Vendredi 3 janvier
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Représenter Internet et nous, les usagers, au
cinéma 0
Depuis une vingtaine d’années le cinéma tente de représenter Internet (Traque sur Internet,avec Sandra Bullock,
c’est 1995, déjà), depuis 20 ans et à de très rares exceptions près, on n’a pas constaté de grandes réussites. Il faut dire que c’est un défi cinématographique. A deux niveaux :
1.D’abord parce qu’il y a un personnage face à un écran. Or, un personnage face à un écran, ça n’est pas très
intéressant. Le problème s’était déjà posé avec la représentation de la télévision. Mais la télévision, on s’en aperçoit maintenant, c’était simple, car devant la télévision, on regarde la
télévision.
Tandis que
On peut faire des romans d'une vie, des reportages...même
tourner autour d'un mec qui lit un bouquin...
mais que faire autour d'un surfeur ou tchatteur sur
internet...
...quand on est face à son écran et en ligne, on peut être
en train de faire des choses très différentes : tomber amoureux,(lol) se séparer, lancer une attaque nucléaire, faire des courses, formuler une idée révolutionnaire…. Et tout ça, de
l’extérieur, eh bien ça se ressemble beaucoup : c’est constamment quelqu’un, face à un écran, qui tape sur un clavier, voilà tout.
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Enquête:
Depuis 20 ans, le cinéma cherche des solutions qui sont devenues autant de lieux communs : faire des gros plans
sur le visage de l’internaute (avec en général les reflets de l’écran et des sortes de grimaces subtiles censées indiquer la nature de l’activité), montrer les doigts sur le clavier (quand ce
sont les doigts d’un hacker, ça va super super vite), et parfois faire apparaître l’écran avec les sites visités (l’information essentielle s’affiche soudain, dans son évidence magique). Il y a
évidemment des tentatives plus intéressantes, et en particulier une toute récente, un court métrage montré au festival de Toronto.
Il s’intitule :
Noah, il dure 17 minutes et on ne voit qu’un écran, celui de Noah, les fenêtres qui s’ouvrent,
se referment, restent ouvertes, Noah qui tchate sur Facebook avec sa copine mais laisse tourner en fond une vidéo cochonne sur Youporn, puis qui éconduit un copain sur une autre messagerie. Non
seulement ça construit un récit, une dramaturgie mais ça dit quelque chose d’Internet, de nos usages. Bref, c’est assez réaliste.
2. Le second défi que pose Internet à la représentation, c’est la représentation du médium lui-même, des lieux
de l’Internet, là où l’information est stockée, comment elle circule. Là, le problème, c’est qu’Internet, c’est assez peu spectaculaire : les câbles, les fermes de serveur, ça ne vaut
pas les industries qui ont précédé (souvenez-vous des premières minutes du Deer Hunter – Voyage au bout de l’enfer - de Michael Cimino avec ces scènes magnifiques de sidérurgie, ou même les
chaînes de montage chez Chaplin et beaucoup d’autres, difficile de faire la même chose avec les entreprises du numérique).
Et même, ce qui est vraiment impressionnant dans Internet, c’est la manière dont circulent ces petits
paquets d’information sur les réseaux, mais qu’en faire comment les matérialiser pour notre vision ? Eh bien pas grand-chose depuis ce qu’on voyait déjà dans Tron, avant même Internet (le premier
Tron, c’est 1982) : des points lumineux qui vont très vite, la métaphore visuelle de l’autoroute de l’information.
Tron est le premier film à utiliser des séquences retravaillées ou conçues par ordinateur. De plus, il faut se
rappeler qu'en 1980, la souris(avec ses boutons et sa boule) n'était pas encore répandue. L'invention de la souris à boule date de
1979, et
est restée confinée dans les universités et parcs de recherche et n'a émergé pour le public qu'en 1983sur l'Apple Lisa. Et comme Disney ne possédait pas de ces
ordinateurs expérimentaux, les informaticiens engagés par Disney ont travaillé de longues heures uniquement avec un clavier, en mode texte.
Le rendu lissé et artificiel que l'on obtenait avec les images de l'époque n'est pas un défaut, puisqu'il permet
de donner un caractère artificiel au monde de l'ordinateur par rapport à la réalité. Ce rendu a par ailleurs été utilisé plus tard par John Carpenteren 1996 pour le
sous-marin dans Los Angeles
2013, les trucages ayant été faits par Buena Vista Visual Effects, qui est une branche de Disney.
webcams on
Mettre en scène les discussions c’est la solution de David Fincher
dans The Social Network,(2013) sans doute un des plus beaux films sur Internet, où tout ou presque passe par la parole et son accélération.
un prince du clavier
Le film : En 2003, l'étudiant à l'université HarvardMark Zuckerberg (Jesse Eisenberg) est largué par sa copine Erica Albright (Rooney Mara) durant une soirée dans un bar. Il revient à son dortoir ivre et rédige un blog pour la discréditer tandis
qu'il boit une bière. Dès lors, il est inspiré pour créer un blog de campus nommé Facemash qui permettra aux utilisateurs de voter pour chaque étudiante par le biais de leurs photos prises à leur
insu...ce sera la naissance de Facebook.
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