Cela fait des années que la sociologue Charlotte Le Van essaye de comprendre pourquoi des hommes et des femmes qui vivent en couple finissent par aller «voir ailleurs», à l'insu de leur conjoint. La réponse n’est pas si évidente. Les "infidèles" essayent toujours de rationaliser leur comportement, sans avoir forcément assez de distance pour comprendre la logique de leurs actes.
La notion criminelle de l’adultère a disparu mais, curieusement, les hommes et les femmes qui trompent leur conjoint se sentent bien plus
coupables que s’ils étaient dans le box des accusés. Bien que les sites vantant les avantages de
l’infidélité s’offrent des campagnes d’affichage outrecuidantes et que la plupart des médias encouragent l’idée que l’infidélité soit quelque chose de parfaitement naturel, voire nécessaire,
les Français restent furieusement «contre».
Dans un article récemment publié dans un numéro spécial "Sexualités, normativités" de la revue Raison Présente, Charlotte le Van, sociologue à l’Université de Caen, souligne le paradoxe : alors que les Français sont de plus en plus tolérants en matière d’échangisme, de prostitution ou d’homosexualité, ils le sont de moins en moins en matière de fidélité. «Considérée comme le premier facteur de réussite d’un couple, la fidélité est estimée comme "très importante pour contribuer au succès d’un mariage" par 84 % des personnes interrogées en France (contre 72 % en 1981).» Autrement dit, l’adultère c’est de plus en plus mal vu. Et surtout mal vécu.
Rongé(e)s par la culpabilité, beaucoup d’hommes et de femmes se raccrochent à toutes sortes de discours pour légitimer leur acte. Si nous vivions dans une société moins normative en matière d’amour, il y aurait certainement moins besoin d’excuses. Mais voilà, l’adultère relève du tabou. On en fait tout un drame. Il faut que ça reste secret. Selon la dernière grande enquête nationale sur la sexualité des Français (Bajos, Bozon), menée en 2006, seuls 1,7 % des femmes et 3,6 % des hommes qui vivent en couple déclarent avoir eu un autre partenaire sexuel que leur conjoint(e) dans les 12 derniers mois. Impossible d’avoir les chiffres véritables bien sûr (1). L’adultère est par nature une activité illicite et le fait qu’elle reste cachée, marginalisée, conforte les gens dans l’idée qu’il s’agit d’une déviance par rapport à la norme… Si nous avions les vrais chiffres, nous nous rendrions peut-être compte que la fidélité n’existe pas ?
Mais peu importe que la monogamie relève de l’utopie ou d’un modèle religieux antinomique avec le bonheur… Dans le contexte idéologique actuel,
les couples restent profondément attachés à l’idée du contrat de confiance : «Si on s’aime, on ne se trompe pas», point barre. Les «infidèles» se sentent en faute. Il a donc fallu
deux ans d’efforts à Charlotte le Van pour parvenir à réaliser 50 entretiens (2), à partir desquels établir sa nomenclature : «Il existe un large éventail de situations au sein
duquel se dessinent 4 visages distincts d’infidélité», explique-t-elle. En d’autres termes : il existe, actuellement, 4 raisons majoritairement invoquées pour justifier l’adultère. A
quel profil d’adultère pensez-vous correspondre ?
1/ «Dans le premier type, l’infidélité résulte d’une insatisfaction d’ordre intime. La thématique du «manque» revient de façon
récurrente dans les discours, qu’elle soit relative à la sexualité, à la communication, à une divergence d’intérêts ou encore à l’intensité des sentiments qui s’émousse. Si les motifs de
discorde sont divers et variés, tous les individus de ce type ont cherché à combler les carences ressenties dans leur relation officielle, en s’investissant, à divers degrés, dans une
relation complémentaire et compensatrice. Ces «infidèles» vont en somme chercher ailleurs ce qu’ils ne trouvent pas, ou plus, dans leur vie de couple.»
Les raison invoquées sont, pêle-mêle : «Je ne l’aime plus», «Je m’ennuie», «Nous ne faisons plus l’amour», «Il ou elle
ne m’écoute pas», «Si je reste fidèle, je vais passer à côté de ma vie», etc.
«Ce type d’«infidélité» peut prendre différentes formes. Lorsque les individus, momentanément fragilisés par leurs déboires conjugaux,
nouent ponctuellement une relation extraconjugale, on a affaire à une infidélité faux-pas. Lorsqu’ils sont pleinement impliqués dans la vie du couple, notamment en raison
de la présence d’enfants, mais que l’insatisfaction éprouvée devient insupportable, ils s’engagent alors plutôt dans l’infidélité compensation, une relation extraconjugale qui
est susceptible de durer dans la mesure où elle contribue à pérenniser leur union principale. Quand enfin s’investir dans le couple n’est plus d’actualité et que la rupture se profile, c’est
l’infidélité par désamour qui a tendance à primer».
2/ «Dans le deuxième type, féminin à la lumière de notre corpus, l’infidélité est instrumentalisée ; elle a pour fonction, soit de
provoquer la rupture avec le partenaire principal (infidélité prétexte), soit de se venger de l’«infidélité» de ce dernier (infidélité vengeance), soit encore
d’échapper à sa condition. Dans ce dernier cas, les femmes recherchent dans la relation extraconjugale un espace de liberté et de valorisation d’elles-mêmes, voire un moyen de côtoyer un
milieu social plus favorisé que le leur».
Les raisons invoquées : «J’avais besoin d’une aventure sans lendemain, pour me changer les idées. J’avais besoin que des hommes payent une
chambre d’hôtel, m’offrent du champagne et me trouvent belle.» «J’ai fait en sorte de hâter la rupture, en laissant bien à l’évidence des traces de mes escapades, afin qu’il préfère me
quitter et qu’il cesse de s’accrocher à moi.» «J’ai voulu lui faire comprendre ce que ça fait d’être trompé.» «Il m’avait trompé, je me suis accordée le droit de le tromper à mon tour, mais
c’était juste une parenthèse.»
3/ «Le troisième type, l’infidélité expérience, concerne quant à lui des jeunes gens qui, précocement investis dans une relation de couple
exclusive, éprouvent le besoin de faire d’autres expériences pour se construire».
Les raisons invoquées : «Nous nous sommes mis en couple trop jeunes, j’ai besoin de connaître autre chose».
4/ «Enfin, l’infidélité comme composante ‘normale’ de la vie en couple regroupe des individus qui, bien que pleinement satisfaits de leur
vie conjugale, multiplient les aventures extraconjugales, le plus souvent éphémères. Toutefois, un distinguo peut être opéré entre ceux pour lesquels la recherche compulsive de partenaires
est imputée à des comportements «maladifs» (infidélité chronique), et ceux pour lesquels cette quête incessante est revendiquée au nom d’une philosophie de vie hédoniste et de la place
primordiale qu’occupent la sexualité et la séduction dans la construction de soi (infidélité comme principe)».
Les raisons invoquées : «Je suis compulsif.» «Je suis hédoniste.» «Je suis anarchiste».
Lorsqu’ils-elles succombent à l’attirance qu’exerce l’inconnu(e) au regard de braise, la plupart, même ceux qui sont infidèles «par principe» se
sentent obligés de justifier ce qu’ils-elles vivent comme un écart. Mais leurs explications sont-elles pertinentes ? Valides ? On ne trompe pas forcément pour les raisons que l’on invoque, et
c’est pourquoi Charlotte le Van prend la précaution de nuancer les propos recueillis auprès de ses témoins… Ils sont peut-être de bonne foi lorsqu’ils affirment qu’ils ont besoin de tromper,
mais on ne peut s’empêcher de penser, en lisant certains de ces témoignages, que les gens se mettent eux-mêmes dans des situations impossibles.
Leurs raisons paraissent idiotes, parce qu’elles s’inscrivent dans des logiques extrêmement conventionnelles. Un exemple ? Il y a des hommes qui
trompent leur femme parce qu’elle est «la mère de leurs enfants». Sous-entendu : il faut la respecter. Lorsqu’ils épousent une femme, ils se condamnent donc eux-mêmes à devoir
satisfaire ailleurs leurs fantasmes… afin de lui épargner des pratiques sexuelles jugées avilissantes. Ils ont si peur de ternir l’image qu’ils se font de l’épouse-modèle qu’ils
préfèrent mener une double-vie.
Parmi les témoignages recueillis par Charlotte le Van, celui-ci est particulièrement révélateur de la mauvaise foi de certains «infidèles» :
«La femme avec qui je vis, c’est avec elle que j’ai principalement envie de faire l’amour et je trouvais ça quand même bizarre de devoir aller ailleurs pour trouver la satisfaction à mes
pulsions sexuelles. Et en même temps, après, c’est le jeu hein." Le même homme affirme qu'avec sa maîtresse, «les interdits tombent parce qu’on n’a pas le même rapport à la
personne. (…) Il y a ce grain de folie qui est là en permanence parce qu’on n’est pas ensemble véritablement, donc on n’a pas de blocage, on se laisse aller. On n’a pas le sentiment de
manquer de respect».
Il y a donc des infidèles qui considèrent leur conjoint(e) comme un obstacle à leur épanouissement. Ils ne peuvent être enfin eux-mêmes et «se
laisser aller», comme ils disent, qu’avec un(e) partenaire purement dédié(e) au sexe. Mais la peur de «souiller» l’image idéale du conjoint n’est pas la seule raison invoquée. Il y a aussi la
volonté de créer une rupture dans sa vie : d’un côté le train-train, d’un autre la féérie. D’un côté l’amour (et les pratiques «sages»), de l’autre le plaisir (et les pratiques «pas
sages»)… Ce que confirme François de Singly : «La sexualité est vécue de manière plus intense, plus heureuse, parce que cette relation se situe en dehors des contraintes de la vie
quotidienne. (…) Le temps passé avec l’amante est exempt de tout souci, retranché de la vie quotidienne. C’est une parenthèse, un monde à part qui existe parallèlement à une relation
institutionnalisée, un ailleurs qui autorise souvent des transgressions, des jeux interdits avec le conjoint» (3).
Pour la plupart des infidèles, l’adultère est donc un espace temporaire d’impunité, une folie que l’on s’offre et qui vient rompre la monotonie
d’une vie rythmée par les courses au supermarché et les devoirs à faire avec les enfants… Cette vie-là est incompatible avec le sentiment brûlant d’urgence qui les saisit lorsqu’ils-elles se
rendent en cachette chez l’amant(e)… Ce distinguo entre une sexualité officielle et une sexualité clandestine les maintient en vie, disent-ils. Elles ont besoin d’avoir à la fois un mari sur
qui compter et un lover sur qui fantasmer, parce qu’«on ne peut pas fantasmer sur une personne qu’on connaît trop bien», disent-elles.
Sans jamais émettre le moindre jugement sur la nature des raisons invoquées par ses multiples témoins, Charlotte le Van se contente de souligner
que la plupart du temps, lorsque l’un d’entre eux (généralement un homme) affirme qu’il a trompé sa femme parce qu’«elle baisait mal», la vraie raison est plus profonde… L’insatisfaction
sexuelle n'est très souvent que le symptôme d'un problème de communication. Les arguments qui viennent en premier («La sexualité avec X, c'était bateau. Elle suçait mal, déjà»), font
souvent rapidement place à d’autres propos, plus nuancés… «J’avais pas un manque sexuel, mais un manque de reconnaissance sexuelle, ce qui n’a absolument rien à voir», raconte un
homme qui a trompé sa femme parce qu’il avait l’impression de ne plus lui plaire, de ne plus la séduire.
«J’avais envie de sexualité, et surtout, j’avais envie de tendresse, j’avais envie qu’on m’aime un peu, j’avais envie de câlins»,
enchaîne un autre, en mal de douceur. «Pour moi, c’est quelque chose d’extérieur à la relation sexuelle qui créé une insatisfaction sexuelle, raconte un troisième. Je suis
tordu peut-être, mais je fonctionne comme ça. Si j’ai un problème quelque part, je n’ai plus envie. Par exemple, j’en avais par-dessus la tête d’entendre X dire ‘je vais au coiffeur’. Alors
je lui ai dit : ‘on va CHEZ le coiffeur’. Alors après, c’était : ‘Faut que j’aille au dentiste’. Et bien au bout d’un moment, moi, j’en ai marre d’une nana qui va au dentiste. Je peux plus.
Alors c’est un exemple qui montre que quelque chose qui n’a rien à voir avec la relation sexuelle réagit sur la relation sexuelle, dans le sens de l’inhibition».
«Nombre d’entretiens masculins révèlent finalement que, derrière l’argument du manque ou de l’insatisfaction sexuelle, se profilent d’autres
besoins et d’autres attentes, telles que la quête d’une certaine reconnaissance, d’un peu de tendresse et d’affection, conclue Charlotte Le Van. Les problèmes et les
insatisfactions sexuelles au sein du couple apparaissent plutôt comme une conséquence, et non comme la cause du malaise conjugal».
Lire : Raison Présente N°183 : Sexualités, normativités. Avec au sommaire : "Sexualité et appartenance sociale à l’âge adulte" (Nathalie Bajos, Michel Bozon),
"Infidélité conjugale, genre et sexualité" (Charlotte Le Van), "Prévention du sida chez les gais dans les années 2000" (Gabriel Girard), "Hétéronormativité et hétérosocialité" (Natacha
Chetcuti), "Tristes folles tropicales. Normes et homosexualité aux Philippines" (Jean-Noël Sanchez), "Constructions médiatiques du féminin-sexuel" (Stéphanie Kunert), "La répression morale et
légale de la curiosité sexuelle" (Ruwen Ogien), "Les paradoxes de la pénalisation des clients de la prostitution" (Lilian Mathieu).
Raison présente est publié par les Nouvelles Éditions
rationalistes
Note 1/ Aujourd’hui, un Français sur quatre a déjà été inscrit sur un site de rencontre selon un sondage IFOP pour Femme actuelle (2012). Et ces
Français ne sont pas forcément célibataires comme le souligne le dossier de presse du site AshleyMadison.com (spécialisée dans les rencontres extra-conjugales… entre personnes mariées) : «On estime à 30% le nombre de personnes mariées inscrites sur des sites
de rencontre. Une plateforme dédiée aux personnes mariées à la recherche d’une aventure répond donc à un véritable besoin.»
Note 2/ Sur un échantillon composé d’hommes et de femmes « infidèles » âgés de 19 à 67 ans.
Note 3/ «Avoir une vie ailleurs : l’extraconjugalité», in Libres ensemble. L’individualisme dans la vie
commune, sous la direction de François de Singly, Paris, Nathan, 2000, pp. 195-218.
merci pour l'article, c'est très instructif !
Rédigé par : Slaanesh | 01/10/2009 à 18:21
A découvrir aussi: Greek Homosexuality, de Kenneth J. Dover; Gerald Duckworth & Co. London 1978. Traduc. française par Suzanne Saïd, Homosexualité grecque, Ed. La Pensée Sauvage, Grenoble, 1982. Passionnant à de nombreux égards.
Rédigé par : Jean-Jacques Renaux | 01/10/2009 à 18:35
Merci pour ce travail important, moment de connaissances qui va m'être utile…
Bon, bien sûr, l'utiliser avec des élèves de seconde sur le thème du mariage (lien familial au sens sociologique du terme) va nécessiter quelques coupes, mais, bon, pourquoi pas…
Rédigé par : Pascal Binet | 01/10/2009 à 22:02
Oui, nous sommes tous sexuels... ça paraît tellement évident, pourtant.
Rédigé par : W. Nepigo | 01/10/2009 à 22:06
Rien ne vous frappe, Agnès? Guère de bisexuelles, guère de femmes tout simplement dans ces nobles exemples historiques. Encore un bouquin de mec!
Bah, ce n'est pas ce qui va m'empêcher de pêcher!
Rédigé par : ulissey | 01/10/2009 à 22:32
J'en ai marre de ce mot qui n'existe pas : la bissexualité ...je peut être bi-émotionnel , bi-sentimentale , bi-solidaire, mais pour le sexe c'est oneway point barre , on ne peut pas faire le sexe elaborant un fantasme et la même sensation à jouir de plaisir si on fait avec un homme et/ou une femme . Pour moi c'est un seul sens avec le même sexe , sinon , j'espères que ça ne seras pas l'Unesco qui prendras en charge la protection de la pratique des homos vue que la pratique hétéro et devient de plus en plus tabout comme chez les papous , contradictoire , donc ....
Rédigé par : traitdunion | 01/10/2009 à 23:05
classer n'est pas qu'une conséquence de la morale:
ce processus vient de notre fonctionnement cérébral: le cerveau classe automatiquement les choses. merci tout de même d'appuyer sur le fait qu'un humain n'a pas de déterminisme dans sa préférence sexuelle et qu'il serait bien que la société accepte mieux les "aller-retour" entre les préférences sexuelles. Et pour les hétéro convaincus, je leur propose d'aller mater quelques très belles tgirl (trans)... Il y en a qui vous laisseront sans voix et vous feront surement vous poser des questions sur vos préférences.
Rédigé par : humanoïdeavecbidule | 01/10/2009 à 23:21
hmm , je suis hétéro , pourtant je peux comprendre qu'un homme est du plaisir avec une sodomie ... puisque l'anus chez l'homme , bien qu'il s'en cache est effectivement une zone hérogène ...
la question est de savoir ce qu'est être homo ou hétéro.
Je ne peux clairement pas tombé amoureux d'un mec , ni même fantasmer sur le physique masculin , par contre d'un point de vue de jouissance pure , je peux comprendre le plaisir dans une relation homosexuelle ...
Bref , je pense que la bisexualité , c'est tout simplement admettre qu'il y a de multiples façon de jouir , pas seulement via le coite classique ...
maintenant peut on être attiré autant par les hommes que par les femmes , je ne pense pas ...
Rédigé par : tom | 02/10/2009 à 01:32
La nature est fractale, elle se subdivise à l'infini. Les gays comme les autres se divisent en des tas de catégories. Et parmi ses catégories - comme le veut la théorie de catégories - il y a celle des gens qui ont l'esprit de corps, et celle des gens qui l'ont moins. Les premiers aiment faire partie d'une catégorie, les autres aiment échapper aux catégories.
Rédigé par : Greay Johne | 02/10/2009 à 04:25
Raaah, enfin un discours lisible, simple et argumenté qui nous fait sortir du "normalisé" et du simplisme.
La "vérité" est aux frontières, à la marge, dans les petits plis et recoins.
Quant à la conclusion, la déclaration de Karl Mengel est enthousiasmante. ..Complexe, insaisissable mais infini. Agnès, vous éclairez ma fin de semaine !
Rédigé par : tetu29 | 02/10/2009 à 06:55
Une fois de plus, un article intéressant.
Qui permettra sans doute de faire réfléchir, beaucoup d'hétéros "pur et dur" (sans mauvais jeu de mot).
Et rétablira quelques vérités sur les poncifs de certains (au sujet des grecs...).
Si ces mêmes personnes veulent se pencher sur la question (et aussi les autres), venez découvrir ceci par le biais de xxlove.
http://www.xxlove.fr
Rédigé par : xxlove | 02/10/2009 à 08:01
Ce Karl Mengel serait-il imprégné par la vison queer ? En tout cas, je partage complètement son point de vue et vais me précipiter sur son ouvrage. Par ailleurs, j'ai comme l'impression d'une évolution dans vos papiers, à travers les sujets traités. Un peu comme si vos sujets avaient fait évoluer votre propre vison... Simple impression ? Du coup, j'attends avec encore plus d'impatience la sortie de votre prochain ouvrage, chère Agnès, avec une immense curiosité pour les perles que vous nous y présenterez !
Rédigé par : Violette | 02/10/2009 à 08:14
Sans doute votre Karl musardin confond-il le Métis venu de "mixtus" (mixte) avec Métis, la déesse Grecque et qui est en relation avec la naissance d'Eros par ce qu'elle représentait l'intelligence rusée. Il ne faut pas tout mélanger.
Rédigé par : Motus | 02/10/2009 à 09:12
héhé ! excellent. pour les Parigôt(e)s, Ed. La Musardine se trouve au Père Lachaise et leur site web est très sympa.
On peut tenter de classer tous les comportements possible chez l'être humain selon 4 critères : le genre tel que donné à la naissance (féminin, masculin, hermaphrodite), l'identité à laquelle aspire l'individu (femme, homme, asexué), l'orientation telle que désirée par l'individu (femme, homme, bi, sans) et le comportement réel (hétéro,homo, bi, indifférent), on arrive à une projection de 144 identifications possible (produit cartésien) ! Alors la simplification homo/hétéro/bi est là encore très réductrice. Ce résultat demeure de toute façon ridicule, puisqu'il s'attache encore une fois à classer ce qui au sens où l'exprime Mengel n'est pas étanche. A vos crayons, et que chacun écrive son Kamasutra ! Y'a de la joie en perspective !! :o)
Rédigé par : Vik | 02/10/2009 à 09:31
Beaucoup de texte. J'en ajoute: J'ai rencontré plusieurs "homosexuels" se définissant comme tels, et qui s'en sont fait une raison d'être. Ils se réduisent eux-mêmes à cette caractéristique.
L'un n'a pas été invité à une fête, sa récente altercation lors d'une autre soirée ne vient évidemment pas à son esprit. L'autre se fait draguer en présence de sa copine, elle ne veut pas remarquer que leur discrétion maladive en public en est la cause. Un dernier n'a pas le poste qu'il souhaitait, il ne pense pas une seconde que celui qui l'a eu ait pu être mieux pistonné.
Rédigé par : Dalo | 02/10/2009 à 10:30
Ce qui me dérange le plus c'est de catégoriser les gens uniquement d'après leur(s) pratique(s) sexuelle(s) : je suis beaucoup plus qu'un homme qui couche avec une femme...
Rédigé par : abedi | 02/10/2009 à 13:20
Sur le fonds, ne pas mettre les gens à tout prix dans des petites cases, je trouve ça bien. C’est pas une grande référence intellectuelle (mais il est mignon, ça compense !), mais Mika ne disait pas autre chose ces derniers jours. Le refus de rentrer dans les cases, c’est la liberté.
Mais… quelque chose me chifonne un peu. Je n’ai pas lu les livres résumés ici. Je vais peut être travestir ce que l’auteur veut dire. Faire du contre-sens. Et je ne suis pas certain de savoir l’exprimer correctement. M’enfin, essayons.
Irrésistiblement, j’ai pensé aux personnes qui prétendent que l’homosexualité n’existe pas dans la culture arabe, car le mot qui désigne ce concept n’existe pas semble-t-il dans la langue arabe. En résumé, puisqu’on ne peut nommer l’homosexualité en arabe, c’est que ça n’existe pas. C’est un peu réducteur de résumer à ça, mais je peux pas m’empêcher de faire le lien.
Pour moi, l’homosexualité, ça veut dire une chose simple : c’est avoir ou désirer avoir des relations sexuelles avec une personne de son sexe. Ni plus, ni moins. Et à mon sens, ce n’est pas parce que le mot n’existait pas au moyen âge, ou à la préhistoire, qu’il n’existait pas des hommes aimant les hommes, ou des femmes aimant les femmes comme aujourd’hui. D’ailleurs, il le dit lui-même semble-t-il : « il substitue aux termes cinaèdes, bougres, bardaches, culistes, pédérastes, gitons, uranistes, enculés, invertis, antiphysiques, pédés, pédales, folles et autres tantes ». Ca veut dire qu’au lieu d’homosexuel, on utilisait un autre mot. Ca veut dire que le concept « homosexualité » n’avais pas forcément besoin d’être nommé « homosexualité » pour exister. A moins que je ne fasse fausse route et que par « homosexualité », il ne veuille dire « gay » ? Le mot « homosexuel » est neutre en principe. Il se contente de décrire un fait. Le mot « gay » est plus revendicatif, et en ce sens, oui, il n’existait sans doute pas de « gay » au moyen âge ; il n’existait sans doute pas de personne se revendiquant « gay ». Il faudrait vraiment lire l’ouvrage pour mieux comprendre…
Une autre chose à noter : on n’a pas toujours eu besoin de nommer les homosexuels pour les classer, les chasser, les tuer. Sur les buchers sont passés des homosexuels qu’on n’appelait pas « homosexuels ».
Une dernière chose qui me chiffonne : nommer les choses est indispensable pour mener des politiques. Des politiques de répression bien entendu, mais je pense aussi aux politiques de prévention ou de « lutte contre ». On peut difficilement mener une lutte contre le sida ou l’homophobie, diriger une association en faveur du mariage homosexuel, si on ne nomme pas les choses. Nommer, c’est pas forcément problématique en soi il me semble.
‘fin bref, débat intéressant, essai qui le paraît tout autant, mais sans doute à approfondir.
Rédigé par : Silers | 02/10/2009 à 17:14
André Gide, dans le Corydon (1924), mentionne déjà les balancements du règne animal... De là à parler de sexualité... Alors que le stimulus objectif guide l'acte animal, c'est une autre complexité du désir qui motive nos amis les humains...
Rédigé par : jca | 02/10/2009 à 23:44
oui tout le monde peut faire jouir tout le monde. mais qui a t on envie d'embrasser?
Rédigé par : helena | 03/10/2009 à 10:59
Dans ma jeunesse de pédé (années 1950 à 70), les hommes qui se présentaient comme 'bi' suscitaient la méfiance. Soit ils ne voulaient pas descendre aussi bas dans l'échelle des valeurs (pédé égalait paria). Soit ils étaient insatisfaits, pensant aux femmes lorsqu'ils étaient avec un homme et vice-versa.
Maintenant, longtemps après les femmes, les mecs ont redécouvert que le curseur sur l'échelle de Kinsey (voyez Wiki) est mobile. Ils le pressentaient, ils se l'autorisent.
Plusieurs de mes potes ont vécu pleinement le conjugal et la paternité avant d'ouvrir les portes de leur case pour circuler librement lorsque Madame a fait tintin. Ils ont sauté le pas comme des fleurs, alors que les jeunes gay traversent un questionnement ardu avant de sortir du placard.
Rédigé par : Ulysse | 03/10/2009 à 20:06
Pendant très longtemps je pensais que l'on était soit hétéro soit homo et que la bisexualité était marginale.
J'ai découvert avec un film assez récent sur la vie de Kinsey qu'il existait des "états" intermédiaires.
Quand à l'affirmation : les hétéros aiment donc la sodomie, et bien non pas tous !
Rédigé par : chap | 04/10/2009 à 09:16
Tiens!
Je soutenais que l'opposition binaire (tant décriée ici) est pour beaucoup le fait de personnes se définissant comme "homosexuels", au point d'en faire eux-même la seule caractéristique de leur identité.
Mais mon commentaire a été censuré.
Rédigé par : Dalo | 04/10/2009 à 16:29
Merci pour cet article intéressant! qui permet de comprendre qu'il ne faut pas trop rentrer dans le jeu des catégories... c'est vrai que l'identité sexuelle c'est une identité personnelle et non pas sociale. c'est donc une recherche personnelle, dans ses fantasmes et dans ses rencontres, et non pas une réponse aux codes sociaux. Mais bon, il faut bien dire que la plupart des gens sont attirés majoritairement par les hommes ou par les femmes, et donc la distinction "hétéro" et "homo" est quand même une réalité.
Peut-être qu'on est tous potentiellement "bi". Mais la plupart des gens ont une préférence marquée pour un sexe ou l'autre.
Du point de vue strict du plaisir, c'est sûr que les hommes peuvent éprouver du plaisir anal, et ça ne fait pas d'eux forcément des homos ou bisexuels! il faut noter aussi que le vagin est fait pour s'adapter au pénis ce qui procure le maximum de plaisir pour les 2 partenaires (lieu commun, mais c'est bon de le rappeller...).
Au final, n'oublions pas que le sexe c'est fait pour avoir du plaisir, mais aussi vivre, aimer... dans la liberté et le consentement des 2 partenaires... et il faut donc sortir de la culpabilité judéo-chrétienne pour entrer dans l'ère du "multigenre" assumé.
Mon genre, c'est mon identité, c'est unique, et je ne partage pas. je sais ce que j'aime, ce que je veux, et ce que je ne veux pas. "connais toi toi-même" , "et tu connaitras l'univers et les dieux" ... et l'on pourrait ajouter "et tu connaitras le dieu qui est en toi"
Rédigé par : TerryR | 04/10/2009 à 23:17