Avec sa barbe de bûcheron et son incroyable sexyness, Colby Keller a apporté au porno gay américain une dose vitale d’animalité et
d’intelligence.
TÊTU: Il y a plusieurs semaines tu as annoncé un nouveau projet: «Colby se fait l' Amerique». De quoi
s’agit-il? L’idée, c’est de traverser les États-Unis, de visiter les 50 États et pourquoi pas le Canada pour filmer mes plans cul et ma vie sur la route. Ça devrait
donner quelque chose à mi-chemin entre le porno et l’art. Mon but est de faire une vingtaine de vidéos. J’espère lancer un site en janvier ou février où je mettrais gratuitement les vidéos en
ligne en encourageant les gens à faire un don pour pouvoir finir le projet.
Tu vas financer ça comment? Grâce à un partenariat avec un studio? Non, je voulais garder mon
indépendance. J’ai fait une campagne de crowdfunding sur IndieGoGo. On a levé 45000 dollars en 30 jours. C’est beaucoup d’argent mais je dois payer la personne qui m’aide pour ce
projet. Récemment, j’ai fait une autre performance artistique dans laquelle j’ai donné toutes les affaires que je possédais: mes chaussures, mon téléphone, mes sous-vêtements. Je n’avais
plus rien! Alors une partie de ce fric m’a servi à me racheter un nouveau téléphone, un nouvel ordinateur, une nouvelle caméra et un véhicule pour voyager ! Je vais essayer de dormir
chez l’habitant dès que j’en aurai l’occasion. Je vais devoir compter sur la gentillesse d’étrangers pour réussir ce projet!
Le réalisateur John Waters vient de sortir un livre où il raconte comment il a traversé les États-Unis en auto-stop.
C’est une façon de se faire une idée plus intime de l’Amérique? Je n’ai pas lu le livre de Waters. Il y a plein d’artistes qui avant moi ont eu la même démarche… C’est un
cliché américain de dire qu’on se «découvre sur la route». Lorsque tu traverses une crise dans ta vie, c’est la route qui va te sauver. L’Amérique est si grande qu’elle permet ce genre de
quête. Peut-être vais-je trouver quelque chose pendant ce voyage! Peut-être pas! (rires)
C’est une sacrée aventure, tu te sens assez fort pour te jeter dans un projet aussi fou? Me lancer
dans le porno, c’était déjà un peu la même démarche. À l’époque, j’avais besoin d’argent aussi et j’étais très déprimé. Je sortais de l’université et je ne trouvais pas de travail. Même
McDonald’s ne voulait pas de moi et je ne voulais pas finir SDF! J’étais suicidaire. Pas dans le sens où je voulais me tuer mais dans le sens où faire du porno était une forme de suicide
social. Un jour, bouffé par la frustration, j’ai décidé de m’inscrire à mon site de porno préféré, Sean Cody. J’étais persuadé que j’allais être refusé et que le rejet viendrait valider le
regard négatif que je posais sur moi…
Tu ne te plaisais pas physiquement? Non. Et surtout je me considérais comme un loser! (rires)
Contre toute attente, ils m’ont répondu: «On est intéressés!» Je ne sais pas comment ils opèrent maintenant mais à l’époque, il y avait tout une prose assez menaçante qui venait avec cette
proposition: «Si tu ne ressembles pas à tes photos, si tu ne prends pas l’avion, si tu viens et que la scène n’est pas bonne ou que tu es nul devant la caméra, on te facturera
l’avion. On ne te payera pas. Tu nous devras de l’argent.» J’étais terrifié, mais je me suis dit: «Il faut que je passe la seconde étape!» Donc, tu vois, je ne pensais vraiment pas
rentrer dans le X! Encore aujourd’hui, je ne comprends pas comment j’en suis arrivé là. Et je comprends encore moins pourquoi je continue dans ce business!
Tu n’as jamais mis de «deadline» à ta carrière? Non. Le côté positif quand on est un homme,
c’est que si tu restes à peu près en forme tu peux continuer dans ce business. Probablement plus longtemps qu’une femme. Pourtant, je ne suis pas très beau, je n’ai pas la plus grosse bite du
monde… Si c’était le cas, je pourrais rester dans ce business jusqu’à la fin de ma vie!
Le porno gay est avide de chair fraiche. C’est très difficile de se faire un nom dans ce milieu mais tu as une
véritable fanbase! C’est aussi une chose compliquée car les gens te jugent. Par exemple, c’est incroyablement difficile de se faire des amis. C’est aussi incroyablement
difficile de sortir avec quelqu’un. Il y a très peu de garçons qui soient réellement intéressés par moi et pas par «Colby Keller». J’ai eu une horrible rupture avec cet autre acteur porno.
C’était une relation très abusive. Et puis j’ai rencontré un autre garçon qui m’a fait croire en l’amour à nouveau. Et pas plus tard qu’hier, j’ai découvert qu’il m’a menti tout le long de
notre relation. Il voulait être avec Colby et faire partie de mon monde. Il m’a utilisé. J’ai sacrifié beaucoup de choses pour cette relation. Par exemple, le sexe était vraiment nul
mais je me suis acharné parce que j’avais de l’espoir dans cette relation.
Regrettes-tu parfois d’avoir choisir la voie du X? Non, le X m’a apporté beaucoup d’opportunités.
Mais je dois me battre chaque jour pour survivre. Réussir à mettre chaque jour de la nourriture dans ma bouche est un combat. Mais c’est un combat gratifiant. Mais je crois que ça serait pire
si j’avais un boulot à la con!
Aimes-tu être une pornstar? Oui, vraiment. Il y a eu une longue période dans ma carrière où je
détestais ce que je faisais. Mais plus j’accepte Colby Keller, plus j’intellectualise ce que je fais, plus je me projette dans une démarche artistique, plus je prends du plaisir dans ce
métier. J’étais un artiste avant de faire du porno. Je fais de l’art depuis que j’ai dix ans. Réinventer mon travail l’a rendu plus supportable.
Il n’y a pas beaucoup d’acteurs qui tentent de dépasser leur condition d’acteur porno à travers l’art. À part toi,
on pense à François Sagat… Je ne le connais pas personnellement mais je crois qu’on a une démarche assez proche. Même s’il a beaucoup plus de succès que moi! François a
un corps incroyable et un tatouage si emblématique! On a des amis communs. J’ai été surpris d’apprendre qu’il avait lui aussi du mal à joindre les deux bouts. Je le percevais comme une énorme
star qui faisait la couverture des magazines de mode! Le monde nous rejette car nous utilisons nos corps, le sexe pour faire de l’argent. Et cette perception ne va pas s’améliorer, les jeunes
gays sont horriblement conservateurs, surtout aux États-Unis. Mon ex me disait souvent: «Pourquoi tu ne cherches pas un « vrai » travail ? Pourquoi tu ne veux pas devenir
« normal »?» Mais je ne veux pas l’être. Je trouve ça chiant. Si l’homosexualité a un jour été une forme de radicalité, si elle a par le passé pu avoir un potentiel
révolutionnaire, aujourd’hui c’est terminé.
Le porno gay n’a jamais été aussi peu créatif. À une période pas si lointaine, c’était une forme
d’art! Les studios se plaignent qu’il y a trop de compétition et que les gens téléchargent tout illégalement. On pourrait croire que ça les stimulerait mais non. Le
modèle économique, c’est celui de la télé. Quand tu tournes une scène formatée, cela te garantit une certaine rentrée d’argent. Comme la plupart des films hollywoodiens: ils appliquent une
formule.
Tu as commencé chez Sean Cody, un label qui emploie une majorité d’acteurs gay for pay. Ça ne te dérange pas de baiser
avec un mec hétéro? Non, beaucoup de ces mecs sont très cool. Ils sont très nombreux dans l’industrie du porno gay. Pas seulement chez Sean Cody. Je dirais qu’ils
représentent entre 60 et 80% des performers. Pour tout dire c’est parfois plus simple de travailler avec eux. Parce que pour eux le sexe, c’est juste un job. Ils sont beaucoup plus
professionnels. Les mecs gays veulent être le centre de l’attention, qu’on leur dise qu’ils sont hot… Quand j’ai commencé, j’ai dit aux studios avec lesquels je travaillais que je
refusais de bosser avec des modèles hétéros. Mais avec cette règle, je ne pouvais pas bosser avec grand monde! (rires) Mais j’ai compris que ce n’était pas du vrai sexe, que c’est un boulot.
Et finalement, tourner avec un acteur hétéro me permet aussi de me protéger car je sais qu’il n’y aura rien de plus.
Tu es escort? Non, mais la plupart des acteurs le sont. Pour eux, le porno est une façon de promouvoir leur carrière
d’escort et de faire monter les prix. Mais moi, je n’y arrive pas, je me sens vraiment utilisé par le client. Mais je veux être clair: je soutiens totalement mes amis travailleurs du
sexe qui le font!
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