A cause de brefs échanges sur ce sujet, on a eu l’impression que c’était un vrai sujet à creuser. Elle est mal aimée, la demi-molle. Oui, cette érection incomplète souvent décriée. C’est
pourtant un phénomène intéressant. Elle a même plein d’avantages par rapport au mandrin triomphant. En tout cas, nous allons la défendre.
Ça fait longtemps que les humains vénèrent le phallus, et il faut incarner la virilité pour la vénérer. Là, il y a deux écoles. Le pénis, c’est soit...
- un petit ornement inoffensif et absolument pas suggestif sur une statue immaculée de Praxitèle,
- un bon gros bâton triomphant sur un bas-relief thaïlandais [ou bhoutanais, ndlr] suggestif.
Mais il n’y a pas de juste milieu. Et depuis des siècles, on n’a pas vraiment évolué.
La pénétration, et rien d’autre
Avec le temps, on a même l’impression que cette dualité se radicalise ! Jusqu’à chercher aujourd’hui à nous faire culpabiliser sur les troubles de l’érection, parce que grâce à ça, on va
pouvoir médicaliser (et donc monnayer) la bandaison.
La verge, c’est comme la Garde nationale : soit au repos, soit au garde à vous et prête à entrer en action, pas de demi-mesure !
La preuve ? Selon les tests proposés par ce site pas du tout innocent (c’est un laboratoire pharmaceutique qui est
derrière), le pénis doit être suffisamment rigide pour permettre la pénétration.
Non, il n’y a pas d’autre usage suggéré ou envisagé. Et je ne parle même pas de l’iconographie culpabilisante et dramatique de ces pages : compatissez avec ce pauvre gars qui se prend la tête
dans les mains, consterné parce que concerné par les troubles de l’érection…
Dans les zones intermédiaires, il y a du plaisir
Stop ! En maths, on dirait que l’érection est une fonction continue, pas une fonction discrète. En gros : il n’y a pas quelques stades bien définis et clairement identifiés (repos, mollasson,
rigide), mais toute une palette de zones intermédiaires. Et dans ces zones intermédiaires, il faut bien se dire que non seulement il n’y a pas de honte, il y a du plaisir !
On l’a tous appris en cours de sciences nat’, la verge est un corps caverneux érectile. C’est donc comme un tuyau qui se remplit de sang quand excitation il y a.
Parfois, parce qu’on n’est pas réveillé, parce qu’on est fatigué, ou sous l’emprise de substances (alcool, fines herbes, médicaments, autres), eh bien le robinet n’est pas ouvert à fond les
ballons, et le tuyau ne se gonfle que mollement.
On ne joue pas au base-ball avec un lasso
On peut ainsi tordre l’engin un peu dans tous les sens sans que ça fasse trop mal, et donc adopter des positions originales qui ne nécessitent pas un alignement orifice/pénis relativement fixe.
Certaines sensations sont moins risquées avec un pénis un peu plus mou. C’est la fable du chêne et du roseau : il vaut parfois mieux plier que vouloir tenir droit à tout prix... au risque de
céder.
Avec les dents pendant une gâterie, par exemple, on ne risque pas de rayer le casque, il est plus mou ! On peut même mordiller, malaxer, enrouler... non, pas faire un nœud.
Evidemment, avec une demi-molle, on évitera certaines positions qui nécessitent d’avoir une trique irréprochable : personne ne s’amuse à jouer au base-ball avec un lasso.
Semi-bander, c’est déjà le début du bonheur
Et vécu de l’intérieur, me direz-vous ? Que ressent-on, quand on est un garçon qui bande mou ? Et bien... un pénis semi-gonflé reste plein de sensations érotiques. Oui, la demi-molle est
sensible. D’un peu partout.
Oh, certes, ce n’est pas le 14 Juillet dès qu’on l’effleure, mais sur tout son long et jusqu’au bout, à la base du gland et à sa base, la verge qui s’éveille ou s’ébroue, qui somnole ou
s’endort, n’est pas de marbre. On est loin des premières érections mais semi-bander, c’est déjà
le début du bonheur. On ressent la chaleur et le trouble doux de l’excitation sans que ce soit un raz-de-marée.
La demi-molle est printanière, modeste et érotique. Elle s’amuse d’un rien. Elle badine. Elle taquine. On survalorise trop le braquemart raide, et on oublie que le sexe sous forme de coït
(insérer ici le ou les orifices idoines), ça connaît un avant plus ou moins crescendo, mais aussi un après.
Voire des oscillations pendant, car c’est bien connu, qui veut voyager loin ménage sa monture. Ce sont ces autres moments qui permettent de tirer plaisir de ces sensations douces et plaisantes,
loin de la flamme du désir impérieux. C’est là qu’il faut jouer à découvrir le corps, sans pression, sans prétention.
Restons parfois un peu modestes
Il faut également réenchanter notre rapport solitaire avec le pénis. Dans la rue ou sous la douche, un joli décolleté ou un souvenir coquin peuvent suffire à se mettre d’humeur. On bande mou,
mais on bande, et il n’y a rien de dramatique. Au contraire, faisant feu de tout bois, on expérimente une sexualité différente.
La bandaison, même incomplète, ne se commande pas. Mais elle s’apprivoise ! Se laissant aller à la rêverie érotique, l’escalade commence dans le pantalon et on se sent vivre. C’est de
l’amusement, on peut chercher la stimulation, le frottement discret, le regain d’excitation sans chercher la complétion. Non, ça n’ira pas au bout. Mais c’est bon quand même !
Les sensations ne sont pas amoindries avec la demi-molle. Elles sont différentes. Elles suivent assez bien l’état d’esprit : soit c’est une lente montée du désir avant, et on ressent les
délices du « slow stiffening », soit on se situe après la relation sexuelle intense et on continue de goûter aux joies d’une érection qui se pacifie, comme une crème glacée qui fond lentement.
Restons parfois un peu modestes.
Sans enjeux. Sachons valoriser la demi-molle à l’heure somnolente de la sieste. Laissons-nous un peu aller, c’est l’été.
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