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dans la profession de foi de mon site je vous le dis que je cherche le meilleur du net, eh bien voilà !  claudio 

À la rencontre d’une Sugarbaby et d’un sugardaddy, à l'abri de la nouvelle loi sur la prostitution     

d'après Justine Jankowski avril 13, 2016  sur VICE

À la rencontre d’une Sugarbaby et d’un sugardaddy, loin de la nouvelle loi sur la prostitution         

Image d'illustration / VICE News France

« Ah non, merde ! » râle Agathe (le prénom a été changé). En s'appliquant de l'huile hydratante, elle est remontée jusqu'aux cuisses. « J'avais prévu de mettre des bas, ça va glisser maintenant... »

Il est 12h30. Dans son 20 mètres carrés en pagaille, Agathe se pomponne. Elle a rasé ses jambes dans son bain, elle sèche ses cheveux bruns et lisses. Agathe n'a pas rendez-vous avec son petit ami. À 13h00, elle déjeune avec un quadragénaire, un potentiel « sugardaddy ».

Originaire du sud de la France, la jeune femme de 23 ans s'est installée à Paris l'année dernière, pour suivre des études paramédicales. Son école lui coûte 9 000 euros par an. Alors quand elle a épuisé son prêt bancaire en octobre, elle s'est tournée vers un site de rencontres en ligne un peu particulier : SeekingArrangement.

Il y a deux ans, le célèbre site américain a investi le marché français, attirant environ 40 000 nouvelles utilisatrices. Le créateur de SeekingArrangement, Brandon Wade, auto-entrepreneur et milliardaire diplômé du prestigieux Massachusets Institute of Technology (MIT), décrit son site de rencontres comme un espace où « les gens beaux qui ont du succès vivent des relations mutuellement bénéfiques ». Traduction : le site met en relation des sugarbabies, généralement de jeunes étudiantes dans le besoin, avec des sugardaddies, de riches hommes d'affaires qui ont parfois l'âge de leurs pères et qui veulent de la compagnie.

Ce principe d'échanges fait son nid dans une zone grise : sous couvert d'un arrangement attractif pour les deux parties, le site peut, dans la pratique, être utilisé comme point de départ d'une prostitution d'un nouveau genre, où la prestation sexuelle n'est ni obligatoire, ni tarifée, mais implicitement récompensée. Si la nouvelle loi sur la prostitution, adoptée mercredi 6 avril, comporte un volet Internet, il semble peu applicable ici. De leur côté, ces sites ont toujours nié encourager ou favoriser la prostitution et n'ont pas été condamnés pour cela.

Nous avons interrogé Sergio Coronado, député écologiste qui a participé aux travaux de la loi. Il reconnaît que « ce volet [concernant la prostitution sur internet] ne va rien changer. On ne peut pas lever l'anonymat des conversations privées ». L'élu ne « voit pas comment on peut attaquer ces sites-là ». Certains critiques de la nouvelle loi expliquent que les clients, désormais coupables, pourraient se tourner vers des sites comme SeekingArrangement ou SUGARDADDY.FR, mieux à l'abri derrière leurs écrans qu'au bord du trottoir.

SeekingArrangement compte 2.7 millions d'inscrits à travers le monde. Ici, coucher pour payer ses études semble aussi banal qu'un match sur Tinder. Mais SeekingArrangement dément être un service de prostitution, le site précise : « Un arrangement n'est pas un service d'escort. SeekingArrangement n'encourage sous aucune forme des escorts ou des prostituées à utiliser notre site pour des gains personnels. »

Après la publication de cet article, le site SeekingArrangement nous a fait parvenir une réponse par email, envoyée par sa porte-parole européenne. Il est écrit que « SeekingArrangement est un site internet de rencontre fait pour faciliter les arrangements, qui ne sont en aucun cas des prestations sexuelles ou qui seraient liées à l'industrie du sexe. SeekingArrangement n'est pas un site de prostitution. » Le site nous explique que « tout échange d'argent » est interdit et que ce genre de pratiques sur leur site doit être signalé par les usagers. « Nous prenons ces problèmes avec le plus grand sérieux. »

« Je suis passée de salope à prostituée »

« Coucher pour de l'argent, c'était un de mes fantasmes depuis le lycée », admet Agathe en s'allumant une Lucky. « J'ai calculé, j'ai besoin d'environ 800 euros mensuels. Je me fais à peu près 500 avec sept et huit mecs par mois, mais j'aimerais trouver un sugardaddy sur la durée, pour n'en avoir qu'un ».

Agathe n'a pas des goûts de luxe, mais elle est dépensière. Ses chaussures s'entassent dans un coin de la pièce, et la table semble avoir disparu depuis bien longtemps sous ses produits de parfumerie.

Le déjeuner qui l'attend est un enjeu, comme pourrait l'être un déjeuner d'affaires. « On s'est déjà vus une fois, pour un verre, mais là le mec veut qu'on fasse vraiment connaissance, parce qu'il veut une vraie relation. Il dit qu'il veut une fille amoureuse, et lui payer son loyer et ses études. J'espère que je vais lui plaire ». L'homme a 20 ans de plus qu'elle.

Ce midi, Agathe a prévu de jouer toutes ses cartes. Elle enfile d'abord un ensemble de lingerie bleu-gris. Finalement ça ne va pas. Avec sa robe sans manches, les bretelles dépassent, « c'est pas joli, en plus je ne trouve plus mes bas gris ». Elle farfouille dans ses tiroirs encombrés, en extirpe un soutien-gorge et culotte assortie en dentelle noire, ça va mieux avec les bas. Sur son clic-clac, elle étale ses produits de beauté et se maquille en quelques minutes. Elle est en retard, « on va prendre un taxi ». Avant de claquer la porte, elle mâche un clou de girofle, « plus efficace qu'un chewing-gum », enfile ses escarpins bleu roi et glisse des lingettes dans son sac. Uber nous attend.

Agathe n'a pas parlé de sa nouvelle activité à ses parents, mais elle l'a dit à ses amis proches. « Quand je suis en rendez-vous, il y a toujours quelqu'un qui sait où je suis ». La nouvelle n'a pas franchement créé la surprise. La jeune femme dit avoir toujours aimé coucher avec des inconnus. « Je suis passée de salope à pute » claironne-t-elle en riant.

« Oui, c'est de la prostitution. Mais de la prostitution de luxe », nuance-t-elle. La différence avec celles qui claquent des jambes sur le trottoir ? « Moi, je peux choisir les mecs, en fonction de leurs profils. Je ne prends que ceux qui mettent des photos d'eux. Un jour, un mec a voulu me pisser dans la bouche pour 3 000 euros. Même pour un million, je ne l'aurais pas fait. »

Sur SeekingArrangement, Agathe utilise un pseudonyme. En dessous de ses caractéristiques physiques - taille, corpulence, couleur des cheveux et des yeux - elle a ajouté une citation : « Les femmes... Fausses, jalouses, impérieuses, coquettes ou dévotes... Les maris perfides, inconstants, cruels ou despotes, voilà l'abrégé de tous les individus de la terre ». Signé : le Marquis de Sade.

« Sur SeekingArrangement, mon taux de déchets est moins élevé »

Pour les besoins de cet article, nous nous sommes inscrits comme sugarbaby sur le site. Une fois notre profil en ligne, les demandes de prise de contact pleuvent. Un homme de 54 ans, employé de banque, accepte de nous rencontrer.

Il nous donne rendez-vous dans un café sur les Champs Elysées. Il arrive, en retard. Il sort d'une entrevue avec une Sugarbaby.

Après avoir choisi la table la plus discrète de la terrasse, il annonce, paradoxal : « J'assume totalement ce que je fais ». Sa voix est basse, sa main en rideau sur son visage le dissimule des clients de la table voisine. À son doigt brille une alliance. Dans sa bio sur le site, il précise : « 1m75 pour 90 kilos, pas mal conservé par le temps. Je ne fais pas fuir quand on me voit ». On a face à nous un homme petit, replet, moustache de trois jours grapillant du territoire sur des joues tombantes, blouson en daim et le cheveu rare.

Contrairement à d'autres sugardaddies, qui jouent aux bons samaritains pour se déculpabiliser, il ne se voile pas la face. « Il serait indécent de dire que je fais ça pour payer leurs études. Je le fais pour pimenter ma vie sexuelle, parce que je ne suis pas satisfait à la maison. D'ailleurs, je ne cherche pas de relations longues, juste des coups d'un soir ».

On lui demande pourquoi il s'est tourné vers SeekingArrangement, et non pas un site de prostitution classique. Il raconte avoir commencé comme ça, sur Wannonce, un site de petites annonces où la catégorie pudiquement intitulée « Rencontres relations adultes éphémères » masque en réalité des annonces plus trash les unes que les autres.

« Les prostituées professionnelles sont trop mécaniques, il n'y a pas d'échange, pas de communication, et les filles ne prennent aucun plaisir. Parfois je les rencontrais et je n'avais même pas envie d'aller plus loin », regrette le quinqua. « Moi je cherche quelqu'un qui choisit, qui aime ça. Je ne demande rien d'excentrique, juste le french kiss ». Il boit une gorgée de café et lâche, désinvolte : « Sur SeekingArrangement, mon taux de déchets est beaucoup moins important que sur un site de prostitution traditionnel ». Dans son esprit d'expert-comptable, les filles s'alignent comme des chiffres à faire fructifier pour augmenter son bénéfice.

Parmi celles qui ne partent pas à la déchetterie, il y a les sugarbabies qui ont passé l'épreuve de la première rencontre. « Certaines filles veulent aller directement à la chambre », mais il préfère commencer par partager un coin de bar avec elles. « Pour voir si on est sur la même longueur d'onde ». Se plaire mutuellement, ou faire semblant, ça fait partie du deal. D'ailleurs, il refuse que sa sugarbaby se sente redevable : « Moi, je préfère qu'on soit au même niveau, qu'elle y prenne aussi du plaisir. Chacun est libre ». Mais lui aussi l'admet, « quelque part, c'est de la prostitution, vis-à-vis de la morale judéo-chrétienne ».

Et comme des prostituées classiques, il les emmène dans des hôtels chics de la capitale. Pour deux heures de « plaisir », ce sugardaddy peut payer jusqu'à 250 euros la passe, en plus de son abonnement au site, minimum 40 euros par mois - certains payent plus, pour dépasser le quota de messages privés. Plusieurs fois, il s'est fait planter devant la chambre d'hôtel qu'il avait prépayée. Depuis, il a trouvé une solution : « J'ai découvert le site Dayuse, un réseau d'hôtels où l'on peut payer la chambre à l'heure, et surtout, après la prestation ». Il suffit d'inscrire l'heure d'arrivée et la durée désirée (de deux heures à la nuit entière) pour réserver une chambre.

L'homme n'a pas prévu de quitter son costume de sugardaddy tout de suite. Ce mois-ci, il a enchaîné huit rendez-vous. Il se prépare, à une éventualité pourtant peu probable : que « le type qui héberge SeekingArrangement tombe sous le coup du proxénétisme ». Avant d'insister pour payer, il prophétise : « Si le site ferme, un autre ouvrira. Il y a toujours eu des escorts. Elles se sont juste démocratisées ».

Agathe rentre chez elle vers 23 heures. Le déjeuner avec son sugardaddy potentiel s'est éternisé jusqu'à 15h30, heure à laquelle il l'a ramenée chez lui. « Mais en fait, on n'a pas baisé avant 20h30 », s'exclame-t-elle. L'homme s'est engagé à devenir son sugardaddy sur le long-terme, en payant son loyer et sa connexion internet. « Il a proposé de me faire signer un faux contrat dans son agence immobilière, pour pouvoir me faire des virements », précise-t-elle.

« Ces sites exploitent une forme de misère »

En attendant, SeekingArrangement et Sugardaddy.fr s'engouffrent dans ce vide juridique. En avril 2014, l'Association Action Contre le Proxénétisme a déposé une plainte pour proxénétisme contre Sugardaddy.fr. Pour Maître Henri de Beauregard, avocat au barreau de Paris qui a conduit la plainte, « ces sites ne sont pas légaux, car ils mettent en relation des clients avec des prestataires de services sexuels. C'est comme un proxénète qui organise une rencontre entre une prostituée et un client, puis dit « je ne sais pas ce qu'ils font dans la chambre ». Le parquet a classé la plainte sans suite.

« Une hypocrisie », nous dit Maître de Beauregard. L'avocat persiste : « Des jeunes femmes qui cherchent un vieux riche pour arrondir leurs fins de mois, ce n'est pas nouveau. La nouveauté, c'est ce concept institutionnalisé par les sites de rencontres. Des gens en font un business, et c'est ça le problème ». Et d'achever : "Ces sites exploitent une forme de misère : misère financière, misère affective... Mais en aucun cas ils ne répondent à une forme de plaisir ».

Agathe claque la porte de chez elle, enlève ses talons. La promesse de ce sugardaddy régulier s'apparente à la signature d'un CDI. Elle se laisse tomber sur son clic-clac, et sourit, soulagée. « Depuis que je fais ça, j'ai beaucoup plus d'assurance. Maintenant, je sais que je suis bonne ».¤

NOTES  :

De plus en plus d’étudiantes canadiennes se font payer leurs études par un sugar daddy...un tuteur new style !
Manisha Krishnan

Par Manisha Krishnan le 6 sept 2017, 4:54pm

Des étudiantes universitaires canadiennes se tournent de plus en plus vers des sugar daddys pour payer leurs frais de scolarité, selon SeekingArrangement, un site de rencontres entre sugar babys et sugar daddys.  

  Les données de SeekingArrangement montrent que le nombre d'étudiantes et étudiants universitaires canadiens qui s'inscrivent pour se trouver un sugar daddy ou une sugar mammy est passé de 150 000 en 2015 à 206 800 en 2016, une augmentation de 37 %. Ce sont en grande majorité des femmes : seulement 11 238 sont des hommes. (Au total, le site compte 631 678 utilisateurs, dont 65 % sont des femmes.)

Sur ce site, ces jeunes femmes et hommes trouvent des sugar daddys ou sugar mammys : « des hommes ou des femmes qui ont réussi dans la vie et savent ce qu'ils veulent ». Les « couples » formés déterminent ensuite les paramètres de leur relation et, la plupart du temps, le montant de l'allocation versée par celui ou celle « qui a réussi dans la vie ». Les étudiantes utilisent 39 % de l'allocation mensuelle pour payer leurs frais de scolarité, 30 % pour leur loyer et 21 % pour leurs livres.

« Certaines personnes trouvent que c'est une solution controversée. Mais, plutôt que d'attendre que le gouvernement agisse, ces étudiantes prennent les choses en main », écrit le fondateur de SeekingArrangement, Brandon Wade, dans un communiqué.

 

Photo via SeekingArrangement

On a parlé du phénomène à une étudiante qui se fait plus de 4000 $ par mois....

 

 

 

 


article : «JE SUIS PAS PUTE - JE SUIS PAS GIGOLO» banalisation de la prostitution étudiante basée sur un «consentement dicté par la contrainte économique»


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Par LINSISTANDEPERPIGNAN - Publié dans : ESCORTS-PROSTITUES-ACTEURS X pour le fric - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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