Vendredi 25 mars 5 25 /03 /Mars 15:34
 Un bon blog d'observation, introspection et réflexion. Dommage il date de 2011
 Il était tard  ou tôt c'est comme on veut ce Mardi, 23 Septembre 2014 02:09  quand "Dorian gay" écrivait le dernier post de son blog sous forme de journal intime, arrêté depuis .  http://doriangay.overblog.com/   
Je l'ai lu in extenso et j'ai retenu cet article qui m'a fait réfléchir. Rien à voir avec l'attitude de celui qui fait l'émission "J'rai dormir chez vous". Quoi que. Chercher à connaître son semblable, son frère voire son double c'est un peu la même démarche. 
Ce n'est pas comme  ces RV de baise que l'on peut prendre sur les sites de rencontres (Dorian en use auss il le dit) Non, l'arrangement en certains cas c'est juste de dormir ensemble...J'ai remarqué comme vous qui me lisez que ça se passait sans sexe et les rencontres se sont faites avec grindr les premières fois.                                            

Dans le lit des autres                                                                                                    

Dans le lit des autres
Il m'arrive parfois de dormir chez les autres. Dans le lit des autres. Pour une nuit, juste une. Avec des inconnus ou des connus, m'importe. Parfois donc, sans que je sache trop pourquoi et comment, je me retrouve dans des bras étrangers le temps d'une nuit, le temps d'une étreinte, 8 heures en moyenne.
Je me souviens parfaitement du premier jour où j'ai commencé. Ce devait probablement être l'été 2011. Insouciant, à l'âge où l'amour et les sentiments sont kitsch – celui où les nuits sont ivresse et chair, je découvrais Grindr. C'était beau ces petites bulles bleues sur fond noir et orange – presque à en oublier déjà que c'était d'autres garçons derrière. D'autres garçons faits de chair, avec une vie, des amis, un travail, peut être même un poisson rouge ou des plantes et tout, et tout. Surprenant n'est ce pas ?
De blop, en blop, de cliquetis en cliquetis sur le clavier du téléphone on s'échange des prénoms comme des cartes Pokemon, on se demande où on vit, on s'échange des photos de chats, de fleurs et de bites et on se dit qu'on prendrait bien un café en terrasse ou qu'on se baiserait dans la cage d'escalier d'un vieil immeuble Haussmannien. Ca dépendait des fois. Ces liens virtuels se construisent et s'effritent aussi facilement qu'un vieux pull GAP passé trop longtemps à la machine à laver.
Et puis y'a des soirs comme celui-là, celui-là dont je vais vous parler. Je n'étais pas loin de Montmartre – j'aime bien Montmartre. Je trouve que c'est un quartier sympa et je n'ai pas attendu de voir Amélie Poulain pour aimer ces petites ruelles, ces petites échoppes de la rue des martyrs qui ne semblent pas avoir changé depuis des siècles, comme si le temps s'était arrêté dans ces rues de Paris. On s'attend à chaque tournant de rue à entendre un accordéon résonner sur les murs lézardés du quartier et une voix intemporelle envelopper ces notes volatiles. Je digresse, pardonnez moi. Je vous parlais donc de Grindr, des garçons, du sexe et de ce jour là.
Il m'écrit comme tous ces autres. Une belle bulle bleue apparaît sur mon écran de téléphone. Elle est assez petite, elle contient un "salut". Parfois c'est bien de commencer avec un "salut", ca évite de se demander si on doit plutôt utiliser un "bonjour" ou un "bonsoir" selon le moment de la journée. Ca reste sobre et engageant en plus un "salut". Je suis poli, je réponds donc un "salut" symétrique, un "salut" miroir. Les bulles s'enchainent sur mon écran et deviennent de plus en plus grandes et grosses comme si elles se nourrissaient des minutes qui passent et de l'énergie de nos doigts sur le clavier.
Il me demande ce que je cherche. Je ne sais pas – 3 ans après je ne sais toujours pas. C'est curieux tout ces gens qui cherchent quelque chose. Moi, à vrai dire, j'attends plutôt qu'on me trouve – pour quoi ? Je ne sais pas non plus. Je ne sais pas beaucoup de choses.
Il me dit que lui veut dormir avec quelqu'un. Juste dormir. Il a 26 ans, de beaux cheveux noirs bouclés qui sentaient la méditerranée et de beaux yeux aussi. Enfin, je crois. Je sonne en bas de son appartement Montmartrois. Il m'ouvre. La nuit est tombée depuis un certain moment mais Montmartre elle est toujours en éveil. Nous prenons un thé ou une tisane – je ne sais plus exactement. Nous nous racontons des brèves de nos jeunes vies comme pour briser l'anonymat derrière lequel nous nous protégeons. Je crois qu'il s'appelait Lucas et qu'il était jeune prof.
Les heures passent, les corps se délassent – nous nous couchons dans les bras l'un de l'autre et nous endormons lentement, au son mélancolique d'une ville qui s'endort et au gré des mains caressant inlassablement nos peaux respectives. Nous sommes des amants inconnus, des amants passagers, des amants éphémères cette nuit platonique.
Le lendemain je prends mes affaires disséminées dans cet appartement du 5ème étage et partage un dernier et solennel café entrecoupé de discussions candides avec ce jeune Lucas. Quelques heures plus tard, la porte de ce petit appartement parisien se referme et avec elle cette petite lucarne ouverte, le temps d'un songe, sur la vie d'un inconnu d'un soir. D'un inconnu qui replonge dans la mare pleine d'autres inconnus. Un inconnu dont on ne garde que quelques souvenirs épars, le parfum d'une peau et les boucles d'une chevelure brune.
Je trouve que la vie est fabuleuse. D'autres fois elle me fait peur. Nous passons quotidiennement nos journées dans une foule compacte, dans le métro, au travail, dans la rue, en oubliant que chaque personne qui compose cette masse, chaque particule de cette molécule sociale est un univers complexe à elle seule. Derrière chaque pas sur le trottoir, chaque regard évité dans le métro, chaque manteau frôlé, il y'a une vie, des projets, des angoisses et des rêves. Derrière chacun des ces visages il y'a peut être de la solitude.
Certains la noient donc dans les bras chauds d'autres inconnus – le temps d'un soir ou un peu plus, comme pour se rappeler ce que ça fait.
C'est curieux. Plus tard, je l'ai fait à nouveau un certain nombre de fois avec un certain nombre d'inconnus qui m'ont demandé de dormir dans leurs bras juste le temps d'une nuit. Je passe de lit en lit, de couverture en couverture, m'imprégnant de l'odeur volatile de chacun d'eux comme de leurs vies, ou du peu qu'ils me confient spontanément. Je ne baise quasiment jamais avec eux, ce serait vicier l'exercice et ces moments si particuliers. C'est curieux cette impression de partager la plus grande intimité, sans sexe, et la plus infinie tendresse avec ces gens qui semblent bien seuls dans des appartements bien trop froids.
Pourquoi j'accepte ? Je ne sais pas – une curiosité malsaine ? Le plaisir de partager de la tendresse ? Une empathie exacerbée ? Une solitude camouflée ? Peut être un peu de tout ça surement. Mais au fond, ce que j'aime c'est le côté furtif de ces rencontres. Je préfère effleurer la vie des inconnus d'un soir plutôt que de l'éteindre. J'aime les mystères qui perdurent le lendemain, j'aime ce dernier café avant de franchir une dernière fois le palier de ces appartements et de faire une bise qui cache maladroitement des adieux.
C'est dur parfois, la vie. C'est si froid dans le lit des autres, parfois dans le mien.
 
 
 
                                                           
                                 
 
                                                   
                                                           
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Par NUS ET TT PRES - Publié dans : MEDITATION & REFLEXIONS "Tempus Fugit" - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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