires et innovations. Aux stands, food-trucks et jeux de roulettes où il est possible de gagner des gouttes pour faire pousser ses plantations s’ajoutent des associations, des clubs cannabiques et des maisons d’éditions. De quoi satisfaire tout le monde. Plus de 150 stands sont installés. Stands dans lesquels s’organisent les producteurs, distributeurs de matériel de culture, d’engrais et de semences. Organisé début mars, le festival 2017 a tenu ses promesses et accueilli plus de 30.000 personnes.
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