c'est un trend : Je veux leur dire que ces jours et ces nuits dans leur
appartement lit ont été parmi les moments les plus heureux de ma vie. Ceci ne surprendra plus dans
quelques années : Jorn est un de ses collègues de 12 ans son cadet. Randolf a expliqué à Debbie avoir l'impression d'aimer deux personnes à la fois. Elle et Jorn. Si
l'histoire aurait pu se terminer ici, Debbie en a décidé autrement. "J'ai compris leur amour [...] et j'ai compris que Randolf ne voulait pas faire une croix sur notre couple et nos deux enfants
de 7 et 9 ans." Ils font ménage à trois et les enfants n'y trouvent rien à redire Coralie Vincent sur Closer Le 12 août 2015
«Timidement mais sûrement, les gays* lancent une nouvelle révolution amoureuse : le couple à trois,-trouple- avec concessions et passions
démultipliées. Un modèle à suivre pour les hétéros ? Enquête.».ELLE * bisex plutôt
"Deux papas c'est désormais un plus. J'espère que cela va décider quelques uns des bisex qui nous suivent à faire la même révélation à leur
compagne si elle est aussi ouverte d'esprit que Debbie".cavaillongay
L’histoire peut paraître étonnante et pourtant elle ne se passe pas très loin de chez nous. Aux Pays-Bas plus précisément. Là-bas, une certaine
Debbie, 37 ans vivait des jours heureux avec son compagnon. Jusqu’au jour ou celui-ci tombe sous le charme d’un de ces collègues masculins. Là où la plupart des couples auraient mis un terme à
leur relation, Debbie décide d’accepter la situation. « Lorsque Randolf m’a annoncé qu’il était tombé amoureux de son collègue, Jorn, j’ai tout de suite compris qu’il ne voulait pas non
plus nous abandonner, moi et nos deux filles », explique-t-elle au magazine Linda. « J’ai donc voulu rencontrer son coup de cœur. Et j’ai très vite compris pourquoi mon mari en est
tombé amoureux. Jorn est vraiment un très chouette homme ».
Jorn ne veut cependant pas détruire le couple. Ils décident donc de se voir tous ensemble de temps à autre. Et au plus le trio se voit, au plus
leurs sentiments se développent à tel point qu’ils décident d’acheter une maison ensemble. « Aux enfants, nous disions au départ qu’un ami de leur papa venait loger à la maison », se
rappelle Debbie. « Jorn venait nous rejoindre dans notre lit en cachette. Aujourd’hui, nos filles sont tout à fait au courant de la situation et sont très contentes pour nous. Elles ont
même des grands-parents supplémentaires ».
Le rêve de ce couple hors du commun ?[ndlr pour l'instant] Le mariage. « Mais légalement, nous n’en avons pas le droit »,
explique Debbie. « Nous avons donc décidé d’organiser une petite cérémonie. Et, plus tard, Jorn et moi voulons même faire un enfant ».
Quid de la situation chez nous ?« Le polyamour est quelque chose de tout à fait humain », mais...
En Belgique et en France, la cohabitation légale n’est valable que pour deux personnes et le mariage à plus de deux personnes est tout simplement
interdit. Le seul cas où vous aurez le droit de vous enregistrer en tant que tel, c’est si le mariage a eu lieu à l’étranger. Ainsi entre 2008 et 2014, ce ne sont pas moins de 31 mariages
polygames qui ont été enregistrés en Belgique (14 en commune flamande, 11 à Bruxelles et 6 en Wallonie).
Mais psychologiquement, un couple de ce genre peut-il tenir sur le long terme ? Selon Esther Hirch, sexologue clinicienne, on ne peut pas faire
de généralité. « Une situation n’est pas une autre », nous explique-t-elle. « Certaines personnes vont très bien le vivre parce qu’ils auront trouvé un équilibre alors que
d’autres n’accepteront absolument pas cette situation ».
Si ce genre de relation n’est pas encore entré dans les mœurs, il ne s’agit cependant pas d’une pathologie. « Le polyamour, ou le fait d’aimer
plusieurs personnes en même temps, est quelque chose de tout à fait humain », développe la sexologue. « Un homme peut très bien aimer deux femmes à la fois. Mais notre société fait
que, dans ce genre de situation, les personnes concernées sont amenées à faire des choix. Et très peu de personnes acceptent de partager leur couple ».
Pourtant, pour certains, ouvrir leur couple à une troisième personne est ce qui permettra de maintenir leur relation. « Dans ce cas-là, il
faudra trouver un équilibre entre les trois personnes pour qu’aucun d’entre eux ne se sente
rejeté », conclura notre interlocutrice ¤
Jamais deux sans trois
une relation plus ouverte
"Le trouple serait-il l’avenir du couple ? Rien de tel qu’un ménage à trois pour pimenter une existence conjugale terne lorsque l’amour est passé
à la machine et que les sentiments ont perdu leur couleur d’origine, pensez-vous ? Pourtant, le trouple dont il est question ici, néologisme formé à partir des mots « couple » et « trio »,
s’observe depuis peu chez certains homosexuels, de sexe féminin parfois, de sexe masculin le plus souvent, et tient lieu de véritable mode de vie. « J’ai déjà eu plusieurs trouples dans mon
cabinet, constate Stéphane Clerget, psychiatre et pédopsychiatre, auteur de “Comment devient-on homo ou hétéro” (éd. JC Lattès). C’est un phénomène assez récent et qui est peut-être
annonciateur, qui sait ?, de nouveaux comportements, les homosexuels étant souvent prescripteurs. C’est un équilibre qui s’établit en totale rupture avec le modèle traditionnel du couple.
»
Pour trouver un trouple autour de soi, il n’est bizarrement nul besoin de faire résonner le tam-tam pendant des jours. Deux ou trois coups de fil
à des amis gays suffisent. On nous parle d’Américains qui vivraient « comme ça », d’un trio de filles à Lyon, d’un ménage à trois à Bordeaux. Le magazine « Têtu » a consacré plusieurs
pages au sujet « trouple ». Et puis, au cours d’une soirée raclette, Frédéric, 35 ans, un charmant convive, chef de projet dans une banque, caresse tendrement le bras de Laurent, 36 ans,
professeur des écoles. Quelques minutes après, c’est au tour de Bart, 35 ans, expert-comptable, de prendre la main de Frédéric. « Oui, nous sommes un trouple », affirment-ils fièrement, sur un
ton un peu provoc. Plus tard, ils confieront : « La première fois qu’on a avoué à nos amis que nous vivions en ménage à trois, on a eu l’impression de faire un deuxième coming out. »
Pour former un trouple, faut-il d’abord être en couple ?
Pour former un trouple, faut-il d’abord être en couple ? A première vue, oui. Pour Laurent et Bart, pacsés depuis sept ans et copropriétaires d’un
loft en proche banlieue, le long fleuve tranquille de la conjugalité s’est vu brutalement détourné de son cours par la rencontre, il y a un an, de Frédéric, croisé dans un club de sport. «
C’était un gros pari, car on est vraiment passés d’un couple fidèle assez caricatural à une relation plus ouverte », assure Bart. Même configuration chez Maxime, 34 ans, libraire à Toulouse, et
Philippe, 40 ans, infirmier psy, en couple depuis douze ans, lorsqu’ils ont eu un coup de foudre commun, il y a quatre ans, pour Dimitri, 35 ans, fonctionnaire. A Toulouse comme à Paris,
quelque chose s’est dénoué.
« Cette triangulation-là, qui est pour moi le début d’une famille, me convient parfaitement, avance Frédéric. J’y ai trouvé une forme de
complétude. J’aurais du mal aujourd’hui à vivre à deux, car il y a moins de diversité, moins d’interactivité aussi. Il n’y a pas l’angoisse de la rupture non plus, car, à trois, c’est plus
difficile de se séparer qu’à deux, car il y en a toujours un qui tempère. Et puis tout le monde est amoureux de tout le monde, ce qui ne m’empêche pas d’avoir une relation unilatérale avec
Laurent, comme j’ai une relation unilatérale avec Bart. » Et la jalousie dans tout ça ? « Au début, Laurent et Bart se disputaient, car Bart est extrêmement possessif, raconte Frédéric. Mais ça
s’est tassé. La plupart des homos en couple que je connais ont des aventures, soit en couple, soit de leur côté. Ils ont dépassé la notion de jalousie. En revanche, notre trouple est dans un
mode de fidélité absolue. Si on en ajoutait un quatrième, ça virerait au désastre. A un moment, il faut savoir s’arrêter. »
Compliqué : Amour ou amitié amoureuse ?
Mais l’amour dans le trouple est-il comparable à l’amour qu’on peut rencontrer à deux ou est-ce un sentiment plus diffus, moins impérieux ? « De
l’amour ou de l’amitié amoureuse ? s’interroge Stéphane Clerget. Mais pas de la passion, car on ne peut être passionné qu’envers une personne. Le phénomène de trouple peut venir du fait que
cette génération a eu d’autres modèles de conjugalité que le couple. La fréquence des divorces a souligné la fragilité des unions. Pour les enfants des parents qui ne s’aimaient plus, le couple
n’est pas un modèle apaisant, ni rassurant. Avec le trouple, on recrée une triade œdipienne qui correspond au fantasme principal de l’enfant. Et le divorce favorise cette triangulation : face à
deux parents qui se déchirent, c’est l’enfant qui crée le lien entre les deux, c’est lui qui maintient cette idée de trouple. »
« On a les mêmes problèmes que tout le monde »
D’où alors peut-être cette impression de douce chimère qui enveloppe le trouple, ce climat familier, rassurant, presque lénifiant décrit par ses
adeptes ? Car qui a parlé à un trouple est frappé par leurs propos pas très éloignés de ceux d’une ménagère des années 50 assommée par le train-train quotidien. « La vie à trois ? Ça ressemble
beaucoup à la vie à deux. Il faut savoir faire des concessions », analyse Philippe. « Il y a plus de lessive à faire, la voiture devient trop petite, il faut organiser les vacances, rappelle
Laurent. J’ai l’impression d’avoir une vie hyper excitante et en même temps hyper conventionnelle. On a les mêmes problèmes que tout le monde. » « Nos amis gays pensent qu’on passe notre temps
à faire l’amour, ajoute Frédéric. Alors que non. Quelquefois, quand on rentre le soir, on est crevés, on reste dans son coin, on regarde un truc débile à la télé. De toute façon, on est des
affectifs, pas des vicieux. » « C’est plus week-ends à la campagne que fête du slip [ndlr : du cul, non ?] tous les soirs », confirme Philippe.
L’aspect « refuge » du trouple
Ce côté triolisme en charentaises colle d’ailleurs pile poil à l’aspect « refuge » du trouple, et à ses avantages financiers mis en lumière par
ses pratiquants. Par temps de crise, c’est un vrai plus. « On a une marche de manœuvre plus importante, confirme Laurent. Bon, après, il faut penser à faire faire des draps sur mesure »,
plaisante-t-il. « De l’extérieur, c’est émoustillant, mais, de l’intérieur, le trouple, c’est un vrai cocon, remarque Philippe. On se sent protégés d’une violence extérieure, de l’homophobie,
même si on garde à l’esprit qu’on a créé une nouvelle norme, qu’il peut y avoir un retour de bâton. A trois, on est une vraie force. » De quoi rehausser le moral des trouples.¤
commentaire : "« Jorn venait nous rejoindre dans notre lit en cachette. Aujourd’hui, nos filles sont tout à fait au courant de la situation et sont très contentes pour
nous.». la petite maman n'y a rien perdu et elle sait y faire avec les grands comme avec les petits !... ok, rien à dire c'est bien" (rigoletto)
que du bonheur pour chacun de nous trois
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