Mercredi 25 décembre 3 25 /12 /Déc 16:46

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Noël est le feu qui épure les âmes en leur rendant leur innocence... et leurs sentiments de culpabilité !  

"Agneau de Dieu qui enlèves le péché du monde, prends pitié de nous".

Sans Noël, la neige et les enfants, l'hiver ne serait qu'un long suaire d'ennui.

L'effet des grands froids est de ralentir la marche du temps. La suspension qui est dans la sève des feuilles est aussi dans le sang des êtres. 

SW

 Tout est engourdissement, stagnation, somnolence, torpeur. Les corbeaux, au sommet des chênes, ont l'air de croque-morts au chômage. La terre, les bois, les futaies sont inodores, incolores, pétrifiés, magnifiques. La beauté de l'hiver, c'est la séduction des choses immuables. Cette léthargie n'est pas sans un profond symbolisme: cette vie en réduction, cette croissance tenue à la bride, ces forces apparemment frappées de paralysie, ce reflux de l'existence , cette retraite de tout ce qui respire, qui se meut, qui aime, qui féconde, qu'est-ce donc sinon l'image de l'inertie créatrice qui rassemble ses forces? Demain, tout renaîtra; demain, ce sera le printemps.

La Noël cette année-là fut particulièrement belle. À l'horizon, les monts découpaient leurs molles échancrures. Il avait neigé dès la fin novembre. La montagne se drapait dans la somptueuse parure qui est la joie des enfants et l'émerveillement des poètes,des photographes et des peintres. 

Une trentaine d'enfants, autant d'adolescents et d'adultes avaient pris place en demi-cercle sur une estrade, tout au fond de l'abside. Il s'éleva dans ce lieu sacré la plus joyeuse et la plus céleste des musiques.

Cette musique, c'était l'Oratorio de Noël, de Jean-Sébastien Bach, elle

exacerba les sens et les pensées des participants à cette messe de minuit et fit naître entre eux la ferveur...Vivien ne pouvait s'empêcher de penser aux sacrements de l'église dont il avait été le témoin vibrant : mariages, baptêmes, obsèques.

Sa sortie du placard était à venir et, même s'il la souhaitait de toutes ses forces, il en redoutait les effets de non retour. A son sens la liberté c'était total et permanent et il contestait le verrou social qui empêchait les libres  allers et retours du gay vers l'hétérosexualité et inversement comme du délinquant vers l'honnêteté : pour les gens qu'on connaît ou qui se renseignent on sera pédé  ou  gangster toute sa vie dès que le fait sera établi une seule fois. Et c'est injuste, et c'est ainsi.

Vers trois heures du matin, Patrice et Vivien, couchés côte à côte, commentaient cette soirée et cette nuit enchanteresse.

— J'ai cru que j'allais en chialer d'émotion, dit Vivien.

— Le plus beau de Noël, on vient de le vivre.

En cet instant, Vivien répondit, d'une voix étrange:

— Oui c'est vrai, je suis saisi d'une peur qu'il n'y ait plus de Noëls comme celui-ci. Tu connais mes parents. Ils ne pourront jamais se faire à l'idée de notre union. Pour moi ce sera le bannissement au lieu qu'on pourrait nous ouvrir grands les bras de toutes parts.

Cette réflexion, peut-être plus irraisonnée que volontaire, eut un effet de commotion sur Patrice. Un sentiment étrange et désagréable se noua en lui, il serra son compagnon avec force. Les chaleurs de deux corps s'unirent soudain malgré la fatigue. Les corps étaient prêts à des ardeurs nouvelles. Comme il faisait froid, ils portaient un pyjama. Voulant dissiper l'ombre qui venait de planer sur eux, Patrice chatouilla Vivien. La bonne humeur reconquit le terrain. En se battant pour rire, leurs mains effleurèrent de charmantes et mobiles rigidités qui ne demandaient qu'un encouragement.

En cet instant, Patrice dit:

— Tu crois qu'on peut faire "ça" une nuit de Noël?

Vivien lui caressa doucement les cheveux et murmura, de souffle à souffle:

— Si tu parles ainsi, alors c'est que tu considères, devant Dieu, notre amour comme un péché. Dans ce cas, il vaut mieux y renoncer, car ce serait de l'hypocrisie.

— Tu as raison, dit Patrice, mais je te propose une sorte de sacrifice, si tu veux : cette nuit, pas  de boogie-woogie ; ce n'est pas crainte du péché, seulement un sacrifice pour appeler la BIENVEILLANCE  de tous sur notre amour.

— Je t'aime, dit Vivien.

— Je t'aime, dit Patrice.

Une étincelle jaillit du fond de leur cœur, avec des transports ineffables. Ils s'endormirent, béats, la tête toute résonnante des accents de l'Oratorio de Noël, l'âme emmitouflée de cet apaisement plein de sagesse volontaire.

Au petit matin, ils sentirent quelque chose qui leur fit l'impression d'une anguille glissante. Anguille, au demeurant, aussi remuante qu'une vraie, mais en bien plus volumineux. C'était Aymeric. Le jeune frère de Patrice avait ressenti le besoin d'achever son sommeil entre les bras des deux êtres qu'il chérissait le plus au monde : son frère et l'ami de son frère 

Un petit drôle soudain devenu "divin enfant", qui répondait aux caresses par des grognements et toutes sortes de petits cris d'extase. On ensevelit Aymeric sous une tonne de baisers, on l'accabla de mordillements, de chatouilles, d'étreintes délicates, de tendres accolades, et Vivien put se confirmer encore une fois ce qu'il savait depuis longtemps, que l'amour que Patrice portait à son jeune frère avait une telle dimension, une telle force qu'il eût pu en ressentir de la jalousie si l'affection de Patrice envers lui, Vivien, n'était pas d'une nature charnelle et amoureuse. Et puis, inconsciemment, Vivien qui caressait chastement le petit se mit à penser qu'Aymeric était leur enfant.  S'ils se mettaient en couple, ils adopteraient un petit comme ça. 

Enfin, on se rendormit, bien serrés les uns contre les autres.

Il régna, dans cette alcôve, une ambiance de paradis et d'innocence retrouvée, partagée...Vivien rêva. Ainsi qu'il en avait ressenti le choc au musée, son foyer familial ne ressemblait en rien à son projet de vie. Dans son rêve ses parents le regardaient fixement partir, enchaîné à Patrice.

Le déchirement devenait fatidique. Sa vie, OUI ou NON, lui appartenait-elle ? devait-il en remettre l'essentiel à Patrice "pour le meilleur et pour le pire" ? 

 

- ça  ne se posait pas en ces termes mais plutôt dans un grand saut dans le vide et l'inconnu.

 

A l'évidence il n'était pas prêt. "Trop jeune encore prétendait-il..."-"et qu'est-ce que ça fait si on doit continuer à  se cacher ?"-" ainsi personne n'en saurait rien et ses choix seraient intacts..."

Une sourde douleur lui tenaillait l'estomac : -" maintenant c'est à Patrice qu'il faut mentir !" 

Ce fut l'éveil.    Et le retour des certitudes... des ivresses au parfum des corps. Du je-m'en-fous-du-regard-des-autres  

Avec toi, pour toi et en toi ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Qui peut prétendre savoir ce que sera sa vie ? 

 

     

 

 Par tous les temps...

La décision de Vivien ...

 

 photo gifbbmlasso.gif

Vivien ...-"chopé, je suis chopé, mais notre histoire, qui comme toutes les histoires finira mal, certes, mais pas comme celle des amants de Brokeback Mountain ...des "bisex" qui se cachent toute leur vie.."

 

Toutes les illustrations sauf (1) le dernier GIF, sauf (2) le rire du gosse,  sont empruntées aux oeuvres gaies  de Steve Walker 1961-2012, vie trop brève et regrettée.

RIP Steve ! Pillow

....pour nous tu seras toujours en vie à travers tes oeuvres.

Par YvesKlein Steve Walker claudio - Publié dans : VIVRE SA SEXUALITE, SES FANTASMES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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