Sur France Culture 53 minutes
Les cadenas sur le Pont Telemly à Alger © Ramzi Boudina
Le 7 septembre 2013, des Algérois s’étaient rendus sur le pont du Telemly dans le centre d’Alger. Ils voulaient inaugurer le « pont de l’amour
» en y accrochant des cadenas. Longtemps ce pont fut appelé « pont des suicidés ». Si les uns, nombreux, soutiennent ce geste qui offre aux jeunes l’occasion d’exprimer leur amour sur le
«pont des suicidés», les autres, dénoncent le geste qui veut dévoyer la jeunesse algérienne. Les cadenas furent donc arrachés.
Un cadenas symbole d’un amour vécu en cachette.
Un amour tu et têtu, qui tente d’exister et de survivre dans un Alger écrasé par le poids des coutumes et de la religion.
La pudeur disent-ils !
Pour le reste, à Alger, la pudeur ne concerne que l'amour, pour le reste, on exhibe fièrement et sans vergogne sa grande maison, sa
grosse cylindrée, ses liasses de billets.
L’amour, lui, reste caché, épié, jaugé et jugé sur la place publique.
Chaque jour on flirte avec l'hypocrisie, cet amour est consommé passionnément en secret. On s’effleure, on se touche, on s’aime mais en
silence, dans la clandestinité. Surtout ne pas le montrer, ni le crier, le vivre seulement loin des regards et veiller à ne pas se faire prendre !
Un jeune homme et une jeune femme se tenant par la main sont irrémédiablement et spontanément interpellés dans la rue : c'est péché ! إ (العزة
بالإثم) ! "rotinga"خطيئة
Ne parlons pas d'homosexualité ! elle est condamnée par 2 articles de la constitution algérienne ! L’amour en dehors du mariage est interdit
mais le sexe est pratiqué partout où l’on peut : parc, cinéma, studio du cousin, arrière de la voiture et tant pis pour le plaisir. Pas de place pour la sensualité, les gestes sont
saccadés, brusques, brutaux parfois, pas de place non plus pour les préliminaires, pas le temps !
A Alger, on ne sait pas aimer ou peut être on n’a jamais su le faire, jamais eu de mode d’emploi. Qui a vu ses parents échanger des mots
d’amour ? Encore cette satanée pudeur,
Tu sais ici, nous dit Zohir, l’amour n’est pas une valeur locale !
Avec :
Neila et Nassim, 21 ans, étudiants ;
Amina, Kitty, Zohir et Sifax, de l'Association Abu Nawas (militants algériens pour la cause LGBT)
Intervenants : Leila, 50 ans, femme de ménage ;
Beya, 21 ans, stagiaire ;
RESSOURCES :
Le poète qui préfère les hommes
Poète de tous les temps, Abou Nawas, “l’homme aux cheveux bouclés ou
pendants”, né en 757 à Ahwaz d’un père arabe et d’une mère persane, et mort à Bagdad en 815.
Il est considéré jusqu’à nos jours comme le plus talentueux des poètes arabes http://www.kabyleuniversel.com/2012/07/25/notre-mercredi-poetique-abou-nouas-le-poete-qui-prefere-les-hommes/