"Je ne suis pas juste un fumeur, j'ai faim d'émotions. Des émotions que toi seul peux me donner mais que le H
amplifie à la puissance N . "
on n'est pas des pestiférés !
Depuis 30 ans, la consommation de cannabis et d’herbe explose en France. Longtemps importée depuis les Pays-Bas, la marijuana est
désormais produite sur le sol métropolitain par des citoyens qui en ont assez de galérer, de se mettre en danger ou de financer des organisations mafieuses pour trouver des produits de
qualité.
Le phénomène est massif et en constante augmentation. Une preuve parmi tant d’autres ? Depuis dix ans, la démultiplication du nombre de magasins de
ventes de produits et d’ustensiles permettant la culture hydroponique est à mettre en parallèle avec les dizaines (centaines ?) de milliers d’auto-producteurs / consommateurs estimés dans le
pays.
Il est vrai que le jardinage est le passe-temps préféré des Français, mais aujourd’hui, si la France pinard existe toujours, fière de ses valeurs et
de ses traditions, elle a été rejointe par la France pétard sans que nos dirigeants ne prennent la mesure d’un phénomène socio-culturel irréversible. La culture hasch s’est développée dans toutes
les franges de la société pour concerner aujourd’hui plusieurs millions de personnes.
La génération H est insérée dans la société
Il y a deux ans, je racontais dans le premier tome de la trilogie romanesque "Génération H", le road trip d’une bande de jeunes Français adeptes de
tous les plaisirs cannabiques et fêtards invétérés. Le deuxième tome, "Têtes chercheuses d’existence", vient raconter le quotidien de cette France d’en bas qui fume dans un pays où la prohibition
reste la règle.
Il serait facile de cantonner comme le font beaucoup de médias le fumeur de joint à un jeune avec les cheveux longs, un air ahuri et des yeux
rouges, incapable de se sociabiliser et totalement passif. C’est pourtant loin d’être la réalité.
La génération H est multiple et variée et les hommes et les femmes dont je me suis inspiré dans mes romans sont aujourd’hui, pour la plupart,
totalement insérés dans la société. Ils sont comme vous et moi, avec leurs qualités et leurs défauts, leurs paradoxes, leurs réussites, leurs déceptions aussi, des opinions politiques
différentes, divergentes souvent, mais ils ont tous un point commun : ils fument des joints et sont de ce fait considérés comme des hors-la-loi, des délinquants qui doivent être arrêtés par la
police et condamnés par la justice française.
Voici le portrait succinct de cette partie de la population que nos dirigeants ne veulent pas reconnaître : la génération H.
Alexandre Grondeau
Maître de conférences à l'université Aix-Marseille...suite
Avocats, profs, pères de famille...
Sarah est avocate d’affaires, elle travaille dans un grand cabinet international à Paris et gère des dossiers où les enjeux dépassent souvent les
dizaines de millions d’euros. Elle est célibataire mais possède une vie sociale dense. Elle fume un ou deux joints en rentrant le soir pour couper le stress de sa journée et arriver à s’endormir
plutôt que de prendre les somnifères prescrits par son médecin.
Alexis est infographiste. Il a arrêté de consommer du cannabis, depuis dix ans, mais il traîne toujours avec la même bande de potes, bringueurs
invétérés le week-end. Il a beaucoup fumé, étant adolescent, puis il a stabilisé sa consommation de manière occasionnelle pendant ses études, pour enfin arrêter complètement quand il a senti que
fumer limitait sa motivation. Il est aujourd’hui bien dans sa vie et ne regrette pas d’avoir eu une jeunesse enfumée.
Eric approche des quarante ans. Il est conseil en assurance, travaille plus de cinquante heures par semaine et gagne l’équivalent de sept ou huit
smic par mois. Il est père de deux enfants et fume un joint d’herbe le soir pour se détendre. Sa femme, elle, ne fume ni cannabis, ni cigarettes, mais elle aime bien se moquer des yeux rouges de
son mari.
François est professeur dans un lycée technique. Il enseigne depuis plus de quinze ans l’histoire à des élèves qui apprécient sa franchise et sa
pédagogie et dont aucun ne soupçonne la passion pour le cannabis. Il est bien évalué par sa hiérarchie, parfaitement intégré à ses collègues et il espère un jour devenir directeur
d’établissement.
Vers une politique plus compréhensive des usagers
Lamia a trente-quatre ans et n’a pas d’enfants. Elle est gravement malade et ne travaille plus depuis de longs mois. Ses traitements médicaux sont
lourds et lui coupent l’appétit. Elle vapote du cannabis plusieurs fois par jour afin de soulager certaines douleurs et retrouver l’envie de manger.
Antoine a trente-six ans. Il est chef d’agence et emploie une petite dizaine de salariés. Pacsé à sa compagne, il fume quotidiennement depuis plus
de vingt ans. Son agence est en difficulté et Antoine subit de plein fouet la crise de son secteur d’activités du fait de ses responsabilités. Son usage du cannabis est plus relaxant que
récréatif.
Laura est vendeuse, célibattante. Elle consomme occasionnellement du cannabis ou de l’herbe à des fêtes entre amis, quand les joints tournent.
Elle n’achète pas de produits pour fumer seule mais se cotise plutôt avec ses copines lorsqu’une belle soirée se profile.
Tous ces prénoms sont des prénoms d’emprunts puisqu’aujourd’hui, être un fumeur de pétard est interdit par la loi. Et c’est le problème que posent
tous ces citoyens intégrés dans la société.
Doit-on encore continuer à les considérer comme des criminels, quand des pays comme les États-Unis, l’Allemagne, l’Espagne, le Canada, les Pays-Bas ont tous constaté l’échec des politiques
prohibitionnistes et les ont remplacées par des politiques plus compréhensives des usagers ? Vous imaginez facilement le point de vue de la génération H de France.
Alexandre Grondeau est l'auteur de "Génération H, têtes chercheuses d'existence" (éd. La Lune sur le toit).
fresque:
Moi je marchais les yeux par terre
Toi t'avais toujours le nez en l'air
Et c'est comme a qu'on s'est connu
On avait chacun sa guitare
On était pas loin d'une gare
C'est la hasard qui l'a voulu
Et tu m'as dit, quand leurs ailes sont mortes
Les papillons vont où le vent les porte
On a pris le premier chemin venu
Et quand la nuit est tombée
Sur la voie ferrée
On était bien loin de la ville
On entendait que des notes
Et le bruit de nos bottes
Sous la pleine lune immobile
On a traversé les semaines
Comme de vraies fêtes foraines
Sans même penser au retour
On s'est perdu dans les nuages
Comme les oiseaux de passage
À suivre les filles d'un jour
Et pour ne pas que les fous nous renversent
On prenait les chemins de traverse
Même s'il ne sont jamais les plus courts
Et quand la nuit tombait
Sur la voie ferrée
On était bien loin de la ville
On entendait que des notes
Et le bruit de nos bottes
Sous la pleine lune immobile
Mais quelquefois je me souviens
Ceux qui nous ont lâché les chiens
Et jeté des pierres au visage
Ils n'ont rien empêché quand même
Puisque le seul métier qu'on aime
C'est la bohème et le voyage
Et quand la nuit va tomber
Sur la voie ferrée
On sera bien loin de la ville
On entendra que des notes
Et le bruit de nos bottes
Sous la pleine lune immobile
Et quand la nuit va tomber
Sur la voie ferrée
On sera bien loin de la ville
On entendra que des notes
Et le bruit de nos bottes
Sous la pleine lune immobile
Sous la pleine lune immobile
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