«Un nez, une bouche, deux yeux, deux oreilles, deux jambes, deux bras, un cerveau et un cœur. Je mange, je dors, je respire. Tous les jours je vais en cours, je prends le bus, et je marche dans la rue, tous les jours je suis fatigué, mais aujourd’hui plus que les autres.
Pourquoi me direz-vous ? Parce que, parce que je suis fatigué d’un débat, un débat sans fond, sans forme que celui des haines. Car aujourd’hui ce n’est pas le fait de juger d’un mariage ouvert à tous qui est posé, c’est celui de l’homosexualité, triste retour à des époques sombres. On entend des mots, j’entends des mots, je suis différent apparemment, différent de quoi ? D’un amour ? Cet amour m’interdirait donc d’avoir des droits ? En quoi ? Pourquoi ? Aidez-moi à comprendre !
Aujourd’hui on me dit que cela ne sert à rien, certes si vous le dîtes.. Le vivez-vous ? Vivez-vous le regard, et les mots, les doigts pointés et les insultes ? Vivez-vous cette sensation de colère qui monte en voyant qu’on ne vous traite pas en tant que personne mais en tant qu’orientation sexuelle ? Car aujourd’hui c’est bien cela, l’homme est défini par les droits qu’il a acquis, les retirer aux gens, ne pas leur donner les mêmes droits, que cela veut-il dire ? Ne sommes-nous pas hommes ? Ne sommes-nous pas égaux ? « Liberté » la liberté d’aimer, « Fraternité » l’entraide et l’entente entre tous, « Egalité » tout homme au même niveau… Et pourtant.
Aujourd’hui nous pouvons vivre avec quelqu’un, partager sa vie, ses moments de joie et de tristesse, les bons comme les mauvais moments, sans jamais être reconnus comme tels, nous pouvons faire des projets qui ne seront portés que par l’un des deux… Une relation se fait à deux, avec l’investissement égal des deux, or aujourd’hui tout cela n’est pas possible.
Ce que vous jugez n’est plus le mariage mais l’homosexualité, chose existant depuis que l’homme est tel qu’il est. Et j’entends des mots, des explications, des choses sans sens, sans sens aucun. On me dit que la religion dit telle ou telle chose. Mais, vous savez, je fais mon éducation dans un établissement catholique, la religion je la connais comme vous. Les textes ne disent-ils pas que nous devons aimer notre prochain, qu’aucune différence ne doit nous séparer, amour et tolérance ? Certaines instances religieuses devraient avant de s’intéresser à la sexualité de la société, s’occuper des problèmes qui y sont liés en leur sein.
J’entends aussi la merveilleuse excuse de l’enfant. Celui-ci n’aura pas le droit? Il aura le droit d’aimer et d’être aimé. Il n’aura pas une éducation normale ? Qu’entendez-vous par là ? Doit-on donner des chiffres de tous ses parents qui battent leurs enfants, les tuent, les mettent à la rue ? Il deviendra homosexuel à son tour ? Car vous pensez encore que l’homosexualité s’attrape telle une maladie ? Moi je connais des gens, des enfants, élevés depuis toujours par des parents homosexuels, le sont-ils ? Non. Dois-je répondre à toutes ces questions ? Non plus car aujourd’hui je suis fatigué.
Je suis jeune , et je ne serai pas pris au sérieux, je ne serai pas écouté. Pourtant j’essaye, car j’ai besoin de dire ce que l’on peut ressentir, car j’ai beau être jeune je pense à mon avenir, mon avenir avec celui que j’aime. Je suis jeune et je parle avec mes amis, d’autres jeunes. Avenir, nous sommes l’avenir. Avenir de votre pays, de notre pays. Avenir de l’Europe. Notre avis compte aussi.
Je suis un ado, homosexuel de surcroît, rien pour plaire aux politiques, j’ai tous les vices, et tous les problèmes du monde. Je suis votre avenir, et le futur de la France. Je suis une voix parmi tant d’autres… »
Dimitri Cuvelier, Bousbecque (Nord)
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