PAS UNE DROGUE DU TOUT Au départ fausse tradition ou « attrape-touriste », le narguilé a joué au jeu de l’arroseur arrosé, en devenant un passe-temps à la mode voire même une coutume en devenir pour les Marocains.
Pour les touristes, le narguilé ou chicha semble faire partie intégrante de la tradition orientale. On imagine le salon typique, tapi de coussins moelleux et colorés sur lesquels on s’assoit entre amis pour déguster du thé et partager à tour de rôle des bouffées de narguilé. C’est en effet ce que l’on peut observer dans les riads, bars à chicha ou dans certains restaurants. À la carte du restaurant où travaille Tarik Ali, jeune serveur de 21 ans, il est écrit « narguilé : 20 dirhams » parmi toutes les spécialités culinaires. Mais « rien à voir avec une quelconque tradition », s’exclame Tarik Ali. C’est du folklore imaginaire ! Ca plaît aux touristes alors on fait comme si ! »
Le narguilé vient en réalité d’Égypte et il s’est d’abord implanté au Maroc pour nourrir les rêves d’Orient des touristes. Il y est resté et y est même de plus en plus à la mode. « Depuis deux, trois ans, ça n’arrête pas. On fume la chicha partout et des bars spécialisés se construisent sans arrêt », remarque le jeune serveur. Ces bars sont surtout situés dans les endroits touristiques comme Casa ou Marrakech. « Il y a parfois huit, neuf bars à chicha dans un seul boulevard », ajoute Tarik Ali.
Mais pour pouvoir proposer le narguilé, il faut une autorisation délivrée par les autorités et seules les personnes majeures peuvent fumer. La police vérifie aussi régulièrement le contenu des narguilés : « À la place du tabac certains mettent de la drogue », explique le serveur.
Et aujourd’hui, les touristes ne sont plus les seuls à se laisser tenter par le narguilé. Les jeunes Marocains s’y mettent aussi. Pourtant, fumer est interdit par la religion musulmane : « Allah nous a offert la vie, on doit donc la respecter et ne pas faire des choses qui pourraient nuire à notre santé », explique le jeune homme avant d’ajouter : « Mais c’est vrai que fumer de temps en temps ne fait pas de mal ! » Reste que cet avis n’est pas partagé par tous les Marocains : « Si jamais ma mère savait qu’il m’arrive de fumer le narguilé, je passerais un sale quart d’heure ! », s’exclame Tarik Ali en agitant nerveusement la main. Les effets de mode seraient-ils enclins à prendre le pas sur les us et interdits religieux ?
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