Je ne doute pas un seul instant que le nom d'Antinoüs ce jeune Bithynien favori de
l'empereur Hadrien, ainsi que l'œuvre inoubliable de Marguerite Yourcenar : Les mémoires d'Adrien (où elle évoque avec délicatesse et romantisme, cette relation passionnelle qui unit
ce jeune garçon à son empereur) résonnent dans tous les esprits. Mais peut être que pour certains un petit rappelle s'impose.
Hadrien, empereur de Rome nourrissait une passion dévorante pour les jeunes garçons. Sa rencontre avec Antinoüs remonte
probablement à l'hiver 123 ou au printemps 124 lors de sa visite à Claudiopolis. Le jeune Grec d'une beauté indicible devient alors le favori de l'empereur.
La mort
d'Antinoüs.
"Ce cadavre et moi partions à la dérive, emportés en sens contraire par deux courants du
temps."
Mémoires d'Hadrien.
Marguerite Yourcenar.
Contrairement à sa
date de naissance que le l'on ne peut qu'évaluer en fonction des statues qui le représente à la fin de sa vie, le lieu et la date de sa mort sont connus. Le jeune éphèbe se noie
probablement par hydrocution, dans le Nil lors d'un voyage en Egypte en octobre 130, probablement le 25. Les causes de cette noyade sont restées mystérieuses. Plusieurs explications sont
avancées. Pour sa part Hadrien a toujours pensé qu'il s'agissait d'un simple accident. D'autres, auteurs ou historiens avancent des hypothèses différentes. Certains pensent que le garçon se
serrait donné la mort par peur de déchoir, d'autres, que le jeune grec se serrait offert en sacrifice pour des pratiques divinatoires pour prolonger la vie de l'Empereur. Quelques
voix plus rares, évoque la thèse du meurtre, mettant en avant qu'Hadrien envisageait d'adopter son amant, ce qui aurait fait de lui son successeur, idée qui n'était pas du goût de
tous.
Le culte d'Antinoüs.
L'empereur est très éprouvé par la mort de son compagnon. Il fait embaumer la
dépouille du jeune défunt, les égyptiens le divinise sous les traits d'Osiris, une ville sera fondée au bord du fleuve, Antinoupolis, qui accueillera le culte d'Antinoüs, et chaque
année célèbrera sa mémoire à travers des jeux, réservés aux éphèbes. Il ramène d'Egypte un obélisque connu sous le nom d'obélisque de Barberini, dont trois des faces sont
consacrées à Antinoüs et la quatrième à la gloire d'Hadrien. L'obélisque serra dressé sur la tombe même du nouveau dieu. Il commande des statues et bustes à l'effigie du jeune Bithynien qui
deviendra ainsi l'un des personnages de l'antiquité grecque et Romaine le plus représenté sur le pourtour méditerranéen. Son nom est donné à une constellation formée de cinq étoiles de
l'actuelle constellation de l'Aigle. En Grèce, patrie du jeune garçon, des monnaies sont frappées à son effigie ainsi qu'en Egypte pour le cinquième anniversaire de sa mort. Et, sous
l'impulsion d'Hadrien, le culte d'Antinoüs va devenir à travers l'empire la dernière plus grande religion avant le Christianisme.
Où repose Antinoüs
?
Si les circonstances de sa mort sont restées un mystère une autre énigme entoure l'un
des plus célèbre personnage de l'antiquité Romaine : la question de l'emplacement où fut édifié son tombeau. Nul ne peut situer aujourd'hui, avec certitude l'endroit où repose le jeune
amant de l'empereur Hadrien. La réponse à cette question se trouve dans les textes gravés sur l'obélisque de Barberini (haut de 9.5 mètres, retrouvé à Rome au début du
XVIe siècle près de la porta Maggiore dans les ruines du Circus Varianus). Malheureusement cette sculpture fut retrouvée brisée en trois morceaux, et le passage qui
situe le lieu du tombeau d'Antinoüs se trouve à l'endroit d'une de ces brisures.
Cependant plusieurs hypothèses ont été avancées par les historiens et égyptologues qui au cours des siècles et plus récemment au cours du 20 e Siècle se sont attelés à déchiffrer
ces hiéroglyphes.
La logique voulait qu'Antinoüs ait été enterré dans la ville
d'Antinoë fondée sur les lieux de sa fin tragique, puis cette idée a été abandonnée par des chercheurs qui firent valoir que l'obélisque a été retrouvé à Rome et non en Egypte et que
d'autre part il est difficile d'imaginer que m'empereur Hadrien est abandonné le corps de son bien aimé en terre étrangère.
Le palais de Vénus à Rome consacré en 135 par Hadrien fut aussi avancé mais il est peu probable que l'empereur ait osé associer ce garçon et la relation controversée qu'il entretenait avec
lui avec des valeurs aussi traditionnelles que celles incarnées par la déesse Vénus.
Toujours à Rome le palais du Palatin, résidence des empereurs et plus particulièrement le jardin d'Adonis a retenu l'attention des égyptologues. Tout d'abord sa situation et le type lieu
s'accordent avec les traductions les plus réalistes faites des textes retrouvées sur le monolithe, d'autre part c'est dans ce jardin que fut retrouvé l'obélisque et enfin l'idée que
l'empereur ait voulu réunir ces deux éphèbes semblables par leur beauté et leur fin tragique, a séduit plus d'un historien.
La villa Adriana sur les hauteurs de Tibur, résidence d'Hadrien est un site privilégié par certain archéologue. Des fouilles ont mis à jour les vestiges de ce qui pourrait être le tombeau
d'Antinoüs. Par ailleurs c'est sur ce site qu'a été retrouvé l'essentiel des statues et représentations du jeune grec.
Plus récemment l'Égyptologue français Jean-Claude Grenier dans son ouvrage "L'Osiris
d'ANTINOOS" après avoir repris du début la traduction des textes de l'obélisque et longuement analysé et recoupé les travaux de ses prédécesseurs conclut qu'Antinoüs aurait
probablement été enterré dans l'une des propriétés familiales d'Hadrien située à Rome, peut être dans les Horti domitiae (devenu le Château Saint-Ange), hérité de sa mère, où il
fit ériger son propre tombeau.
On le voit aucune explication n'est satisfaisante et le lieu où repose le jeune Antinoüs reste un mystère.
Par sa seule beauté et l'amour que lui voua l'empereur Hadrien, la flamme de ce jeune esclave, devenu dieu, a traversé les
siècles sans jamais vaciller.
Qu'aurait pensé ce jeune garçon, si on lui avait dit que 2000 ans après il ornerait
les plus grands musées du monde, dans cette posture qui était la sienne, la tête tournée et penchée, les yeux inclinés vers le bas, et que l'œuvre magistrale d'un écrivain, en immortalisant
pour toujours son souvenir ferait rêver des générations d'Hadrien(s).
21ème siècle : plus d'esclaves, tous empereurs et...amants
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Malgré toutes mes recherches, sur le web et ailleurs, je n'ai jamais trouvé où me procurer une réplique (en
miniature) de ce buste : l'Antinous Ecouen, exposé au Louvre. Alors si quelqu'un a une idée !
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