Ils s’appellent Mourad Soussi, Yacine Ait-Ouali, Karim Maraoui, Tayeb Benkhellat et Chafaâ Housni. Ils sont les membres d’Index, un des groupes pionniers du rap kabyle. Le succès stupéfiant de leur premier album « Bezzaf » (Assez !), le premier du genre sur la scène musicale kabyle, les met tout de suite devant le fait accompli. La destination rap leur est irréversiblement tracée par un public jeune qui a soif de communiquer. Il viennent de mettre sur le marché leur deuxième album composé de six titres. C’est magique, c’est plein de surprises ! Nous avons rencontré à Akbou Chafaâ Housni, chanteur du groupe, il a accepté de répondre à nos questions.
Comment avez-vous eu l’idée de monter Index ?
Le rap existe pratiquement dans toutes les langues du monde, eh bien, on voulait nous aussi avoir un rap à nous, en Kabyle. L’idée d’oeuvrer dans ce sens a surtout pris forme suite à l’écho positif reçu par la première chanson que j’ai écrite qui est vite adoptée par les jeunes de mon entourage qui m’ont encouragé sans cesse. Moi et une bande de copains avions alors monté Index. En 2002, notre premier album, "Bezzaf" (Assez !) a vu le jour et le succès qui s’ensuivrait est connu de tous. A la même époque, d’autres formations rap amies ont sorti également des produits comme KAF (Kabyle attaque en force) et Tayfa.
Pourquoi l’appellation Index ?
Index signifie, dans notre argot, le témoin. Notre dessein à travers la chanson est d’être témoins de notre temps, témoins de tout ce qu’on voit et entend et, partant, mettre à l’index ceux qui sont la cause du malheur du peuple et de la jeunesse.
Chanter le rap en Kabyle, c’est quoi ?
Au fait, nous chantons dans la langue de la rue ; la langue littéraire ne rime pas avec rap. Nous chantons les problèmes quotidiens du peuple dans la langue du peuple. C’est ce qui fait que, de nos jours, le rap gagne de plus en plus de terrain parce qu’il est, à mon sens, le plus fidèle aux aspirations des jeunes et des couches défavorisées.
Vos influences artistiques ?
Sincèrement, personnellement, je suis un admirateur du groupe rap français Assassin qui se réclame de citoyens pauvres et qui a une manière originale de chanter et de dénoncer le racisme et la xénophobie. J’ai un faible également pour la musique celtique. Dans notre troisième album qui est en préparation, nous avons intégré également la musique celte.
Justement, un mot d’abord sur le deuxième album qui est depuis quelques jours sur le marché ?
Nous avons pris beaucoup de temps pour le produire, mais nous sommes satisfaits, c’est une grande réussite. On a également réalisé un clip. Outre les nouveautés sur le plan musical, la débauche qui souille notre société, notamment ces derniers temps, constitue une des plus importantes thématiques de cet album. Nous voulons tirer la sonnette d’alarme sur ce phénomène qui a pris des proportions alarmantes en Kabylie ces dernières années et, à travers cela, sensibiliser les jeunes pour ne pas sombrer dans la dépravation. On ne peut nous taire, ça nous fait mal au coeur de voir des gamin s’adonner à la drogue !
Pourtant, d’aucuns pensent que le rap est une chanson de voyous..
C’est vrai, j’ai déjà écouté ça (rire). Au fait, je ne comprends pas ce qu’est un voyou pour eux. Qu’on nous juge à travers notre oeuvre et non avec des préjugés ! Si notre message est jugé comme voyou, eh bien, « chah ! » ça change rien pour nous !
En conclusion ?
Pour conclure, je souhaite que la chanson kabyle s’ouvre davantage sur d’autres styles musicaux afin de lui permettre de rivaliser avec d’autres chansons. Ceci dit, s’ouvrir sur d’autres cultures ne signifie pas aliéner sa propre culture. Nous avons, heureusement pour nous, une langue riche qu’on peut adapter à n’importe quel genre musical.
Karim Kherbouche, Algeriasong
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