Dans une interview accordée au magazine Têtu en 2012, alors qu'elle n'était pas encore ministe de l'éducation, mais porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, avait condamnée le silence qui entoure l’homosexualité de certains personnages historiques dans les manuels scolaires.
La ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, avait déclaré, au sujet des manuels scolaires : « Aujourd’hui, ces manuels s’obstinent à passer sous silence l’orientation LGBT (lesbienne, gay, bi et trans) de certains personnages historiques ou auteurs, même quand elle explique une grande partie de leur œuvre comme [celle de ] Rimbaud ». Cette déclaration d’un personnage aussi éminent du gouvernement de François Hollande mérite quelques éclaircissements.
LOUANGE IMPURE ?
Le 10 novembre 1891, le poète décède, à l’âge de trente-sept, à l’hôpital de la Conception de Marseille. Atteint de gangrène, amputé d’une jambe, il serait revenu, lors de cette épreuve, à la foi de son enfance, selon sa sœur Isabelle. Elle écrit à leur mère le 28 octobre 1891 que son frère est « un juste, un saint, un martyr, un élu ». Une lettre dont l’authenticité fait toutefois toujours débat, car il semble qu’elle ait été écrite après coup, pour amplifier la renommée familiale due à la célébrité grandissante du jeune poète. Longtemps cette image a prévalu : celle d’un poète devenu aventurier, doublé d’un « mystique à l’état sauvage », pour reprendre les termes de Paul Claudel, lui-même converti à la foi catholique après sa lecture de Rimbaud. Une image qui paraît n’avoir été édifiée que pour parer la légende d’un Rimbaud dépravé, procédurier et immoral.
Dès 1885, il est avéré que le frère aîné de Rimbaud, Frédéric, un modeste voiturier, ait tout appris des années de jeunesse d’Arthur à Paris, et s’en soit ouvert aux siens qui le méprisaient de ne pas réussir, autant qu’ils glorifiaient son cadet parti en Afrique où il menait la vie ardue d’un homme qui tente la fortune. Frédéric tenait l’histoire de Paul Verlaine lui-même qui séjournait alors à Coulomnes, à quatre kilomètres de Roche, où se situait la ferme familiale de Mme Rimbaud. il semble que Frédéric, dont la mère le bannit de la ferme après lui avoir dit la vérité sur son frère Arthur et ainsi eu une explication avec elle. La famille tâcheit d'oculter l'homosexualité de Rimbaud et de grandir sa gloire littéraire.
ça dépend de quel point de vue on se place ! les hétéros s'érigent toujours en modèles, ainsi André Breton...
UN RIMBAUD "A LA CARTE" !!!
On veut bien de lui, à charge qu'il ne soit pas homo
Dans Portraits et préférences (Gallimard, 1991), datée de la même année que la préface de Paul Claudel, 1912, on trouve un texte de André Suarès, qui, bien au fait de l’homosexualité assumée de Rimbaud, écrit : « Quoi de plus absurde que de faire aujourd’hui un honnête jeune homme de Rimbaud ? (…) Mais quoi ? Rimbaud eût-il mis dans sa couche vingt mignons, je ne lui verrais pas moins d’innocence ».
Si la photo est bonne,
Juste en deuxième colonne,
Y a le voyou du jour,
Qui a une petite gueule d'amour,
Dans la rubrique du vice,
Y a l'assassin de service,
Qui n'a pas du tout l'air méchant,
Qui a plutôt l'œil intéressant,
Coupable ou non coupable,
S'il doit se mettre à table,
Que j'aimerais qu'il vienne,
Pour se mettre à la mienne, Barbara
Après la Première Guerre mondiale, Rimbaud devint l’étendard des surréalistes, dont on sait qu’ils étaient animés par une homophobie totale, André Breton en tête qui déclarait : « J’accuse les pédérastes de proposer à la tolérance humaine un déficit mental et moral qui tend à s’ériger en système et à paralyser toutes les entreprises que je respecte. » Il n’empêche : le culte de Rimbaud devient un dogme, et, à la faveur du double interdit de Claudel et de Breton, la question de l’homosexualité du poète est une matière si taboue que personne n’en a parlé, ni surtout ne s’est avisé de la célébrer, sauf Cocteau,.tous les autres voulaient bien du génie d'Arthur, mais pas du"pédé" Rimbaud... ce qui ne les grandit pas !
Sans doute aura-t-il fallu les années qui ont suivi Mai 68 pour que la question sexuelle s’impose de plus en plus, et en vienne à occulter toutes les autres dimensions, au risque de faire de Rimbaud l’archétype de l’homosexuel en gloire ce qui, aussi, déséquilibre les choses.
Seuls les hypocrites se voilent la face : il est assuré que Rimbaud a eu une aventure homosexuelle passionnée avec Paul Verlaine, aventure qui s’est d’ailleurs terminée de manière dramatique, puisque Verlaine a tiré au pistolet sur Rimbaud à Bruxelles en 1873. A la suite de quoi, Rimbaud qui espérait que Mme Verlaine lui donnerait de l’argent, pour financer ses publications, s’est vengé et a fait envoyer l'amant de son fils en prison – d’où il est revenu catholique.
Retourné chez lui, blessé à la main, et donc inapte aux travaux des champs, Rimbaud a alors écrit le récit de sa liaison avec Verlaine sous le titre « Délires », où l’on entend la « vierge folle » et « l’époux infernal » parler de manière sévère de leur amour.
« L’amour est à réinventer », peut-on lire dans « Délires ». « Génie », qui clôt les Illuminations, on lit cette définition : « Il est l’amour, mesure parfaite et réinventée, raison merveilleuse et imprévue. » La métaphore de la « mesure » est musicale : sans doute celle qui résume le mieux l’entreprise de Rimbaud, sa tentative géniale et désespérée de réinvention des choses. « Je suis un inventeur bien autrement méritant que tous ceux qui m’ont précédé ; un musicien même, qui ai trouvé quelque chose comme la clef de l’amour. » Si l’amour ici est dit « raison », c’est au sens où le poème qui l’invoque « A une raison », dans les Illuminations, celle-ci est saluée comme un pouvoir d’harmonie : « Un coup de ton doigt sur le tambour décharge tous les sons et commence la nouvelle harmonie. » C’est-à-dire aussi bien en elle le nouvel amour. D’où vient qu’on lit un peu plus loin, dans le même poème, ceci qui vient en écho de la définition finale de « Génie » : « Un pas de toi, c’est la levée des nouveaux hommes et leur "en-marche"*. / Ta tête se détourne : le nouvel amour ! Ta tête se retourne, – le nouvel amour ! »
Le nouvel amour chez Rimbaud ? La masturbation (« Hortense ») ?
Rimbaud vaut mieux qu’une mauvaise querelle sans rapport avec la vérité de sa personne et de son génie....ainsi de nombreux autres injustement méprisés pour leur homosexualité.
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