Partager l'article ! Patrice CHEREAU...la liste s'allonge, non pas des morts (on ira tous au paradis) mais: des discrets, des invisibles, du sans grade au puissant. - ...
des discrets, des invisibles, du sans grade au puissant. -" ah oui, lui aussi était homo ou bi ?"
la barrière des sexes est en bon chemin d'être abaissée
De son propre aveu, Patrice Chéreau n'aimait pas trop parler de son homosexualité et de sa répercussion dans son œuvre. Dans TÊTU, en 2004 (n° 89, en vente ), il reconnaissait n'avoir donné que quelques interviews sur le sujet. Nous en avons retrouvé une, au Guardian, accordée en 2009, à l'occasion d'une mise en scène de I Am The Wind, à Londres. Il explique au journaliste que son homosexualité l'a «affecté en tant qu'artiste», mais il ne saurait pas dire précisément comment:
«Je n'ai jamais voulu me spécialiser dans les histoires gays et la presse gay m'a critiqué pour cela. Mais les histoires d'amour sont partout les mêmes. Le jeu du désir, et comment vous vivez avec le désir, sont les mêmes.»
Dans l'interview de TÊTU, Patrice Chéreau se justifie ainsi:
«Je fais partie des gens qui n'avaient pas très envie d'en parler. Mais, s'il le fallait, je le ferais. Personne ne me demande mon avis, alors je ne le donne pas.»
Si l'homme est peu disert sur son homosexualité, celle-ci est présente dans plusieurs de ses films.
L'HOMME BLESSÉ, SCANDALE ET POLÉMIQUE
En 1983, L'Homme blessé, le troisième film de Chéreau, qui traite ouvertement de l'homosexualité, crée le scandale et la polémique au
festival de Cannes, où il est présenté.
L'histoire? Henri (Jean-Hugues Anglade), un adolescent ordinaire qui s'ennuie dans une famille bourgeoise, drague Jean dans les toilettes d'une gare parisienne. Le film, récit de cette passion destructrice, avait été critiqué pour sa vision glauque et misérabiliste de l'homosexualité. Même si Chéreau s'est toujours défendu d'avoir fait un film sur l'homosexualité. Pour Didier Roth Bettoni, auteur de L'Homosexualité au cinéma (La Musardine), une fois passée la polémique et les accusations de l'époque, il faut au contraire voir L'Homme blessé comme «le premier grand film intrinsèquement homosexuel (par son thème, ses personnages, son atmosphère, sa sensibilité de metteur en scène et d'auteur mais aussi l'axe de son regard) du cinéma français.»
Dans Bleu, blanc, rose, le documentaire d'Yves Jeuland sur l'homosexualité sorti en 2002, Patrice Chéreau parle de la représentation réaliste de la drague homosexuelle qu'il a présenté dans L'Homme blessé et le documentaire montre aussi des réactions, pas toujours positives.
LA SÉROPOSITIVITÉ DANS «CEUX QUI M'AIMENT PRENDRONT LE TRAIN»
Dans les années 80, Patrice Chéreau enchaîne mises en scène de théâtre et d'opéras. L'homosexualité revient dans Ceux qui m'aiment prendront
le train (1997). Le jeune Bruno (Sylvain Jacques), séropositif, va provoquer une crise dans le couple formé par François (Pascal Gréggory) dont il a été l'amant et Louis (Bruno
Todeschini) qu'il drague dans le train en partance pour Limoges où tous vont assister à l'enterrement d'un proche. Mais beaucoup reprocheront à Chéreau de n'avoir fait de la séropositivité
qu'un motif secondaire.
Ceux qui m'aiment prennent le train - Bande annonce FR by _Caprice_
Dans Son frère, sorti en 2003, qui montre les retrouvailles de deux frères, c'est le personnage hétéro (Thomas, interprété par Bruno
Todeschini), qui est atteint d'une maladie du sang, et qui va passer du temps avec son frère homo (Luc, joué par Eric Caravaca). Chéreau y filme la déchéance physique avec une rare
intensité.
Dans Bleu, blanc, rose, Chéreau évoque les deux auteurs morts du sida avec qui il a travaillé, Hervé Guibert (co-scénariste de
L'Homme blessé) et Bernard-Marie Koltès:
Et toujours dans l'interview de TÊTU, réalisée à l'occasion de la sortie en DVD de Son frère, Chéreau évoque le sida:
"À San Francisco, un spectateur est venu me voir en me disant: "Je suis déçu. Je pensais que c'était l'histoire d'un homosexuel qui mourait du sida."
J'ai pris le livre tel qu'il était, je n'allais pas rajouter le sida là où il n'était pas. J'en ai parlé dans Ceux qui m'aiment prendront le train parce que, à ce moment-là, c'était important de montrer un séropositif vivant en couple avec un séronégatif. Lorsque le fléau battait son plein, je n'en ai pas parlé non plus.
Patrice Chéreau a toujours soutenu la gauche mais n'a jamais été un militant des droits LGBT. L'hiver dernier, il avait participé à la grande manifestation pour l'égalité des droits, le 27 janvier. Il expliquait dans une interview accordée à Yagg que le gouvernement n'avait pas été assez vite sur le sujet mais qu'il fallait le soutenir.
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