Lundi 19 décembre
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avec l'arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir la répression policière est allée croissante
Les relations entre hommes ont été dépénalisées en 1993 en Russie
par l'administration du président Eltsine et en 1999 l'homosexualité a été retirée de la liste des troubles psychiatriques, conformément aux conventions médicales internationales et sous la pression de l'Europe. Les années 1990 ont été un moment de liberté sans précédent, culminant en 1996 avec l'ouverture d'un centre associatif à
Moscou et l'organisation la même année d'une conférence nationale réunissant plus de 125 délégués. C'est aussi une époque où les questions de genre ont été beaucoup interrogées, notamment par des
artistes, donnant une visibilité aux personnes trans. Comme dans les premières décennies du siècle, c'est dans le monde des artistes et des intellectuels que les libertés nouvelles se sont le
plus nettement affirmées.
Avec l'arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir, la répression s'est intensifiée
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"C'est la propagande de la tolérance" lit-on sur cette bannière. Photo : Roman Iandolin
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en 1999, le climat a commencé à changer. Deux ans plus tard, les homosexuels ont été officiellement bannis de l'armée. L'interdiction des marches
des fiertés est devenue la règle et la répression policière est allée croissante. Les groupes extrémistes se sont sentis pousser des ailes pour passer à tabac les militants de l'égalité des
droits et tendre des pièges aux gays sur internet, notamment sur l'équivalent de Facebook, Vkontaktié. Plus récemment, traquenard et tabassage des gays sont devenus une activité rituelle des
milices néo-nazies, comme en témoigne ce reportage passez choquant) d'un site canadien. Pourtant, les années 2000 n'ont pas été uniformément sombres : le site Gay Russia plate-forme militante
dynamique, a été autorisé en 2002 ; l'acceptation de l'homosexualité a lentement progressé dans la population, notamment dans les grandes villes ; les militants russes des droits de l'homme et
les artistes ont apporté un soutien rarement ambigu aux personnes LGBT ; les bars, clubs et autres lieux de sociabilité se sont multipliés.
La réélection à la présidence de Vladimir Poutine en 2012 a été le point de départ d'un durcissement général du pouvoir. Surpris par les signes
croissants de rejet de l'exécutif dans la population, les autorités n'ont eu de cesse de faire taire les voix dissidentes, de contrôler ou de faire fermer les médias indépendants. Souvent, les
initiatives contre les gays sont venues des pouvoirs locaux : maires interdisant les marches des fiertés, fermant des établissements, dans une sorte de surenchère répressive. Avant même la
promulgation de la loi de juin 2013 interdisant toute "propagande" pour des "relations sexuelles non-traditionnelles", des parlements régionaux avaient déjà pris des mesures dans le même sens.
Dans un tel contexte, le pouvoir central n'a même pas besoin d'agir en première ligne, tant les personnes LGBT constituent une cible commode et qui peut être dénoncée à propos de n'importe
quoi.
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Sergueï, jeune militant gay russe
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L'avenir des personnes homosexuelles et transgenre en Russie n'est pas réjouissant pour le moment. Il est difficile d'imaginer ce qui pourrait
stopper la détérioration en cours. Les associations humanitaires ont pris le problème à bras le corps et lancent des campagnes, qui au moins montrent aux autorités russes que leur politique
homophobe est réprouvée en Occident. Les gestes de soutien, quand ils arrivent auprès des victimes, leur témoignent qu'elles ne sont pas seules et ignorées. Il est possible d'y participer en
signant les pétitions d'Amnesty
international, en relayant les actions de Human Rights Watch,
ou en soutenant les actions de l'ILGA.
Ci-dessous, vous trouverez la bande-annonce du seul film gay russe diffusé en France, Ia tiébia lioubliou (Je t'aime toi) d'Olga Stopolskaïa et
Dmitriï Troïtskiï, assez timide dans sa manière de montrer l'amour entre deux hommes.
* Certains, comme l'historien américain Daniel Healey, pensent que l'opinion russe sur le sujet ne s'est calquée sur la réprobation occidentale que
durant le XIXe siècle
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