L'association Promouvoir, qui s'en prend actuellement aux Huit Salopars de Tarentino, se heurte désormais à un sérieux concurrent, l'Église. L'histoire d'amour gay du film Week-end, qui sortait cette semaine en Italie dans 10 salles seulement, a été jugée «scabreuse» et «inutilisable» par les représentants du clergé. Ces derniers ont de ce fait interdit sa projection dans les salles transalpines.
Les autorités italiennes, elles, avaient simplement interdit ce film aux moins de 14 ans. Mais pour la commission d'évaluation de la Conférence des évêques italiens (CEI), il est «déconseillé, inutilisable et scabreux».
Par conséquent, le film a été refusé par les plus de 1.100 cinémas appartenant à l'Église, qui forment l'essentiel du réseau des salles indépendantes du pays, en marge des grandes chaînes d'exploitation, selon son distributeur, Teodora Film, présidé par Cesare Petrillo.
Ce réseau est un héritage de l'époque -- immortalisée dans le «Cinema Paradiso» de Giuseppe Tornatore -- où chaque paroisse avait son cinéma et où le prêtre du quartier faisait couper les scènes qu'il jugeait inappropriées. Désormais, ces salles sont louées par les paroisses à des gérants qui, selon Cesare Petrillo, président de Teodora, ne sont pas religieux mais doivent s'engager à suivre les directives des évêques.
«La seule raison, c'est que les personnages sont gays»
«Normalement, un film comme ça aurait été diffusé par beaucoup de ces salles. Mais en fait on n'a pas pu le sortir dans des régions entières et des villes comme Florence, Bergame ou Padoue. Et la seule raison c'est que les personnages principaux sont gays», a dénoncé M. Petrillo à l'AFP.
Réalisé en 2011, Week-end sort en Italie pour surfer sur le récent succès de Andrew Haigh avec 45 ans, qui a valu à Charlotte Rampling une nomination aux Oscars et avait été, lui, validé avec enthousiasme par la Conférence des évêques italiens.
La commission de la CEI évalue tous les films sortant en Italie, approuvant la majorité mais signalant certains comme «problématiques», en invitant les exploitants à accompagner leur diffusion d'un débat sur les questions qu'ils soulèvent. Cela a ainsi été le cas récemment pour The Danish Girl, sur la pionnière transgenre Lili Elbe, ou Spotlight, sur le scandale des prêtres pédophiles à Boston.
Après l'association Promouvoir qui prend très à coeur son rêole de censeur en France , l'Italie va devoir se frotter à plus coriace encore, car difficile de s'en prendre au dogme religieux.
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