Christian Michot, 51 ans : « Dieu m'aime tel que je suis. Il se moque de savoir si je suis homosexuel ou pas ».

Christian Michot, 51 ans : « Dieu m'aime tel que je suis. Il se moque de savoir si je suis homosexuel ou pas ». Ordonné en 1995, ancien prêtre à Niort et Bressuire, Christian Michot a cessé de dire la messe en 2005. Aujourd’hui, il révèle son homosexualité
© (Photo NR, Patrick Lavaud)

 

Dans le quartier des Trois-Cités à Poitiers, quelques habitants connaissaient son homosexualité. Très peu savaient qu'il était prêtre. Directeur d'une structure d'insertion, Christian Michot est pourtant totalement immergé dans la vie de son quartier, mais extrêmement discret sur sa vie personnelle. Il a suffi qu'un journaliste du Parisien-Aujourd'hui cherche le témoignage d'un prêtre vivant son homosexualité pour qu'il se raconte. Christian Michot : « Je suis le référent national des prêtres homosexuels de l'association chrétienne David et Jonathan. J'ai accepté de témoigner. »

" Dieu nous aime tels que nous sommes "

Témoigner de sa foi en Jésus-Christ, de son engagement à « vivre l'Évangile » auprès des gens. Dire aussi la découverte progressive de son homosexualité quand il était au séminaire où il se confie à son accompagnateur spirituel. Ordonné prêtre en 1995, à 31 ans, il est envoyé au Clou-Bouchet, un quartier populaire de Niort, avant d'être nommé à Bressuire où, comme il le dit, « je suis tombé amoureux de celui avec lequel je vis aujourd'hui. »Il en informe Mgr Albert Rouet, évêque de Poitiers à cette époque. « Il m'a accueilli, écouté fraternellement. Pendant plusieurs mois, nous avons cherché la solution la plus humaine. »
Au début, Christian Michot refuse de choisir entre l'homme qu'il aime et son ministère de prêtre. « Dieu nous aime comme nous sommes, avec notre sexualité, hétéro ou homo », argumente-t-il. Jusqu'au jour où la situation ne lui semble plus tenable. « Il était hors de question que je vive une double vie. »En accord avec l'évêque, il décide alors de quitter la paroisse où il exerce. « C'est mon choix,souligne-t-il. Je suis toujours prêtre, mais déchargé temporairement de l'exercice du ministère. Lors de mon ordination, j'ai pris l'engagement du célibat, mais j'ai compris que je ne pouvais pas le tenir. »
Christian Michot ne célèbre plus la messe . « Je ne demande pas à être réduit à l'état laïc. Je considère que l'ordination que j'ai reçue le 2 juillet 1995 ne peut pas être annulée. »
Dans le quartier des Trois-Cités, à Poitiers, où il trouve un emploi, il s'investit totalement dans son travail salarié : aider les gens en difficulté. Un accompagnement qui n'est pas loin de ressembler à son engagement de prêtre au service des autres.
A ceux qui le croisent avec son ami avec lequel il vit, il ne cache pas son homosexualité. « La sexualité est quelque chose de beau. C'est un don de Dieu. »
A notre journal, il confie qu'il ne s'attendait pas à l'impact médiatique de son témoignage au Parisien-Aujourd'hui. « Les journalistes me sollicitent de partout pour une interview. »Sa réponse aujourd'hui : s'immerger encore plus dans son engagement professionnel au service des autres.

Voir la vidéo sur nouvellerepublique.fr et centre.presse.fr

réaction

Mgr Pascal Wintzer : " On se rencontre de temps en temps "

Contacté par le journal, l'archevêque de Poitiers, Mgr Pascal Wintzer indique qu'il rencontre « de temps en temps » Christian Michot. Sur sa situation de prêtre qui a quitté son ministère pour vivre l'amour avec un autre homme, il ne porte pas de jugement : « Christian Michot ne vit plus son engagement au célibat. Pour autant, il reste prêtre. Le sacrement de l'Ordre ne peut pas s'effacer. Pour être réduit à l'état laïc, il faudrait que le prêtre en fasse la demande expresse et que l'Église en prenne la décision. » Mgr Pascal Wintzer ajoute : « Christian Michot assume le choix qu'il a fait. Il vit une situation d'échec. Cette situation est douloureuse pour lui en raison de l'engagement au célibat qu'il a pris et qui est demandé à tous les prêtres au moment de leur ordination. »
Dès lors que l'Église catholique n'ordonne que des hommes célibataires, la question se pose de savoir comment le séminaire aide les candidats à la prêtrise à se préparer au célibat pendant toute leur vie. « Je ne peux pas me prononcer sur le cas précis de Christian Michot durant sa formation au séminaire, mais il importe que ces années de préparation aident le futur prêtre à vérifier qu'il peut vivre son célibat de manière heureuse. Ce n'est pas une question morale, mais un état d'esprit. »
A deux reprises lors de l'interview, l'archevêque a indiqué : « La situation que vit Christian Michot est analogue à celle d'un prêtre qui vivrait avec une femme. »



Jean-Jacques Boissonneau La Nouvelle République, Poitiers