Dans un esprit démocratique et pour changer, nous n’allons pas parler de la vie sentimentale et sexuelle de Nicolas Sarkozy, de François
Hollande ou de François Bayrou mais de celle de leurs électeurs. Les nombreux sondages réalisés par l’IFOP à l’approche des élections européennes, une fois cumulés en un échantillon de 10
000 personnes, dix fois plus qu’un sondage traditionnel, permettent une approche nouvelle et fine, combinant catégories politiques, sociales et géographiques. La discrétion du sondage
online (téléchargeable ci-dessous) permet aux interviewés de parler librement de leur orientation – hétéro, bi ou homosexuelle – et de leurs pratiques – fellation,
cunnilingus, sodomie, tromperie, relations avec plus d’un partenaire à la fois. En fait, on en sait beaucoup plus sur la sexualité du peuple français globalement que sur celle de tel ou
tel homme politique exposée par Closer, Strauss-Kahn inclus !
C’est l’image d’une France décontractée et homogène qui se dégage: seulement 18% des interviewés n’ont eu qu’un partenaire durant leur vie, la moyenne s’établissant à 10 pour l’ensemble de la population, tous âges et tous sexes confondus. Les hommes atteignent 13 et les femmes 7. Les rapports bucco-génitaux sont consensuels, étant pratiqués par 87% des Français. Il est arrivé à 58% des hommes et 41% des femmes d’avoir une relation pour une nuit seulement. La sodomie, autrefois acte « contre nature » par excellence, séparant les hétérosexuels des homosexuels mâles, est ou a été pratiquée par 51% des gens, passant donc de 1% le seuil de la légitimité démocratique. Hanna Rosin, auteure américaine d’un livre assez brutal sur « la fin des hommes », considère le coït anal comme l’indicateur phare de l’émancipation féminine aux Etats-Unis. En France, la sodomie est connue de 44% des femmes, mais de 52% de celles de 35 à 49 ans, qui ont eu le temps de faire le tour de la question sexuelle. Seuil démocratique une fois de plus franchi. On comprend mieux l’acceptation générale de l’homosexualité, qui n’est désormais plus séparée de l’hétérosexualité par l’usage du corps.
Homosexualité ou bisexualité restent des préférences minoritaires (6%), tout comme l’amour occasionnel avec une personne du même sexe (13%)
ou avec plus d’un partenaire à la fois (15%). On note bien un basculement générationnel, l’homosexualité et la bisexualité passant de 6 % chez les hommes de plus de 65 ans à 12% chez ceux
de 35-49 ans mais la progression s’arrête à ce niveau pour les plus jeunes. Même progression, même arrêt, de 1% à 4% chez les femmes. La différence entre les sexes se stabilise donc
aussi, l’homo ou la bi-sexualité restant trois fois plus fréquentes chez les hommes...
>>> Retrouvez l'analyse d'Emmanuel Todd et Jérôme Fourquet dans le numéro 892 du magazine Marianne. du 23 au 29 mai 2014
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