Partager l'article ! sexualité et société...nous sommes nos propres ennemi(e)s: « Quand il y a des mecs, il y a de l’ambiance, c’est la fête dans les ...
« Quand il y a des mecs, il y a de l’ambiance, c’est la fête dans les couloirs ! », regrette Jihene, 24 ans
un couvent plus qu'une résidece U...une mentalité qui a mis du temps à se metre à jour et se rendre compte qu'elle gérait une "tribu" étudiante de majeur(e)s
A Amiens, dans la dernière cité U "de filles" où les garçons étaient interdits jusqu'en 2014« De manière générale, la sexualité est encore taboue dans notre société.
chaude ambiance à la cafét' mais ce n'est pas Amiens.
Jihène, Maroua, Malek et Mounia, quatre locataires de la résidence Saint-Leu. Crédit photo: Anaïs Moutot
Cette atmosphère de pensionnat ne fait pas l’unanimité. Jihene, 24 ans, vivait l’année dernière dans une résidence mixte. « Quand il y a des mecs, il y a de l’ambiance, c’est la fête dans les couloirs ! », regrette-t-elle. Avec ses copines Maroua, Malek et Mounia, elles ont demandé à vivre à Saint-Leu avant tout pour le loyer : « C’est la résidence la moins chère d’Amiens : on paye 162 euros par mois», explique Jihène. Le taux de pauvreté à Amiens était de 25% en 2011, selon la dernière étude du C.o.m.p.a.s.
Garçons sautant par la fenêtre oh les vilains !
Dans la salle informatique, où sont installés quatre énormes ordinateurs du début des années 1990, Aïcha révise ses cours de droit. « Quand mon père vient, il ne peut pas rentrer », déplore-t-elle. « Si j’avais su, je n’aurais pas candidaté ». Avant de venir faire son master de droit ici, elle étudiait à la faculté de droit de Rabat : « Dans ma résidence universitaire, les filles et les garçons vivaient séparément, mais il y avait une grande cour, une salle d’études et une salle télé, où l’on pouvait se retrouver ».
La salle informatique de la résidence Saint-Leu ; comme elle est triste triste triste ! Crédit photo: Anaïs Moutot
Aïcha a un petit ami qui vit à Paris. Elle est donc « obligée » de faire l’aller-retour pour le voir. Quand il vient à Amiens, « on va au café… pour discuter », assure-t-elle en souriant.
Ca s'appelle la délation ! « Si une fille voit un garçon dans les étages, elle vient nous le dire, et il va descendre vite fait bien fait ! »,
D’autres sont moins sages, raconte la directrice: « On voit des garçons sortir en sautant par les fenêtres le matin ». Et d’égrener « les stratagèmes mis en place par les filles pour distraire l’agent d’accueil, comme demander quelque chose à la loge pendant que le garçon monte discrètement les escaliers ». Passé cette étape, ses chances de survie sont courtes. « Si une fille voit un garçon dans les étages, elle vient nous le dire, et il va descendre vite fait bien fait ! », assure la directrice. Le droit de visite du sexe masculin se limite à deux cas : emménagement et déménagement.
D’ici deux ans, (en 2016) la résidence devrait être rénovée, les cloisons entre deux chambres détruites pour créer des studios de 20m2 avec douche et W.C. Les garçons pourront alors faire leur entrée. Ce sera la première fois… ou presque. La résidence Saint-Leu est devenue mixte le temps d’un été, il y a trois ans. Les filles habitaient au 1er et au 2ème étage, les garçons aux 3e et 4e. Résultat : « On ne sait pas ce qui s’est passé… mais il n’y a pas eu de bébés cette année-là », plaisante la directrice.
Anaïs Moutot (Le Monde Académie)
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