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En décembre 2007, la Bibliothèque Nationale ouvre son "Enfer", sa collection d'ouvrages rares" imprimés dits « contraires aux bonnes moeurs » publiés sous le manteau, poursuivis ou condamnés, séparés du reste des collections depuis 1830.
L’enfer de la Bibliothèque est ainsi transformé en purgatoire où les livres interdits [encore censurés de nos jours par les historiens homophobes.] sont enfin dévoilés "
Passe-temps (Détail
Eros au secret
4 décembre 2007 - 2 mars 2008
Dans les années 1830, les ouvrages imprimés dits « contraires aux bonnes moeurs » publiés sous le manteau, poursuivis ou condamnés, sont séparés du reste des collections de la Bibliothèque royale et rassemblés afin de constituer une section distincte intitulée Enfer et conservée à la Réserve des livres rares. Quelques années plus tard, le cabinet des Estampes procède à l’identique.
Dès lors, l’Enfer devient un lieu mythique, objet de toutes les curiosités et de tous les fantasmes. Pour la première fois, la Bibliothèque nationale de France expose cette part
obscure de ses collections et lève le voile sur "l’Enfer".
A travers plus de 350 oeuvres, un double parcours est offert au public. L’un explore le contenu de l’Enfer : quels sont les livres, les documents, les images que l’on a classés là ? L’autre concerne son
histoire : comment l’Enfer s’est-il constitué au département des Imprimés et au département des Estampes ? Comment a-t-il évolué ?
« Avec l’Enfer, nous entrerons dans la littérature telle qu’elle n’est pas enseignée », annoncent les commissaires de l’exposition qui ajoutent : « de l’Arétin aux romans libertins du XVIIIe siècle, nous nous aventurerons dans un monde imaginaire où les personnages obéissent à toutes les fantaisies du désir ;
- avec Sade, nous accéderons à la volupté quand elle s’accorde avec le crime ; nous ferons entendre l’excès de la parole pamphlétaire, quand le discours politique devient pornographique. Nous nous
engagerons dans le monde de l’anonymat, du pseudonyme, des fausses adresses, des dates trompeuses. Un regard sur l’édition clandestine, plus précisément aux XIXe et XXe siècles, permettra
d’entrevoir ses réseaux, et ses supercheries ».
- Outre Sade, plusieurs grandes figures de la littérature rythmeront l’exposition, tels
- Guillaume Apollinaire, à l’origine, en 1913, du premier catalogue imprimé de "L’Enfer" de la Bibliothèque nationale,
- Pierre Louÿs,
- Georges Bataille ou Pierre Guyotat, mais aussi quelques autres, acteurs méconnus ou à jamais anonymes de la célébration de l’érotisme et du sexe.
Une large place sera offerte aux premières manifestations de la photographie pornographique ainsi qu’aux estampes japonaises, entrées à la Bibliothèque grâce à la générosité des premiers
collectionneurs occidentaux.
Pénétrer dans l’Enfer de la Bibliothèque, c’est plonger dans l’atmosphère des lieux clos, celle des couvents, des boudoirs, des bordels, des prisons mais aussi des bibliothèques.
Si la cote « Enfer » apparaît sous le règne de Louis-Philippe, elle n’est en aucune façon une création du pouvoir ou une décision du législateur mais elle relève de la seule décision de la Bibliothèque. Nous montrerons à travers des catalogues, des circulaires, des correspondances, comment l’Enfer s’est enrichi, comment, d’une cote « mal famée », on est passé à un objet reconnu par le monde de la recherche et de la bibliophilie. Pour chaque lecteur, elle demeure, encore aujourd’hui, le territoire obscur et brûlant de l’interdit et du désir.
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