Lundi 7 octobre 1 07 /10 /Oct 12:06
PAS PEUR DES MOTS : 1981 on a l'impression que la France est le plus permissif des pays européens... Intertrogé sur les ondes, "- Pourquoi avez-vous choisi la France ? le bel Alex répond : "- C'est plus facile pour un pédé de vivre en France qu'en GB, non ? "
Il n'y a pas que ça qui m'a flashé, c'est sa connaissance d'un grand nombre de langues.
A 6h45 sur France Inter vous pouvez entendre son accent britannique dans la revue de la presse internationale. 
 
 
        
 
 c'est ma vignette préférée !
 
Polyglotte, familier des auditeurs de France Inter, le journaliste Alex Taylor est aussi producteur. Arrivé en France en 1981, il est animateur sur Fréquence gaie, puis chroniqueur dans l’émission « Télescopages » de France Inter. En 1990, il présente et produit «Continentales » sur France 3. Il passe une année à Arte, puis devient
directeur de programmes sur R.f.i. Il anime aujourd’hui des colloques et des conventions d’entreprise. Il a publié « Journal d’un apprenti pervers » (éd. J.-C. Lattès, 2007), dans lequel il revient sur son enfance, les hommes, le sexe et ses perversions violentes et délicieuses.
Dès l’âge de 7 ou 8 ans, je sais que je préfère les garçons. Mais dans les années 60, en Cornouailles, une des régions les plus conservatrices d’Angleterre, pas question d’évoquer ces choses-là. Je cherche des modèles. A défaut de trouver des héros « gays » – mot, d’ailleurs, que j’ignorais  J’entends le mot « homosexuel » pour la première fois à la B.b.c., à l’âge de 11 ans. Intrigué, je demande à mon père ce que ça veut dire. Il répond : « C’est un garçon avec le poignet mou, qui s’appelle en général “Cecil” et qui aime les matelots. » Je me dis : « Ouf ! Heureusement que je ne fais pas partie de ceux-là ! »
Je ne me reconnais pas dans cette caricature. Pourtant, la vérité est là et je dois la cacher. A 18 ans, je suis en première année à l’université d’Oxford et mon secret me pèse. Je me confie à ma mère : « Si c’est ainsi, Alex, soit ! Mais surtout, ne le dis jamais à ton père. » L’Angleterre de Margaret Thatcher avec ses lois homophobes est un carcan. Elle ne me convient pas. Je deviens donc un exilé sexuel ! Je pars habiter la France, qui est alors un phare de liberté pour les homosexuels, le gouvernement finance même la première radio gay au monde : une révolution ! Tout d’un coup, je trouve un monde où je suis libre d’être ce que je suis, et habité par des canons ! Dans la rue Sainte-Anne, à Paris, de superbes garçons me paient des verres. Ma vie se dessine en couleurs, contrairement à mon enfance en noir et blanc.
J’ai 30 ans quand mon père apprend mon homosexualité. Ma mère, gravement malade, la lui révèle. Elle décède quelques jours plus tard, et il se retrouve seul, à 75 ans. Ainsi, papa sait, je sais qu’il sait, mais nous faisons comme si de rien n’était. Deux ans plus tard, je rencontre le grand amour. Mon copain et moi louons un moulin en Normandie. Je décide d’y inviter mon père. Le jour de sa venue, j’attends à la gare d’Evreux. Dans cinq minutes il sera là, et je suis assailli par le doute, l’angoisse. Comment se passera la confrontation ? D’un côté, mon copain, un garçon magnifique, mais ex-toxico, ex-alcoolique. De l’autre, mon père, pur produit de cette génération de la Seconde Guerre mondiale. Celle de la « stiff upper lip », selon l’expression toute britannique : ne jamais flancher, toujours « garder la lèvre supérieure rigide ».
Petit à petit mon père comprend que tout ce qu’il a ingurgité inconsciemment sur l’homosexualité est absurde. Cela s’est fait naturellement, toujours dans la plus grande pudeur, sans que nous échangions le moindre mot. Je n’imagine pas d’ailleurs les termes « homosexuel » ou « gay » ou « boyfriend » sortir de sa bouche, même aujourd’hui, quinze ans après.
Il a eu une façon digne, simple et en fait très britannique de montrer qu’il avait accepté son fils tel qu’il était. C’était deux mois après son séjour. Je vais en Cornouailles pour le voir. Et, là, dans le salon, en évidence sur la cheminée, il a déposé, dans un geste qui m’a bouleversé, une photo de moi avec mon compagnon. Quelques années plus tard, mon ami décède. « C’est dommage, il y en a peu des comme ça » a dit mon père, c’était un magnifique hommage.
 
 
 Alex Taylor 55 ans aujourd'hui 
Par claudio - Publié dans : VIVRE SA SEXUALITE, SES FANTASMES - Communauté : Cavaillon communauté gay bi trans lesbienne sur la région
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