Le porte-parole du mouvement gay, fines lunettes sombres et rectangulaires sur le nez, est discret et sobrement vêtu. Toujours calme, il répète imperturbablement ses arguments en faveur de "l'égalité des droits" d'un ton posé.
A 28 ans, il n'a pas l'air plus impressionné que cela par la tourmente du débat et la lumière des projecteurs. "Il faut garder les pieds sur terre et la tête froide", sourit-il. De toute façon, dans six mois, son mandat sera terminé. En attendant, il répond aux journalistes, argumente face aux conseillers ministériels, plaide devant les élus, débat sur les télés et les radios, distribue des tracts... Et travaille, car son poste à l'Inter-LGBT est bénévole. Dans son autre vie, il est cadre dans une mutuelle de santé. Il tient grâce "à l'adrénaline" et "au sentiment qu'on peut concrètement changer la vie des gens". "Chaque matin je sais pourquoi je me lève", ajoute-t-il.
MILITANT-CITOYEN
Nicolas Gougain n'est pas aussi charismatique que sa rivale Frigide Barjot. Il le revendique, jouant la carte du militant-citoyen "comme les autres". "Notre combat ne peut pas être mieux incarné que par les personnes directement concernées, dit-il. On a le sentiment de faire face à un objet médiatique. Frigide Barjot joue à la manifestante. Moi je ne joue pas. Des familles sont dans un vide juridique complet et ont beaucoup à perdre." Est-il le chef du "lobby gay" dénoncé par les opposants ? "Le travail à l'Inter-LGBT est beaucoup plus proche du syndicalisme", récuse M.Gougain. Une culture militante qu'il a acquise en tant que responsable de la section locale de l'UNEF à Saint-Etienne, où il a fait des études de musicologie, puis au bureau national, où il participe au mouvement anti-CPE en 2006. Il rejoint l'Inter-LGBT, fédération de 60 associations homosexuelles, en 2008, et devient son porte-parole en 2010.
Le plus difficile à ce poste est sans doute de faire la synthèse entre les positions des uns et des autres, les sujets de désaccords ne manquant pas (Paris contre province, féminisme contre défense de la grossesse pour autrui, stratégie des coups médiatiques contre culture plus institutionnelle...). Les actions, argumentaires et communiqués sont toujours débattus avec les membres."Nicolas est extrêmement patient, dit Alexandre Urwicz, coprésident de l'association des familles homoparentales, membre de l'Inter-LGBT. Je l'admire!"
TIÉDEUR
Alors que le camp adverse dénonce une "surenchère", d'autres reprochent au contraire à l'interassociative sa tiédeur. "Dès que son périmètre a été connu, nous avons dénoncé les lacunes du projet de loi, notamment sur la procréation médicalement assistée, répond Nicolas Gougain. Et quand il a fallu taper du poing sur la table nous l'avons fait." Allusion au lendemain de la déclaration de François Hollande sur la "liberté de conscience" des maires qui refuseraient de célébrer des mariages homosexuels, le 20 novembre 2012.
Le lendemain matin, l'Inter-LGBT annonçait la "rupture" de ses relations avec le gouvernement. A 16 heures, ses représentants étaient reçus par le président, qui retirait son expression. Preuve selon M. Gougain que l'Inter-LGBT, à l'origine consacrée à l'organisation de la marche des fiertés de Paris, est devenue "un interlocuteur institutionnel respecté".
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