Partager l'article ! penser en dehors de la boîte. Y a moyen ? PAS UN CONSEIL UNE INFO !: extrait du journal d'un protestataire : L ...
On peut aussi dormir debout. Ou rêver à des lendemains qui chanteront. Par exemple, rêver à une sixième république, qui en appellera une septième,
puis une huitième. Nos ancêtres ont attendu jusqu’au seizième Louis.
Irons-nous jusqu’à la seizième république pour nous éveiller complètement, pour réaliser que le carcan n’est pas là où nous pensons qu’il se trouve
?
Mais avant d’en écrire le premier article, ne doit-on pas prendre conscience que nous nous plaçons d’emblée à l’intérieur d’un cadre qui n’est plus
perçu, car masqué par notre propre représentation de la démocratie.
Si nous ne projetons pas suffisamment de lumière sur elle, nous nous retrouverons enfermés dans la même boîte que nous croirons différente parce que
nous l’aurons repeinte.
Avant de définir les institutions de l’État, nous devrions nous poser les questions : qu’est-ce que l’État ? Faute de traiter cette question, au préalable, nous verrons se reproduire l’ordre ancien, une sorte de royauté présidentielle. Depuis l’école, nous vivons avec l’idée que l’État se compose de trois pouvoirs : exécutif, législatif et judiciaire.
Nous pourrions discuter à l’infini pour déterminer si, dans le principe, l’État a un rôle exécutif. Le débat resterait très théorique. Une voie beaucoup plus rapide consiste à regarder, domaine par domaine, ministère par ministère, en quoi l’État a des compétences exécutives.
Une telle approche, si elle était faite dans le détail et en mettant de côté toute idéologie, conduirait à un résultat étonnant : nous verrions fondre le nombre de ministères. Naturellement, surgirait immédiatement la crainte d’une privatisation de l’État à la façon néo-libérale. Au lieu de tout bloquer sous l’emprise de la peur, abordons la question en faisant preuve d’imagination. Pour cela, il nous faut accepter qu’il n’y a pas une seule forme de service public, celui que nous connaissons, central et uniforme. Nous pouvons très bien concevoir un service public de la société civile, avec des règles définies et des méthodes d’évaluations plus fiables que celles qui sont sous la coupe de l’appareil politique 1.
Nous découvrirons ainsi que, dans la plupart des domaines, le pouvoir exécutif devrait résider dans la société civile, laquelle montrera toujours qu’elle est plus créative et réactive qu’un appareil d’État lourd, échappant de plus en plus aux citoyens et agissant souvent de façon contraire à l’intérêt général, celui de la société civile et de la nature.
C’est donc à une véritable révolution de notre conception de l’État que nous devrions nous atteler, avant d’écrire la moindre ligne d’une nouvelle
constitution, laquelle sera d’autant plus facile à rédiger que nous aurons clarifié ce préalable.
De nombreux citoyens pensent qu’il suffirait d’avoir un autre mode de désignation des élus et un bon système de contrôle de leur action.
Ils voudraient y ajouter une dimension participative, par des assemblées de citoyens. Ils espèrent ainsi améliorer la gouvernance par le haut en
élargissant la base de consultation. Mais une pyramide dont la base devient plus large reste une pyramide.
Ce ne sont pas les demandes et avis qui doivent remonter au sommet de l’État.
Une nouvelle impulsion démocratique consistera à prendre la direction inverse : faire descendre la chose publique dans la société civile qui en
assume la responsabilité. Alors la citoyenneté ne sera plus délégation mais action.
Etre debout et réveillé dans la nuit démocratique que nous traversons, c’est d’abord se rendre compte que la gouvernance par le haut est une mission impossible et qu’il faut donc renoncer à ce projet irréaliste.
La superstructure étatique a montré qu’elle est un carcan. Ou, si l’on veut, elle est comparable à des échafaudages entourant une maison. Ils
servent le temps de la construction.
Personne ne dira que les échafaudages sont nécessaires pour tenir l’édifice et pour organiser la vie qui va s’y dérouler.
Une autre dynamique doit prendre la place de celle qui a prévalu dans la phase de construction. La vie doit s’installer dans la maison
Démocratie.
Nous devons donc retirer les échafaudages. Ils ont permis de construire la république formelle, mais ils sont devenus mortifères.
Alors la vie reviendra. Non pas en une seule fois, mais à mesure que les citoyens eux-mêmes décideront de prendre la responsabilité de créer et
d’administrer de nouvelles formes sociales. Il appartient à la société civile de générer, de façon évolutive, sa démocratie.
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