Partager l'article ! FABIEN, "Tu vis à Zürich avec ton mec, moi je vis à Paris, avec le mien; rien n’est et ne sera possible entre nous,": FABIEN, QUELLE INCROYA ...
FABIEN, QUELLE INCROYABLE COINCIDENCE CE RECIT !
Un amour infini
Fritz, mon amour, toi, toi que j’aimerai jusqu’au bout de ma route. Tu vis à Zürich avec ton mec, moi je vis à Paris, avec le mien; rien n’est et ne sera possible entre nous, sinon de courts voyages. Ta vie est à Zürich, la mienne est à Paris, et nous l’avons su tout de suite. Tu ne parles pas français et nous conversons en anglais: phrases tronquées, déformées, maladroites; que de mots perdus, que de déclarations inachevées, seuls nos regards, nos gestes...
Sunny memories... Je me souviendrai toujours, les dunes, la plage immobile, jaune de Naples et mer bleu de Prusse. L’Espiguette, un mois de juillet, le soleil brûlant, le sel gerçant la peau, la violence blanche de l’été. Je t’ai vu, à quelques mètres d’où je somnolais, déchiffrant vaguement une partition de Xenakis. Tu étais là avec Anton, ton ami, nu, la base du sexe sertie d’un cock-ring de cuir noir. Mesmérisé, je n’ai pu détourner mon regard de ton regard vert, tes yeux comme des gemmes, de ta bouche cernée d’une moustache et d’une barbe brunes, tout comme tes cheveux drus taillés en courte brosse. Inconsciemment, je savais que je t’avais toujours attendu, que j’étais né, que je n’avais jamais vécu jusqu’à ce jour que pour toi, que pour t’aimer, te regarder, te voir vivre heureux et joyeux. Oui Fritz, ce fut le vrai coup de foudre, les gestes au ralenti, la bouche sèche et les yeux qui se mouillent... Bon dieu, n’avais-je donc jamais vécu avant d’entendre mon coeur battre de nouveau? Confronté à ta beauté, à ton torse large ombré d’une aérienne fourrure, à ton ventre plat et dur, à tes jambes fuselées et musclées. J’aurais presque voulu mourir, cassé en deux sur les sables-minuit de mes nuits sans tain. Toi, Fritz, immergé sous la vague, roulant contre les galets polis de ton épaule lisse et dure, écouter à l’ombre des rouleaux d’écume, résonner des harpes croûtées de sel...
J’ai attendu, attendu le moment où tu te lèverais pour aller faire un tour derrière, dans les dunes comme nous tous ici, sur cette plage, à notre habitude, le “cruising” obligé, l’obliggado de nos désirs asservis. Perdu dans la brume blanc-bleu de mes rêves, t’ai-je vu te lever, jeter un regard vers moi, t’ai-je aperçu escalader le flanc de la dune et attendre au sommet l’espace d’un instant, avant de disparaître, happé par les euphorbes et les touffes de lin jaune? Mon coeur a cessé de battre, mon estomac se nouait: Anton, allongé sur le ventre, regardait ailleurs. Je me suis levé d’un bond, haletant, et j’ai grimpé sur la dune à mon tour, méprisant la brûlure du sable, la cruauté des panicauts. Et je fai cherché, au bord de la panique, parmi tous ces gars qui erraient à la recherche d’un contact rapide, se croisant, se matant, s’ignorant au hasard des sentiers tracés par des milliers de pieds nus, la grande parade des coeurs solitaires, des queues brandies, des corps précipités au gré des désirs incertains...
Je t’ai retrouvé, derrière un bouquet de pins: tu marchais, sûr de toi; sûr de ton corps, sûr de ta démarche féline; oui, tu as tout du félin, jusqu’à ton nom qui, en français, signifie “qui vient du lynx”.
Tu as entendu mes pas et tu t’es légèrement retourné, sachant à l’avance que cela ne pouvait être que moi. J’ai senti comme un frisson parcourir en houle ton dos large, creuser tes reins, mon désir gravé en eau-forte à même ta chair. Mais il fallait que je te touche, je me suis rapproché, rapproché et ton pas s’est ralenti, comme freiné par une viscosité implacable. Mon bras s’est tendu, ma main a frôlé ton épaule, s’y est posée; ta peau m’a brûlé. Ma queue bandait, raidie, fière, sans pudeur: tu bandais également terriblement, fou de désir, fous que nous étions de cette filature, de notre envie, des parfums entêtants qui nous baignaient. Et pourtant, nos premiers gestes furent si timides, si maladroits: tu as caressé ma joue, sans un sourire, j’ai saisi ton membre, la bouche entrouverte, tu as saisi le mien et, insensiblement, nos corps se sont rapprochés. Je sentais ton souffle court, ta main flatter ma nuque, Fritz. Fritz, je ne voyais plus que tes lèvres, tout se brouillait. Puis nos corps impatients se sont heurtés, nos chairs se sont accolées, luisantes de sueur, ta bouche a pris possession de la mienne, farouchement, presque cruellement, plongeant la langue au plus profond, mordant les lèvres, léchant ma barbe et ma moustache, voulant aspirer jusqu’à ma substance, laper et dévorer. Avec fureur, nos queues s"imprimaient à nos ventres, incendiaient nos pubis, battant le fer, duellistes aveugles. Nous sommes restés longtemps ainsi, étroitement enlacés, debout, nous mordillant, nous embrassant à en perdre le souffle, la fougue provoquant des mouvements involontaires du bassin, comme pour mieux, du sexe, investir la chair de l’autre; il nous fallait cette violence, tempérée de la plus exquise des tendresses, nous voulions griffer, mordre, aspirer, gifler, brandir l’arme que nous possédions entre les cuisses et dont nous étions fiers.
Fritz, lorsque tu as pincé mes tétons... Comment as-tu su que cela, pour moi, invitait à l’extase. Tes doigts ont trituré, malaxé, étiré mes pointes par-delà la douleur. Ô toi, mec, c’était le paradis, le bonheur suprême, j’en voulais encore, toujours plus, toujours plus fort, j’aurais voulu voir le sang couler entre tes doigts; et je t’ai fait de même, j’ai admiré ton merveilleux visage se renverser, face au ciel, les veines de ton cou se gonfler, ton corps se tendre, s’arquer, électrocuté par mes gestes, j’ai écouté tes plaintes, je me suis abreuvé des trilles parcourant ton dos. Tu as glissé à mes pieds, tu as embouché mon membre avec la gravité requise pour une telle passion. En quelques va-et-vient, j’ai dû repousser ton visage, j’allais jouir, il nous fallait attendre le plus longtemps possible. À mon tour, je t’ai englouti, léchant le pourtour du gland, promenant avec amour ma langue le long de la hampe, saisissant une, puis les deux couilles, les avalant, bogues de châtaignes cousues à mon palais, au bord de l’asphixie: tu gémissais doucement.
Nous nous sommes allongés sur le sable chaud, parmi les malcolmies et les statices, corps-à-corps désespéré, nos mains ne voulant ignorer le moindre centimètre de peau, nos lèvres happant, mouillant tout ce qui était susceptible de l’être, je croquais les poils de ton ventre, j’aspirais tes larges tétons, je mordais ton cou, le lobe de tes oreilles, je me frottais à ta poitrine, nous ondulions, pailletés de mica sous un ciel trop bleu. Puis, Lynxli, tes cuisses se sont progressivement écartées, j’étais sur toi, emprisonnant tes poignets rejetés derrière toi, tu t’offrais, tu m’offrais ton plus cher trésor, ton intimité. Lorsque peu à peu, avec amour, je t’ai pénétré, je t’ai senti palpiter, vagues coruscantes du bas-ventre à ton front nimbé de sueur. Oui, Fritz, tu t’es totalement ouvert à mon désir impérieux et lorsque j’ai senti mes couilles battre à ton cul, lorsqu’il me fut impossible d’aller plus profond, j’ai vu tes yeux se fermer, tes muscles se détendre, tu atteignais à l’extase, nous n’étions plus que deux, toi et moi, dans le même mouvement du coït, nous étions seuls au monde, tu te fondais en moi, je me fondais en toi. J’aurais voulu me dissoudre pour toujours en toi, me mêler à tes liquides, à ta salive, à tes larmes, disparaître dans l’eau fraîche et verte de ton regard. Ô fritz, je te limais lentement et chaque coup t’arrachait un petit cri d’animal blessé, une plainte rauque, tu te branlais au même rythme...
De l’orgasme, j’ai cru que jamais il ne cesserait par lentes pulsations, je crois avoir hurlé sans détacher mon regard du tien, les yeux grands ouverts, je pense t’avoir dit à ce moment précis: “Je t’aime!” et tu as giclé à ton tour, soulevé à demi, ta main a pressé ta queue et tu as joui, face au ciel de méthylène, comme une blessure, un long jet laiteux qui a crépité sur mon torse, à mon nez, à mes lèvres... Ô Fritz, beau mec, pourquoi a-t-il fallu que nous restions en vie après ce bonheur parfait, pourquoi suis-je sorti de toi, pourquoi nous sommes-nous levés, dirigés vers la plage, pourquoi as-tu rejoint ton ami Anton, et moi, mon infinie solitude?
Dorénavant, savoir que je t’attendrai sous l’onde ou la lame, près des forêts de l’automne, des larmes d’argile fraîche à mes yeux, savoir que je t’attendrai, ployant de gelées, essayant de respirer le quinze milliardième de ton souffle adoré...
Fritz, je vais te revoir bientôt, Zürich une nouvelle fois, quelques jours, quelques secondes de bonheur volé. Nous deux, nous n’en finirons jamais!
Les amis,lisez,lisez gai-eros!
http://ww.gai-eros.org/w/index.php/Cat%C3%A9gorie:Auteur:_Jean-Loup0
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