Le mystère de la "pine" de Barbezieux
Le 23 mars à 06h00
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Marie-Thérèse Soulier, gérante de la pâtisserie "Ô Délices d'antan" à Barbezieux: "Jamais on ne saura l'histoire de la pine." PHOTO/(Photos CL)
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Marie-Thérèse Soulier, gérante de la pâtisserie "Ô Délices d'antan" à Barbezieux: "Jamais on ne saura l'histoire de la pine." PHOTO/(Photos CL)
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1 / 2Marie-Thérèse Soulier, gérante
de la pâtisserie "Ô Délices d'antan" à Barbezieux: "Jamais on ne saura l'histoire de la pine."PHOTO/(Photos CL)
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Connaîtra-t-on un jour la véritable origine de "la pine" de Barbezieux? Ce gâteau, dont le nom s'accorde malicieusement avec la forme, fait chaque saison à pareille époque la vitrine
des pâtissiers et boulangers de Barbezieux, et le délice des dégustateurs. Confectionné avec de la pâte à chou, il est proposé soit nature soit fourré à la crème pâtissière ou
chantilly. Et quelle que soit sa présentation, il surprend.
"C'est une spécialité locale et une coutume ancestrale dont la fabrication débute environ un mois avant Pâques et se prolonge pendant quelques semaines après", explique Marie-Thérèse Soulier, gérante de la pâtisserie "Ô Délices d'antan" à Barbezieux.
Symbole du renouveau
La pâtissière connaît parfaitement son sujet puisqu'elle exerce le métier depuis quarante-deux ans et, chaque année, elle constate "l'étonnement des clients". "Ils veulent toujours qu'on leur raconte la petite histoire qui va avec." La commerçante a donc installé dans la vitrine de son magasin un présentoir qui retrace le parcours de ce gâteau à travers les temps. Les
spécialistes de la Société archéologique, historique et littéraire de Barbezieux (Sahlb) ont même mené l'enquête. L'étude fait, entre autres, référence à la mythologie ancienne et
propose des explications étymologiques en lien avec la pomme de pin, la pigne.
D'autres interrogations se posent: est-ce un rituel catholique ou une coutume populaire païenne? "Quand on débute la fabrication
des pines, le printemps est proche", rappelle Marie-Thérèse Soulier considérant "qu'il s'agit d'un gâteau de carême qui
symbolise le renouveau". L'étude de la Sahlb confirme le rituel catholique mais attire également l'attention sur des pratiques
paraissant venir du fond des âges et qui se manifestent en dehors de l'église-institution, à la sortie de l'office, donc hors les murs de l'église.
Cornuelle féminine et pine masculine
En effet, l'arrivée du printemps correspond à une période de ponte intensive. Et l'abondance des oeufs conduisait les paysans à fabriquer des gâteaux qu'ils allaient vendre à la
sortie des églises. Ce que confirme Claude Guillon, boulanger maintenant à la retraite: "Autrefois, la messe des Rameaux se
déroulait dans toutes les communes du canton et les boulangers allaient vendre les pines à la sortie des offices religieux à Barret, Montchaude, Guimps..." "Jamais on ne saura l'histoire de la pine de Barbezieux", estime Marie-Thérèse
Soulier. "On parle aussi de la pine à Vaudon, un boulanger pâtissier de Malaville, mais aussi d'un Italien et là, on ignore si la
recette vient d'Italie ou si elle est partie de Charente", explique la commerçante. Ces gâteaux aux formes suggestives symbolisent
les deux sexes. Cornuelle ou pine, l'appellation et la forme varient en fonction du lieu de fabrication. À Barbezieux, chez "Ô Délices d'antan", la distinction est claire: la première
faite avec de la pâte sablée est de forme triangulaire avec un trou au centre, elle représente le sexe féminin; la seconde en pâte à chou évoque comme son nom l'indique le sexe
masculin.La "pine de Barbezieux" a encore de beaux jours devant elle. Le bouche à oreille a fait son effet. La spécialité locale est connue et reconnue. La pâtisserie s'emporte dans
tout l'Hexagone. Des clients qui espèrent sans doute étonner famille, amis ou collègues avec ces gâteaux dont la particularité tient autant dans leur goût que dans leur forme.
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