La surveillance de masse d’internet pousse les internautes à s’autocensurer
1 avril 2016 par Lionel
De plus en plus les gouvernements mettent en place une surveillance généralisée d’internet et des réseaux sociaux, surveillance qui vise tout le monde
sans distinction, pour officiellement lutter contre la criminalité. Cet argument ne tient pas car on sait que les terroristes ou autres grands criminels savent contourner cette surveillance, ce
qui leur permet -hélas- de continuer leurs méfaits comme le prouvent les attentats dont nous sommes témoins, sachant du reste que le gouvernement lui-même nous avertit que d’autres attentats
auront lieu. Dès lors se pose la question de savoir pourquoi maintient-on et même renforce-t-on cette surveillance inefficace ? Une étude réalisée aux Etats Unis et dont s’est fait écho
le Monde nous donne une explication, beaucoup plus vraisemblable : La surveillance de masse conduit les internautes à s’auto-censurer, ce qui permet aux
gouvernements de limiter l’expression d’opinions politiquement incorrectes. Ainsi, la surveillance généralisée, loin de lutter contre le terrorisme, permet un contrôle de l’opinion et de
limiter le développement d’idées dissidentes.
Pour étudier ce phénomène, la chercheuse Elizabeth Stoycheff, de l’université de Wayne State (Michigan), a mené une expérience sur 255 personnes, à qui elle a fait remplir un questionnaire.
Pour la moitié des participants, ce questionnaire était accompagné d’un message rappelant que « même si nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour que vos opinions restent
confidentielles, il est important de garder à l’esprit que la National Security Agency surveille les activités en ligne des citoyens, ce qui est hors de notre contrôle ». Tous les
participants devaient répondre à des questions sur leur personnalité, puis étaient confrontés à un article de presse sur la poursuite des frappes américaines contre l’organisation Etat
islamique en Irak. Ils devaient ensuite donner leur opinion sur le sujet, dire ce qu’ils pensaient être l’opinion majoritaire parmi les Américains, et s’ils comptaient partager leur propre
point de vue sur la question.
Résultat : les personnes à qui l’on a rappelé la surveillance d’Etat étaient moins enclines à parler de leurs idées, si elles les jugeaient non conformes à l’opinion majoritaire. Même parmi les
participants qui, selon leur profil psychologique, étaient les moins sujets à l’autocensure.
Plus étonnant, les personnes les plus à même de s’autocensurer sont celles qui, dans l’absolu, soutiennent les programmes de surveillance : « Ces individus ont indiqué que la surveillance
était nécessaire pour la sécurité publique et qu’ils n’avaient rien à cacher. Pourtant, quand ces individus perçoivent qu’ils sont surveillés, ils modifient leur comportement en conséquence :
ils expriment leur opinion quand elle est majoritaire et la taisent quand elle ne l’est pas. »
Ces conclusions sont cohérentes avec la théorie de la « spirale du silence », mise en avant dès les années 1970, qui démontre que les individus ont tendance à taire leur point de vue s’ils
sentent que celui-ci n’est pas partagé par leurs pairs, par peur de l’isolement. Mais cette dernière étude apporte un nouvel élément, en s’intéressant notamment à l’expression sur Internet et à
la surveillance gouvernementale : « C’est la première étude à apporter la preuve que les programmes de surveillance gouvernementaux en ligne peuvent menacer l’expression d’idées
minoritaires, et contribuer au renforcement de l’opinion majoritaire. »
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