Obligés de mener deux vies parallèles

Enfin, le dernier pilier, qui ne doit pas être confondu avec les trois autres, concerne l’homosexualité identitaire. Il s’agit exclusivement d’hommes ou de femmes qui préfèrent avoir des relations avec des personnes du même sexe. Dans le sud de l’actuelle Zambie, par exemple, ces personnes étaient appelées mwaami dans la langue ila.
Et, si certaines langues africaines offrent un vide conceptuel et linguistique au sujet de l’homosexualité, d’autres permettent en revanche d’appréhender cette notion de façon très précise. On peut donc affirmer, sans risque de se tromper, que l’homosexualité est pratiquée en Afrique depuis la nuit des temps. Malheureusement, beaucoup continuent de nier cette évidence, obligeant ainsi la quasi-totalité des homosexuels à vivre cachés et dans des milieux fermés.
Afin de ne pas éveiller les soupçons, ils mènent bien souvent une double vie : femme et enfants à la maison en guise de couverture – au Cameroun, on appelle ça le nfinga – et relations homosexuelles en cachette. Si l’on ajoute à tout cela les dispositions du Code pénal interdisant l’homosexualité, alors on comprend pourquoi la majorité d’entre eux ne rêvent que d’exil. D’ailleurs, le véritable mythe, c’est de croire que les dispositions légales qui interdisent l’homosexualité sont une résultante des traditions africaines. Il ne s’agit là que d’un banal héritage colonial.

* Charles Gueboguo, La Question homosexuelle en Afrique (éd. L’Harmattan, 2006, 190 p., 17 euros).

Christian Eboulé